Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MORP

gr. morphê, forme ; genos, naissance). Philos. Production des formes.

— Physiol. Morphogénie moléculaire, Ensemble de formes qu’affectent les molécules dans un corps.

MORPHOGRAFHE s. m. (mor-fo-gra-fedugr. morphê, forme ; graphe, j’écris). Didact. Celui qui s’occupe de morphographie.

MORPHOGRAPHIE s. f. (mor-fo-gra-ftdu gv. morphê, forme ; graphà, j’écris). Ait dé figurer exactement, par le dessin linéaire et la perspective, les formes et apparences des solides.

MORPHOGRAPHIQUE adj. (mor-fo-gra-fike

— rad. morphographie). Quia rapport à la morphographie : Méthode morphocraphiquk.

MORPHOGRAPHIQUEMENT adv. (mor-fogra-li-ke-man

— nid. morphoyraphique). Par les procédés morphographiques, par la morphographie.

MORPHOLOGIE s. f. (mor-fo-lo-jl — du gr. morp/té, forme ; logos, discours). Histoire des formes de la matière, de la physionomie des corps : Morphologie minérale, végétale, animale.

— Anat. Description de la forme, de la position et des rapports des organes ; anatomie descriptive.

— Linguist. Histoire de la forme des mots et de leurs transformations.

— Encycl. Hist. nat. La morphologie des

êtres organisés, si l’on prend ce mot dans son acception la plus large, est l’étude même des formes que présentent les divers organes ; sous ce rapport, il est à peu.près synonyme a’organographie. Généralement, on le prend dans un sens à la fois plus restreint et plus philosophique ; il sert alors k désigne/ l’organographie comparée et expliquée pur les transformations auxquelles sont soumis les organes durant leur formation. Ce terme a été introduit dans la botanique par A. de Saint-Hilaire ; mais nous avons à peine besoin de dire qu’il peut s’appliquer aussi à la zoologie. Si l’organogiaphie nous apprend comment sont faits les organes, la morp/iologie nous dit comment ils sont parvenus à se former et, par Conséquent, pourquoi ils sont faits ainsi. Elle se base surtout sur le grand principe de la métamorphose, c’est-à-dire de la transformation proprement dite de i’embryon en ce qui doit en résulter, de ce passage de l’organe inférieur en l’organe supérieur. Ce genre de développement est propre au végétal ; il ne s’observe, chez l’animal, que dans ses parties végétatives telles que les ongles, les poils, etc. ; ses vrais organes se forment de toutes pièces chacun en son particulier, par substitution et assimilation directe de ieurs éléments, non point par métamorphoses graduées d’une pièce en unéautre pièce.

Aussi la morphologie végétale implique-telle une des plus grandes découvertes de la botanique moderne. Cette découverte est généralement attribuée à Gcelhe ; toutefois il serait injuste de passer sous silence les noms de ceux qui l’ont préparée. Dès 1679, un botaniste depuis longtemps oublié, Joachim Jungius, publia un petit écrit dans lequel furent tentés les premiers essais de comparai-Son entre les organes végétaux. Mais, comme il arrive avec la plupart des découvertes trop précoces, celle-ci, dépassant le niveau des contemporains, demeura incomprise et fut à peine remarquée. Vers le milieu du xviuc siècle, Linné revint à cette idée, mais sans en faire ressortir aucune vérité saisissante. Tout autre fut l’appréciation de Gaspard-Frédéric WolJf, qui, vers la même époque, enseigna ouvertement que tous les organes portés par la tige végétale sont de même nature. À celui-là devrait peut-être revenir toute la gloire ; mais la postérité jugo mal à distance : Jungius fut oublié et 1 idée de Frédéric WoliF, admirablement commentée en 1790 par le poète Gœthe, vint augmenter la gloire déjà grande de ce dernier. C’est donc h lui et à lui seul que fut dès lors attribuée la théorie de la métamorphose ; c’est depuis l’apparition de son opuscule qu’elle prit date dans la science, et c’est "à Gœthe qu’appartient tout particulièrement la gloire d’avoir su distinguer la métamorphose ascendante, qui fait monter les organes de degré en degré, et la métamorphose descendante, qui les fait au contraire reculer, suivant l’état morbide de la plante et les défaillances do sa vie. V. métamorphose.

