Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 13, part. 1, Pourpre-Pube.djvu/38

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Montréal à Jérusalem, poésies (1869, in-18) ; lu. Ligue à Abbeaille (1870, S vol. in-8 » ), etc.

PHASE s. m. (pra-ze — du gr. prason, poireuu). Miner. Variété de quanz agate, d une couleur vert pâle comme le poireau.

— Encycl. La prose est une variété de quartz, dont la couleur verte ou verdâtre est due à des matières fibreuses ou en petits grains, qui sont tantôt de l’actinote, tantôt des alumino-silicates de fer hydratés. Il est quelquefois taché de blanc ; sa cassure est demi-conchoïde et sa forme rarement bien déterminée. Les anciens n’avaient que des idées vagues et erronées sur ce minéral ; les uns le regardaient comme une simple variété de la chrysoprase, les autres comme la matrice de l’émeraude ; aussi lui attribuait-on, comme à cette dernière, la vertu, tout à fait imaginaire, de fortifier le cœur. On trouve la prose en Auvergne, en Bourbonnais, en Bohême, en Silésie, en Amérique, etc. Cette pierre est dure, demi-transparente et prend un assez beau poli ; néanmoins, elle est assez peu recherchée dans la joaillerie.

PRASÉOLITE s. f. (pra-zê-o-li-te — du gr. prasios, vert de poireau ; lit/ios, pierre). Miner. Silicate hydraté d’alumine, de magnésie et de fer, dont la couleur varie du vert clair au vert foncé, et qu’on a trouvé en Suède, au même endroit que l’esmarkite, dont elle paraît être me simple variété.

PRASIÉ, ÈE adj. (pra-zi-é — rad. prasion). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au prasion.

— s. f. pl. Tribu de la famille des labiées, ayant pour type le genre prasion.

PRASIENS, nom donné par les Grecs et les Romains au peuple le plus puissant de l’Inde septentrionale ; l’empire des Prasiens s’étendait sur les deux rives du Gange, où était leur capitale nommée Palibothra, d’où le nom de Palibothres qu’on donnait quelquefois aux Prasiens. Pline dit que ce peuple avait une armée permanente de 600, 000 fantassins, 30, 000 cavaliers et 9, 000 éléphants. Leur puissance parait s’être écroulée vers le iie siècle.

PRASIES, nom de deux villes de la Grèce ancienne. L’une était en Laconie, au N. de la côte orientale ; ses ruines seraient aujourd’hui près du village moderne d’Hagios-Andreas, dans le nome d’Arcadie, La seconde ville de ce nom se trouvait dans i’Attique, sur la côte orientale ; elle avait un port qui "servait aux communications d’Athènes avec Délos. On en voit les ruines près du village actuel de Rafti-Limani.

PRASINE adj. (pra-zi-ne-lat. pràsinus ; du gr, piason, poireau). Antiq. rom. Qualification donnée k une troupe ou faction île concurrents dans les jeux du cirque, dont tous les membres étaient vêtus de vert : l’action PRASINK.

— s. f. l’action prasine : La prasine fut favorisée par Caligula et Néron.

— Miner. Substance amorphe, d’un vert bleuâtre. Espèce de terre verte dont se servent les peintres.,

— s. m. Blas. Nom primitif de la couleur verte, appelée aujourd hui sinople.

— Encycl. Miner. La prasine est un minéral nouveau, qui accompagne quelquefois l’olivénite et qui a été donné au British-Museum par M. Talling. Il est ineristallisable, fibreux, d’une couleur vert bleuâtre, éclatant, à cassure botyroïdate. M. Talling a fourni aussi d’autres spécimens du même minéral qui présentaient une couleur vert émeraude et qui n’accompagnaient pas l’o ! i vénite. Dans un de ces spécimens, il est évident que la prasine s’est déposée autour de cristaux de cuprite, lesquels, ayant disparu plus tard, ont laissé la’ prasine sous la forme de coquilles translucides. Dans d’autres cas, le minéral paraît s’être déposé k la surface de la calcédoine, qui remplissait les espaces laissés vides par d’autres cristaux disparus plus tard ou qui recouvrait des cristaux de quartz. On la trouve toujours associée au quartz. De petites quantités de kaolinite et de chrysocolle, de malachite et d’allophane cuivreux l’accompagnent aussi quelquefois. La composition de ce minéral est la même que celle de l’ehlite. Plus exactement, ce minéral représente le membre du groupe pseudomalachite qui renferme deux molécules d’hydrate cuivrique et une molécule d’eau. La pseudomalachite normale contient trois molécules d’hydrate cuivrique. L’ehlite, au contraire, comme la prasine, renferme deux molécules d’hydrate cuivrique et une molécule d’eau, taudis que la tagilite, autre membre du même groupe, contient une seule molécule d’hydrate cuivrique et deux molécules d’eau. La dureté de ce minéral est égale k 4, 5. Elle est donc inférieure à celle de l’apatite. Sa densité’a été trouvée égale à 3, 98, nombre probablement trop faible à cause de la structure cellulaire de la substance. La poussière de prasine possède une teiute vert bleuâtre pâle, quoique nette, qui est inférieure à celle du minerai pris en masse. La cassure botyroldale de la prasine est particulière. Elle forme des groupes réticulés. Elle a le caractère cireux qui distingue ordinairement les phosphates, comparés aux arséniates dont la cassure est plus éclatante.

