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MOUR

semble un ou plusieurs doigts d’une main et, en même temps, ils crient un nombre quelconque. Le gagnant est celui dont les doigts levés, joints à ceux de l’adversaire, forment le nombre qu’il a énoncé. Quelquefois, un joueur est seul contre plusieurs. Alors, tantôt il se contente de dire un nombre, et il finit que les autres lèvent autant de doigts ; tantôt il ouvre et ferme rapidement la main en laissant quelques doigts levés, et il faut que les adversaires devinent si le nombre de ces doigts est pair ou impair.

MODRBE (Joseph-Henri-Louis-Grégoire, baron), magistrat français, né à Lor^ues (Provence) en 1762, mort à Paris en 1832. D’abord avocat près du parlement d’Aix, il se rendit en 1792 à Paris, obtint un emploi au ministère de la justice, devint chef de la division civile, puis fut élu juge du tribunal de la Seine (1796). Successivement ensuite commissaire du gouvernement près la cour d’appel de Paris (1810), procureur général à la même cour cette moine année, président de la chambre civile à la cour de cassation (1814), il fut appelé à succéder à Merlin comme procureur général en 1814 et conserva ces fonctions jusqu’en 1830, époque où il prit sa retraite. Napoléon lui avait donné, en 1810, le titre de baron. On a de lui : Œuvres judiciaires ou Recueil contenant les plaidoyers du procureur général près la cour d appel de Paris (Paris, 1SL2, in-4<>).

MOURROY s. m. (mou-roi). Art vétér. Maladie qu’on appelle aussi sang de rate.

MOUHTEZA, pacha de Bagdad, né en Géorgie, mort en 1662. Il devint successivement selikhdar du sultan, vizir, pacha d’Erzeroum et enfin pacha de Bagdad (1652). C’était un homme d un caractère bizarre, d’une humeur violente, qui, néanmoins, aimait la justice et se montrait libéral envers le peuple. Appelé à Bassora par les oncles d’îtoucein, qui voulaient sa rendre maîtres du pouvoir, il s’empara des trésors d’Houcein et des richesses des principaux habitants, excita contre lui un soulèvement général, fut battu par les Arabes révoltés et dut revenir presque seul k Bagdad. Privé alors de ce gouvernement (1655), il devint gouverneur de Dinrbékir, regagna la faveur du divan en lui envoyant la tête du rebelle Abaza-IIaçan-Pacha et obtint, pour la seconde fois, le pachalik de Bagdad en 1659. Trois ans plus tard, Mourteza, accusé d’intelligence avec la Perse, fut déposé, prit la fuite et fut mis à mort par les ordres du pacha de Diarbékir.

MOURVÈDE s. m. (mour-vè-de). Vitic. Nom provençal d’un cépage à fruit noir, très-commuu en Espagne et dans le midi de la France, n On dit aussi mourvkgub et mour- VÈ3.

— Encycl. Le mourvède, très-connu en Provence, s’appelle : flouron et bon avis dans la Drôme ; berardi dans le département de Vaucluse ; espart et plant de Saint-Gilles dans le Gard ; balzac dans la Charente ; beni-carlo dans la Dordogne ; tinto en Espagne ; mntaro dans les Pyrénées-Orientales ; pignolo en Italie ; c’est un cépage originaire d’Espagne ou d’Italie. Il a des grains petits, serrés en Provence ; le balzac de la Saintonge les a plus gros ; le mourvède dit ancien a des grains moyens. Tous les trois ont l’envers de leurs feuilles très-cotonneux. Le petit est le meilleur. Sa maturité est plus précoce. Les sarments sont, en hiver, de couleur rouge et les nœuds violets ; leur direction est verticale. Les grappes, qui viennent toujours à une grande distance du point de départ du sarment, sont grosses, bien faites, d’une forme conique, bien garnies de grains ronds d’une médiocre grosseur et d’un bleu azuré pour les cépages noirs, d’une saveur peu agréable. La peau du grain, un peu épaisse, le défend bien contre l’humidité prolongée. Le mourvède a le mérite d’entrer très-tard en végétation, ce qui le préserve souvent des gelées printanières. Dans le département du Var, le mourvède à grains moyens est le raisin de vigne le plus estimé ; il donne un vin bien colore, sain, moelleux et agréable, quand il a passé sa première jeunesse, durant laquelle il est un [jeu austère. Le balzac produit abondamment, donne un vin dur dans sa jeunesse, mais généreux et de garde. Enfin, c’est le mourvède qui donne la couleur au vin exquis appelé muscat de cassis. Le mourvède est cultivé sous le nom d’alicante en Andalousie. Quelques-uns ont confondu à tort le mourvède avec le pineau de Bourgogne.

