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villages placés sous son commandement. Le rassemblement ’& lieu sous le grand banian sacré.

A leur arrivée, les chefs des guerriers de chaque village présentent leurs Kanaks arniés au grand chef, qui en passe minutieusement la revuejcaaque guerrier doit être armé d’une hache en pierre de jade, d’une zagaie en bois de fer à pointes dentelées, d’un tomahawk en bois de fer ou de gaîao, d’une fronde en corde d’arara et d’un sae garni de dix pierres de fronde ; ces projectiles ont la grosseur d’un œuf de pigeon et sont pointus ces deux bouts.

Les armes sont portées de la manière suivante : la fronde entoure la tête ; le sac en filet renfermant les pierres est attaché à la ceinture, formée de fibres de cocotier ou de banian ; le tomahuwk ou casse-tête est placé dans la ceinture a gauche avec la hache ; la zagaie est tenue verticalement de la main droite, l’une des extrémités appuyée sur la terre.

Tous les Kanaks sont nus ; les parties naturelles seules sont enveloppées d’un morceau d’étoffe ; les cheveux sont dressés sur le sommet de la tête et maintenus par une bande d’étoffe ; dans les cheveux sont placées des plumes de coq blanc ou d’oiseaux de proie. Le visage et le corps sont peints en noir, rouge et bleu.

Le grand chef et les chefs des guerriers ont les jambes ornées, au-dessous du genou, de cordons en poil de roussette, dans lesquels sont enfilées de petites coquilles d’un blanc de lait nommées ouatiti. La grand chef seul

Ïiorte au bras gauche le débris d’un coquilâge blanc scié en forme d’anneau ; au cou, suspendue par un cordon en poil de roussette, il porte sa grande conque îmarine ; de plus, dans ses cheveux, il met un panache formé de plumes d’aigle et du duvet de cet oiseau.

Après avoir passé tous ses guerriers en revue, le grand chef ordonne les exercices de guerre ; ils commencent par la zagaie, que les Kanaks doivent lancer sur un bambou très-mince planté en terre ; il est rare qu’ils manquent le but, placé à 30 ou 40 pas, plus de S fois sur 10. Vient ensuite l’exercice du tomahuwk ou casse-tête, qui est lancé à la même distance contre un gros bambou planté en terre ; rarement le but est manqué. L’exercice de la hache est un simple simulacre, car il faut ménager le tranchant de la pierre de jade. Les pierres de fronde sont lancées ensuite ; la but est fixé à 100,200 ou 300 pas ; les Kanaks lancent les pierres avec la plus grande vigueur et manquent très-rarement l’objet qu’ils visent ; mais, pour cet exercice, ils se servent des cailloux qu’ils ramassent la long des rivières et ils gardent leurs pierres ovoïdes pour le combat.

La revue et les exercices terminés, un poste, composé des 10 guerriers les plus connus par leur adresse et leur courage, est place pour garder la case du grand cher. La grande pelouse ombragée par l’immense banian sacré est transformée en camp de guerre ; tous les guerriers ont leurs armes à leur portée, un grand silence se fait. Le grand chef monte sur le sommet de sa case et fait une proclamation pour enflammer le cœur de ses guerriers, qui répondent par des acclamations, en brandissant leurs armes. Le grand chef fait distribuer ensuite par les femmes des cocos, des légumes, des fruits et du poisson k tous les guerriers. Immédiatement après le repas, les jeunes gens pubères réputés dignes de cet honneur par leur adresse et leur force recommencent les exercices des guerriers adultes. Sur un signal du grand chef, ils vont ensuite se former sur deux lignes, derrière les femmes placées de la même manière.

Quand le repas des guerriers est achevé, ils sont partagés en deux camps commandés par les deux principaux chefs ; chaque camp se forme sur deux lignes à 10 pas de distance ; l’intervalle entre les deux camps est de 30 ou 40 pas. Le grand chef donne le signal de l’attaque ; les deux premières lignes marchent l’une sur l’autre et s’arrêtent k 10 pas environ : les guerriers des deux partis poussent un long cri et se livrent ensuite k des contorsions horribles, se menacent de leurs armes, évitent les coups simulés qui leur sont portés, et bientôt, l’animation arrivant au paroxysme, on échange de véritables coups. Le grand chef sonne de la trompe : aussitôt le combat cesse comme par enchantement ; la première ligne, dans chaque camp, bat en retraite et, au signal donné, la seconde ligne relève la première. Enfin, lorsque le grand chef voit que la seconde ligne des combattants vient à s’animer comme la première, il sonne encore de la trompe pour taire cesser la lutte ; tous les guerriers se massent alors en face du grand chef devant les femmes et les jeunes garçons ;

11 est bien rare que le grand pilou-pilou de guerre prenne fin sans qu’il y ait des blessés de part et d’autre. Les Kanaks qui ont été atteints sont très-fiers des blessures qu’ils ont reçues.

