Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 4, Vl-Zz.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Wall

passa plusieurs mois h Passy dans un état toujours alarmant, puis fut transporté au château de Bayen, résidence d’un de ses amis, où il mourut le 12 octobre 1865. Ses restes furent transportés à Londres, où on lui fit des funérailles splendides.

Wallace était presque un musicien de premier ordre, et, s’il eût possédé une originalité filus marquée, il eût pu prendre place parmi es grands maîtres de la musique dramatique au xixe siècle ; en tout cas, il doit être considéré comme le fondateur et peut-être l’unique représentant de l’opéra national anglais. Il est certain que la partition de Lurîiue, pour ne parler que d’elle, est une œuvre des plus remarquables, qui porte l’empreinte d’un véritable génie. Outre ses opéras, cet artiste a publiéplus de quatre cents morceaux, de musique de tout genre. Wallace n’était pas seulement un musicien de talent, mais encore un lettré et en même temps un esprit fin et délicat. Il avait beaucoup voyagé, beaucoup vu, beaucoup observé ; enfin, il parlait couramment cinq langues, l’anglais, l’allemand, le fiançais, l’espagnol et 1 italien.

M. Kétis est très-incomplet et souvent inexact à l’égard de ce compositeur ; mais M, Arthur Pougin a publié sur lui, à l’époque de sa mort, une notice très-étendue, très-complète, où l’on trouve une foule de faits pour la plupart inconnus, extraits des journaux anglais (Paris, 1866, iu-8»).

WALLACE (sir Richard), philanthrope anglais, né à Londres le 26 juillet 1818. Attaché par les liens d’une parenté étroite au marquis d’Hertford, il vécut auprès de lui et lui prodigua des soins assidus pendant les longues souffrances qui attristèrent ses.dernières années. En mourant (1870), le marquis d’Hertford lui légua environ 60 millions, composant toute la partie de sa fortune dont il pouvait iibrement disposer, et consistant en biens situes en France et en Angleterre, ainsi qu’en collections artistiques. Ce fut pendant le siège de Paris, en 1870 1871, que M. Richard Wallace commença à attirer vivement sur lui l’attention publique. S’étant enfermé dans la ville, il donna 300,000 francs pour organiser l’ambulance militaire, dite du marquis d’Hertford, qui suivit le 13e corps jusqu’à la fin de la guerre, ouvrit dans sa maison une seconde ambulance, fit un don considérable à la ville, distribua des bons de vivres dans les mairies, employa une somme considérable en achat de combustible pour les indigents, une autre pour les indigents limitrophes réfugiés à Paris ; pendant le bombardement, il prit l’initiative d’une souscription en faveur des familles obligées de fuir leurs demeures et s’inscrivit pour 100,000 francs. En outre, il constitua en leur faveur un comité de secours et redoubla de générosité pour venir en aide aux malheureux du 1V« arrondissement, qu’il habitait. Les deux grands clubs l’Union et le Jockey-Club l’admirent alors à l’unanimité parmi leurs membres. Après la conclusion de l’armistice, ce fut à M. Wallace que la commission du lord-maire adressa les envois de ravitaillement pour Paris. Lors des élections pour l’Assemblée nationale, des comités proposèrent de porter son nom sur la liste des candidats. Mais il fit annoncer qu’en sa qualité d’Anglais il ne pouvait accepter aucune candidature. Pennant la Commune, il vécut, à Paris, tranquille et respecté de tous. Au mois de juin 1871, M. Tlncrs lui conféra la croix de commandeur de la Légion d’honneur et, vers la même époque, la reine d’Angleterre lui donna le ture de baronnet. De retour à Londres, il réunit une curieuse collection d’objets d’art, à laquelle il donna le nom de musée de Btnhual-Uieen, et en tint l’accès libre à, la population ouvrière. En

