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rit depuis mars jusqu’en juin, souvent même dès le mois de janvier, si elle se trouve sur un talus bien abrité et exposé au midi, et refleurit quelquefois à l’automne. Fréquemment et depuis longtemps cultivée dans les jardins, elle a produit plusieurs variétés à fleurs doubles, à fleurs blanches, à feuilles diversement panachées de blanc, de jaune ou de blanc jaunâtre.

La grande pervenche est une plante rustique, qui s’accommode de tous les sols et de toutes les expositions, mais réussit mieux dans les situations fraîches ou humides et ombragées. On peut la propager de graines, semées aussitôt après leur maturité ; mais ces graines sont rares, et leur levée est lente, difficile et même capricieuse ; aussi ce mode est peu usité. Un moyen bien plus facile et plus expéditif, et par suite le plus fréquemment employé, consiste à la multiplier par éclats de pied ou par traces, qu’on plante à la distance de 0m,50 environ et qui reprennent très-vite, quelquefois même naturellement ; cette opération peut se faire depuis l’automne jusqu’au printemps, autant que possible par un temps humide et pluvieux. La plante n’exige plus ensuite que les soins ordinaires, quelques légers binages et sarclages, des arrosements par les temps de grande sécheresse j on peut, si l’on veut, palisser ses rameaux.

« La grande pervenche, disent MM. Vilmorin, est une excellente plante pour la décoration des jardins, et particulièrement des parties ombragées, fraîches et même humides. Elle convient aussi tout spécialement pour orner les clairières des bois, le bord des allées des parcs, les haies et les massifs ombragés. Elle fait en outre très-bien sur les rocailles, les grottes, les cascades, le bord des ruisseaux, sur les talus et les terrains en pente, etc., particulièrement à l’exposition du nord ; on devra donner la préférence à la variété à feuilles panachées lorsqu’il s’agira de rocailles, talus, terrains en pente et lieux secs. Lorsqu’on la cultive dans les plates-bandes, on est dans l’habitude de supprimer les tiges stériles et couchées ; on obtient ainsi un plus grand nombre de tiges droites et fertiles qui forment touffe et qui fleurissent plus abondamment. Cultivée dans des vases suspendus à l’ombra et entretenus humides, la grande pervenche et surtout sa variété panachée font très-bien. Leurs rameaux feuilles conviennent aussi pour la garniture des vases d’appartement. »

Cette plante est usitée en médecine ; on emploie ses jeunes pousses et surtout ses feuilles, que l’on récolte avant la floraison. Elles se dessèchent facilement et ne perdent rien de leurs propriétés. La grande pervenche est inodore dans toutes ses parties ; sa saveur, amère dans la plante fraîche, devient astringente pur la dessiccation. Les feuilles sont riches eu tannin ; on leur a attribué des propriétés astringentes qui les ont fait recommander contre l’épistaxis ; il suffisait pour l’arrêter, à ce qu’on croyait, de mettre deux ou trois de ces feuilles sous la langue. Son infusion était vantée contre les fleurs blanches, les hémorragies, l’hématurie, la dyssenterie chronique, etc. Associée à la racine de roseau et additionnée d’un peu de sulfate de potasse, elle constitue un remède populaire que les femmes emploient pour arrêter la sécrétion lactée, surtout quand elles veulent sevrer leurs enfants. La pervenche a été préconisée encore contre les inflammations de la luette et des amygdales, les maladies de poitrine, les esquinancies, les coups et blessures, les fièvres, etc. Elle est faiblement purgative et diaphorétique. Elle entre dans le faltrank ou vulnéraire suisse ; autrefois on en préparait une conserve, une eau distillée, un extrait, etc. La médecine homeopathiuue l’emploie, mais rarement.

Les feuilles de la pervenche renferment assez de tannin pour précipiter la glaïadine ou matière albumineuse des vins blancs qui tournent au gras. D’après J. Bauhin, si l’on met une quantité suffisante de ces feuilles dans un tonneau de vin trouble, on le rétablira eu quinze jours, surtout si on l’a soutiré préalablement. Cette même propriété les a fait employer quelquefois pour le tannage des peaux. La pervenche a aussi des applications moins matérielles et plus poétiques. Regardée comme le symbole de l’innocence et de la pudeur elle sert encore, dans plusieurs pays, à parer la tombe des jeunes filles ; en Flandre, on la semait sous les pas des jeunes mariés, à la sortie de l’église. On sait que cette plante a été célébrée par Mme de Sévigné et par J.-J. Rousseau.