MOCRZOUK, ville de l’Afrique septentrionale, dans la régence et à 799 liilom. S.-E. de Tripoli, capitale du Fezzan, par 25° 51’ de latit. N. et 130 22’ de longit. E. ; 20,000 hab. Résidence d’un pacha tributaire du souverain de Tripoli. Grand marché intérieur de l’Afrique septentrionale et entrepôt du commerce entre 1 Afrique centrale et la côte septentrionale, par caravanes. La ville est entourée de murs de 7 mètres de hauteur et de 3 mètres d’épaisseur ; ses rues sont en général étroites, excepté celle du Fsog ou marché aux esclaves, qui conduit à, une place au centre de laquelle est le château du pacha. Les maisons sont construites en terre ; un ruisseau et de nombreuses sources abondantes arrosent et alimentent la ville ; la température y est très-élevée et l’on voit le thermomètre monter jusqu’à «0 degrés centigrades.

MOUS

MOU5A, nom de plusieurs personnages musulmans. V. Musa.

MOUSART £t in. (mou-zar). Nom donné, dans l’Anjou et la Vendée, à des chênes ététés que l’on conserve dans les haies de clôture.

MOUSCHEGH I«r, prince arménien de la famille dis Mamigonians, né à Daron vers 330, mort dans la même ville en 381. Il succéda en 370, dans le gouvernement de Daron, à son père Vnsag, fait prisonnier par les Perses, se rendit à Constantinople auprès de l’empereur Valens, qui l’investit de la charge de connétable et lui accorda des secours en troupes, délivra à son retour le jeune prince Bab, enfermé par les Persans dans la forteresse de Pharandsem, contribua & rétablir ce frince sur le trône d’Arménie (371). Après assassinat de Bab (377), Mousehegh administra le royaume jusqu’à la nomination du roi Varaztad, repoussa de nouveau les attaques des Persans et fut tué par l’ordre du roi dont il avait favorisé l’avènement.

MOUSCHEGH 11, prince arménien de la famille des Mamigonians, né à Daron en 530, mort en 604. Son père "Vart lui laissa, en mourant, la principauté de Daron (553). Il reçut de l’empereur Maurice le titre de duc d’Arménie (570), contribua à rétablir sur le trône de Perse Khosrou, qui lui promit le gouveidement de l’Arménie persane, mais ne tint pas sa promesse, refusa des secours à ce dernier (603), battit même ses troupes et mourut peu après, laissant pour lui succéder son neveu Nahan.

MOUSCRON, ville de Belgique, province de la Flandre occidentale, arrond. et à 10 kiloin. S. de Courtrai ; 6,120 hab. Nombreuses fabriques de tissus de laine, de laine et coton, et do fil et coton, tanneries, huileries ; manufacture de tabac. Commerce de bétail, froment, colza, lin, légumes et denrées coloniales.

MOUSET s. m. (mou-zo — du lat. mus, souris). Mamtn. Petite souris qui se tient toujours cachée dans les trous.

MOUS1N (Jeun), savant médecin français, né à Nancy en 1573, mort en 1045. Il compléta ses études en visitant les principales universités de France, d’Espagne, d’Allemagne, d’Italie, prit le grade île docteur à Padoue, puis devint médecin des ducs de Lorraine. C’était un homme très-versé dans la connaissance des mathématiques, des antiquités et des sciences naturelles. Il se lit de nombreux ennemis, qui lui suscitèrent des tracasseries, en poursuivant à outrance les charlatans. On a de lui : Discours de l’ivresse et ivrognerie, auquel les causes, nature et effets de l’ivresse sont amplement déduits (Toul, 1612, in-12) ; Hortus ialrophysicus, in quo immensam exoticorum florum sylvam cuivis decerpere lîcet (Nancy, 1632).

