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cependant négliger les affaires, car on parlé de lui confier le premier opéra pour Noël prochain. De Milan, on se dirige sur Bologne, puis sur Parme ; où ils rencontrentla fameuse Bastardella (Lucrezia Agnjari), prodige vocal, qui chante à Wolfgang un fragment d’air écrit dans des conditions si exceptionnelles qu’il note ce fragment et l’envoie à Nannerl, Au mois d’avril, voyage à Florence. Ligneville, le plus-fort contre-pointiste de l’Italie, donne, au château du grand-duc de Toscane, les thèmes les plus difficiles à Wolfgang qui, dit Léopold^ les joue et les développe aussi facilement qu’on mange un morceau depajn. Le il avril, les deux Mozart arrivent a Rome, et, le jour.même, se rendent a la chapelle Sixtine pour.y entendre le Miserere d’Allegri. Il était, sous peine d’excommunication, défendu aux musiciens de la chapelle d’emporter une partie, de ’la’ copier, ni de la communiquer à’qui que ce fût. Deux auditions suffirent à Mozart pour retenir et copier ce chef-d’œuvre, prohibé aux profanes. Pour se rendre un-compte exact de la.difficulté surmontée par le contre-pointiste de quatorze ans, il faut savoir que le Miserere d’Allegri est écrit à deux chœurs, l’un à quatre, l’autre à cinq voix. C’est donc la combinaison de quatre et de.cinq parties distinctes que Mozart avait à saisir et à graver dans sa mémoire ; pt cette faculté d’écrire et de noter une partition dans sa tête, chant et instru- ! mentatioh, harmonies complexes et dessins fugues, ne peut appartenir qu’au génie.

Au mois de.niai, nos voyageurs partirent pour Naples, puis revinrent à Rome, et Wolfgang reçut du pape la croix de l’Èjteron d or. Au mois de juillet, à Bologne, il lui fut remis le libretto Mitridate, re di Ponte, sur lequel il se mit aussitôt a écrire, et, le 16 décembre suivant, le premier ouvrage dra ? matique.du maestro est représenté à Milan « avec un plein et universel succès. > Après une courte excursion à Venise, où il passa deux, mois en fêtes et en plaisirs, saisi, au milieu de ce tourbillon de joie, par le mal du pays, Mozart se hâta de regagner Salzbourg et de goûter quelques mois de repos. Dans le courant d’août, il revint avec son père.à Milan pour cpmposer la célèbre sérénade Asea»ieo iti ÂJbà que, lui avait commandée l’impératrice Marie-Thérèse, à l’occasion du mariage de. l’archiduc, Ferdinand ; et dont le succès (24 octobre 1771) fut très-vif. De. retour à Salzhourgà la fin de décembre 1771, Mozart écrivit, à l’occasion de l’élection du nouvel archevêque, une grande sérénade dramatique, le Songe de Scîpion, po^mo de Métastase, et, au mois d’octobre 1772, il réparût à Mijan, où il fit représenter son Lucio Silla, qui obtint le même triomphe que son Mitridate. Au printemps de 17’3, ’ il se rendit ’à Vienne et fit, l’année suivante, une excursion à Munich, où il écrivit la Finta Giardiniera, représentée le 13 janvier 1775, deux grandes messes ; un offertoire et des vêpres pour la chapelle de l’électeur. Au mois de mars suivant, — de retour dans sa ville natale, il compose, en l’honneur de l’archiduc Maximilien, la sérénade II rePàstofè, - et pendant dix-huit mois environ « s’occupe, dit Scudo, à fortifier son génie par des études diverses et profondes et à condenser les’mélodies vagues et charmantes qui chantaient dans son cœur. • i

À cette époque, Mozart avait atteint sa -dixneuvième année. La gloire lui est acquise, mais les faciles succès de l’adolescence, les caresses des triomphes enfantins ont fait place aux luttes et aux soucis qui attendent l’artiste-à sa précoce maturité, .Il est inutile de noter ici les tribulations, les insolences gu’il eut, à subir du prince-évêque dé Salzbourg, personnage grossier, ignarej qui semblait prendre à tâche d’humilier la. grande et lière arae de l’artiste en s’efforçarit de l’abaisser à une infime domesticité. Comme chef d’orchestre de ce rustre mitre, Mozart recevait pour appoihtemehis annuels la somméde 26 fr. 751 Blessé dans sa dignité et conscient de sa valeur, le maestro donna sa démission. L’année suivante, lassé de son inaction, il chercha à se placer à Munich* chez le comte de Salerne, puis alla dans la même intention à Augsbourg, à Manheim, sans trouver de position acceptable, enfin à Paris (mars 1778), où Grimm, son ancien protecteur, l’appuya encore de tout son crédit auprès des notabilités artistiques. Dès le 5 avril, Mozart eut à travailler ; il lui fallut, de ce jour h. l’a’ semaine sainte, composer pour le concert spirituel un Miserere à grand orchestre à trois chœurs, et, en même temps, il écrivait un opéra et une symphonie. La mort de sa mère le rappela dans sa famille. En outre, l’arche^ que de Salzbourg, "revenu à-résipiscence, le nommait organistç de la chapelle et de la cathédrale avec 500 florins d’appointements. À Salzbourg, Mozart passa près de deux années, remplissant fidèlement ses fonctions d’organiste, tranquille, vivant à pleins poumons, composant toujours, et la moment approchait où une nouvelle transformation allait s’opérer dans son talent déjà si complet.