L’analyse de la prasine a donné les résultats suivants ;

PRAS

Oxygène.

Oxyde deiBuïv-re 64, 763 13, 05

Anhydride phosphoriqtie.. 23, 446 13, 21

Anhydiique arsénique… 1, 494 0.52

Eau 8, 634 7, 67

Quartz 0, 956 »

Alumine 1, 030 0, 48

Kau hygroscopique 0, 407 »

0, 163 pour 100 de l’eau de combinaison s’éliminent k 100 » ; 1, 005 pour 100 s’éliminent à(190O, et les 7, 466 pour 100 qui restent ne s’éliminent qu’à la chaleur rouge.

PRASINOPTÈRE adj. (pra-zi-no-ptè-redu lat. prasivos, vert, et du gr. pteron, aile). Zool. Qui a les ailes vertes.

PRASION s. m. (pra-zi-on — du gr. prasion, marrube). Bot. Genre de plantes, de la famille des labiées, type de la tribu des prasiées, comprenant des espèces qui croissent sur les bords de la Méditerranée.

PRASLIN, port d’Océanie {Polynésie), dans l’archipel Saiomon, sur la cote N.-E. de l’Ile Sainte-Isabelle, par 7<> ! 5’de latit. S. et 152 » 30’de longit. E.


PRASLIN (César-Gabriel de Choiseul, duc de), homme d’État français, issu d’une des branches de la famille Choiseul, né à Paris en 1712, mort en 1785. Il suivit d’abord la carrière des armes, sous le nom de comte de Choiseul, prit part aux sièges de Kehl et de Philipsbourg, aux campagnes de la Bohême et de l’Italie, aux batailles de Raucoux et de Lawfeidt et reçut en 1748 le grade de lieutenant général. Le mauvais état de sa santé l’ayant forcé à se retirer du service, il vécut dans l’inaction jusqu’en 1758, époque où il remplaça, comme ambassadeur extraordinaire à Vienne, son cousin, le duc de Choiseul-Stainville. De retour à Paris (1760), il entra au conseil, devint ministre des affaires étrangères (1761), fut créé duc et pair en 1762 et prit alors le titre de duc de Praslin. Ce fut lui qui négocia et signa le traité de 1763, par lequel fut terminée la malheureuse guerre de Sept ans. Devenu ministre de la marine en 1766, il signala son administration par les plus importantes améliorations, agrandit et fortifia par d’immenses travaux le port de Brest, fit lever par Chabert et Cardonie la carte de la Méditerranée et celle des parages de Saint-Domingue, conçut le projet d’un voyage autour du monde, fit régner la plus grande activité dans nos arsenaux et nos ports, éleva la flotte à 70 vaisseaux de ligne et 50 frégates, etc. Lorsqu’il fut disgracié (1770), en même temps que son parent le duc de Choiseul, il s’occupait d’un code de législation coloniale pour l’amélioration successive du sort des esclaves. Il était membre honoraire de l’Académie des sciences, et son Éloge fut prononcé par Condorcet.


PRASLIN (Antoine-César, duc de Choiseul-), homme politique français, petit-fils du précédent, né à Paris en 1756, mort dans la même ville en 1808. Il suivit la carrière des armes et était maréchal de camp lorsque éclata la Révolution. Élu député aux états généraux de 1789 par la sénéchaussée du Maine, il fut du nombre de ceux qui, malgré les avantages que leur procuraient les abus de l’ancien régime, sentirent la nécessité d’une réforme politique et applaudirent aux idées nouvelles. Il vota constamment avec la majorité, fit décréter l’adoption des trois couleurs pour les cravates des drapeaux et proposa il approuver la conduite des commissaires qui ramenèrent le roi de Varennes à Paris. Après l’expiration de la session, il vécut dans la retraite, fut détenu quelque temps comme suspect en 1793, recouvra la liberté après le 9 thermidor et fut nommé membre du Sénat en 1799.


