Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 1, Mémoire-Moli.djvu/336

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introduit un troisième personnage sur qui la fatalité sociale pèse dune main non moins lourde que sur le galérien, la douce et sympathique Fantine. Le cadre où il nous la montre est digne d’un historien ; au lieu de nous dire tout simplement que l’action se passe en 1817, Victor Hugo nous donne toute la physionomie politique et morale de cette année, qui n’a rien d’extraordinaire du reste mais qu’il s’est plu à peindre, dans son ensemble, avec une rare fidélité. Or, £n cette année 1817, quatre étudiants firent une « bonne farce. » Après avoir conduit leurs maîtresses, à Saint-Cloud et fait de l’idylle toute la journée par les bois et les champs, ils les quittent à la fin du dîner, sous prétexte de leur faire une surprise ; la surprise, c’est qu’ils les plantent là. L’une d’elles est Fantine. La pauvre fille a un enfant, Cosette, et cet abandon la laisse sans ressource. Elle place Cosette chez un aubergiste de Montfermeil, et retourne dans son pays, à M… sur M…, qu’elle trouve tout transformé par l’habileté industrielle d’un riche manufacturier, M. Madeleine. Elle se présente chez lui pour entrer dans ses ateliers, mais on la chasse comme fille-mère ; elle travaille chez elle et sa journée lui rapporté 12 sous. Cependant les gens chez qui elle a laissé Cosette l’accablent de demandes d’argent ; d’abord elle vend ses cheveux ; puis, chose horrible, elle se fait arracher deux dents pour 40 francs, enfin elle vend « le reste, » elle se fait fille publique. Ces peintures de la lente dégradation d’un être né pour s’épanouir au soleil sont navrantes. Une dispute de la pauvre Fantine avec un imbécile qui lui jette de la neige dans le dos l’amène en présence du redoutable Javert, la police faite homme, un des types les plus accentués du livre. Javert donne tort à la fille, tout naturellement, mais il se heurte alors à M. Madeleine, maire de la ville, qui, entré par hasard dans le bureau, a entendu toute la lamentable confession de Fantine, et qui, pris de pitié, prend sur lui de la faire relâcher. Ce trait impossible, un maire sauvant une fille publique, exaspère Javert et fait réapparaître à fleur d’eau, dans son esprit, de vagues soupçons qui commençaient à disparaître. Déjà, ayant vu M. Madeleine soulever sur ses reins une charrette sous laquelle un pauvre diable était engagé, il s’était écrié, regardant M. Madeleine dans lès yeux : « Il n’y a qu’un forçat de ma connaissance, un nommé Jean Valjean, que j’aurais cru capable d’en faire autant. » Et M. Madeleine avait tressailli ; c’est en effet Jean Valjean lui-même, et il se voit ainsi sur le point de perdre tout le fruit de dix ans de probité. Un autre incident vient le troubler plus profondément encore : il apprend que Jean Valjean, arrêté sous le faux nom de Champmathieu, passe en ce moment même en cour d’assises. La délibération qu’il ouvre en lui-même, et que Victor Hugo a appelée une Tempête sous un crâne, est une page saisissante entre toutes. Le malheureux se demande s’il doit laisser s’accomplir la condamnation de l’innocent, condamnation qui assurera son avenir et affermira sa personnalité empruntée ; il roule dans sa tête toutes les excuses qu’un homme peut se donner en pareil cas pour se désintéresser d’une iniquité profitable, et sans se décider, poussé par une sorte d’instinct, il se rend à la cour d’assises. Là, il voit le malheureux, propre image de l’ancien Jean Valjean, balbutiant d’un air hébété des récriminations qui ne convainquent personne : on va le condamner. M. Madeleine se lève et déclare qu’il est Jean Valjean ; il se fait reconnaître par ses compagnons de chaîne, appelés pour être confrontés avec le faux Valjean, et il est ressaisi avec joie par l’impitoyable Javert. Toutefois, on le laisse libre momentanément, et il profite de ce répit pour assister à l’agonie de Fantine, qui meurt sur un lit d’hôpital. Il jure à celle dont il s’accuse d’avoir causé la mort en la chassant de son atelier, d’adopter sa fille, la petite Cosette, et quoique Javert soit là qui l’attend, il s’échappe grâce à la sœur Simplice, qui fait, pour le sauver, le seul mensonge qu’elle ait commis de sa vie. Déguisé en ouvrier, M. Madeleine gagne Paris, retire 600, 000 fr. de chez Laffitte et les enfouit dans un bois. Ici, Victor Hugo, laissant Fantine, qu’on jette à la fosse commune, et Jean Valjean livré de nouveau à toutes les incertitudes d’une vie menacée par la loi, coupe brusquement le récit.