Le grand pilou-pilou de guerre étant terminé, on boit du lait de coco ; la moitié dés guerriers veille pendant que l’autre va se reposer ; la garde du grand chef reste devant sa case ; des feux sont allumés pour éloigner les moustiques et pour faire cuire les aliments.

Le lendemain, après le lever du soleil, le

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grand chef congédie les chefs des guerriers des autres villages et leur donne Iwdre de SB tenir toujours prêts à marcher au premier signal, c’est-à-dire au premier feu allumé sur la grande montagne.

Le grand pilou-pilou de guerre change d’aspect quand il suit une incursion en pays ennemi ou une victoire remportée sur des tribus voisines. Dans ce cas, il a presque toujours lieu dans un village situé sur une hauteur, au delà d’une rivière, et sur les frontières du territoire ennemi. Généralement, à la fin de ce grand pilou-pilou, les prisonniers sont mangés ; les mains et les pieds sont les morceaux que les chefs se réservent comme étant les plus délicats ; souvent ils envoient à leurs amis, en guise de présents, de semblables morceaux, pour leur faire part de la victoire qu’ils viennent de remporter.

Pilous-pilous de Nouméa et des arrondissements de Bourail, Ouarail et Kanala. A Nouméa, le dimanche ou le jeudi, les Kanaks en résidence dans cette ville demandent au chef du bureau des affaires indigènes l’autorisation de faire un pilou-pilou, pour danser avec leurs femmes, k la lueur, des torches. Ces danses commencent vers huit heures du Soir et durent jusqu’à 10 ou 11 heures ; elles sont souvent mêlées de chants et de cris ; mais ce pilou-pilou donne aux habitants de Nouméa une faible idée d’un pilou-pilou véritable ; les hommes et les femmes sont habillés, ce qui enlève tout le cachet à ce soidisant pilou-pilou.

Bans les chefs-lieux d’arrondissement de Bourail, Ouarail et Kanala, situés les deux

firemiers sur la côte ouest et le dernier sur a côte est de la Nouvelle-Calédonie, les chefs d’arrondissement préparent eux-mêmes leur pilou-pilou et invitent les chefs de l’intérieur k y assister avec leurs tribus ; quelques-uns sy rendent avec plusieurs centaines de Kanaks, femmes et enfants, plutôt pour se gorger des liqueurs et des mets européens que pour célébrer un véritable piloupilou ; néanmoins, ils mettent assez d’entrain dans les danses et les exercices du corps ; mais aucune des coutumes suivies dans l’intérieur pour le pilou-pilou des récoltes n’est observée, pas plus que celles qui sont en usage dans te grand pilou-pilou de guerre. La fête se termine bien avant dans la nuit ; tous les Kanaks couchent dans les chefs-lieux, et le lendemain ils regagnent la plaine ou la mon—tagne, emportant toujours quelques étoffes et des haches européennes, qui sont offertes aux chefs de préférence ; ces présents sont envoyés par le chef du3e bureau du secrétariat Colonial, par ordre du gouverneur, aux chefs d’arrondissement, qui en font eux-mêmes la répartition.

Les pilous-pilous d’arrondissement ont pour but d’attirer les Kanaks de l’intérieur aux chefs-lieux, afin de bien leur faire comprendre qu’ils dépendent des chefs d’arrondissement et qu’ils sont sous la domination française.

Les détails ci-dessus ont été empruntés à un livre, encore inédit, dû à la plume d’un Européen qui a habité la Nouvelle-Calédonie pendant sept années.

