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prêeient beaucoup j mais, avec l’âge, elle devient >lus dure et plus coriace que celle des poules. Les œufs sont aussi très-bons à manger. Le pintadeau sauvage est un gibier distingué.

Les différences des climats et des autres conditions dans lesquelles vivent les pintades ont produit chez elles d’assez nombreuses variations de taille et de plumage ; il ne paraît pas toutefois qu’on ait cherché à fixer ces variations accidentelles pour en faire des races. Il n’est pas rare de trouver des individus dont les couleurs sont tout a fait altérées. Les uns ont le fond du plumage d’un bleu noirâtre ; les autres, d’un gris blanchâtre ; d’autres encore ont un large plastron blanc sur la poitrine ; enfin, à la ménagerie du Muséum de Paris, on a vu des pintades entièrement blanches. Le mâle, dans cette espèce, s’accouple très-bien avec la poule ordinaire ; mais les métis obtenus de ce croisement sont inféconds et ne peuvent se reproduire.

Parmi les autres espèces, nous citerons surtout la pintade mitrée, tellement voisine de la précédente qu’on a pu la regarder comme n’en formant qu’une simple variété ; elle s’en distingue surtout par une protubérance conique, en forme de mitre, au-dessus de la tète, et par une peuu nue et pendante sous le bec, comme chez le dindon. La pintade huppée a les caroncules charnues remplacées par un pli membraneux et la Crête calleuse par une huppe de plumes noires, épaisses et un peu recourbées en avant ; le plumage noir avec des taches d’un blanc bleuâtre sur la moitié postérieure du corps, quelques bandes blanchâtres sur la’ queue et les pennes des ailes brunes. Elle habite Sierra-Leone, la Guinée et le Cap de Bonne-Kspérance, où elle vit en troupes nombreuses ; son cri est discordant et sinistre, et elle le fait entendre surtout au lever et au coucher du soleil. La pintade plilorhynque a un casque très-petit et, à la base du bec, une toutfe.de petites tiges courtes, presque sans barbes et semblables à des poils. La pintade nègre a le cou garni de plumes et pas de barbillons ; elle vit en troupes dans la pays des Cafres. La pintade vautourine a la tête et le cou nus en partie ; elle habite les côtes occidentales de l’Afrique.

PINTADEAU s. m. (pain-ta-do — dimin. de pintade). Ornith. Jeune pintade : La chair des pintadeaux est très-délicate. (Buff.)

PINTADINE s. f. (pain-ta-di-ne —dimin. de pintade). Moll. Genre de mollusques acéphales à coquille bivalve, de ta famille des malléaoés ou margaritacées, formé aux dépens des avicules, et dont l’espèce type, connue sous les noms de moule perlière ou avicule mère perte, habite les mers des pays chauds.

— Encycl. Moll. V. avicule et perle.

PINTAGA s. m. (pain-ta-ga — altér. de pitanga, un des noms de l’oiseau). Ornith. Syn. de bibnteveo.

PINTAGE s. m. (pain-la-je — rad. pinte). Ane. coût. Droit d’étalonnage des mesures.

PINTAIL s. m. (pain-tall ; II mil. — aller, de pintade). Ornith. Nom vulgaire de l’eider ou faisan de mer.

pihtat s. m. (puin-ta — rad, pinte). Ane. métrol. Demi-pinte.

PINTE s. f. (pain-te. — Chevallet tiro ce mot du germanique : anglo-saxon pynt, sorte de mesure pour les liquides ; ancien allemand, pindt, pint ; hollandais pint ; allemand pinte, etc. ; mais il ne donne pas l’origine de toutes ces formes, qui peuvent fort bien provenir du roman. Scheler signale l’espagnol pinia, qui signifie marque, signe ; or, eupinta vient de pintar, peindre, marquer ; pinte signifierait donc proprement, d’après lui, chose marquée, étalonnée, jaugée). Métrol. Mesure de capacité usitée en France pour les liquides avant l’établissement du système décimal et qui, variable suivant les lieux, valait à Paris oi’t,93. t) Quantité de liquide que contient une pinte : Boire une pinte.

Adieu, nous boirons pinte à la première vue.

Molière. Il Mesure de capacité, usitée en Angleterre, et qui équivaut à Olt’,568.

Mettre pinte sur chopine, S’enivrer.

Vendre à pot et à pinte, Vendre des liquides au détail.

Se faire une pinte de mauvais sang, Être très-vivement contrarié. (] Se faire une pinte de bon sang, Eprouver une grande satisfaction.

