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lutionnaire et à le présenter comme un élément de désordre, contre lequel tout gouvernement qui veut vivre doit tourner tous les éléments de force dont il dispose. Si les gouvernements étaient tous fondés sur la justice, si tous les gouvernants remplissaient leur devoir, qui est de protéger partout les faibles et de travailler constamment à perfectionner les institutions dans le sens du bien-être général, on aurait raison de blâmer l’esprit révolutionnaire. Mais puisque, malheureusement, il y a des gouvernements injustes, des chefs d’État qui n’emploient leur pouvoir que pour opprimer les faibles, maintenir ou même étendre les privilèges des classes riches aux dépens de la classe la plus nombreuse, on est forcé de reconnaître qu’il y a quelque chose de bon et d’utile dans l’esprit révolutionnaire. Quand les abus du pouvoir deviennent trop criants, les révolutions sont quelquefois un remède nécessaire, on ne peut le nier ; il faut même qu’elles soient toujours possibles pour maintenir les gouvernants dans certaines limites par la crainte qu’elles leur inspirent ; mais il faut qu’elles soient rares, parce qu’elles sont pour le corps social des crises toujours dangereuses. Pour qu’une révolution éclate, il faut ordinairement que quelques hommes animés de l’esprit révolutionnaire se mettent à la tête du peuple ou au moins l’excitent à s’insurger en masse. Ces hommes doivent-ils être regardés comme des héros ou comme de grands criminels ? On les mettra au nombre des héros si l’insurrection provoquée par eux triomphe ; on les traitera comme des criminels si elle succombe. Mais, au point de vue de la simple justice, l’homme qui provoque une insurrection ne peut être approuvé, ou un moins excusé, que si deux conditions se trouvent réunies : 1° que des abus manifestes et criants soient commis journellement par ceux qui ont en main le pouvoir ; 2° que des signes presque certains annoncent chez une grande partie de la population une disposition bien marquée à prendre part au mouvement, pour en assurer le succès. En dehors de ces conditions, l’homme qui tente une révolution quand elle n’a aucune chance d’aboutir commet réellement un grand crime, car il cause la mort de bien des innocents, il arrête l’essor du commerce et de l’industrie, produit de grandes misères et finalement n’arrive qu’à faire resserrer encore les liens dans lesquels les libertés publiques étaient enchaînées.

De toutes les révolutions que l’histoire rappelle à notre souvenir, celle qui s’est proposé pour but la liberté dans son acception la plus étendue est la Révolution française, que tous les peuples de la terre s’accordent à nommer la grande Révolution. Nous allons en esquisser rapidement les faits principaux ; ce sera le meilleur moyen de mettre sous les yeux du lecteur une peinture aussi exacte que possible des révolutions en général. Cependant, avant d’aborder ce récit, nous dirons quelques mots de ce qu’on appelle ordinairement la Révolution de 1688, en Angleterre. Elle avait été précédée d’un autre mouvement plus tragique, qui s’était terminé par la décapitation d’un roi et la proclamation d’une république, mais auquel l’histoire n’a point appliqué le nom de révolution d’une manière aussi formelle.


