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ferme des arbres et des arbrisseaux à feuilles opposées, simples, entières ou dentées, dépourvues de stipules. Les fleurs, unisexuées, sont tantôt réunies sur un même réceptacle, tantôt séparées sur des réceptacles distincts ; elles sont renfermées dans un involuere ou périanihe globuleux ou caliciforme, étalé ou resserré en tube ou en cloche, divisé en segments ordinairement disposés sur deux rangs. Les mâles ont des étamines en nombre indéfini, tapissant l’intérieur de l’involuere et qui peuvent être considérées comme des fleurs distinctes, les une3 stériles et réduites alors à de simples écaille3, les autres fertiles et consistant en filets élargis surmontés d’une anthère à deux loges qui s’ouvre de la base au sommet, au moyen d’une valvule, ou bien par une simple lente longitudinale. Les rieurs femelles ont plusieurs ovaires uniovulés surmontés d’un style et d’un stigmate simples. Chacun de ces ovaires devient un dnipe ou une noix, monosperme, surmontée du style persistant, accru et plumeux, et entourée par le calice développé et persistant. Les graines sont dressées ou renversées, et l’embryon est entouré d’un albumen charnu.

Cette famille, qui a des affinités avec les urticées, renferme les genres suivants, groupés en deux tribus : I. Monimiées : ambora, monimie, kibara, citrosma, tétratome, hédycarye, boldoa, mollinédie, ruizia, peumus.-II. Athérospermées : aihérosperme, laurélie, doryphore, pavonie. Les monimiacées habitent surtout les régions tempérées de l’hémisphère austral ; plusieurs sont aromatiques et astringentes.

MONIMIE s. f. (mo-ni-mt). Bot. Genre de plantes, de la famille des monimiacées, établi pour des arbrisseaux de l’île Bourbon.

— Encycl. Les monimies sont des arbrisseaux à fleurs dioïques et à fruits charnus. Elles croissent surtout dans les régions montagneuses des îles de la mer des Indes. Peu connues en Europe, elle se trouvent à peine dans les serres chaudes de nos grands jardins botaniques, où on les conserve difficilement. Leurs fruits acides et sucrés se rapprochent assez des figues, tant par leur composition chimique que par leur saveur ; ils sont émollients et rafraîchissants. Les écorces sont astringentes et ont été employées comme fébrifuges ; on les a aussi préconisées contre les vers intestinaux : mais elles sont à peu près inusitées aujourd’hui. L’espèce la plus remarquable dans ce genre est la monimie à feuilles rondes ; sa tige, haute de 3 à 4 mètres, se divise en rameaux diffus, portant des feuilles velues et des fleurs accompagnées de bractées d’un jaune orangé.

MONINE s. f. (mo-ni-n’e). Mamm. Singe femelle. Il Vieux mot, qui est encore usité dans le Midi.

— Bot. Genre de polygalêes.

MON]NO, homme d’État espagnol. V. Florida-Blanca,

MONIN-S1MA, groupe d’îles de l’Océanie, dans la Micronésie, au S.-E. du Japon, par 27» de latitude N. et H0° de longitude E. Ce groupe se compose d’un grand nombre d’îles dont dix seulement ont quelque étendue et sont habitées par des Japonais, mais non soumises aux souverains du Japon. Le climat est généralement doux. Les productions principales consistent en riz, seigle, bois de construction, bois de sandal, etc. Un négociant japonais découvrit ces îles en 1675 et obtint la permission d’y fonder un établissement. C’est depuis cette époque qu’elles sont habitées.

MONIQUE (sainte), mère de saint Augustin, née on 332 à Tagaste, en Numidie, morte à Ostie en 387. Née de parents chrétiens, elle fut dès son enfance portée à une dévotion ardente et exagérée. Elle passait la plus grande partie de la journée à l’église, prosternée dans les plus humbles postures, près de sa dévote mère Facunde, et, la nuit, se levait encore pour prier. Son désir eût été de se consacrer tout entière à l’ascétisme ; mais l’âge du mariage étant venu, elle dut obéir à son père et épouser Patrice, citoyen de Tagaste. Ce Patrice était de race noble, riche, mais il était païen, d’un caractère rude et violent Monique, élevée dans la soumission, .cacha sa peine d’être obligée de vivre avec un gentil et résolut de le gagner à sa religion. « La conduite que tint sainte Monique pour gagner son mari, raconte Augustin dans ses Confessions, consistait à, le servir comme son seigneur, a lui remontrer plus par ses bonnes mœurs que par ses paroles, à endurer toutes les injures qu’il lui disait, à ne se fâcher jamais contre lui, à ne lui tenir aucun mauvais discours, tout en suppliant Notre Seigneur qu’il le fît chrétien. Quand son mari était eif colère et quasi hors de lui, elle ne lui résistait point, ni do fait ni de parole, elle ne faisait que se taire ; et lorsqu’il était plus remis, elle lui disait ses raisons avec modestie et humilité, »

