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PRUD PRUD

conspection excessive dans tout ce qui touche à la pudeur et à la bienséance : Une femme prude paye de maintien et de paroles ; une femme sage paye de conduite. (La Bruy.)

 ... Ce n’est pas le temps,
Madame, comme on sait, d’être prude à vingt ans.

Molière.

Qui dit prude, ne vous déplaise.
Dit toujours ou laide ou mauvaise.

La Fontaine.

Si vous prêtez un livre a la prude Célie,
Où des traits dangereux puissent nuire au lecteur,
Avec grand soin elle vous prie
De marquer les endroits qui blessent la pudeur.
Sa vertu, dites-vous, mérite qu’on l’admire.
Non, je sais le dessein qu’elle a ;
Ce n’est point pour ne pas les lire,
C’est pour ne lire que ceux-là.

Lebrun.

|| Qui marque la pruderie : Un air prude. Des manières prudes.

— Fig. Qui a des afféteries excessives : La plume de Mme de Genlis est prude et son génie collet monté. (J. Joubert.) La muse n’est pas prude ; elle ne craint pas de s’encanailler. (P. de St-Victor.).

— s. f. Femme prude : Les prudes sont les jansénistes de l’amour. (Ninon de Lenelos.) La prude, c’est la femme sur.avvée gui, après avoir eu bien des choses à se reprocher, fait la précieuse, blâme les autres et affecte des sentiments dont elle n’a pas donné tes preuves. (Mme de Campan.) La prude est celle gui, substituant la forme au fond, paye seulement ite maintien et de paroles, ou gui, ne se contentant pas d’être chaste, veut encore que sa chasteté fasse du bruit. (C »  » ° de Bradi.) N’y a-l-il pas un peu de mangue de courage accompagné d’un peu de vengeance basse au fond du cœur d’une prude ? (H. Beyle.) Un badinage qui fait sourire une femme vertueuse souvent effarouche une prude. (Latena.) Chez une prude, le voile n’est si épais que parce qu’il y a beaucoup à cacher. (Mme E. de Gir.)

Une prude jamais n’a bien pensé d’autrui.

La Chaussée.

Plutôt qu’une autre une prude est séduite.

Flokian.

… Je ne suis pas de ces prude » sauvages, Dont l’honneur est armé de griffes et de dents.

MouèHK.

… Tout homme qui prend une prude, pour femme Devient un sot monsieur, gouverné par madame.

Dufresnt.

Qu’en son feux zèle une prude est amere 1 Damner le monde est un plaisir d’élus ; 1 Mais le Sauveur a la femme adultère

Dit sans courroist : Allez, ne péchez plus. Telle est du ciel la sublime indulgence ! 11 plaint l’erreur, il pardonne a l’offense ; 11 n’aime point ni le fer ni le feu. La pécheresse eut sa grâce accordée ; Mais qu’on suppose, a la place de Dieu, Prude ou docteur, elle était lapidée. Palissot.

PRUDEMMENT adv. (pru-da-man — rad. prudent). Avec prudence, d’une façon prudente : S’esquiver prudemment. Le loup sait se tenir prudemment embusqué. Delille.

J’ai mis fort prudemment mon argent dans ma poche. Regnard.

PRUDENCE s. f. (pru-dan-se — lat. prudentia ; de prudens, prudent). Vertu qui fait apercevoir et éviter les dangers ou les fautes, qui fait connaître et pratiquer ce qui est convenable dans la conduite de la vie : Si vous donnez un conseil, —que ce ne soit pas pour étaler votre prudence, mais pour être utile au prochain. (Boss.) Il faudrait avoir sa prudence pour ne dire que ce gu’il faut, son éloquence pour le dire efficacement. (Fléch.) Les fruits mûrs, mais laborieux, de ta prudence sont toujours tardifs. (La Bruy.) Rien n’approche tant de la pusillanimité qu’une prudence excessive. (J.-J. Rouss.) La prudence est plutôt une qualité de l’esprit qu’une vertu de l’âme. (J.-J. Rouss.) Il y a à tout un terme que la prudence ne doit pas se permettre d’outre-passer. (Grimm.) Un des grands jeux du hasard, c’est de faire échouer la prudence et prospérer la témérité. (Sanial-Dubay.) Quand on avance dans la vie, la prudence prend le pas sur toutes les autres vertus. (Mme de Staël.) La nécessité vaincra toujours la prudence. (B. Const.) Dans beaucoup de prudence, il y a toujours un peu de lâcheté. (Ch.Lemesle.) La prudence » • « < le gouvernail de. l’âme. (Alibert.) Le premier degré de la prudence est d’un sage, le dernier d’un. fou. (A.. d’Houdetot.) La prudence est le fruit de la ré flexion, aidée ds l’expérience. (De Ségur.) La prudence veu ; le salut, la peur ne cherche qu’à repousser l’ospect des dangers. (Guizot.) La prudence est le gouvernement de la liberté par la raison. (V. (Jouais.) La fécondité de l’imprévu dépasse de beaucoup la prudence de l homme d’k’tat, (ProuiUi.Jj La prudence n’est pas de ne <.V.* ! tenter, mais de savoir oser à propos. (E. de Gir.)