Je voudrais qu’il m’en eût coûtéune pinte de mon sang et que cela fût arrivé, ou que cela ne fût pas arrivé, Se dit pour marquer un extrême désir ou un extrême chagrin de quelque chose.

Être haut comme une pinte, Être de très-petite taille.

— Prov. Il n’y a que la première pinte qui coûte, En toute affaire, après le premier pas, la pente est facile.

— Jeux. Valeur de quatre jetons au jeu de la guinguette : Renuier d’une, de deux pintes.

PINTE (la GRAND’-), partie de l’ancienne banlieue de Paris, qui appartenait k la commune de Berey.

PINTELLI (Baccio), architecte italien, né à Florence vers 1430, mort à Rome vers 1498. Élève de Francione, il s’inspira d’abord des

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travaux de Brunelleschi et d’Alberti, et débuta dans sa ville natale par des constructions conçues sous l’influence de ces maîtres, illustres. Ces édifices lui valurent sans doute une notoriété véritable ; car, dès son arrivée à Rome vers 1171, Sixte IV le chargea de travaux considérables. Il construisit alors l’église Santa-Maria-del-Popolo, dans le style gothique Henri, avec une grande richesse d’ornementation, et le palais délia Rovere, pour le cardinal de ce nom, dans la Borgo-Vecchio. Mais ces édifices, remarquables par d’heureuses proportions et une grande harmonie d’ensemble, ne peuvent être comparés, comme originalité de conception, au chef-d’œuvre de ce maître, l’église Sunta-Maria-della-Pace, que Sixte IV fit ériger en mémoire de la paix survenue parmi les princes de la chrétienté. Cette basilique de forme octogone, qui fonda la réputation de Pintetli, fut copiée dans la plupart des villes italiennes ; sa silhouette, élégante, hardie et pittoresque d’aspect, est fort appréciée de nos jours encore : l’église de la Trinité, à Paris, en est la preuve récente. L’église San ta-Maria de Pintelli fut profondément modifiée par la restauration de Pierre de Cortone. Elle n’en reste pas moins l’un des titres les plus sérieux pour la gloire de son auteur, pourtant n’étaient pas encore résumées toutes les facultés de ce génie puissant, qui fut le précurseur de Michel-Ange. C’est dans l’église Saint-Augustin qu’il devait se révéler tout entier. Cette basilique fut commandée, en 1483, à l’éminent architecte par un cardinal français, Guillaume d’Estouteville. Baccio Pintelli la surmonta d’un dôme de construction toute nouvelle. Il osa poser, sur les arcs d’un quadrilatère et sur les pendentifs d’angle, non pas un modeste tambour de pesanteur insignifiante, mais bien une tour de dôme complète, portant, en plein cintre, une coupole immense. L’audace de cette innovation architeetonique ne fut pas d’abord très-sensible, k cause de la solidité des matériaux. Mais, deux cents ans plus tard, cette résistance n’étant pins si grande ; il y eut effondrement par suite de la faiblesse des points d’appui, de leur isolement, de l’écartement trop grand des arcs. Cependant, dans cette idée téméraire, il y avait du génie, et c’est le dôme de Saint-Augustin qui donna à Michel-Anp la pensée de son dôme de Saint-Pierre. Il I a prise tout entière, sans la modifier autrement que pour donner à cet édifice la solidité qui manquait k celui de Pintelli.

On comprend quel dut être le succès d’une construction pareille. Le grand artiste bâtit, en outre, l’église de San-Pietro-in-Montorio, celle des Saints-Apôtres, reconstruite k la fin du xvne siècle ; il réédifia l’église de San-Pietroin-Vincoli, qui est encore admirablement conservée, et le pont du Janicule, bâti par Murc-Aurèle, Achevé sur un autre plan en 1472, le nouveau pont prit le nom de Ponte-Sisto. Un peu plus tard, Baccio Pintelli construisit au Vatican les salles de la grande Bibliothèque, la chapelle Sixtine, que devait illustrer le génie de Michel-Ange. Enfin Innocent VIII, pour qui il avait exécuté des travaux dans des forteresses de la Marche d’Ancône, lui donna, en 1490, une pension de 25 florins d’or.

PINTER v. n. ou intr, (pain-té — rad. pinte). Pop. Boire avec excès :-Endaa, avec sa sagesse, Pinta si bien qu’il fit mainte esse Et môme deux ou trois faux pas.

SCARRON.

