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pour vizir. » Mahomet entendait rlonc par ce mot un lieutenant et un conseiller. La dignité de vizir ne date que de 750. chez les califes abbassides et de 1328 chez les Ottomans. Ce titre paraît pour la première fois dans l’histoire musulmane au commencement de la dynastie des Abbassides. Harounal-Raschid eut successivement trois vizirs de la famille des Barmécides, famille célèbre par son élévation subite, sa libéralité et ses malheurs. Après la mort de Djaffar, qui eut la tète tranchée, tous les Barmécides furent égorgés, et l’on prit dans d’autres familles des vizirs, qui continuèrent à gouverner d’une manière plus ou moins absolue jusqu’à l’arrivée des Turcs.

La dignité de vizir était le plus haut emploi civil ; elle donnait à celui qui en était revêtu l’accès auprès du sultan. Il est vrai que souvent ces honneurs étaient dangereux et que la proximité du maître absolu ne laissait pas d’avoir ses inconvénients. Cependant, lors de l’organisation militaire de l’Egypte après la conquête turque, la place de naïb, mot arabe signifiant vice-roi, qui fait au pluriel navowab, d’où le mot si connu de nabab, ne tarda pas à supplanter celle de vizir et à obtenir la prééminence. Eu même temps, les attributions du vizirat furent altérées et restreintes ! souvent le vizir portait le simple titre de sahib, maître. Le sultan Barkouk particulièrement contribua beauboup à cette réforme, en transportant à d’autres officiers les prérogatives les plus importantes du vizir, auquel il ne laissa guère que quelques occupations secondaires. Le titre de vizir n’était pas seulement employé en Orient. Les Ommiades d’Espagne avaient aussi des vizirs (conseillers d’État), placés sous l’autorité immédiate des ministres hadjeb) et n’étant pas ministres eux-mêmes.

Les Fatimites d’Égypte eurent aussi des vizirs. Le dernier, Aboul-Kusim, périt assassiné et, vers cette même époque, Saladin étant venu en Égypte prit pour lui le titre de vizir des Fatimites et s’en servit poureffacerle nom de cette dynastie. Sous les premiers Ayoubites et les sultans mameluks, la charge de vizir déclina pour ne plus se relever. Les officiers qui portaient ce nom avaient perdu peu à peu leurs attributions et, au xv" siècle, il ne leur restait plus que l’administration d’une petite partie des cantons, la surveillance des contributions indirectes, de quelques bureaux, des machines hydrauliques et de la cuisine du sultan.

Chez les Turcs, le titre de vizir est honorifique, puisque tous les pachasà trois queues y ont droit ; mais il s’applique plus particulièrement aux six vizirs dits vizirs du banc, qui siègent au divan avec voix consultative, quand le grand vizir daigne les interroger. On choisit pour remplir la charge de vizir des hommes versés dans la connaissance du droit et ayant déjà eu quelque emploi important. Comme on le voit, les vizirs turcs sont loin d’avoir les prérogatives des vizirs arabes, puisque ce ne sont plus que de simples conseillers.

Toute la puissance ministérielle est entre les mains du grand vizir, chef de toute l’admistratioti turque, aller ego du sultan, qu’il dirige de ses conseils et dont il est le représentant dans l’ordre civil et politique. Kien n’est présenté à la sanction du sultan que par son canal ; rien n’est décidé proprio motu qui ne passe par son intermédiaire pour être exécuté. Ses pouvoirs lui sont conférés par un hatti-sckeriff, que le sultan lui adresse en l’élevant à sa dignité. Ses ordonnances s’appellent firinans. Il a sa résidence officielle à la Porte (Pacha capouci, Porte du pacha), nom sous lequel le gouvernement ottoman est souvent désigné.

Lors de sa nomination, il reçoit un cachet portant le chiffre du Grand Seigneur ; ce cachet lui confère de pleins pouvoirs pour commander au nom du sultan ; il doit le porter constamment sur sa poitrine, comme signe distinctif de sa dignité.

Le grand vizir n’est pas seulement chargé des finances et de la justice, il a encore le département de la guerre et le commandement des armées. Il ne marche que précédé par trois queues de cheval, terminées chacune par une pomme dorée, signe militaire appelé t/wu ou tkouf. À l’armée, il reçoit du sultan une des aigrettes de son turban. Cette aigrette, placée à la tête des troupes, signifie que le sultan ne peut prendre le commandement des soldats et qu’il a désigné son grand vizir pour le représenter.

