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les méfiances da l’ennemi, éveillées par les insinuations rlu maréchal, allaient lui infliger une dernière humiliation.

Vers deux heures de l’après-midi de ce même jour, 28 octobre, arrivait au quartier

fénéral une lettre émanant du général de tiehle, au sujet des drapeaux, adressée au général Jarras et que celui-ci porta au maréchal. Cette lettre a disparu ; ni le maréchal ni le général Jarras ne peuvent dire ce qu’elle est devenue. On ne peut donc savoir tout ce qu’elle contenait. Quoi qu’il en soit, son arrivée excite un grand émoi. On court chercher le général Soleille ; il est absent, ainsi que son chef d’état-major ; son aide de camp, le commandant Sers, arrive en toute hâte.

■ Je trouvai le maréchal dans son cabinet, a déposé cet officier supérieur, avec le général Jarras ; il paraissait fort ému. Il me lut un passage d’une lettre du chef d’étatmajor de l’armée ennemie, ainsi conçu : « Je n’ai jamais entendu parler des règlements que vous invoquez pour la destruct tion des drapeaux et des étendards ; urrêtez donc cet incendie et faites-moi cotmaltre le nombre de drapeaux restants. Si le nombre ne me semble pas suffisant, aucune des stipulations de la convention no sera exécutée. •

Le maréchal me donna l’ordre de communiquer verbalement et sans retard la teneur de cette lettre au général Soleille, qui aurait a lui rendre compte des mesures prises et à lui faire connaître le nombre des drapeaux restants. Je courus chercher le général Soleille ; je le rencontrai revenant à la porte de Fronce. Il me répondit : « C’est bien 1 » et se fit conduire chez le maréchal. >

Le général Soleille annonça alors au maréchal, et celui-ci l’a déclaré, qu’il avait été apporté environ quarante et un drapeaux à l’arsenal. Malgré cette affirmation et par un surcroît de précautions, le maréchal formula l’ordre suivant au colonel de Girels :

« 28 octobre 1870. « D’après la convention militaire signée hier au soir, 27 octobre, tout le matériel de guerre, étendards, etc., doit être déposé et conservé intact jusqu’à la paix ; les conditions définitives de la paix doivent seules en décider.

■ En conséquence, le maréchal commandant en chef prescrit de la manière la plus formelle au colonel de Girels, directeur d’artillerie de Metz, de recevoir et de garder en lieu fermé les drapeaux qui ont été ou seront versés par les corps. Il ne devra, sous aucun prétexte, rendre les drapeaux déjà déposés, de quelque part que la demande en soit faite.

> Le maréchal commandant en chef rend le colonel de Girels responsable do l’exécution de cette disposition, qui intéresse au plus haut degré le maintien des clauses de la convention honorable qui a été signée et l’honneur de la parole donnée.

« Le maréchal commandant en chef : > Bazaine. >

Aussitôt cet ordre donné, le général Soleille le porte lui-même au colonel de Girels. Puis il se rend dans la salle où étaient les drapeaux, et les compte. Il y en avait cinquante-trois.

Pendant ce temps, le maréchal, rassuré sur la conservation des drapeaux, faisait répondre par le général Jarras à ta sommation hautaine du général de Slieble dans les termes suivants :

Je me suis empressé de mettre sou3 les yeux de S. Exe. le maréchal Bazaine la lettre que je viens de recevoir de vous, datée de ce matin, à onze heures et demie. Je suis chargé par M. le maréchal de vous dire de nouveau qu’il est d’usage en France délivrer k l’artillerie, pour y être détruits, les drapeaux après la disparition des gouvernements qui les ont remis aux troupes. Notre histoire présente & cet égard des exemples qui sont malheureusement trop nombreux.

Pour satisfaire d’ailleurs au désir exprimé par Son Altesse Royale, S. Exe. le maréchal Bazaine m’ordonne de vous faire connaître qu’aucun drapeau n’a été brûlé après la signature de la convention, et que ceux qui ont été déposés à l’arsenal, au nombre de quarante et un environ, seront versés à la commission spéciale.

