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— I. Pierres dures. Les pierres dures sont : 10 Le diamant.

2<> Le corindon, substance s laquelle se rapportent le saphir blanc, le saphir rouge ou rubis oriental, le saphir vermeil ou rubis caleédonieux, le saphir jaune ou topaze orientale, le saphir violet ou améthyste orientale, le saphir vert ou émeraude orientale, le saphir bleu chiir ou saphir femelle et le saphir bleu indigo ou saphir mile.

3° L’émeraude, qui se distingue.en : émeraude verte ou du Pérou, émeraude vert pâle ou aigue-marine, émeraude vert bleuâtre ou béryl, émeraude miellée ou jauue de miel, et émeraude blanche.

4° Le rubis ou sptuelle.

5" La cymophane ou chrysobéryl.

6° La topaze.

To L’hyacinthe ou zircon.

8» L’opale.

9° Le grenat.

10<> L’euclase.

— II. Pierres tendres. Ces pierres précieuses, qui n’ont pas assez de dureté pour rayer le cristal de roche, sont :

lo La tourmaline, qui se distinguo en : schorl électrique, émeraude du Brésil, péridot de Ceylan, saphir du Brésil et sibérite.

2" Le eorrîiérite ou saphir d’eau.

30 Le péridot ou chrysolithe, ou olivine.

4° L’idoerase.

50 L’épidote.

6» Le disthène.

7° L’hypetsthène.

80 L’axinite.

9° Le bronzite ou diallage.

10° La turquoise ou calaïte, qui se distingue on turquoise de vieille roche et turquoise 3e nouvelle roche.

110 Le lapis ou laznlite.

lJo Les feldsp’aths {nacré, opalin, vert, bleu), qui ont reçu les noms de pierres de lune, d’argentine, d’œil de poisson, ùe pierre de Labrador, de pierre des Amazones.

13" Le quartz hyalin, qui se distingue en : prime de rubis, cristal de roche, améthyste, saphir d’eau des lapidaires, topaze orientale, topaze enfumée ou diamant d’Alençon, hyacinthe de Compostelle, astérie, œil-de-chat, aventurine, prase.

U° Le quartz-agate, qui se subdivise en : agate rubanée (onyx ou agate xyloïde), calcédoine, sardoine, caeholong, hydrophane.

Les joailliers subdivisent encore ces diverses catégories de pierres en pierres précieuses proprement dites et pierres Unes, et en pierres orientales et occidentales. Lespierres fines sont généralement moins rares et moins dures que Tes pierres précieuses ; elles se rapprochent des pierres précieuses par ta beauté, la couleur, l’éclat, la finesse, mais elles s’en séparent par le poids, la dureté, le poli, le brillant et la transparence.

Les pierres précieuses sont : le diamant, le rubis, l’émeraude, le saphir, la topaze, l’améthyste, le grenat. Les pierres fines sont : l’agate, la sardoine, la cornaline, la calcédoine, le girasol, l’opale, l’astérie, la pierre de lune, l’iris, l’œil-de-ehat, l’œil-du-monde, le cacholong, ta tourmaline, la turquoise, la malachite, le lapis-lazuli, le fluor. Lorsque la texture des pierres est tellement compacte qu’elle leur donne une dureté supérieure qui les rapproche, à cet égard, du diamant, elles prennent le nom de pierres orientales, sans distinction d’origine ; car l’Orient, qui produit, il est vrai, la plupart des pierres dures, en fournit aussi de très-tendres. Les pierres orientales s’emploient dans la joaillerie de luxe et entrent dans la confection des parures et des joyaux, d’un haut prix. Les pierres ou gemmes du second ordre sont appelées occidentales, par opposition aux premières et bien qu’elles proviennent aussi fréquemment de l’Asie. On les emploie soit pour la joaillerie ordinaire, soit pour les arts d’ornement. En langage de lapidaire, on appelle eau ou orient Ta transparence et l’éclat chatoyant des pierres précieuses. La beauté de l’eau d’une pierre en augmente considérablement le prix. Dans son Traité des pierres précieuses, M. Barbot classe les gemmes comme il suit, par ordre de valeur, en faisant remarquer toutefois que la limpidité, la couleur ou les dimensions d’une pierre modifient beaucoup cette valeur : diamant, rubis, saphir, opale, perle, topaze d’Orient, émeraude, turquoise, grenat syrien, béryl, améthyste, jargon, hyacinthe, aigue-marine, péri’dot, vermeille, chrysoliihe, chrysoprase, corail, tourmaline, cristal de roche et tous les quartz hyalins ou opaques. Dans cette nomenclature, on trouve les perles et les coraux, bien qu’ils soient fournis par le règne animal. On les a rangés parmi les pierres précieuses, tant à cause de l’usage qu’on en fait que pour leur composition qui est essentiellement minérale. « La valeur de toutes les pierres précieuses, dit M. Barbot, n’a jamais pu et ne pourra jamais être fixée d’une manière positive, leurs prix respectifs dépendant toujours de leur rareté, de leur beauté et le plus souvent de l’engouement public. Quoi qu’il en soit, le diamant, les perles et les pierres dites orientales varient beaucoup moins dans leurs prix, presque toujours très-élevés. Mais on ne doit pas se dissimuler qu’il faut une longue pratique unie à de profondes connaissances et une grande sùrete d’appréciation pour bien faire avantageusement ce commerce, plus scabreux que ie vulgaire ne pense. De hau PIER