Le grand vizir, de même que son maître, jouit du droit de vie et de mort sur tous les sujets turcs, sans distinction de race, de sexe, ni de position sociale. Depuis quelques années, cependant, un ordre de ca ministre ne suffit plus pour faire étrangler ses ennemis ; il est obligé d’y mettre quelques formes, au grand desespoir des conservateurs de ce pays. Il va quelquefois la nuit visiter les prisons et se fait accompagner d’un bourreauqui exécute ceux qu’il juge coupables ou qui lui déplaisent. Il doit, ou plutôt il devrait laisser libre l’entrée de son palais et y donner audience à tout le monde, pauvres et riches. Ses appointements sont très-ôlevés et se doublent par suite des présents que lui font presque tous les officiers, et principalement les gouverneurs de province, pour obtenir des charges ou conserver celles qu’ils ont ; c’est une espèce de tribut indispensable. Le grand vi-

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«Ventrelientde nombreux officiers ou domestiques dans son palais et ne doit se montrer en public que dans un costume d’une richesse éblouissante ; le harnais de son cheval est orné de rubis et de turquoises, la housse brodée d’or et de perles. Il paye de ses deniers les 400 ou 500 soldats de sa garde, etc., etc. Tout cela explique les exactions dont il se rend coupable pour arriver à payer tout ce faste.

Ces dépenses ne sont pas les seules qu’ait à faire le grand vizir. Sa charge lui impose le devoir de présenter souvent des cadeaux à tous ceux qui commandent dans le sérail après le sultan. Il faut qu’il se montre magnifique envers la sultane mère, les chefs des eunuques noirs et la sultane favorite. Pour peu qu’il ne soit pas assez généreux, ces personnes deviennent ses ennemis, font observer jusqu’à se ? moindres gestes, poussent les troupes à la révolte, jusqu’à ce que le sultan lui relire son cachet pour l’envoyer à un autre.

Le Grand Seigneur lui-même prend un vrai plaisir à l’honorer de quelques-unes de ces visites qu’il lui fait payer cher, ou à lui envoyer demander de temps en temps des sommes considérables. Pour subvenir à de si grandes dépenses, le grand vizir met toutes les charges à l’enchère.

Un homme capable de porter un aussi lourd fardeau est difficile à rencontrer. Cependant, il s’en est trouvé qui ont rempli leur charge avec tant d’éclat, qu’ils "ont fait l’admiration de leur siècle. Les Cuperlis père et fils ont été comparés aux Richelieu, et ils sont les premiers grands vizirs qui soient morts tranquillement dans leur lit ; car, dans les

temps passés, la destitution était presque toujours accompagnée de l’exil, de l’emprisonnement ou de la mort. La charge de

grand vizir fut instituée en 1370 par Mourad 1er, qui la confia à Djendari-Cura-Kalitz, avec le titre de wezir a’zum. Suspendue pendant quelques mois en 1453, mais bientôt restaurée, cette dignité a’toujours, depuis cette époque, été la première de l’État après celle de sultan.

VIZIRAT ou VISIRAT s. m. (vi-zi-rarad. oizir). Dignité, fonctions du vizir ; exercice de ces fonctions. Il On dit aussi VI ZIRIAT OU VISIRIAT.

VIZIRIAL ou VISIRIAL, ALE adj. (vi-Ztri-al, a-ie — rad. uizir). Qui concerne le vizir : A utorité vizirialb. Despotisme vizirial. Il Qui émane du vizir : Lettre viziriale. Il On dit aussi VtZIRIEL, ELLE.

VIZORI s. m. (vi-zo-ri). Membre d’une tribu ne Gnzarate.

VIZZAN1 (Pompeo), historien italien, né à Bologne en 1540, mort dans la même ville en 1607. Issu d’une famille riche, il se lit bâtir un magnifique palais, qu’il orna de tableaux de prix et d’une splendide b.bliothèque. En

1589, il abandonna ses heureux loisirs pour suivre à Kiesque le cardinal Santa-Croce ; mais, après la mort de ce dernier, il revint dans son pays reprendre ses travaux philosophiques et historiques. Ses principaux ouvrages sont : Storie di Bologna (Bologne,

1590, in-4o) ; Compendio delta scienza dé costumi (Bologne, 1609, in-4o) et une traduction italienne de l’Ane d’or d’Apulée (Bologne, 1607, in-S").

