Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/297

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Jouv et lui demanda sa protection pour son filBfdont-ellë névpduvait se décider à faire «n ouvrier. M.’de Jôny : ie fit ehtre>, -en qualité de sécrëtairej’chei le comte Tolstoï, agent diplomatique de Russie, dont la principale mission, ’à1 Paris-, étiiit de mettre le prince Ou’1 ■worof, ’ministre-de l’instruction publique h Pétersbourg ; au courant dé la littérature franchisa. Henri • Murger g : iMa ’cet ; emploi ’ jusqu’en 1848, Aux appointements-dé40 fri ; puis’de 50 fr. par mois. Murger, à cette époque, perdit sa ; mère, et, bientôt après, mis à la’porte de chez son p’èré’qûi ne lui pardonnait pas’d’avoir préféré’uneplumeà un outil, " il 3ë"rérugiâd !ins’unémajisùrdé ; réduit à’Ses mtlf^res’éinbïuwieitts^ il-’nétarda pas-i- commencer, ce tuile1 àpprenti’s’sàgé-dè la- inisère, conti’ë-làïméUé il eut a lutter toute sa-1 vie.1 JQ’èstfafèrS’ 'fpl’iï-e n’ira’ r’és51û1nëntJtla’r, sl’cetté Bëhêitië’âànt’H 'est hêèté le- gràhd’prètrô’, et ■ qU’ff’ihslîtua’la fa’m’ens’e société dés Buveurs «’rtbt^âutylà’quellô no)s avons’fourni d’àimplèï riitistofeiemetUs (vi BCtHisMtS’èt’fiOViiutts).’ Dé^bCiiite ’hWré, JMui<gér !’s ;éitait senti ijnj*êiriffASeineht1 attiré’Tiers là-littératuré, et-pour luf^’ôirtTie pour’prejsque tous les jeunes cens de=*'soiiiage/>lktérature voulait’ dire poésie. D4sU8âff, siijeutre niuséaviiit ! essayé ses ailes, etsîlù’prëinlei-’coiip’i s"«tàit’ha : rdi«iènt élancée dans le chunip.de la satire. C’était l’époque oif-Bàrthélémy, ’ jetant Aux Brtiés les rudes lanières’ dë, la-’A’eWô< !> ;’^ènaitM’&rben ; r'>Uhe nduv’HIè étferifàé en’lprenantpour devisé oir’plutôt1 pôur-’ëxbuijfélit’célèbre1 liii

« îKrrdmniéabsurdéest eèliiî quine change

maxtme

îe chan^i

jnma’is, ., ’«iMt(rgèii ; •pris ! d’une sainte -fureur, s’èfitft’ mis îi’ fiilmlitër Contre cètte^ai

quïiî

saint

•apostasie

da’ném’és1 Vers dont te séiil mérite, ét-één’est uriL, ’étâît dé témoigner, !par-leur insuffisance même, ’(lé’lh loyauté d’un cœur enthousia-Ste et^lirédhie ; Jusqu’en 1 1843’environ- ; ’Murg’eï ’ ne-vécut qu’à■ftirtté de prodiges, si-l’on -peut appeler vivre dîner ùiiijéur sur’deux, loger un*’peu’ partout1, ’ chez quelque buveilr’d’eau ’• joniâSaïYt d’un grèniery-quélquefois-àit’ssi à là ; béMèr’étbilp. Nous rié’-parlfens1 pas de ses voyàgc’s-répétèY h ’l’hôpital Saint-Louis, où" une■■ maladie que sèS’ veilles confinuèlles’avaient- ■ occasionnée lé-fdrçiiit’de revferiir-’presque pé1riddj^ùbn’téht.’Ouràntreés «nilées ; il’lravoillu ;

pour’des journaux déinodés ;-des journauxenfantins, ’et fut même réducteur en-chef, aux apiMiritenieiltsdé’TS’fV.’tpar : mois, d’un jour-mtPûéChnp’ellè’nfcyré’ftunéûx1 Castor, dont il