L’électeur, de Bavière sollicita le maestro d’écrire un opérà-seria qui devait être exécuté pour l’anniyeçsaire de la naisssance du prince. Munich possédait un beau théâtre, un excellent orchestre, des chœurs "bien disciplinés, d’habiles chanteurs italiens. Mozart accepta avec joie et se rendit à Munich en novembre 1780.

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Le 29 janvier 1781 eut lieu la première représentation de l’idomeneo, qui fut applaudi avec fureur. Léopold Mozart assistait à l’audition de l’œuvre de son fils. Dans cette œuvre apparaît bien et nettement dégagée la personnalité du Cygne do Salibourg. C’était une création ; laforme, l’idée, tout y était nouveau, et pourtant accessible à tous. S’étant brouillé, sur ces entrefaites, avec son archevêque, Mozart se rendit à Vienne et joua dans un concert donné au théâtre de la Portede-Carinthie ; tous ses morceaux furent bissés. Son nom circulait dans toutes les bouches. L’empereur Joseph II ayant manifesté le désir de faire composer un opéra-bouffe allemand, ’ la voix publique désigna Mozart comme le seul auteur capable-de réussir. Cest alors que fut écrite ta partition de l’JJnlèvement du sérail, cette œuvre éternellement jeune et fraîche qui produisit, en Allemagne, et dernièrement à Paris, une si profonde sensation. Aprè3 la première représentation de cet opéra, Joseph II dit au compositeur : « Charmant, mon cher Mozart, mais un peu trop de notes. — Juste autant qu’il en faut, sire, • répondit fermement l’artiste.

Un mois après cette victoire ; Mozart se mariait ; il épousait Mlle Constance Weber, lillè d’un musicien de Manheim. En 1779, lors de son passage dans cette dernière ville, l’artiste avait eu l’occasion de voir et d’entendre au. théâtre Mlle Louise Weber, jeune et. jolie cantatrice de grand talent. Mozart, épris des charmes et. du talent de la virtuose, fit une demande en mariage qui fut presque agréée par Louise et sa famille. Mais, lorsqu’un an après la cantatrice vit arver chez elle « un jeune homme maigre, au long nez, aux gros yeux, à la tête exiguë, vêtu d’un habit rouge à boutons noirs, qu’il portait en deuil de sa mère, »M’le Weber prit un air si hautain, que l’aspirant se retira sans mot dira. Louise avait une sœur. Constance, plus jeune qu’elle et surtout moins fière. Mozart fut touché de ses grâces modestes, il aima la jeune fille et s’en fit aimer. Léopold Mozart refusa longtemps son consentement au ma. riage ; M. Weber ne donna jamais le sien, et Wolgang enleva sa bien-aiinée, qu’il épousa chez la baronne de Waldstetten.

Depuis l’Enlèvement du sérail (ilii) jusqu’en 1785, Mozart ne produisit rien pour le théâtre. Les leçons, les concerts, les soirées absorbèrent tout son temps. Un sieur Martin obtint de l’empereur un décret qui l’autorisait a donner douze concerts au jardin public de l’Angarten et quatre grandes sérénades sur les plus belles places de la ville ; Mozart s’associa à cette entreprise, espérant en retirer quelques profits. À cette époque (décembre 1782), Mozart était tellement surchargé de besogne qu’il ne savait où donner de la tête. Toute la matinée, jusqu’à’deux’ heures, était prise par les leçons. Restait seulement lé soir pour écrire. C’est’à partir de cette époque qu’il composa ses plus belles sonates et ses plus beaux concertos pour le piano. En 1784, presque toutes ses soirées furent accaparées. Dans une lettre adressée.k son père, il donne la liste des concerts pour lesquels il est engagé, du 26 février au 3 avril, et ces concerts montent à vingt-deux ; quant aux séances musicales par souscription, qu’il avait organisées avec Martin, elles réussirent au delà de toute espérance et les bénéfices furent considérables. Mais il rompit promptement cette association commerciale et revint à ses partitions. En 1786, il donna l’Imprésario elles Nozze di Figaro ; en 1787, Don Giovanni ; en 1788, Cosi fan tutie. Ce n’est qu’en 1791 qu’il écrivit H Fiauto magico} la Clemenza di Tito et le Requiem. L’oratorio Dauidde pénitente date de 1785, ainsi que les six admirables quatuors dédiés à J. Haydn.

