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trente-six ans. De son premier mariage avec 1 archiduchesse d’Autriche Léopoldine (1817), il avait eu un fils, dom Pedro II, et trois filles, dofia Maria, reine de Portugal, Januaria, qui épousa le comte d’Aquila, et Francisca, qui devint la femme du prince de Joinville. De son second mariage avec Amélie, fille du prince Engène Beauharnais (1829), il avait eu une tille, Marie-Amélie. Ce prince était doué d’une vive intelligence et d’une vigueur corporelle peu commune, mais il était en même temps dominé par des passions impétueuses. Son extrême vivacité, ses caprices, ses prédilections pour ses favoris, le scandale de sa liaison avec la marquise de Santos avaient fini par lui aliéner les sympathies des Brésiliens. Il avait de remarquables dispositions pour les arts, pour la sculpture, surtout pour ia musique, et il cultivait la poésie.

Pedro (oedrk dk), fondé au Brésil par l’empereur dom Pedro 1er. Il est encore aujourd’hui le premier ordre de ce pays et ne se donne qu aux personnes souveraines. La décoration consiste en une croix à cinq rayons émaillés blanc, garnie d’une étroite bordure enor, avec une boule d’or à chaque pointe. Elle repose sur une étoile enflammée en or qui remplit les cinq angles. Le milieu de l’étoile blanche est un écusson rond, entouré de deux filets étroits en or, séparés par un large cercle bleu foncé avec ces mots ; Funda dor do imperio do Brazil. Au milieu se trouve un phénix en or, qui a sur sa poitrine d’argent le chiffre en oïP.I (Pedro 1er) et qui tient dans ses serres une couronne antique. La croix est surmontée d’une couronne impériale en or et attachée à un largo ruban vert moiré, avec une bordure blanche. Il se porte en écharpe de droite à gauche. La plaque qui reproduit la croix de l’ordre se place sur la gauche de ia poitrine.

PEDRO II (Jean-Charles-Léopold-Salvador-Bibiano-Francisco-Xavier do Paula-Leocadeo-Michel-Rafael-Gonzago de Alcantara,

bom), empereur du Brésil, né à. Rio-Janeiro le 2 décembre 1825. Il est fils du précédent et de l’archiduchesse Léopoldine, morte en 1826. Il n’avait pas encore six ans lorsque, son père ayant abdiqué (7 avril 1831), il monta sur le trône et eut pour tuteur l’ancien chef du parti démocratique, Bonifacio Joze de Andrada e Sylva, exilé en France depuis 1823. Les premières années du règne du jeune prince furent très-agitées par les luttes des partis. Bien que, par son passé, Andrada offrit les plus grandes garanties aux partisans de la liberté, il devint bientôt suspect au parti populaire, fut contraint de donner sa démission et se vit de force arraché du palais impérial. Le conseil de régence prit alors la tutelle de dom Pedro et la conserva jusqu’au 23 juillet 1840, époque où, avant l’âge légal, ce prince fut proclamé majeur. La dissolution des cortès, qui suivit cet acte, fut l’occasion de troubles dans plusieurs provinces. Les partisans de la république fédérative se soulevèrent et soutinrent contre le général Caxias, commandant des-troupes impériales, une lutte qui se prolongea surtout dans la province de Minas-Geraes et qui se termina enfin, en 1842, par la défaite du sénateur José Feliciano à San-Lucia. À partir de ce moment, le jeune empereur put régner en paix dans ses États. Le 18 juillet 1841, il s’était fait couronner et, le 30 mai 1843, il épousa Thérèse-Christine-Marie, Mlle de François Ier, roi des Deux-Siciles. Do cette union sont nés deux fils, morts au berceau, et deux filles, dont l’aînée, la princesse Isabelle, née en 1846, est l’héritière présomptive de la couronne et a épousé le comte d’Eu, fils du duc de Nemours. Prince libéral et éclairé, dom Pedro a affermi le gouvernement constitutionnel au Brésil, oùj adoptant une maxime célèbre, il règne mais ne gouverne pas. Son aptitude pour les affaires, sa modération, la largeur de ses idées, son goût pour le progrès, le soin qu’il a toujours mis à faire respecter le régime parlementaire lui ont conquis l’estime et l’affection des Brésiliens. Grâce à sa sagesse, la plus grande liberté règne au Brésil, où l’on publie 57 journaux républicains sans qu’aucun d’eux ait jamais été poursuivi. Mais s’il tient à laisser le pays se gouverner librement lui-même, si dans la sphère purement politique il a pris à tâche de s’effacer, il n’a pas moins exercé une influence considérable sur les affaires du pays, par les efforts constants qu’il a faits pour développer la prospérité agricole et industrielle du pays et son influence dans l’Amérique du Sud. En 1850, il abolit la traite des noirs, puis il aida Uiquiza à renverser le dictateur Rosas, obtint la libre navigation de la Plata et un accroissement du territoire au sud de ses États, puis visita, en 1860, toutes les régions de son vaste empire, pour se rendre compte de leurs besoins, Voulant supprimer dans ses États l’odieuse institution de l’esclavage, il se déclara ouvertement pour la cause de l’affranchissement, poussa les grands propriétaires à entrer dans cette voie, et pour faciliter cette mesure, pour donner à l’agriculture les bras qui lui manquaient ; il favorisa l’enrôlement de 6,000 coolies chinois, puis obtint des grands propriétaires des règlements plus équitables, des contrats de parceira ou métayage, car les anciens propriétaires d’esclaves usaient envers les affranchis et les immigrants dfes mêmes procédés qu’avec les esclaves.

