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vàon autant que le mouton d’or, ce qui donnait aux moutons une valeur de 10 fr. 39 de notre monnaie courante. Ces espèces jouirent en France et en Europe d’une très-grande faveur pendant près de deux siècles ; les princes des États voisins du nôtre en firent fabriquer à notre imitation, et leur donnèrent le nom de mouton d’or. On trouve à tout moment dans les titres et les contrats de ces temps éloignés, rédigés, comme on sait, en bas latin, la mention de marchés, ventes, redevances, efc., payables en muioni aurei. Charles VI, obligé d’affaiblir ses monnaies pour subvenir aux frais de la guerre qu’il eut à soutenir contre les Anglais, abaissa le titre et le poids des moutons d’or : en 1419, ils n’étaient plus qu’à 958 millièmes, du poids de 48 grains (2 grammes 519 milligrammes), et ne valaient que 16 sous 8 deniers. Charles VII acheva de les discréditer en les faisant fabriquer à 792 millièmes de lin, du poids de 48 grains (2 grammes 549 milligrammes), d’une valeur de 15 sous seulement. La valeur intrinsèque de ces deniers moutons d’or est aujourd’hui de 6 fr. 94, au lieu de 10 fr. 39 que valaient les même3 espèces du temps de saint Louis.

Monnayage au mouton. Système adopté pour le frappage des monnaies de cuivre de la République française (tète de Liberté). On peut voir un modèle de cet instrument au musée monétaire de la Monnaie de Paris, dans la salle des machines. Il consistait en une nie ou mouton, semblable à ceux dont on se sert pour enfoncer des pilotis. Ce mouton portait à sa base un carré d’empreinte ; l’autre empreinte était fixée à un bloc placé immédiatement au-dessous. La pièce était placée par l’ouvrier poseur sur le bloc inférieur ; le mouton, élevé à l’aide de cordes et d’une poulie, retombait sur la pièce et la force du coup imprimait les deux empreintes. Il y avait un ou deux tireurs, chargés de manœuvrer le mouton, suivant l’épaisseur des pièces à frapper ; le chef ouvrier dirigeait l’opération à aide d’un étrier fixé aux cordons de tirage. Ce système ne tarda pas à être abandonné et l’on ne fit plus usage que du balancier perfectionné par M. Gingembre, jusqu’au jour où l’ingénieur de Thonnelier inventa la presse monétaire mue par la vapeur.

— Mécan. V. sonnette.

AUub. littér. Les moulons de Panurge.

Y. Gargantua.

Mouton enragé (le), article resté fameux par la hardiesse de ses allusions et le bruit qu’il fit en son temps ; inséré dans l’Album du 20 juin 1829 ; il était dû à L.-M. Fontan (v. ce nom). L Album, supprimé par une simple ordonnance de M. de Corbière en février 1823, avait reparu en 1828 ; mais ses rédacteurs ne pouvaient oublier que l’un d’eux, Magalon, avait, à la suite de cette suppression, été condamné à treize mois de prison et 2,000 francs d’amende ; ils ne pouvaient oublier surtout que Magalon, jeté à la prison de Poissy en compagnie de malfaiteurs, accouplé à un misérable atteint de la gale, assujetti à des travaux grossiers, n’avait dû de finir sa peine dans des conditions plus humaines qu’à l’intervention de Chateaubriand, dont la sollicitude s’était éveillée devant la réprobation générale. Fontan, jeune et plein d’ardeur, avait retracé énergiquement les détails de ce triste épisode. Sa haine contre le gouvernement qui sanctionnait de tels actes n’avait pas besoin d’être stimulée ; il lui suffisait de s’inspirer de ses convictions politiques pour être tenté de déchirer sans pitié ni merci les oripeaux dont se revêtaient alors tant de consciences vénales. Il n’en est pas moins évident que le célèbre article du Mouton enrayé, où le roi, sous le nom transparent de Robin-Mouton, était personnellement pris à partie avec une violence extrême, ne serait pas sorti de sa plume, s’il n’avait été provoqué à l’écrire par le spectacle des basses vengeances, des odieuses représailles et des blâmables injustices qui se commettaient en haut lieu sans que le roi y mît obstacle. Le roi, où était-il ? à la chasse ; que faisait-il ? il appelait les congréganistes ses amis ; la politique de M. de Villèle, que l’adresse de 1S28 avait qualifiée de système déplorable, il l’appelai tmon système ; il prenait pour mot d’ordre avec Polignac : Plus de concessions /Voilà où en était Charles X, qu’on cherche encore a défendre, oubliant trop aisément qu’aux lueurs fugitives de sagesse et de bon sens qui signalèrent l’arrivée au trône du dernier Bourbon succédèrent les ténèbres, les violences et l’intolérable domination des prêtres ; voilà où il en était lorsque parut le Mouton enragé. Ce Mouton enragé, nous le reproduisons à titre de curiosité politique et parce qu’il caractérise assez bien la hardiesse d’une certaine partie de l’opinion publique à la veille de la révolution de J uillet. Nous ne le discutons pas ; nous nous bornons à le faire suivre d’éclaircissements.