Une vertu parfaite a besoin de prudence.

Corneille.

A (ores de prudence on est quasi poltron.

N. LemeKCibE.

— Avoir ta prudence du serpent, Être fort. prudent,

— Prov. La prudence ett mère 4 « la sûreté,

Il faut agir avec prudence pour se soustraire au péril.

— Jurispr. S’en rapporter à la prudence, Abandonner une décision à une autorité, sans formuler aucune demande.

— Dévotion. Prudence mondaine, Prudence de la chair, Prudence du siècle, Habileté dans les choses du monde, il Prudence chrétienne, Celle qui apprend à discerner et à choisir les choses utiles au salut.

— Syn. Prudence, aageue. La prudence empêche de faire ce qui pourrait nuire ; la sagesse fait agir de.la manière la plus conforme a l’a raison. Il y a dans la sagesse plus de grandeur et elle suppose une raison plus élevée ; il y a dans la prudence plus d’intérêt personnel et elle est presque toujours accompagnée d’un sentiment de crainte. Cependant les théologiens mettent la prudence au nombre des vertus cardinales, et cela ne fait au fond que confirmer la distinction précédente, car ils considèrent l’homme comme un être faible, toujours exposé à commettre le péché, et ils mettent l’intérêt du salut au-dessus de tous les autres. La philosophie est l’amour de la sagesse et la Grèce s’honore d’avoir compté sept sages ; ici le mot sagesse comprend à la fois la science et la vertu ; les sages de la Grèce avaient des notions élevées sur la nature des choses, et ces notions mêmes leur avaient fait préférer la vertu au vice ; celui qui ne s’abstient du vice que par prudence ne mériterait pas le nom de sage.

— Encycl. Iconogr. Les anciens ont symbolisé la prudence par une figure ayant, comme Janus, deux visages, l’un d’une jeune fille, l’autre d’un vieillard ; ils ont voulu marquer ainsi, disent les iconographes, que cette vertu s’acquiert par la considération du passé et la prévoyance de l’avenir. Les Égyptiens désignaient la Prudence par un serpent ayant trois têtes : une tête de chien, une de lion et une de loup ; on suppose qu’ils avaient l’intention d’indiquer par là que l’homme prudent doit posséder la souplesse du reptile, la patience du chien, la force du lion, la promptitude du loup à s’esquiver. L’épervier, le mûrier et la tête de Méduse étaient encore au nombre des attributs que les Égyptiens donnaient à la Prudence.

Une statue de pierre, sculptée par Masson pour la décoration de la balustrade de la cour de marbre à Versailles, représente la Prudence sous les traits d’une femme tenant un serpent entortillé autour d’une flèche. Le plus souvent, c’est un miroir entouré d’un serpent que les’artistes modernes ont donné pour attribut à cette vertu : Le miroir, dit de Prézel (Dictionnaire iconologigue), pour désigner que l’homme prudent ne peut régler sa conduite que par la connaissance de ses défauts ; le serpent, parce que ce reptile a toujours été regardé comme le plus prudent des animaux. • La figure de la Prudence, sculptée par Anguier pour la décoration du cénotaphe du duc de Longueville, tient d’une main un miroir et dé l’autre un serpent : « Cette statue, d’une exécution soignée, dit de Clarac (Musée de sculpture, pi. 363), n’est pas exempte de manière ; sa pose, son style et l’agencement de ses draperies peuvent encourir ce reproche ; mais elle offre des détails agréables dans la tête, les pieds, les mains et même dans quelques parties des draperies, à Des statues de la Prudence ont été exécutées par Coysevox (pour le tombeau de Mazarin), le Bernin (pour le tombeau d’Alexandre VIL à Saint-Pierre de Rome), Angelo de Rossi (pour le tombeau d’Alexandre VIII), G. de La Porta (pour le tombeau de Paul III exécuté sous la direction de Michel-Ange), R. Le Lorrain (pour l’ancien hôtel de Soubise, à Paris), David d’Angers (pour l’arc de triomphe de Marseille), Debay père (pour la Bourse de Nantes), J. Sulmson (pour le tribunal de commerce de la Seine), Foyatier (pour la Chambre des députés, à Paris), Auguste Dumont (pour le Palais de justice de Paris).