P1LPAY ou B1DPÀY, brahmane et gymnosophiste indien, dont le nom signifie médecin charitable, ou littéralement, selon d’autres, pied d’éléphant. 11 vivait, d’après certains auteurs, 2000 ans avant notre ère, d’après d’autres quelques siècles seulement av. J.-C. On n’a que des renseignements fort incertains sur la vie de cet écrivain, qui devint vizir d’un ancien roi de l’Inde, nommé Dabschelim, et fut chargé d’administrer l’empire. On lui attribue un recueil’de Fables en langue sanscrite, dont l’original porte le titre de Pantcha-2’antra (les cinç livres) ; ces fables Jurent traduites au vi< siècle eij pehlvi, par le mage Burzonyèh, puis en arabe, en hébreu, enfin en latin, vers 1262, par Jean de Capoue, sous ce titre : Direciorium vit&, parabolsantiquorum sapienlium. Ces antiques apologues ont été traduits et imités dans presque toutes les langues connues. Quelques savants modernes pensent que leur véritable auteur est Vtchnou-Sarma. Galland et Gaulinin ont traduit en français l’ouvrage de Pilpay sous le titre de : Livre des lumières en la conduite des rois (Paris, 1644, in-S»),

PILS (Isidore-Alexandre-Augustin), peintre français, né à Paris en 1813. Élève de Lethière, puis de Picot et de l’École des beaux-arts, il fut entraîné d’abord par la nature de ses études vers la peinture classique. En 1S3S, il remporta le grand prix de Rome avec une composition bien entendue sur ce sujet : Saint Pierre guérissant les boiteux à la porte du temple. M. Pils partit alors pour l’Italie et y poursuivit avec ardeur ses études pendant cinq ans. De retour en France, il continua, de a’adonner k la peinture religieuse et historique, et exposa plusieurs tableaux. Pendant la guerre d’Orient, il se rendit en Crimée avec nos troupes et, k partir de ca moment, il s’est consacré à peu prés exclusivement k la peinture militaire. Dans cette nouvelle voie, M. Pils a conquis rapidement la réputation et s’est placé au premier rang. Nommé professeur de peinture k l’École des beaux-arts en 1863, il a succédé, en 1867, à Picot comme membre de l’Académie des beaux-arts et a été promu, en 1867, officier de la Légion d’honneur. Parmi les nombreux tableaux qu’il a exposés, nous citerons : le

pin ?

Christ préchant dans la iarque de Simon (1840), composition à la mise en scène savante et pittoresque, qui lui valut une seconde médaille ; Scène de la Saint-Barthélémy (1846) ; la Mort de sainte Madeleine (1847) ; le Passage de la Bérézina ; Bacchantes et Satyres ; Baigneuses et Satyres (1848) ; Rouget de Liste chantant pour la première fois la Marseillaise chez ûietrich ; la Gondole (1849) ; la Mort d’une sœur de charité ; Sainte Famille ; un Renard (1850) ; les Athéniens esclaves à Syracuse ; Soldats distribuant du pain aux indigents (1852) ; Prière à l’hospice ; Costumes militaires, aquarelle (1853) ; une Tranchée devant Sébastopol (1855), tableau remarqué qui obtint une médaille de 2« classe ; le Débarquement de l’armée française en Crimée (1857), œuvre fort remarquable, bien composée et attestant une étude approfondie des types militaires. Ce tableau valut k’ l’artiste la croix de la Légion d’honneur et une 1" médaille. Au Salon de 1859, M. Pils exposa : le Défilé des zouaves dans la tranchée de Sébastopol, YEcole à feu de Vincennes et plusieurs portraits. La Bataille de l’Aima, qui parut k l’Exposition de 1861, obtint la grande médaille d’honneur. « M. Pils a encadré cette manœuvre hardie, dit Théophile Gautier, dans une vaste toile, et au premier plan ses hommes ont la grandeur naturelle. L’Aima vient battre le bord du cadre. Dans ses eaux troublées, le général Bosquet s’avance k cheval suivi de ses officiers et de son portefanion. L’effet général du tableau est harmonieux. Les premiers plans, d’une couleur sobre et solide, repoussent les fonds, et la lumière détache au flanc de la montagne la fourmillante ascension d’une multitude de figurines, si justes de mouvement qu’il semble qu’on les voie marcher. • Ce qui manque k cette œuvre, aussi savamment composée qu’habilement peinte, c’est ce don puissant de la vie, cet entrain, cette fougue puissante que possédait l’inimitable Saivator Rosa. Après l’exécution de ce tableau, qui fut acheté par l’État, M. Pils cessa pendant quelques années d’exposer des toiles aux Salons de peinture. Il envoya k l’Exposition universelle de 1867, outre sa Bataille de l’Aima, la Fêle donnée à l’empereur et à l’impératrice à Alger en 1860 et cinq aquarelles ; au Salon de 1869, Retour d’une battue au château de la B... k celui de 1873, les Tuileries en 1871, scène militaire rendue avec une grande vérité, et un spirituel et piquant portrait de A/"e M"* ; enfin, en 1874, le Jeudi saint en Italie, dans fin couvent de dominicains.

