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bill, une parole terrible fut prononcée. Comme résumé de ses convictions sur les résultats définitifs de ia loi des pauvret, un des membres de la Chambre des communes, M. Bouverie, s’écria d’une voix émue : « Si vous n’y prenez garde, la pauvreté mangera la propriété, i

Mais la cause du mal, comme nous l’avons dit, est dans le paupérisme ; elle n’est pas dans la taxe des pauvres, qui a été, au contraire, une digue mise au courant, une satisfaction première donnée à. l’humanité et à la justice. Mais cela ne suffit pas. Les hommes intelligents et prévoyants de l’Angleterre l’ont bien compris, et, au lieu de se perdre en lamentations stériles, ils se sont mis h l’œuvre pour attaquer le mal dans sa source et en rechercher le remède, qui ne peut pas ne pas exister.

Droit des pauvres. On appelle ainsi l’impôt établi sur les revenus des spectacles, des concerts et autres établissements analogues et dont le produit est affecté aux besoins des hospices et des bureaux de bienfaisance, d’après une répartition faite par les préfets et sous-préfets. Ce droit, dont le taux a varié, est, depuis 1872, de 9 1/î pour 100 pour les théâtres, opéras, spectacles quotidiens ou semi-quotidiens ; panoramas, théâtres pittoresques et mécaniques ; les établissements où sejouentles pantomimes, les scènes équestres et les représentations d’actions héroïques ; les salles de curiosités et d’expériences physiques, marionnettes, concerts quotidiens. Les lois du 8 thermidor an V et du 15 juillet 1840 ont soumis au prélèvement du quart de la recette brute : les bals publics donnés dans un théâtre ou ailleurs, les concerts non. quotidiens, courses et exercices de chevaux non quotidiens, et exercices de corde. On a également soumis à ce même droit du quart de la recette les produits des billets d’entrée donnant droit à des consommationsd’une valeur égale à la totalité ou à une partie de leur, prix. Ce droit est encore dû dans les lieux publics où l’on entre sans payer, mais où se trouvent des danses, des jeux et des concerts pour lesquels des rétributions sont exigées par voie de cachet ou d’abonnement. Le droit des pauvres ne se prélève pour tes loges louées à l’avance que sur le prix de l’abonnement et non aux prix de location pour une seule soirée. L’augmentation du prix des billets dans les "représentations à bénéfice est exempte du droit, mais a condition que ces représentations aient lieu en faveur d’artistes y ayant droit à raison de leurs engagements où à propos de leur rétraite, ou encore lorsqu’elles sont données à leur profit ou à celui de leur veuve ou de leurs enfants, à raison de la position dons laquelle ils se trouvent. En dehors de ces cas, la taxe est assise sur la totalité du prix. Les privilèges et entrées ’ gratuites accordées aux actionnaiz-es d’un théâtre sont passibles de la taxe. La perception en est opérée soit par bail à ferme, soit par régie intéressée, soit par abonnement. C’est ce dernier mode qui prévaut dans les départements. Les contestations auxquelles la perception peut donner lieu doivent être décidées par les conseils de préfecture sur l’avis motivé des comités consultatifs établis dans chaque arrondissement pour le contentieux des biens des pauures et des hospices. Les décisions des conseils de préfecture dotvent être exécutées pr’ovisoirement, sauf recours au conseil d’État. Les poursuites nécessaires au recouvrement de ce droit se

font comme en matière de contributions directes ou indirectes. S’il y a lieu de décerner une contrainte, cette conirainte doit être décernée par la régie ou la fermier. Mais elle ne peut être mise à exécution qu’après autorisation du préfet. Les administrations charitables, n’ayant aucun privilège sur le mobilier des redevables ni sur les objets servant à l’exploitation, ont tout intérêt à exiger que les prix convenus dans les traités par abonnement soient payés dans des délais très-rapprochés. Aussi ne manquent-elles pas de

