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visites du médecin maintiennent ou réparent sa santé ; des visites fréquentes, les consolations religieuses et les exhortations des chapelains, l’enseignement es cellule, les bonnes lectures, le travail ramènent peu à peu sa pensée et son âme à des sentiments meilleurs et à des intentions plus droites.

Puis l’isolement, dès qu’il a produit son effet, doit cesser, du moins eu partie. Le gouvernement, en Angleterre, après avoir réduit de dix-huit mots à un an, a, plus tard, réduit encore d’un an à neuf mois l’emprisonnement cellulaire. Neuf mois.’... c’est là, suivant M. le colonel Henderson, surintendant général, le maximum que les détenus peuvent supporter de l’emprisonnement séparé et du régime cellulaire.

Au bout donc des neuf mois de la première épreuve, les détenus quittent Pentonville ou Millbank et sont conduits dans les prisons de Ponland, de Portsmouth ou de Chatham, pour être appliqués aux travaux qu’on fait en commun dans ces trois établissements, ou bien encore ils sont dirigés sur Dartraoor, pour s’y adonner aux travaux d’agriculture. Ils préludent ainsi, en un mot, aux exercices de la seconde épreuve, qui devient le véritable complément de la première. Elle fait rentrer le détenu dans la société de ses semblables, d’où il avait été, pour un temps, tout à fait éloigné et exclu, et, grâce à elle, on peut juger des progrès accomplis. On apprécie à quel point la réforme a été profonde et l’amélioration sincère.

Les règlements et l’administration se ressemblent à Pentonville et à Millbank ; ils sont les mêmes aussi à Portland, à Portsmouth et à Chatham, et il nous suffira de connaître en détail une de ces prisons pour nous faire une idée très-exacte et très-juste des deux autres.

À Portland, le détenu est soumis aux mêmes pratiques morales qu’à Pentonville, Il y reçoit le même enseignement religieux. De plus, il sait d’avance que s’il consent à s’amender, s’il travaille, s il témoigne des sentiments meilleurs et montre une conduite constamment louable, il peuf réduire sa peine et abréger la durée de son châtiment. Le système des marques est tout en sa faveur, et c’est là un encouragement dont il ne tarde pas a sentir l’efficacité.

Se racheter soi-même, dépendre de sa propre volonté est partout une grande chose et digne d’imposer le respect même à d’autres détenus, qui jouissent d’ailleurs des mêmes privilèges et prérogatives.

Les âmes qui ne. sont que dévoyées et qui n’ont pas perdu absolument le désir de revenir aux vraies routes de l’honneur, du bien et de la vertu, y trouvent le mobile d’une véritable émulation.

En 1843, l’Amirauté recherchait sur les côtes méridionales et occidentales une série de havres. Des commissaires chargés de cette étude signalèrent l’excellente position de l’Ile de Portland, comme un des points les plus importants pour la marine royale et marchande, et constatèrent la nécessité d’y établir à peu de frais une jetée.

On songea dès lors a employer les prisonniers à un pareil travail et l’on construisit d’abord pour eux une prison provisoire et d’une construction légère. En 1848, la prison était terminée et l’on commença immédiatement la construction de la jetée ou digue gigantesque destinée, en protégeant la rade de Portland, à faire un bassin où toute la flotte de guerre pourrait, à l’occasion, trouver un refuge.

Les condamnés trouvaient les premiers matériaux sous la main, l’île de Portland étant formée d’une pierre calcaire blanche, de 20 mètres environ d’épaisseur et offrant dans ses différentes couches trois qualités distinctes de pierre dure, demi-dure et tendre.

Il n’a pas fallu moins de vingt-trois années d’efforts continus pour mener à bien une pareille entreprise. La digue, qui vient d’être achevée, se compose d une double muraille d’une profondeur de 50 à 60pieds, et elle enferme une étendue de 21,000 acres.

C’est après un essai si encourageant que le gouvernement anglais a créé, on 1850, de nouveaux établissements à Ponsitiouth et à Chatham.