MOUSINHO D’ALBUQUEUQUE (Luiz da SiLva), littérateur et homme d’État portugais, né à Lisbonne en 1792, mort à Torres-Vedras en 1816. Membre de ia Chambre des députés, il devint inspecteur général des travaux publics et fut, k trois reprises, ministre de l’intérieur, en 1835, 1842 et 1846. Mousinho était, en outre, un écrivain et un poëte tort distingué et un remarquable érudit. L’Académie des sciences de Lisbonne le comptait au nombre de ses membres. Il mourut des suites de blessures qu’il reçut pendant une émeute. On lui doit : les Gêoryiques portugaises (Paris, "820) ; lluy à Evendeiro (Lisbonne, 1844) ; la ùloire des conquêtes (Lisbonne, 1844), etc.

MOUSKES (Philippe), en latin Mu» et Meuxiua, prélat et historien belge, né à Gand vers 1215, mort à Touruay en 1283. 11 fut successivement chanoine, puis évêque (1274) de cette dernière ville. On lui doit une Chronique rimée, qui a été publiée à Bruxelles (1836-1838, 2 vol. in-4o). Cet ouvrage, le monument le plus vaste qui existe de la langue romane en Belgique, est rempli de remarques intéressantes et curieuses, dit Du Cnntre, bien que son auteur n’ait eu garde d’oublier les fables de l’archevêque Turpin et d’y eu ajouter de nouvelles. La chronique de Mouskes va de l’enlèvement d’Hélène et de la guerre de Troie à l’année 1242 de notre ère.

MOUSLEM-CHERYF ED-DAULAH (Aûoul-Mocrein), prince de Mossoul, mort en 1085. Il succéda, en 1061 de notre ère, à son père Coraïsch, s’empara d’Alep, étendit sa^domination depuis cette ville jusqu’aux environs do Bagdad, dans un espace de 200 lieues, se signala par son courage, par son amour pour la justice, par ses talents poétiques, et trouva la mort dans une bataille qu’il livra à Soléiman, gouverneur d’Antioche.

HOCSL1ER DE MOISSY (Alexandre-Guillaume), auteur dramatique français. V. Moissy.

MOOSO, ville de l’Afrique méridionale, dans la Cafrerie, à 200 kilom. N.-E. de Litakou, capitale des Baroulous ; 12,000 hab.

MOUSQUET s. m. (mou-skè. — Dans l’ancienne langue, mousquette désignait certaines arbalètes ainsi nommées, selon Caseneuve, . parce que leur trait faisait un bruit semblable ; a celui d’une grosse mouche. Covarruviasdit I que l’espagnol mosquete, le même que le fraa- ! çais mousquet, a été dit quasi moscovete, por • averlo inventado los Moscovitas, parce qu’il a j été inventé à Moscou. Un savant du dernier I

MOUS

siècle, Guyet, croît que cette arme est la même que Vémouchet, sorte d’épervier. On sait combien il est commun de donner des noms d’animaux aux armes, par exemple : fauconneau, coulevrine, etc. M. Littré a repris l’opinion de Guyet. Delâtre tire mousquet de l’italien mosquetto, de mosco, mèche, provenu lui-même du latin myxa ; le mousquet aurait été ainsi appelé parce qu’on le faisait partir au moyen d une mèche allumée. Cependant, il est certain que ce mot était employé avant l’invention des armes à feu ; on le trouve dans Jean Villani, qui vivait bien avant cette époque : Molli ne furo feriti e morti di moschetli e di balestri di Genovesi). Arme à feu en usage avant le fusil, et qu’on faisait partir au moyen d’une mèche allumée : Trois gros mousquets tout garnis de nacre de perle, avec les fourchettes assortissantes. (Mol.) Le plomb d’un mousquet

Les réduit tût ou tard à leur dernier hoquet.

Scamion. Laissez là ces mousquets trop pesants pour vos bras, Et, la faux à la main, parmi vos marécages, Allez couper vos joncs

Boileau.

I ! Arme à feu perfectionnée, dont furent armés, en 1021, au lieu de carabines, les gardes à cheval de Louis XIII, qui prirent do là le nom de mousquetaires.

Mousquet à biscaten. Gros mousquet dont on se servit primitivement.

Mousquet à fourquine, Gros mousquet qu’on ne pouvait manœuvrer qu’en le soutenant avec une fourche ou fourquine.

Mousquet d mèche, Celui dont la charge était enflammée à l’aide d’une mèche adhérente au chien de l’arme.

Mousquet à rouet, Mousquet à pierre qui faisait feu à l’aide d’un rouet d’acier.

Fusil-mousquet, Arme inventée par Vnuban, et qui avait un chien de fusil ou à pierre, et un chien de mousquet ou à mèche.