tes relations sont ensuite nécessaires pour le placement des pierres hors ligne, cor, pour celles-ci, ce ne sont guère que les maisons princières ou de riches amateurs qui peuvent s’en rendre acquéreurs. » D’après le même auteur, indépendamment des mineurs qui les découvrent et des intermédiaires qui les placent, plus de 2 millions d’ouvriers dans tous les pays du monde sont employés dans l’industrie des pierres précieuses.

Les pierres précieuses se trouvent dans le sein de la terre, dans le lit de certaines rivières, au sable desquelles elles sont mêlées. Ceux qui les cherchent doivent avoir une grande habitude pour les découvrir à cause de la gangue qui les enveloppe d’ordinaire. Les climats les plus chauds sont généralement les plus propres à leur formation, soit que la chaleur y contribue, soit que le terrain y soit plus approprié ; c’est pourquoi les Indes orientales fournissent les pierres les plus dures et les plus estimées. L’archipel de îa Sonde, particulièrement Bornéo, le Bengale, Golconde, Visapour et le Pégu, ainsi que l’île de Ceylan, en fournissent en abondance. Quant a celles qui sont recueillies dans les autres pays, elles n’ont pas en général la même dureté ni le même éclat.

Il paraît certain que les pierres précieuses ont la même origine que les cristaux. Lorsqu’on les trouve dans leurs matrices ou minières, elles aifectent toujours une figure régulière et déterminée, soit prismatique, soit cubique, soit rhomboiidale.

Les pierres qui se trouvent dans le lit des rivières ou dans le sable sont roulées et arrondies comme les cailloux ordinaires, ce qui prouve qu’elles ont subi un long frottement. On a remarqué que c’est à la suite des fortes pluies que l’on trouve avec le moins de difficulté les pierres précieuses dans le lit des rivières de l’Ile Ceylan, parce que les eaux, se précipitant avec plus de violence dans leur course, les entraînent avec plus de facilité.

Taille des pierres précieuses. La taille des pierres précieuses est à peu près la même pour toutes ; seulement, pour le diamant, on est forcé de cliver afin de l’amener à une forme voulue, tandis que, pour les pierres moins dures, on se sert d’une meule avec de l’égrisée (poussière de diamant), et même quelquefois l’émeri est suffisant. Le tour dont on se sert se compose d’un disque métallique placé horizontalement et tournant avec une grande vitesse ; ce disque est en acier, en fer, en cuivre ou en plomb, suivant les matières à tourner ; on le recouvre près du bord d’un mélange d’huile et d’égrisée ou d’émeri, et c’est sur ce mélange que l’on presse In pierre à tailler suivant l’inclinaison convenable.

Les machines pour tailler, creuser et polir les agates diffèrent de celles qui servent à travailler les gemmes. Le moulin dont on se sert Se compose d’un arbre portant plusieurs grandes meules, qu’un cours d’eau tait mouvoir ; un ouvrier, couché à pïat ventre sur une planche horizontale, appuie fortement, à l’aide d’un bâton court, l’agate sur la meule, qui tourne rapidement et qu’un filet d’eau humecte sans cesse. Ces meules, quisontfaites d’un grès rouge fort dur, sont cannelées sur leur épaisseur, et ces cannelures sont employées avec beaucoup de dextérité par l’ouvrier pour exécuter des ouvrages délicats ou compliqués.