PILSEN, ville de l’empire d’Autriche, dans la Bohême, k 116 kilom. S.-O. de Prague, chef-lieu du cercle de son nom, sur la rive droite de la Mies ; 23,680 hab. Tribunal criminel ; haute école de sciences et de lettres ; gymnase. Fabrication active de draps ; hauts fourneaux et forges aux environs. Exportation de laines, toiles, cuirs, fers, potasse, plumes, draps. Pilsen possède des brasseries très-remarquables. Sa bière est renommée ; on en boit sur divers points de l’Eurojje, d’Amérique et d’Asie. Le gouvernement du Japon vient de faire suivre une forte commande, pour le compte de la cour de Yeddo, de l’envoi k Pilsen de jeunes Japonais pour y apprendre la fabrication de la bière. La ville possède une belle église gothique.

PILTEN, ville de la Russie d’Europe, dans le gouvernement de Courlande, chet-lieu de district, à 166 kilom. N.-O. de Mittau, sur la rive droite de la Windau, non loin de la Baltique ; 1,900 hab. Château bâti, en 1220, par Waldemar II, roi de Danemark, qui y Sonda un évêché pour la conversion des habitants idolâtres ; quelques années après, cet évêché, ainsi que toute la Courlande, passa sous la domination allemande et y resta jusqu’en 1559 ; il fut encore vendu, avec celui d’Gisel, k Frédéric II, roi de Danemark, qui les céda à son tour k son frère Magnus ; celui-ci en prit possession en 1560 et sécularisa l’évêché de Pilten ; ce territoire fut depuis successivement soumis aux Polonais, aux Danois, aux Suédois, retourna eurin aux Polonais en 1661 et tomba au pouvoir des Russes en 1795.

PILULAIRE adj.- (pi-lu-lè-re — rad. pilule). Pharm. Qui lient de la pilule, qui appartient aux pilules : La forme pilulairb a l avantage de diviser la dose des médicaments et de permettre de l’augmenter ou de la diminuer sans calcul, outre qu’elle est plus portative qu’aucune autre. (Ratier.) Il Masse pilulaire, Pâte préparée pour être divisée en pilules.

— Entom. Se dit de certains insectes qui roulent en boules, en pilules, des matières fécales.

— s. m. Art vétér. Instrument k l’aide duquel on administre les pilules aux grands animaux.

— s. m. pi. Entom. Syn. d’ATENCMTES, groupe de scarabées ou bousiers.

— s. f. Bot. Genre de plantes, de la famille des marsiléacées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans les régions marécageuses de l’Europe.

— Encycl. Bot. Les pilulaires sont des plantes k tiges grêles, rampantes, rameuses, portant des feuilles solitaires ou groupées, plus ou moins longues, linéaires, subulées, roulées en crosse dans leur jeune âge comme celles des fougères. À l’aisselle de ces feuilles naissent des réceptacles globuleux, pisi P1LU

formes, petits, sessiles, formés de deux feuillets distincts, et dont l’intérieur est divisé, par des cloisons membraneuses, en quatre loges qui renferment les organes reproducteurs. La pilulaire globulifère croit abondamment dans les lieux marécageux, au bord des étangs, où elle forme de petits tapis de verdure qui ressemblent k de jeunes gazons. On la trouve aux environs de Paris. L’ancienne médecine lui a attribué des propriétés apéritives, atténuantes et incisives. On ne la cultive que dans les jardins botaniques, où on la propage d’éclats Se pied.

PILULE s. f. (pi-lu-le — Int. pilula, dimin. de pila, boule, halle. V. pile). Pharm. Coinposition médicinale qu’on met en petites boules : Pilules purgatives. Prendre des pilules. Un buveur était à table, et au dessert on lui offrit du raisin :Je vous remercie, dit-il en repoussant l’assiette ; je n’ai pas coutume de prendre mon vin en pilules. (Brill.-Sav.) La pilule ne plaît que lorsqu’on l’enveloppe.