prendre cette précaution. La recette, étant le gage de l’administration charitable, peut bien être saisie par les créanciers de l’établissement, mais aucun denier ne doit en être distrait avant le prélèvement du droit des pauvres. Il n’y a pas très-longtemps que ce droit à Paris était perçu directement. Au début.de notre siècle, des tarifs ainsi conçus étaient aflichés à la porte de la Comédie-Française : premières loges 6 fr. 60, dont 6 fr. pour le théâtre et 0 fr. 60 pour les pauvres ; parterre 2 fr. 20, dont 2 fr.- pour ie théâtre et 0 fr. 20 pour les pauvres, etc. L’encombrement qui se produisait à l’entrée des théâtres décida l’administration à réunir les deux bureaux en un seul, et l’entrepreneur de spectacle fit dès lors acte de perception pour son propre compte et pour le compte de l’impôt hospitalier. Il sera facile de se l’aire une idée de l’importance du droit des pauvres, si l’on considère que les recettes brutes dans les établissements soumis à sa perception ont dépassé, pour Paris seulement, dix-nuit millions on 1863, et atteint, en 1864,16 chiffre total de 16,748,976,89 fr. Il faut ajoutera cette somme la taxe que l’administration de l’assistance publique a émis la prétention de prélever sur les billets de théâtre, dits billets d’auteur, jusqu’alors affranchis du droit des pauvres, prétention qu’est venue confirmer un arrêté du conseil de préfecture de la Seine en 1864,

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L’origine du droit des pauvres remonte à une époque fort éloignée. ■ Dans son principe, dit M. Marc Pournier, il fut la dîme de rachat payée à l’Église par ceux qui, en montant sur les tréteaux, faisaient œuvre de paganisme et de perdition. Le droit dès pauvres est un impôt essentiellement clérical. • Un arrêt du parlement de Paris ordonna, en janvier 1541, aux confrères de la Passion « de bailler aux pauvres la somme de 1,000 livres tournois, saufaordonnerplusgrandesomine.il Sous Louis XIV, les capucins, les cordeliers, les augustins, etc., adressèrent au roi placets sur placets pour obtenir des redevances sur le produit des représentations. À les entendre, c’était un moyen’de purifier les recettes des comédiens, que l’Église excommuniait. Le moyen, comme on le voit, était topique ; Par ordonnance de 1699 renouvelée en 1701, un impôt s’élevant au sixième de la recette brute quotidienne fut prélevé ■ à l’entrée des opéras et comédies » au profit del’Hôpital-Général de Paris. Une ordonnance du 5 février 1716 ajouta à ce sixième un neuvième de la recette, non plus au profit des hospices en général, mais au profit seul de l’Hôtel-Dieu de Paris. Ce neuvième, du reste, ne servit nullement aux pauvres. Il fut employé à la publication d’un Traité de ta pntice écrit par un nommé Delamarre, dont la sœur éttiit prieure de l’Hôtel-Dieu. Les directeurs de théâtre réclamèrent avec une grande vivacité, L’Opéra obtint, par ordonnance du 10 août l"2l, de ne payer la dune des pauvres qu’après le prélèvement de ses frais de représentation. En 1736, le bienfait de ce dégrèvement s’étendit aux autres théâtres et, pour couper court aux querelles qui pouvaient naître de ce terme élastique « les frais de représentation, » une ordonnance accorda pour

ces frais une somme de 300 francs par soirée aux comédiens français et italiens. Lorsque d’Argenson arriva au pouvoir, il décida qu’à l’avenir la dîme des pauvres ne serait plus payée par les théâtres ; mais il revint presque aussitôt sur cette mesure. La Révolution, qui, en toutes choses, substitua aux préjuges etaux abus de l’ancien régime les idées de justice, qui rendit au comédien sa dignité d’homme et de citoyen, abolit l’impôt cjui frappait l’industrie des théâtres le 6 août 1789. Comme l’a fort bien remarqué M. Marc Pournier, la révolution, dès qu’elle apparaît, tue la taxe ; la réaction, dès qu’elle se montre, la rétablit. La loi du 27 novembre 1796 fit en effet revivre et généralisa le droit des pauvres. Le décret du 9 décembre 1809 mit définitivement hors de la loi commune les théâtres en déclarant, par son article i«r, que « les droits qui ont été perçus jusqu’à ce jour en faveur des pauures et des hospices en sus de chaque billet d’entrée et d’abonnement dans les spectacles, etc., continueront à être indéfiniment perçus. » Au lendemain de la révolution de février 184S, on réduisit le droit à l pour 100 de la recette brute ; mais, lorsr qu’on fit l’expédition de Rome, on rétablit l’impôt dans toute son intégrité. En 1864, parut le décret sur la liberté des théâtres. « L’abolition des privilèges faisant rentrer l’industrie des théâtres dans le droit commun, dit M. Marc Pournier, ce qui, à la rigueur, pouvait se comprendre lorsque le droit d’exploiter un théâtre était un droit privilégié accordé k Certaines personnes et à de certaines conditions ne se comprenait plus dès que la dîme ne représentait plus le prix d’une faveur. Eh bien 1 malgré cela, on fut assez illogique, commercialement parlant, pour maintenir 1 impôt tout en abolissant le.privilège, c’est-à-dire pour conserver la charge tout en supprimant la prérogative. » Malgré les vives réclamations des directeurs dô théâtre, l’impôt continua à être perçu a 10 pour 100 jusqu’à la révolution de septembre 1870. Le droit des pauvres fut alors abaissé à 3 pour 100 ; mais au mois de septembre 1871, sur les réclamations de l’assistance publique, il fut élevé à 6 pour 100, puis, à partir du 1er janvier 1S72, k 9 1/2 pour 100.