La seconde partie, Cosette, s’ouvre par un hors-d’œuvre qui est en même temps un chef-d’œuvre, la bataille de Waterloo, racontée en style épique. Ces belles pages, véritables pages d’histoire, ont pour but d’encadrer un des épisodes de cette journée : 1a fameuse charge des cuirassiers en haut du chemin creux d’Ohain, et l’effroyable tableau des premiers escadrons tombant pêle-mêle dans le ravin. La nuit qui suit la bataille, un maraudeur cherche sa proie dans ce monceau de cadavres, et, en dévalisant un officier, le colonel de Pontmercy, il se trouve lui sauver la vie en même temps qu’il lui prend sa montre. Ce maraudeur, c’est Thénardier, qui depuis s’établit aubergiste à Montfermeil et chez qui Fantine a placé sa fille. Dans cette sinistre auberge, la pauvre petite, qui a huit ans au moment où reprend le récit, est livrée à des tortures que Victor Hugo a tracées de main de maître ! Depuis que sa mère n’a plus payé la pension, les Thénardier en ont fait une servante, qu’ils bourrent de coups et qui n’a plus que le souffle. Il est temps que Jean Valjean vienne la sauver ; il apparaît en effet, comme la Providence, une nuit que les Thénardier avaient envoyé Cosette chercher de l’eau à une source dans les bois, scène vulgaire que le poète a agrandie en racontant toutes les terreurs nocturnes de l’enfant. Comme elle succombe sous le poids de ce seau d’eau, plus lourd qu’elle, elle sent tout à coup que le seau ne pèse plus rien. C’était Jean Valjean qui venait à son secours.

Arrêté par Javert, à la suite d’une imprudence, replongé dans les ténèbres du bagne, il s’en est échappé en se dévouant pour sauver un homme tombé à la mer ; on le croit noyé ; l’impassible Javert, lisant le récit de l’accident dans son journal, s’écrie : « Voilà le bon écrou ! » et il raye pour quelque temps Valjean de ses papiers. Cependant Jean Valjean arrache Cosette à l’enfer de la maison Thénardier, et, une fois en possession de la fille de Fantine, l’ancien forçat se choisit une retraite obscure sur le boulevard de l’Hôpital, dans cette masure Gorbeau, qui est un des centres d’action les plus caractéristiques des’Misérables. Mais là encore il est dépisté ; un beau jour qu’il fait l’aumône à un vieux bedeau de sa connaissance, le bedeau relève la tête et Valjean reconnaît les yeux étincelants de Javert. Le policier avait flairé son homme dans ce philanthrope inconnu, et, pour éclaircir ses doutes, avait emprunté la souquenille du bedeau. Suit une chasse à l’homme, à donner le vertige. Valjean s’enfuit, traînant Cosette, croit perdre Javert dans les ruelles qui avoisinent le Jardin des plantes, le retrouve au pont d’Austerlitz flanqué d’acolytes inquiétants, voit déjouer toutes ses ruses et enfin est acculé dans une impasse. Là, il met en œuvre la dextérité propre aux évadés des bagnes et franchit un mur derrière lequel il se trouve à l’abri ; l’enfant l’a suivi dans cette ascension périlleuse, et la retraite est d’autant plus sûre que ces hauts murs sont les murs d’un couvent. Valjean, désormais sans asile, trouve moyen de se faire admettre comme jardinier par la communauté, une communauté de femmes réunies sous le vocable de l’Adoration perpétuelle, qui est l’objet d’une des plus belles digressions du livre. L’introduction régulière de Jean Valjean dans le couvent, car, après y être entré par-dessus les murs, il faut qu’il en sorte et y rentre comme tout le monde, est exécutée à l’aide d’expédients où brille la richesse d’imagination du maître. Arrivé là, il coupe encore une fois le récit, laissant Cosette s’instruire au pensionnat du couvent et Valjean fort tranquille sous la souquenille du jardinier Fauchelevent.