PRASLIN (Charles-Raynard-Laure-Félix, duc DE CHOISEUL-), pair de France, fils du précédent, né à Paris en 1778, mort en 1841. En sortant de l’École polytechnique (1799), il se montra très-favorable au gouvernement issu du coup d’État du 18 brumaire, devint chambellan de l’empereur en 1805, reçut le titre de comte de l’Empire, présida le collège électoral de Seine-et-Marne en 1811, offrit à Napoléon, au nom de ce département, en 1813, des cavaliers armés et équipés, devint, en 1814, chef de la 1re légion de la garde nationale de Paris et prit part à divers engagements contre les alliés. Après la déchéance de l’empereur, il proposa de rétablir pur une souscription la statue de Henri IV sur le pont Neuf et reçut de Louis XVIII un siége à la Chambre des pairs. Napoléon, de retour de l’Île d’Elbe, lui rendit le commandement de la 1re légion de la garde nationale de la Seine et le comprit au nombre des pairs. Peu de jours avant la seconde rentrée des Bourbons, le duc de Praslin signa l’adresse des chefs de la garde nationale, demandant le maintien du drapeau tricolore, et fut, pour ce motif, éliminé de la Chambre des pairs, où son siège lui fut néanmoins rendu en 1819. Il vota constamment, dans cette Assemblée, avec le parti libéral et vit sans aucun déplaisir les événements qui chassèrent encore une fois, en 1830, les Bourbons du trône. C’était un homme sage, modéré et d’une grande simplicité de goûts.


PRASLIN (Charles-Laure-Hugues-Théobald, duc DE CHOISEUL-), fils du précédent, pair de France, qui s’est rendu tristement célèbre par un horrible assassinat, né à Paris en 1805, mort dans la même ville le 24 août 1847. Théobald, marquis de Choiseul-Praslin jusqu’à la mort de son père, qui lui laissa son titre de duc en 1841, siégea comme député de 1839 à 1842, devint chevalier d’honneur de la duchesse d’Orléans et fut appelé à la pairie en 1845.