1872, il dota Paris de cent fontaines à boire, dont le modèle fut exécuté par le sculpteur Charles Le Bourg, ne laissant à la charge de la ville que la pose et les travaux de plomberie nécessaires pour les alimenter ù’eau. Le 17 février 1873, sir Richard Wallace a été élu membre du Parlement dans le district de Lisburn, qui lui fit ù cette occasion une ovation enthousiaste. Humain, charitable, fuyant le bruit, M. AVallace a dû au noble emploi qu’il sait faire de sa fortune une grande popularité. Il passe pour un amateur d’objets d’art aussi passionné qu’éclairé. De son mariage avec Mlle Caslelnau, fille d’un officier français, il a eu un fils, M. Edmond-Richard Wallace, né en 1840. Pendant la guerre de 1870-1S71, ce jeune homme servit uans les cuirassiers, devint officier d’ordonnance du général Vinoy, reçut le grade de capitaine et fut décoré. Après la répression de la Commune, il a donné sa démission,

WALLACE (Alfred-Russel), naturaliste anglais, né à Usk, dans le Monmouthshire. en 1822. Son nom doit être associe à celui de M. Darwin, avec lequel 11 partage la paternité de la théorie célèbre de la sélection naturelle. « M. Darwm, remarque à ce sujet M, Édouard Ctaparède, avec l’exactitude scrupuleuse qui le dislingue, n’a pas manqué de citer les noms de tous ceux qui, eu même temps que lui ou même avant lui, ont reconnu ou simplement entrevu le principe fondamental de la théorie de la sélection. Le lecteur superficiel pourrait facilement se laisser entraîner à mettre tous ces noms sur la même ligne ; mais ce serait là une grande erreur. Les mérites de MM. Wells et Pa WALL

trîck Matthew, par exemple, quelque grands qu’ils puissent être d’ailleurs, ne sauraient être mis en regard de ceux d’un Wallace et d’un Herbert Spencer. Parmi ces hommes, les uns ont bien entrevu le principe, mais n’en ont pas saisi la portée ; les autres, au contraire, en ont mesuré les conséquences et montré les applications. Au nombre de ces derniers, M. Wallace est certainement au premier rang, parce que la nature même de ses occupations et la tournure de son esprit paraissent l’avoir conduit à la théorie de la sélection, précisément par la même voie que M. Darwin et en même temps que lui. Aussi les hommes spéciaux n’inscrivent-ils guère que le nom de Wallace à côté de celui de Darwin au début de cette ère nouvelle pour la science des êtres organisés, qui a été inaugurée par la publication.de l’Origine des espèces. »

Darwin nous apprend lui-même comment, pendant son voyage autour du monde, de 1831 à 1836, la distribution des êtres organisés dans 1 Amérique du Sud et les rapports existant entre les faunes actuelles et les faunes anciennes éveillèrent son attention et lui semblèrent de nature à jeter quelque jour sur l’origine des espèces ; comment il s’attacha dès lors, d’une manière toute spéciale, au développement de cette idée. C’est aussi par la géographie et la paléontologie que M. Waltace a été conduit a, s’occuper de ce problème, le mystère des mystères, comme l’appelle Humboldt. Dès 1855, il rédigeait à Sarawak et publiait, ta même année, un mémoire sur la loi qui a réglé l’introduction des espèces nouvelles. Il résumait dans ce travail quelques faits généraux et en concluait que « toute espèce, au moment de son apparition, coïncide, dans le temps et dans l’espace, avec d’autres espèces préexistantes qui lui sont étroitement alliées, • Cette loi, ajoutait-il, rend compte des affinités naturelles et de la distribution des animaux et des plantes dans le temps et dans l’espace, aussi bien que des phénomènes que présentent les groupes correspondants et des faits attribués par Forbes à une sorte de polarité. Enfin, la même loi expliquerait l’existence de ces organes rudimentaires qui ont de tout temps embarrassé les zoologistes tout autant que les botanistes. M. Wallace développe succinctement chacune de ces propositions, sans parier encore de la cause qui détermine la formation des espèces.

