Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 1, A.djvu/240

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il compte bien devenir un puissant financier. Mais plusieurs obstacles s’opposent à la réalisation de ce plan. D’abord, Paul se montre peu disposé à favoriser les desseins de son père, car il est amoureux de Jeanne, la fille d’un chimiste, excellent homme qui n’a rien du millionnaire. Le banquier se rend chez le savant, qui, dans sa bonhomie, l’enferré sans le vouloir. Voici, en effet, à peu prés le dialogue qui s’établit entre eux : « Mon fils aime votre fille.— Vraiment ? quel bonheur I mais je vous l’accorde 1 quel joli couple cela fera 1 ma Jeanne est un trésor ! — C’est que... je suis riche... — Ah ! tant mieux I reprend le brave chimiste, qui ne voit pas où veut en venir son interlocuteur. J’en suis aise 1 • Et il recommence ses compliments, il appelle toute la maisonnée pour annoncer l’heureuse nouvelle. Le banquier, battu du côté du père, demande à rester seul avec la jeune lîlle, et alors il triomphe aisément grâce a. son adresse machiavélique. Son meilleur argument consiste à féliciter la jeune fille de faire un mariage riche, très riche. Damet il ne faudra pas trop se préoccuper de ce qu’en pensera le monde, ni de Ce qu’il en pensera lui-même : quand on a pris dans ses filets un fils de famille... Jeanne s’indigne et refuse d’épouser Paul ; c’est ce que voulait le banquier. Il rencontre au début moins de difficultés du côté de sa fille Angèle, qui, assez indifférente, se laissera marier, sans l’aimer, au jeune millionnaire imbécile qu’on veut lui donner pour époux. Par malheur, un prétendu oncle de la jeune fille, qui n’est en réalité qu’un cousin éloigné, un marin au cœur fier et aux sentiments généreux, entreprend de dessiller les yeux d’Angèle et de lui démontrer qu’on ne doit point épouser un homme qu’on n’aime pas :

Ah ! quand on veut garder son honneur, son estime, Qu’on a de ce qu’on vaut la conscience intime, Qu’on tient h préserver de tout souffle vénal Sa pudeur, ce parfum suave et virginal, Ce Us qui sur vos fronts vous fait une couronne, On ne vend pas son cœur, malheureuse, on le donne 1

Le marin prononce en faveur de l’amour des plaidoyers si éloquents, que la jeune fille sent pour la première fois battre sou cœur, et c est son cousin qu’elle aiine :

... Je vous aime et j’en fais mon orgueil. Vous m’avez arrachée au plus terrible écueîl. Mon cœur ne battait pas avant de vous connaître : C’est par vous, c’est pour vous, qu’il est fier de re-Ah ! disposez de lui comme de votre bien 1 [naître. — Nous nous cherchions,

répond l’officier de marine,

ton rêve a rencontré le mien.

Comme le cousin est très riche, le père ne fait aucune difficulté de consentir à ce premier mariage, et à la faveur de celui-là il autorise également l’union de Paul et de Jeanne. C’est ainsi que l’amour triomphe de l’argent : « Vous avez fait une bonne action, dit le vieux savant au banquier. — Nonl réplique celui-ci, une meilleure affaire 1 > C’est e mot de la fin. La première représ entation de l’Amour et l’Argent eut lieu en 1877 ; mais la pièce avait déjà été imprimée dans Je Théâtre inédit du XIX» siècle. Elle remporta au troisième Théâtre - Français plus qu’un succès d’estime, car, bien que la donnée manque un peu d’originalité, on en suit les péripéties avec intérêt, parce qu’il s’en dégage un parfum d’honnêteté qui va au cœur. On se sent dans une atmosphère élevée et pure, et d’ailleurs, même au point de vue strictement littéraire et dramatique, le second acte mérite d’être mis hors de pair. « 11 y a là, dit M. Sarcey, des scènes d’intérieur très joliment conduites, où le vers relève par son tour aimable les humbles détails de la vie bourgeoise. >

Amour africain (i/), opéra-comique en deux actes, poème d’Ernest Legouvé, musique de Paladilhe, représenté a 1 Opéra-Comique le 8 mai 1875. Le sujet primitif de l’Amour africain est dû à Prosper Mérimée, et fut publié, avec plusieurs autres pièces assez bizarres réunies en un volume, sous le titre de Théâtre de Clara Gazul. De cette pièce en prose M. Ernest Legouvè a fait un poème, qu’il a encadré entre un prologue et un épilogue de sa composition. Un riche amateur, le comte X..., donne une fête dans son château, près de Nice. Il reçoit la visite de deux frères artistes, prix de Rome, l’un peintre et l’autre musicien. Ce dernier a dans son portefeuille une partition d’opéra qui peut être exécutée par son frère, lui et sa femme. Le comte les retient et organise sur-lechamp une représentation de l’ouvrage au château. Tel est le premier acte. Au second seulement commence le véritable Amour africain, qui semble, à vrai dire, se dérouler dans une ménagerie d’hommes féroces. Les Maures Zeïn et Nouman se disputent l’esclave Moïana. Après Une série de scènes toutes empreintes d’un caractère uniforme de violence, que n’interrompt même pas l’air de l’Arabe et son coursier, chanté par Zeïn, Nouman tue son rival et ensuite Moïana elle-même. M. Legouvé a supprimé le premier meurtre et fait seulement tomber l’esclave sous un coup de poignard destiné à Zeïn. Après ce dénouaient, on rappelle au spectateur qu’il est dans le château du comte par o«i mots qui causent une certaine surprise :

