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ments pour 3a filature de la soie, fournissantannuellement près de 100,000 livres de soie ; los autres filatures, moins importantes, mais très-nombreuses, fournissent tous les ans de 500,000 à 600,000 livres. On y trouve, en outre, des ateliers de tissage et d’impression, des tanneries, des fabriques de crème de tartre, d’essences de citron et de bergamote. Les importations consistent principalement en tissus de tout genre, denrées coloniales, peaux brutes pour les tanneries de Messine ; cuirs vernis, métaux, huile, houille, verrerie et quincaillerie. La ville exporte surtout do la soie écrue, des étoffes de soie fabriquées dans la ville, de l’huile d’olive, du lin, du vin, des pistaches, dos amandes, du goudron, des essences de jus de citron et de bergamote, des coraux, du blé, etc.

Histoire. Messine fut fondée, croit-on, par une colonie grecque de pirates de CumeS ; qui lui donnèrent le nom de Zancla (mot qui signifie faucille), sans doute à cause de la forme du terrain, figurant un port naturel en unso ou demi-cercle. Zancla tomba au pouvoir des Sicules, lorsqu’ils passèrent d’Italie en Sicile. Plus lard, les Chaleidiens, puis les Samiens s’en rendirent successivement maîtres. Enfin, lors de la guerre du Péloponèse, les Messéniens, exilés de Grèce, ayant abordé sur les côtes de Sicile, choisirent cette ville pour leur chef-lieu et lui donnèrent son nom actuel, Metsana ou Messina. Demeurée neutre pendant la querelle d’Athènes et de Syracuse, Messine fut prise et détruite, en 306 avant Jésus-Christ, par Himilcon, général des Carthaginois. Timoléon contribua à sauver la ville d’un désastre complet et a la relever de ses ruines. Plus tard, Messine eut encore à souffrir des Mamertins, mercenaires" au service d’Agathocle qu’elle avait imprudemment recueillis ; les Mamertins, révoltés contre leurs hôtes, emplirent la ville de sang et de carnage ; Messine dut appeler à son secours ses anciens et redoutables ennemis, les Carthaginois, et causèrent ainsi la première guerre punique. En 246, elle fut occupée par les Romains. En 843 de notre ère, les Sarrasins se rendirent maîtres de la place. Deux siècles plus tard, ils en furent chassés par la population, aidée par le comte Roger (1062). Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, en route pour Jérusalem, relâchent quelques jours à Messine et y célèbrent des fêtes chevaleresques. On voit Messine prendre plus tard une part très-active au mouvement politique si connu sous le nom de Vêpres siciliennes. Assiégée par Charles d’Anjou, elle fut secourue à temps par Pierre d’Aragon. Au xvo siècle, c’était un foyer scientifique et littéraire très-connu ; aussi, le savantgrecConstantin Lascaris vint-il s 3’fixer, et, en mourant, il lui légua sa riche bibliothèque. En 1673, des factions intérieures déterminèrent Messine à se placer sous !a protection puissante de Louis XIV, et c’est dans l’expédition entreprise pour en déloger les Français queRuyter mourut glorieusement à la bataille de Messine. Charles II d’Espagne châtia cette ville de sa défection en Sa dépouillant de tous ses privilèges ; a partir de cette époque, la prospérité de Messine déclina rapidement jusqu’à la terrible catastrophe de 1783, tremblement de terre qui détruisit les deux, tiers des constructions et fit périr 40,000 Messinois. Cette cité, sortie de ses ruines, eut encore beaucoup à souffrir des bombes napolitaines de 1848 ; en 1860, elle fut le dernier point de résistance des Bombons de Naples. Il La province de Messine, division administrât ! ve du royaume d’I talie, occupe la partie N.-E. de la Sicile ; eUe est baignée au N. par la mer Tyrrhénienne, à l’E. par le détroit de Messine, et limitée au S. par la province de Catane et à l’O. par celle de Palerme. Elle mesure 135 kilom. dans sa plus grande longueur, sur 40 de largeur moyenne ; superficie, 4,578 kilom. carrés. Elle comprend districts, Vi prétures ou mandements, OS communes et 395,139 hab. Chef-lieu, Messine ; villes principales : Castro-Reale, Patti, Mestretta, Taormina. Le sol montagneux est traversé dans toute sa longueur par la chaîne des Neptuniennes, qui la divise en deux versants. Celui du nord, appartenant au bassin de la mer Tyrrhénienne, est arrosé par le Monforte, l’Euganno et le Curonia ; celui du sud, appartenantau bassin de lamer Ionienne, est arrosé par la Savoca et la Cantara. Les principales productions agricoles de cette province sont : la soie, le enanvro, le lin, les fruits, tels que citrons, oranges, pistaches, raisins et olives. On y trouve beaucoup de soufre. L’industrie et le commerce de cette province se centralisent au chef-lieu.