Poursuivant son oeuvre, il fit présenter aux

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Chambres, en juin 1870, des projets de loi ayant pour objet d’abolir en principe l’esclavage, mais d« le maintenir temporairement en déterminant le mode suivant lequel les esclaves s’élèveront graduellement à la liberté. Ces lois furent votées le 28 septembre 1871.En 1867, dom Pedro avait ouvert la navigation de l’Amazone aux navires de toutes les nations. DelS65à 1870, il eut à soutenir, de concert avec la république Argentine et Montevideo, une guerre acharnée contre l’intrépide Lopez, président de la république du Paraguay (v. Lopez), et cette guerre valut au Brésil quelques accroissements de territoire. En 1871, dom Pedro partit pour l’Europe afin de se rendre compte de la civilisation de ses principaux États et des améliorations qu’il pourrait introduire au Brésil. Au mois de décembre 1871, il se rendit k Paris, où il fit un assez long séjour, et visita avec soin nos établissements scientifiques, littéraires et industriels. On le vit assister aune séance de l’Académie, puis se rendre à la Société de géographie dont il est membre depuis 1868. Depuis son retour au Brésil, dom Pedro a fait proposer aux Chambres des projets de loi ayant pour objet de développer 1 instruction primaire, d’établir do nouvelles voies ferrées et de réformer la loi électorale de façon qu’elle devienne, dit-il, « l’expression authentique du vœu popufaire » (mai 1873).

PEDBOLINO, type de valet dans la comédie italienne. Cemasque, quiparutsur lascène dès 1547, est le prototype du Pierrot français. La troupe des Gelosi, de 1576 à 1604, exhiba un grand nombre da fois le valet Pedroiino. C’est un type très-complexe, mais « ce qui le caractérise surtout, a dit M. Maurice Sand, c’est son honnêteté ; • son destin est d’être souvent l’amoureux préféré de la soubrette Franceschiiia, qui, par complément, reçoit les hommages de Pantalon d’abord, puis d Arlecchino, puis de Burattino. Pedroiino est quelquefois le mari de Franceschina ; alors, cocu et repentant, il reconnaît ses torts et demande un pardon qu’il n’obtient qu’à grand’peine. Valet da la galante Flaminia, Pedroiino refuse héroïquement de faire parvenir ses billets doux a son amant Orazio ; Flaminia et Orazîo l’injurient, le traitent d’entremetteur j le pauvre enfariné rougit sous sa farine et va pleurer, dans le sein d’Arleeohino, sur la perte de sa bonne réputation. Pedroiino n’est pas brave ; ayant à se venger d’Arlequin, il arrive armé jusqu’aux dents devant son adversaire, qui l’attend tenant en arrêt une barre de porte. Ainsi placés, ils s’injurient très-haut, comptant qu’on viendra les séparer. Le capitan vient en effet se mettre entre eux deux ; alors eux de se frapper avec acharnement, mais c’est sur le capitun que tombe cette grêle de coups. Pedroiino, comme de raison, est un effroyable gourmand, un mangeur qui n’a d’égal au théâtre qu’Arlecchino et Burattino ; or, c’est une scène d’une mimique exquise que celle où Arlecchino apporte à Pierrot, de la part du capitan, un plat de macaroni. Pedroiino tout en larmes dévore silencieusement ; Arlecchino attendri se met à pleurer et à manger. La scène devient d’un lugubre irrésistible quand Burattino, qui passe, sent son cœur se fendre et allonge ses larmes et sa main dans le plat. « Vous baiserez les mains au capitan de ma part, ■ dit Pedroiino ; et, triste, Arlecchino sort en léchant le plat. Pedroiino a sas jours de joie : il est fort gai quand, s’habillant en femme, il se fuit enlever par le capitan ; ou quand, ornant Pantalon d’un semblable, costume, il ménage entre cette dame improvisée et le docteur un rendez-vous amoureux dans lequel les deux mystifiés finissent généralement par s’assommer. Pedroiino, paysan italien, devint Pierrot, paysan français. Sous son nouveau costume et dans sa nouvelle nationalité, il nous échappe. On le retrouvera à son nouveau nom, dans ce dictionnaire.

