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!» loi de bannissement des princes d’Orléans,

après l’éloquent discours de Vignerte, M. Pradié s’écria : « Tous, nous devons maintenir la République et la souveraineté du peuple. Qu’on sache bien que celui qui y portera atteinte sera puni. » Kéélu & l’Assemblée législative en 1849, par 32,732 voix, il suivit la même ligne politique. N’ayant aucun talent oratoire, il ne prononça point de discours, mais il fit paraître, en 1850, quatre brochures politiques pour défendre la République. Ces brochures sont intitulées : Point de coup d’£tat, point d’insurrection ; les Vieux partis s’en vont ; la République durera-t-elle ? oui ; ta monarchie reviendra-t-elle ? non ; République et royauté. En même temps, il faisait une vive opposition h Louis Bonaparte, votait contre la loi du 31 mai qui mutilait le suffrage universel, se prononçait contre la révision de la constitution et proposait un projet de loi relatif à la responsabilité du président de ta République et de ses ministres. Le coup d’État du 2 décembre 1851 lit rentrer M. Pradié dans la vie privée. Pendant la durée de l’Empire, il revint à ses élucubrations mystico-religieuses et publia divers ouvrages, peu remarqués du reste, Qui te rejetèrent complètement dans le giron de l’Église.

Lors des élections du 8 février 1871, M. Pradié fut élu député de l’Aveyron, le dernier de la liste, par 53,307 voix. Dans sa profession de foi, il s’était prononcé en faveur de la liberté et de la République. À Bordeaux, il fut un des signataires de la proposition demandant la déchéance de l’Empire, laquelle fut votée le 1er mars 1871. Bien que siégeant au centre droit, il ne fit d’abord partie d’aucun groupe parlementaire, mais il finit par se mettre à la tête d’un groupe formé d’éléments hybrides et qui prit son nom. Après avoir soutenu pendant quelque temps la politique de M. Thiers, il se joignit aux membres de ia majorité monarchique qui résolurent de le renverser. Devenu membre du fameux comité des six, présidé par le général Changarnier, il prit une p’art active aux agissements qui eurent pour résultat d’amener la chute au président de la République (24 mai 1873), puis de préparer le rétablissement de la monarchie. Cette dernière tentative ayant misérablement échoué, M. Pradié donna son concours à l’institution du septennat, dont il est resté un zélé partisan, et depuis le 24 mai il n’a cessé de s associer par ses votes à la politique de compression a outrance inaugurée par le ministère de Broglie et continuée par ses successeurs. Quant au rôle du groupe dont il fait partie, ’ voici comment il le définissait dans une lettre adressée en jurn 1874 au Journal des Débals : « Il n’a rien de mieux à faire qu’à continuer à se maintenir dans l’inaction, .en évitant toute proposition compromettante. • Mais tout en renonçant aux

propositions compromettantes, m. Pradié n’a pu résister au désir de faire quelques propositions destinées à rétablir « l’ordre moral. » Dans ce but, il présenta à l’Assemblée, en mai 1873, un projet de constitution de seconde Chambre, élue par un corps électoral composé des plus hauts imposés et des notabilités en nombre égal ; puis, en juin 1873, une proposition de loi municipale dans laquelle il propose de modifier profondément le suffrage universel, qui, selon lui, est < un odieux mensonge et une révoltante iniquité. > Ces idées, que M. Pradié a exposées devant la commission des lois constitutionnelles dont il fait partie, et quelques lettres publiées par lui dans les journaux ont valu au représentant de l’Aveyron une certaine notoriété, qu’il avait vainement cherchée jusque-là. Parmi ses écrits, nous citerons : Essai sur l’être divin (1847. 2 Vol. in-8<>) ; De l’éducation et de la liberté d enseignement (1847, in-l«) ; Défense des ordres religieux en général et des jésuites en particulier, contre l’intolérance et tes préjugés modernes (1347, in-12) ; Question religieuse en 1682, 1790,1802 et 1848, et historique complet des travaux du comité des cultes de l’Assemblée constituante de 1848 (1849, in-s«) ; le Vieux monde devant le monde nouveau (1849, in-8°), recueil de quatre brochures républicaines ; le Philosophe, sa profession de foi (1858, in-8°) ; la Démocratie française, ses, rapports avec la monarchie et le catholicisme (1860, in-8<>) ; la Liberté (1861, in-8<s) ; le Monde nouveau ou le inonde de Jésus-Christ

