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Après Cadamour vient Brzozomwsky, dit le Polonais, qui se console dans son état de perruquier de la douleur de ne plus pouvoir poser. Figaro a remplacé Hercule. Un autre modèle de formes irréprochables, Dubosc, entra dés l’âge de cinq ans dans la carrière. Citons aussi Céveau, le scieur de long, qui fut longtemps le favori d’Ingres ; car, n’oublions pas de le dire, les peintres ont leur modèle de prédilection. Qu’un artiste rencontre dans la rue un homme aux traits mâles et fortement accentués, h la physionomie expressive, à la tournure athlétique, fût-ce sous les haillous d’un chiffonnier, il l’endoctrinera et l’aura bientôt fait passer à l’atelier. C’est ainsi que Géricault recruta, parmi les acteurs de Mm0 Saqui, le nègre Joseph, qui, venu de Saint-Domingue à Marseille et de Marseille à Paris, avait été engagé dans la troupe acrobate pour jouer les Africains, Le Naufrage de la Méduse amena une nombreuse clientèle à Joseph, et ses épaules larges et son torse effilé la lui conservèrent longtemps, malgré ses innombrables distractions devenues légendaires.

Ne méprisons point les modèles», ce serait mépriser la force et la beauté physiques, deux qualités qui ne mènent plus guère qu’à épouser une veuve un peu mure, à être tambour-major, hercule ou modèle.

— Techn. On donne généralement le nom de modèle à une imitation soit de l’ensemble, soit d’une partie isolée, mais le plus souvent dans des proportions réduites, d’une machine, d’un navire, d’un bâtiment, d’un objet quelconque à exécuter. Outre les facilités que cette pratique donne pour l’exécution, elle permet de former de précieuses collections d’appareils, qui sont ensuite, au point de vue de l’étude, du plus haut intérêt.

C’est ainsi qu’ont été formées la plupart des galeries du Conservatoire des arts et métiers, celles des Musées d’artillerie, de la marine, etc.

Des dessins, quelque bien faits qu’ils puissent être, ne rempliraient pas le même objet que les modèles ; outre que, pour être compris, ils demandent une initiation longue et difficile, il est impossible qu’ils donnent une idée nette de l’ensemble, toutes les fois que cet ensemble est un peu compliqué ou qu’il présente des aspects multiples.

Relativement à la construction des modèles, il est clair que la dépense en matière première est généralement peu de chose ; mais la main-d œuvre est parfois aussi dispendieuse que pour la construction en grand, attendu qu’elle réclame des ouvriers d’une habileté consommée, et que l’exiguïté des dimensions augmente beaucoup la difficulté. •’ Les modèles des fondeurs ont cela de spécial que, devant servir à produire les moules dans lesquels on coulera les pièces, ils ne peuvent être d’une grandeur moindre que celles-ci. Le plus souvent ces modèles sont en bois, et le nombre de pièces moulées qui sont dans les machines est tel, que le modelage est devenu une branche importante de l’industrie manufacturière, et constitue un métier spécial exercé par les plus habiles ouvriers menuisiers et ébénistes. Ces pièces de bois doivent, en effet, être exécutées avec un Uni et une exactitude dont il est facile de se rendre compte, si 1 on considère que les moindres détails de ces modèles sont reproduits par les moules et se retrouvent sur la fonte ou le bronze.

Les dimensions damodèle sont toujours légèrement supérieures à celles de l’objet à produire, à cause du retrait de la fonte- Le bois que 1 on emploie pour faire les modèles est le sapin, le tilleul et le peuplier, pour les grandes dimensions-, pour les modèles délicats et ouvragés, on emploie le noyer et le buis. On fait aussi des modèles en plâtre et en métal. Le métal que l’on emploie pour cet objet est la fonte, le cuivre ou bien un alliage de plomb et d’étain.

MODELÉ, ÉE (mo-de-lé) part, passé du V, Modeler. Fait sur un modèle, à l’imitation de quelque chose : Il y a, dans la nature, un prototype général dans chaque espèce, sur lequel chaque individu est modelé. (Buff.)

— Sculpt. Exécuté en terre ou eu cire, pour servir de modèle ; Statue modulée.

— Peint. Exécuté de façon à accuser les plans et les reliefs : Figure bien modelée.

— Par anal. Fait, tourné, conformé d’une certaine façon, en parlant d’un relief : Des épaules bien modelées. Un torse mal modelé. Une main gracieusement modelée. Son front était élevé, bien modelé, serré des tempes. (Lainart.)