PEDBOPOLIS, ville du Brésil, à 60 kilom. da Rio-Janeiro. Agréablement située au milieu d’une longue vallée délicieuse, au sommet des montagnes boisées de Estrella, à 2,700 pieds au-dessus du niveau de la mer et près des sources de la rivière do Piabanho, cette ville, dont le climat est tempéré, a une population flottante de 6,000 hab. en hiver, de 10,000 kt5,000 en été. Quand la fièvre jaune se montre à Rio-Janeiro, Podropolis devient le centre d’une émigration considérable, qui va y chercher un abri contre les atteintes de l’épidémie. L’empereur dom Pedro va résider

dans cotte ville pendant les fortes chaleurs. On y trouve une maison do santé renommée.

PEDKOTTI (Carlo), compositeur italien, né en 1816 à. Vérone, ville dans laquelle il donna en 1839 son premier opéru, /.tua. De l’Italie M. Pedrotti passa en Hollande, où il séjourna cinq ans et donna, en 1844, la Figlia dell' Arciere, puis revint à Vérone, où, l’année suivante, il ht représenter Romeo di Mon forte, qui obtint un certain succès. Six ans plus tard, en 1851, il donna Fiorina, puis fit jouer au théâtre de La Scala, à Milan, Il Parruechiere délia Itegenza, Gelmiim et Geuovefa di Brabante. En 1856, nous le retrouvons à Vérone, OÙ il fait représenter Tutti in marchera, opérabouffe en trois actes qui obtint un grand succès en Italie, fut traduit en français et représenté, en 1869, au théâtre de l’Athénée, à.Paris, soils le titre : les Masques (voir ces mots). M. Fétis juge ainsi ce compositeur ; « Pedrotti, dit-il, appartient à la nombreuse caté PEEL

gorie des faiseurs d’opéras italiens qui, dans l’espace de plus do vingt ans, n’ont cas produit un seul ouvrage dont on se souvienne et ont laissé régner Verdi sans rival sur toutes les scènes. •

PEDRUSI (Paul), numismate et jésuite italien, né à Mantoue en lC44, mortà Parme en 1720. Il devint directeur du collège de Parme et fut chargé en 1680, par le duc de cette ville, de faire le catalogue des médailles de la riche collection Farnêse. C’est alors qu’il commença l’important travail publié sous le titre de : J’Césari in oro, argeuto, medaglioni, etc., raccotti nel Farnese Museo (Parme, 1694-1727, 10 vol. in-fol.)t dont les huit premiers volumes sont de lui. Les deux derniers ont été rédigés 1 par Piovene.

PEDUM s. m. (pé-domm— mot lat., dérivé de pes, pedis, pied). Autiq. rom. Sorte de bâton en forme de crosse, qui était l’attribut de plusieurs divinités champètres.

— Moll. Nom scientifique du genre houlette.

