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action d’éclat, on leur en enlève une, de sorte que l’homme le plus honoré est celui qui n’a plus une seule décoration, etc. Pendant que le roi Vlan et Microscope étudient les mœurs du pays, le prince Caprice fait la cour à la belle princesse Fantasia, fille de Cosmos ; mais celle-ci reste insensible. L’amour est inconnu dans la lune, par la raison qu’il n’y a point de pommiers et que, par conséquent, aucune femme n’a pu mordre au fruit défendu. Le prince Caprice, qui a précisément une pomme dans sa poche, la croque pour se consoler ; les pépins tombent à terre, et, comme la lune est d’une fertilité prodigieuse, on voit des pommiers naître, grandir et se charger de fruits. Les femmes en mangent, et aussitôt tout change de face. Fantasia lance de tendres regards au prince Caprice, l’impératrice poursuit de déclarations passionnées Microscope. C’est une véritable révolution qui vient de s’accomplir. Pour les punir, il est décidé qu’on descendra au fond d’un volcan éteint les trois étrangers qui ont causé tous ces désordres ; mais le volcan entre en éruption et rejette les prisonniers. Tout finit par un embrassement général ; Caprice épouse Fantasia, qui consent à l’accompagner sur la terre. Cette pièce a beaucoup réussi. On y trouve de l’esprit, de l’invention et de la gaieté. Aux bonnes grosses malices de la vieille féerie, à ses procédés enfantins, les auteurs ont essayé de substituer les inventions subtiles d’un esprit raffiné et ont voulu faire de la satire de mœurs. M. Offenbach y a joint une musique agréable, mais véritablement exubérante. Quelques décors sont fort beaux, notamment ceux qui représentent le canon de 20 lieues de longueur, les villes fantastiques de la lune, l’éruption volcanique et le lever de la terre. Le ballet de la neige est une vraie trouvaille et du meilleur goût. La pièce a été fort bien jouée par Mlle Bouifar (le prince Caprice), Christian le roi Vlan) et Mlle Marcus (Fantasia).

VOYAGER v. n. ou iutr. (voi-ia-jé ou vo— ia-jé — rad. voyage). Prend un e après le g devant a et o : Je voyageai ; nous voyageons). Faire un voyage ; aller en pays éloigné : Voyager par toute l’Europe. Voyager en Italie, en Grèce, en Asie. Passer sa vie à voyager. Voyager par terre, par mer. Quand on ne veut qu’arriver, on peut courir en chaise de poste ; mais quand on veut voyager, il faut aller à pied. (J.-J. Rouss.) Voyager est un des plus tristes plaisirs de la vie. (Mme de Staël.) L’Anglais voyage pour voir, le Français pour être vu. (Rivarol.) Voyager, ce n’est pas vivre, c’est chercher, c’est étudier, c’est promener son rêve. (Mme E. de Gir.) On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées, (H. Taine.)

Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?
Que ce soit aux rives prochaines.

La Fontaine.

— Par ext. Changer de lieu, se déplacer : Si nous ne pouvons VOYAGER, la terre VOYAGE pour nous. (B. de St-P.) La lune VOYAGE sans cesse autour de la terre. (Libes.) Les saisons qui se renouvellent sont les climats qui VOYAGENT et qui viennent nous trouver. (A. Karr.)

— Fig. Se trouver habituellement, être associé : Le contentement VOYAGE rarement avec la fortune, mais il suit la vertu jusque dans le malheur. (Marie Lesczinska.) || Progresser, se développer : Les idées ne marchent pas comme les divinités d’Homère, qui en trois pas traversent le ciel ; la raison humaine VOYAGE à petites journées. (Volt.)

— Prov. Qui veut voyager ou Qui veut aller loin ménage sa monture, II ne faut point faire d’excès ; il faut user avec ménagement de ses forces, de ses facultés, pour les conserver longtemps :

Je lui dirais parfois : « Monsieur Perrin Dandin,
Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin :
Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure.

Racine.

— Chorégr. Dévier de sa place eu faisant une pirouette : VOYAGER, c’est une manœuvre des plus dangereuses pour le souffleur ; il n’est pas rare de voir le visage de celui-ci endommagé par un petit pied voyageur, et l’on cite des pirouettes qui ont mis en danger le chef d’orchestre lui-même. (***.)