La prison de Portland est située sur le versant ouest du plateau qui domine l’île. On y pénètre en traversant le bâtiment d’entrée, qui renferme une salle d’attente, les logements du portier et un corps de garde avec chambre d ofticier. Puis vient une vaste cour gazonnèe et ornée de fragments de fossiles déterrés dans les carrières. Cette cour est fermée d’un côté par la caserne, de l’autre par l’infirmerie et, en face, par l’entrée de la chapelle anglicane, qui occupe le centre de deux corps de bâtiments destinés aux cellules des condamnés.

Chacun de ces bâtiments est divisé de manière à former quatre divisions entièrement séparées, et chaque division contient 180 cellules réparties sur quatre étages en hauteur. Des escaliers en fonte conduisent aux galeries des cellules et aux chambres des gardiens chargés de la surveillance. Ici, les cellules ne servent que pour les repas et pour le coucher, mais elles sont garnies, comme à Pentonville et à Millbank, d’un hamac, d’un tabouret, d’une étagère, d’une cuvette et d’un pot à eau en zinc. Elles ont 7 pieds de longueur, 4 de largeur, sur 7 de hauteur. Ce

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sont de3 cloisons en tôle et en bois qui les séparent, et de simples poutraisons les recouvrent et en forment les planchers.

L’école se tient dans les aréas. On enseigne aux prisonniers la lecture, l’écriture et "arithmétique, et le règlement, de plus en plus sévère sur ce point, oblige les prisonniers qui ont l’autorisation d’envoyer des lettres à leurs familles à les écrire euxmêmes. Les cellules, bien qu’elles ne soient point ventilées ni chauffées, sont salubres et propres. Elles sont éclairées au gaz, qu’on tient allumé toute la nuit dans les aréas.

Le costume de la maison se compose d’une veste ; d’un pantalon coupé aux genoux, d’une chemise de laine, de bas, de souliers à semelles très-épaisses, d’un mouchoir de poche et d’une casquette. Tous les dimanches, on change de linge et on prend un bain.

Les détenus ne sont pas enchaînés, excepté ceux qui ont menacé ou frappé un gardien. Ces derniers (et lénombre en est relativement restreint) portent la chaîne aux pieds et un pantalon dont une jambe est en drap noir.

La maison du gouverneur est établie en dehors du pénitencier et ses bureaux occupent une partie des bâtiments, sur la cour d’entrée. La cuisine, la boulangerie et la buanderie sont placées dans les constructions du rez-de-chaussée. N’oublions pas un bâtiment en maçonnerie pour 60 cellules de punition. Enfin tout cet ensemble est clos par un mur d’enceinte de 4 mètres de hauteur.

La chapelle est divisée en autant de compartiments que de divisions cellulaires, c’est-à-dire huit, et des passages couverts les relient avec les bâtiments des condamnés. Tous les matins, à six heures, les détenus se rendent à la chapelle pour la prière, qui dure quinze minutes. Le dimanche, ils ont deux services dans la chapelle anglicane, et une chapelle catholique, qui est dans un bâtiment séparé, reçoit les détenus qui font profession de ce culte. Des instructions religieuses, la lecture de la Bible, le chant des cantiques font, s’il faut en croire le Pall Mail Budget, une salutaire impression. Ajoutons que le pénitencier a une bibliothèque de 5,000 volumes pour les convicts, une autre de 1,200 pour les officiers, et une aussi de 1,000 volumes pour l’infirmerie.

La boulangerie, dirigée et surveillée par un gardien chef, occupe sept prisonniers et exige trois fours chauffés à la vapeur. Le pain est blanc, de bonne qualité, et il est réparti également par chaque repas. La cuisine sa fait aussi au moyen de la vapeur. Elle occupe deux gardiens, chefs de ce service, et vingt détenus. Les condamnés reçoivent tous les jours 645 grammes de pain, sauf le dimanche, où la ration est de 840. Leur déjeuner se compose de olit,40 de cacao, additionné de lait et de mélasse ; à midi, ils mangent une soupe au gruau assaisonnée de gingembre ou de poivre. Le soir, on leur sert la soupe et le pain. Quatre fois par semaine, au dîner, on leur sert 140 grammes de bœuf bouilli ou de mouton rôti et 1 livre de pommes de terre. Deux fois par semaine, ils ont la soupe grasse aux légumes et 1 livre de pommes de terre, à laquelle on ajoute aussi, le dimanche, IIS grammes de fromage.