Révolution de 1688. On appelle ainsi la révolution par laquelle les Anglais, fatigués du règne honteux de Jacques II, après une coalition des whigs et des tories, constituèrent la Chambre des lords et celle des communes en Convention nationale pour offrir la couronne à Guillaume d’Orange, qui l’accepta avec la fameuse déclaration des droits. « Cette Convention, dit Macaulay, eut deux grands devoirs à remplir. Le premier était de débarrasser la loi fondamentale de toute ambiguïté ; le second était de déraciner des esprits, soit des gouvernants, soit des gouvernés, la fausse et pernicieuse notion que la prérogative royale était quelque chose de plus sublime et de plus saint que les lois fondamentales. Le premier objet fut obtenu par les paroles solennelles qui ouvrent la Déclaration des droits ; le second par la résolution qui déclarait le trône vacant et invitait Guillaume et Marie à l’occuper. Ce changement paraît de peu d’importance. On ne retranchait pas un fleuron de la couronne ; la loi anglaise tout entière, dans le fond et dans la forme, était, au jugement des plus grands légistes, Holt et Treby, Maynard et Somers, exactement la même après la révolution qu’avant. Quelques points controversés avaient seulement été décidés conformément au sens indiqué par les meilleurs jurisconsultes ; il y avait une légère déviation de l’ordre ordinaire de la succession au trône. C’était tout, et c’était assez. Notre révolution était une revendication d’anciens droits. Elle fut conduite avec la plus scrupuleuse attention à conserver les vieilles formalités. Le plus grand éloge qu’on puisse décerner à la révolution de 1688 est celui-ci : c’est qu’elle a été notre dernière révolution. Plusieurs générations se sont écoulées sans qu’aucun Anglais raisonnable ait médité une résistance quelconque contre le gouvernement établi. Il existe dans tous les esprits honnêtes et réfléchis une conviction chaque jour renforcée par l’expérience, c’est que les moyens de réaliser toutes les améliorations que peut réclamer la constitution se trouvent dans la constitution elle-même. » En ce qui concerne l’histoire de cette révolution, nous renvoyons le lecteur à ce que nous avons dit aux articles Angleterre (histoire), Guillaume III, Jacques II et Histoire de la révolution d’Angleterre, par Guizot.


RÉVOLUTION FRANÇAISE. En résumant à larges traits cette grande histoire, qui comprend les faits les plus mémorables des temps modernes, nous aurons à tenir compte des innombrables articles spéciaux qui, dans ce dictionnaire, sont consacrés au même sujet et qui sont relatifs aux événements, aux épisodes, aux journées, aux principaux personnages, aux assemblées, aux institutions, aux mille particularités diverses, etc., que le lecteur trouvera en suivant l’ordre alphabétique. On comprend que cette division était impérieusement indiquée, autant pour faciliter les recherches particulières sur un sujet donné, nécessité de premier ordre, que pour ne pas surcharger le récit général de longues digressions et d’une trop grande richesse de détails.

De même, et pour suivre fidèlement cette méthode rationnelle, nous renverrons aux articles qui traitent de l’organisation de l’ancienne France et nous aborderons 1789 sans aucun préambule, sans obséder le lecteur de ces verbeuses et banales considérations sur les causes de la Révolution, dont on a tant abusé ; nous entrerons enfin de plain-pied dans cette période éclatante et tragique qui marque la fin d’un monde et qui servira d’ère à la chronologie de l’avenir, dans cette arène où combat la liberté, en pleine vie, en pleine lutte, avec le XVIIIe siècle, avec les philosophes et les hommes nouveaux.

À cette heure, en réalité, la vieille France est morte ; bien avant d’être submergée par la tempête révolutionnaire, elle s’était tuée elle-même par l’excès de son principe, c’est-à-dire par l’injustice et l’autorité sous toutes leurs formes. La France nouvelle naît et grandit au milieu des orages, au milieu des luttes contre les derniers représentants de l’Europe féodale et monarchique. C’est le tableau de ce combat que nous allons esquisser. Il s’agit de la conquête du droit, de la justice, de l’égalité devant la loi, de toutes les libertés légitimes. Cette lutte mémorable intéresse donc l’humanité entière ; car c’était pour sa cause sacrée, pour son affranchissement que nos pères ont combattu, et la Révolution n’est pas un fait purement français, comme l’ont ridiculement prétendu quelques sophistes.

La plupart des chartes de liberté sont particulières à tel ou tel peuple ; les Droits de l’homme sont d’une vérité pratique dans l’univers entier ; tous les peuples ont puisé à cette source profonde, toutes les nations se sont enrichies de nos conquêtes. Jamais l’esprit cosmopolite de la France, dans le sens vraiment philosophique du mot, jamais ses facultés de haute généralisation n’avaient éclaté avec cette puissance. C’était un des résultats de la forte éducation du XVIIIe siècle. En reniant toutes les grossières superstitions du passé, en épurant, en affranchissant son esprit, cette noble génération avait bien mérité d’être l’institutrice des nations modernes. Elle eut alors la gloire de clore ce grand siècle par des œuvres que les peuples n’oublieront plus, car elles les ont fait entrer, à travers mille combats qui ne sont pas terminés, dans l’âge du progrès rationnel et régulier, dans l’ère de la science et de la raison.