VIZZAM (Carlo-Emmanuele), philosophe italien, petit-neveu du précédent, né à Bologne en 1S17, mort à Rome en 1641. A seize ans, il était reçu docteur en philosophie et, deux ans après, il était investi d’une chaire à l’université de Bologne. Eu 1638, il professa la logique à Padoue ; puis, appelé à Rome par de graves intérêts, il renonça à l’enseignement, entra dans les ordres et devint successivement avocat consistonial, référendaire des deux signatures, chanoine de Saint-Pierre du Vatican et enfin recteur de l’université de la Sapienza. On a de lui : Epistola grxco-lalina super raptum Eelenss depictum à Ouidone de lïeno (Bologne, 1633, in-4o) ; traduction latine d’Ocelhts Lucanus (Bologne, 1046, in-4o) ; De mandatispriucipum (Amsterdam, 1656, in-4o).

V1ZZ1NI, ville du royaume d’Italie, dans la Sicile, provinca de Catane, district de Caltugirone, ch.-l. de mandement ; 13,400 hab. Collège.

VI.AARDINGEN, ville du royaume de Hollande, province de Hollande méridionale, arrond. et a 14 kilom. O. de Rotterdam, près de la rive droite de la Meuse ; 7,000 hab. Port de commerce, chantiers de constructions navales. Commerce de harengs. Vlaardingen était anciennement une ville importante et fortifiée ; mais, comme toutes les villes hollandaises qui vivent de la mer, elle est aujourd’hui déchue de son antique splendeur. Dans de petites rues étroites et basses, des maisons en brique, penchées comme des vaisseaux qu’incline le veut, abritent des ménages de pêcheurs. Les habitants, dont la propreté fait toute la richesse, ont un aspect simple et modeste, mais non pas triste. A-Vlaardingen, on ne rencontre guère dans les

rues pendant l’été que des femmes et des enfants ; la plupart des hommes sont à la mer et se livrent à la pêche.

VLA-AU interj. V. VELAUT.

VI.ACQ (Adrien), géomètre hollandais du xvue siècle. Il a prolongé les tables de loga VLAD

rithmes de Briggs et construit celles des logarithmes des sinus, tangentes et sécantes pour toutes les minutes du quadrant. Ces tables parurent à Gouda en 1628. Cinq ans après, l’auteur en publiait d’autres où les arcs ne croissaient plus que par io secondes et oTi les logarithmes étaient calculés avec 10 décimales. Il n’est que juste, en appréciant un si prodigieux labeur, de tenir compte des services rendus.

VLADIKA s. m. (vla-di-ka). Chef monténégrin.

VLADIMIR, ville de la Russie d’Europe, ch.-l. du gouvernement de son nom, sur les collines qui bordent la rive gauche de la Kiinziua, à 21» kilom, E.-N.-E. de Moscou, par 56» 7’ 8" de latit. N. et 38° 4’ 56" de iongit. E. ; 15,000hab. Archevêché ; cour d’appel ; gymnase. Elle est mal percée et mal bâtie ; mais, quoique déchue de son ancienne splendeur, elle renferme encore quelques monuments remarquables, comme le palais archiépiscopal, l’église Saint-Dmitri, la porte d’Or, etc. Fabriques de toiles et d’étoiles de coton, peu de commerce. Une chaussée terminée en 1840 la relie aujourd’hui avec Moscou et Nijni-Novgorod. Quelques historiens prétendent que cette ville fut bâtie par Vladimir le Grand, dans le xo siècle ; d’autres, qu’elle le fut par Jouri Vladimirovitch Dolgorouki, dans le xiie siècle. Elle appartint d’abord à la principauté de Rostov ; le prineé André Rosoloubski, fils de Dolgorouki, embellit et agrandit beaucoup Vladimir, dont il fit, en 1157, le siège du grand-duché. En 1328, ce siège fut transféré à Moscou par Ivan Danilovitch. Vladimir fut ravagé par les Tartares en 1257 et 1410.