— v., a. ou tr. Boire : Parfois au cabaret qu’un compagnon me meue PiiUfr le broc du Tin qu’il s’offre de payer, Si chez ma femme après je rentre m’égayer, Elle m’appelle chien, dissipateur, ivrogne.

N. Lemeroier. PINTECX (Pierre-Henri), boucher français, né en 1173, mort à. Versailles en 1843. Il devint maître boucher, puis syndic de la boucherie à Paris, et se fit connaître par un ouvrage très-estimé, intitulé : Réflexion sur la production et la population des bestiaux, sur la valeur de substance nutritive qu’ils produisent, sur l’influence de l’agriculture et de la température sur leurs produits, etc. (1825).

P1NTIA ou P1NTIUM, ville de l’Espagne ancienne, dans la Timaconaise, près du Darius (Douro). C’est aujourd’hui Valladolid.

PINTO (Ferdinand-Mendez), voyageur portugais, né à Montemar-Velho, près de Coïmbre, vers 1500, mort en 1583. Il commença

Ear être page de dom Georges, duc de Coïmre, puis s’embarqua, en 1537, pour les Indes orientales. Arrivé dans ce pays, il fut chargé d’aller croiser contre les Turcs à l’entrée de la mer Rouge, tomba entre les mains de ces derniers qui le traitèrent en esclave, parvint ensuite h retourner à Goa et entra au service de Pedro de Faria, capitaine général de Malacca, qui le chargea de diverses missions dans les pays voisins des possessions portugaises. Pintb mena pendant vingt ans une existence des plus aventureuses, fit du commerce, se battit contre les corsaires cbiriois, devint lui-même pirate dans les mers de la Chine et du Japon en compagnie d’Antonio de Faria, parent du gouverneur de Malueea, se rendit nu Pégu, où il fut témoin de grandes révolutions qui eurent lieu dans ce pays, retourna à Goa, d’où il alla faire du commerce dans les !les delà Sonde, rencontra à

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Malacca saint François-Xavier qu’il accompagna au Japon, fut sur le point d’entrer dans l’ordre des Jésuites et reprit, en 1553, la route de Lisbonne. Après avoir vainement sollicité quelque emploi en récompense des services qu’il avait rendus dans les colonies portugaises, il se retira dans le bourg d’Almada, près de Lisbonne, s’y maria et y termina sa vie. Mendez Pinto a laissé une relation de ses voyages, laquelle a été publiée pour la première fois k Lisbonne sous le titre de Peregrinaçao (1614, in-fol.). Cet ouvrage, qui a été traduit dans presque toutes les langues d’Europe, et en français par B. Figuier sous le titre de Voyages adventurevx (Paris, 1628), jouit d’une grande réputation en Portugal, où Pinto est regardé comme un des premiers prosateurs de ce pays. Il règne dans toute cette relation un air de sincérité qui prévient en faveur de l’auteur ; c’est un miroir fidèle du caractère et des mœurs des premiers conquérants de l’Inde. On y trouve des détails très-curieux, très-attachants, dont quelques-uns sont embellis, mais qui reposent sur un grand fond de vérité.

PINTO (Hector), écrivain portugais, né k Villa-de-Covi !hào, mort en 1584. U entra dans l’ordre des Hiéronymites en 1543, fut nommé, en 1571, recteur d’un collège de Coîmbre et mourut empoisonné en Castille. On lui doit plusieurs ouvrages, dont le plus remarquable est intitulé Imagem da vida ehristam, ordenada per dialogos (Coîmbre, 1563-1565, in-8<>). Cet ouvrage de philosophie religieuse, remarquablement écrit, a eu un grand nombre d’éditions et a été traduit en plusieurs langues.