est’qufestidn dans la Vie de ^Bohême. Mais coihYiiê’il n’y parlait’par’du tout de ce qui pouvait’intéresser ’ic’s’suoCêsséura déGibus, le jiJufnarpëi’it bientôti’et laissftde.nouveau soff’r’èUactèUr ëh’chèf’endisponibilité : « Possellant déjà quelque teinture kl’ortnbgraphe ; nous collaborions’ avec1 une audacieuse aclivitô’fi’ une* feuille où ; par^eSCepiion, notre pro^e ’étultL’pa.yëè1 !ilraisûh ; ddsfivl’arpent/ce qui-mettait In’ligne au prix deil poires d’Anglèti ! rrë.l.è ; directeur disparut’uri’jour, nous devant’ plusieurs -hectares de : copie.’»' C’est-Mtïrger lliï-’mêmè’qùi ’rappelle ce—s’buveiiirjic ’ urt’Ue’seS’iimis.’on’s’imagine aisément’quelle viellld^privatiôns-rdëvait-. mener’ le ’pauvre po"6tè ; qui, -pourtant, se trtmvnirheXirûuK lorSque ;

  • péWdant’ ; d’és’, semainerS’ entiéres.vil avait

eih^lbchédô q*uoi : se^payer’ du’ pain sèc 11 passait’lèâ’riuits’aitravuill’er ; s’èfforçane d’ao quéifir’par’lu’prîitiqiie céqu’il ne lui’avait pas’ été’ddn-riêd’apprèfrdrèaU collège, faisant’dej ; veW pWir1 ’ébéiid, atix’inypiratioi)s1d& sa’hiiisâ, ’ ettlb M’p’rbsépettrleiHus grand boîihèur « des•■- inlëHig<èh’ces’*àu-dësst)us ; dé’ïèpt : ans) » abonnées à la Gazette de la jeunesse. IV'>îaxh liresa correspondance ayee-jses.amiS] do ; la-J|q’ hême, à cuite époque, pour’se ; rendre ;/coinpto. de ce que contiennent d’amertume eUdadeur leurjs ces (dites’ Se Ta’ vocation tôh’trolés ; Ç-u-Rt : tel*éç, ’dû’Uilè’ilt contréla : misèro.’La misèré1 il l’oubliait Vlt’fVqAl’arid quelijubs-ùn’ès de1 ces1 petites médailles, découpées, nommé il le ditj dahSîun’-raybii déiso’leil ; i venaitVéèiirér’ju’iquëidans "su pochél’iEcdutéz-céqu’il’écrit à un "ttlni, ’ tffl’-jéur- d’iillcgrésâo" : <...uMon’piUtron’in’U’avancé’Sâo rr ! en’itiassurUnt’q’u6yén

auiiUsiéncorë’150 dang^qùolques iîïoisl Juge de mujubilaiidn quand Cette" foudrôyutité x> OUvetlb’m’est ! ài’rivée ;"j’eii ai-frisSb’mié de-a*(unt&is : cravate a’feu îneSSOuliérs.’J^ COuru", tout d’Uni trait -to’u’CHer ma traité chta’RdthscllîWj’Mé là’thee léillbrâire ; de^à’chezle tailfeiU’ ; de là^’ân ’restaurant ; de-IS-aû thëâtre ; "dè là- ftWcafé’ ;’déla éheziiuoi’où-jé nié’ suis1 pldtlgé d’ans Ués’draps1 ïiéuftS-etUaiis une atintfsiilière ; de fuinéè’ jiarfumée", et ’où j’ai rêvé que- j’étais t’ômperéur’dm Mai’èC’fet’que1 i i’éjWùsais’tâ ÔaWjtle dé Prknfceii’. i»’-PuUvrér poét ; e, !1qdelle■’^jdnrielgàiûtSi, quelle jôlë fraii- ■ chéëti’sinèèrè VII’ ëit Vrai qu’il ajouté quelques’lignés1 plus7 lbin " :’.'.. « J’artaiit fait qu’à1 la présentéheure : mbtl’PSctole-’cômmence a’ moriti’er lèf’s’.ibîél^’Et’c’èst sur le sâblequ’en flnoaë’ôoinptëm’déViiit échouel ! Néamrioiïisi

le jflur ’aiipl’ol’hiiitJ’»li’ld, public alîàlt eo>hptei’ un-’ft’voVïWpliiy ; ! et la liftêratur’e un* écrl mm.