Monique réussit à convertir Son mari quelque temps avant sa mort. Elle avait de lui trois enfants : Augustin, Navigius et une fille dont on ignore le nom ; la folle jeunesse du premier lui causa un vif chagrin, et elle ne cessa de prier pour lui jusqu’à sa conversion. Lorsqu’il quitta Carthage pour venir installer à Tagaste une école de grammaire, elle re MONI

fusa de le voir. Neuf années se passèrent de la sorte. Cependant, Augustin étant allé professer à Milan, elle s’embarqua pour le rejoindre, lui pardonna, l’amena à déserter le manichéisme et enfin à recevoir le baptême (387). Quelques jours après, s’étant mise en route pour retourner à Carthage avec Augustin, Navigius et Adéodat, fils naturel d’Augustin, arrivée à Ostie et au moment de s’embarquer, elle fut saisie d’une fièvre maligne et expira. C’est à Ostie que se place la fameuse scène contemplative rendue avec tant de poésie par Ary Scheffer. ’ Sainte Monique fut inhumée à Ostie ; mais son corps fut transporté à Rome en 430, par ordre du pape Martin V ; cependant le monastère d’Aronaise, près de Bapaume, a

longtemps, prétendu le posséder. Sa fête est célébrée par l’Église le 4 mai.

Monique (SAINT AUGUSTIN ET SAINTE), tableau d’Ary Scheffer. "V. Augustin.

MONISTROt, en latin Monasteriolwn, villa de France (Haute-Loire), ch.-l. de canton, arrond. et a 20 kilom. N. d’Yssingeaux, sur un coteau, près de la Loire ; pop. aggl., 2,007 hab. — pop. tôt., 4,452 hab. Importante fabrication de dentelles, blondes, rubans, satins, foulards ; quincaillerie, tanneries, mégisseries, teintureries, papeterie. Commerce de bestiaux, toiles d’Auvergne, rouennerie, draperie, grains. Petit séminaire ; bibliothèque. On y remarque un beau château, flanqué de deux tours, ancienne propriété des évêques du Puy, actuellement affecté h une fabrique de rubans.

MONITEUB, TRICE s. (mo-ni-teur, tri-se

— lat. monitor ; de monere, avertir, rappeler à la mémoire, qui correspond au sanscrit mânayami, forme causative de la racine mon, penser, se souvenir, proprement faire penser, faire souvenir). Personne qui se charge ou qui est chargée de donner des avis, des conseils : Les jeunes gens ont besoin d’un sage moniteur. (Acad.) Il y a des hommes gui sont ainsi en possession de servir de moniteurs aux autres. (Chateaub.) Les seuls et légitimes moniteurs du peuple* sont tous les hommes qui publient leur opinion soit par la presse, soit par la parole. (Proudh.)

— Par ext. Objet qui sert à avertir, à donner des renseignements utiles : L’odorat, moniteur fidèle, l’avertit de la saveur repoussante de la liqueur traîtresse. (Brill.-Sav.)

— Antiq. rom. Nom donné h des subalternes dont se faisaient accompagner les orateursau forum, et qui étaient chargés de leur présenter les pièces dont ils avaient à faire usage dans leurs discours. Il Esclave romain qui accompagnait son maître et devait lui rappeler le nom des diverses personnes qu’il rencontrait. Il Esclave qui accompagnait un candidat à des fonctions publiques et qui était chargé de lui nommer les hommes qu’il était utile de saluer pour les mettre dans son parti. Il Nom donné aux instituteurs des enfants chez les Romains. Il Officier chargé de dire avant le prêtre les prières d’un sacrifice, d’une consécration, n Moniteur théâtral, Nom que les anciens donnaient à une espèce de souffleur. 1E Moniteur militaire, Officier chargé d’avertir les jeunes soldats des fautes qu’ils taisaient contre l’art militaire. || Moniteur domestique, Esclave chargé d’éveiller ses maîtres et de les prévenir des heures du repas, de la promenade, du bain.