PINTO (Isaac), moraliste juif, d’origine portugaise, né à Amsterdam en 1715, mort à La Haye en 1787. Il habita pendant quelque temps Bordeaux, puis s’établit à La Haye, où sa grande fortune, son vaste savoir, sa générosité lui acquirent une grande considération et le mirent en relation avec les hommes politiques et les hommes de lettres les plus distingués. Le stathouder Guillaume IV consulta à plusieurs reprises Pinto sur des matières d’économie politique et de finances, et suivit ses conseils en réformant de graves abus. Lorsque, en 1748, le trésor public des Provinces-Unies fut épuisé par suite de la guerre, Isaac Pinto versa de grandes sommes pour venir en aide à sa patrie adoptive et contribua a sauver l’État. Après la mort du stathouder, il séjourna pendant plusieurs années à Paris et à Londres, et se lia avec plusieurs hommes éminents. On lui doit plusieurs ouvrages écrits en français : Essai sur le luxe (Amsterdam, 1762); Apologie pour la nation juive ou Réflexions critiques (Amsterdam, 1762), dans laquelle il combattit les attaques dirigées par Voltaire contre les juifs; Du jeu de cartes (1788, in-8°); Traité de la circulation et du crédit (Amsterdam, 1771, in-8°); Précis des arguments contre les matérialistes (La Haye, 1771, in-8°); Lettres de M. de Pinto à l’occasion des troubles des colonies d’Amérique (La Haye, 1776), etc. Les ouvrages d’Isaac Pinto lui acquirent la réputation d’un publiciste éminent. Il s’y montre comme un esprit philosophique, tolérant, toujours à la recherche du bien et désireux de contribuer aux progrès du genre humain. Il comptait au nombre de ses amis Hume, Steward, Mirabeau et Pereire, le premier promoteur de l’instruction des sourds-muets, avec qui il travailla activement à améliorer le sort des Israélites.

PINTO-DELGADO (Jean), poëte espagnol, né à Tavira (royaume d’Algarve), mort en 1590. À la suite de démêlés avec l’inquisition, il se rendit en Italie, puis en Flandre, où il se fit avantageusement connaître par des poésies au style d’une grande pureté, aux accents inspirés et pathétiques. Ses œuvres, parmi lesquelles nous citerons le poème à’Estker, ’Histoire de Rut h, les Lamentations de Jérémie, ont été réunies et publiées à Paris (in-8°, sans date).

PINTO DE FONSECÀ (Emmanuel), grand maître de l’ordre de Malte, né en Portugal en 1681, mort en 1773. Il avait été vice-chancelier et bailli de grâce lorsqu’il fut élu grand maître en 1741. Pinto se lit remarquer par la fermeté de sa conduite, découvrit, en 1742, une conspiration ourdie par des prisonniers turcs, et ayant pour objet de s’emparer de l’Ile de Malte, et l’empêcha d’éclater ; supprima, en 1769, les jésuites dans l’étendue du territoire de son ordre, leur donna des compensations pécuniaires et obtint du roi de Pologne la restitution do fondations considérables dont l’ordre de Malte avait été privé.

PINTO DE MÀGAUIAES (Jotïb DK Socza), homme d’État portugais, né à Porto en 1790, mort k Lisbonne en 1865. Conseiller d’État et-pair du royaume, il fut ministre de l’intérieur du 27 mai au 15 juillet 1835, puis ministre de la justice jusqu’au mois de novembre de la même année.

PINTO-RIBEIBO (Jean), gentilhomme portugais, célèbre par le rôle qu’il a joué dans la révolution qui a pincé la maison de Bragance sur le trône de Portugal, né à Lisbonne vers la fin du xvie siècle, mort on 1649. Secrétaire du duc de Bragance, il organisa avec un art et un secret admirables la fameuse conspiration qui arracha, en 1640, le Portugal au joug des rois d’Espagne et donna la couronne a son maître (v. Jean IV). Après l’expulsion des Espagnols, il fut élevé aux premières dignités de la magistrature, devint premier président de la chambre des comptes et garde des archives royales. Pinto ne s’est pas moins distingué pur ses talents littéraires que par son patriotisme et son courage. Il a laissé divers ouvrages remarquables : des Réponses aux manifestes du roi d’Espagne ; un Recueil des lois du Portugal ; un Commentaire sur Camoëns, etc. Les ouvrages de Pinto-Ribeiro ont été recueillis et publiés sous le titre de Obras varias sobre varias casos (Coïmbre, 1729-1730, 2 part, in-fol.). Le style de cet homme d’État est élégant et ferme, et tout ce qu’il a écrit est d’un goût exquis. Il a enrichi la langue portugaise de plusieurs mots qui ont été adoptés par les meilleurs auteurs.

PINTON s. m. (pain-ton — dimin. de pinte). Hist. ecclés. Petit vase qui contenait la mesure de vin servie k chaque moine pour ses repas.

P1NTOH (Pedro), médecin espagnol, né k Valence en 1423, mort à Rome en 1503. Il se fixa à Rome en 1493 et fut attaché, en qualité de médecin, au pape Alexandre VI. On a de lui quelques ouvrages écrits d’un style diffus et duns lesquels on voit que la syphilis existait à Rome dès 1494 : Aggregatio sententiarum doctorum omnium de prxservatione et euratione pestilentia (Rome, 1499, in-fol.) ; De morbo fmdo et oeeutto his temporibus affiigente (Rome, 1500, in-fol.).