Î1863, in-8°) ; la Liberté politique et religieuse 1864, in-12) ; Notes à mes collègues (1871-1872), série de brochures sur des projets de loi relatifs à la question religieuse, etc.

PRADIER s. m. (pra-diè — bas lat. pratarius ; du lat. pratum, pré). Agric. Ouvrier chargé du soin d’une prairie communale.

PRADIER (James), l’un des plus grands statuaires français, né à Genève en 1792, mort à Bougival, près de Paris, en 1852. Sa famille, française d origine, s’était réfugiée en Suisse à la révocation de l’édit de Nantes. Destiné d’abord à l’état de graveur, comme son frère aîné de qui l’on connaît une belle reproduction du Tu Marccllus eris d’Ingres, il se sentit plus de vocation pour la sculpture et, venu à Paris en 1809, il entra dans l’atelier de Lemot. Les. dispositions qu’il manifestait étaient telles que Denon lui obtint une petite pension pour qu’il pût continuer ses études en toute liberté, et que, ayant échoué dans un

firemier concours pour le grand prix en 1812, I fut néanmoins exempté de la conscription, faveur extrêmement rare à cette époque.

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L’année suivante, il remporta le grand prix ; le sujet était : Philactèle daWl’île de Lemnos, bas-relief. Dans les cinq années qu’il passa à Rome, Pradier étudia beaucoup, fit d’innombrables croquis et esquisses, mais produisit peu d’œuvres ; il n’envoya qu’une tête d’après l’antique et un Aristée pleurant ses abeilles (actuellement au musée de Genève). L’art purement romain, d’une ampleur pesante, d’une lourdeur robuste, ne l’intéressait que médiocrement ; c’est l’art grec surtout qu’il étudiait, en y mêlant de vagues souvenirs do Clodion et des aimables maîtres du xviue siècle. La sculpture religieuse ne l’occupa pas davantage dans la capitale de la chrétienté ; Pradier resta païen ; on le soupçonnait de croire plutôt en Apollon qu’en Jésus-Christ, aux Grâces plutôt qu’aux trois vertus théologales qui les ont remplacées dans la religion nouvelle. Dès son retour, il exposa des œuvres considérables : un groupe en bronze, un Centaure et une Bacchante, et une Nymphe en marbre (Salon de 1819, musée de Rouen). De 1821 à 1823, il fit un nouveau séjour en Italie et y exécuta, dans une colonne de marbre antique trouvée à Vêles, deux ravissantes statues demi-nature, une Vénus et une Psyché, achetées par le gouvernement pour le musée du Luxembourg ;

un Fils de Niobé percé d’une flèche (Salon de 1822} fut également acheté pour ce musée et lui valut la. décoration de la Légion d’honneur. À peine était-il revenu en France que d’importants travaux lui furent confiés : un Saint Pierre, pour l’église Saint-Sulpice ; un Saint André et un Saint Augustin, pour l’église Saint-Roch ; deux ’bas-reliefs, le Duc d’Angoulême congédiant les envoyés des cartes de Cadix, pour l’arc de triomphe de la place du Carrousel, et le Duc de Berry dans les bras de la Religion, pour l’église Saint-Louis de Versailles. Pradier est loin d’être tout entier, avec ses qualités exquises, dans ces œuvres de commande, qui seraient encore, pour un autre, d’excellents morceaux.