— s. m, B.-arts. Imitation en ronde bosse : Un beau modelé.

MODELER v. a. ou tr. (mo-de-lé — rad. modèle. Prend un accent sur l’e devant une syllabe muette : Je modèle, qu’il modèle, je modèlerai, il modèlerait). Déterminer la forme de : L’action des eaux, celle du feu intérieur} celle de l’atmosphère paraissent avoir modèle notre globe.

— Fig. Déterminer la forme, la nature, le caractère de : Les hommes créent les institutions, mais les institutions aussi modèlent les hommes. (E. About.) Les impressions incessantes du corps et de l’âme finissent par moduler le corps et l’âme. (H. Taine.) Il Régler, former sur quelque modèle, sur quelque exemple : Un enfant adoptant, de son choix, le nom

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d’un homme vertueux, y modèlera à la longue son caractère. (B. de St-P.) Dioctétien modela sa cour sur celle du grand roi ; il se donna le surnom de Jupiter. (Chateaub.)

— Sculpt. Faire en terre ou en cire le modèle de : Modeler une statue. Modeler un groupe. Modeler des ornements. Un sculpteur ne sait guère quelle sera la valeur du groupe qu’il a rêvé qu’après /’avoir modelé. (Fr. Arago.) Benvenuto ne dédaignait pas de modeler des aiguières et des armures. (E. Sue.)

Il Prendre un moule sur : Modeler un vase en bronze, un chapiteau, il Peu usité. Il Représenter en petit : Modeler un monument.

— Peint. Rendre, par le jeu des lumières, les effets de relief de la nature, faire avancer et reculer les plans d’une figure selon leur position relative : Ce peintre modèle bien ses figures.

— Absol. Faire des modèles en terre ou en cire : Ce sculpteur modèle admirablement et sculpte mal. Il Rendre, par le dessin ou la peinture, le relief, le modelé des objets : Ce peintre excelle à modeler.

Se modeler v. pr. Être modelé : Le corps d’un animal est une espèce de moule intérieur dans lequel la matière qui sert à son accroissement se modèle et s’assimile au total. (Buff.) Plus tard seulement les membres se modèlent, le galbe se prononce ; l’homme est formé. (Gér. de Nerval.) Il Être conformé d’une certaine façon, en parlant d’un objet en relief : Le torse se modèle puissamment. (Th. Gaut.)

— Fig. Régler sa conduite ou ses actions : Les jeunes animaux SE mOdÉLbNT sur les vieux. (Buff.) On se modèle imperceptiblement sur ceux que l’on fréquente. (Clément XIV.) Toute société se modèle et s’ordonne sur l’idée qu’elle se fait de son Dieu. (A. Dumesnil.) il Emprunter sa manière d’être, sa forme spéciale : Les lois se modèlent sur les mœurs. (Bastiat.) Il faut que le style soit vrai et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit. (Lamart.)

MODELEUR s. m, (mo-de-leur — rad. mo* deler). B.-arts. Sculpteur qui exécute des modèles en terre ou en cire, il Peintre qui modèle des figures.

— Techn. Ouvrier qui fait des modèles de machines.

— Adjectiv. Menuisier modeleur, Menuisier qui fait, dans les meubles, la partie qui tient de la sculpture, comme chapiteaux, corniches, etc.

MODENA (Gustave), tragédien italien, né à Venise en 1803, mort à Turin en 1861. Fils d’un acteur distingué, il étudia le droit à Padoue et à Bologne et exerça quelque temps la profession d’avocat dans cette.dernière ville, puis à Rome, où il débuta comme acteur tragique en 1826. Mêlé aux événements politiques de la Romagne en 1831, il dut, pour se soustraire aux poursuites dont il était l’objet, se réfugiera l’étranger. Il vint en France, où il eut l’occasion d’entendre notre excellent comédien Fotier, L’amnistie de 1847 lui ayant permis de rentrer dans son pays, il continua de participer aux efforts du parti de la liberté et publia, dès le début de la révolution, des Oialoghetli popolari (Petits dialogues populaires) quel’on n’a pas craint de comparer aux pamphlets de Paul-Louis Courier. Elu à l’Assemblée constituante romaine, Modem ! s’y distingua par son éloquence fougueuse et ses opinions radicales ; pendant toute la durée du siège, il combattit les armes à la main pour l’indépendance de la patrie italienne. Après la prise de Rome, il chercha un asile àTurin ; il donna dans cette ville des représentations et des séances de décla : mation qui attirèrent la foule. Depuis lors,