Je dois ajouter que la cavalerie légère et l’artillerie n’emportent jamais leurs étendards en campagne. Quant à la grosse cavalerie, elle les avait déposés par ordre, dans les premiers jours d’août, à l’arsenal. Tous ont été expédiés à Paris avant le blocus. >

Le lendemain 29, le général de Stiehle écrivait au général Jarras pour le féliciter au nom du prmee Frédéric-Charles de la manière dont avaient été remplies les clauses de la capitulation relatives au matériel. Le commandant Samuel a déposé que cette lettre commençait par ces mots : « Je ma félicite avec vous, » mais le général Jarras et le capitaine Guédin affirment que cette expression ironique et méprisante ne s’y trouvait pas. Cette lettre a également disparu. Il n’a donc pas été possible de préciser ce point.

De cet exposé se dégage invinciblement la conclusion suivante : Le maréchal Bazaine n’a jamais voulu détruire les drapeaux de l’armée.

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Il ne l’a pas voulu le 26, puisqu’il n’a donné ce jour-là aucun ordre formel à l’appui des propos insignifiants et à peine entendus dans le conseil du matin, puisqu’il a souffert surtout que le général Soleille demeurât toute cette journée dans une inaction trop compromettante pour avoir été spontanée.

Il ne le voulait pas davantage le 27, lorsque, par une circonstance heureuse, la signature de la capitulation, retardée de vingt-quatre heures, laissait encore toute cette journée pour réparer l’inaction de la veille. Les ordres formulés dans la matinée par le général Soleille en sortant du rapport chez le maréchal ne témoignent que d’un dessein, celui de les conserver.

Il ne le voulait pas non plus dans l’aprèsmidi du 27, puisqu’en avisant les corps que les drapeaux seront brûlés, il ajournait l’exécution de cet ordre au lendemain 28, sachant bien pourtant que ia signature de la convention allait lui lier les mains à ce moment moine.

Si le maréchal Bazaine avait voulu brûler les drapeaux, l’ordre en aurait été donné nu directeur de l’arsenal.

Il y avait un moyen encore plus simple, c’était de confier ce soin aux chefs de corps. Un mot suffisait et les drapeaux de l’armée française ne seraient pas k Berlin.

Ce mot, le maréchal Bazaine ne l’a pas prononcé. Aussi l’instruction n’hésite pas à déclarer, dans cette circonstance douloureuse, que le maréchal Bazaine a manqué à son devoir et k l’honneur.

CAPITULATION.

Le 28 octobre au matin, le conseil fut réuni pour entendre lecture des clauses de la capitulation. Le conseil donna son approbation au protocole et k son annexe. Ce protocote était ainsi conçu :

« Art. 1er. L’armée française, sous les ordres du maréchal Bazaine, sera prisonnière de guerre.

Art. 2. La forteresse et la ville de Metz, avec tous les forts, le matériel de guerre, les approvisionnements de toute espèce et tout ce qui est propriété de l’État seront rendus a l’urinée prusienne, dans l’état où tout cela se trouve au moment de la signature de cette convention.

Samedi 29 octobre, a midi, les forts de Saint-Quentin, Plappeville, Saint-Julien, Queuleu, Saint’Privat, ainsi que la porte Mazelle (route de Strasbourg) seront remis aux troupes prussiennes.

a À dix heures du matin de ce même jour, des officiers d’artillerie et du génie, avec quelques sous-officiers, seront admis dans lesdits forts, pour occuper les magasins k poudre et pour éventer les mines.

> Art. 3. Les armes ainsi que tout le matériel de l’armée, consistant en drapeaux, aigles, canons, mitrailleuses, chevaux, caisses de guerre, équipages de l’armée, munitions, etc., seront laissés à Metz et dans les forts à des commissaires militaires, institués par M. le maréchal Bazaine, pour être remis immédiatement à des commissaires prussiens. Les troupes, sans armes, seront conduites rangées d’après leur régiment ou corps, et en ordre militaire, aux lieux qui seront indiqués pour chaque corps. Les officiers rentreront alors librement dans l’intérieur du camp retranché, ou k Metz, sous la condition de s’engager sur l’honneur k ne pas quitter la place sans l’ordre du commandant prussien.

