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PINC

PitV’CBRAIS (le), en latin Pinciacensis pagus, petit pays de l’ancienne France, dans la province de l’Ile-de-France ; la localité principale était Poissy. Il fait actuellement partie du département de Seine-et-Oise.

PINCERIE s. f. {pain-se-rl — rad. pincé). Farn. Air pincé : Celle dame avait gardé sa roideur, sa pincerib et son air prude de vieille fille. (F. Soulié.)

PINCE-SANS-RIRE s. Homme ou femme qui raille sans en avoir l’air, qui fait ses coups sournoisement.

— Adjectiv. : J’aimerais encore mieux ces ignobles farces que les plaisanteries que nous déb’ite Al. César de son air pincb-sans-rirk. (E. Sue.)

PINCETAGE s. m. (pain-se-ta-je — rad. pinceter). Techn. Opération par laquelle on extrait des étoffes de soie, après le tissage, les menus corps étrangers qui peuvent s’y être introduits.

PINCETÉ, ÉE (pain-se-té) part, passé du v. Pinceter : Etoffes pincetees.

PINCETER v. a. ou tr. (pain-se-té — rad. pince). Epiler avec une pincette : Ils se faisaient souvent pinceter tout le poil. (Montaigne.)

— Techn. Soumettre à l’opération du pincetage : Pinceter des étoffes.

Se pinceter v. pr. S’arracher Je poil avec une pincette ;

Pour moi ; j’ai perdu mea pincettes. Et quand aujourd’hui j’en aurais, Point ou peu me pincclterais.

ScuiaoH. PINCETTE s. f. (pain-sè-te — vad. pince). Ustensile de métal à deux, branches égales, dont on se sert pour arranger le feu ; s’emploie presque toujours au pluriel : Caroline, passe-moi les pincettes. (Balz.) Perdue dans cette contemplation, elle se brûla le bout du pied avec sa pincette rougie au feu. (A. de Muss.)

Heureux qui, près du feu, peut avoir des pincettes. Heureux qui peut rêver conscience et mains nettes.

Du Cerceau.

— Petite pince de fer à deux branches, dont on se sert pour prendre ou pour placer certains ; objets qu on ne pourrait prendre ou placer facilement avec les doigts : Pincettes d’horloger. 11 Petite pince dont on se sert pour s’arracher le poil : Le vieillard, après avoir écrit, s’arracha quelques poils de la barbe avec des pincettes, puis il se lava les yeux pour ôter une épaisse chassie dont ils étaient pleins. (Le Sage.)

Baiser quelqu’un à la pincette, en pincette, Le baiser en lui pinçant doucement les deux joues avec les doigts.

On ne le toucherait pas avec des pincettes, Se dit d’un objet fort sale, d’une personne excessivement malpropre.

— Bot. Pincette de mer, Nom vulgaire de la isostère.

PINCEUR, EUSE s. (paia-seur, eu-zerad. pincer). Personne qui aime à pincer, qui a l’habitude de pincer.

— s. m. Nom donné au contre-maître des bardeurs, parce qu’il est spécialement chargé de diriger, au moyen de la pince, les mouvements de la pierre sur le bard.

PINCHARD s. m. (pain-char). Ornith. Syn.

de PINÇARD.

PlNCUBECtt, mécanicien anglais, mort à Londres en 1783. Il exécuta plusieurs instruments et mécanismes qui excitèrent l’admiration de ses contemporains. On cite notamment un piano dont le son imitait la flûte, la trompette et les cymbales et une machine très-compliquée représentant Orphée jouant de la lyre, entouré d’animaux faisant divers mouvements, etc. Une invention plus utile et plus durable est celle d’un alliage, composé de cuivre et de zinc, qui imite i’or et que les Anglais ont appelé pinchbeck.

PINCHE s. m. (pain-che). Mamm. Nom vulgaire d’une espèce d’ouistiti : La voix du pinche, est douce et ressemble plus au chant d’un petit oiseau qu’au cri d’un quadrupède. (V. de Bonfare.)

PINCHEBËCK OU PEINCHEBECK S. m.

(pain-ehe-békk — du nom de l’inventeur, Pinchbeck). Métali. Laiton, alliage de cuivre et de zinc.