mantes productions en ce genre de Charles Nodier ; et d’Alfred dé Musset, ’qui sont so’s véritables maîtres. Ces1 qùeFqûéB-pageSi’d’un style très-soigné et d-Hine grâcéparfaite, et qui ’ont pour titre les Amours d’un grillon et d’uiiè étincelle, 1 procurèrent àl’aùteùr l’occasion ’ de faire connaissance avec plusieurs écrivains, parmi lesquels Gérard de Nerval, un-dé ses aînés de labohême, qûi l’aidèrent à se faire ouvrir plusieurs portés. Une fois en possession de ce Sésame, Ouvre-loi, après lequel aspirent tous les débutants, Murger se plongea-plus que jamais dans le travail, ’çt c’est- à Celte1 époque, * vérs-i84ï, L qu’il ’publia’ dans le Corsaire les premières Scènes ’de la vie de Bohême, cette vie dont il avait eu lé temps d’apprendre tous les secrets et de subir toutes1 les angoisses ; Dès’lors’Murge^éut’tinndrn, et) à1 quelques’exceptions p’rès, ’Jil’éut toùé : les jOursidé’q’uoi-manger. Il né’ faut pas trop s’étonner, én’effet’J de la misère-relative dans laquelle MUrger à toùjonr31vécu, ’inialgré ses-succès ;- il n’estpàS besoin d’en chercher la’cau$e ; ’Coninie on a éu’-lë-’tbrt dé le faire, dans des vices’qu’il n’a jamais eusl La’vraie raison, c’est qué-le poëte nepeutet nédbit produiréqu’ai sës : : heufes’ et ’quéle public ou les éditeurs, ce qui revient au mêmej rî’en sont pas encore arrivés à rémunérer suffisamment létalent’ l’invention ;’ le style, -les plus charmantes et les plus-rares’qualités réunies dansJun puvragej au-point’ d’assurer à son auteur l’indépendancéque donne le pain quotidien ; ’11 faut que l’homme-de lettres, ’ s’il veut vivr’e, produise, produisé éncore/qûand m’âme, malade ou bien portântjqû’iréenté ou non-l’inspiration. Et inàlhèiir a lui si la’séve tarit et s épuisé ! Le chômage ; pour lui, C’est la’misère, et-la misère, c’est la mort ! En.1849, Murg’er réunit en volumes JesScèwîrfé tavie de Bohême dont lésuccès-aoheva d’asseoir sa ’ réputation ; qui grandit encore, -s’il est pbssi-Uie ; lorsqù’èn 1851 -î 1 fit représenter aux Variétês ; en collaboration avec Théodore Barrière ; la Vie de Bohême, "liràmc êri cinq actes, qui-fut joué longtemps ail théâtre dél’Odéon et qui a été repris encore avec un grand succès en -m’ai 1873 ; À partir de céiriomentj Mui-ger në’fut plus en peine de placer sa-cdpie. Il publia plusieurs : r’omans dans la Jieèue dés Deux-Mondes, entré autre ? les Buveurs feaù, -Adeline Protall le Pays latin, A propbs’d’e ce dernier roman’qui, Comme1’les’ autres g réhfer’màlt l’a peinturé’décette, classe de-la société que Mùrgér Connâis’s’ait si bien : « Ah’l çk, ’-lui-dît M.’BUloz, véûs ne quitterez ddnc jninaisJce ; momle-là ? —’ pd’ést-céque cela vous fait, — lui répondit’ Murger, puisque vous vous’appelez la R’evW des Déùx’-Mondeà ? > En-1852, teThëâtréFrànçais, lui’aussi, avait buvert’ses portes au peintre dé là Bo-. /iértié’, étiava’ii ; représénté"S9ri1^o)iAi’7ime7arf/’î, ■’ blii’èlâfejqui fut’ très-goûtée. Enfin ;’presqùfe tous les-jbuniaux-, depuis le Moniteur jusqu’au"Jïgaro^’lm avaient, ’tour/à’ tour, ^ ouvert’leurs coloViTies/Éépuis 1853, il avait pour.ainsi dire ’ abandonné Paris et s’étUitrètiré a’Màrloftê, ’ petit-village situé prés dé’ Fontainebleau, et dans-leqûelVJhuît-mois sur douze ; il" habitait une maisonnette dont il’, avait’fàit sbn Tibur. MUis ton nè-tr^versé’pris impunément vingt anis désa’ vië’.'lâTSsaht.uh-peu’dè’s’on’céuragç et de sa fdreeàioutes les rohfcesJdu chéhiin’, avec la-faim et le froid pdiir 16fiï coinpao.rtri*.i-> i— 4„v.-..ix-i-i..- :ti..r.j... ii-i’-’iLi a^