VLADIMIR (gouvernement de), entre ceux de Kostroma et d’Iaroslav au N., de Nijni-Novgorod à l’E., de Tambov et de Riazan

au S., de Tver et de Moscou à l’O. ; 42,2S8 kilom. carr., 375 sur 240 ; 1,218,000 hab. Sa surface, en général plate, est entrecoupée de vastes forêts et de marais. Il est arrosé par l’Oca, la Klisma, la Nerl, les deux Kerjatche.l’i Kolokcha, le K’dp, le Long, laSarmotcha, la Téza, la Viasma et d’autres rivières moins considérables, et renferme plusieurs grands lacs, dont les plus considérables sont ceux de Pèreslavl-Zaleski ou Pletcluchejevo et de Pojanovoé. Le climat y est sain, mais les hivers y sont très-froids et les étés très-chauds. Le sol cultivé est en général très-fertile. Ses principales productions consistent dans les différentes espèces de céréales du pays, iégumes, chanvre, lin, houblon, fruits et surtout pommes et cerises. On y élève une grande quantité de chevaux, du gros bétail et des moutons, mais en petit nombre. Il y existe des mines de fer, des carrières d’albâtre et quelques-unes de pierre, de la terre à potier, etc. L’industrie manufacturière, qui y est florissante, compte plus de trois cent quarante fabriques et manufactures do draps, cotonnades, toiles, linge de table, lainages et ustensiles de fer ; des savonneries, des tanneries, des papeteries, des verreries, des distilleries de grains, etc., dont les produits donnent lieu à un commerce assez actif. L’exploitation des forêts y acquiert chaque jour une nouvelle importance et occupe un grand nombre de bras. On se livre en grand dans le gouvernement de Vladimir a la culture des plantes potagères et des fruits.

VLADIMIR 1er, surnommé lo Grand, giandduc de Russie, mort en 1015. Il était fils de Sviatoslav et d’une esclave ; aussi, lorsque son père, méditant la conquête de la Bulgarie, partagea, en 970, ses États entre ses deux fils légitimes, Yaropolk et Oleg, Vladimir n’obtint-il que le gouvernement de Novgorod, ville que son état permanent d’insoumission faisait dédaigner par les princes légitimes. Après la mort de Sviatoslav (972), ses fils demeurèrent en paix entre eux pendant cinq ans ; mais, en 977, Yaropolk, qui régnait à Kiev, déclara la guerre k Oleg et, après l’avoir tué dans une bataille, s’empara de ses États. Vladimir, craignant d’être attaqué à son tour, se réfugia de l’autre côté de la mer, chez les Varingiens oc Vurègues (Scandinaves), et Novgorod tomba au pouvoir des officiers d’Yaropolk. Vladimir revint, deux ans plus tard, avec une troupe nombreuse d’aventuriers, auxquels se joignirent les habitants de Novgorod. Il déclara ouvertement la guerre à son frère et demanda la main de Rogneda, fille du Varingien Rogvold, prince de Polotsk. Cette princesse, qui était fiancée à Yaropolk, rejeta sa demande, en disant qu’elle ne voulait pas épouser le fils d’une esclave. Sur ce refus, le fils de l’esclave marcha sur Polotsk, tua Rogvold et ses deux fils et épousa Rogneda. Il se dirigea ensuite sur Kiev, et Yaropolk, se voyant trahi par ses sujets, s’enfuit de sa capitale ; mais il fut peu après forcé de se rendre et fut mis à mort par l’ordre de son frère.

Vladimir réunit alors sous ses lois tout l’empire de son père, qui s’étendait depuis la Baltique jusqu’à la mer Noire. Il est vrai que sa souveraineté sur cette vaste étendue de terrain ne consistait guère qu’en la perception d’un tribut sur les différentes populations slaves et finnoises qui l’habitaient, et encore ce tribut n’était-il payé qu’autant que ceux qui étaient chargés de le percevoir étaient les plus forts. Vladimir établit un

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système de gouvernement plus régulier et plus efficace. Il soumit toutes les peuplades qui avaient recouvré leur indépendance pendant le règne de son prédécesseur et construisit plusieurs villes fortes pour les maintenir en état de dépendance. Il semble aussi avoir eu l’idée de cimenter l’union des parties hétérogènes de ce vaste empire par les liens puissants de la religion et fit ériger à Kiev l’idole de Péroun (le Tonnerre), divinité suprême des Slaves, et celles des divinités inférieures Khors, Dadzbog, Stribog, Semarglo etMokosh ; les trois premières étaient des divinités slaves, les deux autres des divinités finnoises, circonstance qui paraît impliquer l’idée de fondre les cultes de deux races différentes. Vladimir se débarrassa de ses alliés Scandinaves en leur persuadant d’entrer au service de l’empereur grec et mit dès lors tous ses soins à amener la fusion des Varingiens et des Slaves. Il s’attacha surtout à se concilier l’affection et le respect de ses sujets, en leur donnant des fêtes publiques d’une splendeur qui leur était inconnue jusqu’alors, et le souvenir des magnificences rie sa cour s’est perpétué jusqu’à nous dans les chants populaires de la Russie. Les