Antonio del Pollaiuolo a peint la Prudence assise sur un trône (musée des Offices) ; Raphaël, la Prudence entourée de la Modération et de la Force (fresque des Chambres, au Vatican) ; Paul Véronèse, la Prudence tenant « des cordes, un bâton ferré et un triangle, et ayant près d’elle un héron et un chat (fres » que de la salle du Collège, au palais ducal de Venise) ; Simon Vouet, la Prudence se contemplant dans un miroir que trois nymphes lui présentent et ayant un serpent entortillé autour de son bras droit (musée-de Montpellier) ; Angelica Kauffmann, la Prudence dirigeant la Beauté (gravée par J.-M. Delâtre) ; Cipriani, la Beauté se regardant dans le miroir de la Prudence et la Vertu dirigée par la Prudence vers l’Honneur (gravées par Bartolozzi). D’autres allégories de la Prudence ont été gravées par Agostino Veneziano (1516), Jean Muller (d’après Adr. deVries), J.-J. Frey (d’après le Dorainiquin), C. Matsys, A. Houbraken, Bernard Lens le vieux (d’après Ch. Le Brun), J.-G. Fiesinger (d’après Franceschini, 1777), etc. V. Vertus. « Pour désigner une prudence chrétienne, dit de Prézel, on a quelquefois ajouté aux attributs ordinaires de cette vertu une tête de mort, pour nous marquer que la prudence ~du chrétien consiste principalement dans la méditation de ce terrible moment qui décide pour l’éternité de notre bonheur ou de notre malheur. » La Prudence, vertu cardinale, a été représentée par M.-A. Slodtz dans le péristyle de l’église Saint-Sulpice, à Paris, sous la figure d’une des Vierges sages qui attendaient l’époux : d’une main elle tient une lampe et de l’autre un miroir ; un enfant, qui est auprès d’elle et qui porte un vase d’huile, paraît effrayé à l’approche d’un serpent.

Prudence chez la femme (la) [la Prudencia en la muger], drame en vers, de Tirso de Molina, le créateur du type de Don Juan et l’un des plus grands poëtes dramatiques espagnols. Tirso de Molina, ce moine à la verve souvent cynique, s’est ici complètement renfermé dans l’histoire et a fait sortir des vieilles chroniques une œuvre véritablement sévère et magistrale. Le sujet est la. régence orageuse de doña Maria pendant la minorité de Ferdinand IV. Plus patriotiques que nous, qui n’avons vraiment pas de théâtre national, les Espagnols aiment à voir revivre sur., la scène les grands faits de leur histoire ; on retrouve dans leur théâtre toutes les vieilles chroniques, comme celles de l’Angleterre dans Shakspeare. C’est assurément un des attraits de leur littérature dramatique.

Doña Maria, régente, veut sauver la couronne de son fils, un enfant de neuf ans. L’Espagne est toute démembrée par les Arabes, la guerre civile va l’achever. Trois prétendants se disputent sa main et la couronne ; nul ne veut de l’enfant-roi ; l’Espagne est un corps trop grand pour une si petite tête. Ces prétendants sont l’infant Enrique, frère d’Alphonse le Sage ; l’infant don Juan, frère de don Sanche le Brave, le roi qui vient de mourir, cet infant qui, révolté déjà, s’est allié aux Maures et à qui, devant Tarifa, Guzman a jeté le poignard destiné à tuer son propre fils, qu’on voulait lui rendre s’il rendait la ville ; don Juan a pris le poignard et tué le fils de Guzman. Il y a encore don Diego de Haro, un comte de Biscaye, presque roi, et qui menace de se séparer de l’Espagne. Cependant doSa Maria parvient à faire couronner son fils et déclare qu’elle restera veuve. On voit le petit roi, sur son trône, couronne en tète ; des cris éclatent, mais ce sont des cris séditieux en faveur des prétendants.