C’est la vapeur encore qui fonctionne pour le blanchissage et le séchage du linge, que huit prisonniers sont tenus de laver.

L’infirmerie de la prison de Portland, dans un bâtiment séparé, se compose d’un rez-dechaussée et d’un étage où de grandes salles contiennent 25 lits chacune.

L’air de l’Ile et le régime des travaux en plein air entretiennent dans la maison la bonne santé générale et la vigueur des détenus.

Nous allons parler maintenant des travaux des condamnés, dont la journée doit être employée comme il suit : levés à 5 heures eu été et à 5 heures 1/8 en hiver, ils déjeunent dans leurs cellules de 5 heures 45 minutes à 6 heures 15 minutes ; la prière les amène à la chapelle de 6 heures 15 minutes à 6 heures 30 minutes. Le travail et la parade viennent ensuite, de 6 heures 30 minutes a midi, heure à laquelle ils retournent dans les cellules pour dîner. De 1 heure à 6 heures 10 minutes, le travail ;, puis le souper en cellule jusqu’à 6 heures 40 minutes ; puis l’école, la lecture, l’écriture, de 6 heures 40 minutes à 8 heures ; k ce moment, été comme hiver, ils doivent être couchés.

La durée du travail est de dix heures en été et, en hiver, de sept heures et demie seulement.

Les condamnés de Portland^ qui ont été employés aux travaux de la jetée, exploitaient la pierre des carrières, l’ébauchaient, la taillaient et la plaçaient sur des wagons que des chemins de fer, tracés dans tous les sens, transportaient jusqu’au plan incliné, d’où on la descendait facilement ensuite sur la jetée. Des ateliers de menuisiers, de modeleurs, de fondeurs, de forgerons, de serruriers, etc., réparent et fabriquent les nombreux outils que réclame une entreprise de cette importance. Divisés en escouades de 25 à 30 hommes, conduits, surveillés et ramenés de leurs chantiers à la prison, les prisonniers sont toujours sous la main de deux gardiens armés d’un sabre et du bâton des policemen. Ils ne font d’ailleurs usage de leurs armes qu’en cas de rébellion et d’attaque.

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Il n’y a point de classification déterminée entre les prisonniers. Pour exciter leur zèle et les porter k améliorer leur position, on se sert d’un système emprunté aux prisons irlandaises. C’est le système des marques ou des bons points. À son entrée à Portland ou à Chatham, chaque détenu est averti qu’il ne dépend que de lui, au moyen de son assiduité au travail et de sa bonne conduite, d’obtenir une réduction d’un quart dans la durée de sa peine. C’est surtout au travail, pour ne point encourager la dissimulation et l’hypocrisie, qu’une telle faveur est accordée. Les détenus sont divisés en quatre classes, sans distinction de la peine qu’ils ont encourue, laquelle varie entre trois ans et la prison perpétuelle.

Pour obtenir de passer de la quatrième dans la troisième classe et de celle-ci dans la deuxième, puis pour arriver enfin h la première, le détenu doit gagner six marques au moins ou huit au plus par jour. Tous les soirs, un rapport des gardiens est remis dans ce but au gouverneur.

Dans ces divers degrés d’avancement de classe, le détenu obtient un pécule plus élevé, l’autorisation de recevoir quelques visites, d’écrire à sa famille et aussi quelque amélioration dans sa nourriture. Parvenu à la première classe, si l’on a été satisfait pleinement de lui, il est récompensé, fùt-il condamné à la prison perpétuelle, par la remise d’une partie de sa condamnation.

Le registre des marques, tenu par le principal gardien de l’hôpital, est soumis à l’officier médical, qui fait au gouverneur les recommandations qu’il juge convenable. Les détenus incorrigibles ont un régime spécial, et les détenus récidivistes, tout en étant soumis aux mêmes règles et avancements de classe que les autres condamnés, encourent, en cas de mauvaise conduite, des punitions plus sévères.