Ce problème fondamental a été abordé dans un second mémoire écrit à Ternate au commencement de 1858, et ayant pour titre : Sur ta tendance des variétés à s’écarter indéfiniment de leur type originel. L’auteur, désirant le soumettre au jugement de sir Charles Lycll, envoya sou manuscrit à Darwin, en le priant de lui servir d’intermédiaire auprès du célèbre géologue. Il est facile de comprendre ce que dut éprouver Darwin en trouvant résumées dans ce travail, de la manière la plus précise et la plus nette, parfois avec les expressions techniques qu’il employait lui-même, toutes les idées qui le préoccupaient depuis vingt ans et la théorie qu’il n’avait communiquée encore qu’à quelques amis. Il put craindre un moment do perdre tout le fruit d’un labeur aussi consciencieux que long. Mais, heureusement

pour lui, Lyell et Hooker, l’éminent botaniste de Kew, étaient au courant de ses travaux. Grâce à ces amis communs, les droits des deux inventeurs furent également respectés. Un mémoire rédigé exprès par Darwin et celui qu’avait envoyé M." Wallace furent Jus dans une même séance de la Société linnéenne de Londres et insérés dans le même volume des actes de cette Société. Ajoutons que, tout eu réclamant la part d’éloges ou de blâme qui lui revient, M. Wallace n’a pas hésité à reconnaître que Darwin lavait précédé dans la voie où ils se sont rencontrés. II va plus loin et, avec une modestie qui n’a rien d’affecté, il se déclare incapable des longues et pénibles recherches nécessaires pour développer, comme l’a fait Durwin, les principes fondamentaux tirés de quelques faits généraux. «J’ai ressenti toute ma vie, dit-il, et je ressens encore la plus vive satisfaction de ce que M. Darwin a été à l’œuvre longtemps avant moi et de ce que la tâche difficile, Vorigine des espèces, ne m’a pas été laissée. J’ai depuis longtemps fait l’épreuve de mes forces et je sais qu’elles n’y auraient pas suffi. Je sens bien que, comme beaucoup d’hommes dont je reconnais la supériorité, je n’ai pas cette patience infatigable pour accumuler d’immenses quantités do faits les plus divers, cet admirable talent pour en tirer parti, ces connaissances physiologiques exactes et étendues, cette finesse pour inventer les expériences et l’adresse pour les mener à bien, et ce style admirable, à la fois clair, persuasif et précis, qui font de M. Darwin l’homme de notre époque qui est peut-être le pius propre à la grande œuvre qu’il a entreprise et accomplie. «

« En 1870, M. "Wallace, estimant que son rôle, dans la question de la sélection naturelle, n’avait pas toujours été bien apprécié, a eu l’heureuse idée de fixer exactement sa position relativement à la théorie dite darwinienne, en réunissant en un volume les

différents travaux, sur ce sujet publiés par lui dans des revues ou journaux divers. Ces articles ont été retouchés, souvent augmen WALL

tés, sans perdre pour cela leur caractère primitif, et l’auteur les a fait suivre de quelques chapitres entièrement nouveaux. L’ouvrage est intitulé : Contributions à la théorie de la sélection naturelle : une série dessais. Nous allons en rendre compte pour faire connaître en M. Wallace le promoteur indépendant et original d’une doctrine qui attire aujourd’hui l’attention de tous les esprits cultivés.

Comme Darwin, M. Wallace fait reposer toute sa théorie sur un fait général évident : « La vie des animaux sauvages, dit-il, est une lutte perpétuelle, lutte qui a pour but leur existence elle-même. » L’immense majorité des individus succombe dans les combats incessants livrés à tout ce qui les entoure ; s’il en était autrement, la terre entière serait rapidement envahie par elle. Peu d’oiseaux, ajoute notre naturaliste, produisent moins de deux petits par an ; beaucoup en ont six, huit ou dix. À ce compte, une seule paire aurait produit, au bout de quinze ans, plus de 10 millions de descendants, si tous avaient survécu. Or, l’observation montre que le nombre des oiseaux ne s’accroît nulle part. En dépit de son pouvoir de multiplication, chaque espèce a donc atteint sus limites numériques et est restée stationnaire, probablement depuis une époque peu éloignée de celle de son apparition. Par conséquent, en admettant que le nombre des

jeunes, produits à l’époque des pontes, soit seulement double de celui des parents, hypothèse certainement au-dessous de la vérité, il s’ensuit que partout il périt annuellement deux fois plus d’oiseaux que la contrée n’en nourrit. Plus précis et plus explicite en cela que Darwin, M. Wallace fait jouer à la nourriture un rôle prépondérant parmi les conditions qui favorisent ou enrayent la multiplication d’une espèce donnée. Toutefois, il est loin de méconnaître l’influence des autres causes de destruction ou de survie, et sait les chercher dans le monde inorganique aussi bien que parmi les " êtres vivants. En résumé, la victoire dans la lutte pour l’existence dépend uniquement, à ses yeux, de l’adaptation plus ou moins parfaite à des conditions d’existence données. M. Wallace semble se préoccuper fort peu du progrès, et en cela il se distingue assez nettement de Darwin, qui perd rarement de vue cette considération.