Ses expositions suivantes : Promélhée, statue en marbre (Salon de 1817 ; jardin des Tuileries) ; Vénus, statue en marbre des Pyrénées (Salon de 1827 ; musée d’Orléans) ; les Trois Grâces, groupe en marbre, morceau célèbre dans lequel il rivalise avec Germain Pilon (Salon de 1831 ; palais de Versailles) ; Cyparisse et son cerf, groupe en marbre ; Une jeune chasseresse, statue en marbre (Salon de 1833) ; Satyre et Bacchante, groupe en marbre (Salon de 1834 ; collection Demïdoff) ; Vénus consolant l’Amour, marbre (Salon de 1836) ; une Odalisque (Salon de 1841 ; musée de Lyon) ; Çassandre (Salon de 1843 ; musée d’Avignon) ; toutes ces œuvres délicates, sans doute un peu efféminées, mais pleines de charme, qu’il produisait d’une main facile, le placèrent k la tête des maîtres contemporains. Les statues colossales de Strasbourg et de Lille, pour la place de la Concorde, les deux Muses de la comédie, pour le monument de Molière, rue Richelieu, montrèrent qu’il savait atteindre aussi le haut style sans plus d’effort, et ses bustes, ceux du Connétable de Montmorency (palais de Versailles) ; de Charles Bonnet (Salon de 1822 ; musée de Genève) ; de Louis XVI'il (palais de Versailles) ; de Charles X (Salon de 1827) ; de Louis-Philippe (en bronze, Salon de 1833 ; en inarbre, Salon de 1845) ; de Cuvier (Salon de 1833) ; du baron Gérard (Salon de 1838), prouvèrent que son ciseau se pliait avec souplesse à toutes les difficultés de l’expression. Cependant, son talent était plutôt délicat et tendre, d’une intimité voluptueuse, et quoiqu’il ait touché a toutes les parties de son art, qu’il ait manié avec supériorité la pierre, le marbre, la terre, le bronze, la sculpture monumentale et la petite figurine, c’est dans ses statues et statuettes de femmes qu’il se montre tout entier. La beauté féminine, dans toute la sveltesse de ses formes et toute la grâce de ses attitudes, voilà ce qu’il aimait à rendre avec une variété infinie : Phryné, statue en marbre (Salon de 1845 ; collection Delessert) ; la Poésie légère, statue en marbre (Salon de 1846 ; musée de -Nîmes) ; Nyssia, statue en marbre pentélique (Salon de 1848 ; musée de Mont Eellier) ; Sapho, statue demi-grandeur, en ronze (Salon de 1848) ; Chloris caressée par Zéphire, statue en marbre de Paros (Salon de 1849) ; la Toilette d’Atalante, statue en marbre (Salon de 1851 ; musée du Luxembourg) ; Médée, Pandore, Hébé, statuettes en bronze (Salon de 1851) ; Léda, figurine en ivoire (Exposition de Londres, 1851), . etc. ; ces œuvres exquises ont été popularisées par des reproductions de toutes sortes.

« Personne comme Pradier, dit un de ses biographes, M. Louis de Cormenin, n’a compris la chasteté du nu et revêtu le corps humain d’un pareil idéal de beauté. La volupté même s’épure ; elle n’a pas’d’attaches grossières, de tentations malsaines, elle ne provoque pas le désir ; elle sollicite l’admiration par la touchante ingénuité de sa grâce, par le charme pénétrant de ses suaves contours. La femme s’ennobtit dans la déesse et garde je ne.sais quelle distance de majesté froide que l’œil le plus hardi ne saurait franchir. Léda peut bien frémir quand viendra le cygne divin, mais elle connaît que sous le blanc plumage de l’oiseau c’est le maître des dieux, Jupiter amoureux, qui la visite. Ni VOdalisque, aï Phryné, m la Poésie légère, ni Çassandre, m Nyssia, ni Sapho ne s’éloignent de ce sentiment, exquis. La Grèce