« Figurez-vous un joli mouton blanc, frisé, lavé chaque matin, les yeux à fleur de tête, les oreilles longues, la jambe en forme do fuseau, la ganache (autrement dit la lèvre inférieure) lourde et pendante ; enfin, un vrai mouton du Berry I II marche à la tête du troupeau, il en est presque le monarque. Un pré immense sert de pâturage à lui et aux siens. Sur le nombre d’arpents que ce pré contient, une certaine quantité lui est dévolue de plein droit. C’est là que pousse l’herbe la plus ten MOUT

dre : aussi devient-il gros ; c’est un plaisir ! ce que c’est pourtant que d’avoir un apanage ! Notre mouton a nom Robin. Dès que les petits enfants l’aperçoivent, ils crient en courant après lui : Ah 1 voilà Robin-Mouton I, . qu’il est gentil, Robin-Mouton 1 Robin n’est pas fier ; il se laisse facilement approcher. 11 répond aux compliments qu’on lui fait par des salutations gracieuses ; il montre ses dents en signe de joie. Quelquefois même il porte la complaisance jusqu’à bêler. Oh 1 c’est alors que les applaudissements éclatent ! On l’entoure, on le félicite, on lui adresse mille questions. « Veux-tu que je te noue ce ruban autour du cou, mon cher Robin ? je ne serrerai pas trop fort. Que ta laine est belle, Robin ! Est-ce qu’on va te tondre bientôt ? » Tondre Robin, bon Dieul l’on n’aurait garde ! Il détendrait sa toison unguibus et roatro ; car, malgré son air de douceur, il est méchant quand il s’y met. Il donne dans l’occasion un coup de dent tout comme un autre. On m’a raconté qu’une brebis de ses parentes le mord chaque fois qu’elle le rencontre, parce qu’elle trouve qu’il ne gouverne pas assez despotiquement son troupeau ; et, je vous le confie sous le sceau du secret, le pauvre Robin-Mouton est enragé.

Ce n’est pas que sa rage soit apparente ; au contraire, il cherche autant que possible à la dissimuler. Eprouve-t-il un accès, a-t-il besoin de satisfaire une mauvaise pensée, il a bien soin de regarder auparavant si personne ne l’observe ; car Robin-Mouton sait quel sort on destine aux animaux qui sont atteints de cette maladie. Il a peur dès boulettes, Robin-Mouton 1

Et puis, il sent sa faiblesse 1 Si encore il était né bélier I Oh ! qu’il userait largement de ses deux cornes ! comme il nous ferait valoir ses prérogatives sur la gent moutonnière qui le suitl Peut-être même serait-il capable de déclarer la guerre au troupeau voisin. Mais, hélas I il est d’une famille qui n’aime pas beaucoup à se battre, et, quelles que soient les velléités de conquête qui ie chatouillent, il se ressouvient avec amertume que c’est du sang de mouton qui coule dans ses veines.

Cette idée fatale le désespère... Consoletoi, Robin ; tu n’as pas à te plaindre. Ne dépend-il pas de toi de mener une vie paresseuse et commode ? Qu’as-tu à faire du matin au soir ? Rien ; tu bois, tu manges et tu dors, tes moutons exécutent tes ordres, consentent à tes moindres caprices ; ils sautent à ta volonté I Que demandes-tu donc ? Crois-moi, ne cherche pas à sortir de ta quiétude animale. Repousse ces vastes idées de gloire qui sont trop grandes pour ton étroit cerveau. Végète, ainsi qu’ont végété tes pères. Le ciel t’a créé mouton, meurs mouton. Je te le déclare avec franchise : tu ne laisserais pas que d’être un charmant quadrupède... si, in petto, tu n’étais pas enragé. <