Les punitions, dans les prisons de Portland, de Chatham et de Portsmouth, sont graduées comme les fautes ; ce sont : la cellule ténébreuse, pendant huit jours, au pain et à l’eau ; l’isolement en cellule, pendant huit ou quinze jours, avec ou sans travail, et, pour coucher, un lit de camp ; la perte d’un nombre de marques, ce qui est un châtiment des plus redoutés ; et Tes peines corporelles, pour les cas graves et rares d’attaque sur les officiers ou gardiens. Cette dernière peine est toujours prononcée par une commission spéciale, v

Tel est le régime des condamnés dans les prisons de la seconde épreuve et telles sont les stations qu’ils suivent tous pour se racheter peu à peu par le travail. Le travail qu’ils font est considérable. ■ On a calculé ce qu’il représente dans les trois prisons de Portsmouth, Portland et Chatham, a dit M. Alexandre Ribot dans un très-judicieux et très-savant Examen du système pénitentiaire en Angleterre. En 1871, la valeur totale de ce travail des condamnés est estimée à 149,745 livres sterling ou 3,743,625 francs. Dans cette somme ne figure pas le produit du travail dans l’intérieur des prisons pour l’entretien des condamnés. Le prix moyen de la journée de travail des prisonniers varie, suivant les prisons, de 1 schelling et demi à 2 schellings et demi. Il faut rapprocher la dépense ; or, les trois prisons coûtent par an, pour l’entretien, la nourriture, le transport des condamnés, une somme totale de 3,299,650 francs. Par conséquent, on est arrivé à ce résultat très-remarquable d’avoir trois grandes prisons qui coûtent moins qu’elles ne rapportent au gouvernement. Le bénéfice aurait été, d’après les documents officiels, en 1871, de plus de 443,000 francs. Sans doute, à Pentonville, à Millbank, il en est tout autrement ; néanmoins, pris en bloc, le budget des prisons du gouvernement ne fait peser sur le trésor public qu’une charge annuelle de 1,800,000 francs pour 9,500 condamnés. La dépense brute par chaque personne est, en moyenne, de 785 francs ; déduction faite du produit du travail, elle ne s’élève qu’à environ 210 francs.

L’économie n’est pas le seul bénéfice que l’État a trouvé dans ce système, continue M. Ribot. L’Angleterre eût peut-être hésité à entreprendre d’aussi grands travaux, s’il eût fallu les achever entièrement à l’aide de l’industrie privée. Si on regarde l’intérêt des condamnés eux-mêmes, il nous semble que leur santé doit se trouver mieux de la fatigue, même rude, supportée eu plein air, que du travail souvent malsain de l’atelier fermé. Ces vastes chantiers ont aussi l’avantage de permettre à une foule de condamnés l’apprentissage rapide et facile d’un métier. Enlin, toutes les objections économiques fondées sur la concurrence que le travail des prisonniers crée aux travailleurs libres sont ici évitées, puisque c’est pour le compte de l’État, et non d’entrepreneurs ordinaires, que sont employés les condamnés. >

Nous venons de voir et d’apprécier, ou du moins de présenter au lecteur assez de détails et de documents pour apprécier les prisons d’hommes en Angleterre ; mais nous n’avons rien dit encore da l’emprisonnement des femmes condamnées. Dans quelques États, où les réunit dans des établissements spéciaux, où de vastes ateliers leur permettent de travailler en commun ; mais, malgré le silence qu’on leur impose et nonobstant les sévérités du règlement, la corruption et le vice n’ont pas laissé bien des fois de se développer dans des conditions pareilles de I

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communauté et de rapprochement. Ailleurs, les femmes ont leur quartier séparé dans le pénitencier des hommes ; mais, là encore, on a signalé souvent des inconvénients et des abus. La législation pénale de la Grande-Bretagne n’a point deux systèmes différents pour les deux sexes. Ainsi les femmes subissent la première épreuve de neuf mois en cellule dans un quartier séparé de la prison de Millbank. Elles sont occupées à des ouvrages de couture ; elles préparent, ou raccommodent, ou blanchissent le linge des autres prisons de la métropole.

Quand elles ont, comme les hommes, subi cette première épreuve, on les soumet à la seconde, c’est-à-dire au travail en commun. C’est pourquoi on les transfère dans les établissements de Brixton Ou de Park-Hurst.