PINCHINA ou PINCHINAT S. m. (pain-china — du provenç. penchinar, peigner). Comui. Nom de plusieurs étoffes de laine : Le vrai pinchina n’était pas croisé ; c’était une sorte de gros drap qui se fabriquait presque exclusivement à Toulon et dans quelques autres localités du Midi. Parmi les faux pinchinas, on plaçait, outre divers droguets, des tissus très-forts et croisés qui se faisaient dans le Berry et dans la Champagne.

PINCHINADE s. f. (pain-chi-na-de — du provenç. penché, peigne, par allus. aux lames). Bot. Nom vulgaire de l’agaric élevé ou coulemelle, en Languedoc.

PINCHON (saint Guillaume), prélat français, né à Saint-Alban, près de Saint-Brieuc, en 1184, mort dans la même ville en 1-234. (1 entra dans les ordres en 1207, devint chanoine de Saint-Brieuc, puis de Saint-Gatieû de Tours et fut nommé évoque de Saint-Brieuc en 1220. Le duc de Bretagne, Pierre Mau PIND

clerc, ayant publié une ordonnance qui dépouillait les évêques de ce duché de leurs principaux privilèges, Guillaume Pinchon se joignit aux autres prélats bretons pour excommunier le duc, fut exilé, se rendit à Poitiers, où il fut pendant quelque temps coadjuteur de l’évêque de cette ville, puis retourna à Saint-Brieuc (1231) où il réforma les abus qui s’était introduits dans le clergé et lit en partie reconstruire la cathédrale. Innocent III a canonisé ce prélat, dont on célèbre la fête le 29 juillet.

PINC1ACUM, nom latin de Poissy.

PINC1ANUS (Nonnius), en espagnol Fernando Nuïïe», érudit et philologue espagnol, né à Valladolid (en latin Pintium) vers 1473, mort à Salamanque en 1553. Il était de l’illustre famille des Guzman. Pincianus suivit la carrière de l’enseignement, professa la langue grecque à l’université d’Alcala, puis la rhétorique à Salamanque, et fut un des savants qui ont le plus contribué au progrès des lettres en Espagne. On a de lui ; Annoiationes in Senecœ philosophi opéra (Venise, 1556), ainsi que plusieurs autres commentaires et travaux d’érudition ; Observationes in Pomponium Melam (1543, in-8°) ; Observationes in toca obscura et depravata Historiés naluralis C. Plinii (1544) ; Hefranos y proverbios glosados (Salamanque, 1555, in-4"), recueil de proverbes, etc.

PINCKNEYA s. m. (pain-kné-ia — de Pinckney, savant angl.). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des rubiacées, tribu des cinchonées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans la Caroline.

PINÇON s. m. (pain-son — rad. pincer). Meurtrissure qui reste sur la peau lorsqu’on a été pincé : Faire un pinçon. Je me suis fait un pinçon en fermant cette porte. (Acad.) Dites donc, si vous vouliez ne pas me faire des pinçons ! je ne les aime point. (Cogniard.)

— Art vétér. Rebord mince, élevé, qu’on ménage à la pointe d’un fer à cheval, surtout à celle des fers de derrière.

PINÇON (Pierre), bibliographe français, né à Montauban en 1802. Il se lit coiffeur et, tout en exerçant pendant de longues années cette profession, il se prit de goût pour les lettres. Le plan d’une Encyclopédie synoptique qu’il dressa attira sur lui l’attention de M. Dupin, qui lut, à ce sujet, un rapport à l’Académie française, et iui valut un emploi à la bibliothèque Sainte-Geneviève (1S41). L’année suivante, il prononça un discours au banquet offert par les coiffeurs de Paris au poète Jasmin. Nommé sous-bibliothécaire de Sainte-Geneviève en 1846, il y remplit ensuite les fonctions de bibliothécaire de 1856 à 1871. On lui doit : Monographie bibliographique ou Catalogue des ouvrages manuscrits et imprimés relatifs à sainte Geneviève, à son église, etc., publié à la suite de l’Histoire de la bibliothèque de Sainte-Geneviève de M. de Bougy (Paris, 1847) ; Manuel de bibliographie universelle (Paris, 1857, gr. in-S° à 3 col. ou 3 vol. in-12), en collaboration avec MM. Ferdinand Denis et Alfred de Martonne, élève de l’École des chartes.

PINÇON (Martin-Alonzo et Viceute-Yanez), navigateurs espagnols. V. Pinzon.

PINÇOTER v. a. ou tr. (païn-so-té — fréquent, de pincer). Pincer fréquemment : Laissons-le discourir, la barbe pinçoter.