Tel est ce singulier morceau qui entraîna tout d’abord la saisie àel’Album. Nous avons cherché à nous reporter aux choses de l’époque, et à voir tout ce que l’actualité pouvait fournir de piquant à la malignité publique dans l’article qui nous occupe, lit d’abord pourquoi ce nom de Robin-Mouton donné au roi ?iio6m des Bois obtenait àl’Odéon une vogue extraordinaire. Le célèbre chœur : Chasseur diligent, jouissait surtout d’une grande popularité. Charles X, à son avènement au trône, ayant visité les théâtres, 1 Odéon, pour le spectacle royal, ne crut pouvoir mieux faire que de choisir l’opéra en faveur. Or, Charles X aimait la chasse, particulièrement < la grande chasse. « Ce > plaisir de prince, ■ poussé fort loin chez lui, avait été maintes fois critiqué ; aussi s’avisa-t-on de chercher dans Bobin des Bois une application railleuse. Le chasseur diligent qui devance l’aurore n’était autre que Charles X. Le roi ne soupçonnait guère ce rapprochement, et le théâtre, lui, le voyait de tout autre façon que le public. Par une malencontreuse coïncidence, à la suite du morceau qui avait dirigé les regards du public sur le roi, ce toast arrivait immédiatement : Au grand chasseur Bobin des Bois ! Un mouvementcontenu, qui ressemblait beaucoup à de l’hilarité, se fit remarquer dans la salle. Le compliment tournait en quelque chose de contraire et ressemblait au pavé de la fable. Les journaux ne laissèrent pas tomber dans l’eau cette bonne aubaine et Robin et Charles devinrent synonymes ; il est vrai que d’abord on ne mit dans ce rapprochement qu’une intention malicieuse plutôt que malveillante. Voilà pour le nom de Robin. Quant au substantif qui l’accompagne, il trouve son explication dons le visage même du roi, et les caricatures du temps ont largement usé d’une ressemblance plus ou moins lointaine. Quelles sont, à présent, ces « vastes idées de gloire i dont parlait Fontan avec une ironie implacable ? L’expédition de Grèce et le blocus maritime d’Alger, Enfin, par « une brebis de ses parentes * se trouvait désignée la duchesse d’Angoulême. Le scandale provoqué par le Mouton enragé fut grand. Fontan se vit blâmé par quelques-uns de ses amis politiques, qui pensèrent avec raison que la cause de la liberté allait se trouver compromise par cette attaque. L’article fournissait, en effet, le plus spécieux prétexte aux ennemis de la presse ; ils en usèrent’, ou plutôt ils en abusèrent si bien qu’il en résulta une révolution. Loin de chercher à conjurer le danger qui le menaçait, Fontan prit la plume et écrivit dans l'Album (livraison du 5 juillet 1829) : « Nous |

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n’avons besoin ni de grâce ni de pitié. Noua nous rendons complice de nos écrits, quels qu’ils soient ; car nos écrits sont l’expression d’une conviction profonde. L’ironie, chez nous, a un sens direct, positif ; l’indignation une allure franche, déterminée ; et nous ne pensons pas qu’on nous reproche, quand nous avons attaqué quelqu’un, d’avoir jamais reculé devant son nom. » Il terminait ainsi : « Dans les deux camps s’agitent des hypocrites de différentes espèces, hypocrites de religion, hypocrites de monarchie, hypocrites d égalité. Nous avons arraché le masque qui leur couvrait le visage, sans regarder quelle devise était inscrite sur leur drapeau, sans nous laisser éblouir par les couleurs dont ils se paraient. De là, haine violente des deux côtés contre notre impartiale audace. De là, persécution ouverte de ceux qui marchent dans les rangs opposés aux nôtres, et calomnies infâmes de ceux qui semblent combattre pour la même cause que nous. »

Tout en défiant les poursuites du ministère, Fontan crut devoir les prévenir. Il quitta la France ; traqué et repoussé par divers gouvernements étrangers, sans asile et sans ressource, il fut forcé de revenir à Paris, où il fut écroué à Sainte-Pélagie. Condamné à cinq ans de prison et 10,000 francs d’amende, jeté à Poissy avec des voleurs, les journées de Juillet le rendirent à la liberté.

MOUTON.ONNE adj, (mou-ton, o-ne — rad. mouton). Qui appartient, qui convient, qui est propre aux moutons : Un caractère mouton. Une patience moutonne. La douceur moutonne. La gent moutonne.

— Fam. Doux, facile à mener : Dites que j’ai l’âme tendre et moutonnu. (Piron. Il Porté à l’imitation : La race humaine est essentiellement moutonne.

— s. f. Ancienne coiffure de femme, consistant en une tresse de cheveux frisés qui se plaçait sur le front.