La petite pervenche est aussi vivace et diffère de la précédente en ce qu’elle est deux fois plus petite dans toutes ses parties ; elle s’en distingue encore par ses tiges stériles radicantes à la base, ses feuilles un peu coriaces et non ciliées, ses pédoncules plus longs, son calice à divisions courtes et glabres et ses fleurs d’un bleu plus foncé. Elle croît dans les mêmes localités et est encore plus commune. Elle a produit de nombreuses variétés, à fleurs simples ou doubles, blanches, violacées, rouges ou pourpres, et à feuilles panachées de blanc ou de jaune. Cette plante se cultive de la même manière que la grande pervenche et s’emploie aux mêmes usages horticoles ; elle sert surtout à orner les rocailles, à faire des bordures dans les parterres, ou des tapis verts persistants sur les terres en pente ou sous les arbres à feuilles caduques. Ses applications médicales sont aussi exactement pareilles. On l’emploie en médecine vétérinaire ; la poudre de ses feuilles, associée à l’éthiops, se donne aux chevaux affectés de la morve.

La pervenche moyenné intermédiaire aux deux précédentes, croît dans le midi de l’Europe. La pervenche herbacée, qui habite l’Europe orientale, est cultivée dans les jardins pour la beauté et la précocité de ses fleurs, d’un bleu violet foncé. La pervenche naine ou à petites fleurs croît dans l’Inde, où on l’emploie en embrocations sur les reins, contre le lumbago. La pervenche rose ou du Cap, aujourd’hui type du genre lochnère, est un arbuste à feuillage d’un vert gai et à fleurs d’un beau rose vif, blanches ou mêlées de blanc ou de rose, suivant les variétés. Originaire des Antilles, elle est répandue dans nos serres ; on la cultive même en plein air, mais comme annuelle. C’est une des plantes les plus recherchées dans les marchés aux fleurs.

PERVENCHÈRES, bourg de France (Orne), ch.-l. de cant., arrond. et à 15 kilom. S.-O. de Mortagne ; pop. aggl., 186 hab. — pop. tot., 902 hab. L’église paroissiale, construction de plusieurs époques, est surmontée d’une flèche très-élancée. Aux environs, sur une colline, s’élèvent les ruines du château de Vauvineux, dont les parties les plus importantes sont deux tours, l’une ronde, l’autre polygonale ; à l’intérieur, on voit encore de vastes salles et de belles cheminées.

PERVERS, ERSE adj. (pèr-vèr, èr-se — proprement renversé, tordu, corrompu, participe passé passif de pervertere qui est formé de per et de vertere, tourner, et de la racine sanscrite vart, qui signifie proprement tourner, d’où aussi le gothique wairthan, allemand werden, lithuanien wereziu, russe werezu, etc., tourner. V. version). Méchant, dépravé ; qui se porte volontairement ou naturellement au mal : Un homme pervers. Un enfant pervers. Une âme perverse. Si les âmes honnêtes ne peuvent pas se confédérer contre les hommes faux et pervers, qu’elles se liguent du moins en faveur des gens de bien. (Barthél.) Un cœur vicieux peut revenir à la vertu ; un esprit pervers ne se corrige jamais. (Chateaub.) Les cœurs pervers n’ont jamais ni de belles nuits ni de beaux jours. (J. de Maistre.) Il n’y a pas de tyran aussi artificieux, aussi pervers, aussi cruel que les factions. (Royer-Collard.)

À ces mots, l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire,
Et non l’homme, on pourrait aisément s’y tromper).

La Fontaine.

|| Qui a un caractère de perversité, de méchanceté : Conduite perverse. Opinions perverses. Conseils pervers. Il faut des expériences répétées pour réduire certains politiques à reconnaître que tout ce qui est pervers n’est pas habite. (Prévost-Paradol.)

— Substantiv, Personne perverse : Quel est le fardeau des pervers ? C’est le besoin. (Boss.)

Le juge prétendait qu’à tort et à travers On ne saurait manquer, condamnant un pervers.