Le 12 février 1785, Haydn assistait, en présence de Léopold Mozart, à l’audition des trois derniers quatuors et disait à l’heureux père : « Je vous déclare devant Dieu, et comme un honnête homme que je suis, que je tiens votre fils pour le plus grand des compositeurs dont j’aie entendu parler. Il écrit avec goût et possède les connaissances les plus approfondies de la composition. •

Au mois de novembre de la même année, Mozart était entièrement absorbé par les répétitions de ses Nozxe di Figaro. L’opéra, représenté en 1786, fut accueilli par des ovations jusqu’alors inconnues en Allemagne ; l’empereur conféra au maestro le titre de compositeur de la cour, avec un traitement de 8uo florins. « C’est trop pour ce qu’on me demande et trop peu pour ce que je pourrais faire, » dit Mozart au trésorier qui lui remettait.son argent. Et cependant, malgré cette aumône mal déguisée, qui blessait l’artiste au cœur, les offres les plus séduisantes ne purent l’arracher à la cour d’Autriche. En 1787, le grand Frédéric lui proposa vainement la direction de sa musique, avec 3,000 thalers d’appointements. ■ • ’

Da Ponte, le librettiste des Noxze di Figaro, apporta au compositeur’ le canevas du Don Giovanni. Mozart accepta le poëme avec enthousiasme. Écrit spécialement pour la ville de Prague, dont les habitants avaient fait aux. Nozzedi Figaro un chaleureux accueil, l’ouvrage fut proclamé le plus grand, le plus complet de tous les opéras représentés jusqu’à ce jour (1787). Mise en scène à Vienne, la partition reçut un accueil plus réservé. « Mal monté, mal répété, mal "joué", mai chanté et plus mal compris, > dit M. Ouli MOZA

bicheff, le Don Giovanni fut éclipsé par le médiocre Axur de Salieri. » Da Ponte rapporte aussi dans ses Mémoires que l’opéra ne fit aucun plaisir et que tout le monde, Mozart excepté, fut d’avis que l’ouvrage avait besoin d’être retouché. La postérité a nettement décidé qui avait raison des auditeurs viennois ou de l’auteur.

Léopqld Mozart mourut en 1787, et cette perte plongea Mozart dans un immense chagrin ; sa santé s’altéra, une maladie de poitrine compliquée d’une affection nerveuse vint tourmenter ce corps déjà affaibli par le travail. De longs accablements venaient frapper le compositeur et le laissaient parfois sans mouvement. Vainqueur de ces défaillances passagères, il se hâtait de prendre la pluma et de confier au papier les inspirations qui assiégeaient sa cervelle en feu, comme s’il eût senti que la main divine avait mesuré le temps à son œuvre. L’aventure étrange du Requiem vint encore aggraver le mal. Nous. empruntons à M. Halévy, qui a lui-même interrogé les souvenirs de la veuve de Mozart, devenue ’M™e de Nissen, les principales circonstances, de ce mystérieux événement. Mozart travaillait à sa partition à’Jl Fiauto magico. On lui apporta une lettre anonyme par laquelle une personne inconnue et qui voulait garder le strict incognito le priait de composer une messe de Requiem et de fixer le prix de son travail. Mozart, après quelques instants de trouble et d’hésitation, répondit qu’il acceptait l’offre, fixa sa rémunération, sans pouvoir toutefois déterminer l’époque à laquelle l’œuvre serait terminée. Son esprit fut, dès ce moment, frappé de l’idée que ce message annonçait sa fin prochaine, et que c’était pour ses propres’ funérailles qu’on lui demandait une messe des Morts. Quelque temps après, le messager apporta la somme demandée par Mozart et la promesse d’une somme bien plus considérable pour le jour où la partition lui serait remise. Toutes les questions de Mozart et de sa femme furent inutiles et le messager affirma qu’on ne connaîtrait jamais le nom de celui dont il exécutait les ordres. Sur ces entrefaites, Mozart partit pour Prague. où il avait été invité à écrire un opéra, la Clemenza di Tito, destiné à rehausser 1 éclat des fêtes célébrées à l’occasion du couronnement de l’empereur Léopold. Mozart était déjà monté en voiture et sa femme se disposait à le suivre, quand le messager reparut et, s’adressant cette fois à Mme Mozart, qu’il saisit par ses vêtements, lui demanda quand serait terminé le Requiem, Mozart répondit qu’à son retour de Prague il s’occuperait de ce travail, et le messager se retira sans insister.