— Enseignera. Élève qui, dans une école mutuelle, est chargé d’instruire un certain nombre de ses condisciples, il Moniteur général, Celui qui est chargé de la direction d’une école entière, sous la surveillance du maître. Il Moniteur particulier, Chacun des moniteurs placés sous les ordres du moniteur général. Il Moniteur de classe, Moniteur particulier, chargé de diriger une classe entière. Il Moniteur de groupe, Moniteur particulier,

qui n’est chargé de donner des soins qu’à un groupe, une subdivision d’une classe.

— Philol. Titre de plusieurs journaux : Moniteur universel. Moniteur des théâtres. Moniteur de la flotte. Moniteur de l’armée.

— Erpét. Espèce de saurien de la Guyane, qui annonce, dit-on, l’approche du serpent à sonnettes par ses sifflements.

Moniteur (le second), d’Ulrich de Hutten. V. dialogues du même auteur.

MouEtour des dates (le), dictionnaire* publié en Allemagne (Dresde, 1865-1869) par Œttinger, le savant auteur de la Bibliographie biographique universelle, et contenant un million de renseignements biographiques, généalogiques et historiques puisés aux meilleures sources. L’auteur déclare avoir consulté un nombre infini d’actes officiels avant de rédiger son immense ouvrage : il se contente, et il a raison, de donner les noms et prénoms, la date et le lieu de la naissance, de la mort, du ou des mariages de chaque personnage illustre. Rien n’est plus utile, en effet, que de trouver immédiatement tous ces renseignements réunis ; beaucoup de nos biographies ne les donnent pas, et souvent les quelques dates qui s’y trouvent sont perdues au milieu d’un long article. Les recherches sont, au contraire, aussi rapides que faciles dans le Moniteur des dates. Mais une citation vaudra mieux que tous les éloges ; prenons un nom dans ce recueil et donnons au lecteur un échantillon des documents réunis pai Œttinger :

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Heinrich VIII (Henri VIII), KSnig von England, Sohn Kônig Heinrieh’s VII. (s. d.}, geb. zu Greenwich 28. Juni 1491, succed. seinem Vater am 22. April 1509, verm. seit 9. Januar 1509 mit Prinzessin Katharina von Aragonien (s. d.), geschieden durch den Erzbischof Thomas Cramner (s. d.) seit 23. Mai 1533, wiederverm. 14. November 1533 mit Anna Boleyn (s. d.), nach deren am 19. Mai 1536 wegen Èhebruchs erfolgter Enthauptung zum dritten Maie vérin, seit 20. Mai 1536 mit Johanna Seymour (s. d.), abermuls Witwer seit 14. October 1537 ; excommunicirt durch Papst Paul III. un Jahre 1538 ; zum vierten Maie verm. seit 9. Juli 1540 mit Prinzessin Anna von Cleve (s. d.), kurz darauf von ihr getrennt und zum funften Maie verm. seit 8. August 1540 mit Katharina Howard {s. d.), nach ihrer am 13. Februar 1542 vollzogenen Einrichtung zum sechsten Maie verm. seit 12. Juli 1543 mit Katharina Parr (s. d.), gestorben zu London 23. Januar 1547.

Il 3’ a quatorze dates historiques dans ce seul article. Sans doute, tous les personnages ne sont pas traités avec ce luxe surabondant : nous ne prétendons pas dire non plus qu’il ne se soit jamais glissé de fautes et d’erreurs dans une compilation qui n« comprend pas moins de cent mille biographies. Nous avons nous-même relevé quelques omissions et erreurs. Par exemple, nous avons été étonné de voir l’auteur faire do Colombait une sainte (die heilige, irischeNonne), quand tous les biographes et tous les historiens s’accordent à reconnaître sous ce nom un apôtre masculin. Nous trouvons aussi le nombre des personnages allemands trop supérieur à celui des personnages étrangers, et la proportion pourrait vraiment être mieux gardée, quelque légitime que soit le patriotisme de M. Œttinger. Mais, ces réserves faites, nous ne saurions trop féliciter l’auteur de l’œuvre gigantesque qu’il a osé entreprendre et qu’il a su mener à bonne fin. L’Allemagne a fait à cet ouvrage l’accueil qu’il méritait, et si l’on veut s’en convaincre, il suffira de feuilleter les comptes rendus de l’ouvrage publiés par les érudits germaniques dans les journaux d’outre-Rhin. Nous renvoyons le lecteur à ces juges compétents, dont voici les principaux noms, avec l’indication des articles qu’ils ont consacrés au Moniteur des dates : G.-R. Hugo liasse (Journal de Dresde, 13 octobre 1865) ; Hofratfi Dp Gâsse (même journal, 10 février 29 septembre 1866 et 23 août 1868) ; Dr Fôrstemann, dans VIllustrirten Zeitung, 16 juin 1866 ; Karl-Gustav flelbîg, Litterarisches Centralblatt fur Deutschland, 1« décembre 1S66 ; Ludwig Siegel, ConstitutionetleZeitung,