MESSINE (détroit de), l’ancien Siculum Fretum, appelé par les Italiens Faro di Messina, détroit formé par la Méditerranée, entre la Sicile et l’Italie ; il unit la mer Ionienne à la mer Tyrrhénienne. Compris entre 38° et 38° 10’ de lat. N., et entre 13» 8' et 13<> 20’ de long. E., il mesure dans sa plus grande longueur, du N. au S., c’est-à-dire du cap Faro au cap dell’ Armi, SS kilom. ; a l’endroit Je plus resserré, sa largeur est de 3 kilom., et partout sa profondeur considérable. Le flux et le reflux y ont Heu de six en six heures, et ce phénomène y produit quatre fois par jour un courant qui le traverse du S. au N. et duN.au S. ; mais ce dernier est beaucoup plus violent. On y remarque les rochers de Scylla sur la côte orientale de l’entrée au N.,

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et le gouffre de Charybde vis-à-vis de Messine. Ces écueils, célèbres dans l’antiquité, sont maintenant affrontés sans péril, grâce à la courbe que décrivent les navires qui se rendent du continent en Sicile, et au phare qui se trouve près de l’entrée du port de Messine. La mer, dans ces parages, présente quelquefois le curieux phénomène connu sous le nom de fée Moragane.

MESSINE (Antonello de), peintre italien. V. Antonello.

MESSINES, ville de Belgique (Flandre occidentale) ; 1,500 hab. C’est là que se trouve, établie dans une ancienne abbaye de bénédictins, la maison royale d’éducation pour les filles de militaires belges.

MESSINES (SAN-BARTHOI.OMEO-DB-), ville de Portugal, commune de Silves, district de Faro ; 5,310 hab.

MESSINOIS, OISE s. et adj. (mé-si-noi, oize). Géogr. Habitant de Messine ; qui apparue» ’ ^ Messine ou à ses habitants : Les Messinois. La ville messinoise. La marine messinoisk.

MESSIRE s. m. (mè-si-re — de mes, qui se disait pour mon, et de sire). Titre d’honneur qu’on donna d’abord à toute personne d’un rang distingué, puis à toute personne noble, et qui fut plus tard exclusivement réservé au chancelier de France : Messire de Joinvilte.

■ Depuis qu’il est ministre, on l’appelle messire.

C. Délavions. Venez, vous, la fermière. — A vos ordres, messire.

C. DKLAVIG.NE.

— Titre que se donnèrent les prêtres, les avocats, les médecins, etc., et que prennent encore les prêtres.de certains diocèses :

Un heurt survient, adieu le char ; Voila messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tête cassée.

La Fontaine. Coiffé d’un froc bien raffiné. Et revêtu d’un doyenné Qui lui rapporte de quoi frire, Frère René devient messire, Et vit comme un déterminé.

Malleville.

— Fam. S’est dit dans la poésie familière pour Monsieur ou Maître :

Là trouverez messire Benserade.

Hajiilton.

Messire Jean le regardait toujours

Du coin de l’œil, toujours tournant la tète

De son côté...

La Fontaine.

— Arboric. Poire de Messire Jean, Poire rousse, cassante et sucrée, qui mûrit en automne. On dit aussi messire JEAN simplement : Acheter des messire jean.

— Encycl. Le messire Jean est une poire cassante, pierreuse, à chair jaunâtre ou blanchâtre ; d’une eau abondante, parfumée et savoureuse. C’est un fruit d’octobre, qui tient le premier rang parmi les poires cassantes ; on le recherche pour la table, cru ou cuit ; on en fait les meilleures compotes de poires ; son seul inconvénient est de se ramollir trop facilement au centre. Cette excellente poire, presque aussi grosse que le poing, est arrondie, ventrue, inégale. Sa peau, d’abord d’un vert grisâtre, passe au jaune obscur ; elle est rude au toucher, piquetée de points ronds nombreux, d’un gris roux, et marquée, en outre, de larges taches rousses inégales.

