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années s’écoulèrent sans résultat satisfaisant, malgré un travail soutenu dans ce sens. Désespéré de ne rien trouver, M. Sutler se mit à écrire un ouvrage sur la Musique, dans lequel il indiqua ia formation de la gamme et démontra pourquoi il y a un demi-ton entre la troisième et la quatrième note, la septième et l’octave ; pourquoi les accords s’échelonnent par tierces ; pourquoi les quintes sont défendues, etc. Mais le fond essentiellement utile de ce travail, c’est son Analyse logique de la phrase musicale, où il explique la valeur de chaque note et son rôle dans la phrase. En un mot, M. Sutter a trouvé la formule de la belle tradition italienne, ce qui permet de dire positivement pourquoi une phrase est bien ou mal exécutée. M. Sutter distingue l’accent grammatical du rhytbme( qui assied laphrase, del’accent passionnel, qui lui donne la vie. Ainsi, au lieu d’apprendre la musique par imitation et par routine, on pourra désormais joindre le raisonnement au sentiment et atteindre à la perfection du style avec flus de facilité et plus promptement qu’on ne a fait jusqu’ici.

Ce travail utile autant que nouveau sur la musique étant achevé, M. Sutter reporta sa pensée sur l’harmonie des lignes, et par analogie il trouva tout à coup cette loi si longtemps cherchée. Une fois le principe trouvé, il n y avait plus qu’à en faire l’application aux chefs-d œuvre de l’art, et c’est ainsi que l’auteur reconnut que la science qu’il venait de formuler était la même que les Grecs avaient mise si habilement en pratique pendant plusieurs siècles, science qui se perdit à la fin de l’école byzantine, qui en avait conservé quelques formules, et que M. Sutter avait si infructueusement cherchée dans les créations de l’art. L’art est effet, il n’est pas cause, et c’est a la cause qu’il fallait remonter. Mais les choses les plus simples sont presque toujours les dernières auxquelles on pense. Sous le titre d'Esthétique générale et appliquée, contenant les règles de la composition dans les arts plastiques, M. Sutter publia en 1S65 un grand in-4», que l’Institut approuva comme les précédents, et qui valut à son auteur la chaire d’esthétique générale et appliquée à l’École des beaux-arts de Paris. Ce beau livre contient quatre-vingt-cinq planches, représentant des chefs-d’œuvre d’art tant anciens que modernes, analysés au point de vue de l’application des règles.

M. Sutter a publié, en outre, un ouvrage sur les phénomènes de la vision, où il résout plusieurs problèmes restés sans solution avant lui ; une Nouvelle théorie simplifiée de la perspective (1859, in-4o) ; De l’enseignement de la sculpture chez les Grecs, etc.

SCTTON (Thomas), né à Knaith, dans le comté de Cork, en 1532, mort le 11 décembre 1611. Il fut secrétaire du comte de Warwick, servit en Écosse et contre les Espagnols, refusa la pairie, qu’on lui offrait s’il voulait nommer son héritier le duc d’York, qui fut depuis Charles Ier, et acheta la chartreuse de Smithfield, qu’il convertit en hôpital pour les pauvres. Cet hôpital subsiste encore sous le nom de Charter-House.

SUTTON-GOLDF1ELD, bourg d’Angleterre, comté de Warwick, a 12 kilom. N.-E. de Birmingham, sur la Tame ; 4,232 hab. Fabrication de quincaillerie et articles de Birmingham. Belle église paroissiale du xivc siècle.

SOTTONIE s. f. (sutt-to-nl — de Sultan, botan. angl.). Bot. Genre de la famille des myrsinées, réuni par la plupart des auteurs aux myrsines.

SUTTUNG, géant Scandinave. Il força les nains Pialar et Gular, qui, après te meurtre de Kwaser, avaient, de son sang mêlé de miel, fabriqué le mets, de lui remettre cette divine boisson. Odin y goûta et depuis ce moment eut le don de poésie.

SUTURAIRE adj. (su-tu-rè-re — rad. suture). Qui est muni d’une suture, il Peu usité.

SUTURAL, ALE adj. (su-tu-ral, a-lerad. suture). Hist. nat. Qui a rapport aux sutures ; qui est de la nature des sutures.