Le poli se donne, ainsi que le fini, à l’aide d’une argile qui n’est que du feldspah décomposé. La taille des pierres précieuses présente toujours des difficultés, parce que l’on tient à, arriver à une régularité qui est essentielle pour multiplier les réflexions et les réfractions de la lumière, par la correspondance des facettes.

On se sert généralement pour y arriver d’un cadran perfectionné ; quant à l’inclinaison de la pierre, on la. règle au moyen d’un quart de cercle. L’opération de la gravure est plus difficile encore que la taille. On esquisse d’abord le sujet à la surface à l’aide d’un diamant, puis on assujettit cette pierre sur une poignée en bois qui facilite le moyen de la tenir dans toutes les positions. On se sert pour ce travail d’un tour formé d’une table, sous laquelle une roue fuit mouvoir une chape montés sur la table. Cette chape soutient un étui dans lequel on fixe tour à tour les divers instruments qui doivent attaquer la pierre k graver.

Lorsque les pierres ont reçu la gravure, elles prennent le nom d’intailles ou de camées, suivant que les liguies sont en creux ou en relief.

Historique des pièces précieuses. L’emploi des pierres précieuses comme objet de luxe ou de mode ne remonte point à la plus haute antiquité ; on ne les trouve guère en usage qu’aux époques où les sociétés commenoentà être policées. Les Asiatiques les connurent dans des siècles au moins très-reculés qu’il serait difficile et peu important do préciser. À Rome, elles étaient tellement rares, que Pline tombe en admiration devant un coffret plein de pierreries qu’avait possédé Scuurus, gendre de Sylla. C’était peut-être le seul écrin remarquable qui ait existé dans la ville républicaine. Quelque temps après, Pompée plaça au Capitole les pierreries de Mithridate qui composaient un écrin bien plus somptueux que celui de Scaurus. On y remarquait

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une grande quantité de rubis, de topazes, de diamants, d’émeraudes, d’opales, d’onyx, pour la plupart montés sur des anneaux, des bagues, des cachets, des chaînes d’or d’un travail exquis. Il était accompagné d’un échiquier avec toutes ses pièces entièrement composées de pierres précieuses incrustées dans l’or ; de trente-trois couronnes en perles ; de la célèbre vigne d’Aristobule, estimée 500 talents (2,400,000 fr.), du trône et du sceptre de Mithridate, de son char, éclatant d’or et de diamants, qui avait appartenu a Darius ; du fameux manteau brodé et garni de pierreries, qui passait pour avoir été celui d’Alexandre. Le diadème et le fourreau d’épée de Mithridate étaient d’une richesse fabuleuse ; le fourreau seul avait coûté 400 talents (1,020,000 fr.). Pompée ne manqua pas d’imitateurs ; César, en quête de popularité^ consacra six écrins à Vénus Génitrix, et Marcellus, fils d’Octavie, en plaça un dans le temple d’Apollon, sur le mont Aventin.

L histoire, en racontant les prodigalités de Oléopâtredans ses orgies avec Antoine, nous apprend que la vaisselle de cette princesse était tout en or et enrichie de pierreries magnifiques. C’est alors que les richesses de l’Orient commencèrent àrefluer vers»Rome et que les fortunes de certains particuliers devinrent immenses. Pline dit avoir vuLollia Paulina, devenue depuis la femme de Caligula, se présenter à un souper de fiançailles toute couverte d’émeraudes et de perles, que le mélange des couleurs rendait encore plus éclatantes. « C’était, ajoute l’écrivain, la dépouille des provinces. » Héliogabale faisait orner sa chaussure de pierres précieuses d’une inestimable valeur, et tous les jours il la changeait, ne pouvant supporter la vue de celles qui lui avaient une fois servi. À cette époque, le luxe n’eut plus de bornes ; d’innombrables pierreries décoraient les vêtements, les coiffures, les bracelets, les agrafes, les ceintures et la bordure des robes.

Pendant le moyen âge, la rudesse des mœurs fit oublier aux hommes l’usage des bijoux ; les chevaliers les laissaient aux femmes dont ils se contentaient de porter les couleurs. Les croisés avaient cependant rapporté beaucoup de pierres précieuses, mais le goût ne s’en établit que très-lentement.