MORPHOLOGIQUE adj. (rnor-fo-lo-ji-kerad. morphologie). Qui a rapport à la morphologie : Études MORPHOLOGIQUES.

— Linguist. Qui a rapport a la forme des mots et a leurs transformations : Différences morphologiques des langues congénères.

MORPHOLOGIQUEMENT adv. (mor-fo-loji-ke-man

— rad. morphologique). Au point-de vue de la forme : Les profondeurs des océans recèlent encore des animalcules morphologiquement identiques à ceux qui peuplaient l’universalité de la planète à l’époque où les trilobiles traitaient seuls au sommet de la série des organismes vitaux. (Fonvielle.)

MORPHON s. m. (mor-fon). Entom. Genre de lépidoptères nocturnes de l’Amérique méridionale.

MORPHOSE s. f. (mor-fô-ze— gr. morphôtis ; de morphê, forme). Entom. Chacun des états par lesquels passent les insectes : La

MORR

première, la deuxième, la troisième morphose. Il Peu usité.

MORPHOZOAIRE s. m. (mor-fo-zo-è-redu gr, morphê, forme ; zàon, animal). Zool. Animal qui a une forme bien déterminée.

MORPHUROMOLGES s. m. pi. (mor-fu-romol-jc —du gr. morphâ, forme ; oura, queue ; molgos, salamandre). Erpét. Groupe de reptiles comprenant les salamandres.

MORPION s. m. (mor-pi-on — du lat. mordere, mordre, et du bas lat. pedio, pou). Entom. Pou de l’homme, qui s’attache de préférence aux parties du corps couvertes de poil, fiarticulièrement au pubis, et s’incruste dans fi peau à tel point que l’on a quelque peine à l’en détacher.

— Pop. Petit garçon à qui l’on veut reprocher la petitesse de sa taille et son importunité : Va-t’en, morpion. || Bas.

MORPLAMÉ, ÉE (mor-pla-mé) part, passé du v. Morplamer : Cuiret morplamû. Peau

MORPLAMÉB.

MORPLAMER v. a. ou tr. (mor-pla-méde mort et de plain). Techn. Mettre dans un plain mort : On morplame les peaux qui ont été pétées et sauvées, pour les disposer auplain neuf. (J. de Fontenelle.)

MORRA s. f. (mo-ra). Orthographe italienne du mot MOURHE. /

MORRA-1RP1 NO, bourg et commune du royaume d’Italie, province de la Principauté Ultérieure, district et à 5 kilom. N.-E. de Sant’Angelo-déLombardi, mandement d’Andretta ; 2,771 hab.

MORRE s. f. (mo-re). Ancienne orthographe du mot MOuRitu :

La morre est jeu pire qu’aux quilles. À ce méchant jeu, Coquillart

Perdit la vie et Bes coquilles.

Cl. Marot.

MORREALEouMONREALE.ville du royaume d’Italie, dans la Sicile, province, district et à 3 kilom. de Païenne, sur le mont Caputo, chef-lieu de mandement ; 15,561 hab. Archevêché, collège ; couvent de bénédictins avec bibliothèque et belles collections.