— Bot. Déhiscence suturate, Celle qui se fait sur le péricarpe, par une suture marginale. s. f. Syn, de spondyloxithb.

SUTURE s. f. (su-tu-re — latin suivra ; de suere, coudre, qui fait partie d’un groupe considérable de termes relatifs à la couture : sanscrit *it>, coudre, participe sijula ; ossète chouin, choin, je couds ; grec sua, dans kassuà, je couds du cuir, de katasuâ, ou peut-être de kos, cuir ; gothique siujan, anglo-saxon siwian, suwan, anglais seto, ancien allemand siwan, siwjan, suédois sy, danois syé, lithuanien suti, suiaû, sunu ; lettique shûh, shuju, ancien slave sliiti, shioa, russe shili, illyrien sciti, polonais szye, etc.). Couture faite pour raccorder ou assembler les parties d’un objet : Une suturk proprement exécutée. Une sutube trop visible.

— Fig. Raccordement fait dans une œuvre écrite qui a été mutilée ou qui est composée de parties disparates : Au moyen d’une suture habilement faite, ou ne s’aperçoit pas qu’il a retranché cette scène, ce chapitre, ce paragraphe. (Acad.) La SUTURE des différentes parties de l’œuvre est grossière. (Pli. Cbasles.)

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— Chir. Réunion des lèvres d’une plaie, qu’on opère en les cousant : On donne le nom de suturk à l’opération dans laquelle on traverse les lèores d’une plaie au moyen de fils ov de tiges métalliques dans le but d’en déterminer le rapprochement, (Sédillot.) Pour rapprocher tes bords de la plaie et les maintenir en contact, on a imaginé plusieurs espèces de sutures. (Cloquet.) Il Suture métallique, Celle qu’on exécute avec un fil d’or ou d argent.

— Anat. Mode d’articulation de deux parties qui entrent l’une dans l’autre par des dentelures et qui paraissent cousues ensemble : Les sutures du crâne.

— Entom. Ligne droite qui joint l’une à l’autre les élytres des insectes coléoptères.

— Moll. Ligne de jonction des tours de la spire dans les coquilles univalves. Il Espace qui sépare les nymphes dans certaines coquilles bivalves. Il Nom vulgaire de certaines espèces de pernes.

— Bot. Ligne suivant laquelle s’opèrent la jonction et la séparation des valves dans les fruits : Souvent les sutures correspondent aux bords unis des feuilles carpellaires. (P. Duchartre.)

— Encycl. Anat. Cémode d’articulation est propre aux os du crâne et de la face. Les trois variétés principales sont : la suture écailleuse, comme celle du temporal avec le pariétal ; la suture dentée, comme celle qui réunit les deux pariétaux l’un à l’autre, et la suture harmonique ou par simple juxtaposition des os. Lorsque le fœtus à terme va être expulsé hors de l’utérus, les os de la voûte du crâne sont séparés chez lui par des intervalles membraneux allongés qui portent le nom de sutures, bien qu’ils ne soient que l’indice d’une réunion osseuse ultérieure. Elles permettent une réduction favorable du volume de la tête du fœtus au moment où il traverse la filière pelvienne et font reconnaître et l’accoucheur par leur disposition dans quel sens et de quelle manière la tête se présente. Les plus importantes à examiner dans ce but de diagnostic obstétrical Sont : les sutures sagittale, fronto-pariétale et lambduïde.

La suture sagittale s’étend de la racine du nez à l’angle supérieur de l’occipital ; elle est formée en avant par l’intervalle qui sépare les deux portions de l’os frontal, au milieu et en arrière par celui qui divise les deux pariétaux. Elle reçoit au niveau de la limite supérieure du frontal les deux sutures transversales, encore appelées fronto-pariétales. Parvenue à l’angle supérieur de l’occipital, elle se bifurque pour donner naissance à deux autres sutures obliques nommées lambdoldes, probablement à cause de leur ressemblance avec le A majuscule des Grecs.

— Chir. On nomme suture l’opération qui consiste à coudre les lèvres d’une plaie pour obtenir leur adhésion entre elles. On en distingue plusieurs espèces, que nous ne ferons qu’énumérer :

Suture à points entrecoupés. On la pratique avec des aiguilles courbes terminées en fer de lance et enfilées de cordonnet. On a soin de les oindre avec un corps gras pour rendre leur introduction moins douloureuse.