MOUTON (Jean), compositeur français qui vivait au xvie siècle. Il eut pour maître le célèbre Josquin Desprez et devint rapidement un des artistes les plus remarquables de son temps. Déjà en grande réputation sous ’ Louis XII, il reçut de François lor, qui le tenait en haute estime, le titre de maître de la grande chapelle. Ce compositeur possédait à fond la science musicale et ses œuvres contiennent des mélodies faciles et naturelles. On a de lui : des Messes, jadis très-estimées et dont cinq ont été publiées en 1850 par Octave Petrucci ; des Motets, publiés par le même et parmi lesquels on cite ceux qu’il composa à l’occasion de la naissance d’une fille de Louis XII (1509) et à l’occasion de la mort d’Anne do Bretagne (1514) ; enfin, des Madrigaux, également fort prisés.

MOUTON (Gabriel), mathématicien et astronome français, né à Lyon en 1618, mort le 28 septembre 1694. Il fut d’abord enfant de chœur, puis vicaire de SainUPaul, prébendier de la chapelle des Trois-Maries et docteur en théologie. Mouton a calculé les sinus et les tangentes logarithmiques à 10 décimales, pour toutes les secondes des quatre premiers degrés ; ils se trouvent dans les tables de Gardiner et ont été reproduits dans celles de Callet. Il est principalement connu par ses Observationes diametrorum solis et lume apparentium(Lyon, 1670). Il recevait sur un carton l’image de l’astre au moment de son passage au méridien et estimait le temps employé au passage par le nombre des oscillations d’un pendule préalablement réglé. Le temps écoulé, converti en degrés, en tenant compte de la déclinaison de l’astre et de son mouvement propre, fournissait le diamètre. Il avait aussi imaginé, pour le soleil, une autre méthode assez ingénieuse. Il mesurait sur le carton, à quelques jours d’intervalle, d’abord le diamètre de l’image, et ensuite la distance parcourue dans le sens vertical par le bord supérieur, par exemple : le diamètre et la distance observés devaient être proportionnels au diamètre apparent et à la variation du soleil en déclinaison dans l’intervalle des deux observations. Cette variation étant donc fournie par les tables, une proportion très-simple lui faisait connaître le diamètre apparent. Il trouva, pour le diamètre du soleil, 3l’30",67 à l’apogée et 32’29,67 au périgée. Les vraies valeurs sont 3i’3i" et 32’35",6.

Le principal titre de Mouton à une place honorable dans l’histoire des sciences est son invention de la méthode des différences pour le calcul des tables de toutes sortes. Cette méthode, purement instinctive chez Mouton, a, comme on sait, attiré l’attention de Newton qui en a fait la théorie. C’est notre méthode d’interpolation.

MOUTON (Jean-Baptiste-Sylvain), écrivain ecclésiastique français, né a la Charité-sur-Loire (Nièvre) vers 1740, mort à Utrecht en 1803. Il adopta avec ardeur les doctrines jansénistes et se fixa en Hollande, auprès de l’abbé Duparc de Bellugarde, qu’il seconda dans sa vaste correspondance et dans la composition de ses ouvrages. Les Nouvelles ecclésiastiques ayant cessé de paraître à Paris en 1793, Mouton entreprit de les continuer à Utrecht, à partir de janvier 1794, et poursuivit cette publication jusqu’à l’époque de sa mort.

MOUTON (Georges), comte de Lobau, maréchal et pair de France. V. Lobau.

MOUTON-BLANC (dynastie du), princes

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turcomans qui renversèrent la dynastie du Mouton-Noir (1468), en Perse, et furent chassés à leur tour par les Sophis en 1499.

MOUTON-NOIR (dynastie du), dynastie turcomane, ainsi nommée parce qu’elle portait un mouton noir peint sur ses étendards. Les princes de cette dynastie régnaient, dans le xive siècle, sur l’Arménie et le Diarbékir. Ils envahirent la Perse en 1407 et furent renversés du trône, en 1468, par les princes de la dynastie du Mouton-Blanc.