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tendre Jpour Mui-gér.’ Outre ^a’viè dé’ priva- ’ tiops et de-son.ifi^nc’ès qu’il’avait mènee, ’il : ne s’était jarhais aèbafrafeô’ d’uiiè h’nMu’lé pnsè’dèsies prtJihièrés’ anhées’cJe sti’jèuitësse : « Alorstjuéle-bors miiiiqùait à l’àtrfe ; écri’t un de -sés, ilmis, ’ét’ qu’il fallàity suppléer’dans les froiUès’jourrié’es-d’hiver’poursçrëiidré’le travail’ptfesrblè, il’ travaillait ;’couché’ cla’ns’sé’n lit ; et’lti iiuit, rien 1 que ht hnït :’ AVec ’cela,

condition "(jiié^ le ’pôUle lui apporterait déiii ’ prdAé."Bien des féis’déjà, et’avec réièon ; pliisieurs’de-1ses "iimis’liii’ avaient’CO’nsêill’é de laisséi1 ; !»poésie- ;"Mùrgei- avait’résisté, tnais il ooniptifenfîn ’qu’il ! iryait tort, et, quelques’ jours -après’TiriséH !bnldans VArtisïéi’-àit t’ohnetWuiHèùr’S très-gfàtieux, iryprésehta nhe

fantaisie eu prose.1 cbinpafiiblè’ aur plus Char- 1

—t»j C-.31. lui ; i, ^-J’I *. J./JJ^’-.’j^Ç tv : :’.' »..

faui^iqiié tu me comgès du’ciUe.’.. » Murger fut fi-appê Shîort’ coirirne p’ar un Coup de ïdudi-yi’ Et cependant on’dirait, ’à lire ses ’derniëres^oùbïes’.'^u’iravait le préssè’ritiififerlt’d’e ?

la’dërhièrè h’è’ut-éi’Daris’sa Ballade dit dësëspéfëi"îl’a. dès’niors’d’airioiir peur ht’-mon^ffîii frâbpéàèa porté" :’-' "- ’ "•*- J"’ '• ’■' ’■■

l, .En.tr.e.s.oi’.aman. toit, bçi^et mange, t, , , . j, Dors, et.qpand tu-t^veill ; riis, ’., , ,, t ; jj iPonr, .P.aJ’e.’ : lSon *, cQt, cher ange, .’. ji cuDans, tes.braaiji m’eipporterM...., ,.,

Et dans le Testament : "* ’ '- * J -■••’■

—u. : ■, .-.•, -’....j, i..., ,. l j i, . Je suis.un, moribond ;, ., .., .

CoçjrtieiH’i o ?sBau, bli ;5S(S.qHi l’alt son derniet bond, T.^uSîSD cœur.in : palpitç.qu’à peine......-.,

Je suis § fii1Lflni.t Le ciel n’a pas.vçu^u if...

Queiq puisse !a ; a.- ; seoir parmi ce groupe élu., . t..., Pgs geap^qui yexront l’Africaine, j i ■, ., t •, .

liri’s’oi’r, ’- ! ! s’eientitmàlàdè ètse ihif au lit ;1 lé lendemain’, ’ les’ médecins1 appelés.déciaraient’■ qu’iffaHait’ lb’trahsporter dans là maison de ’ Saifié-’du’ docteur Dubois.^C’est lii que, deuxjoiirs’âpi’ès’, iMufger’rendâit le dernier soupir. Uri’aha’Uplii’âvu’i’it, tl avait éténdirimé chevanër délà-Légibn d’honneur, et, Ti la nouvellé de su mort, le gouvenienïènt déclara qu’il prenait à sàk Compté les"’frâis des funérailles, lïh éutrej une souscription publique fut ouverte pour qu’il lui fût élevé un tombeau en màrtfre blanc, dont la sculpture a été

; iiU. : ■ ’ ... -..’ J" • ’... !-■.i..’ •....