Suture enchevillée, Elle se fait avec un fil double, dans l’anse duquel on passe un tuyau de plume ou tout uuire corps semblable. Elle a sur la suture entrecoupée l’avantage de moins exposer les chairs à être couples par les fils, puisque tout l’effort du cordonnet porte sur les chevilles.

Suture entortillée. Elle est surtout usitée pour l’opération du bec-de-lièvre. Elle nécessite le maintien des aiguilles dans les chairs pendant un ou plusieurs jours,

Suture à points passés. Elle n’est employée que pour la réunion des plaies de l’estomac ou de l’intestin.

Suture en surjet. Même usage que la précédente.

Sutures métalliques. Au lieu de fils de chanvre, de coton ou de soie, on emploie avec avantage, depuis un certain nombre d’années, des fils d’or ou d’argent très-fins pour la réunion des plaies. Ils sont beaucoup moins irritants et ils peuvent être laissés en place beaucoup plus longtemps que les autres liens sans entraîner la suppuration,

— Art vétér. Dans la chirurgie vétérinaire aussi bien que dans celle de l’homme, on pratique des sutures pour rapprocher, réunir et maintenir en contact les bords saignants des solutions de continuitérécentesfaitesaux parties molles, jusqu’à ce que le travail organique en ait achevé la réunion, ou bien encore pour maintenir un appareil de pansement et pour fermer une ouverture accidentelle, afin d’empêcher ia sortie de quelque viscère.

Les sutures se font au moyen d’aiguilles, dont les unes ont un manclie et les autres n’en ont pas. Parmi les premières, les unes sont tranchantes sur les côtés et les autres ne le sont point. Il est encore nécessaire de se servir d’un lil convenable et quelquefois de se pourvoir de brochettes en bois ou en fer.

Les procédés d’exécution sont très-nombreux et ont l’ait donner aux sutures différents noms. Les principales sortes de sutures en usage dans la chirurgie vétérinaire sont : les sutures à points séparés ou entrecoupés, à

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anse, à bourdonnets, à surjet, à points passés, enchevillée, entortillée, en T.

La suture à points séparés est usitée pour la réunion des plaies récentes ordinaires ; on l’emploie aussi dans les plaies à lambeaux, dans les grands délabrements et pour soutenir l’étoupade dans les grandes plaies. Elle est formée d’une série de points isolés les uns des autres. Pour la pratiquer, on passe à travers les lèvres de la plaie, au moyen d’une aiguille enfilée d’un ruban, autant d anses qu’on juge nécessaire d’après l’étendue de la solution de continuité, la première implantation du corps introducteur du fil se faisant de dehors en dedans de l’une des lèvres de la plaie, et la seconde de dedans en dehors de l’autre lèvre ; on ramène ensuite les deux bouts en contact et on les arrête ensemble, par-dessusunplumasseaud’étoupe, à l’aide d’un nœud ou d’une rosette.

La suture à anse est semblable à la précédente, dont les points, au lieu d’être réunis séparément par-dessus la plaie, sont rassemblés de chaque côté et tordus ensemble sans être noués, de manière à pouvoir ex traire isolément chaque fil, s’il est nécessaire ; les deux faisceaux sont ensuite réunis et tordus ensemble, sans nœud, dans le même but.

La suture à bourdonnets est fort usitée en chirurgie vétérinaire. On la pratique lorsqu’il s’agit de maintenir, au moyen d’une étoupade, un appareil de pansement dans une plaie, de manière à maintenir les lèvres et surtout à déterminer une compression. Pour la mettre en usage, on a des fils à l’extrémité desquels est un bourdonnet ; leur nombre doit être double de celui des points de suture à faire ; on implante l’aiguille de dehors en dedans d’un côté, on en fait autant de l’autre ; on tire et on ramène les fils par-dessus l’étoupade, puis on les assemble par un nœud. On emploie cette suture dans certaines opérations pour arrêter l’hémorragie.

La suture à surjet ou despe/te(t’er.« est une suture continue, dont tous les points croisent successivement la plaie en dedans et en dehors. Pour la pratiquer, on applique l’aiguille à un bout de la plaie et du côté où l’on se trouve ; quand elle a traversé les deux lèvres, on la ramène à soi pour la faire pénétrer, suivant la même direction, d’ans le second point, dans le troisième, jusqu’à la fin. Chaque tour croise obliquement la direction de la suture et l’ensemble de la suture forme une spirale, dont les tours sont eu contact avec la blessure en dessus et en dessous. On arrête les extrémités du lil par un nœud, par un bourdonnet ou en liant sur l’anse voisine.