La Fontaine.

Les injustices des pervers
Servent souvent d’excuse aux nôtres ;
Telle est ta loi de l’univers :
Si tu veux qu’on t’épargne, épargne au moins les autres.

La Fontaine.

Syn. Pervers, corrompu, dépravé, etc. V. CORROMPU.

PERVERSEMENT adv. (pèr-vèr-se-manrad. pervers). Avec perversité, d’une manière perverse : Encourager perversemknt le vice.

PERVERSION s. f. (pèr-vèr-si-on — lat. perversw ; de pervertere, pervertir). Changement de bien moral en mal moral, corruption de ce qui est moralement bon : la perversion des cœurs et des esprits.

— Dérangement, trouble qui donne à certaines fonctions une fausse direction : La perversion de l’appétit est fréquente chez les femmes grosses. La perversion des intérêts conduit à leur destruction.

PERVERSITÉ s. f. (pèr-vèr-si-té — lat. perversttas ; de perversus, pervers). Caractère de ce qui est pervers : La perversité rend les hommes insociables. (Boss.) La perversité sociale est à la fois le principe et la fin du machiavélisme. (Beauehéne.) Le dernier terme de la perversité sociale est la fausseté. (Pouqueville.) Quand un homme est parvenu à ce point de corruption de n’avoir pas même la conscience de sa perversité, il n’y a plus à compter sur lui. (Merlin de Douai.) L’esclave antique est l’égal de son maître en culture, en malice, en perversité. (Michelet.) La perversité d’un acte doit être jugée par la nature même de l’acte. (J. Favre.)

Trop de perversité règne au siècle où nous sommes,
Et je veux me tirer du commerça des hommes.

Molière.

|| Caractère de ce qui est pervers : J’ai reconnu la perversité de ses intentions.

— Action perverse : Tant de perversités auront leur châtiment.

PERVERTI, IE (per-vèr-ti, î) part, passé du v. Pervertir. Rendu pervers, corrompu moralement : Un cœur perverti. Des mœurs perverties. Le naturel le plus heureux est souvent perverti par l’impression que fait un mauvais exemple. (Fléch.) L’intérêt ne passionne exclusivement les peuples que lorsque leur sens moral est profondément perverti, (P. Lanfrey.) La spontanéité de la masse, de plus en plus mêlée de raisonnement, s’est pervertie. (Proudh.) Le christianisme perverti refait un épicurisme qui n’est plus le même après qu’auparavant, et qui se sent de la hauteur de sa chute. (Ste-Beuve.)

— Troublé, détourné de son action propre ; dérangé dans son fonctionnement normal : Ordre perverti.

PERVERTIR v. a. ou tr. (pèr-vèr-tir — lat. pervertere, renverser, corrompre, formé du préf. per, et de vertere, tourner). Faire changer moralement de bien en mal : Les suggestions flatteuses des méchants ont toujours perverti les intentions louables des meilleurs princes. (Mass.) Les institutions de prévoyance abaissent et pervertissent le caractère moral d’une nation. (A. Guyard.) Il n’y a pas d’âme honnête que l’amour « e puisse pervertir. (St-Marc Girard.)

— Troubler l’ordre naturel, le fonctionnement régulier de : Pervertir l’appétit. Pervertir le goût. L’homme pervertit souvent les choses à son usage. (Chateaub.) Les gastralgies et toutes les maladies nerveuses pervertissent le goût. (Maquel.) Une vie de dérèglement et de mollesse donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût. (Ste-Beuve.)

— Dénaturer : Pervertir le sens d’un passage. Les Anglais ont perverti toutes les voyelles ; ils les prononcent autrement que toutes les nations. (Volt.)

Se pervertir v.’pr. Être perverti : Le goût change avec te temps ; mais changer, ce n’est pas se pervertir. (Rigault.)

— Devenir pervers : Les hommes peuvent être corrigés, puisqu’ils peuvent se pervertir. (Du clos.)

Syn. Pervertir, corrompre, dépraver, etc. V. CORROMPRE.

PERVERTISSABLE adj. (pèr-vèr-ti-sa-ble — rad. pervertir). Que l’on peut pervertir, qui peut être perverti : Toute âme est pervertissable.