Le roi. Mère, cette couronne me pèse infiniment ; descends-moi, je suis bien fatigué. Dona Maria. Elle vous pèse ? Vous dites vrai, mon fils.

Le roi. Ma cour parait tout en désordre ? Dona. Maria. Oui, mon fils. Le roi. Tous me font fête, n’est-ce pas, parce qu’ils me voient la couronne sur la tête ?

Doña Maria. Non, ce sont des traîtres qui vous veulent du mal.

Le roi. Des traîtres 1 Donne-moi mon épée I Par ma vie !…

Doña Maria. Ah ! mon fils, je reconnais là le cœur de votre père, le roil

La reine est forcée de fuir de Tolède avec son fils et de se réfugier à Léon. Là, elle trouve la ville en armes, partagée entre deux familles rivales, les Benavides et les Caravajales ; mais ceux-ci oublient leur haine pour soutenir la royauté chancelante et deviennent ses plus solides appuis. L’infant don Juan est fait prisonnier dans le palais de Léon ; doña Maria pourrait le châtier, mais elle craint les révoltes, elle pardonne ; l’infant l’en récompense en essayant d’empoisonner le jeune roi. Un juif est arrêté au moment où il servait à Ferdinand IV une médecine empoisonnée, et avant de mourir en buvant lui-même ce breuvage il dénonce à la reine le véritable assassin. Elle’pardonne encore et, à chaque pardon, une trahison nouvelle vient faire repentir doua Maria de sa clémence, sans qu’elle se départe pourtant de son rôle de mère attentive et de femme prudente. Cette succession de scènes dramatiques est attachante ; une femme et un enfant, soutenus par quelques gentilshommes, luttant contre toutes les trahisons, offrent un spectacle attendrissant. Le poëte vous pro-mène de Tolède à Léon, de Léon dans les provinces, à la suite de cette royauté errante, avec toute la liberté que comporte le drame espagnol. L’enfant-roi grandit peu à peu. Don Juan machine une nouvelle ruse ; il flatte si bien le fils qu’il lui fait exiler sa mère et lui arrache l’ordre de conduire à l’échafaud les Caravajales et les Benavides, ceux qui l’ont soutenu et protégé dans sa fuite, qui ont vendu leurs terres et jusqu’à leurs chevaux pour maintenir la royauté. Ce caractère odieux de don Juan est conforme à l’histoire, et la mort des Caravajales envoyés à l’échafaud par Ferdinand VI, sur une dénonciation calomnieuse, est une des pages les plus dramatiques du romancero. On n’y assiste pas dans la pièce de Tirso ; un mot de doQa Maria déjoue encore une fois les trahisons de don Juan, sans quoi le dénoûment ne serait guère propre à faire voir les résultats de la prudence chez la femme. Au moment où s’arrête la pièce, la reine a réussi à sauver la royauté ; mais Tirso a donné à ce drame une seconde partie dans les Caravajales.

PRUDENCE (SAINT) (saint), évêque de Troyes, né en Espagne, mort à Troyes en 861. Il s’appelait Galinde ou Galinden, mais il changea son nom en celui de Prudence en mémoire du poète latin dont nous parlerons dans l’article suivant. Tout jeune, il se rendit en France, remplit diverses fonctions, devint évêque de Troyes vers 848 et acquit une grande réputation de savoir et de sagesse. Charles le Chauve le chargea de travailler, avec Loup de Ferrières, à la réforme des monastères de France ; il fut choisi au concile de Soissons (853) pour prononcer sur la validité des élections faites par Ebbon, archevêque de Reims, fut consulta plus tard par Hincmar, successeur d’Ebbon, sur la conduite qu’il avait à tenir envers Gotschalk, suspecté d’hérésie, et prit une part fort active aux affaires et aux disputes théologie ques de son temps. Bien que, d’après les Annales de Saint-Berlin, il ne se soit point toujours montré dans ses écrits d’une orthodoxie irréprochable, il n’en est pas moins honoré comme saint le 6 avril. On a de lui un Recueil des passages des Pères et un Traité de la prédestination contre J. Scot dans la Bibliothèque des Pères, Divers traités théologiques, un Pénitenciel ; un Panégyrique de sainte Maure, des Lettres, etc.