MORRELL (Benjamin), navigateur américain, né à Rye, comté de Worcester, en 1795, mort à Mozambique en 1839. Fils d’un constructeur de bâtiments, il prit de bonne heure le goût de la vie maritime, sollicita vainement de ses parents la permission de s’embarquer, s’enfuit de la maison paternelle k dix-sept ans, gagna New-Yorketentra comme mousse sur un navire qui se rendait à Lisbonne (1812). Pendant la traversée, le navire fut capturé par les Anglais et Morrell dut subir sur les pontons une captivité de huit mois, au bout desquels il fut rapatrié. Sa famille lui pardonna son escapade et consentît à ce qu’il continuât la profession de marin dès qu’il aurait une instruction spéciale suffisante. Le jeune homme se mit avec ardeur à l’étude et reprit la nier avec le grade de contre-maître. En 1813, il tomba de nouveau entre les mains des Anglais, recouvra la liberté en 1815, fit pendant cinq ans sur un navire marchand des voyages en France, aux Indes, à la Nouvelle-Hollande et se rendit, en 1821, à la pèche à la baleine dans les parages de New-Shetland. En 1822, Morrell exécuta, comme capitaine de la goélette le Wasp, un voyage d’exploration pendant lequel il visita successivement Rio-Janeiro, laPatagonie, les lies Malouines, reconnut les îles de Manon, de Crozet, du Prince-Édouard, s’avançajusqu’k70° 10’de lat. australe, puis entra dans le grand Océan austral par le détroit de Magellan, toucha k Valparaiso (Chili), à Tumbez (Pérou), revint ensuite sur sa route, traversa de nouveau le détroit de Magellan et arriva à New-York en 1823. Quelques mois après, il reprit la mer Sur la goélette le Tartar, suivit les côtes d’Amérique jusqu’à San-Diego, en Californie, ne s’occupa ni de découvertes ni d’observations pouvant intéresser la science, et se borna uniquement à étudier les besoins des populations et leurs moyens d’échange. En 1827, il partit dans la direction de l’est, armé pour la pèche, doubla le cap de Bonne-Espérance, visita la Guinée et Libéria, sur la côte d’Afrique, et regagna New-York, qu’il quitta de nouveau en 1829, pour faire un nouveau voyage. Parti sur VAntartic le 2 septembre, dans le but de se livrer à la pêche, il visita successivement l’archipel du Cap-Vert, les îles Auckland, les Hébrides, découvrit quelques lies, atterrit k Manille, arriva sans le savoir dans l’archipel des Carolines, fit quelque trafic avec les naturels des îles de Berghoud’Urville, et aborda sur une lie d’un groupe situé entre la Nouvelle-Irlande et l’archipel Salomon (probablement les lies de Carteret), dans le but de construire des embarcations nécessaires à la pêche des avioules perlières, des holothuries et autres mollusques précieux qui abondent dans ces parages. Morrell y fut bien accueilli par le chef de ces îles, nommé Hennine, qui lui fournit des insulaires pour l’aider dans ses travaux ; mais de nombreux vols commis par les indigènes amenèrent bientôt des rixes entre eux et les Américains. Ayant appris que Hennine participait à ces vols, Morrell s’empara de sa personne, le lit conduire à son bord et lui rendit peu après la liberté sur la promesse faite par ce chef d’empêcher désormais tout acte de déprédation. Confiant dans la parole d’Helinine, Morrell avait envoyé

MORR

vingt et un hommes de son équipage travailler avec les naturels, lorsque le cri de guerre des sauvages retentit. Vainement il vola au secours de ses compagnons ; il ne put recueillir que sept d’entre eux plus ou moins blessés, se vit poursuivi, dans son navire, par les pirogues des indigènes, qu’il dispersa avec une décharge d’artillerie, et gagna Manille, n’ayant plus que onze hommes en état de manœuvrer. Là, il réunit un équipage de soixante-dix hommes en état de combattre, puis fit voile vers l’archipel où quatorze de ses compatriotes avaient trouvé la mort et qu’il avait appelé pour ce motif les lies du Massacre. En passant devant lesîles de Bergh et de Monle-Verde, il eut à se détendre contre les attaques des insulaires ; arrivé devant l’Ile du Massacre, il canonna et détruisit les villages de la côte, obtint de Hennine la possession de l’île sur laquelle il avait commencé des constructions et qu’il appela ite Wallace, en souvenir de son lieutenant mangé par les sauvages, eut peu après à soutenir contre les indigènes une attaque générale, pendant laquelle Hennine fut tué ; puis, renonçant à fonder dans ces parages un établissement, il se rembarqua et revint k Manille, après avoir trouvé un groupe d’îles entourées d’un immense banc de corail, couvert d’holothuries, dont il ne voulut pas indiquer la position, afin d’exploiter seul sa découverte. Au commencement de 1831, il retourna en Europe eu doublant le cap de Bonne-Espérance, débarqua à Bordeaux et revint à New-York sans avoir tiré aucun profit matériel de sa longue expédition. En 1838, il se rendit sur la côte orientale d’Afrique, fit naufrage et mourut de la fièvre dans la ville de Mozambique. Morrell était un habile et courageux marin, un excellent capitaine de navire marchand ; mais il n’était ni instruit ni dévoué à la science. Il a publié : Relations de quatre voyages autour du monde faits de 1822 à 1831 (New-York, 1832, in-8o)) ouvrage qui a été traduit en français parjM. Albert de Montémont.