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ne les eût certes pas désavouées, ces légères figures, et, pour s’y découper en élégantes silhouettes, le ciel oleu de i’Attique leur eût servi d’horizon naturel. Pradier a respecté le marbre comme une matière impérissable et sacrée, faite pour la représentation auguste des dieux et la glorification des héros. Jamais sou ciseau ne l’a sali d’un attouchement lascif, et si sa volupté monte jusqu’à l’ivresse, c’est au moins l’ivresse d’un Actéon charmé surprenant Diane au bain. La courtisane elle-même paraît candide dans sa

blancheur de neige durcie ; auuune pensée mauvaise ne chatouille les sens. Il ne conduira pas Aspasie à un musée secret effronté ; il la fera asseoir attentive au banquet de Platon, entre Socrate qui parle et Alcibiade qui écoute. Il n’a pas la pruderie et le rigorisme, mais il a la pudeur et la réserve du beau. Sujets païens ou sujets religieux, vierges ou déesses, apôtres ou héros, allégories, bustes, groupes, bas-reliefs, figures, ronde bosse, il a tout tenté, tout réussi. Là où il manquait par l’idée, dont il faisait trop fi selon nous, il suppléait par l’adresse et la suprême beauté. Souverain de la forme, il s’y complut avec trop d’amour peut-être et négligea la haute portée de 1 art. Ses statues ne pensent pas, il est vrai, mais elles font rêver ; on les admire et on les adore aussi comme des maîtresses idéales, des songes réalisés, des apparitions fugitives, surprises et fixées pour le régal des yeux. »

Nous n’avons pourtant encore parlé que d’une faible partie de l’œuvre de Pradier, car ce maître a’été d’une fécomiitê surprenante. Il nous faut encore citer, dans la statuaire décorative : l’Industrie, statue en pierre, au palais de la Bourse ; les Douze Victoires, figures colossales en marbre du tom- ’ beau de Napoléon 1er, aux Invalides ; les statues couchées du Duc de Penihièvre et de Mlic' de Montpensier (Salon de 1847), pour les tombeaux de la chapelle funéraire de Dreux ; une autre statue, pour le tombeau du comte de Beaujolais, à l’église de Saint-Jean, de Malte ; Phidias, statue en marbre (jardin des Tuileries) ; Gaston d’Orléans , frère de Louis XIII ; le Duc d’Orléans, fils de Louis-Philippe, statue colossale, assise ; le Maréchal Soutt, statues en marbre plaeées dans les galeries de Versailles ; la statue de M. Jouffroy, en marbre, pour la ville de Besançon ; celle de J.-J. Rousseau, en bronze, pour la ville de Genève ; les figures de la fontaine de Nîmes ; les quatre Renommées, de dix-huit pieds de hauteur, sculptées en bas-relief sur l’arc de triomphe de I Étoile ; les bas-reliefs de la Chambre des députés ; des pendentifs à l’église de la Madeleine ; parmi ses bustes, ceux de Sismondiet d’Erard (Salon de 1843) ; du jurisconsulte Paillet (1846) ; de Salvandy et de M. Leverrier ; du docteur Flaubert, de M. Camille Doucet, ’de Spontini, d’Aubert (1847) ; de M. Maxime Du Camp (1851) ; parmi ses statuettes : Anacréon et l’Amour, la Sagesse repoussant l’Amour, l’Amour et Psyché (Salon de 1846), petits groupes en bronze, gracieux chefs-d’œuvre qui auraient pu être donnés comme trouvés dans les fouilles de Pompéi, sans compter une multitude de figurines, statuettes de femmes, petits groupes d’un jet heureux, d’une rare expression et qui, immédiatement reproduits par l’industrie en. bronze ou en pâte tendre, ont plus fait peut-être pour populariser sa gloire que ses plus grandes œuvres. Pradier a formé d’excellents élèves, MM. Letjuesne, Ferrât, Guillaume, Maillet, Gonon, etc. ; mais il n’a pas laissé d’héritier direct de son talent intime et pénétrant.