Le 1er avril de la même année, ce droit fut étendu aux théâtres de la banlieue de Paris, sur lesquels il ne pesait pas jusqu’alors.

Depuis la révolution de 1789, les partisans du droit des pauvres n’osent plus arguer de l’indignité du théâtre et des comédiens. Ils disent seulement que le théâtre étant une institution de plaisir, il est juste.de le frapper d’un impôt destiné à soulager la misère. Soit, répond-on ; mais alors pourquoi ne pas frapper du même impôt tous les établissements de plaisir ? Est-ce que les restaurants, les estaminets, les commerces de liqueurs, etc., sont soumis au droit des pauvi’es ? Et là pourtant on vend du plaisir, et du plaisir qui n’a pas même l’excuse d’être littéraire. En province, le droit des pauvres se perçoit presque partout dans un abonnement conclu à l’amiable et qui n’est jamais bien lourd à supporter. Il en est de môme à Paris pour les cnfés-concerts, qui font une si rude concurrence aux théâtres. Pourquoi une pareille mesura ne s’applique-t-elle pas aux directeurs de théâtres parisiens ? Depuis de nombreuses années, ces directeurs ont réclamé avec autant d’énergie que de justice contre un état de choses ruineux. Qu’est-ce que le droit des pauvres ? Un impôt sur le chiffre des affaires d’une certaine classe d’industriels se livrant à leurs risques et périls à une exploitation commerciale essentiellement aléatoire. Or, quelle est l’industrie qui

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pourrait tenir si le fisc exigeait chaque soir, en argent comptant, 9 1/2 pour 100, non pas sur les bénéfices nets, mais Sûr la recette brute ? s’il l’exigeait même alors que cette recette brute ne couvrirait pas les frais et laisserait encore, comme il arrive souvent, une place énorme a la perte ? Tel. directeur de théâtre, qui est obligé de déposer son bilan au bout d’un an ou deux d’exercice, n’a été ruiné en réalité que par l’impôt spécial et monstrueux qui frappe son industrie. « Si le riche doit au pauvre, écrivait en 1835 Jacques Arago, c’est l’Hôtel-Dieu qui doit aux théâtres, et non les théâtres qui doivent à l’Hôtel-Dieu. Donc les théâtres ne sont pas débiteurs, mais créanciers ; et, en mettant les choses au plus juste, ils ne sont ni créanciers ni débiteurs, et, de par la loi, ils ne doivent pas faire l’aumône. ■ Pendant longtemps, les directeurs ont protesté contre le bien fondé de l’impôt qui les frappe ; puis, voyant qu’ils n’obtiendraient rien sur ce terrain, ils ont admis le principe même de l’impôt, mais en demandant qu’on en revînt à l’ordonnance de 1736, qui prélevait l’impôt, comme il est de toute justice, non sur la recette brute, mais sur les bénéfices constatés, car rien de plus injuste que le prélèvement d’un impôt sur une recette qui ne couvre pas les frais. Dans un mémoire adressé au conseil municipal de Paris en juin 1873, les directeurs de théâtre de cette ville, après avoir exposé leurs griefs, ont proposé diverses solutions à, la question du droit des pauvres. Ils ont demandé notamment, soit qu’on réduisît l’impôt h 5 pour 100 et qu’on l’étendu à. tous les établissements de plaisir, particulièrement aux cafés-concerts, soit qu’on leur appliquât le système de l’abonnement. On établirait par avance une

moyenne des frais présumés du théâtre et de ses recettes possibles, et le directeur payerait sur ce chiffre général tant pour 100, qu’il solderait par douzième le premier de chique mois. S’il ne payait pas 1 impôt, son théâtre Serait fermé. Par ce moyen, on supprimerait les frais de perception élevés qui incombent à l’assistance publique, forcée d avoir chaque soir des contrôleurs dans tous les théâtres.