HÉGNIEE.

PINÇURE s. f. (pain-su-re — rad. pince). Action de pincer.

— Techu. Pli qui se fait à une étoffe en la foulant.

PINCZON DU SEL DES MONTS, économiste français, né à Bennes. Il vivait au xvme siècle et fonda, à Pennes, une manufacture de toiles, exploita sur une grande échelle cette branche de commerce, contribua à donner une grande impulsion à l’industrie en Bretagne, y prit une part active à la fondation de la Société d’agriculture, du commerce et des arts et reçut, à plusieurs reprises, des gratifications du parlement pour services rendus. Ayant critiqué dans un écrit l’administration du duc d’Aiguillon, gouverneur de Bretagne, lors des états de 1770, Pinczon fut enlevé, en vertu d’une lettre de cachet, conduit à Angoulême, et vainement les états envoyèrent auprès du roi des députés pour réclamer contre cette mesure. On a de Pinczon : Considérations sur le commerce de la Bretagne (Rennes, 1750) et Manuel à l’usage des laboureurs bretons (Rennes, 1784).

P1NCZOW, ville de la Russie d’Europe, en Pologne, gouvernement de Radom, à 3» kilom. N.-O. de Stopnica, sur la rive gauche de laNida ; 3,100 hab., dont plus de la moitié juifs.

PINDA-BÂLOU, ligne de rochers qui forment, près du village de Bàlou, un barrage dans la rivière de Faléiné, affluent du Sénégal. Aux basses eaux, ils rendent le passage impraticable. À ces rochers se rattache une légende fameuse dans !e pays sur les infortunes de la princesse Pinda-Bàlou, qui leur a donné son nom. Jeune, d’une beauté extraordinaire, douée des qualités les plus rares, la princesse Se vit ardemment recherchée par de nombreux prétendants ; mais à tous elle répondait par un refus, car elle s’était éprise d’un beau jeune homme qu’elle avait rencontré dans les rochers de Bàlou. Sa mère, à qui

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elle raconta son amour, déclara qu’elle ne consentirait jamais à- cette union, et Pinda, cédant à l’entraînement de son amour, consentit a s’enfuir avec le beau jeune homme. Or, celui-ci n’était autre que le terrible génie Goloksabe, qui, pour la séduire, avait pris une forme humaine. Mais à peine fut-elle en son pouvoir, que le charme disparut et que, mettant un terme à ses déguisements désormais inutiles, Goloksabe reprit la terrible nature dont l’esprit du mal l’avait fatalement pourvu. À sa forme séduisante succéda la forme hideuse d’un caïman au ventre vert ; aux palais enchantés que l’imagination de la jeune fille avait aperçus, à travers les brillantes descriptions de son amant, succédèrent des cryptes noires et fétides ; aux joyeux chants des suivantes et des captives, aux sons harmonieux des instruments de musique succédèrent les coassements des reptiles et les sourds mugissements de la. tempête. En présence de la hideuse réalité, Pinda-Bàlou captive tomba dans un profond désespoir. Elle entendit alors une voix mystérieuse qui lui dit : « Tu peux échapper à la puissance de ton terrible époux. En lui résistant tu parviendras bien à te soustraire à ses odieuses assiduités ; mais tu perdras ta forme gracieuse et tu seras changée en rocher. Telle est ia volonté du destin : choisis, et hâte-toi. » Pinda-Bâlou suivit ce conseil ; elle opposa une résistance opiniâtre aux séductions du génie. Le lendemain, les habitants du village de Bàlou remarquèrent avec effroi un bloc de quartz qui dominait le groupe des rochers noirs, et la nuit ils entendirent depuis ce jour-là des pleurs et des gémissements : car la pauvre Pinda-Bàlou n’avait pas fini ses tortures : chaque nuit elle se débat dans les bras ardents de l’affreux génie. Ce qui a contribué dans le peuple à faire croire à cette légende, c’est le bruit étrange qui se produit aux roches noires. A leur base se trouve une large crevasse dans laquelle le Falémé s’engouffre en produisant un bruit que de loin on pourrait prendre pour des gémissements qui tiennent le milieu entre la voix de l’homme et celle de la femme. Le jour, les bruits du village couvrent cette voix que l’on entend plus distinctement la nuit,

PINDÀH, poëte arabe et persan, né àReï, dans le Kouhistan, dans la seconde moitié du x" siècle de notre ère. Il était contemporain

  • du célèbre Firdousi, jouit de la faveur des

princes Bouïdes et composa pour le roi Medscheddaulet Aboutalib de gracieux poBmes en arabe et en persan qui n’ont pas été publiés, mais dont M. Hainmer a donné des extraits dans ses traités sur la poésie arabe et persane.