— s. m. Action de voyager : Le VOYAGER me semble un exercice profitable. (Montaigne.) || Vieux mot. || Avec le latin, le roussin et le florin, on peut voyager par tout le monde, On peut aller partout où l’on veut, quand on possède la connaissance du latin, un cheval et de l’argent. || Vieux proverbe.

VOYAGEUR, EUSE s. (voi-ia-jeur ou voia-jeur, eu-ze — rad. voyager). Personne qui est actuellement en voyage ; personne qui a exécuté des voyages ou qui a l’habitude de voyager ; J’attends nos voyageuses. Celle auberye est fort commode pour les voyageurs. Cette voilure peut contenir vingt voyageurs. La rêverie du VOYAGEUR est une. sorte de plénitude de cœur et dévide de tête, qui vous laisse jouir en repos de votre existence. (Chateàub.) Les voyages conservent généralement et fortifient ta santé ; si les voyageurs sont atteints de maladie, c’est presque toujours quand ils sont restés pendant un certain temps dans un même tieu, (Chomel.)

Les voyageurs entre eux font bientôt connaissance. C. d’Hakleville.

VOYA.

.., ,.. à La règle ordinaire

Est qu’un voyageur mente ou du moins exagère.

Jauffket.

— Par ext. Objet qui change de lieu, qui se déplace : Si les fleurs n’ont pas la faculté de se mouvoir, elles peuvent envoyer des voyageurs jusqu’à d’asses grandes distances. (A. Martin.)

— Fig. Personne qui se livre à des actes successifs, qui avance dans la vie : Vous êtes un voyageur qui cherche la patrie. (Lamenn.) Il médite sans effort, il produit sans épuisement, il marche sans fatigue, et c’est te voyageur d’idées le plus rapide que ''e connaisse. (Connen.)

L’homme est un voyai)p, ur qui passe ou qui séjourne. Et revient au néant.

Ou. Marin.

— Argot. Compère qui, mêlé aux spectateurs, aide un escamoteur d ; ms les tours qu’il exécute sur la place publique, il Vol au. voyageur, Genre de vol pratiqué sur des voyageurs par des tilous qui se lient avec eux en se donnant pour voyager aussi.

— Mar. Réflecteur placé sur une bouée, pour guider les navigateurs.

— Adjectiv. Qui voyage habituellement : Des oiseaux voyageurs. L’hirondelle voyageuse. De tous les oiseavx voyageurs, c’est la grue qui entreprend les courses les plus lointaines. (Buff,) La plupart des merles sont éminemment voyageurs. (E. Chapus.)

— ! ■ Qui a rapport aux voyages ; qui se passe en voyages ; qui pousse k voyager : Habitudes voyageuses. Existence voyageuse. Humeur voyageuse.

— Fig. Qui erre, qui s’égare :

Mon rêve voyageur se perd dans le ciel bleu.

H. Cantel.

Commis voyageur, Commis qui voyage pour les affaires d’une maison de commerce.

Voyngettrs ancien » et woderucs (LES), excellent ouvrage d’instruction positive, résumant et coordonnant une foule de relations diverses, par MM. Ed. Charion et G. Doin (1855-1857), livre couronné par l’Académie. Ces relations, classées suivant un ordre chronologique, commencent k une haute antiquité et descendent, de siècle en siècle, jusqu’à notre temps, de manière à dérouler successivement sous les yeux des lecteurs le

tableau des grandes explorations qui ont notablement contribué à la découverte des diverses parties de notre globe.

L’ouvrage se divise en quatre volumes ; le premier comprend les Voyageurs anciens ; Hininon le Carthaginois, Hérodote, Ctésias, Pytliéas le Marseillais, Néarque, amiral d’Alexandre le Grand, Jules César, P^usanias et Fo-hian, moine chinois uni, vers l’an 399 de notre ère, a visité le Thibet, l’Inde et l’île de Ceylan ; le second comprend Ie3 Voyageurs du moyen âge : Cosraas lndicopleustès, les pèlerins à Jérusalem, l’évêque français Arnulphe et saint Guillebaud, le juif Benjamin de Tudèle, Jean du Plan de Carpin, Marco Folo, l’Hérodote du moyen fige ; le troisième et le quatrième volume sont consacrés aux Voyageurs modems ; troisième volume (xv « et xvie siècles) : Jean de béihencourt, Chrisiophe Colomb, Amène Vespuce, Vasco de Gaina, Fernand de Magellan, Feruaud Cortez ; quatrième volume txvie, xvii* et xvuie siècles) : Jacques Cartier, Drake, Bareniz et Heemskerk, Mendniiii, Pyrard de Laval, Buuguinvtlie, Cook, La Pérou » e.

