Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 15, part. 4, Vl-Zz.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

' 1494

ZIc-K

à Teyspach (Bavière) tn 1740, mort nu commencement du xixe siècle. Il devint prévôt des bénédictins de Haiidling, puis prieur de l’abbayè deSaint-Emm ; ran à Ratisbonne. On lui doit un certain n< nibre d’écrits, parmi lesquels nous citerons : Sur les prérogatives et sur l’ordre de suaession des princesses abbesses d’Obermunster (Ratisborme, 1787, in-go) -, Sur les ducs de Bavière avant Charlemayue, des di/férentet époques de leur gouvernement, etc. ; Sur la situation de la marche et des comtés de ta B ivière cartovingienne ; Sur la naissance et l’élection du roi Arnolf, sur la ville de Itatisbonne qu’il rebâtit à neuf ; Comment et par quelle raison la Bavière fut confisquée lorsque Henri te Lion fut mis au ban de l’empire, etc. Ces diverses dissertations, dans lesquelles on trouve des détails intéressants, ont îté publiées dans les Mémoires de l’Académie des sciences de Bavière.

ZIROPHORE s. m. (zi-ro-fo-re — du gr. xeira, manteau ; phoros, qui porte). Entom. Syn. de piiïste : Le zifophore fronticorne a été trouvé en Colombie. (H. Lucas.) • — Encycl. Les ziro}hores sont caractérisés par des antennes fil formes et velues ; des palpes courtes, filiformes ; le corps allongé, aplati, presque linéaire ; le corselet carié, canaliculé en dessus, échancré aux angles postérieurs ; les pattes cou-tes ; les jambes antérieures crénelées. Ce gnnre renferme un petit nombre d’espèces, qui habitent les contrées chaudes de l’Amériqu :. Leurs mœurs sont peu connues ; on sait seulement que ces insectes vivent sous les t’corees en décomposition et les fouillent dans tous les sens. Le zirophore fronticorne, q l’on peut citer comme le type du genre, a environ 0’n,01 do longueur ; il est d’un n)ir luisant, avec la bouche et les antennes d’un brun rouge, et l’extrémité de l’abdomen jaune roussûtre. Il habite la Colombie.

ZISEL ou ZIZEL s. m. (zi-zèl). Mamm. Espèce de mammifère rongeur, du groupe des rats, qui habite l’Autriche, la Hongrie et la Pologne : Le zisbl dijrère assez du hamster pour qu’on doive le caisidérer comme étant a’une espèce différente. (V. de Bumare.)

— Encycl. Le zisel, on fond a par plusieurs auteurs avec le hamster, lui ressemble en effet par son système dentaire, ses jambes basses, sa queue cou -te, et aussi par ses mœurs. Mais il en dif ère par son corps allongé et menu comme celui de la belette ; par ses oreilles non appartîntes à l’extérieur et réduites à des trous auditifs cachés sous le poil, et par sa couleur jjris cendré uniforme. Le hamster, au contraire, a le corps assez gros et ramassé, les Dieilles courtes, mais larges et très-apparentes, et trois grandes taches blanches sur cl aque côté du corps. Lu zisel paraît dune otirir des caractères suffisants pour former une espèce distincte. Il habite l’Autriche, la Pologne et la Hongrie ; il se creuse des retraites, où il établit ses magasins, aux dépms des umas de blé, qu’il dévaste.

ZISKA ou Z1ZKA (Jean), le héros national do la Bohème, chef militaire des hussites, né à Troczona, district de Kœnigsgratz, en 1380, mort en 1424. Il y a tant d’obscurité sur les commencements de ce personnage qu’on ignore son nom de l’ami, le. Son prénom, Jean, est Seul certain ; le suriom de Ziska signifie borgne, et il parait qui le célèbre capitaine était borgne dès son ei fance. Il devait être noble, car il fut pagi de Charles IV. Il servit avec éclac en Pologne dans la guerre contre les chevaliers u utoniques, en 1410. Il était au service de Wenceslas à l’époque du supplice de Jean Hus, et on assure qu’il obtint de sou maître la permission de jurer haine et vengeance c >ntie les. meurtriers. D’après une tradition du pays, un prêtre avait débauché ou violé sa toe îr, qui était religieuse, et Ziska aurait fait aussi le serment da venger ce crime sur tous les ecclésiastiques qui lui tomberaient sous la main. Il tint parole. Complètement désinté/essé d’ailleurs dans le pillage des couvents et refusant sa part du butin avec.une rigiditi lacédémonienne, dépourvu de vanité ou d’ambition, nullement enthousiaste à la façc n des fanatiques dont il était le chef, il senib e qu’un motif personnel de vengeance ait pu seul l’entraîner à des fureurs si soutenues, si implacables et si froides. On est frappe oîpeiidutit de l’habileté politique qui présida a ; ous ses actes et de la volojité clairvoyante et opiniâtre qu’il apporta au service de sa (ause : l’indépendance nationale de la Bohêmt.