MOUTON - DCVERNET (le baron Régis-Barthélemi), général et député’ français, né au Puy (Haute-Loire) en 1779, fusillé à Lyon en 1816. Il servit, avant la Révolution, dans le régiment de la Guadeloupe, se distingua au siège de Toulon, à Arcole et dans presque toutes les campagnes de l’Empire, devint général de brigade en lSllj général de division en 1813, fit partie, en 1815, de la Chambre des représentants, où il se prononça avec vigueur contre les Bourbons, et reçut du gouvernement provisoire le commandement de Lyon. Au retour de Louis XVIII, Mouton-Duvernet fut compris dans l’ordonnance du 24 juillet qui livrait aux tribunaux militaires dix-huit généraux, sous l’inculpation d’avoir trahi le roi. Pendant près d’une année, il parvint à se cacher ; mais, las de ce genre de vie, il alla lui-même se constituerprisonnieretpassa, le 15 juillet 1816, devant un conseil de guerre qui le condamna à mort. Vainement sa femme implora successivement sa grâco du comte d’Artois, du duc de Berry et de Louis XVIII ; elle se vit partout repoussée et le roi, aux pieds duquel elle se jeta, lui répondit sèchement : « Je ne peux vous accorder votre demande. » Mouton - Duvernet fut fusillé le 27 juillet sur le chemin des Etroits, à Lyon. Le lendemain de l’exécution, raconte Vaulabelle, des dames royalistes de la ville se rendirent au lieu du supplice et ne rougirent point de faire éclater leur joie en se livrant à des danses impies sur l’endroit même où le général venait d’être mortellement frappé. Enfin, raconte Bouchet, un banquet ayant eu lieu à Lyon quelques jours après, « des toasts célébrèrent la mort du général et les convives exigèrent qu’on leur servît un foie de mouton, qui fut aussitôt percé de cent coups de couteau. > Sa famille lui a élevé un monument à Lyon, dans le cimetière de Loyasse.

MOUTON-FONTENILLE DE LA CLOTTE

(Marie-Jacques-Philippe), naturaliste français, né à Montpellier (Hérault) en 17G9, mort à Lyon en 1837. Il professa l’histoire naturelle au’lycée et à l’Académie de Lyon et devint par la suite conservateur du cabinet d’histoire naturelle de cette ville. On lui doit un assez grand nombre de travaux, parmi •lesquels nous citerons : Tableaux : des systèmes de botanique généraux et particuliers (Lyon, 1798) ; Observations et expériences sur l’art d’empailler et de conserver les oiseaux (1801, in-8u) ; Dictionnaire des termes techniques de botanique (Lyon, 1803) ; Système des plantes contenant les classes, ordres, genres et espèces, extrait et traduit des ouvrages de Linné (Lyon, 1805, 5 vol. in-8°) ; Traité élémentaire d’ornithologie (Lyon, 1811, 3 vol. in-s°) ; Tableau de concordance des genres d’un pinax des plantes européennes (Lyou, 1815) ; diverses brochures politiques, notamment : la France au délire pendant les deux usurpations de Bonaparte (1815, in-8u), et un grand nombre de Mémoires, insérés dans divers recueils.

MOUTONNADE s. f. (mou-to-na-de — rad. mouton). Fam. Ton de la pastorale, style fade et ennuyeux.

MOUTONNAGE s. m. (mou-to-na-je — râd. mouton). Féod. Droit que devaient au seigneur ceux qui vendaient ou achetaient des bêtes à laine sur son fief.

MOUTONNAILLE s. f. (mou-to-na-lle ; Il mil. — rad. mouton). Troupeau de moutons, au pr. et au fig. :

Le monde n’est que franche moulonnailk. La Fontaine.

Je pourrais, dans l’étable avec art me glissant, M’emparer de la moutonnante.

Fit. de Nedfcbateau.

MOUTONNANT, ANTE arlj. (mou-to-nan, an-te — rad. moutonner). Qui moutonne : Le sommet moutonnant des vagues devient la tête blanche des Grées, gui font peur aux matelots. (Renan.)

MOUTONNE s. f. (mou-to-ne — fém. de mouton). Econ. rur. Brebis châtrOe, qu’on engraisse pour laioucherie.

— Modes. Coiffure de femme, formée d’une tresse de cheveux touffue et frisée qui s’appliquait sur le front.

MOUTONNÉ, ÉE (mou-to-né) part, passé du v. Moutonner. Frisé ou onde comme la laine des moutons : Coiffure moutonnée. Perruque moutonnée.

Nuages moutonnés, Nuages blancs et floconneux, formés en petites masses pressées comme les vagues d’une mer qui moutonne.

— Prov. Temps moutonné et femme fardée ne sont pas de longue durée, La femme fardée perd rapidement sa beauté, comme les nuages moutonnés annoncent un prompt changement de temps.

— Argot. Surveillé, espionné par un des émissaires de la police appelés moutons.

■— Manège. Se dit de la tête d’un cheval