Da retour à Vienne, Mozart s’occupa de remplir sa promesse et se mita l’œuvre. Mais l’idée qui tout d’abord avait frappé son esprit jeta dans son âme une perturbation complète. La terreur de la mort l’assiégea ; il se crut empoisonné et, cependant, il ne trouva l’apaisement de ses frayeurs que dans l’accomplissement de cette œuvre. Malgré les

prières de Sa femme, malgré les ordres formels du médecin qui lui avait fait enlever sa partition, il se leva la nuit pour mettre en musique les lugubres paroles du Ries iras. Le 15 novembre 1791, il se mit au lit, après avoir achevé une petite cantate, l’Éloge de l’amitié, composée pour une loge maçonnique dont il était membre. En apprenant l’exécution soignée de cette cantate et l’accueil chaleureux fait à cette production, il reprit espérance et voulut revoir sa partition du Requiem, Sa femme lui remit cet ouvrage, et le compositeur y fit quelques corrections. Mais, cinq jours après les douleurs revinrent plus intenses au physique, et le moral fut de plus en plus affecté. La sympathie générale l’entoura à ses dernières heures. Une foule inquiète se

Sressait devant sa maison. Des députationsétudiants et d’artistes venaient sans cesse demander de ses nouvelles. Etendu sur son ’ lit funèbre, il recevait des directeurs de théâtre les offres les plus brillantes. On lui apportait sa nomination de maître de chapelle a l’église cathédrale de Vienne, avec un traitement considérable. « Eh quoi, s’écriait-il, c’est à présent qu’il faut mourir, mourir lorsque enfin je pouvais vivre heureux ! » Quinze jours s’écoulèrent au milieu d’atroces souffrances ; et cependant son esprit avait conservé tout son calme. Il sentait que sa dernière heure approchait et attendait, avec la résignation du chrétien, l’instant où le Créateur le rappellerait à lui. Sophie Weber, sa belle-sœur, vint lui rendre visite : « Je suis bien aise de vous voir, lui dit-il, restez près de moi, je désire que vous me voyiez mourir. Restez et assistez ma pauvre Constance. » Elle tenta de lui donner quelque espoir. < Non, non, je sens bien que tout est fini, j’ai déjà le goût de la mort sur la langue, » Un ébranlement au cerveau lui coupa la parole. I.u pensée vivait encore dans son regard ; il tourna. une dernière fois les yeux vers son élève Sussmayer ; minuit sonna, et, avant l’expiration du dernier coup, Mozart exhalait son dernier soupir (5 décembre 1791).

Ainsi finit à la fleur de l’âge, dans toute la force de son génie, dans tout le développement de sa splendide intelligence, un des plus grands compositeurs qu’ait produits, non-seulement l’Allemagne, mais l’univers entier.

Si toutest beau dans l’œuvre de Mozart, tout n’est pas également beau. Il ne faut pas se pâmer d’admiration devant les sonatines d’un

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enfant de six ans, parce qu’elles sont signées de Mozart, ni prétendre que la musique de ce maître est l’expression la plus complète des sentiments et des passions. Mozart a jeté dans toute son œuvre le calme d’une bonne conscience et les rêves d’un cerveau modéré dans ses écarts d’imagination. Il règne dans toutes ses productions une admirable sérénité. Mais Mozart n’a pas dit le dernier mot musical sur cette terre, et Don Juan n’est pas la suprême expression du génie dramatique. Tout n’est pas complet dans cette partition ; ii y a des faiblesses, des airs ridicules (le rondeau de doSa Anna). Le récitatif de Leporello a été trop vanté ; le trio des masques peut être égalé ; le rôle de don Ottavio est absurde, et Te fameux U mio tesoro tombe dès la vingtième mesure dffns la roulade italienne. L’ouverture tant prônée de la Flûte enckan* tée a-t-elle le moindre rapport avec le sujet fantastique auquel elle sert de prologue ? Elle contient une fugue admirable ! Mais le coloris manque complètement à cette page instrumentale. Dans le 'Requiem, le Lacrymosa et le Tuba mirum sont des conceptions admirables ; mais le reste de cette fameuse messe n’inspire pas le moindre sentiment religieux. De qui tolérerait-on, aujourd’hui, les airs écrits pour la Reine de la nuit, dans la Flûte enchantée, ces casse-cou sans raison que nos cantatrices actuelles perdent leur temps et leurs voix à escalader ? Et que penserait-on d’un compositeur de nos jours qui parsèmerait ses rotes des traits fastidieux qui, dans l’Enlèvement du serait, hérissent les airs de Constance et de sa suivante ?Tout est-il parfait dans Cosi fan tutte, tout intelligible et d’égale valeur dans la Clemenza di Tito ?