PERVERTISSEMENT s. m. (pèr-vèr-ti-senian — rad. pervertir). Action de pervertir ; état de perversion ; Le pervertissement des mœurs.

PERVERTISSEUR, EUSE s. (pèr-vèr-tiseur, eu-ze — rad. pervertir). Personne qui pervertit : Les rois sont des pervertissëurs oe peuples.

PERVINCA s. f. (pèr-vain-ka — nom lat. de la pervenche). Bot. Ancien nom du genre pervenche, appliqué aujourd’hui plus spécialement à l’une de ses divisions.

PÉRYCYPHE s. m. (pé-ri-si-fe). Bot. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des chalcidiens, réuni aujourd’hui au genre ormyre.

PÉRYMÉNION s. m. (pé-ri-mé-ni-on — du gr. péri, autour ; umên, membrane). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des composées, tribu des sénècionées, comprenant des espèces qui croissent au Mexique.

PÉRYPHE s. m. (pé-ri-fe — du préf. péri, autour ; uphos, lilet). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentanières, de la famille des carabiques, tribu des subulipalpes, comprenant près de quatre-vingts espèces, la plupart européennes.

Encycl. Lespéryphes, confondus autrefois avec les bembidions, s’en distinguent surtout par leur corselet toujours cordiforme, plan, avec un enfoncement de chaque côté de la base ; les sept premières stries sont ordinairement presque entières. Ce sont généralement des insectes de moyenne ou de petite taille, les plus grands ne dépassant guère la longueur de 0m.01. Ils présentent des couleurs luisantes, pâles, bronzées ou variées. Ce genre renferme un assez grand nombre d’espèces, dont la plupart habitent l’Europe. Ils fréquentent les bords sablonneux des fleuves et des torrents et courent avec beaucoup d’agilité. Le péryphe brûlé est de couleur sombre, bronzée ; ses élytres, qui sont couverts de stries ponctuées, ont leurs bords pâles et ondulés ; il est très-commun aux enviions de Paris. Le péryphe des rochers se rencontre aussi dans les mêmes localités.

PESADE s. f. (pe-za-de — rad. peser). Manège. Air relevé dans lequel le cheval lève le devant sans avancer, tenant les pieds de derrière ferme à terre sans les remuer, en sorte qu’il ne fait point de temps avec les hanches, comme dans tous les autres airs : On se sert de la leçon de la pesade pour préparer un cheval à sauter avec plus de liberté et pour lui gagner le devant || Pesade de chèvre, Pesade dans laquelle le cheval ne plie pas les jambes de devant, et aussi Pesade trop haute, dans laquelle il joue de l’épinette avec les jambes de devant.

PESAGE s. m. (pe-za-je — rad. peser). Action de peser ou manière de peser : Le pesage de l’or. Une méthode de pesage.

— Sport. Action de peser les jockeys, pour ajouter à la charge des chevaux montés par des écuyers trop légers. || Enceinte de pesage, Lieu où l’on pèse les jockeys.

— Anc. coût. Droit payé par les marchandises pesées au poids public.