BOIL.KAU.

Il Pilules gourmandes, Nom vulgaire donné à des pilules apèritivss.

— Fig. Chose désagréable : Le mépris est une pilulb qu’on peut bien avaler, mais qu’au ne peut guère mâcher sans faire la grimace. (Mol.)

Avaler la pilule, Se déterminer à faire une chose pour laquelle on avait beaucoup de répugnance :

Ma sœur, tout doucement, avales la pilule.

BiNCOUBT.

Argenter, dorer une pilule, La couvrir d’une légère feuille d’argent ou d’or, pour en masquer le goût. Il Fig. ■Dorer la pilule, Faire accepter ou accomplir, par le tour agréable qu’on lui donne, une chose qui excite la répugnance : À un homme qui comprend et que la vanité n’aveugle pas, il ne faut pas espérer de DOREa la PiLULii. (G. Sand.)

Le seigneur Jupiter sait dorer la pilule.

La Fo.nt.uke.

— Encycl. Pharm. On donne le nom depilules k des médicaments qui s’administrent sous forme de petites boules et dont la consistance est celle d’une pâte assez ferme pour ne pas adhérer aux mains et pour prendre et garder une forme sphériqtie ou sphéroïdale. Las pilules sont ordinairement du poids de 08r,05 à ogr,30. On donne le nom de bols aux pilules d’un poids plus élevé, ayant une consistance moins ferme et la forme d’une olive.

Les pilules sont des médicaments très-variables dans leur composition, qui est simple ou complexe. On donne le nom d’excipients aux substances qui servent k leur donner la consistance convenable ; il en est qui n’ont pas besoin d’excipient, la térébeuthiue cuite par exemple. L’huile est l’excipient des pilules de savon ; le vinaigre, celui des pilules de Bomius ; le baume de soufre anisé, celui des pilules de Morton ; l’oxymel scillitique, celui des pilules de scille ; un sirop médicamenteux, celui d’un grand nombre de

pilules. Les excipients doivent se délayer facilement ; le miel et le savon remplissent les meilleures conditions à cet égard.

Il y a deux sortes d’excipients, les mous et les solides. Parmi les excipients mous se comptent les sirops, les extraits, le miel, les conserves, les mucilages, etc. Ces derniers ont l’inconvénient de durcir trop la masse pilufaire en se desséchant et il en résulte cet autre inconvénient que les pilules peuvent traverser l’appareil digestif sans être attaquées par le suo gastrique. Les essences ne lient bien les masses pilulaires qu’autant qu’elles sont riches en parties résineuses ; autrement les pilules où elle sentrent se dessèchent et se désagrègent. Les excipients solides sont employés quand le mélange pilulaire est d’une , consistance trop molle. Les poudres de guimauve, de réglisse, d’amidon, résineuses, de phosphate de chaux sont des excipients solides.

Pour confectionner les pilules, on met les extraits dans un mortier de fer que l’on a échauffé avec de l’eau bouillante ; on mêle bien toutes ces matières, on y ajoute la quantité convenable d’excipient ou les poudres que l’on a eu soin de mélanger d’avance. On pile longtemps la masse pour en bien lier toutes les parties, et, quand elle est devenue homogène, l’opération est terminée. Une masse pilalaire a acquis la consistance convenable lorsqu’elle cesse d’adhérer au fond du mortier, s ottache peu aux doigts et ne s’aplatit pas quand on en fait une pilule. Le pharmacien doit faire attention aux matières qui ont la propriété de se ramollir quand on les mêle ensemble ; il doit prévoir, par exemple, que l’extrait de fiel de bœuf mêlé k des matières alcalines donnera un mélange qui se ramollira.

On divise les masses pilulaires k l’aide d’un instrument particulier nommé pilulier, et on recouvre les pilules d’une poudre pour qu’elles n’adhèrent pus entre elles. La poudre qui mérite la préférence est celle de lycopode, d’abord k cause de sa ténuité, ensuite parce que, vu son peu d’hygrométricité, elle garantit les pitules contre 1 humidité. On peut aussi recouvrir les pilules d’une mince couche d’or ou d’argent. Pour cela, on les agite dans une boite contenant quelques feuilles minces de ces métaux. La feuille se pulvérise et la poussière ainsi formée revêt les pilules. Pour que le métal s’y attache bien, il faut qu’elles