MORREN (Charles-François-Antoine), naturaliste belge, né k Gand en 1807, mort à Liège en 1858. Il étudiait les sciences, la philosophie et la médecine à Gand lorsqu’il publia plusieurs mémoires qui le firent remarquer, prit, en 1829, le grade de docteur en philosophie naturelle et en sciences mathématiques, puis se rendit k Paris, k Goettingue et à Berlin pour y compléter son instruction. De retour dans sa ville natale, il devint professeur de physique k l’École industrielle (1831), puis à l’université (1833), et passa, en 1835, à Liège, où il fut nommé professeur de botanique et directeur du jardin botanique et agronomique de cette ville. Ce savant distingué, qui joignait à de vastes connaissances et k une grande facilité d’élocution beaucoup de pénétration et de jugement, était membre de 1 Académie royale de Belgique et du conseil supérieur d’agriculture du royaume. C’est lui qui a découvert la fécondation artificielle du vanillier. Indépendamment de Mémoires, insérés dans le recueil de l’Académie royale de Belgique, et de nombreux articles et travaux imprimés dans diverses publications, 'Encyclopédie belge, la lievue de Bruxelles, le Messager des sciences et des Arts, de Gand, le Bulletin général des sciences de Férussac, les Annales des sciences naturelles, de Paris, l’Indépendance belge, l’Echo du monde savant, on lui doit, entre autres écrits  : De lumbrici terrestris historianalurali neenon anatomia iractatus (Bruxelles, 1829, in-4°) ; Descriptio polyparium fossilium in Betgio regno repertorum (Groningue, 1829) ; Études, loisirs et prémices d’anatomie et de physiologie végétales ou Collection d’opuscules sur ces sciences (Bruxelles, 1841, 3 vol. in-8°) ; Dodonxa ou Itecueil d’observations de botanique (Bruxelles, 1841, in-8°), Fuchsia ou Recueil d’observations de botanigue, spécialement de tératologie végétale (Bruxelles, 1851, in-8°) ; Palmes et couronnes de l’horticulture de Belgique (Bruxelles, 1851). Enfin, il a été le principal rédacteur de l’Horticulture belge (1833-1836), des Annales de la Société royale d’agriculture et de botanique de Gand (1845-1849, 5 vol. in-8<>), du Journal d’agriculture pratique, d’économie forestière (1848-1855), de la Belgique horticole (1851-1855).

MORRES (Harvey-Redmond), vicomte de Mountmorres, publiciste anglais, mort en. 1797. Sa famille, qui avait adopté le protestantisme, descendait des Montmorency de France. Comme pair d’Irlande, il prit part aux Orageuses discussions qui eurent lieu au parlement de Dublin sur la question de la régence et se montra partisan déclaré de la prérogative royale. Il mit fin à ses jours d’un coup de pistolet. On a de lui divers écrits qui firent sensation lorsqu’il les publia : histoire des principaux actes du parlement irlandais de 1634 a 1G66 U79J> 2 vo1’ in*0) ; la Crise, collection d’essais écrits en 1792 et 1793, sur la tolérance, le crédit public, la liberté des élections, etc. (1794, in-8(0 ; Lettres de Thémistocle (1795, in-8°) ; Réflexions impartiales sur la crise actuelle (1796, in-8°), etc.


MORRIS (Robert), financier américain, né en Angleterre en 1734, mort en 1806. Placé par son père dans une maison de banque de Philadelphie, il s’y fit remarquer par son intelligence, sa probité, et se vit, dès 1775, associé à cette maison, à la prospérité de laquelle il contribua puissamment. Lorsque commença contre l’Angleterre l’insurrection des colonies américaines, Morris se prononça pour sa patrie adoptive, devint, en 1775, membre du second congrès général, y rendit de grands services dans les comités de la marine et des finances et fut envoyé, en 1777, auprès de Washington, qui apprécia sa haute capacité et son patriotisme. En 1780, Morris eut l’idée de fonder par souscription une banque destinée à assurer les approvisionnements de l’armée. Nommé, l’année suivante, par le congrès, surintendant des finances, Morris remplit avec autant de zèle que de talent des fonctions que les circonstances rendaient si difficiles, releva le crédit public et particulier, engagea à plusieurs reprises sa fortune privée pour fournir aux besoins du trésor et se démit, en 1784, de la surintendance des finances, qui fut confiée alors à une commission du congrès. Deux ans plus tard, il prit part à la rédaction de la constitution. Lorsque Washington eut été élu président, il offrit à Morris le portefeuille des finances, qu’il refusa en indiquant pour le remplacer le général Hamilton. À partir de ce moment, Morris donna une grande extension à ses relations commerciales avec l’Inde et la Chine, puis fit, vers la fin de sa vie, des spéculations de terres qui amenèrent sa ruine, eut alors la douleur d’être emprisonné pour dettes et mourut de chagrin.