L’arbre, vigoureux et fertile, se greffe sur franc ou sur cognassier ; il est rameux, touffu ; ses feuilles, assez petites, sont vert foncé, ovales, creusées en gouttière et dentées. Les boutons donnent naissance à six, sept ou huit fleurs. On a observé que de jeunes arbres greffés sur franc donnent du fruit gris, tandis qu’un arbre vieux et languissant en donne qui est presque blanc ; en sorte que le messire Jean gris, le blanc et le doré ne sont qu’une seule et même espèce.

MESS1S, ville de la Turquie d’Asie. V. MopSueste.

MESSOATBs. (mè-so-a-te). Hist. Nom donné aux citoyens de Sparte qui composaient la quatrième des cinq tribus établies par Lycurgue, et qui étaient établis près du tombeau du poëte Alcmon, natif de Messoa.

MESSORE s. m. (mè-so-re). Ichtbyol. Nom vulgaire du chabot.

MESSOTIËR s. ni. (mè-so-tié— rad. messe). Prêtre qui dit la messe. Il Peu usité.

MESSY, village et comm. de France (Seineet-Marne), canton de Claye-Souilly, arrond. et à 20 kilom. de Meaux, dans une plaine ; 471 hab. Le clocher de l’église paroissiale est soutenu par quatre énormes et antiques piliers, au-dessous desquels se trouve un caveau qui a servi de sépulture à d’anciens seigneurs dont on voit encore les tombeaux.

MESTA s. f. (mè-sta). Nom donné, en Espagne, à une compagnie de propriétaires de troupeaux.

— Encycl. Cette compagnie privilégiée possède d’immenses troupeaux et jouit de droits exorbitants. On sait que les troupeaux constituent la principale richesse de l’Espagne, mais c’est une richessédévorante qui ne fait qu’appauvrir le sol ; car d’immenses terrains propres h la culture sont ainsi laissés en fri MEST

che. La compagnie privilégiée €e la tnesta s’organisa au xvb siècle ; le chiffre des moutons qu’elle possédait s’élevait à sept millions ; tombé à deux millions et demi dans le xvne siècle, ce chiffre se releva successivement à quatre millions, puis enfin à cinq, qui est à peu près le chiffre actuel et la moitié de tout le bétail du royaume. La mesta a un tribunal spécial qui lui appartient, et devant lequel sont portées les fréquentes contestations qui surviennent entre les bergers nomades et les propriétaires du sol. Ce tribunal étant à la fois juge et partie, on voit sans peine de quelle partialité doivent être empreints ses jugements. La compagnie a aussi ses alcades, ses fermiers d’amende et d’autres agents qui, en son nom, ne cessent f-e vexer et de tourmenter les malheureux habitants des campagnes.

Les troupeaux sont ordinairement distribués par bandes de dix mille, avec un majorai, cinquante bergers et cinquante chiens pour les conduire ; et, après avoir sillonné l’Espagne en tous sens, ils viennent ordinairement hiverner dans les plaines de l’Estramadure. Là où ils ont passé, toute trace de végétation disparaît, et l’on n’y voit croître aucun arbre. Quand sur leur chemin se trouve un champ cultivé, on doit leur y frayer un passage, que le malheureux propriétaire a beau rétrécir autant que possible ; car, pressés par les chiens, les bestiaux foulent aux pieds et détruisent complètement tout ce qu’ils ne dévorent pas. En outre, los bergers ont le droit, en passant par les lieux habités, de cueillir, pour faire du feu, une branche de chaque arbre qu’ils rencontrent ; on peut juger des énormes abus qu’entraînent ces odieux privilèges.

MESTAD1ER (Jacques), magistrat français, né à La Souterraine (Limousin) en 1771, mort à Paris en 1856. Il était lieutenant du génie lorsqu’il quitta le service pour étudier le droit (1800), puis se fixa à Limoges, où il acquit lu réputation d’un excellent avocat, fut élu député dans la Creuse en 1817, et constamment réélu jusqu’en 1831. Le chaud royalisme dont il fit preuve à la Chambre lui valut d’être successivement nommé avocat général à la cour royale do Limoges (1818), président de chambre à la même cour (1821), conseiller à la cour de l-’aris cette même année et conseiller à la cour de cassation en 1825. Il occupa ce dernier siège jusqu’en 1852, époque où il fut mis à la retraite. On a de lui : Opinion sur le projet de la liberté de la presse (IS18) ; Réponse à M. le marquis de Villeneuve (1824).