Là, le même stage, les mêmes degrés à franchir qu’à Portsmouth, à Portland ou à Chatham. Elles y gagnent des bons points et des marques par leur bonne conduite et leur travail. Elles sont récompensées, comme les hommes, par l’amélioration dé la nourriture et l’accroissement du pécule, par la réduction de la peine et la libération conditionnelle et révocable."Nous n’avons pas besoin d’ajouter qu’on a recours, pour elles comme pour les hommes, aux moyens moraux de l’instruction religieuse et de l’enseignement.

D autre part, des comités actifs de dames patronnesses les accompagnent de leur sollicitude et de leur dévouement jusqu’au fond des prisons où elles sont reléguées, et les détenues qui ont donné des signes sérieux de repentir et d’amendement sont envoyées au refuge de Carlisle, où l’œuvre de leur réhabilitation continue dans des conditions véritablement exceptionnelles. Il advient que plus d’une, en sortant de là, a pu rentrer sous le toit paternel ou conjugal et s’y maintenir dignement.

Les sentences prononcées contre les femmes, en Angleterre, sont plus clémentes que celles qui frappent les hommes. Les médecins ont remarqué que les femmes condamnées ne peuvent pas supporter plus de neuf mois l’isolement en cellule sans que leur santé en soit gravement atteinte.

Le pénitencier des jeunes détenus à Park-Hurst est réglé d’après le même système ; mais là, nous trouvons bien plus une école qu’une prison.

À Park-Hurst, le personnel des employés est peu nombreux, mais suffisant : un gouverneur pour l’administration générale et matérielle ; un chapelain pour le spirituel et le service du culte, lequel chapelain tient des registres détaillés des notes de bonne conduite et des punitions ; un seul commis choisi par le gouverneur et capable de remplacer au besoin le chapelain ; voilà, pour ainsi dire, l’état-major. Les gardiens ou chefs d’atelier ne dépassent pas le nombre de huit ou dix hommes.

Le but principal de l’établissement de Park-Hurst est, en corrigeant des vices précoces ou de dangereux instincts, de former de jeunes émigrants. On leur apprend à devenir des agriculteurs et des jardiniers, des tailleurs, des tisserands, des cordonniers, des menuisiers, des tonneliers, des forgerons.

Tandis que, dans d’autres pays, les écoles ou maisons de correction de cette espèce ne profitent guère qu’au prisonnier ou encore à sa famille, qui se trouve ainsi exonérée de lu charge, toujours très-lourde, d’un mauvais sujet, la société anglaise bénéficie, en quelque sorte, de ces jeunes coupables en les envoyant au loin dans ses colonies, où leurs bras et leurs travaux sont mis en rapport et utilisés au profit de la masse générale.

L’Angleterre n’a, par le fait, que deux sortes de prisons ou, si l’on veut, deux catégories de pénitenciers : les prisons qui appartiennent aux comtés ou aux bourgs (county or borough gaols), qui sont destinées aux prévenus et aux condamnés depuis trois jours jusqu’à deux ans, et les prisons pénales pour les autres condamnés (convict prisons), qui appartiennent au gouvernement et sont placées sous sa haute direction. C’est dans ces dernières prisons que sont envoyés tous les condamnés pour crimes et délits dont la peine est prononcée pour plus de deux ans.

Les prisons des comtés et des bourgs sont placées sous la direction et la surveillance des juges de paix qui, réunis dans des sessions trimestrielles, se font rendre compte de tous les détails de l’administration et approuvent les dépenses. Us doivent nommer les gouverneurs et employés. Ce personnel se recrute d’ordinaire, pour les gardiens et gardiens chefs, dans l’élite des sous-officiers et soldats de l’armée.

La prison préventive et de correction de Devizes, au comté de "Wiltshire, où sont enfermés les prévenus et les condamnés à la correction depuis trois jours jusqu’à deux ans, va nous mettre au courant du système suivi dans ces établissements.

Cette prison dé Devizes fut construite en 1810, d’après un plan panoptique, et on y compte au moins 200 cellules de grande dimension (14 pieds sur 7 pieds) pour les cas où l’isolement est nécessaire.

Les hommes condamnés pour félonie sont employés au tread-mill, ou moulin à marches, et, mieux encore, au tread-wheel ou roue à marches.

La tread-mill ne peut être envisagé que comme un moyen de discipline. Les détenu ;