! Modena figura avec les plus grands succès
! sur les principales scènes de la Péninsule.

| Cet artiste, que des critiques français ont com-1 paré tantôt à Talraa, tantôt à Frédérick Lemaitre, a fait valoir d’une manière brillante le théâtre d’Alfieri, qu’il a joué presque tout entier. Il a, en outre, montré un talent profond et original, plein de puissance et de variété, de noblesse et de vérité dans un grand nombre d’ouvrages, entre autres : Jacques Ier, Louis XI, Othello, Oreste, Saùl, Œdipe roi, Zaïre, Philippe II, le Bourgeois de Gand. Il excelle, en outre, à dire les vers de la Divina Commedia. Puissance, variété, vérité, noblesse et même sobriété, rien ne manquait à ce talent profond et original, qui a été comme le conservateur de la tragédie en Italie et qui a formé la plupart des bons artistes contemporains. Mais en outre, et avant tout, Modena fut patriote ; avocat, écrivain, député, acteur, il mit toujours la sainte cause de la liberté au-dessus de tout. C’est ainsi qu’il refusa constamment de jouer à Milan devant les princes autrichiens.

MODÉNAIS, AISE s. et adj. (mo-dé-nais, è-ze). Géogr. Habitant de Modène ; qui appartient à ce pays ou à ses habitants : Les Modénais. La population modénaise. il On dit

aussi MODÉNOIS, OISE.

MODÉNATURE s. f. (mo-dé-na-tu-re — ital. modanatura ; de modano ou modine, moule ; du latin modutus, proprement petite mesure ; de modus, mesure, règle, proportion. V. mode et moule). Archit. Proportion et galbe des moulures d’une corniche : Modénature ionique, corinthienne. La modénature détermine le caractère des divers ordres d’architecture. (Acad.)

MODÈNE ou MODESNE s. m. (mo-dè-ne).

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Comm. Ancienne étoffe de qualité inférieurs, que l’on faisait avec un mélange de fleuret, de poil, de fil, de laine ou de coton, et qui était probablement ainsi appelée du nom de la ville où l’on avait commencé à la fabriquer.

MODÈNE, en latin Mutina, en italien Modena, ville du royaume d’Italie, chef-lieu de la province et du district de son nom, naguère capitale du ci-devant duché de Modène, sur un canal faisant communiquer la Secchia avec le Panaro, à 101 kilom. N.-O. de Florence, à 799 kilom. S. E. de Paris, par 440 3g’ de longitude N. et 8° 35’ de longitude E. ; 55,512 hab. Siège du gouvernement provincial, évêché, séminaire ; synagogue et grand rabbin ; cour d’appel, lycée, collège. L’université a été supprimée en 1832. Ecoles des beaux-arts, de droit, de médecine, vétérinaire, militaire, du génie, etc. Société scientifique ; riche bibliothèque publique avec cabinet de médailles. L’industrie de cette ville est limitée a la fabrication des fils et tissus de soie, toiles do lin, cuirs, verre. Le commerce y a peu d’importance ; il consiste principalement dans l’exportation des bestiaux, dont la valeur annuelle est estimée à 3 millions de francs. La valeur des importations et des exportations est estimée annuellement k 22 millions de francs.

Modène, située au milieu d’une plaine fertile, entre la Secchia et le Panaro, a la formé d’un pentagone allongé. Les remparts qui l’entourent servent de promenade. Elle est bien bâtie et bien percée. La plupart de ses rues sont ornées de portiques. La ville a quatre portes et est défendue au N.-Oi par une citadelle. On y remarque plusieurs beaux édifices, dont voici la description : La cathédrale, ou Dôme, commencée en 1099 par l’architecte Lanfranco, appartient au style lombard. Elle est extérieurement incrustée de marbre. Le porche présente des piliers portés par des lions. Les portails offrent des ornements et des bas-reliefs du xne siècle. La voûte frappe par son élégance et son élévation. Les principales curiosités de l’intérieur sont un Couronnement de Marie, œuvre précieuse du peintre Serafino dé Seralini ; la chaire de marbre, due à Tomasône di Campione ; les stalles du chœur ; une Nativité du Christ, beau groupe en terre cuite de Begarelli ; les tombeaux de Claudio Rangoni, de sa mère et du dernier duc de la maison d’Esté. À côté de la cathédrale s’élève une élégante tour qui lui sert de clocher. Elle est revêtue de marbre blanc et domine la petite place délia Torre ; c’est l’une des plus élevées de l’Italie du Nord. On l’appelle Ghirlandina, à cause d’une guirlande de bronze qui entoure la girouette. « On y conserve, dit M. J.-A. Du Pays, le vieux seau de bois, trophée enlevé aux Bolonais par les Modénais, et qui a fait le sujet du célèbre poëme héroï-comique -de Tassoni, la Secchia rapita. »