> Les troupes seront alors conduites par leurs sous-officiers aux emplacements da bivouac. Les soldats conserveront leurs socs, leurs effets et les objets de campement (tentes, couvertures, marmites, etc.).

« Art. 4. Tous les généraux, officiers, ainsi que les employés militaires ayant rang d’officier, qui engageront leur parole d’honneur par écrit de ne pas porter les armes contre l’Allemagne, et de n agir d’aucune manière contre ses intérêts jusqu’à la fin de la guerre actuelle ; ne seront pas faits prisonniers de guerre ; les officiers et employés qui accepteront cette condition conserveront leurs armes et les objets qui leur appartiennent personnellement.

o Pour reconnaître le courage dont ont fait preuve, pendant la durée de la campagne, les troupes de l’armée et de la garnison, il est, en outre, permis aux officiers qui opteront pour la captivité d’emporter avec eux leurs épées ou sabres, ainsi que tout ce qui leur appartient personnellement. >

C’est ainsi que finit l’armée du Rhin, victime des menées ambitieuses de son chef ; c’est ainsi que fut entraînée dans la ruine de l’armée la place do Metz, qui, abandonnée à elle-même, aurait pu’opposer une résistance

firolongêe à l’ennemi, de manière k attendre e moment de l’armistice, C’est ainsi que la Lorraine devint prussienne.

Lu campagne de Metz, dont les débuts furent marques par une série de combats également honorables pour les deux armées, se continue après la l" septembre par une lutte souterraine. Ce que la force avait noblement commencé, ce fut la ruse qui le termina.

Aux termes de l’article 3 du protocole, le matériel de guerre, drapeaux, armes, etc., devait être remis à l’ennemi. Telle était la conséquence de ces négociations de la dernière heure, dont l’échec n’était que trop certain, et qui avaient fait perdre un temps qui

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aurait suffi, non-seulement à détruire le matériel, mais même à démanteler la place.

Nous avons vu quel sort avait été réservé aux drapeaux ; quant aux armes, des masures furent ordonnées pour assurer leur conservation. Toute tentative de destruction fut arrêtée, et le général de Berkeim, commandant de l’artillerie du 6e corps, ayant, dans les derniers jours, mis ses mitrailleuses hors de service, en fut sévèrement blâmé.

Le bruit avait été répandu avant la capitulation que tout le matériel serait rendu à la France, lors de la paix ; que cela était convenu avec l’ennemi. En présence da cette éventualité appuyée sur des déclarations officielles que rien ne justifiait, puisqu’il n’en fut jamais question dans la discussion des clauses de la capitulation, le matériel fut réintégré en magasin avec le plus grand soin.

Les troupes sons armes devaient être remises k l’ennemi. À Sedan, il n’avait été établi aucune distinction entre les officiers et les soldats pour leur remise aux moins de l’ennemi, et tous les officiers qui préféraient la captivité k l’acceptation des conditions posées pour leur rentrée en France, furent gardés matériellement jusqu’au moment de leur départ. À Metz, au contraire, le maréchal Bazaine stipula qu’après avoir conduit leurs soldats, les officiers rentreraient librement dans l’intérieur du camp retranché ou k Metz, sous ia condition de s’engager sur l’honneur à ne pas quitter la place sans l’ordre du coinmandant prussien. Du moment où le maréchal séparait le sort des officiers de celui des soldats, il aurait au moins dû tracer aux officiers leurs devoirs d’une manière précise et exclure toute diversité d’interprétation. Les termes de la ctau.se relative aux officiers étaient loin de présenter ce caractère, ce qui fut cause d’une confusion tout k fait regrettable.