Si Mozart a touché à la perfection, c’est dans les Nozze di Figaro. Là, rien qui détonne, rien qui laisse à désirer. C’est un admirable chef-d’œuvre plus fin et plus délicat que 11 Rarbiere di Siviglia. De la première à la dernière note, l’esprit et les accents du cœur circulent dans cette étincelante partition que le monde entier connaît et ne se lasse pas d’entendre. La majeure partie des sonates pour piano sont.des poèmes achevés qui ne seront jamais égalés. La musique instrumentale de Mozart est moins également parfaite. À côté de trouvailles miraculeuses, il y a du remplissage et des faiblesses.

Le total des œuvres complètes de Mozart est de 626. Il se décompose ainsi : 2 oratorios, 20 messes, 8 vêpres, 40 compositions diverses pour l’Église, 10 cantates, 66 airs détachés (duos et trios), 16 canons, des solfèges, -41 chansons, 49 symphonies, 15 ouvertures, 33 sérénades pour orchestre, 27 pièces instrumentales de diverse nature, 43 concertos, 10 quintettes, 32 quatuors, 32 trios, 72 sonates pour piano, 22 fantaisies, thèmes variés et rondeaux pour le même instrument, et une multitude de pièces non classées à deux et à quatre mains, 4 ballets et pantomimes, 18 opéras, cantates, pastorales, fragments « d’opéras et entr’actes, 9 cantates pour les franco-maçons, l plaisanterie musicale, 40 contredanses, menuets et valses et des marches pour musique militaire. Une partie de ces compositions n’a pas encore été éditée.

Terminons cette biographie par l’appréciation suivante due à M, R. de Monteyan.

« On songe volontiers à Raphaël à propos de Mozart. L’un et l’autre, en effet, fils d’artistes qui les ont formés de bonne heure, ils commencèrent de produire à l’âge où l’on apprend encore, et ils ont pu laisser un œuvre immense, quoiqu’ils soient morts avant la maturité. L’un et l’autre vinrent au moment propice ; l’art, sans avoir encore produit la mesure complète de ses forces, avait déjà fourni une honorable carrière : il leur a été donné de le mener au but en le faisant toucher à la perfection. Leur gloire a cela de commun, que, malgré le progrès dont chaque âge s’enorgueillit au détriment du passé, elle n a reçu du temps aucune atteinte. Leur culte, enfin, est tellement incontesté, qu’ils n’ont plus de fanatiques. Là s’arrêtent les ressemblances ; et encore sont-elles plus extérieures que réelles ; mais, sans parler du talent et du caractère, quelle différence dans leur destinée 1 Tout sourit à l’un ; l’autre s’épuise à courir après le succès et ne parvient jamais à fixer la fortune. C’est que Mozart, si sûr et si maître de lui, si ferme dans le gouvernement de son inspiration, ne sut pas s’astreindre à régler sa conduite. La postérité, plus équitable envers son œuvre que ses contemporains, doit, aussi se montrer moins sévère pour ses fautes. L’artiste en lui dominait l’homme et l’absorbait tout entier. Ce serait méconnaître la source même de sa grandeur que de lui appliquer la mesure ordinaire de nos jugements. Pour comprendre Mozart, pour pénétrer à la fois le secret de sa fragilité et de son génie, il faut oublier le monde, à son exemple, et le suivre dans son incessante aspiration vers l’idéal, qui fut la souveraine passion de sa vie. •

— Mmï Mozart, née Conslanco Weber, a épousé, en secondes noces, M. le conseiller de Nissen, auteur d’une biographie complète de Mozart, et est morte à Salzbourg le 6’mars 1842, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

— Marie-Anne MOZART, dite Nannerl, sœur du précédent, née en 1751, morto en 1830, épousa M. le baron de Sonnembourg. On a vu dans la biographie de Mozart qu’elle avait accompagné son père et son frère dans leurs voyages artistiques. Tombée sous le poids de