— Encycl. Econ. rur. Depuis que l’agriculture est assise sur des bases rationnelles, on s’est constamment préoccupé d’obtenir un moyen d’évaluation exact pour toutes choses. Autrefois, on s’en rapportait au coup d’œil, pour tout en générât, et, pour les animaux domestiques, en particulier, aux maniements. Plus tard, on a tour à tour préconisé divers procédés de mensuration qui tous se résumaient en ceci : déterminer la longueur ouïe périmètre d’une région du corps pour arriver à la connaissance, soit du poids vif, soit du degré de développement d’un animal. Nous allons passer en revue les principaux procédés de mensuration qui ont eu chacun leur vogue, bien que leur exactitude soit souvent très-contestable. En général, la mensuration fut un progrès sur l’estimation à vue d’œil. Elle a mis en évidence, ce qui était connu déjà, la nécessité d’avoir, non-seulement le poids vif de chaque bête, mais encore le poids mort de la chair nette. La vente se tait, en effet, à tant te kilogramme, non pas du poids vif, mais des quatre quartiers. En théorie, la mensuration pouvait aisément passer pour un procédé exact ; il est facile d’aligner des chiffres en partant des mêmes données. Mais ce sont précisément ces données qui varient dans lui pratique et qui, par suite, donnent naissance à des erreurs aussi nombreuses qu’inévitables. Matthieu de Dombasle a proposé une méthode de mensuration qui a longtemps joui d’une grande vogue. Elle consistait à prendre la mesure du périmètre du thorax pour obtenir le poids net. Pour cela, il avait imaginé un cordon divisé d’un côté en mètres et en centimètres, depuis 1m,81 jusqu’à 2m73, et portant de l’autre les nombres indiquant le poids net correspondant à chacune des divisions métriques obtenues sur le thorax. Or, ce poids net augmente dans une proportion variable et successivement, dans le rapport de 1 à 6, de 1 à 7, de 1 à 8, de 1 à 10, de 1 à 12 et de 1 à 13. Ces indications étaient à peu près suffisantes pour la raca bovine, à laquelle elles s’appliquaient. Mais, quand on a voulu en faire usage pour d’autres races, les résultats ont toujours été plus ou moins entachés d’erreurs. On a bien remarque, en effet, que le poids de la viande est eu rapport le plus souvent avec le périmètre du thorax ; cette indication est bonne, mais elle n’est pas la seule dont il faille tenir compte. La longueur du corps ne doit pas être négligée ; on le comprend facilement, du reste. De deux animaux présentante même circonférence thoracique, celui qui aura le corps te plus long donnera nécessairement plus de viande.

C’est ce qu’a parfaitement compris M. Quetelet, directeur de l’observatoire de Bruxelles ; d’après lui, on arrive à déterminer le poids net d’un animal en prenant la circonférence de la poitrine, en arrière des coudes, et en mesurant la distance qui sépare le bord antérieur de l’épaule de la pointe de la fesse. On ajoute un dixième représentant le poids de la tête et des membres. Il ne reste plus alors qu’a obtenir le cube du cylindre ainsi mesuré. Chaque décimètre cube représente un kilogramme de viande. Pour faciliter les calculs, M. Quetelet a formé des tables où une colonne horizontale donne les longueurs possibles du corps de l’animal et une colonne verticale les diverses circonférences. Les chiffres indiquant le poids net se trouvent au point de jonction des deux colonnes. De même que la méthode Dombasle, la méthode Quetelet est sujette à des erreurs, moins importantes, il est vrai, mais qui, pour un bœuf gras, peuvent aller quelquefois jusqu’à 30, 40 et 30 kilogrammes. D’un autre côté, cette dernière méthode est assez peu pratique. Sur les marchés, par exemple, il est rare qu’on puisse y avoir recours ; car c’est là surtout qu’il faut agir promptement. Cependant son usage est quelquefois possible au moyen des tables dont nous venons de parler. Mais il est un autre procédé de mensuration autrement exact et utile, dont l’emploi sa généralise aujourd’hui dans toutes les fermes bien tenues, c’est le pesage. Les bascules à bestiaux, mises par l’industrie à la portée de tous, offrent au cultivateur toutes les facultés désirables et lui permettent de lutter avantageusement avec le coup d’œil expérimenté des bouchers qui viennent acheter ses bestiaux, il est vrai que la bascule ne peut servir qu’à la ferme. Sur les marchés, la méthode Quetelet pourra fournir au besoin d utiles indications. La bascule a un autre inconvénient ; elle ne donne que le poids brut ; une fois celui-ci exactement connu, il faudra en déduire, par approximation, le poids marchand vrai, celui des quatre quartiers. Mais le plus grand avantage de l’emploi de la bascule ne consiste pas dans la facilité qu’il donne de connaître la valeur de l’animal au moment de la vente. Le pesage est surtout utile au point de vue de la comptabilité agricole, dont il doit toujours être ta base. Or, une chose trop peu connue de nos jours, en France, c’est que la comptabilité est la base d’une bonne culture. Sans elle on va au hasard. C’est la chance, an réalité, qui dirige l’exploitation. La chance, un mot vide de sens, joue néanmoins plus de rôle qu’on ne pense dans toutes les affaires humaines. Un tel réussit, un autre succombe ; pour la plupart, c’est la chance qui le veut ainsi. Un tel se plaint, parce qu’il a échoué dans une entreprise mal combinée, de n’avoir pas eu de chance. Et dans le fond de nos campagnes, que d’heurs et de malheurs attribués à la chance ! En réa-