Tous les officiers qui engageaient leur parole d’honneur de ne pas porter les armes contre l’Allemagne et de n’agir d’aucune manière contre ses intérêts, jusqu’à la fin de la guerre, furent autorisés à rentrer dans leurs foyers. L’art. 256 du décret de 1S63 est formel. L’officier ne doit pas séparer son sort de celui de sa troupe. C’est ainsi, d’ailleurs, que le comprirent la presque totalité des officiers de l’armée de Metz. Bien loin de viser cette prescription salutaire, éminemment française, car elle correspond au sentiment le plus délicat de l’égalité, l’égalité dans l’infortune, l’art, i a ouvert la porte k toutes les défaillances, et devant quelle condition ? Prendre l’engagement de n’agir en aucune façon contre Tes intérêts de l’Allemagne. Cette condition, incompatible avec le patriotisme et le devoir professionnel de la carrière des armes, le maréchal Bazaine autorisa ses officiers à y souscrire. Il ne fut pas le seul dans le cours de la campagne, déplorons-le, mais il était le plus élevé et, à ce titre, plus que personne il mérite d’être blâmé sévèrement.

L’art. 3 du protocole stipulait que les armes et tout le matériel de l’armée, etc., seraient laissés à Metz et dans les forts k des commissaires.militaires institués par le maréchal Bazaine, pour être remis immédiatement à des commissaires prussiens.

Immédiatement après la signature de la capitulation, des commissions spéciales furent organisées par le commandant supérieur de Metz, sous la présidence du général Henry. Cet olficier général n’eut pour se guider que l’ordre adressé au colonel de Girels par le maréchal Bazaiue dans la matinée du 28 et à l’occasion des drapeaux, et dans lequel se lisaient ces mots : « D’après la convention militaire signée hier au toir 27 octobre, tout lo matériel de guerre, étendards, etc., devra être déposé et conservé intact jusqu’à ia paix ; les conditions définitives de la paix doivent seules en décider. »

« Nous étions convaincus tous que nous allions rendre un service suprême au pays, a déposé le général Henry, en faisant reconnaître k l’eiiueini le matériel que nous n’avions plus k lui remettre puisqu’il en était maître et qui devait, selon noire pensée et d’après le3 phases de la guerre, qui n’était pas finie, faire retour à la Fiance.

Cela était indiqué dans l’ordre de M. le maréchal commandant en chef ; cela était la conséquence même do la mission qui nous était confiée, car les commissions étaient sans but si elles n’avaient tu qu’à remettre un matériel qui était pris virtuellement.

Les dignes officiers à qui l’on avait donné la douloureuse tâche de remeure aux vainqueurs toutes ces richesses ont cru de leur uevoir de les défendre encore pied k pied en forçant l’ennemi k les reconnaître eu détail, pour qu’à un jour, qu’ils espéraient encore, il pût être obligé de les rendre intégralement ou au moins d’en payer la valeur, car ils ont poussé le soin jusqu’à en faire l’estimation. Je partageais cette opinion. ■

On ne saurait quo s’associer aux sentiments exprimés par le général Henry. Malheureusement, ce n’étaient pas les condition» de la paix qui devaient décider du sort du matériel et, contrairement aux déclarations du maréchal, aucune réserve n’avait été faite à ce sujet. Ses déclarations n’eurent qu’un résultai, celui de prolonger pendant deux mois les amertumes d’une opération

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qui, aux termes de la capitulation, aurait du être immédiate.

Les procès-verbaux officiels constatent qu’il fut remis k l’ennemi :

1,665 bouches à feu, dont 1,135 rayées ;

8,922 affûts de voitures ;

3,230,225 projectiles ;

419,2S5 kilogr. de poudre-,

13,2S8,096 cartouches du modèle Chassepot ;

9,696,763 cartouches de divers modèles ;

12-1,187 fusils Chassepot ;

15J,152 fusils de divers modèles.

La valeur de ce matériel et de divers accessoires de toute nature s’élèverait au chiffre total de 36 millions.