— Encycl. Le pediim servait aux pâtres pour embarrasser les jambes des bestiaux lorsque ceux-ci se sauvaient. Il avait à son extrémité un fer de pique fixé avec un cercle de euivr-e. Dans les monuments grecs, le pedum est constamment le signe de la vie pastorale ; aussi le voit-on dans les mains de Paris, d’Atys, de Ganymède, de Pan, des dieux réduits à la qualité de bergers comme Apollon, des faunes, des satyres, des bacchantes. Les chasseurs se servaient pour tuer le lièvre d’un instrument assez analogue appelé lugobolon. Ce bâton noueux et recourbé fut en usage non-seulement chez les Grecs, qui lui donnaient le nom de kalaurops et de korynè, c’est-à-dire massue, mais aussi chez les peuples de l’Italie, quand Rome fut fondée. Le berger Faustuhis, qui éleva Rornulus et Rémus, porte toujours le pedum. Romulus se serait même servi du bâton des pâtres pour tracer le plan de Rome sur le sol. Depuis ce temps, il fut consacré par la religion et servit aux augures. On lui donna dans les cérémonies religieuses le nom de lituus, par lequel on désignait aussi un instrument à vent qui était recourbé. C’était même déjà une question, dans l’antiquité, de savoir lequel des deux, du bâton augurai ou de l’instrument à vent, avait donné son nom à l’autre. Toutefois, les Etrusques, à qui les Romains ont emprunté leurs cérémonies religieuses, possédaient à la fois le titvUs augurai et le tiluus instrumental. Le lituus fut le signe des fonctions augurales, comme le pedum était celui de la vie pastorale. On le trouve sur les plus anciennes médailles romaines, comme insigne du souverain pontife. Les empereurs qui s’étaient attribué le pontificat firent mettre le lituus sur leurs médailles. Quelques écrivains ont cru que l’usage du bâton recourbé en crosse des évêques venait du lituus des augures ; mais il dérive directement du pedum. Lesévêques étaient les pasteurs du troupeau des fidèles, de même que l’image favorite sous laquelle les premiers fidèles se représentaient le Christ était celle du Bon Pasteur. Cependant le bâton pastoral primitif était presque droit ; il avait seulement une légère courbure. La crosse, avec son enroulement semblable à celui du lituus, est plus moderne. Les’bâtons épiscopaux sont cités dans les titres du temps de Charles le Chauve ; mais fa crosse qui passe pour la plus anciennement figurée sur un monument est celle de Camullianus, évêque deTroyes, sur le portail de l’église Sainte-Marie de cette ville.

PEEBLES, ville d’Écosse, ch.-l. du comté de son nom, au confluent de la Tweed et de l’Eddleston, à 35 kilom. S. d’Édimbourg ; 3,000 hab. Fabrication de bonneterie et’île draps. La Tweed divise Peebles en deux parties, la ville neuve et la ville vieille, que réunit un pont de cinq arches d’une haut© antiquité. Cette ville n’est ni commerçante ni industrielle ; l’hôtel de ville est son plus bel édifice. Sa situation sur la route directe de la forêt royale d’Ettrick lui valut l’honneur d’être souvent habitée par les rois d’Écosse ; mais elle n’a joué aucun rôle dans l’histoire. Il Le comté de Peebles ou Twedduie, division administrative du sud de l’Écosse, est compris entre ceux d’Édimbourg au N., de Selkirkà l’E., de Lanarkàl’O. et deDumfries au S. 42 kilom. de longueur sur 32 de largeur ; superficie, 93,312 hectares, dont, un tiers en culture et deux cinquièmes en prairies ; 12,000 hab. Chef-lieu, Peebles. Il est subdivisé en 16 paroisses et envoie un membre à la Chambré des communes. Le sol est montagneux et bien boisé ; les cours d’eau qui l’arrosent sont la Tweed, le Lyne et l’Eddleston. Dans la vallée de la Tweed et des autres rivières, le territoire est très-fertile ; mais vers les sources des rivières il est marécageux et on y trouve un grand nombre de petits lacs. Les prairies y sont nombreuses et excellentes ; aussi élève-t-on dans le comté un grund nombre de moutons, dont la laine est très-estiinée. On trouve dans ce comté quelques mines de fer, de houille, des carrières d’ardoise, de pierre à chaux et de pierre de taille. L’industrie agricole y est plus développée que l’industrie manufacturière ; on y voit cependant quelques fabriques d’étoffes de coton et de laine.

PEEL (George), poète anglais du xvie siècle, né dans le Devonshire vers 1552, mort en 1598. Il étudia à Oxford et vint à Londres, où il fut poète de la cité et directeur des so PEEL

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lennités publiques. Il fit représenter plusieurs pièces de théâtre qui eurent un grand succès. Sa vie dissolue ne le rendit pas moins célèbre, et il mourut des suites de ses débauches. Ses ouvrages dramatiques sont : le Jugement de Paris (15S4) ; Édouard /<*’ (1593) ; le Moi David et la belle Bethsabée (1599) ; le Conte des vieilles femmes ; la Bataille de l’Alcasar, etc. La versification de ces pièces est harmonieuse, mais on y trouve peu d’invention, une médiocre peinture des caractères, un goût marqué pour le fantasque et l’extravagant. Outre son théâtre, on lui doit quelques ouvrages en vers depuis longtemps oubliés, un poëme sur la guerre de Troie, l’/Tonneur de la jarretière déployé, la Polyhymnia, etc. Ses œuvres ont été recueillies et publiées à Londres (1828-1839, 3 vol. in-8°). Une petite brochure, publiée après sa mort et intitulée The merrie conceited jesls of George Peele (les Joyeusetés et tours plaisants de George Peele), le montre sous les traits d’un franc vaurien.