MtJRG.

confiée à M. Millet et que tout le monde a pu admirer au cimetière Jlontmartre. C’est ainsi que Murger est sorti de la bohème... pour entrer dans un tombeau.

Nous n’avons guère parlé que de l’homme ; il nous reste à parler de l’écrivain. Comme romancier et comme poète, Murger a conquis une place importante dans la littérature contemporaine, et cependant il serait bien difficile, pour lie pas dire impossible, dédécider’à quelle école on doit le rattacher. Personne plus’ que.lui, peut-être, ne s’est engagé dans toutes les hardiesses du réalisme, et personne aussi n’a poussé plus loin les coquetteries du. fântàisisme. Poète avant tout et par-dessus tout dans l’expression, amant de la forme autant que Gérard de Nerval ou Musset lui-même, il est toujours resté profondément vrài^ simple et humain dans l’idée, ’ et "oh à eu’ rdisérf de direqùe « toutes lès œuvres de Miirgèr. bnt été vécues. «Oui, il a vécu sa Vie de ’Btihêihe ; chaque chapitre du livré est une page gaie ou triste de sa vie. «’ Il se retournait vers le pass’é ? dit M. Arsène "Houssaye, il.ihterrdgeait’son cœur ou son ésçrit, qui lui racontait toutes’ les’ scènes de sa jeunesse. H a dit Quelque part dàps sa Vie ’de Bohème : « C’est, après l’orage que j’ai’ peint mon fàbleau.» Si son tableau n est jamais" assombri, c’est qu’il nous le montre à travers l’areen-cfél du’phate. Peut-être l’homme pleurait au battement de son cœur, mais lé^conteur s’égayait aux Souvenirs irisés. » Oui, il a vécu aussi ses Nuits £ hiver, son œuvre de poète, dont chaque vers peut-être lui a coûté un jour d’existence ; depuis le Requiem d’amauï jusqu’à.la Ballade du désespéré. C’est pour cela que son œuvre lui survivra, et aussi parce que, comme Je dit. M-i Paul de Saint-Victor, on ne saurait trop louer ce respect qu’il aeu de son talent, lln’accorda pas une ligne à l’art vulgaire ; il ne fit jamais à la popularité de ces avances qui dégradent. Ce poète de la bohème était le plus consciencieux et le plus soigneux des artistes. Il mettait à polir une ’ phrase le temps qu’un lapidaire met à tailler un bijou. Une Nouvelle à-la main, jetée dans le courant du journal, lui coûtait souvent touteiuno nuit de.veillé ; la moindréde ses flèches était ciselée. Sa vie souffrait de cette production-si laborieuse et si lente, mais il préférait la gêne à l’imperfection volontaire. La’ nécessité même, qui force si souventla plume du poète à courir comme un outil vulgaire et rapide, ne lut arracha jamais- une page ébauchée... Le fini, en littérature, -préserve et protège ; les monuments construits en’ pierres grossières s’écroulent prompte- ’ ment ; Une bague délicatement ciselée passe dé main en main et ne périt pas.- » À cet égard, tout le monde est d accord : « Murger, dit’Théophile Gantier, était un poëte dans sdn ’ œuvre.et dans sa-vie. Il suivait son rêve saris souci de ta-réalité, et ne remplaçait pas l’inspiration par ce travail voulu, presque mécanique, qui seul assure l’existence précaire de l’homme, de lettres. Ce, n’était pas, -paresse, chè’z.lui, Vétait sobriété naturelle, délicatesse de goût, amour.du trà|i vif et net. Il cherchait lémot é non la "phrase, et, l’émotipii atteinte, il ^arrêtait, trouvant que là page finissait lui V Citons enfin J. Janin’ : « Henry Murger, ’dit- ’ il, et ceci est une louange énorme, a conquis. sa place au rang des inventeurs, il est un des rares écrivains, des rare ?" artistes qui ont trouvé quelque chose : vu chercheur de nouveaux inondés, poussé par l’instinct des terres lointaines, des régions inconnues, des solitudes inexplorées. Henry Murger a trouvé la Bohême, et, dans.é& mondé à part que lui- : même a défini, il nons a conduits, à travers mille péripéties, .à, la suite des. originaux les plus-amusants du monde- ; et tant de gaieté, etitarit de larmes, tant de francs rires et de pauvreté vaillanteK»’ ;..-■.