Un nouveau personnage fait son entrée en scène : Marius. C’est le fils de ce colonel de Pontmercy, sauvé par Thénardier sur le champ de bataille de Waterloo ; ainsi tous les fils de l’action ne s’éparpillent tout d’abord que pour se relier de la façon la plus puissante. Nouvelles et riches peintures du maître, qui nous montre dans M. Gillenormand, grand-père de Marius, un représentant frappant de cette haute bourgeoisie de la fin du XVIIIee siècle, qui ne s’est éteinte qu’au commencement du nôtre. Tout un tableau de la société française sous la République, l’Empire et la Restauration est vigoureusement tracé dans ces pages ; les divisions intestines de la patrie sont mises en relief par des haines de famille. Ce haut bourgeois qui s’est trouvé fort aise de donner sa fille, sous Bonaparte, à un soldat, le renie quand Bonaparte est tombé et ne veut plus voir chez lui ce brigand de la Loire. Il élève Marius et en fait son héritier, mais à condition qu’il reniera son père, et le père se résigne, pauvre qu’il est et réduit à la demi-solde. Marius, d’abord royaliste, puis bonapartiste, devient républicain en mûrissant et se voit alors chassé de la maison du Gillenormand. Son père est mort en lui recommandant son sauveur, Thénardier, qu’il n’a jamais pu retrouver. Marius, sans asile et résolu à gagner sa vie, traverse des années de fière misère, dont Victor Hugo s’est plu à faire le tableau par contraste avec les scènes horribles ou ignobles dont il était obligé de remplir son cadre. Il est venu habiter, par économie, cette masure Gorbeau, sur le boulevard de l’Hôpital, que le lecteur connaît déjà. Sa vie est partagée par deux passions : l’amour de la liberté, qui le fait s’affilier à un cénacle de jeunes républicains, la Société de l’A B C (l’abaissé, c’est le peuple), et l’amour, plus tendre, qu’il éprouve pour une jeune tille inconnue. Il la rencontre tous les jours au Luxembourg au bras d’un vieux monsieur à l’air patriarcal. On devine bien que cette jeune fille c’est Cosette, sortie du couvent, au bras du pseudo-Fauchelevent. Les deux amoureux s’adorent sans se l’être jamais dit : un hasard vient faire passer l’émotion tragique au milieu de cette idylle.

Marins a pour voisin un effroyable chenapan, le sieur Jondrette, faux pauvre et mauvais pauvre, qui vit de chantage, d’aumônes extorquées, et dont les filles, Éponine et Azelma, si choyées naguère au détriment de Cosette, se livrent à la plus abjecte prostitution ; son fils, un gamin, Gavroche, que Victor Hugo a rendu populaire, est le gamin de Paris par excellence et l’occasion d’une des plus pénétrantes études physiologiques. Ce Jondrette n’est autre que Thénardier, tombé au fond du gouffre. Le vieux monsieur du Luxembourg, toujours trop charitable, vient visiter ce gredin qui écrit des lettres lamentables à toutes les personnes généreuses ; il est reconnu par l’ancien aubergiste de Montfermeil, et Cosette également. La stupéfaction et la haine de la mère, voyant ainsi riche et bien vêtue cette pauvre petite qu’elle méprisait, tandis que ses propres filles sont dans la boue, ont quelque chose de formidable, admirablement rendu par le romancier. Un guet-apens est décidé pour une seconde visite que doit faire au faux pauvre le philanthrope, comme l’appelle Jondrette. L’élite d’une bande sinistre : Gueulemer, Claquesous, Babet, Montparnasse, physionomies hideuses que le maître a peintes d’un relief vigoureux, se réunit dans le taudis Jondrette ; mais Marius a tout entendu ; il a vu son inconnue du Luxembourg, et la police, avertie par lui, est sur ses gardes. Javert, l’inévitable Javert est là, prêt à intervenir au premier signal que donnera Marius. Jean Valjean, dès son entrée, est saisi et garrotté ; Marius pouvait faire dès lors le signal convenu, mais les premiers mots du colloque lui apprennent que ce misérable Jondrette est le Thénardier qui a sauvé son père. Pendant que le bandit fait signer pour 200, 000 fr. de lettres de change à Valjean et exige qu’il envoie chercher Cosette pour la garder en otage, la police qui n’a pas attendu le signal, envahit la maison : cris et tumulte inexprimable ; Babet, Claquesous, Gueulemer se précipitent à la fenêtre, où une échelle de corde pend en cas de besoin ; ils se battent à qui fuira le premier et obstruent le passage. Thénardier. fait railleusement la proposition de mettre les noms dans un bonnet. « Voulez-vous mon chapeau ? » dit une voix formidable, celle de Javert. Toute la bande est arrêtée, mais quand le policier veut interroger la victime, le respectable monsieur attiré dans le piège, il n’y a plus personne ; Jean Valjean a profité de l’échelle de corde. « Diable ! ce devait être le meilleur, » dit Javert, cet excellent logicien.

