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haut, servent à établir un plan circulaire ou elliptique sur un plan carré ou polygonal quelconque, sont des triangles sphériques, qui paraissent ne porter que sur une pointe. Pour corriger ce mauvais effet et agrandir en même temps le diamètre de la voûte sphérique qu’ils continuent, on a adopté, dans certains cas, une disposition en pan coupé en ligne droite, qui transforme la face des pendentifs en une surface irrégulière, à laquelle on a donné le nom de sphérico-cylindrique, et qui est terminée par trois ares de cercle et une ligne droite, à sa base. Les voûtes en pendentifs s’appareillent par rangs de voussoirs horizontaux, ou par voussoirs disposés en forme de panache ; ce mode d’appareil leur a fait donner le nom de panaches. La surface de ces derniers est supposée formée par des arcs de cercle, qui, au lieu d’être compris dans des plans qui tendent à l’axe du dôme, le sont dans des plans qui se réunissent dans l’intérieur de chaque pilier.

Dans les voûtes composées, formées de la réunion de plusieurs parties de voûtes simples, les rangs des voussoirs sont disposés comme ils le seraient dans les voûtes dont ils proviennent. Ainsi, dans les voûtes d’arête et celle d’arcs de cloître, composées de parties de voûtes cylindriques dont les axes se croisent au centre, les rangs des voussoirs sont parallèles à ces axes. Les voûtes d’arête, telles

Fig. 13.


que celle que représente la figure 13, sont composées de parties triangulaires qui ont des angles pour appui ; de plus, les rangs de voussoirs forment dans ces voûtes des angles saillants, qui sont d’autant plus aigus que le nombre des côtés du polygone sur lequel elles sont projetées est plus grand ; il en résulte que les voûtes d’arête sur un plan polygonal ont d’autant moins de solidité que le nombre des côtés est plus grand.


Les voûtes d’arête établies avec des ogives prennent le nom de voûtes d’arête gothiques ; elles sont à une seule, à double ou à triple arête ; les figures 13, 14 et 15 font voir la forme qu’adopte chacune d’elles. Ces sortes de voûtes ne sont composées que d’une combinaison d’arcs droits ou segments de cercle, qui se réunissent pour former différents compartiments ; l’endroit où tous ces arcs se rencontrent est la clef de la voûte, que l’on taille en pyramide tronquée et renversée. Dans les voûtes à double arête (figure 14), au lieu d’un seul plan coupant les parties de berceau en lunettes, on suppose deux sections au droit de chaque pénétration, formant ensemble un angle plus ou moins ouvert, et l’intervalle qu’elles laissent entre elles est rempli par une troisième partie de berceau qui se raccorde avec les deux autres. Les voûtes gothiques à triple arête (figure 15) ne sont qu’une combinaison d’arcs droits qui se réunissent à une clef centrale ou à plusieurs autres clefs particulières, en raison des compartiments que ces arcs forment entre eux. Ces voûtes sont encore dîtes à nervures, lorsque les arêtes sont appareillées en matériaux de grosse dimension, et que le remplissage est effectué avec des pierres de petit échantillon. Ces nervures, qui font saillie sur l’ensemble de la voûte, ont reçu différents noms, suivant leur place, leur but et les efforts qu’elles supportent ou qu’elles transmettent.

Les voûtes en éventail, dont l’origine peut


être assignée au commencement du xve siècle, furent substituées aux voûtes primitives, pour obvier aux difficultés de construction qui résultaient pour ces dernières de l’em-


ploi immodéré des nervures. Ces voûtes, engendrées par la révolution d’arcs de cercle autour de leur naissance, présentent une facilité d’exécution qu’on ne peut atteindre

Fig. 14. Fig. 15.


avec les précédentes, les nervures étant différentes les unes des autres. Dans beaucoup de ces voûtes, le plan de chaque travée est un carré ; alors chaque partie en éventail occupe en plan un quart de cercle, et l’espace au sommet de la voûte est couvert d’une décoration formée de plusieurs cercles. Dans les grands espaces, la travée carrée augmentant outre mesure l’étendue des parties en éventail, on a adopté le parallélogramme. La construction de ces voûtes est très-variée ; on en trouve des exemples fréquents en Angleterre, où elles ont, pour ainsi dire, pris naissance.