Murger est peu connu comme poète, et pourtantil mériterait de-l’être, surtout par son dernier volume des Nuits d’hiver, don I il corrigeait les épreuves quand la mort est venue brusquement et Sans pitié ; lui faire tomber la plume de la main. Sans nul doute, . Alfred de ’Myssetj^qu’il cappello vaguement, avait un souffle autrement puissant, une, langue autrement sonore et vibrante que. le postedesMijtils d’hiver ; mais.comme Alî’red de Mnsset ; , Murger posséilait.ja" grâce. etTubaiidon, les, ineffables tendresses, lê.dqh deS[ liiniios, les gais sourires, le cri du cœur, l’émotion. Noms avons, cité déjà le Testament et lit Ballade du désespéré ;.tout le monde connaît le PlÔntjef.tr. et surtout !a Chanson de. Musette : ’ Et Musette qui n’est plus elle.......i à Disait-que je n’étais plus moi» i’

Si’léger que s’oit le bagage poétique de Miirger^’il mérite d’être conservé parce"^u’il’y n mis tout son cœur et toute son âme : • Plus quétout autre, dit M. Arsène Houssaye, Murger a fuît vibrer en nous la chanson clés vingt ans/Ptiréil a la belle fille d’Ionie. qui n’avait pas’iihe cith’aro’ d’orée, mais qui était plus écoulée parce qu’elle chantait les airs chers’ aux amoureux, il nous charmait bien plus que ceux-là qui jouent les grands airs savants’ avec l’archet-d’or d’Apollon. Son Parnasse n’ëfait pas si haut ; son violon n’était pas’un’ stradivarius ; mais il avait une amê comme ceti !i d’Hofmann, et il en jouait jusqu’aux larmes, » • ■■- ’ ■ ■

Voici la liste des ouvrages d’Henry Murger  : Scènes de la vie de Bohême (1848) [v. BOEÊ3ii ;]j la Vie de Bohême, comédie en cinq

HUM

acteç, en prose, en collaboration avec M. Théodore Barrière (1851) ; le Bonhomme Jadis, Comédie en un acte, en prose (185Î) [v. bon-* homme] ; Claude et Marianne (1852) ; le Pays latin ; Madame Olympe ; les Vacances de Camille et le Dernier rendez-vous (185E) ; Adeline Protat (1853) ; les Buveurs d’eau (1854)v. buvkurs] ; Scènes de la vie de jeunesse (1855) ; Poésies (1855) ; Propos de ville et de théâtre (1856) ; le Roman de toutesles femmes ; Scènes de la vie de campayne (1S57) ; le Sabot rouge (1859) ; et enfin les Nuits d’hiver, recueil de poésies qui ne parut qu’après sa mort.

JMURGIS, ville de l’Espagne^anciennei dans la, Bétique, .chez.les -Bastules Carthaginois, C’est aujourd’hui, Mo/acar.

<MUBHARD (Frédéric-Guillaume-Auguste), pubiieiste allemand, né à Cassel en 1776, mort en 1853. Élève de l’université de Gœttingue, il s’y adonna à l’étude de3 sciences mathématiques et surtout h celle des langues de l’Europe.et de l’Orient, commença en 1797 la publication d’une Bibliotheca.mathematica ou Littérature des sciences mathématiques (Leipzig, .1797r.l8Q5., .S :.yol.), pjiis parcourut succesr sivement, de 1799 a 1801, la Turquie, l’Asie Mineure, l’Archipel. Après avoir été, sous Je roi’Jêrôme Bonaparte, rédacteur en chef du journal "officiel le Moniteur weslphalien, bibliothécaire du musée de Cassel, conseiller