Les Voyageurs anciens et modernes, dit M. Villemaui, forment une collection ingénieuse, distribuée avec art, savaminenléclaircie et partout accompagnée de nouveaux détails. On a, pour ainsi dire, devant soi la découverte graduelle du monde, et à mesure qu’il se dévoile aux yeux de l’homme, on voit en.même temps se dégager et ressortir les principes essentiels de la nature humaine, les principes qui la dirigent, qui la soutiennent et qui la consolent. •

Lesgravuresexplicatives ajoutées au texte peuvent être considérées dans leur ensemble comme un essai à’Iconographie des voyages ; aussi la valeur du texte aide son illustration mériie-t-elle la distinction dont l’a honorée l’Académie.

VOYANT, ANTE adj, (voi-ian ou vo-ian, on-te — rail. voir). Qui voit, qui jouit du sens de la vue : Vieiiturds aveugles et voyants.

— Qui possède la vision des choses surnaturelles : Un prophète Voyant. Il Qui possède le don de clairvoyance : La femme est voyante à certains jours ; elle a l’aile infinie du désir’et du rêve. (Michelet.)

— Qui a un grand éclat, qui attire l’œil : Une couleur voyante. Dans la classe moyenne de la société anglaise, l’homme s’excède de travail pour donner à sa femme des robes trop voyantes et pour mettre dans sa maison les cent mille brimborions du demi-luxe. (H. Taine.)

Frères voyants, Nom qu’on donne, aux Quinze-Vingts, aux hou.mes qui jouissent de la vue et qui sont mariés k des femmes aveugles, il Sœur voyantes, Dans le même établissement, Femmes qui jouissent de la vue et qui sont mariées k des aveugles,

— Art vetér. Se dit d’un cheval affecté de myopie : Les chevaux voyants ont les yeux bombés et sont généralement peureux. (Cardini.)

VOYfî

— Substantiv. Personne qui possède la vision des, choses surnaturelles : Samuel le voyant, Il y avait des voyants en Syrie, en Chaldée. (Volt.) La chasteté a été la vertu ou l’ambition des voyants les plus illustres. (Challemel-Lacour.)

— Par ext. Personne qui jouit d’une grande pénétration ; Il a la vue d’un lynx et la pénétration d’un voyant. (Balz.) On a répété à outrance que M. de Balzac était un observateur, un analyste ; c’était mieux ou pis, c’était un voyant. (Pli. Cbasles.) I ! Personne qui, sous l’influence du somnambulisme, prétend avoir la vision des choses surnaturelles.

— s. m. Mar. Instrument dont on se sert pour mettre en place les tins d’un bâtiment en construction, et pour juger de la courbure des ponts.

— Géod, Plaque de deux couleurs, mobile le long de la tige de la mire employée dans les opérations de nivellement.

— s. f. Hist. relig. Nom donné k des sortes d’illuminées des États-Unis.