PRADIER FODJSftÉ (Paul-Louis-Ernest), publiciste français, neveu du précédent et petit-fils par sa mère de l’éniiuent médecin Fodéré, né à Strasbourg en’1827. Il étudia la jurisprudence k Strasbourg, puis vint exercer la profession d’avocat k Paris, Nommé, en 1857, professeur de droit public au collège arménien de Moarat, il revint au bout de quelques années à Paris et fut attaché au même titre au collège arménien de cette ville. Les ouvrages remarquables dont il est l’auteur lui ont valu d’être appelé, en 1874, à Lima par le gouvernement péruvien, pour y fonder et organiser renseignement des sciences politiques et administratives. Outre des articles publiés dans le Journal du droit administratif, la Revue pratique de droit français, l’Ami de la religion, etc., on lui doit : Précis de droit administratif (Paris, 1853-1858, in-8°) ; Traité de droit commercial (Paris, 1854-1862, in-8°) ;Lois sur le recrutement (1851, in-12) ; Cours de. droit politique et d’économie sociale (1859, in-8») ; Éléments de droit public et d’économie politique (1864, in-18) ; le Droit, de la guerre et de la paix, trad, de Grotius (1865-1866, 3 vol. in-8°) ; Principes généraux de droit, de politique, de législation (1869, in-S1»), où l’on trouve exposées, analysées et discutées toutes les questions qui se rattachent au droit constitutionel, avec une exposition de toutes les constitutions étrangères ; Documents pour l’histoire contemporaine (1871, in-8°) ; Portraits politiques ; Drouyn de Lhuys (1871, in-12) ; Commentaire sur la justice militaire (1873, in-8«), etc.

PRADIOUMNA, le fils de Crichna, dans la mythologie indienne. V. PuaûYOvjmNa.

PRADJNA ou AR1A-TARA, la personnification de la matière, dans la cosmogonie des bouddhistes. Cette divinité forme la trinité

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firimordiale avec le Bouddha, l’essence intelectuelle, et Sanga, la multiplicité.

Prado. On désignait sous ce nom une salle de danse, située dans la Cité, à Paris, en face de la porte principale du Palais de justice, et spécialement hantée par les étudiants du quartier Latin. Cette salle, qui a été démolie en 1855 et remplacée par la Closerie des Lilas, était construite sur l’emplacement d’uno chapelle élevée vers la fin du v» siècle. Hugues Capet, vers 965, prit soin lui-même de la faire agrandir et, en 1138, elle devint paroisse royale. Les bâtiments de cette église furent restaurés de 1730 à 1736 ; mais, malgré cette restauration, Louis XV n’en ordonna pas moins la reconstruction complète. L’église ancienne fut donc abattue, et le portail de la nouvelle s’achevait à peine quand la Révolution éclata. Supprimée en quelque sorte avant de naître, la nouvelle église fut vendue en 1791 comme propriété nationale. Sur son emplacement vint, peu de temps après, s’établir un théâtre qui prit le nom de théâtre de ta Cité. Lenoir en lut l’architecte et l’inauguration eut lieu le 20 octobre 1792, par une représentation au bénéfice des braves défenseurs de Lille. On sait que la dénomination de rue de Lille avait déjà été donnée en l’honneur des mêmes patriotes à la rue ci-devant de Bourbon. L’année suivante, le théâtre de la Cité prit le nom de Cité-Variétés. On jouait à la Cité-Variétés la comédie, le vaudeville et la pantomime. Ce fut là que fut représentée en 1793 la célèbre pièce, le Jugement dernier des rois. En 1802, on y vit débuter une troupe de chanteurs allemands, qui changèrent le nom du théâtre en celui de théâtre Mozart et n’obtinrent qu’un médiocre succès. En 1805, un acteur fort connu, Beaulieu, tenta de relever l’ancienne fortune de la Cité-Variétés et en reprit la direction ; mats ses affaires n’ayant pas réussi, il se brûla la cervelle. En 1806, les acteurs des Variétés vinrent s’installer provisoirement dans la salle vacante, en attendant qu’on leur eût construit la salle définitive qu’ils occupent encore aujourd’hui, boulevard Montmartre. Après leur départ, un nouvel entrepreneur essaya de la ressusciter sous le titre des Veillées. Mais le succès ne revint plus et, en désespoir de cause, le théâtre devint une salle de danse, et les pièces voisines, dont faisait partie le foyer, des loges maçonniques. On prétend que Napoléon ier et Joséphine assistèrent dans une de ces loges à une fête d’adoption donnée par le maréchal Lannes et le prince Poniatowski, tous les deux vénérables. Enfin, le Prado prit possession des salles en despote, et c est là que, pendant quarante ans, a sauté joyeusement, au bruit d’un orchestre entraînant, bien qu’il laissât k désirer, la jeunesse sans cesse renouvelée du pays Latin. L’expropriation a