MESTANZA, bourg et municipalité d’Espagne, prov. et à Go kilom. S.-O. de Ciudnd-Real, dans une plaine qui s’étend au N.-O. de la sierra Morena ; 2,42S hab.

MESTÈQUE adj. (mè-stè-ke). Comm. Se dit de l’une des deux sortes de cochenille qui sont dans le commerce : Cochenille mestéque.

MESTIQUE s. m. (mè-sti-ke). Bot. Concrétion pierreuse qui se forme dans l’intérieur du fruit du cocotier, et à laquelle les Indiens attribuent de grandes vertus.

MESTIRITOS S. m. (mè-sti-ri-toss). Zooph. Genre voisin-des encrinites, chez lequel les articulations ont leur circonférence radiée, le centre carré, l’axe central en croix.

MESTO adj, m. (mè-sto — mot ital.). Mus. Triste, plaintif. IJ Adagio mesto, Adagio exécuté avec un sentiment de tristesse.

MESTON (William), poste écossais, né à Midmar, comté d’Aberdeen, en 1C88, mort en 1745. Grâce à la protection de la comtesse-Marshall, dont il élevait les enfants, il obtint une chaire déphilosophie àAberdeen ; mais, dès l’aimée suivante, ayant embrassé la cause des Stuarts lors de la rébellion qui eut lieu on Écosse, il fut chargé de défendre le château de Dunolter et dut chercher un refuge dans les montagnes après îa défaite de Sherifframir. C’est alors qu’il composa, dans le genre de Butler, ses contes burlesques connus sous le. titre de : Contes de la mère Grim. Après l’amnistie, il revint à Aberdsc.11, y ouvrit une école que son goût pour la dissipation l’empêcha de faire prospérer, et fut encore une fois réduit à se faire précepteur. Meston joignait à des connaissances très-variées un esprit piquant et facétieux. Outre ses contes précités, on a de lui des poëmes : le Chevalier (1723) ; Canaille contre canaille ; des poésies latines, etc. Ses diverses productions ont été réunies et publiées à Édimbourg (1707).

MESTOROS s. m. (mè-sto-russ). Entom. Genre de coléoptères tètramères, de la famille des curculionides gonatocères, comprenant une espèce unique, originaire du Mexique.

MESTUA, femme d’Antolycus. "V. Mètsa.

MESTRE s. m. (mè-stre — lat. magister, même sens). Ancienne orthographe du mot

MAÎTRE.

— Mar. Nom du grand mât de certains bâtiments du Levant : Voile de mestre.

— Ane. art milit. Mestre de camp, Commandant en chef d’un régiment d’infanterie ou de cavalerie ; colonel : M. de Tallard fut mestre de camp dans le régiment des cravates eu 166S, à l’âge de seize ans. (Fonten.) il Mestre de camp général de la cavalerie, Officier immédiatement inférieur au colonel général de la cavalerie.

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— s. f. Mestre de camp, Première compagnie d’un régiment d’infanterie ou de cavalerie : La MESTRE DE CAMP.

— Encycl. Art milit. Les mestres de camp, dont le grade répondait à celui de colonel, furent établis par François Ier pour commander les régiments de cavalerie légère. Il n’est pas exact de dire, avec quelques auteurs, que cette dignité ne date que de 154-4, puisque l’on voit à cette époque Montluc quitter la charge de mestre de camp, qVil avait exercée pendant trois ans. Ce même capitaine, dans les remontrances qu’il adresse à Charles IX, insiste sur l’importance des mestres de camp. « Je ne parlerai point, dit-il, des généraux de la cavalerie ni des colonels de l’infanterie, parce que ce sont deux états qui se doivent donner aux princes ou grands seigneurs, encore qu’ils soient jeunes et peu expérimentés ; cela n’importe, pourvu que lo mestre de camp soit bien expérimenté. » 11 y avait aussi des mestres de camp d’infanterieauxvie et au xvno siècle. Tant que la charge de colonel général exista, l’officier qui commandait en chef un régiment n’était nommé que mestre de camp, comme étant subordonné au colonel général. Louis XV, ayant supprimé la colonelle générale en 1730, ordonna que les chefs de régiment quitteraient le titre de mestres de camp pour prendre celui de colonel. Lorsque Louis XVI eut rétabli la charge de colonel général, par ordonnance du 15 avril 1780, tous les colonels furent obligés de prendre le titre de mestres de camp ; mais, par les nouvelles dispositions de l’ordonnance du 17 mars 1788, le roi ayant supprimé toutes les charges de colonels généraux, les chefs de régiment furent désignés sous le nom de colonels. Depuis 1788, le nom de mestre de camp a cessé entièrement d’être employé.