L’église Saint-Augustin, sur le corso de la via Kmilia, renferme le tombeau de Muratori. et une Déposition de croix, magnifique groupé en terre cuite, par Begarelli. « Si cette terre devenait marbre, disait Michel-Ange, gare aux statues antiques. » La coupole de l’église de la Vierge del Carminé, près de la porte de Bologne, a été peinte par le Calabrese. L’église Saint - Vincent, sur le corso du canal Grande, renferme le tombeau de la mère du duc de Modène et ceux de sa famille. L’église Saint-Paul est ornée de fresques (Nativité de Marie), œuvre remarquable de Pellegrino.

Le palais ducal est une magnifique et imposante construction du xvne siècle. Le dernier duc de Modène, mort en 1846, l’a beaucoup agrandi et considérablement embelli. Il offre au S., sur la pince Ducale, une grande et belle façade ; au N., ses deux ailes encadrent le magnifique corso del Naviglio. • La cour, dit M. J.-A. Du Pays, est vaste et environnée de colonnades. L’escalier, les appartements, tout répond à l’idée que l’extérieur a pu donner de la magnificence du dedans. Ce palaisrenfermait jadis des richesses d’un grand prix : c’était une grande quantité de tableaux des plus grands maîtres ; mais une partie de ces tableaux fut vendue au roi de Pologne, et dans ce nombre la célèbre Nuit du Corrége. » Parmi les tableaux de la galerie actuelle, nous signalerons : un Crucifiement et Saint lioch en prison, du Guide ; le Martyre de saint Pierre, le Mariage de sainte Catherine, Mars, Vénus et l’Amour, par L. Carrache ; Platon et autres dieux, par Ann. Carraehe ; Saint François adorant l’Enfant Jésus et une Madone dans sa gloire, par Leonello Spada ; une Madone avec des saints, par Garofalo ; un Christ, par Pomeranzio ; Mort de Clorinde, par Lod. Lana ; l’Aurore et Cephale, par 1 Albane ; une Assomption, par Giac. Francia ; une Circoncision, par Procaccini ; un Crucifiement, par Mantegna ; une Sainte Famille, par Audiea del Sarto ; une Adoration des Mages, par Palma le Jeune ; une Nativité de Pellegrino ; un Paysan, par Murillo ; un Bénédictin, par Velazquez ; une Madone, par Giov. Bellini ; la Vierge apparaissant aux Chartreux de Bologne, par Dosso-Dossi, etc.

La bibliothèque, que César d’Esté, chassé de Ferrare par Clément VIII, fit transporter à Modène, est riche de plus de 90,000 volumes et de 3,000 manuscrits, parmi lesquels on remarque surtout : un Évangile grec du vnie siècle ; les lettres de-saint Jérôme, manuscrit du

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sue siècle, et un Dante du xtvo siècle, aveo miniatures. Le cabinet de médailles, annexé à la bibliothèque, possède plus de 260,000 médailles antiques,

Les remparts, d’où l’on jouit d’une belle vue, et les jardins du palais ducal sont les plus belles promenades de Modène.

La ville possède de nombreuses fontaines, qui font l’admiration des naturalistes. Au sujet des fontaines de Modène, voici comment s’exprime un écrivuin de la fin du dernier siècle, Lodovico Ricci : ■ Quiconque veut avoir dans sa propre maison une source d’eau vive, qui jaillisse au-dessus du niveau de la terre, peut facilement jouir de cet avantage en creusant un puits de 60 pieds de profondeur. Puis, après avoir rencontré le plan de l’ancienne ville, qui est situé à 6 brasses environ au-dessous de la ville actuelle, et après avoir traversé plusieurs couches de sédiments de fleuves, on trouve enfin un lit de terre argileuse de 5 pieds d’épaisseur. On perce ce lit d’argile à l’aide d’un forêt, et bientôt on voit jaillir l’eau avec impétuosité. Elle remplit le puits, se déverse sur la terre et forme une fontaine perpétuelle dont l’eau est pure et excellente. ■