Dès lors, tous ces éléments de l’action ayant été mis en présence et combinés, le dénoûment est proche ; mais l’illustre auteur ne se hâte pas ; il ne veut pas être que romancier, il veut aussi être le peintre de toute une large époque de notre histoire. Les amours de Marius et de Cosette, ce qu’il appelle l'Idylle rue Plumet, ont pour pendant des scènes terribles, l’émeute de 1832, l’Épopée rue Saint-Denis. Là se dénoue le sort de bien des personnages ; sur la barricade meurent presque tous les amis de Marius ; lui-même n’échappe que grâce au dévouement d’Éponine, singulière fille qui l’aime au milieu de la dégradation dont elle vit, et qui meurt en recevant une balle à lui destinée ; Gavroche aussi meurt héroïquement en vrai gamin de Paris. Javert, déguisé en insurgé et reconnu, va être fusillé ; il est confié à Jean Valjean, qui, au lieu de lui brûler la cervelle quand les troupes reprennent la barricade, le détache et lui dit : « Vous êtes libre. » Marius est blessé ; Valjean le sauve à travers le dédale des égouts de Paris, terrible voyage souterrain auquel, suivant son habitude, Victor Hugo a donné pour préface une véritable monographie des égouts, de ce qu’il appelle « l’intestin du Léviathan ». Au bout du cloaque, au moment où il se croit hors de danger avec Marius, se dresse pour la dernière fois la redoutable encolure de Javert ; mais le terrible policier a réfléchi profondément depuis que le galérien a dédaigné de se venger ; il aide Valjean à reconduire Marius chez M. Gillenormand, qui pardonne ; puis, ne pouvant se résoudre, soit à faire réintégrer au bagne l’homme à qui il doit la vie, soit à manquer à son devoir en ne le livrant pas, il sort en stoïcien de sa perplexité : il se tue ! Marius, guéri, épouse Cosette, et Jean Valjean s’éteint ayant rempli jusqu’au bout la promesse faite à la morte.

Nous avons été forcé d’écarter de cette sèche analyse ce qui fait le plus grand charme du livre ; nous n’avons pu appuyer sur la grâce et la tendresse de certaines peintures, l’énergique horreur des autres, sur le relief et la netteté dés physionomies, des caractères. Tout cela est étudié, ciselé avec une patience, un soin qui ne dérobent rien à la grandeur de l’ensemble. Certains épisodes : Waterloo, le couvent de Picpus, l’Égout, l’Année 1817, sont des pages qui demanderaient une analyse spéciale. La mise en scène, l’imprévu des rencontres, l’art de ramener les fils égarés de l’action, de faire heurter les idées et les hommes, n’a jamais été poussé à plus haut point ; hardiesses de tout genre, témérités et exagérations de style, crudités du mot, bizarreries de conception, invraisemblances même de quelques parties, tout disparaît dans cet ensemble émouvant et grandiose, dans cette accumulation de faits héroïques ou navrants qui remuent toutes les fibres.


MISÉRABLEMENT adv. (mi-zé-ra-ble-man — rad. misérable). Dans la misère : Vivre misérablement. Traîner misérablement ses jours. || D’une façon malheureuse : Mourir, succomber misérablement. L’enfant qui force sa mère à le maudire mérite de périr misérablement. (St-Marc Girard.) || Pauvrement : Être misérablement vêtu. Dîner misérablement,

— Par ext. Piteusement, d’une façon mesquine : Désirons qu’un temps vienne, et que ce temps soit prochain, où l’on achèvera de cataloguer ces manuscrits de la bibliothèque qui gisent misérablement inconnus. (Chateaub.) Aucun autre instinct ne subjugue plus misérablement l’esprit que la faim. (L. Cruveilhier.)

MISÉRATION s. f. (mi-zé-ra-si-on — lat. miseratio ; de misereri, avoir pitié). Sentiment de pitié, de miséricorde. || Vieux mot.


MISÈRE s. f. (mi-zè-re— lat. miseria ; de miser, malheureux, digne de pitié, qui se rapr. porte sans doute au même radical que le grec misos, haine, et le latin meestus, triste. Delà-, tre croit que miser signifie, proprement dér pourvu de tout, de la racine sanscrite miç, enlever). État, condition misérable, digne de pitié : Vt’ui-e dans la misère. Tomber dans la misère, dans une profonde misère, au comble de ta misère. Solon appelait les villes le ré- / ceptacle de la misère humaine. (D’Ablanc.) L’insensibilité à la une.des misères est dureté ;, s’il y entre du ptaisir, c’est cruauté. (Vnuven.) Il y a une espèce de honted’être heureuxà la vue de certaines misères. (La Bruy.) La misère ne consiste pas dans la privation des ■ choses, mais dans le besoin quis’en fait sentir.. (J.-J. Rouss.) L’enfant qui comprendra, la mi-, sère des autres y compatira naturellement.. (Mme Monmarson.) Il n’y a rien sur la terre de plus constant, de plus implacable que la misère du genre Aum’iiir.(Proudh.) L’hôpital est le temple de la misère., (Proudh.)