La dignité de mestre de camp général de la cavalerie fut établie en 1552 par Henri IL Le mestre de camp général avait à l’armée une garde de cavalerie, commandée par un lieutenant, et une vedette à l’entrée de son logis ; il mettait quatre cornettes derrière ses armes. On créa on 1538 une charge de mestre de camp général du drapeau. Le titre de mestre de camp généml fut supprimé en 1791.

MESTRE, ville du royaume d’Italie, province et à 9 kilom. N.-O. de Venise, chef-lieu du district de son nom, au milieu d’un marécage et sur le chemin de fer de Vérone a Venise ; 8,431 hab. Un viaduc de 222 arches, long do 3, C00 mètres, sert de passage au chemin de fer. Cette construction, élevée do 1841 à 1845, sur 80,000 pilotis, a nécessite une dépense de 6 millions de francs.

MESTRE-ÉCOLE s. m. Hist. ecclés. Titred’un ecclésiastique chargé de ce qui est relatif à l’enseignementdans son diocèse ; écolàtre.

MESTREZAT (Jean), théologien protestant français, né à Genève en 1592, mort à Paris en 1G57. Il fit avec éclat ses études à Saumur, et fut nommé, dès 1614, ministre à Charenton. Mestrezat soutint des controverses publiques contre le jésuite Véron, lePéro Re-Kourd et contre l’illustre abbé de Retz, depuis cardinal. Celte dernière n’eut pas moins de neuf séances. L’abbé de Retz en cite une, en particulier, où le pasteur de Charenton montra autant d’habileté que de délicatesse. « Mestrezat. dit-il dans ses Mémoires, m’embarrassa daiis la dixième conférence, ou l’on traitait de l’autorité du pape, parce que, ne me voulant pas brouiller avec Rome, je lui répondis sur des principes qui ne sont pas si aisés à défendre que ceux de Sorbonne. Le ministre s’aperçut de ma peine ; il m épargna les endroits qui eussent pum obliger a m’expliquer d’une manière qui eut choque lo nonce du pape. Je remarquai son procédé ; je l’en remerciai au sortir do la conférence, en présence de M. de Turenne, et il me répondit : « Il n’est pas juste d empocher M. l’abbô de Retz d’être cardinal. » Mestrezat jouit d’une grande considération parmi ses coreligionnaires. Il présida le synode réuni à Charenton en 1631, synode qui se montra remarquable par sa modération et par sa sollicitude pour l’enseignement dans les académies, et fut député par la province de l’Ile-de-France à plusieurs synodes provinciaux. Mestrezat ne fut pas seulement un homme d’un beau caractère et un éminent prédicateur, il fut aussi un savant et un écrivain fécond. On a de lui : le Hibou des jésuites opposé à la Corneille de Charenton (1624 in-8o) ; De la communion à Jésus-Christ dans’le sacrement de l’Eucharistie (Sedan, 1624, in-S») ; Sermons sur divers textes (Sedan, 1625, in-12) ; Lettres de consolation (Charenton, 1632, in-S") ; Traité de l’Écriture sainte contre le jésuite Jtegourd et le cardinal Duperron (Genève, 1S33, in-8o) ; Traité de l’Église (Genève, 1649, in-4o) ; Exposition de l’Épître aux Romains en 33 sermons (Amsterdam, 1702, 2 vol.), etc. ; enfin trois recueils de Sermons (1649, 1655 et 1658, in-S°).

MESTREZAT (Philippe), théologien protestant, neveu du précédent, né à Genève, mort en 1690. U fut successivement professeur de philosophie (1641), pasteur (1644), professeur de théologie (1640), dans sa ville natale, et se signala à la fois comme vin habile- prédicateur et comme un penseur plein d’originalité. Parmi ses nombreuses dissertations, nous citerons : De communicatione idiomatum toti Christo facta (Genève, 1675, m-4°)v Un