PINDARE, un des plus illustres poètes de

ia Grèce, surnommé le Prince des lyriques,

né aux environs de Thèbes, en Béotie, vers 520 av. J.-C, donnant ainsi un éclatant démenti aux railleries spirituelles de la moqueuse Athènes sur la stupidité héréditaire des habitants de cette province. ■ La postérité saura, dit-il lui-même (Vie Olymp.), si j’ai évité le proverbe ridicule du pourceau béotien, ■ On sait peu de chose sur ia vie de ce grand homme, qui fut comblé de faveurs par les princes et les tyrans de Sicile, de Macédoine et de Thessalie, et qui, comme tous les poètes, célébra avec enthousiasme la gloire de ses protecteurs. La brillante et féconde imagination des Grecs a entouré de firodiges le berceau et la tombe de leur grand yrique. Dans son enfance, il s’endormit sur le chemin de Thespies et, pendant son sommeil, des abeilles vinrent se poser sur ses lèvres et y laissèrent un rayon de miel, emblème gracieux de l’éloquence et de la douceur. Proserpine elle-même lui apparut en songe pour lui annoncer sa mort, etc. Ce qui reste vrai au milieu de ces légendes poéti

?ues, c’est l’enthousiasme des Grecs et les

aveurs éclatantes qu’ils accordèrent à Pindare : les Athéniens le déclarèrent hôte public de leur cité ; Thèbes lui érigea, de son vivant, une magnifique statue, où il était représenté le front ceint du diadème ; aux fêtes d’Apollon, il siégeait, couronné de lauriers, sur un trône d’airain ; le conseil amphictyonique lui décerna le droit d’hospitalité dans toutes les cités de la Grèce ; les oracles mêmes devenaient les interprètes de l’admiration universelle, et la Pythie avait prescrit aux habitants de Delphes de donner au poète la moitié des offrandes qui étaient déposées sur les autels d’Apollon ; le même privilège fut accordé à ses descendants, qui furent, en outre, comblés d’honneurs par les Thébains. Plus d’un siècle après sa mort, au moment où la colère terrible d’Alexandre allait passer sur Thèbes et la détruire, il ordonna que l’épée macédonienne épargnât la famille de Pindare et que la torche incendiaire respectât sa maison. Pindare mourut, dit-on, après avoir assisté aux exercices du gymnase, et le front appuyé sur les genoux du jeune Théoxène, son disciple. Il avait atteint sa quatre-vingtième année (vers 440 av. J.-O). La plus grande partie de ses sublimes compositions sont perdues : ses Odes triomphales, ses Hymnes, ses Prosodies, ses Dithyrambes, ses Parthénies, ses Thrènes, prières, odes sacrées, choeurs pour les danses religieuses, chants de deuil ou d’allégresse, élégies pleines de larmes ou de tendresse erotique, tout a disparu ; le temps a dévoré toutes ces harmonies épanchées de cette lyre