Modène est fort ancienne. Tite-Live dit que les campagnes des environs de Modène, avant que cette ville devînt colonie romaine (ce qui advint en 194 avant J.-C), appartenaient aux Gaulois, mais qu’elles avaient été auparavant la propriété des Etrusques. Les Gaulois (Boïens) en furent chassés par Semproniu3 Longus. Les événements qui acquirent à Modène le plus de célébrité dans 1 histoire romaine furent le siège qu’y soutint Brjitus, après la mort de César, et la guerre contre Marc-Antoine, qui fut la cinquième des guerres civiles. Constantin détruisit cette ville pendant la lutte qu’il soutint contre Maxence, puis il la fit rebâtir. Ravagée et occupée tour à tour par les Goths et les Lombards, Charlemagne la releva de ses ruines et bientôt elle devint florissante. Elle eut alors ses comtes particuliers ; après l’année 1115, époque de la mort de la célèbre comtesse Mathilde, on ne vit plus de comtes de Modène. La ville fut alors successivement possédée par les papes, les Vénitiens, les ducs de Milan, de Mantoue, de Florence ; puis, comme les autros villes importantes de l’Italie, elle s’érigea en république sous le gouvernement de tyrans ; mais, toujours harcelée par ses voisins, elle se donna, en 12S8, aux princes de la maison d’Esté, seigneurs de Ferrare, qui érigèrent leur nouvelle possession en duché en 1452 (v. l’article suivant). Pendant les guerres du xvme siècle, elle fut prise tour à tour par les Autrichiens, les Français et les Piémontais ; lors des guerres de la Révolution, elle tomba de nouveau en notre pouvoir. L’Empire do Napoléon 1er en fit le cnef-lieu du département italien du Panaro. En 1815, elle redevint capitale du duché de son nom, qui a disparu de la carte d’Italie en 1859, pour former une province du royaume d’Italie. Modène est la pairie des»érudits Sigonius et Muratori, de l’anatomiste Fallope, du poète Tassoni, et de l’architecte Vignole. Il La province de Modène, division administrative du royaume d’Italie, formée d’une partie de l’ancien duché de ce nom, est comprise entre la province de Reggio nelT Emilia au N, de Parme à l’O., de Massa-Carrara au S. et de Bologne h TE. ; superficie, 2,502 kilom. carrés ; 260,591 hab. Chef-lieu, Modène. Elle comprend 3 districts, 21 mandements ou prétures et 46 communes.

MODENE (duché de), ancien État souverain de l’Italie centrale, compris entre le ci-devant duché de Parme à TO., Tex-royauroe Lombard-Vénitien au N., les anciennes possessions des États de l’Église à TE. et les anciens duchés de Toscane etdeLucquesauS-, entre 43" 56' et 44<> 57’ de latitude N., et 7° 20’ et 90 3’ de longitude E. Superficie, 5,338 kilom. carrés ; 600,070 hab. Capitale, Modène. Ce duché se composait du duché de Modène proprement dit, des duchés de Reggio, Mirandola, Massa-Carrara et des principautés de Corregio, Carpi, Novellara, ainsi que d’une partie de la seigneurie de Garfagnano. Le duché de Massa-Carrara ne communiquait avec le reste du territoire que par une étroite langue de terre à travers le territoire de la Toscane. Au point de vue administratif, ses divisions varièrent assez souvent ; il formait en dernier lieu sept provinces, désignées presque •toutes par le nom de leurs chefs-lieux : Modène, Garfagnano, G uastalla, Reggio, Massa, il Frignano et la Lunegioae. La partie méridionale de l’ancien duché de Modène est traversée par les Apennins, qui, au mont Ciinone, atteignent une altitude de 2,176 mètres. À l’exception du Pô, qui, au N., ne formait la frontière que sur une très-faible étendue, les cours d’eau sont peu importants ; il n’y a que le canal Tassoni qui soit navigable. Citons cependant le Panaro, la Secchia et le Crostolo. Au N., le sol est plat et fertile et le climat bon, mais pourtant pas aussi beau que dans le reste de l’Italie. On y cultive beaucoup de céréales, de vignes, d’oliviers et de mûriers ; on y élève beaucoup de bestiaux et l’éducation des vers à soie y est très-importante. L’extraction du marbre dans la partie S.-O. constitue aussi une source considérable de richesses. Il serait superflu do rappeler ici la constitution politique et Torganisation administrative de ce petit Étatf