30 décembre 1866 ; Dr Adolph Dreschler, Journal de Dresde, 9 juin 1867-, et Illustrirten Zeitung, 22 juin 1867.

Nous souhaitons que le Moniteur des dates soit prochainement traduit en français ; mais nous prévenons.les lecteurs français qu’ils u’ont pas besoin d’attendre cette époque pour se servir de l’ouvrage en question. Il suffit de connaître une dizaine de mots allemands pour faire les recherches nécessaires : les dates sont de toutes les langues.

Moniteur nnivergoi (le). Cette feuille célèbre, datée dus mai 1780, ne commença, en réalité, à paraître qu’après le retour du gouvernement et de l’Assemblée à Paris, le 24 novembre 1789. Mais, pour combler la lacune, an publia en l’an IV une Introduction remarquable rédigée par Thuau-Grandville, qui mettait le journal à jour depuis l’ouverture des états généraux, et qui contenait même des résumés historiques des anciennes assemblées, états généraux, notables, etc. Les 32numéros qui avaient paru du 24 novembre à la lin de l’année furent refondus dans l’Introduction, avec des changements et des augmentations. Le tout forme le 1er volume du

journal, qui portait alors pour titre : Gazette nationale ou Moniteur universel. Ce ne fut qu’au lor janvier 1SLI qu’il fut borné à ca dernier titre, sous lequel il est plus généralement connu.

Ce journal magistral et vraiment unique a fait bien du chemin depuis le temps où Joseph Panckouoke le lançait hardiment sur les flots orageux de la Révolution. Ce libraire avisé montra d’ailleurs un vrai génie pour ussurer l’avenir de sa création. Du premier coup, il trouva la note qui convenait a ce journal minotaure, destiné à dévorer tous les autres, du moins à les voir s’éteindre autour do lui. Il le créa, officieux (comme on ditaujourd’hui), c’est-à-dire ami et complaisant du pouvoir existant. Le maître alors, cela était assez visible, surtout pour le froid et clair regard d’un homme d’affaires, le maître, ce n’était plus le roi ni les petites factions do cour, c’était la Révolution, formidable nourrisson qui vagissait ses premiers cris. Le Moniteur fut donc révolutionnaire comme on l’était alors, exactement, pas une ligne au delà, dans la nuance précise et dans le ton. De plus, il lui donna les développements que ne pouvaient avoir les journaux de discussion, de passion et de combat, et un format bien dépassé depuis, mais qui paraissait alors si gigantesque, que le cousin Jacques, en ses fuctuins, 1 appelait Journal Patagon, et qu’une feuille royaliste, lo Journal de ’ta cour et de la ville, terminait une pièce satirique contre l’imposante gazette par ce vers :

Avec trois Moniteurs on fait un paravent.

Un autre journal lui faisait aussi le reproche

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natfd’.être «del’avis de tout le monde.» C’était précisément ce qu’avait voulu Panckoucke, car c’était « tout le monde » qui commençait a régner. Les historiens du Moniteur ont dit qu’il s’était seulement donné pour mission d’enregistrer, non de discuter ; qu’il avait. pris pour règle de conduite le précepte de Quintilien : Scribitur ad narrandum, non ad probandum. Erreur ! il a toujours discuté, toujours prouvé, mais constamment au bénéfice de c*eux qui, à l’heure présente, étaient les plus forts. Le fait de la puissance était pour lui sacré. I ! a tout vu s’éteindre autour de lui, les républiques et les empires, il a pu se croire éternel, destiné à enterrer tout, à survivre à tout et, dans le cours de sa longue vie, il a été successivement, avec une noble et tranquille platitude, royaliste, feuillant, fayetliste, girondin, montagnard, maratiste, robespierriste, sans-culotte, hébertiste, thermidorien, directorial, consulaire, impérialiste, bourbonien, philippiste, etc., etc.