MORRIS (Gouverneur), homme d’État américain, né à Morrisania, près de New-York, en 1752, mort en 1816. Jeune encore, il fut placé dans la famille d’un professeur de langue française à New-Rochelle, où il apprit très-rapidement cette langue. Avocat à vingt ans, Morris devint, trois ans plus tard, membre du premier congrès provincial. Jusqu’en 1777, il prit une part très-active aux travaux de cette assemblée, se fit remarquer par le nombre et le variété de ses connaissances et fut nommé membre du congrès qui dirigea la révolution américaine. Chargé d’étudier, de concert avec le général Washington, l’état et les ressources de l’armée républicaine, il devint l’ami du grand patriote et resta depuis lors en correspondance régulière avec lui. Au congrès, il employa son éloquence et le crédit dont il disposait à pousser activement l’organisation militaire. N’ayant pas été réélu député à l’expiration de la législature, Morris resta néanmoins à Philadelphie, où il exerça sa profession d’avocat (1780). Durant l’été de cette année, il dut, à la suite d’une chute de voiture, subir l’amputation d’une jambe. Il supporta cette opération avec beaucoup de courage et son caractère n’en resta pas moins vif et enjoué. Nommé, en 1781, sous-secrétaire du trésor, Morris remplit avec le plus grand zèle ces fonctions, dont il se démit trois ans plus tard, pour exploiter la terre de Morrisania qu’il venait d’acquérir de son frère. En 1787, il fut député à l’assemblée chargée de rédiger la nouvelle constitution, et, bien qu’il n’ait rien laissé dans ses mémoires relativement à cette période de sa vie publique, on sait, par une lettre du président Madison, que Morris travailla activement à cette constitution et que le projet rédigé fut remis entre ses mains pour recevoir sa forme définitive. Après un court séjour dans l’État de Virginie, où il était allé surveiller une exploitation de tabacs qu’il possédait avec son ami Robert Morris, il partit à la fin de l’année 1788 pour la France, appelé par des intérêts commerciaux. Il arriva à Paris au mois de février 1789, au moment où les états généraux étaient sur le point de s’ouvrir. G. Morris devait naturellement s’intéresser à la grande lutte qui allait commencer entre la liberté et le despotisme. La Fayette, avec qui il s’était lié en Amérique, le mit en relation avec les personnages qui jouaient alors les rôles les plus importants et les principaux orateurs de l’Assemblée constituante. Sa fortune, et aussi ses goûts aristocratiques, ouvrirent également à G. Morris les portes des salons de la vieille noblesse. Bien que partisan des idées nouvelles, il désirait que les réformes fussent adoptées lentement et progressivement et ne tenait pas assez compte de la situation tout à fait extraordinaire dans laquelle se trouvait alors la France. En janvier 1791, G. Morris fut nommé par Washington agent particulier des États-Unis auprès de l’Angleterre. Il était chargé de terminer quelques affaires relatives au dernier traité de paix conclu entre les deux puissances. Le mauvais vouloir du ministère anglais l’ayant fait échouer dans cette négociation, il quitta Londres, fit un voyage en Allemagne et, de retour à Paris après six mois d’absence, il fut nommé ministre des États-Unis en France (1792). Washington lui recommanda la plus extrême prudence, et il s’acquitta de ses fonctions avec beaucoup de tact. Il prenait, d’ailleurs, confidentiellement les avis du célèbre patriote et les correspondances échangées entre ces deux personnages témoignent de la plus grande intimité. Elles établissent aussi que G. Morris était injustement accusé de sympathies pour le régime qui succombait en France. Après le 10 août, G. Morris fut le seul membre du corps diplomatique qui ne quitta point ses fonctions. Il se contenta de louer, à une dizaine de lieues de Paris, une maison de campagne, où il habita durant le reste de sa mission. Il se rendait de temps en temps à Paris chez le secrétaire de la légation. En 1792, dans un de ses voyages de Saint-Priest à Paris, il vit sa voiture, à peine entrée dans la