M. Wallace applique aux espèces voisines les unes des autres et appartenant à un ■ même groupe ce qu’il vient de dire des individus. Celles qui, par leur organisation et leur genre de vie, se trouvent en harmonie avec le milieu où elles sont placées devront nécessairement acquérir et garder une certaine supériorité ; celles qui, pour une raison quelconque, se trouvent plus ou moins en désaccord avec ce même milieu, devront s’affaiblir et pourront même disparaître. A plus forte raison, les choses se passerontelles ainsi entre les variétés qui peuvent surgir au milieu des représentants d une espèce quelconque. L’antilope dont les jambes seront plus courtes ou plus faibles que celles de ses compagnes tombera la première sous la dent des grands carnassiers ; le pigeon qui n’aura pas la puissance de vol nécessaire pour aller chercher au loin sa nourriture et accomplir ses migrations annuelles mourra de faim. En revanche, toute variété possédant des aptitudes plus grandes que le type primitif de l’espèce tendra à se multiplier. Que des moments difficiles surviennent, que les conditions d’existence s’aggravent d’une manière quelconque et jusque un certain point, ces variétés supérieures pourront seules résister à l’épreuve, et, au bout d’un temps plus ou moins long, se trouveront substituées au type originel dont elles n’étaient qu’un développement plus parfait et plus élevé. Mais, à leur tour, elles présenteront des phénomènes semblables, engendreront des variétés nouvelles capables de s’isoler, et ainsi de suite. Voilà comment prendra naissance et grandira une série de variétés s’éloignant de plus en plus du type spécifique premier pur voie de divergeuee progrèssive et continue ; série à laquelle on ne saurait, ajoute Wallace, assigner aucune limite. Le même type peut d’ailleurs, sous l’empire de mille conditions fortuites, donner naissance à des variétés très-différentes et, par conséquent, à autant de séries distinctes. L’auteur conclut que son hypothèse peut être suivie assez loin pour rendre compte de fous les phénomènes présentés par les êtres organisés, en particulier de leur succession et de leur extinction dans les âges passés, aussi bien que de toutes les modifications de forme, d’instinct, de genre de vie qu’on rencontre chez eux.

On sait que Lamarck était arrivé à des conclusions h peu près semblables aux précédentes ; mais M. Wallace insiste avec juste raison sur les différences radicales existant entre la théorie de l’illustre naturaliste français et celle qu’il propose lui - même. Lamarck admet que les modifications subies par un animal sont le résultat d’un besoin éprouvé par lui, besoin qui produit l’habitude, d’où résulte la répétition des mêmes actes et, par suite, le développement des organes qui accomplissent ces actes. Si les membres antérieurs et le cou de la girafe présentent la longueur extraordinaire qu’on leur connaît, c’est que les ancêtres de cet animal

WALL

1259

ont toujours fart effort pour atteindre aux branches des arbres qui leur servaient de nourriture. Par cela même, dit Lamarck, chacun d’eux a allongé les parties du corps qui étaient spécialement en action, d’une quantité infiniment petite. Chaque génération a reçu par voie d’hérédité le résultat de tous les efforts antérieurs ; chacune y ajoute quelque chose, et la somme de toutes ces petites modifications, qui, prises isolément, auraient été absolument inappréciables, s’accuse par l’étrange organisation que nous-voyons aujourd’hui. Ainsi, dans la théorie de Lamarck, c’est en réalité l’animal qui se modifie lui-même. L’organisme est transformé par le désir, par la volonté. Il en est tout autrement dans la théorie de la sélection naturelle. Si la girafe a un long cou, nous dit M. Wallace, ce n’est pas qu’elle ait désiré atteindre aux rameaux les plus élevés ; c’est que, parmi les variétés qui surgirent anciennement et se sont succédé dans la suite des siècles, il s’en est trouvé un certain nombre dont le cou était exceptionnellement long et qui, par cela même, ont eu une plus grande part de nourriture sur un sol donné ; qui, par cela même encore, se sont trouvées dans des conditions de survie, tandis que les variétés à cou plus court mouraient de faim dans un temps de disette. Transmis par la génération, ajoutés les uns aux autres, ces progrès dans une voie déterminée ont, par la force même des choses, graduellement produit l’organisation spéciale dont il s’agit. Cette explication, on le voit, supprime toutes les hypothèses vagues et pour ainsi dire mystiques de Lamarck, pour ramener ta transformation k n’être plus que la conséquence rigoureuse, nécessaire des conditions d’adaptation k des circonstances parfaitement déterminées.