De nos jours ; le costume masculin prête peu à l’addition de pierres précieuses ; celles-ci jureraient avec la sévérité du vêtement ; mais les femmes s’en donnent k cœur joie. On se souviendra, longtemps encore du cadeau fait, en Russie, par le prince Potemkin à ses nièces, les princesses Braniski, Galitzin, et à la comtesse Samolinow, cadeau qui se composait d’une garniture de robe de lûm,66 (15 archines) en fil de diamant. Le prince Èsterhazy, au sacre de la reine Victoria, portait un costume hongrois dont les pierreries firent l’admiration de bien des lords qui menaient la vie la plus opulente. Mais, en général, les pierres précieuses sont surtout entre les mains des souverains, qui en ornent leurs couronnes, leurs diadèmes, leurs manteaux.

V. DIAMANT.

L’éclat, la rareté, le grand prix des pierres précieuses les ont fait de tout temps regarder par le peuple comme des choses surnaturelles ; il n’y a guère plus d’un siècle que, par suite du progrès des lumières, on a cessé de leur attribuer des vertus secrètes et mystérieuses. Les livres d’alchimie, de médecine et de pharmacie du m03’en âge témoignent de ces superstitions singulières que nos aïeux tenaient des Arabes, lesquels les avaient sans doute empruntées aux anciens peuples de l’Inde. On se figurait que ces pierres pouvaient engendrer les maladies, hâter la vieillesse et causer la mort. On croyait qu’elles provenaient du suc distillé des pierres et des métaux précieux ; qu’elles pouvaient se former dans les entrailles des vieux chapons et dans la tète des vieux crapauds ; qu’elles étaient susceptibles de sentiment et de mouvement, à l’instar de 0 l’aimant qui sent le fer et l’attire ou va à lui, « de même que les « astroïtes (pierres magiques) se meuvent d’elles-mêmes dans le vinaigre ou dans le vin, allant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, comme des animaux qui cheminent. » On croyait que certaines pierres orientales rendaient tristes et mélancoliques ceux qui les. portaient et qu’elles agissaient sur les esprits forts au point de troubler leur raison ; que certaines pierres montées en bague faisaient périr ceux qui les portaient ; enfin qu’elles pouvaient enflammer de la paillésur laquelle on en aurait passé. Au xvie siècle, on attribuait encore aux pierres précieuses des vertus secrètes et infaillibles dont nous allons donner une idée.

D’après une curieuse et fantaisiste nomenclature de ces vertus, le diamant est vénéneux : c’est même un poison violent ; bu en poudre, il provoque l’étouffement. Celui qui le porte peut résister aux poisons, aux charmes, aux songes et visions nocturnes incommodes. L’arme de fer que l’on trempe dans do la poudre de diamant pénètre les armures les plus solides. L’auteur ajoute : ■ Pline disait que de son temps le dyainant ne se trouvoit qu aux eabinetz des princes, encores bien rarement ; mais nature, qui est devenue prodigue depuis son siècle, 1 a si bié prophané qu’il n’y a si petite bourgeoise pour le jourd’huy qui n’en aorne ses doigtz. » Le rubis ou escarboucle est un antidote précieux de l’air pestilentiel ; il réconforte l’âme et le corps ; il a la propriété de

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chasser la mélancolie, les décevantes illusions, les songes creux. L’eau dans laquelle il a trompé guérit les animaux ; jeté au milieu, de chnrbons enflammés, il brille encore plus qu’eux. Le saphir, nommmé la pierre des pierres, jouit de propriétés plus merveilleuses encore : il arrête le saignement de nez, au dire d’Avicenne ; il réprime les excroissances près des yeux, selon Dioscoride et Julien ; placé soûs la langue, il désaltère ; il est aiitifiévreux, préserve du mauvais air qui le porte, annihile les venins, guérit de l(i pierre néphrétique et, dans la petite vérole, il sauve surtout les yeux. Il tue promptement une araignée renfermée avec lui. En outre, il raffermit les membres, protège contre les traîtres, les envieux et neutralise les effets du poison ; il guérit de fa peur. Le lait dans lequel on trempe le saphir ferme les blessures. Celui qui le porte doit être chaste et pur ; alors il ne pourra jamais tomber dans la misère.