Et maintenant, voici les réformateurs qui apparaissent sur la scène du monde ; le drame éclatant de l’émancipation humaine va s’ouvrir.


PREMIÈRE SECTION.
L’Assemblée constituante. Fin de l’ancien régime.

Il n’y a pas d’événement qui ait été mieux annoncé, mieux élaboré que la Révolution. La plupart des réformes accomplies par elle étaient esquissées déjà en traits ineffaçables dans les travaux des penseurs, dans les œuvres des Montesquieu, des Voltaire, des Mably, des Rousseau et de tous les génies de cette grande génération. Ce sont leurs disciples mêmes qui allaient traduire ces impérissables idées en faits, en lois positives et donner un corps aux conceptions de la philosophie.

Déjà Turgot, Malesherbes, Necker avaient successivement tenté l’application timide de quelques-unes de ces idées ; mais ils avaient échoué devant l’égoïsme des hautes classes, devant la coalition des privilégiés. Non-seulement les améliorations projetées furent abandonnées, mais encore on revint sur celles qui avaient été accomplies.

À la veille de la Révolution, la situation était celle-ci : impérieuse nécessité de réformes larges et profondes ; résistance des classes privilégiées, qui se refusaient obstinément à toute diminution de leurs injustes prérogatives, à toute espèce de progrès et d’amélioration.

Une crise terrible était inévitable. En repoussant les réformes, on ouvrait fatalement la porte à une révolution.

On connaît les agitations misérables des derniers temps de la monarchie, les embarras financiers, les troubles, les disettes, les luttes des privilégiés entre eux, le renvoi, puis le rappel des parlements, les coups de force et les actes de faiblesse, les tergiversations, les fausses mesures, etc., signes frappants d’une société en pleine dissolution.

Une panique avait saisi la société tout entière. Les révélations du Compte rendu de Necker, en dévoilant le mystère des finances, en évoquant aux yeux de tous le spectre du déficit, avaient propagé la terreur d’une banqueroute publique et causé une impression plus profonde que la débâcle du fameux système de Law.

Mais la crise financière ne fut point, comme on l’a trop répété, la seule cause déterminante de la Révolution ; car il y avait bien d’autres déficits qui s’ajoutaient à la misère publique : déficit de justice, de garanties sociales et individuelles, de liberté, de dignité humaine, de progrès, etc.

Le mot d’états généraux avait été prononcé dans les inutiles assemblées des notables (v. ASSEMBLÉE) de 1787 et 1788 ; répété par les parlements et par les mille voix de l’opinion, il devint bientôt le cri de ralliement de ceux qui voulaient des réformes, une espérance pour la nation, un expédient pour la monarchie, qui comptait en tirer simplement des ressources financières.

Louis XVI n’avait d’abord accueilli cette idée qu’avec répugnance ; mais, dominé par l’opinion comme par la nécessité, il finit par s’y résigner, naïvement convaincu, d’ailleurs, que cette institution d’apparat, tombée en désuétude depuis près de deux siècles, lui servirait à tirer de l’argent du pays et à donner des forces nouvelles à la couronne. C’était le résultat ordinaire de la comédie des états généraux.

Mais il se trouva que, cette fois, la nation prit son rôle au sérieux et travailla pour elle-même et contre le régime qu’on l’appelait à restaurer.

L’arrêt de convocation est du 8 août 1788. De victoire en victoire, l’opinion publique imposa successivement le rappel de Necker aux finances, une double représentation pour le tiers état, c’est-à-dire autant de députés pour lui seul que pour la noblesse et le clergé réunis, ce qui n’était que juste puisqu’il formait la presque totalité du pays, enfin une liberté de presse qui s’établit de fait, pur droit de conquête sur la censure.