En 1418, au milieu dej troubles suscités par le retour du cardinal inquisiteur Jean-Dominique, Jean Ziska, mur i d’une patente que, dans ses jours d’abandon, son maître Wenceslas lui avait remis ;, scellée de su main, pour l’autoriser à venger la mort de Jean llus, rassembla une grande troupe et parcourut le district de ïilsen, où il mit tout à feu et à sang, s’empara de la capitale, se rendit maure de la province et en chassa tous les prêtres et tous les moines. Il y établit la communion sous les deux espèces et institua piKtte lardent et ingénieux Coranda. Toutelois, craignant de tomber dans quelque embuncade, il songea à se camper dans une position forte avec son armée ; il choisit pour cela le site inexpugnable de Hradistie, dans la province de Béchin, (t, en attendant qu’il

ZISK

pût y bâtir une ville, il ordonna à. ses gens de dresser leurs tentes dans les endroits où ils voulaient avoir leurs maisons. Nicolas de Hussinetz, celui a qui Wenceslas avait promis une corde pour le pendre, vint l’y joindre avec sa bande. Au bout de peu de jours, il se rassembla en ce lieu 40,000 personnes de tout sexe et de tout âge, qui venaient de tous les pays environnants et surtout de Prague, et pour lesquelles 300 tables furent dressées afin de fraterniser dans la nouvelle communion (jour de la Saint-Michel 1419). C’est alors que la montagne du campement fut inaugurée sous le nom mystique de Tabor

?u’elle a toujours porté depuis, ainsi que la

orteresse de Ziska et celle qu’on y voit encore aujourd’hui. À partir de ce moment, les hussites de Jean Ziska portèrent le nom de taborites et peu à peu fermèrent une secte de plus en plus tranchée et une armée de plus en plus intrépide et redoutable.

Jusque-là le terrible chef militaire des hussites ne commandait que de pauvres gens du peuple. Il les exerça au métier des armes et en fit d’excellents soldats. Sa forteresse de Tabor se construisait rapidement. Protégée par des rochers escarpés et par deux torrents qui en faisaient une péninsule, elle fut défendue, en outre, par des fossés profonds et des murailles si épaisses, qu’elles pouvaient braver toutes les machines de guerre, des tours et des remparts savamment disposés. Jean Ziska se procura bientôt de la cavalerie, en enlevant par su.prise un poste où l’empereur Sigismond avait envoyé 1,000 chevaux. Il apprit à ses gens à les monter et leur fit faire l’exercice du manège. Puis il se rendit à Prague avec 4,000 hommes qui suffirent pour y porter l’épouvante chez les uns et pour enflammer l’ardeur des autres. Les hussites de Prague leur proposèrent de détruire les forteresses et. de faire serment de ne jamais recevoir Sigismond. Ziska pensa que le moment n’était pas venu et qu’avant tout il fallait se débarrasser du clergé. L’impatience des taboristes était extrême. Ils parlaient de déposer Wenceslas et d’élire un roi bourgeois nommé Nicolas Gansz. Pour les occuper, Ziska, qui ne voulait peut-être pas abandonner le maître qu’il avait servi et qui s’était montré pour lui si débonnaire, leur livra le pillage des couvents, tandis que Wenceslas se retirait dans une forteresse à 1 lieue de Prague. Le monastère de Saint-Ambroise et le couvent des Carmes furent dévastés et les moines chassés. Le gage de chaque victoire était l’inauguration de la communion nouvelle dans les églises. On y portait la monstraiice, c’est-à-dire l’eucharistie, dans un calice de bois, afin de contraster avec les vases d’or et les ostensoirs chargés de pierreries dont se servaient les catholiques. Ziska, à leur tête, entra dans la maison du prêtre qui avait abusé de sa sœur, le tua, le dépouilla de ses habits sacerdotaux et le pendit aux fenêtres. Le là ils allèrent à la maison de ville, où le sénat venait de s’assembler pour prendre des mesures contre eux. Un moine prémontré, nommé Jean, rallié aux hussites, et l’un des hommes les plus terribles de cette révolution, animait la fureur popufaire en promenant un tableau où était peint le calice hussitique. Le sénat répondait avec fermeté au peuple qui réclamait la mise en liberté de quelques prisonniers. En ce moment, quelqu’un lança une pierre sur Jean le prémontré et sur sa monstrance. À cet outrage, la fureur du peuple se réveilla ; il lit irruption dans le palais ; Ce que voyant, onze sénateurs prirent la fuite ; tous les autres, avec le juge et des citoyens de leur parti, furent jetés par les fenêtres et reçus en bas sur des fourches.