PEEl. (sir Robert), manufacturier et homme politique anglais, né en 1750, mort en 1830.11 appartenait à un© famille nombreuse et près-que sans fortune. Doué d’une rare aptitude pour les affaires, il entra en 1773, comme associé, dans une immense, manufacture de coton, à Bury (Lancashire), puis en fonda une autre à Tamworth, et fut le premier qui appliqua en grand les machines à cette industrie. Il réalisa bientôt d’énormes bénéfices, acquit de grandes propriétés et se maria en 1783. Devenu membre delà Chambre des communes, il y.siégea jusqu’en 1820 et vota constamment avec le parti tory. Peel obtint un bill pour la limitation des heures de travail en faveur des enfants dans les manufactures, eut une grande part à la réunion définitive de l’Irlande à l’Angleterre et, iorsqu’en 1798 une souscription fut ouverte pour faire la guerre à la France, il donna 250,000 fraucs. Il reçut, en 1800, le titre de baronnet. Grâce à son habileté et à sa sagacité dans les affaires, sir Robert Peel, qui n’employait pas moins de 15,000 ouvriers, laissa à sa mort une fortune de 60 millions. II avait eu onze enfants, dont l’aîné fut un des plus grands hommes d’État de l’Angleterre.

PEEL (sir Robert), célèbre homme d’État anglais, lits aîné du précédent, né à, Chambey-Hull, près de Bury, comté de Lancastre, ’ le 5 février 1788, mon k Londres le 2 juillet 1850. Son père le fit d’abord élever sous ses yeux, puis l’envoya au collège d’Hurrow, où il eut pour condisciple lord Byron. Dans ses Mémoires, l’illustre poète avoue que, pour l’éducation classique, Peel était de beaucoup son supérieur. Au sortir du collège d’Harrow, le jeune Robert se rendit à l’université d’Oxford, où il eut les plus brillants succès. Il obtint en effet le premier rang dans les lettres et dans les mathématiques, ce qui ne s’était point vu jusque-là. Dès qu’il eut vingt et un ans, il fut nommé membre de la Chambre des communes par un bourg pourri d’Irlande, Cashel, qui comptait vingt électeurs. Robert Peel alla siéger auprès de son père dans les rangs des tories (1809). Durant le cours de cette année, il paria peu. Doué de qualités plus solides que brillantes, il montra une grande aptitude aux affaires et au travail, un esprit réfléchi, cherchant à se rendre compte de toutes les grandes questions que depuis son enfance il entendait traiter devant lui par les chefs du parti au. milieu desquels vivait son père. En 1810, il se mit soudain en évidence, en prononçant au sujet de l’adresse un discours qui fit sensation. «J’avais toujours dit, s’écria son père après l’avoir entendu, que cet enfant-là ferait honneur à sa famille. » Robert Peel ne devait pas tarder à justifier, et au delà, le3 prévisions paternelles. Devenu une des espérances du parti tory, il fut nommé, à vingt-deux ans, sous-secrétaire d’État de l’intérieur et, en 1812, secrétaire pour l’Irlande. Par la sévérité dont il fit preuve dans ces fonctions, Peel s’attira la haine des Irlandais et les attaques d’O’Connell. « Il établit la loi martiale en Irlande, dit M. John Lemoinne, et y fonda la police municipale qui a gardé son nom. Et cependant on peut croire que ce fut à cette époque qu’il acquit une connaissance approfondie des besoins de l’Irlande et conçut le germe des réformes qu’il devait projeter plus tard pour ce triste pays et qu’il n’a pas eu le temps d’accomplir. «

En 1817, un siège de député étant devenu vacanf à Oxford, la célèbre université choisit pour la représenter son ancien élève, qui comptait parmi les partisans les plus actifs du protestantisme et de l’orangisme. L’année suivante, il se démit de ses fonctions en Irlande et prit part avec une grande autorité aux discussions du Parlement. Nommé, en 1819, président d’une commission chargée do délibérer sur la restriction du privilège de la Banque, Robert Peel attacha son nom à l’une des trois grandes mesures qui marquent sa carrière politique. En entrant dans cette commission, qui comptait parmi ses membres

Canjiing, lord Castlereagh, Mackintosch, etc., Robert Feel était hostile à la reprise des payements en espèces, contre laquelle il avait voté en 1812. Mais, dans le cours de la discussion, il en arriva à changer complètement d’opinion et, persuadé qu’il s’était trompé jusque-la, -il n hésita point, comme il devait toujours le faire plus tard, à abandonner ses propres idées et les idées de son parti pouc