— Allus. littér. La pauvre homme 1 Excla ■

ination des plus edmiques, que fait entendre Orgon dans la scène v du premier acte du Tartufe : Orgon arrive de voyage et il sa fait rendre, compte par Dorine, la suivante de sa femme, de ce qui s’est passé pendant son absence. Dorine lui dit que sa femme a été malade ; ■ Et Tartufe ? • demande Orgon avec inquiétude ; Donne le satisfait sur ce point et donne d’excellentes nouvelles de ce cafard gros et gras : > Le pauvre homme ! » s’écrie Orgon.

Ces deux exclamations : Et Tartufe ! le pauvre kommet qui reviennent à chaque reprise, donnent une physionomie éminemment comique à cette scène célèbre. En quelques traits, le grand peintre de mœurs a esquissé tout le caractère d’Orgon et donné la mesure de l’engouement imbécile qu’il a pour soiî.protégé. On sent tout de suite que les meilleurs arguments, les preuves les plus convaincantes n’auront pas do prise sur son esprit, et qu’il faudra, pour lui ouvrir les yeux, employer, comme on dit, les grands moyens.

Voici, d’après un commentateur, une aneedocte qui a fourni à Molière le trait qui fait tout le prix de cette scène inimitable :

« Pendant la campagne de 1662, Louis XIV, en se mettant a table, dit un soir à Péréfixe, évêqùe de Rodez, son ancien précepteur, qu’il lui conseillait d’en aller faire autant : c’était jour de jeûne. Le prélat dit en se retirant qu’il n’avait qu’une légère collation & faire. Une personne présente ayant souri, le roi voulut en savoir ie motif ; la rieur dit que Sa Majesté pouvait être tranquille sur le compte de M. de Rodez, et il fit un détail exact du dîner de l’évêque, dont il avait été témoin. A chaque plat recherché qu’il nommait, le roi s’écriait : « Le pauvre homme ! ■ variant à chaque fois l’inflexion de sa voix. Molière, qui assistait à cette scène, en fit son profit et la rappela au.roi lorsqu’il lui fit la lecture des trois premiers actes du Tartufe. »

De sérieuse qu’elle était de la part d’Orgon, cette plainte est devenue ironique dans l’application ;

■ Vous êtes heureuse d’avoir votre cher mari en sûreté, loiti de l’armée, et n’ayant d’autre fatigue que de voir toujours votre chien de visage dans Une litière ; le pauvre homme !HélasI il me souvient qu’une fois, en revenant de Bretagne, vous étiez vis-à-vis de moi ; quel plaisir ne sentais-je point de voir toujours cet aimable visage ? »

Mme DK SÉVIGNÉ.

RUYSSINOUS.

.... Mais à propos, vous savez la nouvelle : Quélea vient d’acheter pour une bagatelle, [francs. Pour moins que rieu, enfin pour deux cent mille ]>e ses deniers bénis le cliatunu de Coaflana.

VILLÈLE.

Le pauvre homme, !

FEAVSSIMOU3.

Et moi, grâce aux charges qu’on me laisse. Par des clercs affamés je vois piller ma caisse. Baiithélesit et Mért.

« L’Assemblée nationale avait eu la délicatesse d’inviter Louis XVI à fixer lui-même

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sa liste civile : il lui demanda 25 millions. Le pauvre.homme ! Quatre députés seulement osèren t, dans le vote par assis et levé, refuser une somme si exorbitante. »

Alph. Esqwros.

a Oh ! dites-moi, s’écriait M"1» de Mointenon, si le sort de cette petite paysanne n’est pas préférable au mien- ? »

En écoutant de la bouche de M^e de Maintenon ces doléances royales et en se rappelant son point de départ du passé, on sa prend parfois à dire en souriant comme dans le Tartufe : « La pauvre femme ! la pauvre femme ! » Mais après l’avoir entendue un peu plus longtemps, on finit par le dire sérieusement avec elle. >

Sainte- Bkdvb.