« — A une portée de mousquet, Aussi loin qu’un mousquet peut porter : Il rentra chez lui si content, si joyeux, que sa femme vit sa joie À une portée de mousquet. (Damas-IIinard.)

Porter le mousquet, Être soldat d’infanterie : Dès l’âge de quinze ans j’ai porté le mousquet. (Boissy.)

— Fain, Crever comme un vieux mousquet, Mourir de quelque excès, de quelque débauche.

— Comm. Nom donné autrefois à des tapis de Turquie et de Perse, qui venaient par Smyrne à Marseille.

— Encycl. Le mousquet fut imaginé vers le milieu du xvie siècle, dans un des pays soumis à l’Espagne. Il ne différait de 1 arquebuse que par la forme de sa crosse, qui était moins recourbée, et par son calibre qui était plus considérable. Son nom, qui vient de l’italien moschelta, petite moui’he, lui fut, diton, donné, en manière de plaisanterie, à cause de la grosseur do ses projectiles. Le mousquet était si lourd qu’on ne pouvait le tirer qu’en l’appuyant sur une fourchette fichée en terre et appelée fourquine ; mais cet inconvénient était largement compensé par la justesse de son tir. Cette arme fut introduite en France, en 1572 ou 1573, par le maréchal Strozzi. À partir de cette époque, elle fut successivement donnée à toutes les troupes à pied, et même, avec certains changements dans ses dimensions, à quelques corps de troupes à cheval, ha mousquet des fantassins était à mèche et celui des cavaliers à rouet. Le premier avait le défaut d’exiger que le soldat eût toujours avec lui une provision de mèches et qu’il conservât constamment du feu, ce qui trahissait, les marches de nuit et les embuscades. De plus, il était presque impossible de s’eu servir par les temps humides. Le mousquet du cavalier était moins imparfait ; cependant, on reprochait au mécanisme qui enflammait l’amorce d’être très-coûteux, de se détraquer facilement et de donner lieu h de nombreux rates. Ce furent ces motifs qui firent abandonner l’usage du mousquet quand on eut inventé la platine a pierre et, par suite, le fusil.

Le maréchal de Vauban inventa un fusilmousquet qui tenait du fusil et du mousquet ; il avait à la fois une platine de mousquet et une batterie de fusil, de sorte que, si le chien manquait, la mèche mettait le feu à l’amorce. Quelques compagnies furent armées de ce fuh-mousquet en 1688, mils l’usage en fut vite abandonné.

MOUSQUETADE s. f. (mou-ske-ta-de — rad. mousquet). Coup de mousquet : Être blessé d’une mousquetade.

— Décharge de plusieurs mousquets tirés à la fois ou continûment : Essuyer une vive mousquetade. Après un grand bruit de mousquetades, j’entendis mes compagnons crier à pleine tête : « Victoire ! victoire ! » (Le Sage.)


MOUSQUETAIRE s. m. (mou-ske-tè-re — rad. mousquet). Soldat d’infanterie armé d’un mousquet : Les mousquetaires espagnols. || Soldat d’un corps de cavaliers formant dans la maison du roi deux compagnies distinguées l’une de l’autre par la couleur de leurs chevaux : Mousquetaires gris. Mousquetaires noirs. En 1696 s’en alla à Dieu Sobieski, ancien mousquetaire de Louis le Grand. (Chateaub.)

— Par plaisant. Mousquetaires à genoux, Ancien sobriquet des apothicaires :

Mousquetaire à genoux, c’est ce que le vulgaire,
En langage commun, appelle apothicaire.
                       Boursault.

Voilà tout bien appareillé,
Le mousquetaire agenouillé
Et le malin corps en posture.
                       Piron.

— Loc. fam. Boire comme un mousquetaire, Boire beaucoup et de bons vins.

— Modes. Au XVIIIe siècle, Partie de la coiffure des femmes, qu’on a appelée aussi FRIPON.

— Théâtre. Nom qu’on donnait autrefois, dans les théâtres espagnols, à la partie la plus pauvre et la plus nombreuse du public.

— Métrol. anc. Pièce de 6 blancs ou de 30 deniers.

— Adjectiv. Fanfaron, déluré, leste : Des façons MOUSQUETAIRES.