L’émeraude est la pierre chaste par excellence ; elle a horreur des gens paillards et immondes.. Ainsi un roi de Hongrie avait donné en cadeau it sa femme une bague d’émeraude le jour de ses noces ; le soir, quand il coucha avec sa femme, l’émeraude se brisa de honte. Aristote prétend que, attaché a la tête de ceux qui ont le mal caduc, elle prévient les accès. Broyée et avalée, dit Roby, elle dessèche les humeurs, et, selon Dioscoride, elle guérit les lépreux. Appliquée sur les cuisses d’une femme en couche, elle facilite l’enfantement. En outre, elle fait découvrir le mensonge, donne des idées de vertu, augmente les richesses, préserve du meurtre, sauve dans la tempête. Le grenat a la propriété de rendre l’homme gai, joyeux. Celui qui le porte peut sans crainte affronter tous les périls, traverser tous les dangers ; aucun malheur ne peut l’atteindre. La topaze modère toute idée luxurieuse. Quand le ciel est pur, elle brille ; elle s’obscurcit quand il doit pleuvoir. L’escarboucle, aussi nommée figure, détourne le regard des méchants, rassure l’homme qui tremble ; placée dans la bouche, elle guérit de la jaunisse, de la goutte et du mal d’yeux. Le jaspe neutralise l’effet du poison, étanche le sang des blessures, quand il est appliqué en poudre, guérit de lu fièvre et de l’hydropisie. Il faut le monter en argent. L’agate fortifie la vue, apaise la soif, calme les souffrances du corps, et donne vigueur aux membres. Elle peut rendre invisible et sert beaucoup dans les incantations magiques. Réduite en poudre et bue par les femmes, elle leur procure, selon les Arabes, de nouvelles virginités. La chrysolithe guérit de la peur et peut éloigner le diable ; celui qui la porte doit être vertueux. L’améthyste permet à qui la porte de résister aux fumées du vin et garantit de l’ébriété et des blessures. L’hyacinthe est un préservatif des accidents de la foudre. La turquoise chasse les troubles et les épouvantements du cerveau. L’onyx donne la santé et la beauté ; l’homme qui en songe veut revoir un ami placera 1 onyx a son doigt, et chaque nuit il verra l’objet de ses désirs. Le béryl rend amoureux. Si vous mouillez un malade avec l’eau dans laquelle a trempé cette pierre, il guérit.

À ces pierres on ajoutait encore" l’aimant, substance fort utile aux magiciens. L’aimant donne force et pouvoir, protège contre les mauvais songes, chasse les fantômes et guérit du poison. Il faut le monter en or ou en argent et le porter au bras gauche. Un des livres qui ont le plus contribué k répandre en Occident ces légendes bizarres, c’est le poème latin que Marbode, évêque de Rennes, écrivit sur cette matière diins le commencement du xti» siècle : Marbodi liber lapidum, réimprimé à Gosttingue (1799, in-8»).

Pierres fausses ou artificielles. Ce n’est que de nos jours qu’on est parvenu à fabriquer des pierres tausses imitant avec une étonnante perfection les pierres précieuses, depuis lo diamant jusqu’au péridot. Au commencement de ce siècle, l’Allemand Strass fut amené k fabriquer du cristal assez blanc et brillant pour reproduire les éblouissants jets de lumière que donnent le diamant, la topaze, le rubis, etc. Au moyen de ce verre, qui reçut son nom, Strass fit de faux diamants et, avec diverses substances colorantes, du faux saphir, de la fausse topaze, de la fausse émeraude, etc. (v. Strass). Depuis lors, les travaux de Lançon, de Douhaut-Wieland, do Maréchal, de Bourguignon, de Loysel, de Savary, de Masback, de Berthelot, etc., ont fait faire à cette industrie de tels progrès qu’il faut l’œil le plus exercé pour distinguer une pièce fausse d’une vraie. Mais on ne s’est pas borné là. On a entrepris non plus de faire de simples imitations, mais encore de reproduire artificiellement des pierres précieuses. Le savant qui a fait le plus dans cette voie est le chimiste Ebelmen, dont les premiers essais datent de 1847. Partant de ce fait qu’on peut obtenir un grand nombre de combinaisons sous forme cristalline en dissolvant dans un liquide approprié les éléments de ces combinaisons et en soumettant le tout à l’évaporation spontanée, il eut l’idée d’appliquer le même principe k des dissolvants liquides à la chaleur rouge et volatils seulement à une très-haute température, comme le borax, l’acide borique, etc. Il se servit d’abord pour enfermer ses mélanges do capsules de platine, puis de moufles a, cuire les

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