< Non content de saluer dans lo cardinal Dubois « une physionomie politique do l’ordie le plus élevé », M. Capefigue veut forcer notre admiration et nos louanges en faveur du travailleur infatigable, du bénédictin « faible, maladif, obligé de se nourrird’herbes bouillies, et réservant ses rares loisirs pour recueillir les livres précieux, les elzévirs, les tableaux des maîtres, les statues grecques et romaines. » Le pauvre homme ! Mais si Dubois fut sobre, on sait généralement à quoi s’en tenir sur la nature et l’origine de son régime. »

G. d’Hogues.

« Connaissez-vous ce gros ventru qui s’avance pesamment et majestueusement ? Pour moi, je ne le commis pas, mais son aplomb doit être millionnaire. Un mendiant s’approche de lui : « La charité ! — Je n’ai pas de monnaie. » C’est vrai, ma foi ; jene vois dans sa poche que de l’or, des pièces de dix sols et la carte de son déjeuner, montant à vingt-sept francs. Le pauvre homme ! •

PllSRRE VÉRON*.

— Bienheureux le» pauvres d’cBprif~ V*

BEATI PAUPISRES SPIRITU.

Pauvre Heurt (un), poème du minnesinger Hœrtmann de i’Aue (xno siècle), réédité en dernier lieu par M. Mùller (Gœttingue, 1S42, in-S"). Ce poetne est une histoire tout intime, émouvante, quoique bien bizarre. Un noble seigneur est atteint de la lèpre ; aucun médecin ne peut le guérir, uul.remède ne le soulage. Il a visité tous les pays et consulté tous l« savants ; enfin il arrive à Salerne : là un illustre docteur lui dit qu’il existe un moyen da le sauver, mais un moyen tout à fait impossible. Le seigneur insiste ; enfin le docteur lui dit qu’il faudrait avoir le sang d’une vierge qui consentirait à mourir pour lui. Désespéré et reconnaissant 4’impossibilité d’un pareil remède, le seigneur retourne dans son château. Las de la vie, il distribue ses domaines entre ses parents et se retire chez un vassal, un pauvre fermier ; là, il vit oublié avec ses misères, soigné et plaint par ses fidèles serviteurs. Le fermier a une jeune fille de douze ans qui prend surtout le seigneur en affection ; sa tristesse inconsolable l’inquiète, elle en demande la cause, et quand elle apprend par quel moyen on pourrait la dissiper, elle n’a plus qu’une idée, celle de se sacrifierpour son maître. En vain ses parents et le chevalier lui-même cherchent à la détourner de co projet, elle dépérit et tombe malade, et il ne reste plus qu’à faire sa volonté. Le seigneur se met donc en roule avec elle pour retrouver le médecin de Salerne ; celui-ci hésita longtemps et représenta à la jeune fille toutes les horreurs de la, mort qu’elle va subir. Elle n’en persiste pas moins, et les apprêts lugubres commencent. Le chevalier, qui voit la jeune fille toute nue sur la table de l’opérateur et qui admire sa beauté, s’oppose alors au sacrifice. Il s’en retourne avec elle, et en route un miracle se produit ; le ciel a eu pitié de tant d’amour, et te seigneur est guéri à Rome. Il épouse sa vassale et vit heureux avec elle de longues années encore. Ce poème curieux avait déjà été publié par Grimm en 1815 et par Laçhmann en 1835.

Pauvre diable (le), satire célèbre où Voltaire a rois tout son esprit, mais aussi toute sa malice, et qui déborde de verve étiocelante et sarcastique. Le poëte ne la donna point d’abord sous son nom ; il la publia prudemment sous le couvert de Vade, en 1758, et la donna comme une œuvre inédite de cet auteur, mort l’année précédente. Il la dédia ironiquement, sous cette forme, k Abraham Chuuiueix, théologien qui avait violemment attaqué l'encyclopédie :

LS PAUVRE DIABI.S

ouvrage en vers aisés, de feu M. Vadé, mis ea

lumière par Catherine Vadé, sa cousine.

A maître Abraham Chaumeix : « Comme il est parlé de vous dans cet ouvrage de feu mon cousin Vadé, je vous le dédie. C’est mon vade mecum ; vous direz sans doute vade rétro, et vous trouverez dans l’œuvre de mon cousin plusieurs passages contre l’État, contre la religion, les moeurs, etc. j partant vous pouvez le dénoncer, car je préfère mon devoir à mon cousin Vadé.