— Encycl. Les voyantes des États-Unis d’Amérique sont les prêtresses d’un dogme nouveau. Elles ont pour fondatrice et pour pontife Elisabeth Denton. Les voyantes ont un but et l’avouent, c’est de remplacer la vaine science des anciens temps par une science nouvelle ; elles voient a travers les pierres comme à travers les hommes ; elles sont douées, voila tout ; ce n’est pas leur fauta. Ces illuminées du nouveau monde admettent parmi elles quelques hommes, mais par pure complaisance ; elles leur permettent quelquefois de venir partager leurs richesses et de propager leur Évangile. Elles se réservent le ■ don, lu grâce, l’influence, » c’est-à-dire « l’extase et la clairvoyance, » inaccessibles k leurs frères grossiers et k leurs rudes, maris. La première voyante se nommait Anne Bridge. Son frère, William Denton, géologue, médecin, collectionneur, mari d’Elisabeth Démon, la fondatrice, mérite d’èlie signalé parmi les caractères de l’Amérique moderne. Rabelais ou Molière auraient fait un bon chapitre de l’événement pharmaceutique qui donna l’impulsion au nouveau dogme. Ayant appris d’un de ses amis, médecin, nommé Buchanan, que certaines malades pouvaient être purgées par la seule imagination, c’est-à-dire en plaçant dans la paume de leur main les pilules purgatives, Denton, émerveille de cette délicatesse d’organes, pria sa sœur d’essayer ; elle ne manqua pas de correspondre au vœu fraternel et de prouver l’exquise sensibilité de ses nerfs, non-seulement en se purgeant par la paume de la main, mais en lui annonçant qu’elle lisait à première vue k travers toutes les enveloppes de lettres. Vous placiez sur le front de la voyante une lettre cachetée ; aussitôt dans les plis de son cerveau se dessinait la figure de l’homme qui l’avait écrite ; elle reconnaissait la taille, la physionomie, la couleur des cheveux. Elle livrait à son frère une description détaillée du personnage. Après bien des recherches, le mari de l’illuminée Unit par déclarer que te soleil avait dû photographier, pendant qu’on écrivait la lettre, l’image, invisible à tous les yeux,’de la personne qui tenait la plume. Ni lui, Denton, ni sa femme n’apercevaient cette photographie, mais elle était claire et visible pour des sens plus aiguisés ; la sœur Anne déchiffrait tout. Puis bientôt Elisabeth Denton, la femme du géologue, voulut avoir sa part de ia découverte, et avec un peu d’exercice elle y réussit parfaitement. La secte fut fondée et fit quelques progrès, sans toutefois faire parler d’elle outre mesure et sans expédier eu Europe un échantillon de-ses

voyantes.

VOYE s. f. (voi-ie ou vo-ie). Pèche. Bouée qui sert à retrouver les filets tendus par fond.

VOYEL, ELLE adj. (voi-ièl ou vo-iè-le.—V, VOYELLE). Vocal, qui est fait de vive voix : Que la philosophie condamne hardiment cette lâcheté voYi.lxE, si elle n’est ni cordiale ni stomacale. (Montaigne.) il Vieux mot.

VOYELLE s. f. (voi-iè-le ou vo-iè-lelat. vocalis ; de vox, voix. Ce mot latin est aussi le t) pe de l’adjectif français vocal). Grumm. Simple émission de voix, indépendants de toute articulation, et susceptible d’être modifiée par les diverses articulations appelées consonnes ; lettre qui représente cette émission de voix : La diphlhongue se forme de deux voyelles prononcées ensemble, comme dans ciel, Dieu, oui. (Acad.) Les Anglais ont perverti toutes tes voyelles ; ils les prononcent autrement que toutes les nations. (Volt.) L’a muet est ta seule voyelle douce que possèdent les Français. (Caslii-Blaze.) L’habitude de ne point écrire les voyelles réduit les textes sémitiques’à une sorte de squelette. (Renan.)

Gardes qu’une voyelle, à courir trop hâtée. Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée »

Boileau.

il Voyelle simple, Celle qui a un son simple, ou improprement Celle qui s’écrit avec un seul caractère : A, é, i, o, u, ou, ai sont des voyelles simples. —fl Voyelle double, Celle qui se compose de deux voyelles prononcées eu une seule émission de voix, et qui s’écrit ordinairement au moyen de deux caractères, comme l’a, ui, oi, etc. On dit plus ordi VOYÉ

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nairement diphthongub. il Semi-voyelle. V. ce mot à son rang alphabétique. Il Pointsvoyelles, Points ou petits signes destinés k représenter les voyelles, dans l’écriture hébraïque.

— Encycl. La voyelle, considérée en elle-même, est le cri spontané, l’écho de chaque impression qui frappe nos sens. Ces modula ? tions, qui se combinent et se reflètent sous mille nuances, paraissent échapper, au premier coup d’œil, à toute analyse rigoureusei ; mais un examen plus attenlit démontre facilement le contraire, et, si l’on ne peut pas toujours saisir chaque transition mobile des voyelles, du moins peut-on déterminer la mode même de leur formation et par lk leurs espèces.