L’ouvrage de M. Wallace contient des applications hardies, mais ingénieuses et vraiment séduisantes, de la théorie de la sélection naturelle. Un des chapitres les plus intéressants est consacré aux formes imitatives et aux autres ressemblances protectrices parmi les animaux. Les Anglais désignent par le terme de mimiery, qu’on peut traduire en français par les mots imitation soologique, la propriété qu’on remarque en certains animaux d’offrir, soit par leur forme, soit par leur couleur, une reproduction presque complète de l’apparence d’un autre animal appartenant par son organisation à un tout autre groupe zoologique et dépourvu, par conséquent, d’affinité avec le premier. M. Wallace s’applique à montrer que les espèces mimiques ou iroitatives ont été produites par voie de sélection naturelle. Il n’y voit qu un cas spécial des conformations particulières extrêmement variées qui assurent à certains animaux une protection contre leurs ennemis et, partant, une plus grande chance de survie dans la lutte pour l’existence. Il est évident qu’il existe dans la nature une harmonie générale entre la coloration d’un animal et celle du milieu qu’il habite. Les animaux des régions polaires sont blancs ; ceux du désert rappellent les teintes de sable ; une foule d’espèces se confondent par la couleur avec le vert du feuillage au sein duquel elles habitent ; les bêtes nocturnes sont de couleur sombre. Ces lois de coloration ne sont point universelles, mais pourtant assez générales et rarement renversées. Si nous allons un peu plus loin, nous rencontrons des oiseaux, des reptiles, des insectes bariolés ou tachetés de manière à imiter exactement la teinte du rocher, de l’écorce, de la feuille ou de la fleur sur lesquels ils reposent d’ordinaire, et il en résulte pour eux un mode efficace de protection. Un pa3 de plus, et voici des insectes formés et colorés de manière a ressembler exactement à une feuille déterminée, à un morceau do bois mort, à un rameau moussu, à telle ou telle fleur ; et, dans ces cas-là, nous voyons souvent apparaître certains instincts particuliers qui aident à l’illusion. Dans une autre phase de ce même phénomène, nous n’avons plus affaire a des êtres dont la coloration semble calculée pour les soustraire aux regards, mais bien à des animaux faciles à apercevoir, souvent même dotés de couleurs vives ; mais ce sont des espèces mimiques, c’est-à-dire des formes qui ressemblent à un haut degré à d’autres espèces appartenant à un groupe entièrement différent au point do vue zoologique. On pourrait les considérer comme des chevaliers d’industrie qui se donnent tous les dehors de gens bien nés et respectables pour se glisser dans une société honorable. L’existence des espèces imitées peut s’expliquer de la même manière que cela des formes ressemblant à une feuille ou à un fragment d’écorce. Ces dernières, grâce a, cette ressemblance, échappent facilement aux poursuites d’ennemis carnassiers peu soucieux de la ramée, dont l’estomac ne s’accommoderait pas de fibres ligneuses. Les

premières échappent aux poursuites de leurs ennemis, par suite de leur ressemblance avec une espèce dont ceux-ci n’ont pas l’habitude de faire leur proie. En effet, les recherches de M. Wallace semblent montrer que les espèces imitées jouissent d’une immunité remarquable contre les attaques d’autres animaux. On le reconnaît kleur extrême abondance, malgré leur vive coloration et l’absence de moyens actifs pour échapper a leurs ennemis. Cette immunité parait tenir à