fait du Prado un souvenir, et à sa place s’élève aujourd’hui le Tribunal de commerce.

PRADO, ville du Portugal, province de Minho, comarca et à 5 kilom. N.-O. de Braga, sur la rive droite du Cavado ; 6,700 hab. Fabrication de faïence commune ; pêche très-lucrative de truites et de saumons.

PRADO, bourg d’Espagne, province et à 55 kilom. S.-O. de Madrid ; 3,000 hab. Distilleries.

PRADO, ville du Brésil, province de Bahia, à l’embouchure du rio juouruou, port sur l’Océan. L’entrée du port est défendue par un fort. La farine de manioc est le principal objet d’exportation de cette ville.

PRADO (Blas dkl), peintre espagnol, né à Tolède en 1544, mort vers 1605. Il lit de rapides progrès sous Francisco Comontes et acquit beaucoup de talent comme peintre de portraits et de tableaux de genre. Philippell le chargea de se rendre dans le Maroc et d’y peindre ce qu’il y verrait de plus remarquable. L’artiste fit, pendant son séjour en ce pays, les portraits de l’empereur Muley-Abdallah, de ses enfants, des personnages les plus importants de sa cour et y gagna beaucoup d’argent. De retour en Espagne, comme il continuait k porter le costume et à mener le genre de vie des Orientaux, il fut poursuivi par l’inquisition et recouvra la liberté à la condition de ne plus peindre que des sujets de piété. Les tableaux de genre de cet artiste sont très-recherchés. Ses tableaux d’histoire sont remarquables par la majesté et la simplicité de la composition, par la pureté, du dessin, par le soin de l’exécution. On cite, parmi ses tableaux : l’Assomption, la Vierge avec l’Enfant et des saints, une Descente de croix, à Madrid ; la Présentation, Suint Biaise, Saint Antoine, à Tolède ; une Sainte Famille, au monastère de Guadelupa, etc.

PRADON (Nicolas), poète tragique français, né k Rouen en 1632, mort h Paris eu 1698. Il doit toute sa notoriété k la lutte qu’il se jugea de force k soutenir contre Racine et Boileau, à la faveur dont il jouit près des détracteurs et des adversaires littéraires de ces deux poètes, qui lui étaient bien supérieurs. Venu jeune à Paris et doué d’un mince talent de versificateur, assez habile seulement k échafauder ces puériles intrigues dramatiques qui suffisaient à la tragédie, il n’eut pas plus tôt lu, eu petit comité, sa première production, Pyrame et l’hisbé, qu’il fui acclamé par les adversaires et les rivaux de Racine comme un poète digne de jouter avea