— Encycl. Hist. On donna d’abord le nom de mousquetaires aux soldats qui furent armés du mousquet dans les compagnies de piquiers, où ils servaient avec les arquebusiers et remplissaient presque le rôle actuel de l’artillerie. Pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle, il y eut à peu près un mousquetaire pour trois piquiers. En 1600, Henri IV créa, pour le service de sa garde, une compagnie de gentilshommes, armés de carabines, et qui pour cela furent appelés les carabins du roi. Vingt-deux ans plus tard, Louis XIII ayant donné le mousquet à cette compagnie lui fit prendre le nom de mousquetaires ; le nombre de ces gardes était de 100, et un de leurs premiers capitaines fut M. de Montalet. En 1634, le roi lui-même prit ce titre. « Le roi Louis XIII, par ses lettres du 3 octobre 1634, la charge de capitaine des cent mousquetaires étant vacante par la démission volontaire du sieur Montalet, s’en fit lui-même le capitaine ; il fit capitaine-lieutenant M. de Troisville, Dubois sous-lieutenant et Goulard cornette. » (Dupleix.)

Le roman d’Alexandre Dumas, les Trois mousquetaires, a rendu populaire la figure de M. de Troisville ou plutôt de Tréville, comme il se fit appeler plus tard. C’était un type de droiture, d’esprit et de fierté. Il ne put jamais consentir à faire une cour servile au cardinal de Richelieu, comme la plupart des hauts personnages de l’époque. Heureusement pour lui, le roi, qui aimait peu le cardinal, le soutenait, sans quoi les duels presque journaliers qui avaient lieu entre les mousquetaires et les gardes du premier ministre auraient certainement amené la dissolution de sa compagnie, dissolution souvent demandée au roi par Richelieu. Louis XIII tint bon ; il n’était pas mécontent de ces rixes qui humiliaient Richelieu, dont les gardes, paraît-il, n’étaient pas souvent les plus forts. « C’était pour le roi un véritable plaisir d’apprendre que ses mousquetaires avaient maltraité les gardes du cardinal ; et réciproquement celui-ci s’applaudissait comme d’une victoire lorsque les mousquetaires avaient le dessous. » (Boullier, Histoire de la maison militaire des rois de France.)

Mazarin hérita de la compagnie des gardes de Richelieu et de sa haine contre les mousquetaires. Louis XIII étant mort, Mazarin, maître du pouvoir sous la régence d’Anne d’Autriche, supprima les mousquetaires (164-) ; mais il les fit réorganiser en 1657 sur d’autres bases, avec son neveu, Philippe, duc de Nevers, pour son capitaine-lieutenant ; comme Louis XIII, Louis XIV prit le titre de capitaine des mousquetaires. Mazarin, en 1660, ayant donné au roi sa compagnie de gardes, qui portaient aussi le nom de mousquetaires, il y en eut dès lors deux compagnies. Cette seconde compagnie, équipée sur le même pied que la première, n’entra en service qu’en 1663, lors de l’expédition de Lorraine ; le roi en était également capitaine. Elles étaient fortes chacune de 300 hommes dans cette expédition et n’en comptèrent plus que 250 à la paix ; en campagne, les enrôlements volontaires de gentilshommes en portaient l’effectif à un nombre illimité.

Le nom de mousquetaires gris et mousquetaires noirs qu’on leur donnait quelquefois provenait, non de la couleur de leurs costumes qui peu à peu arrivèrent à être presque identiques, mais de la robe de leurs chevaux. Les chevaux de la 1re compagnie étaient gris ou blancs ; ceux de la 2e étaient noirs ; les premiers logeaient rue du Bac et les second au faubourg Saint-Antoine, dans deux belles casernes que Louis XIV leur fit construire. Le cadre des officiers se composait, pour chaque compagnie : de 1 capitaine-lieutenant, 2 sous-lieutenants, 2 enseignes, 2 cornettes, 6 porte-étendards, 1 porte-drapeau, 2 aides-majors, 8 maréchaux des logis, 4 brigadiers et 16 sous-brigadiers. Après avoir été armés exclusivement du mousquet, ils reçurent le fusil ; les officiers n’avaient que l’épée et les pistolets ; il en était de même, à cheval, des maréchaux des logis et des brigadiers ; à pied, ceux-ci étaient armés de la hallebarde, comme les sergents des autres corps.

Les mousquetaires faisaient leur service, exécutaient leurs manœuvres à pied et à cheval ; à pied avec le drapeau, les tambours et les fifres, à cheval avec les étendards et les trompettes. Les drapeaux et étendards étaient de satin blanc ; ceux de la 1re com-