Parmi les milliers d’écrits qui se produisirent alors, on remarqua surtout le fameux pamphlet de l’abbé Sieyès, Qu’est-ce que le tiers état ? brochure qui eut une action immense.

Après de longues résistances, le conseil du roi finit par accorder le doublement du tiers, qui eut 600 députés ; la noblesse et le clergé en eurent chacun 300.

D’après l’édit de convocation, tous les imposés âgés de plus de vingt-cinq ans, moins les domestiques, étaient appelés à concourir à la nomination des électeurs, lesquels devaient rédiger les cahiers (v. ce mot) et nommer les députés.

L’élection était donc à deux degrés, sauf pour la noblesse et le haut clergé. Chacun des trois ordres procédait séparément.

Jamais, dans un grand pays comme la France, un corps électoral aussi considérable n’avait été mis en mouvement. Mais, en accordant le droit de suffrage à un aussi grand nombre de plébéiens, Necker et surtout le gouvernement ne songeaient nullement à les tirer de leur nullité politique et sociale. Leurs préoccupations étaient surtout fiscales ; ils n’avaient guère d’autres vues que d’écumer l’argent du peuple et de se servir du tiers état pour exercer une pression sur les hautes classes. Cette politique de contre-poids était traditionnelle dans l’histoire de la royauté, qui n’avait dédaigneusement laissé grandir et s’élever le tiers état que pour se réserver un instrument de lutte et un point d’appui.

En outre, l’ignorance des classes rurales, leur complet asservissement aux grandes puissances sociales, leur docilité séculaire semblaient une garantie suffisante.

Mais l’événement déjoua ces petites combinaisons. Quoique votant à haute voix dans les assemblées primaires, sous l’œil des intendants, des notables, etc., les paysans, éclairés par le sentiment de leurs intérêts, nommèrent généralement des électeurs patriotes et éclairés.

Le bas clergé produisit un certain nombre de députés acquis à la cause populaire, et quelques membres de la haute noblesse s’honorèrent par leur généreuse adhésion aux réformes.

La rédaction des cahiers se fit par toute la France avec une rapidité et une verve incroyables. Ceux du tiers indiquaient nettement toutes les réformes que la Révolution devait accomplir. Ceux de la noblesse et du clergé portaient généralement l’empreinte des préoccupations les plus égoïstes.

Les états généraux s’ouvrirent à Versailles le 5 mai 1789. Quoique la cour et les hautes classes fussent manifestement disposées à prodiguer les humiliations au tiers état et à lui faire sentir son infériorité, il représenta dignement la nation et endura tout avec un froid dédain, avec la gravité méprisante de la force.

L’Assemblée eut à subir trois discours, du roi, du garde des sceaux et de Necker ; tous trois roulaient sur le vide du Trésor et sur les moyens de le remplir. De droit, de réformes, de constitution, rien ou presque rien.

On voyait clairement que la cour et Necker lui-même prétendaient ridiculement réduire la portée et le but de ce grand mouvement de rénovation aux minces proportions d’une opération financière.

La question capitale était de savoir si l’on formerait une assemblée unique et si l’on voterait par tête, ce qui assurait la majorité au tiers état, ou si l’on voterait par ordre et séparément, ce qui eût donné la prépondérance à la noblesse et au clergé.

Naturellement, les députés des ordres privilégiés se prononcèrent pour le vote par ordre, suivant la forme des anciens états généraux, et, le lendemain 6 mai, ils s’assemblèrent dans des chambres séparées, commençant ainsi une résistance qui devait durer plus de six semaines.

Les députés du tiers, avec un sens très-pratique, s’établirent dans la vaste salle qui avait servi à la séance d’ouverture, s’occupèrent de la vérification des pouvoirs, et, après de longs et inutiles pourparlers, sur la motion de Sieyès, se constituèrent en Assemblée nationale (17 juin) et commencèrent à faire acte de pouvoir législatif en se saisissant du droit d’impôt et en garantissant la dette nationale.