On s’était promis seulement d’abord de marcher sur toutes les églises et tou3 les couvents, pour y renverser les autels catholiques et y instituer le nouveau culte ; mais ce premier sang versé avait exalté le fanatisme des taborites. Ziska s’était trorrfpé en espérant satisfaire aux exigences des siens par le pillage des églises et des monastères ; d’ailleurs, en assouvissant sa vengeance personnelle, il avait donné un fatal exemple. Tout fut bientôt à feu et à sang dans Prague, et Ziska, qui était cependant un guerrier patriote et un vrai capitaine, se vit entraîné du premier coup dans les horreurs de la guerre civile. La nuit seule mit fin au combat. Le lendemain, la sédition n’eut plus de bornes. •En apprenant ces désastres, Wenceslas mourut d’apoplexie. Sa mort fut suivie d’un long interrègne, durant lequel le terrible et vaillant borgne de Tabor fut de fait l’unique souverain de la Bohême. À peu de temps de là, toutefois, la veuve de Wenceslas, Sophie de Bavière, après s’être vainement adressée à Sigismond, effrayée de son abandon et de l’agitation croissante des esprits, résolut de tenter un coup hardi : elle rassembla quelques troupes, sortit secrètement de la ville avec un seigneurdeSchwamljerget attaquai* J’improviste le redoutable Ziska, dans le district de Pilsen, où il avait sou quartier général. Ziska n’avait avec lui, en cet instant, qu’une petite troupe de taborites, avec leurs femmes et leurs enfants, qui les suivaient partout. Réfugié sur une colline où il n’y avait > que pierres et broussailles > et que la cavalerie ue la reine ne pouvait gravir sans mettre pied à terre, il n’attendait pas sans inquiétude l’issue d’un combat où il se voyait entouré de tous côtés. Les femmes des taborites le sau ZISK

vèrent par un stratagème singulier : aux approches de la nuit, elles étendirent leurs robes et leurs voiles dans les broussailles où les impériaux devaient s’engager tout bottés et tout éperomiés. En effet, dès qu’ils eurent laissé leurs chevaux au bas de la colline et qu’ils eurent fait quelques pas dans ces filets, ils s’y embarrassèrent si bien les pieds, qu’ils ne purent avancer ni reculer ; et, tandis qu’ils essayaient de se dépêtrer, Ziska fondit sur eux et les tailla en pièces. La reine et son général prirent la fuite.

Ziska, poursuivant son œuvre, détruisit ou fit détruire par les nombreuses bandes des siens presque toutes les églises conventuelles et les monastères de la Bohême. On compte 550 de ces édifices dont il ne laissa pas pierre sur pierre. Les historiens catholiques ne tarissent pas en gémissements sur les-funestes résultats de cette dévastation. Les pompeuses descriptions qu’ils nous ont laissées de ces sanctuaires du luxe et de la paresse expliquent assez la rage d’un peuple laborieux et pauvre qui avait vu prélever sur son travail et sur ses besoins l’impôt exorbitant du clergé. Dans les premiers jours de l’année 1420, Ziska tomba du haut de son Tabor sur la ville d’Aust, située presque sous ses pieds. « On était au carnaval, dit un chroniqueur, et, après ces soirées de débauches, les habitants dormaient si profondément, qu’ils furent pris et massacrés en sursaut. Tous furent passés au fil de l’épée. Leurs maisons rasées disparurent du sol. Ce nid de papistes offusquait la vue de Ziska. Il en fit un champ de blé. • Ziska détruisit et massacra, au commencement de cette même année 1420, une douzaine de communautés religieuses. Coranda l’accompagnait dans ces