La suture à points passés ou en faufil est celle dans laquelle le fil, au lieude décrire une spirale, va en zigzag d’un côté à l’autre de la plaie. Pour la faire, on implante l’aiguille d’un côté à l’autre des lèvres de la plaie et on replonge l’aiguille du côté par où elle est sortie, de. manière qu’elle sorte par la lèvre par laquelle elle était entrée, et ainsi de suite. Cette suture irrite peu les tissus, et lorsque la cicatrisation est. opérée, on peut retirer les fils.

La suture enchevillée ou emplumée est formée d’une série de points séparés, mais serrés de chaque côté autour d’une cheville commune en bois, en fer ou faite d’une tige de plumé d’oie, et d’une longueur dépassant un peu celle de la plaie. Pour pratiquer cette suture, il faut d abord passer tous les fils, puis placer les chevilles et nouer les fils autour. Cette suture tend à opérer la réunion par la face interne des téguments, et la pression des chevilles qui s’exerce sur toute la longueur de la plaie donne à cette suture une grande solidité.

La suture entortillée ou à tige est usitée pour fermer les saignées. Pour la pratiquer, on met en contact les lèvres de la plate et on les traverse avec une épingle, qu’on laisse dans leur épaisseur, mais de manière que sa partie moyenne seule y demeure engagée, tandis que ses extrémités restent libres. Après cela, on fixe l’épingle à l’aide d’une mèche de crin tordue et un peu humectée de salive, qu’on dirige circulairement de l’une à l’autre des extrémités de l’épingle et qu’on fixe au moyen du nœud dit de la saignée.

Quant à la suture en T, on en fait usage à la suite de l’opération de la trépanation et dans les plaies cruciales et les incisions en T. Dans ces cas, on implante l’aiguille dans une des lèvres de la plaie, de dehors en dedans ; on attaque l’autre lèvre de dedans en dehors ; on opère sur la troisième lèvre de dehors en dedans, et pour terminer, on vient attaquer de nouveau la première de dedans en dehors. Les points ainsi passés ramènent dans le plus grand rapprochement possible les lèvres de la plaie. Pour arrêter le fil, on réunit, en les tordant un peu, les deux bouts par un nœud ; enfin, il est important d’éviter que les fils ne passent entre le- lèvres de la solution de continuité.

Quant aux précautions à observer pour enlever les sutures, il est difficile de déterminer l’époque à laquelle il convient de faire cet enlèvement. Sur une plaie simple réunie par première intention, on peut enlever la suture du quatrième au cinquième jour ; mais, le plus souvent, ce délai doit être augmenté en raison de l’incertitude que l’on a sur le degré de soiidité du tissu inodulaire ou da cicatrisation ; pour ces mêmes raisons, il est bon de ne jamais enlever tous les fils ou toutes les épingles k la fois, « Après l’enlèvement

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des fils, dit M. Gourdon, on surveillera attentivement les parties pour reconnaître les accidents consécutifs, parmi lesquels il faut toujours compter les plaies formées par l’introduction des fils ou des épingles. Le plus souvent, il est vrai, la cicatrisation de ces petites plaies est prompte et achevée en quatre ou cinq jours ; mais, comme elles suppurent toujours plus ou moins, il peut se faire que leurs orifices s’obstruent par de petites croûtes qui se forment consécutivement ; alors la suppuration arrêtée distend le petit trajet et produit une irritation qui peut aller jusqu’à détruire la cicatrice. C’est pourquoi il faut toujours avoir soin de laisser libre et propre l’orifice de ces trajets et d’enlever ces petites croûtes aussitôt qu’elles commencent à apparaître.

SUTURÉ, ÉE adj. (su-tu-ré — rad. suture). Hist. nat. Qui c-ffre une ou plusieurs sutures : Fruit suture.

— Entom. Dont la suture des élytres est d’une autre couleur que celle de ces derniers.

SUTURER v. a ou tr. (su-tu-ré — rad. suture). Chir. Joindre, fermer par une suture : Suturer une plaie.