Nous avons vu comment fut soulevée et résolue la question des honneurs de la guerre. En présence d’une année qui avait conscience d’avoir mérité un meilleur sort et qui frémissait k la pensée de subir les hontes d’une capitulation, on ne peut méconnaître qu’il n’eût pas été sage de la faire défiler en si grand nombre en armes, devant un ennemi dont l’aspect pourrait déterminer un mouvement spontané et irrésistible de fureur. Disons-le hautement, autant les honneurs de la guerre rendus à un détachement de toutes armes de l’armée française étaient justifiés k tous les points de vue, autant cette mesure, étendue a toute l’armée, présentait de difficultés et de danger.

On comprend très-bien que, devant des éventualités aussi alarmantes, le maréchal ait renoncé k cette marque de considération pour toute son armée ; mais il aurait dû l’accepter pour un détachement. S’il a refusé ce défilé, où sa place était marquée à la tête des représentants de son armée, c’est uniquement par le sentiment de la honte bien naturelle que devaient lui inspirer son inaction et l’échec de ses menées ambitieuses.

Si depuis le l« septembre, au lieu de leurrer son armée par l’annonce d’un déport qui n’avait jamais lieu et de s’engager dans des trames dont il devait être la dupe, il avait livré une série de combats ; s’il avait fait, en un mot, tout ce que lui commandaient le devoir et l’honneur, c’est avec fierté qu’il aurait défilé devant l’ennemi.

Le maréchal Bazaine s’est jugé et condamné lui-même en refusant les honneurs militaires que l’ennemi accordait à son armée.

Aux termes de la capitulation, l’armée, la place et les forts de Metz devaient être remis k l’ennemi le 29 octobre à midi. Le maréchal avait confié aux commandants de corps le soin de fixer le nombre des officiers chargés de conduire les troupes sur les emplacements assignés par l’ennemi. Dans presque tous les corps, tous les officiers tinrent k honneur d’accompagner les troupes sous leurs ordres. Le maréchal avait quitté dos le matin son quartier général.

Bien que le commandement du maréchal expirât au moment même de la remise officielle de l’année à l’ennemi, son devoir lui commandait de demeurer jusqu’à la fin au milieu de ses malheureux soldats, pour intervenir au besoin en leur faveur, en cas de difficultés avec l’ennemi.

Tout au moins, en quittant l’armée, aurait-il dû laisser n son chef d’état-major le soin de le remplacer dans cette circonstance douloureuse.

Une grande confusion, naturellement, résulte du départ du commandant en chef et de son chef d’état-major.

Les troupes avaient reçu, pour chacune des journées du 27 et du 28, la faible ration de 250 grammes de pain seulement et se trouvaient sans vivres au moment où elles furent constituées prisonnières. Cependant il fut remis à l’ennemi officiellement, provenant tant des magasins des forts que de ceux de la ville, un jour de farine et des quantités proportionnées de lard, riz, sel, café, vin, eau-de-vie. Le lendemain et les jours suivants, les fourgons prussiens ramenaient en ville des soldats français morts ou mourants do faim et de misère.

Le prince Frédéric-Charles avait annoncé le 25 octobre au général Changarnier quo des approvisionnements avaient été préparés par ses soins pour nourrir l’armée dès qu’elle aurait déposé les armes.

Au lieu de stipuler dans le protocole que des vivres seraient distribués aux troupes aussitôt après leur remise à l’ennemi, le maréchal mit en oubli do régler ce point essentiel.

Ainsi, alors que nos magasins contenaient assez de vivres pour la journée du 29’, et que l’ennemi avait préparé de son côté des ravitaillements afin de pourvoir aux premiers besoins, les troupes restèrent dans le dénûinent. La responsabilité du maréchal se trouve donc doublement engagée dans cette triste circonstance.

Ce douloureux récit ne serait pas complet, si l’on ne faisait pas ressortir de combien on aurait accru la durée do la résistance si le maréchal Bazaiue avait su imprimer une direction judicieuse au service des subsistances.

Contentons-nous de dire, et ce sera établi dans le rapport spécial relatif aux subsistances, que si, à partir du 1« septembre, on avait mis en commun toutes les ressources et rationné l’armée et la population, on aurait pu faire durer les vivres recueillis treute