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d’or dont les échos enivraient la Grèce et la soulevaient d’enthousiasme. Il ne nous est resté que quatre livres d’odes composées en l’honneur des athlètes vainqueurs aux divers exercices du stade : les Olympiques, les Pythiques, les Néméennes et les Islamiques. La hardiesse des pensées et des métaphores, l’harmonie, l’éclat et la majesté du style, l’énergie de l’expression, l’abondance et la richesse des images, la chaleur et la pompe extraordinaire du récit, la puissance audacieuse de l’invention, sont les qualités dominantes de ces odes, auxquelles, toutefois, quelques commentateurs reprochent de la monotonie, de l’obscurité et de trop fréquentes digressions. On conjecture, an reste, que les Odes n’étaient pas les poésies de Pindare les plus goûtées de l’antiquité ; et il faut bien reconnaître, en effet, que les pièces qui ont été perdues, les hymnes aux dieux, les chants héroïques, les strophes élégiaques, prêtaient bien plus à l’enthousiasme lyrique que ces Odes consacrées toutes au panégyrique d’un même genre de faits, d’un triomphe athlétique. > Pindare, dit M. Pierron, donne fréquemment à ses héros de grandes et nobles leçons. Il n’épargne pas les remontrances, même à ses puissants et redoutables protecteurs, les Hiéron, les Arcésilas. II proclame devant eux que la tyrannie est odieuse, que le mérite et la vertu sont les seuls biens véritables et qu’ils finissent toujours par triompher de l’aveuglement du vulgaire et de la calomnie ; il montre comme une menace éternellement suspendue sur la tète de ceux qui abusent de la force Je sort de Tantale, d’Ixion, de Typhon, de Phalaris ; il réclame avec énergie contre l’injuste bannissement de Damophilus, qu’Arcésilas tenait éloigné de Cyrène et qui vivait a, Thèbes, soupirant en vain après son rappel. Rien, dans Pindare, qui sente le complaisant vil ou le mercenaire. Partout et toujours le poète thébaiu est digne de se déclarer, comme il le fait, l’interprète des lois divines. Une morale pure et sainte respire dans ses vers ; les tableaux qu’il déroule devant les yeux ne sont pas moins propres à élever qu’a charmer l’âme : c’est, par exemple, Pollux qui se dévoue pour Castor, c’est Antiloeaus qui meurt pour son père. Sans être un philosophe de profession, Pindare laisse échapper de temps en temps quelques-uns de ces mots profonds, quelques-unes de ces images saisissantes, où se révèle le penseur qui a longuement médité sur les choses humaines. C’est lui qui s’écrie, avec une éloquence comparable à celle du psalmiste pénitent ; « Que sommes-nous ? que ne sommes-nous pas ? le rêve d’une ombre, voilà les hommes. » L’amour-propre national lui-même ne l’aveugle ni sur les défauts de ses concitoyens ni sur les vertus des étrangers. On sait que les Thébains, durant les guerres médiques, avaient pris parti pour les Perses contre les Grecs. Pindare n’essaye nulle part d’atténuer leur trahison ; et, dans plusieurs de ses chants, il proclame ouvertement son admiration pour l’héroïsme des vainqueurs de Salamine et de Platée. Il insiste particulièrement sur les services rendus a la cause commune par les Eginètes ; et comme Egine, d’après les vieilles légendes de la race dorienne, avait un étroit lien de parenté avec Thèbes, on dirait qu’il cherche indirectement à relever, suivant l’expression d’un critique, la tête humiliée de ia Béotie. ■ Parmi les nombreuses éditions de Pindare, il faut citer l’édition princeps d’Aide l’Ancien (Venise, 1513) ; la plus récente est celle de Dissen (Gotha, 1830 et 1847-1850), avec un excellent commentaire. La dernière traduction française en prose est celle de M. Poyard (1853), coflronnée par l’Académie.

Aujourd’hui, on donne quelquefois le nom de Pindare aux poètes, aux écrivains qui, sans avoir les brillantes qualités du grand lyrique, n’en imitent que l’emphase et les expressions trop recherchées.

t A leurs moments perdus, ces Pindares travaillent en cachette, avec cette ivresse connue du seul poëte, à leurs œuvres capitales, où ils versent toute leur tête et tout leur cœur ; ce sont ordinairement des charades monumentales, des énigmes dignes de rivaliser avec celles du sphinx, qu’ils polissent avec la sage lenteur recommandée par Boileau et qu’ils envoient au Journal des Demoiselles ou an Magasin des Familles, pour exercer la sagacité des GSdipes du foyer. • Victor Fouknel.

PINDARE, rivière de l’empire du Brésil, dans la province de Maranhao. Elle prend sa source dans la partie occidentale de cette province, coule au N.-E. et se jette dans le Miarim près de son embouchure, après un cours de 450 kilom.

PINDARESQUE adj.(pain-da-rè-ske). Qui a le caractère des poésies de Pindare : Voici un gros mensonge et coupable, tout lyrique et pindàresq/oe qu’il veut avoir l’air d’être. (Nadar.)

PINDARIQUE adj. (pain-da-ri-ke). Qui a l’enthousiasme, l’exaltation qu’on remarque dans les odes de Pindare : Ode piNDARiQr/K. Style pjndariqub. Comme c’est beau, s’écria le perruquier avec un accent pindakique, de mourir sur te champ de bataille ! (V. Hugo.) La Révolution mit l’esprit éminent et froid de Volney dans un état en quelque sorte pindarique, (Ste-Beuve.)