En 1824, il avait épousé Altarice-Rosalba-Fanny Sébastiani, née à Constautinople en 1807, fille unique du maréchal Horace Sébastiani et de Jeanne de Coigny, morte en lui donnant le jour. Dix enfants, dont un mourut en bas âge, naquirent de cette union, qui, pendant dix-sept années, fut des plus heureuses. À la tête de cette nombreuse famille, Mme de Praslin passait l’hiver à Paris et la belle saison dans la terre de Vaudreuil, qui lui appartenait. Ce ne fut que plus tard, après la mort de son beau-père, qui transmit au marquis le titre de duc et le château de Vaux, qu’elle habita cette dernière demeure. À cette époque, le caractère un peu difficile de la duchesse, sa jalousie un peu ombrageuse, alarmée par quelques légèretés de son mari, avaient jeté du refroidissement entre les époux, sans qu’il eût toutefois un caractère bien sérieux jusqu’en 1841. Le 1er mars de cette année, une demoiselle Henriette Deluzy-Desportes entra comme gouvernante dans la maison. C’était une jeune fille de vingt-trois ans, Parisienne de naissance et d’éducation, à la physionomie piquante et résolue. Elle possédait ces qualités de l’esprit et ces grâces du corps qui attirent tout d’abord la sympathie. Naturellement, la jalousie de la duchesse fut excitée. Ce sentiment s’accrut d’autant plus qu’en peu de jours l’institutrice prit sur ses élèves et sur leur père un tel ascendant que la pauvre mère fut invitée à ne plus s’occuper de l’éducation de ses enfants et que son mari s’éloigna d’elle au point de l’abandonner aux ennuis et au supplice de l’isolement, au milieu même de sa famille. Mme de Praslin, ainsi délaissée, exhala longtemps ses plaintes et ses douleurs, soit dans des lettres qu’elle écrivait à son mari pour le ramener, soit dans des Mémoires intimes retrouvés plus tard. Pendant six ans, elle subit un supplice moral, de tous le plus affreux. À la fin, sa situation devint intolérable et elle prit la résolution de la faire cesser. À cet effet, elle prononça le mot de procès en séparation de corps. Alors, pour conjurer cette extrémité, le vieux maréchal Sébastiani intervint auprès du duc et deux autres personnes tirent des démarches auprès de Mlle Deluzy. Il s’ensuivit une transaction amiable, d’après laquelle la femme renoncerait au procès et le mari éloignerait l’institutrice. Le maréchal assurait à cette dernière une rente annuelle de 1, 500 francs, que la duchesse garantissait. Cet événement eut lieu au mois de juin 1847. Le 18 juillet suivant, Mlle Delusy quitta l’hôtel Sébastiani, rue du Faubourg-Saint-Honoré, où habitait la famille Praslin. La duchesse avait ainsi remporté la victoire, mais elle sentait un malheur suspendu sur sa tête:son mari avait fait entendre de sourdes menaces. « Jamais il ne me pardonnera, écrivit-elle sur un feuillet de ses Mémoires… L’avenir m’effraye ; je tremble en y songeant. » Le jour même de la sortie de la gouvernante, toute la famille partit pour le Vaux-Praslin ; elle ne devait revenir à Paris que le 17 août, en vue d’une excursion aux bains de mer de Dieppe. Dans l’intervalle, le duc fit trois voyages à Paris, où il séjourna, chaque fois, pendant deux ou trois jours. Ces trois voyages s’effectuèrent le 2, le 9 et le 11 août, et il ne manqua jamais d’aller voir Mlle Deluzy, qui avait pris son logement chez une maîtresse de pension de la rue Harlay-au-Marais. Le valet de chambre qui accompagnait M. de Praslin dans tous ces voyages remarqua qu’à celui du 9 la jeune institutrice reconduisit le duc jusqu’un chemin de fer et que, lors de la séparation, elle éclata en sanglots. Le 17 août, la famille Praslin revint à Paris. Le duc se fit aussitôt conduire chez l’ancienne institutrice. Dans cette entrevue, Mlle Deluzy parla de certaines difficultés qu’elle éprouvait à être employée dans le pensionnât où elle s’était réfugiée. La directrice voulait, avant de prendre une détermination, qu’elle obtînt de Mme de Praslin une lettre qui fût à la fois une attestation favorable pour l’institutrice et un démenti formel à tous les bruits qui couraient. Le duc promit d’obtenir de sa femme la lettre demandée et il fut convenu que Mlle Deluzy se rendrait, dans l’après-midi du lendemain 18 août, à l’hôtel Sébastiani pour y faire, auprès de la duchesse, une démarche de soumission, à la suite de laquelle la pièce dont elle avait besoin lui serait remise. Là-dessus, on se sépara et le duc prit la route de l’hôtel. Quand il y arriva, vers onze heures, la duchesse était déjà couchée. Comme elle ne passait jamais la nuit sans lumière, sa femme de chambre avait allumé une lampe-veilleuse, qu’elle avait placée sous la cheminée. Ni cette femme ni lu duchesse ne s’aperçurent que le verrou qui fermait intérieurement la porte du cabinet de toilette ne présentait aucune sécurité, car la gâche destinée à assujettir la targette avait été dévissée et ne tenait plus. Y auraient-elles d’ailleurs pris garde, que cette circonstance ne les eût pas alarmées. En effet, ce cabinet de toilette ne communiquait, par un vestibule et un long corridor, qu’avec l’appartement du duc ; et quel danger pouvait-on craindre de ce côté ! C’est pourtant par cette porte, ainsi disposée à dessein, que la mort devait entrer quelques heures plus tard. Après avoir conduit ses filles dans leur appartement, le duc se retira dans le sien, situé, comme celui de sa femme, au rez-de-chaussée. À minuit, tout dormait dans l’hôtel.