PRUDENCE (Aurelius Prudetitius Clemens), poète latin chrétien, né à Calahorra (Espagne) en 348. Après avoir été avocat, juge, gouverneur de quelques villes, notamment à Saragosse, il vint à la cour d’Honorius, qui lui donna un emploi élevé, On ne sait rien de particulier sur sa vie ni sur sa mort. On sait seulement que le préfet Symmaque ayant demandé, au nom du sénat, le rétablissement de l’autel de la Victoire et les revenus des temples païens confisqués par Gratien, Prudence écrivit contre lui, en 385 et 388, deux livres qui nous sont parvenus. Dans le même ouvrage, il réclame l’abolition des combats de gladiateurs. On croit qu’il acheva sa via dans ta solitude, en Espagne. Outre les deux livres précités, on a de lui : Cathemerinon, recueil de prières et d’hymnes ; Apothesis, recueil de pièces contre des sectes hérétiques ; Perislephanon, recueil d’hymnes à la louange des martyrs ; Hamartigenia, ouvrage contre l’hérésie des marcionites ; Psychomachia, sur les assauts que nous livrent les passions ; Dittochaion, recueil de quatrains sur : des traits de l’Ancien et du Nouveau Testament. On a appelé Prudence le premier poëte chrétien ; mais son style est rude, plein de fautes contre la prosodie, et, quant à la forme, il est inférieur même aux poètes latins de la décadence. Toutefois, on trouve dans ses poésies de la foi, de l’enthousiasme, et quelques morceaux de lui, entre autres les stances : Salvete, flores martyrum, qui scuit placées dans le bréviaire romain à la fête des Saints-Innocents, sont remarquables parla délicatesse et le goût. Les Œuvres de Prudence ont eu un très-grand nombre d’éditions. La première, in-4o gothique, a. été publiée sans date à Deventer vers 1472. Parmi les plus estimées, on cite celles de Hanau (1613, in-8 « , avec notés) ; d’Amsterdam (1667, 2 t. in-12) ; de Rome (1788-1789, t vol. in-4 » ) ; de Parme (1789, 2 vol. in-8 « ), édition revue sur les manuscrits du Vatican et augmentée do variantes ; de Tubingue (1845, in-8o), etc.

PRUDENT, ENTE adj. (pru-dan, an-telat. prudens, contract. de providens ; de pro, avant, et de videre, voir). Qui a de la prudence : Ce n’est pas être prudent que de mettre toute sa confiance dans la prudence. (Beauchêne.) Le hasard est ordinairement heureux pour l’homme prudent. (J. Joubert.)

— Sage, réglé, inspiré par la prudence : Conduite prudente. Ce qu’il y a de plus prudent en France, c’est le courage. (E. de Gir.)

— Personne qui a de la prudence :

Le prudent sait prévoir le danger et s’en tire ;
Le sot y succombe et périt.

Lebrun

— Syn. Prudent, avisé, circonspect. V. avisé.

PRUDENT (Racine Gaultier, dit), pianiste et compositeur français, né à Angoulême le 3 février 1817, mort à Paris le 14 mai 1863. Il fut admis à neuf ans au Conservatoire, dans la classe da Zimmermann, et remporta le premier prix de piano en 1833 ; • puis il se mit à étudier, mais sans aucune espèce de succès, le contre-point et l’harmonie. Ayant entendu en 1836 Thalberg, qui venait d’arriver à Paris, Prudent fut vivement frappé du talent de ce grand artiste et se remit avec ardeur à l’étude. Après quatre ans de travail assidu, il essaya publiquement ses forces dans des concerts donnés à Ren^ nés et à Tours ; puis, en 184S, il se risqua à se foire entendre à Paris. « M. Prudent, pianiste à la manière nette et chaleureuse, en même temps pleine de délicatesse, a sa place marquée entre Doelher et Thalberg, écrivait alors un critique. Peut-être l’exécution et les compositions manquent-elles de grandeur et de poésie, mais l’artiste borne son ambition à chanter sur le piano, comme on chante sur le violon. • À son second concert, Prudent eut à lutter avec Thalberg, qui consentit à jouer à son bénéfice. Les deux artistes firent des miracles de virtuosité, et le pianiste français affronta Bans désavantage le voisinage de son illustre partenaire. Après cette mémorable exhibition, Prudent parcourut la province et l’étranger, revenant de temps a autre à Paris pour se retremper au courant musical, travailler à de nouvelles compositions et faire juger ses progrès par ses fidèles. En 1859, il donna un grand concert dans la salle Herz et y fit entendre un superbe concerto, avec orchestre, de sa composition. Prudent mit alors le comble à sa réputation, qui était devenue européenne.

Ce très-remarquable virtuose n’eut point une originalité tranchée comme Chopin et