Ces coups de vigueur eurent leur retentissement jusque dans la chambre du clergé, où les curés, malgré l’opposition de l’abbé Maury, emportèrent sur les prélats la majorité pour la réunion au tiers. Mais ils indignèrent la cour et les privilégiés, qui ne rêvèrent, dès lors, que coups de force, dissolution, répression violente, etc.

Afin d’empêcher la réunion, Louis XVI annonça une séance royale pour le 22 juin et fit fermer la salle des séances.

Le samedi 20 juin, date à jamais mémorable, les députés du tiers, trouvant leurs portes fermées et gardées militairement, allèrent résolument se réunir dans la salle du Jeu de paume, et là, dans l’élan du plus noble enthousiasme, insensibles aux dangers qui les enveloppaient, prêtèrent ce célèbre serment, qui allait créer un peuple et une société, de ne pas se séparer avant d’avoir donné une constitution au pays. V. jeu de paume,

La séance royale n’eut lieu que le 23. La cour, pour frapper les imaginations de crainte, donna à cette solennité l’appareil des anciens lits de justice. Le roi parla en maître, cassa les arrêtés des communes, consacra les dîmes, les droits féodaux, etc., et termina en ordonnant aux représentants de se séparer pour reprendre le lendemain séance dans leurs chambres respectives.

Les députés de la noblesse et du clergé se retirèrent en silence ; mais les communes restèrent immobiles, dans un calme solennel. Le grand maître des cérémonies, le marquis de Dreux-Brézé, vint réitérer les ordres du roi. Ce fut alors que Mirabeau, se faisant spontanément l’organe de l’Assemblée, fit éclater la magnifique apostrophe si célèbre sous sa forme populaire : « Allez dire à votre maître, etc. » V, Mirabeau.

Entraînée par cette éloquence, mais soutenue surtout par sa propre énergie, l’Assemblée, pendant que les troupes se rangeaient en bataille devant ses portes, décréta l’inviolabilité de ses membres et déclara traître à la patrie quiconque attenterait à la liberté d’un député.

Barnave, Pétion, Buzot, Grégoire, Camus, Sieyès parlèrent avec non moins de résolution que Mirabeau. La cour jugea prudent d’ajourner l’exécution des projets de coups de force, et, d’autre part, la courageuse attitude du tiers état porta ses fruits. Le lendemain, la majorité du clergé et, le surlendemain, la minorité de la noblesse, le duc d’Orléans en tête, vinrent se réunir aux communes.

Enfin le 27, en présence de la fermentation publique et de l’entraînement général, le roi, se déjugeant à quelques jours de distance, ordonna la réunion des trois ordres en une chambre unique.

Des lors, l’Assemblée nationale se trouva légalement constituée et elle put commencer ses travaux.

Mais la faction de la cour, malgré ses reculades et ses concessions forcées, n’avait pas abandonné ses projets de dissolution et de violence ; elle n’attendait qu’une occasion favorable, enveloppait Versailles et Paris de troupes et prenait une série de mesures qui n’indiquaient que trop qu’une exécution militaire était résolue.

Se fiant peu aux troupes nationales, le gouvernement avait appelé les vingt régiments étrangers qui étaient à la solde de la couronne ; ces meutes aveugles et grossières commettaient toutes sortes d’excès et augmentaient encore la disette dont souffrait Paris.

Sur la motion de Mirabeau (8 juillet), l’Assemblée demanda au roi l’éloignement des troupes. Avec sa dissimulation habituelle, Louis XVI répondit que ces forces n’avaient d’autre objet que de protéger la liberté des délibérations.

L’opinion générale, et tout confirme cette croyance, était que Paris allait être inondé de sang et pillé par les hordes étrangères, l’Assemblée dissoute, les patriotes proscrits, l’absolutisme restauré.

Le 11 juillet, la cour frappa un premier coup par le renvoi brutal de Necker et par la nomination d’un ministère composé d’hommes trop connus par leur esprit de réac-