Sur les ruines du monde, plus impassible que le juste d’Horace, il aurait encore chanté les louanges du gouvernement et célébré les dépositaires quelconques de l’uutorité.

Il a lui-mémo donné le type de l’officieux, élevé déjà à une haute perfection, dans une lettre adressée par un de ses principaux rédacteurs à Robespierre et dans laquelle ce scribe impayable se vante, avec une servilité chaleureuse, d’avoir fidèlement tronqué, mutilé tes discours des adversaires et donné une grande étendue aux autres. On peut voir cette pièce dans le rapport de Courtois sur les papiers de Robespierre.

C est cette stratégie, peu morale, mais prévoyante, qui a permis au Moniteur de traverser toutes les tempêtes de l’histoire sans jamais sombrer et de paraître doué d’une espèce d’immortalité. Ce léviathan, se gonflant et «’agrandissant toujours, témoin sceptique et imperturbable des élévations et des chutes, est resté en effet unique en Bon genre et n’a d’analogue dans aucune histoire et dans aucun pays.

Le Moniteur fit faire de grands progrès au compte rendu des séances de l’Assemblée nationale, qui ne se composait jusqu’alors que de résumés souvent informes et toujours incomplets. Dans l’origine, cette partie du journal n’avait pas beaucoup plus d’importance que dans les autres feuilles. Mais une combinaison ingénieuse aida Panckoucke à combler cette lacune. La tribune des journalistes n’existait pas encore, et ceux qui voulaient rendre compte des séances, quand ils n’étaient pas représentants, devaient se confondre dans la foule et prendre à la hâte quelques notes au milieu de l’agitation. Malgré là difficulté d’un pareil travail, quelques publicistes intrépides bravaient les obstaoles et, parmi eux, un jeune homme qui devait devenir un des dignitaires de l’Empire, Maret, depuis duc de Bassano. À partir de septembre 1789, il publia un Bulletin de l’Assemblée nationale qui eut beaucoup de succès. Panckoucke, toujours à la piste des éléments de réussite, proposa à Maret de l’associer à fa rédaction du Moniteur, en consacrant à cette feuille son compte rendu des débats législatifs. Le jeune publieista se chargea de ce service, l’organisa et le dirigea d’une manière remarquable jusqu’à la fin de la Constituante. Les autres rédacteurs, du moins les principaux, étaient alors : La Harpe, Garât, les deux Lacretelle, Andrieux, Ginguené, Rabaut- Saint- Étienne, Lenoir - Laroche, Thuau - Grandville, Trouvé, Peuchet. de Marcilly, Méjan, Grouvelle, Berquin (1 Ami des enfants), etc.

On voit de quels hommes distingués se composait la rédaction. Beaucoup d’ailleurs, parmi ceux qui, plus tard et successivement, tinrent la plume dans cette feuille célèbre, avaient occupé ou occupèrent les plus hauts emplois politiques ou administratifs.

Soutenu par le talent de cette pléiade de publicistes et de littérateurs, habilement et fortement organisé, le Moniteur ne tarda pas à prendre le premier rang dans la presse et devint comme le tableau et l’immense registre de toutes nos vicissitudes politiques. Malgré sa versatilité, il n’en est pas inoins, comme le dit avec raison M. Hatin (Histoire de la presse), « le répertoire le plus vaste, le plus curieux et le plus complet de l’histoire de ces dix mémorables années, le miroir le plus fidèle de la Révolution, et un recueil indispensable à consulter pour quiconque voudra la connaître. Il y a une foule de pièces originales, soit sur lus opérations

olitiques, soit sur les travaux des assemlées, que l’on ne trouve que là. »

Rien de plus exact, et il n’est pas possible d’étudier 1 histoire du temps sans avoir co vaste recueil sous la main. Ajoutons, toutefois, qu’en raison même de son inféodation aux puissances du jour il a très-souvent besoin d’être complété par d’autres documents.

Au lendemain de Brumaire, Bonaparte, qui se connaissait en serviteurs, jeta un regard favorable sur cette feuille mieux disciplinée qu’un suldat, et d’un souffle l’éleva au.rang de journal officiel. À partir du 1er nivôsa an VIII, placé sous la surveillance du ministre Maret, l’un de ses anciens rédacteurs, dirigé par Sanvo, qui succéda à Jourdan, la Moniteur fut divisé en deux parties, l’une politique et officielle, intitulée Actes du gouvernement, soumise chaque jour au contrôle < ?tù

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