On doit du malheureux respecter la misère. ■ •

Crédillon. •’.

Nous sommes peu touchés des misères’des ntitreo,’

VlENNKT,

… Le travail, aux hommes nécessaire, Fait leur félicité plutôt que leur ntjjére.

Boileau.

! 1 Pauvreté : La misèrk porte au désespoir,

la grandeur inspire la présomption., (Pasc.) La splendeur des grands ajoute à notre propre misère te poids du bonheur des autres. (La Bruy.) La foule rampe dans la.misère. (J.-J. Rouss.) La misère des hommes croit toujours avec leur dépendance. (B. de St.-P.) La misexe fardée de luxe est effroyable. (Duputy.) La misère accroit l’ignorance, l’ignorance accroît la misère. (Mmo de Staël.) in misère tue te corps par les privations et l’esprit par-j le chagrin. (D. Jussieu.) Les réunions de pau, —vres sont toujours mauvaises ; il ne faut pas laisser fermenter la misère. (Mnrbeuu.) En-, tretenir la misère, c’est être complice de, tout, le mal moral qu’elle enfante. (J. Droz.) Corn-,’ bien de vices et de crimes on ferait disparaître, si l’on parvenait à bannir l’oisiveté et lu misère ! (Droz.) La misère est une maladie du corps social, absolument comme, la lèpre est une maladie du corps humain. (V. Hugo.) L’ér tendue de la, prostitution se mesure à la gran- ; deur du luxe et à la profondeur de la misère. (L. Faucher.) Il y a dans ce monde plus de misère que n’en peut guérir une charité sans bornes. (Fix.) La condition des peuples ignorants est ta barbarie et la misère. (A. Martin.) La misère du peuple est à l’ignorance du ■ pouvoir ce que l’effet est à la cause. (E..de Gir.) Dans la société actuelle, te progrès delà misère est parallèle et adéquat au progrès, de la richesse. (Proudh.) La misère fait tous, les jours des progrès en Fiance. (L.-N. Bonap.). Sous le despotisme, le droit à la misère est le seul possible. (Colins.) La misère et l’igno-., rance sont les deux plus grands adversairesde la liberté. (L. Plée.) Quand te misère pèse., sur l’homme, tout est possible en fait de servi ;,  : tude et de crime. (Vacherot.) La misère est' une servitude qui enchaîne l’âme aussi bien que le corps. (Mich. Chev.j L’ignorance n’est qu’une des faces de ta .misère. (E. About.) Il (Jhose fâcheuse et digne de pitié  : La richesse a ses misères. L’homme trouve en soi-même un amas de misères inévitables. (Pasc.) Les dignités sont une servitude de pus qu’H faut ajouter aux misères humaines. (Clément XIV), Nous ne devonsi chercher ailleurs que rfoii^/e^ dérèglement dé nos mœurs tes causes de nos misères. (Mass.) C’est une grande misère gué de n’avoir pas assez d’esprit pour bien parler ni assez de jugement pour se taire. (La Bruy.) On est tout réconcilié avec l’indigence quand oh a vu de près tes misères des grands. (Mme de Fontaines.)

— Par ext. Personnes misérables : Secourir la misère. Insulter la misère, La misère invente et t’a propriété recueille. (Proudh.) La plupart des hommes vivent à côté de la misère sans lavoir. (J. Simon.) La propreté est té luxe de la misère. (Aug. Humbert.)

— Circonstances malheureuses : La miserb du temps. Les misères de notre siècle., v, <

— Fam. Bagatelle, chose de peud’ftnpartance : Ce ne sont souuent que des- misères qui font naître l’amour, et des misères qui lé. font cesser. (M « ie d’Arconville.) il (Jhoso sans> mérite, sans valeur : En vérité, il faut que le. goût et le génie tombent furieusement à, Parist l’on n’y imprime que de pareilles misères » (Volt-) El Chose pénible, ennuyeuse : C’est une misère que d’avoir affaire aux avocats.

— Poétiq. Infortune, pauvreté personnifiée : ’’..’,

La vile Oisiveté est Alla de Misent 1’—’

A. be Musset,’