SUTUREUX, EUSE adj. (su-tu-reu, eu-ze

— rad. suture). Hist. nat. Qui présente des sutures.

SUVE s, m. (su-ve — du lat, suber, liège). Bot. Nom vulgaire du chêtie-liége, en Provence.

SUVÉB (Joseph-Benoît), peintre français, né à Bruges en 1743, mort directeur de l’école française à Rome en 1807. Il apprit les premiers éléments de son art à l’Académie de sa ville natale, où le goût français dominait alors plus que le goût flamand. Il se rendit à Paris en 1763, à peine âgé de vingt ans, pour y étudier sous les divers maîtres célèbres du temps, remporta le premier prix de peinture en 1771 et partit pour Rome en 1772. Il y fit plusieurs tableaux. La ille d’Ypres en possède deux, une Descente du SaintJi&prit et une Adoration des mages, que l’on place au nombre de ses meilleurs tableaux dans le genre classique pur.

Reçu, à son retour à Paris en 1780, membre de l’Académie de peinture, il fut adjoint aux professeurs de cette Académie. La connaissance parfaite qu’il avait de la partie technique de son art et de tout ce qui peut concourir à former le talent d’un peintre le rendait particulièrement propre k 1 enseignement. Cependant, les soins qu’il donnait à l’école ne l’empêchaient point de travailler dans son atelier ; il fit paraître plusieurs grandes compositions, entre autres une Mort de Coligny, qui fut surtout remarquée, et une Résurrection, placée au maître-autel de l’église de Saint-Donat de Bruges.

Suvée, qui avait reçu le titre de peintre du roi, fut nommé en 1792, quelque temps avant le 10 août, directeur de l’école de Rome ; mais les événements empêchèrent son départ. Il ne crut pas devoir quitter la France dans les temps les plus troublés de la Révolution, quoique Ses anciennes relations avec la cour le rendissent suspect, et il fut détenu à Saint-Lazare en 1794, avec beaucoup de ses anciens amis, Lenoir, Boucher et André Chénier entre autres ; il fut élargi après le 9 thermidor. On doit à Suvée le seul portrait d’André Chénier que l’on connaisse ; il l’acheva huit jours avant l’exécution du poète. • Suvée trompait, en peignant, les ennuis de sa prison, dit l’éditeur d’André Chénior, M. H. île Latouche ; il devait avoir la gloire de transmettre les traits du poste à la postérité. » Le portrait fait par Suvée porte cette inscription : ■ Fait à Saint-Lazare le 29 messidor aji 11, par J.-B, Suvée. »

"Peu uprès sa sortie de Saint-Lazare, Suvée alla revoir sa ville natale et consacra sa reconnaissance envers l’Académie de Bruges en lui laissant un tableau de VOrigine du dessin. Lors un rétablissement de l’école de Rome, eu ISOI, le titre de directeur de cette école lui fut confirmé et il se rendit à Rome, qu’il ne devait plus quitter. Les fonctions de directeur avaient été jusqu’à lui agréables et faciles ; il les prit avec les difficultés et Jes embarras de tout genre que présentent une réorganisation et, pour ainsi dire, une création nouvelle. Mais son assiduité au travail, son amour pour son art, son zèle et son activité lui firent surmonter rapidement tous les obstacles, et, par ses soins, l’école fut prompteinent établie dans la villa Médicis. C’est dans ce palais des beaux-arts, et au milieu des éièves qu’il y avait réunis, qu’il a terminé sa carrière. Sans être un peintre de génie, il avait toutes les qualités désirables chez un directeur de noire ccole de la villa Médicis. Il possédait à fond les parties de l’art les plus difficiles à apprendre, savoir : la science et la correction du dessin, la connaissance profonde de la perspective et de l’anatomie, trop souvent négligées l’une et l’autre par de très-habiles peintres.

On n’a de Suvée au musée du Louvre qu’un seul tubleau : la Mort de l’amiral Coliyny. C’est une toile d’assez grande dimension (de 3n»,25 de hauteur sur une largeur de 21",60). Les figures sont de grandeur naturelle. A droite, l’amiral, debout devant la porte de sa demeure, se présente aux assassins, qui se sentent émus et tombent à genoux. L’un d’eux arrête de la main un de ses compagnons, de-