À quatre heures et demie du matin, des cris terribles venant de la chambre de Mme de Praslin éclatèrent tout à coup et de violents coups de sonnette réveillèrent à la fois Auguste Charpentier, valet de chambre du duc, et Mme Leclerc, femme de chambre de la duchesse, Ils s’habillèrent à la hâte et descendirent au rez-de-chaussée, où était situé l’appartement de la duchesse. Ils voulurent pénétrer par une antichambre précédant le cabinet de toilette et dont la porte se trouvait au bas du grand escalier. Mais cette porte, contre l’habitude, était fermée par un verrou intérieur. Des cris rauques, déchirants, des bruits sourds continuaient à se faire entendre ; on distinguait aussi comme une course effarouchée, ralentie par instants et entremêlée de coups mats. Les deux domestiques coururent pour entrer par le grand salon ; cette porte était aussi fermée intérieurement. Ils crièrent : « Madame ! madame ! » mais rien ne répondit. Ils perçurent seulement le bruit d’un râle qui paraissait venir du fond de la chambre. Ils sortirent dans le jardin : les croisées de la chambre et du boudoir de Mme de Praslin étaient fermées exactement comme à l’ordinaire. Mais, arrivés à l’extrémité de l’hôtel, ils virent ouverte la porte d’un escalier donnant dans l’antichambre qui séparait l’appartement du duc de celui de la duchesse. Cette fois, la porte du cabinet de toilette était ouverte. Les domestiques y pénétrèrent : l’obscurité était profonde. Ayant allumé une lampe, ils trouvèrent la duchesse renversée à terre, la tête appuyée sur une causeuse, vêtue seulement d’une chemise et baignant dans son sang. En quelques minutes, l’alarme fut dans la maison. On vit le duc sortir de son appartement ; il était véêtu d’une robe de chambre grise, ses traits étaient égarés ; il frappait de ses mains le mur et sa tête, répétant : « Qu’est-ce qu’il y a ? qu’est-ce qu’il y a ? » En apercevant sa femme assassinée, il poussa des cris de désespoir. La duchesse respirait encore, mais elle rendit bientôt le dernier soupir sans pouvoir proférer une parole.

Peu après arrivèrent MM. Truy et Bruzelin, commissaires de police, qui procédèrent à une première enquête. Les docteurs Cannet, Simon et Reymond examinèrent le corps. Il résulta de cet examen que le corps de la duchesse portait, en arrière de la tête, depuis le haut de la région occipitale jusqu’au bas du cou, cinq plaies transversales de 0m,05 à 0m,10 d’étendue, pénétrant jusqu’à l’os ; celle du cou atteignait les vertèbres ; au front et à la partie supérieure latérale droite de la tête, huit plaies pénétrant toutes jusqu’à l’os, de 0m,02 à 0m,05, dont l’une contuse ; à la partie antérieure du cou, du côté gauche, deux plaies transversales dirigées d’avant en arrière et de haut en bas, présentant 0m,02 de profondeur sur 0m,025 de largeur ; autour, plusieurs piqûres moins profondes, toutes dirigées dans le même sens ; à droite, au-dessous de la mâchoire inférieure, une plaie dirigée de haut en-bas, de 0m,07, laissant à découvert l’artère carotide et montrant la veine jugulaire coupée, par laquelle s’échappait encore abondamment un sang noir. La main gauche portait, au-dessus du poiguet, trois petites plaies peu profondes ; au dos de la main, une plaie large, se continuant jusque dans la paume et ouvrant l’articulation du pouce ; en dedans des doigts, d’autres plaies opposées à celles du pouce indiquaient que la main avait dû saisir un instrument à double tranchant. La main droite portait au pouce et à l’intérieur des doigts des incisions présentant le même caractère et révélant les mêmes efforts de la victime. On remarquait à la face des excoriations nombreuses, dont la forme représentait exactement l’empreinte des ongles et qui, groupées autour de la bouche, prouvaient que l’assassin avait cherché à étouffer les cris de la pauvre femme. Il y avait eu évidemment une lutte des plus violentes. Tous les meubles étaient renversés ; le lit, les tapis étaient couverts de sang ; la porte du salon portait autour de la serrure et des verroux l’empreinte de doigts ensanglantés.

Quels étaient les assassins ? On trouva des traces de sang dans le corridor conduisant de l’appartement de la duchesse dans celui du duc ; ou ramassa aussi dans la chambre de la duchesse un pistolet chargé, maculé de sang sur le canon, à la crosse duquel étaient restes fixés des cheveux et un fragment de peau de la victime. M. de Praslin, interrogé, expliqua que ce pistolet avait été apporté par lui-même au moment où il avait entendu crier et que les traces de sang pouvaient avoir été produites par lui, après qu’il eut relevé le corps de sa femme et lorsqu’il retournait à son appartement. L’émotion fut grande à la nouvelle d’un tel événement. Vers les huit heures, le préfet de police, le procureur général, le procureur du roi M. Boucly et M. Broussais, juge d’instruction, se transportèrent sur le théâtre du crime. Quelques instants auparavant, le général Tiburce