de préfecture du département dé Fùldai’il quitta la Carrière des emplois publics au retour de l’électeur Guillaume l«r et se retira h Françfort-suHe-Mein, Là, il se livra particulièrement a l’étude des sciences politiques, puis se rendit en 1817 à Berne, y prit la direction d’une feuille libérale, la Gazette européenne, qui fut bientôt" après supprimée, et continua, à partir de 1821, soiis le titre d’Aftnales universelles de l’Europe, les Annales européennes qui avaient été commencées par Posselt. Murhard devint alors un.des chefs les plus actifs du parti libéral. Impliqué en 1823 dans l’affaire suscitée par l’envoi à l’é-, lecteur d’une lettre de menaces, il.fut arrêté pendant un voyage à Hanau (18J4), conduit à "Cassel, et tendu à" la liberté sept mois plus tard. Depuis lors’, Murhard visita, presque constamment en couipagnie-dé son’frèra, les principaux États de l’Europe, en s’occupant de travaux historiques et politiques. Un article sur les tribunaux d’État, qu’il publia en 1844 dans.le Dictionnaire politique, lui attira un nouveau procès, qui n’était pas encore terminé lorsque fa poursuite fût abandonnéé par suite dé 1 amnistie de 1-848. Les principaux ouvragés ’ de Murhard sont’ : Tableaux de Constantinople (Penig, 1804) ; Conslantinople et SamtPétersbourg (1805-1SOG) ; TablenUx de l’archipel grec-{B6rin. 1807, 2 vol.) ; Principes du droit public de la Eesse électorale (Cassel, 1834-1835, 2 vol.), etc. On lui doit aussi la continuation du Recueil des traités de Martens..•

MURHARD (Chartes), économiste allemand, frère du précédent, né à Cassel en 1781, mort en 1863. Il fit ses études à Gœttingue et à Marbourg, prit le diplôme de docteur en droit et devînt successivement directeur des archivés’de Cassel (1804), membre du conseil d’Etat du roi Jérôme, chef de division au ministère des finances de "SVestphalie (1810), liquidateur de la dette publique (1812). À l’exemple de son frère, il renonça aux fonctions publiques en 1818, sous le gouvernement électoral", alla habiter Francfort, où il vécut dans une heureuse indépendance, consacrant entièrement son temps à l’étude, fut impliqué en 1823 dans les.poursuites dirigées contre son frère, se réfugia à NVetzIar et put bientôt après revenir à Cassel. Vers la fin de sa vie, il devint complètement aveugle. On a de lui : Idées sûr l’économie sociale et sur l’économie politique (Gœttingue, 1808) ; Sur l’argent et les monnaies (Cassel, 1809) ; Théorie de l’argent et de la monnaie (Leipzig, 1817) ; Théorie et politique du commerce (Gœttingue, 1831, ■ 2 vol.) ; "Théorie et politique de l’impôt (Gœttihgtte, 1834), etc.

MÛRI, JE (mù-ri), part, passédu v. Mûrir : Rendu ou devenu tmùr : Fruits MÛRIS par le soleil, poires mûries sur là paille.

— Fig. Arrivé à. sa maturité, à un développement d’intelligence ou de caractère qui convient aux personnes âgées : Caractère mûri avant le temps. Être mûri par l’expérience, par le malheur.

Tous deux, mûris enfin dans leur séci’et séjour, Sortent impatients de te montrer au jour.

Delillb.

Hélas ! ce goût si pur, cette molle élégance Des empires mûris marquent là décadence.

Delille.

MCRI, village et paroisse.de Suisse, dan ? le " canton’d’ArgOvie, k 32 kilom. S.-E. d’Aarau, sur. la Bahz ; 1,936 hab. Célèbre abbaye de bénédictins, fondée au xia siècle, avec une belle bibliothèque ;J’abbé était prince ; de l’empire^ ’".

MUHIACITE s. f. (mu-ri-a-si-te — rad. muriatp,). Miner. Soude muriatée gypsense. 1 Muriacite fibreuse, Polyahalite.

MUItlALDO, bourg et comm. du royaume d’Itulie, province de Gènes, district de Savone, înandemeiit do-Millesiino ; 2,147 hab.

MURIÀTE s. m. (mu-’ri-a-te — du lat. mûrit, saumure). Chim. Sel neutre formé par la combinaison de l’acide muriatique avec une base : Le murjaté d’ëtain sert a préparer la