Les voûtes en arc de cloître sont composées de parties triangulaires ; chacune d’elles a pour base le mur auquel elle correspond. On peut observer que chaque partie de voûte en arc de cloître se trouve formée par celles qu’on a retranchées des deux berceaux qui se croisent pour engendrer la voûte d’arête cor-

Fig. 16.


respondante, c’est-à-dire faite sur un plan de même figure et de même grandeur. Ces sortes de voûtes présentent une grande solidité et, en raison de leur forme, ont beaucoup moins de poussée que celles d’arête. Les rangs de vcussoirs qui se recoupent forment des angles rentrants, qui deviennent d’autant plus ouverts que le polygone a plus de côtés ;

Cette condition, inhérente à la construction

Fig. 17.


de ces voûtes, les rend beaucoup plus solides ;

Fig. 18.


d’où il suit qu’à diamètre et à cintre égaux, les voûtes sphériques, que l’on peut consi-


dérer comme des voûtes d’arc de cloître d’une infinité de côtés, sont les plus solides et celles qui poussent le moins. Les voûtes de ce genre établies sur des plans irréguliers ont une forme désagréable et présentent peu de solidité ; c’est pourquoi on les évite autant qu’il est possible. La figure 16 montre la disposition des voussoirs et des lignes de joints pour une voûte en arc de cloître sur un plan carré.

Les voûtes coniques, dont la définition a été donnée plus haut, peuvent être représentées ici par les trompes droites dans l’angle rachetant un angle saillant et dans un angle rentrant. Comme le montre l’appareil des figures 17, 18 et 19, tous les joints de l’arc de

Fig. 19.


face tendent à l’angle qui forme le sommet du cône, et les voussoirs vont en diminuant de largeur jusqu’à la pierre centrale, appelée trompillon.

Construction des voûtes. Les matériaux employés le plus communément pour construire les voûtes en maçonnerie sont : les pierres de taille, les moellons de toute espèce, les briques et le béton. Les formes et les dispositions que l’on donne à ces matériaux sont soumises à des règles générales, que nous allons énumérer rapidement. L’analyse suivante de Monge, des voûtes en pierre de taille, résume ces règles d’une manière à la fois simple et pratique : « Les voûtes en pierre de taille sont composées de pièces distinctes, auxquelles on donne le nom générique de voussoirs. Chaque voussoir a plusieurs faces, qui exigent la plus grande attention dans l’exécution : 1° la face qui doit faire parement, et qui, devant être une partie de la surface visible de la voûte, doit être exécutée avec la plus grande précision ; 2° les faces par lesquelles les voussoirs consécutifs s’appliquent les uns contre les autres, et qu’on nomme généralement joints. Ceux-ci exigent aussi la plus grande exactitude dans leur exécution, car, la pression se transmettant d’un voussoir à l’autre, perpendiculairement à la surface des joints, il est nécessaire que les deux pierres se touchent par le plus grand nombre possible de points, afin que, pour chaque point de contact, la pression soit la moindre, et que, pour tous, elle approche le plus de l’égalité. Il faut donc que dans chaque voussoir les joints approchent le plus de la véritable surface dont ils doivent faire partie, et, pour que cet objet soit plus facile à remplir, il faut que la surface des joints soit de la nature la plus simple et de l’exécution la plus susceptible de précision. C’est pour cela que l’on fait ordinairement les joints plans. Mais les surfaces de toutes les voûtes ne comportent pas cette disposition ; dans quelques-unes, on blesserait trop les convenances si l’on ne taillait pas les joints suivant une surface courbe. On choisit, autant qu’il est possible, pour celle-ci, celles d’entre les surfaces courbes qu’il est le plus facile d’exécuter, soit celles qui sont engendrées par le mouvement d’une ligne droite et qui sont développables .... Une des principales conditions auxquelles la forme des joints des voussoirs doit satisfaire, c’est d’être partout perpendiculaires à la surface de la voûte que ces voussoirs composent ; car si les deux angles qu’un même joint fait avec la surface de la voûte étaient sensiblement inégaux, celui de ces angles qui excéderait l’angle droit serait capable d’une plus grande résistance que l’autre, et, dans l’action que deux voussoirs consécutifs exercent l’un sur l’autre, l’angle plus petit que l’angle droit serait exposé à éclater, ce qui, au moins, déformerait la voûte et pourrait même altérer sa solidité et diminuer la durée de l’édifice.


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