PINTDBICCHIO (Bernardino Bktti, dit), peintre italien, né à Pérouse en 1454, mort a Sienne en 1513. Élève de Niccolo Alunno, il eut pour condisciple le Pérugin, un peu plus âgé que lui, devint son ami, son collaborateur et se rendit avec lui k Rome. Là, il débuta en peignant l’écusson de Sixte IV sur la porte principale du palais situé dans le Borgo-Vecchio. Innocent VIII lui confia bientôt après la décoration des trois plus grandes galeries du Belvédère. Avant d’entreprendre cet immense travail, qui n’est pas son chefd’œuvre, le Pinturicchio acheva, pour les Colonna, dans leur palais de San-Apostolo, un plafond et des cartouches qui n ont pas subsisté jusqu’à nous. Immédiatement après, vers 1484, il s’enferma au Vatican pour y peindre ces fresques intéressantes, dont quelques parties seront toujours admirées. Dans une des salles, il peignit des paysages et représenta les vues de plusieurs villes d’Italie. Mais dans ce genre il moutra un talent inférieur à celui qu’il déploya dans le genre religieux. On trouve des beautés du premier ordre dans la Dispute de sainte Catherine avec les docteurs, Saint Antoine visitant saint Paul, le Martyre ds saint Sébastien, la Visitation, la. Chasteté de Suzanne, Sainte Barbe, la Résurrection de Jésus-Christ, l’Adoration des mages, la Nativité, l’Annonciation, l’Assomption, l’Ascension et la Descente du SaintEsprit. Ces vastes compositions coûtèrent au maître douze années de travail, et a peine étaient-elles achevées en 1490, sous le pontificat d’Alexandre VI. Le Pinturicchio avait, eh outre, vers 1493, peint dans les appartements particuliers du pape les Vertus, belles figures allégoriques entourées de personnafes contemporains. Toutes ces fresques ont profusion des ornements d’une richesse orientale ; ils sont d’or, suivant la mode du temps. Connu de l’Italie tout entière après ses travaux du Vatican, le Pinturicchio fut appelé k Spello (Ombrie) pour y décorer la cathédrale nouvellement construite. Il y peignit une Annonciation, une Nativité et la Dispute avec les docteurs ; de plus, le couvent des Franciscains luidemanda un Saint Laurent, qui est maintenant au musée de Florence. Ces travaux sont de 1497 ù, 1501. En 1508 ou 1503, nous le trouvons peignant a Rome, dans l’église d’Ara-Cœli, plusieurs fresques, dont la plus belle, la Mort de saint Bernardin, la seule qui soit restée intacte, est une des plus étonnantes créations de la Renaissance. À Sainte-Croix-de-Jérusalem, r/n»eîiiion de la croix et Jésus-Christ dans une gloire lui valurent un magnifique triomphe dans cette Rome, si grande alors par sa pléiade d’artistes. Seules les gravures de Marc-Antoine nous permettent d affirmer que ce succès ne fut pas exagéré ; car ces peintures, livrées plusieurs fois à des restaurateurs ignorants, sont maintenant pleines de taches lourdes, criardes, qui font mal aux yeux. Il en faut dire autant des fresques de Saint-Onuphre et de Santa-Maria-del-Popolo, dont Vasari fait le plus grand éloge. En revanche, la Vocation de saint Pierre et de saint Paul, de la chapelle Sixtine, la Vierge tenant sur ses genoux l’Enfant endormi, de la chapelle des Conservateurs du Capitole, sont d’une étonnante conservation, et l’on peut se faire une idée du talent véritablement supérieur de ce grand artiste. En 1502, le cardinal Piccolomini chargea Pinturicchio de décorer de peintures la bibliothèque qu’on venait d’ajouter k la cathédrale du Sienne, en lui recommandant d’y représenter les faits et gestes du pape Pie U, son grand-oncle. Ce travail, terminé seulement eu 1509, ne répondit pas à sa réputntion, Vasari est fort sévère k son endroit, et il a raison. Mais il se trompe en disant que Pinturicchio déroba à Raphaël les cartons d’après lesquels il aurait si mal exécuté ces fresques. Raphaël, qui n’avait k cette époque que vingt uns, n’était connu alors que de ses amis et s’estimait

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