j chroniques, qui exaltent la sagesse et la valeur de ce prince, l’accusent n’un grand relâchement dans ses moeurs. Outre Rogneda, il avait épousé la veuve de son frère, une jeune et belle religieuse grecque, qui avait été la prisonnière de leur père Sviatoslav, et il avait encore trois atvres femmes légitimes. Quant à ses concub.nes, leur nombre, disant les chroniques, égalait celui des femmes de Salomon. Il en avait trois cents à Vichgorod, trois cents à Belgorod, deux cents à Beiestov, et nulle femme de son empire ne pouvait espérer être à l’abri de ses désirs*

Kiev était déjà depuis plus d’un siècle en relations avec Coustatitiiiople, où Olga, aïeule de Vladimir, avait été baptisée en 955. Quoique son exemple n’eût pas été suivi par son petit-fils, il avait cependant trouvé beaucoup d’imitateurs parmi ses sujets, et le commerce qui avait lieu entre ces deux villes avait attiré à Kiev beaucoup de Grecs. Cette circonstance et des motifs de pure ambition décidèrent Vladimir à se convertir à la religion grecque. Une alliance par mariage avec la maison impériale de Constantmople était alors fort recherchée par tous les chefs des populations barbares qui habitaient les frontières de l’empire. Dans le but d’assurer le succès de ses desseins, Vladimir déclara la guerre aux Grecs, et, s’otant emparé de la ville de Khersnn, demanda la main de In princesse Anne, fille de l’empereur Romnin II, sœur des empereurs Constantin et Basile, alors régnants, et de Theophanie, femme de l’empereur d’Allemagne Othon IL II promettait, si sa demande était acceptée, d’embrasser le christianisme avec tons ses sujets et de devenir un allié de l’empire. Sa requête fut agréée, et, après avoir reçu le baptême à Kherson, il épousa la princesse grecque en 988. Il s’appliqua aussitôt avec le plus grand zèle à établir «a religion chrétienne dans son empire ; toutes les idoles furent détruites par ses ordres, et les habitants furent baptisés par milliers. Il construisit des églises, établit des écoles et eut d’autant moins de peine à faire adopter la nouvelle foi, qu’il existait déjà une version slavonne de la Bible par Cyrille et Métode et plusieurs livres liturgiques dans la même langue. C’est h l’ardeur déployée par ce prince pour la propagation du christianisme qu’il doit d’avoir été placé au nombre des saints que révère l’Église russe. Après sa conversion, il eut encore à soutenir quelques guerres contre les peuples voisins de son empire, dont il triompha aisément, et le reste de son règne fut employé à des réformes intérieures, destinées à assurer le bonheur de ses sujets et l’homogénéité de son empire. Il compromit cependant cette homogénéité en partageant, à sa mort, ses États entre ses douze fils, dont les luttes intestines amenèrent la ruine totale de la Russie, qui, pendant le siècle suivant, fut fractionnée.en une foule de principautés indépendantes, hostiles les unes aux autres.

Vladimir (oiîdrede Suint), en Russie. Le

jour anniversaire de son couronnement, l’impératrice Catherine II fonda, en 1782, l’ordre de Vladimir, en mémoire -de celui qui avait établi la religion chrétienne en Russie. Les militaires et les artistes, les employés et les bourgeois étaient appelés à cette distinction. L’ordre se compose de quatre classes, et l’on n’est pas obligé de passer hiérarchiquement par les dernières pour arrivera la première. Les fonctionnaires civils, après trente-cinq ans d’un service fidèle, ont droit à la décoration. Un certain nombre de chevaliers reçoivent une pension. L’ordre tient tous les ans un chapitre, pour statuer sur les prétentions des candidats à la décoration. La fête do l’ordre est célébrée le 22 septembre. Cet ordre, suspendu sous le règne de Paul Ier, fut rétabli par Alexandre l", qui en étendit les statuts. Quiconque, au péril de sa vie, sauve dix personnes des eaux ou du feu a le droit également d’être admis dans l’ordre de Saint-Vladimir. Le ruban est rouge, avec deux bandes noires de chaque côté. La croix a quatre branches ; elle est émaillée rouge et noir et bordée d’or ; le revers de l’éousson énonce la date de la création de l’ordre, 22 septembre 1782. La plaque a au centre un écusson