expéditions. Hyneck Krussina, « homme de tête et de main, » imitant le zèle de Ziska, réunit, sur une montagne qu’il baptisa Oreb, des troupes de paysans qui prirent le nom d’orébites. Les taborites et les orébites fraternisèrent dans les combats et communièrent ensemble sur les champs de bataille. En cas de danger, ils convinrent de se donner toujours avis et de se secourir mutuellement. En attendant la guerre du dehors, ils se tinrent en haleine en détruisant ces moines que Ziska appelait les ennemis domestiques. Cette guerre aux moines n’était pas, au reste, sans fatigues et sans dangers. Presque tous les monastères étaient fortifiés, et les abbés, quand ils ne pouvaient pas compter sur leurs vassaux, appelaient des corps d’impériaux pour les défendre. Quelquefois même on voyait des paysans ou des ouvriers prendre parti contre les taborites, à cause de quelque privilège agricole ou industriel qu’ils voulaient conserver. Les mineurs de Cuttemberg, qui étaient Allemands pour la plupart, haïssaient tellement les orébites, qu’ils les guettaient au passage dans les passes étroites de leurs montagnes, les chassaient comme des bêtes fauves avec des chiens dressés à cet usage et les précipitaient dans les mines après les avoir forcés ù la course. On dit que 6,000 hussites furent entassés dans une de ces cavernes.

Au milieu de ces événements, Jean Ziska devint aveugle. Comme il assiégeait la forteresse de Raby, il monta sur un arbre afin de voir et d’encourager «ses anges exterminateurs, » comme il appelait ses gens. Une bombarde, en passant çrès de lui et en fracassant les branches, lui fit sauter un petit éclat de bois dans l’œil. La forteresse n’en fut pas inoins emportée d’assaut ; puis Jean Ziska alla se faire panser à Prague, et peu de temps après il rentra en campagne, privé entièrement de la vue. Revenu à Prague à la tête de son armée, il essaya de s’emparer de haute lutte du fort Saint- Wenceslas ; mais les grands du royaume étant intervenus usèrent de leur influence auprès des Praguois et les firent consentir à une trêve de quatre mois, que Ziska ne voulut point accepter ; car, aux termes de ce traité d’armistice, il devait restituer Pilsen et ses autres conquêtes. Cependant les hussites de Prague avaient assiégé de nouveau, en son absence, la forteresse de Saint-Wenceslas ; ce qu’apprenant il quitta son Tabor pour venir à leur secours. Il n’avait avec lui que 30 chevaux ; il entre, et à peine a-t-on aperçu sa grosse tête rasée, sa longue moustache polonaise et ses yeux à jamais éteints, qui, uit-on, le rendaient plus terrible, que les Praguois se raniment et se sentent exaltés dune rage et d’une force nouvelles. Saint-Wenceslas est enfin emporté et Ziska retourne à Tabor, en leur recommandant de l’appeler toujours dans le danger. Au mois de juin de cette même année (1420), Sigismond entra en Bohème, à la tête de 140,000 hommes, commandés par l’électeur de Brandebourg, les deux marquis de Misnie, l’archiduc d’Autriche et les princes de Bavière. Ulric de Rosemberg, qui jusqu’alors avait été uni à Ziska, après avoir abjuré le hussitisme devant le légat du pape, alla rejoindre l’empereur avec 500 cavaliers. Son premier exploit fut d’enlever une ville huasite et d’en raser les murailles ; mais, ayant été défier Ziska au pied du mont Thabor, il y fut reçu et taillé en pièces par Nicolas de Hus- ’ sinetz. Cependant l’armée impériale arriva sans encombre sous les murs de Prague, et le U juillet Sigismond se décida à livrer un assaut général. Les taborites se battirent en désespérés, et l’empereur leva le siège au bout d’un mois, ■ durant lequel ceux de Prague,