Le professeur Czermak, en introduisant une sonde à travers le nez dans la cavité du pharynx, sentit distinctement que la position du voile changeait k chaque voyelle prononcée, que c’était pour a qu’il s’abaissait le plus, et qu’il s’élevait successivement avec e, o, a, i, atteignant avec cette dernière voyelle sa plus grande hauteur. Il prouva de même que la cavité du nez était plus ou moins ouverte suivant que l’on prononçait telle ou telle voyelle. En introduisant de l’eau dans le nez, il reconnut que, taudis qu’il prononçait i, u, o, l’eau restait dans le nez, mais qu elle passaitdans la gorge quand il arrivait k e, et que cet effet se produisait d’une manière encore plus marquée quand il prononçait a. Ces deux voyelles, a el e, étaient les seules voyelles que ne pût réussir k prononcer un jeune homme nomme Leblanc, dont le larvnx était complètement fermé. Si, au lieu d’émettre librement k travers la bouche le son-voyelle, nous laissons s’abaisser le voile du palais et que nous forcions ainsi l’air k vibrer à travers les cavités qui rattachent le nez au pharynx, nous entendons les voyelles nasales nu, on, tn, an, etc., si communes en français. Il n’est pas nécessaire que l’air passe réellement k travers le nez ; au contraire, nous pouvonsfermer le nez, et nous ne ferons ainsi que rendre l’accent nasal encore plus’marqué. La seule condition nécessaire est le déplacement du voile qui, dans les voyelles ordinaires, couvre plus ou moins complètement l’orifice postérieur des fosses nasales. Les d ffereiits degrés de cette fermeture ont étédéterminés par l’expérience qu’à fuite le professeur Czermak, au moyen d’un miroir métallique qu’il appliquait aux narines pendant qu’étaient successivement prononcées les. voyelles pures et les voyelles nasales.

Duges, dans sa Physiologie comparée des hommes et des animaux, considère les voyelles comme des timbres particuliers imprimés k la voix brute par l’élargissement de divers points du porte-voix formé par le gosier et la bouche. Un autre sa-vant médecin dit que ce qui constitue l’essence des vuyelles, ■ c’est d’être des so.is stables, c’est-k-dire susceptibles d’être prolongés indéfiniment.

Le président Debrosses, dans son Traité de la formation mécanique des langues, se contente, pour définir la voyelle, de dire que c’est le sou conduit dans le canal de la parole. Kerapeleu donne un peu plus de précision et d’exactitude k la définition du philologue français, en ajoutant que le canal dans lequel le son devient voyelle est formé par la langue el les lèvres.

La théorie que M. VaTsse a déduite de ses observations sur les sourds-muets mérite d’être citée ici, au moins en partie.

« Ce n’était pas, dit-il, dans la disposition de la partie antérieure de l’organe que pouvait consister la différence absolue qui devait se trouver entre la voyelle et la consonne ; mais ce n’était pas non plus dans la partie la plus reculée ; car, si le jeu du larynx eût été la partie essentielle de la voyelle, les voyelles n’eussent pas existé dans la parole k voix basse, tandis qu’eu parlant aussi bus qu’il était possible on pouvuit toujours faire entendre et distinguer entre eux les sons a, o, i, u, etc.

« La voyelle est un son essentiellement guttural. Elle est k proprement parler le Seul qui soit tel, et c’est k ce point de vue que l’on comprend la justesse de cette expression du poète latin :

Vox faucibus Imsit.

II est bien constant pour nous, d’une part, que c’est le rétrécissement et non, comme l’ont cru Rush et Duges, l’élargissement du tuyau oral qui produit la

voyelle^ et, d’autre part, que Cette uarlie du canal qui est formée par le palais, la langue el les lèvres sert, non pas comme le veut le premier, k constituer le son fuudamental de la voyelle, mais simplement k le modifier et k multiplier ses variétés. >

M. Vaïsse ajoute que l’orifice extérieur du tuyau vocal est susceptible d’une tension plus grande pour les consonnes que pour les voyelles, et que des diverses classes de lettres les voyelles ne sont cehes sur lesquelles on peut faire la plus longue tenue que parce que ce sont celles qui lussent le souffle s’écouler le moins rapidement. Il avance aussi que le secours de voyeltes n’est pas indispensable k la prononciation des consonnes.

« Le fait, dit-il, est tellement vrai qu’en pressant la question on pourrait en faire sortir la conclusion diamétralement opposée et trouver que l’émission d’une voyelle déter-