ZÏSK

pour montrer qu’ils n’avaient pas peur, do fermaient les portes ni jour ni nuit. » Ziska quitta la capitale peu de temps nprès Sigismond et alla de nouveau travailler à affamer l’armée impériale lorsqu’il lui plairait de revenir ; c’est-à-dire qu’il reprit son système da ravage et d’extermination, ne perdant pas un seul jour pour cette œuvre de patriotisme infernal, ne laissant pas refroidir un instant la sanglante ferveur de ses taborites. Il passait sans interruption et sans repos d’une conquête à l’autre. La ville royale de Miss ou Meiss se rendit à lui volontairement ; la forteresse de Schwamburg capitula après six jours de siège ; Rockisane, patrie de ce fameux Jean Rockisane qui devait bientôt jouer un grand rôle dans cette révolution, fut conquise ; Chotieboiz et Przelaucz eurent le même sort. Cottiburg se défendit ; plus de 1,000 taborites y périrent. Commotau fut livré par une sentinelle allemande, qui tendit son chapeau par un trou de la muraille, pour qu’on le lui remplît d’argent. Les taborites châtièrent sa lâcheté après en avoir profité et l’immolèrent le premier. Ziska avait été aigri durant le siège de cette ville par les bravades des femmes qui s’étaient mon • trées nues sur les murailles pour l’insulter. Précédemment, plusieurs des siens et deux de leurs prêtres y avaient été brûlés. U fit passer 2,000 ou 3,000 citoyens au fil de l’épée et cette fois n’épargna ni femmes ni enfants. Les femmes taborites se chargèrent de l’exécution des femmes catholiques, « sans même épargner les femmes grosses. » Après Commotau, les taborites prirent Beraun et s’y conduisirent avec plus de douceur ; Ziska commanda d’épargner le sang. Les prêtres ne furent brûlés qu’après avoir refusé pendant tout un jour d’embrasser le hussitisme. Melnik, ■Kaurschiin, Kolin, Chrudim et Ruudnitz se rendirent et firent profession de foi taborite. De là, le redoutable aveugle marcha vers la montagne de Cuttemberg, dans le bœhiner-Wald, où les ouvriers des mines, qui étaient presque tous Allemands et du parti de l’empereur, avaient fait périr 1,700 taborites dans la première mine, 1,300 dans la secundo et autant dans la troisième. «C’est pourquoi, oit un historien, on à toujours célébré l’office des martyrs en ce lieu Je S avril, sans que personne ait pu l’empêcher, jusqu’en 1621. » Vers cette époque (1421), Zislsa, sentant qu’un ferment de discorde s’était introduit parmi les siens, résolut de le combattre énergiquemeut. La capitulation de Cuttemberg

n’avait pas été observée très-fidèlement par les taborites de Prague ; "on avait maltraité plusieurs catholiques, en dépit de la loijurée. À Sedlitz, dans le district de Czaslau, Ziska voulut épargner les bâtiments d’un superbe monastère et défendit à ses gens de l’endommager en aucune façon. Cependant un d’entre eux y mit le feu durant la nuit. Jean Ziska, pour châtier cette désobéissance, usa de sa ruse et de sa cruauté accoutumées ; il feignit d’approuver l’incendie et de vouloir récompenser par le don d’une somme d’argent Celui qui en était l’auteur. Le coupable so nomma. Ziska lui compta l’argent promis et le lui fit avaler fondu ; ensuite il décréta de fortes peines contre ceux qui mettraient désormais le feu sans son ordre. On peut croire, d’après cette mesure, qu’en plus d’une occasion ses desseins de vengeance à l’égard des vaincus avaient été outre-passés et qu’il n’avait pas toujours été aussi obéi qu’il avait voulu le paraître. Cependant U se borna, pour cette fois, à faire périr à Tabor quelques-uns de ces picards qui murmuraient contre lui. Les historiens ont presque tous donné indifféremment le nom de picards à la secte qui s’était introduite au sein du taborisme, vers l’armé 1417, du nom d’un prêtre nommé Picard, venu de France ou de la Belgique. Le moine prémontré Jean en était un des plus ardents apôtres, et il essaya bientôt d’ébranler le pouvoir illimité de J. Ziska. Quant aux calixlins do Prague, on les appelait par dérision hussites clochants, parce qu’ils avaient abandonné Jean Hus en plusieurs circonstances ; à Tabor, on les appelait faux hussites, parce qu’ils se tenaient à la lettre de Jean Hus et de Wicleff plus qu’à l’esprit de leur prédication.

Le capitaine, entraînant ses soldats à de nouvelles expéditions, leur laissa détruire encore plus de trente monastères. Enfin, réuni à ceuiv de Prague, il prit Jaromir avec beaucoup de peine et le traita fort durement, parce que ses habitants avaient déclaré vouloir se rendre aux calixtins de Prague et non à lui. Sur ces entrefaites, une diète s’assembla à Czaslau, où presque toute la noblesse déclara qu’elle se détachait du parti de l’empereur. Ou ne dit pas si Ziska fut présent a cette diète, mais il est certain o, u’il y donna les mains et qu’il ne rejeta pas l’alliance desseigneurs catholiques contre Sigismond. Le gros des taborites se laissait guider par lui ; mais les picards et ceux qui s’intitulaient déjà nouveaux taborites ou taborites réformés l’en blâmèrent ouvertement. Bientôt Ziska dut sévir contre eux avec vigueur ; puis, se rapprochant des calixlins, il semble qu’il ait voulut sauver la Bohême selon un plan conçu avec autant de prudence que de courage. 11 se mit en mesure de sacrifier ceux de ses partisans qui lui semblaient, par leur fougueuse sincérité, devoir compromettre la révolution ; il craignait, en effet, quel» négation du dogme de la présence réelle n’effarouchât