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« Seigneur, le souper est prêt et la pièce est finie 1» Le principal défaut de cette pièce, c’est qu’il y a une différence trop considérable dans le ton et dans la musique entre le premier et le second acte. On a remarqué surtout le quintette final du premier acte, l’introduction du second, l’air de Zeïn, te duo entre Nouman et Moïana, ainsi que certaines parties du trio qui suit, enfin les couplets sur les infortunes des Prix de Rome, dont voici le refrain :

Oyez les tristes contretemps D’un mélancolique jeune homme. D’un jeune homme de soixante ans Que l’on appelle un Prix de Rome.

On peut encore rappeler de jolis effets de piccûlo et de cymbales dans une petite marche mauresque et des phrases expressives dans le trio final sur les mots : Rends-moi mon serment. Distribution : Raymond-Zeïn, Melchissédech ; le comte Mustapha, Ismaël j Paul Nouman, Nicot ; Margarita-Moïana, MHe Dalti ; la comtesse, Mlle Ducasse.

Amour médecin (l’), opéra-comique en trois actes, livret de M. Charles Motiselet, d’après la cpmédie de Molière, musique de M. Ferdinand Poise, représenté k l’Opéra-Comique le 20 décembre 1880. On connaît l’impromptu de Molière : Sganarelle refuse sa tille Lucinde à Clitandre, et les deux amants, grâce à la complicité de la friponne Lisette, jouent le vieillard. Lucinde feint une maladie, et quatre médecins sont vainement consultés ; il s’en présente alors un cinquième, qui n’est autre que Clitandre. « Votre fille, dit-il à Sganarelle, a une envie folle de se marier, et c’est de là que vient son mal. Flattez sa manie et simulez un mariage. Pour vous être agréable, je me prêterai volontiers à la chose. • Sganarelle croit devoir suivre ce Conseil ; mais on lui amène un vrai notaire qui unit les deux jeunes gens par un mariage en bonne et due forme.

Le prologue allégorique de la comédie de Molière a été remplacé par quelques vers que Lisette, au cours d’une introduction discrètement orchestrée, déclame sur des accords soutenus. L’action commence par une scène entre Clitandre, Lucinde et Lisette, scène qui donne lieu à une sérénade et à un trio. La romance que Clitandre chante sous les fenêtres de Lucinde : A la fenêtre demiclose, que nous donnons ci-après, est d’une délicatesse charmante ; le trio qui suit, et dans lequel Clitandre offre timidement d’accompagner Lucinde et sa suivante est léger et gracieux. L’instrumentation des morceaux, et particulièrement les notes du cor accompagnant la voix, sont d’un effet très agréable. Au deuxième acte, le côté comique est fort bien traité, toujours d’après Molière. C’est d’abord la scène dans laquelle Lisette se moque de son maître qui croit n’avoir pas trop de quatre médecins pour guérir sa fille ; puis le quatuor de la consultation, où les médecins parlent de toute autre chose que de la malade jusqu’au moment où, interrogés par Sganarelle, deux d’entre eux s’injurient mutuellement.

Un agréable menuet sert d’introduction au troisième acte. Lisette dit une jolie brunette, et, sur sa demande, Sganarelle chante et danse. Clitandre arrive déguisé en médecin et prononce quelques mots latins ; son entrée donne lieu à un trio bien conduit. Puis, dans un quatuor bien mené, Clitandre joue l’ingénieuse comédie résumée plus haut. L’arrivée du tabellion est saluée par le joli morceau : Bonjour, monsieur le Notaire.

La partition de M. Poise, où les vieilles formules du pastiche viennent se mêler adroitement à la note personnelle de l’auteur, est mélodique et purement écrite ; elle abonde en jolis détails et en ingénieuses combinai-Sons d’accompagnement. Les rôles ont été créés d’une façon excellente par Mlle» Thuillier et Mole, et par MM. Nicot, Fugère, Maris, Baraolt, Grivot, Gourdon, Davoust et Teste.

Andantino non troppo.

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DEUXIÈME COUPLET

C’est le printemps qui va renaître. Ouvrez, sans crainte des hivers, Et paraissez a la fenêtre, Ouvrez, ouvrez les volets verts. Tout parle d’amour, ma charmante ; Tout parle d’amour,

Ma charmante ; Mettez votre mante. Voici le jour.

Amour mouillé (h’ ), opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Jules Prével et Armand Liorat, musique de M. Louis Varney, représenté au théâtre des Nouveautés le 27 janvier 1887. Les jeunes filles de Tarente, qui croient pouvoir mépriser la puissance de 1 Amour, ont brisé sa statue et en ont jeté les débris dans la mer. Quand elles reviennent sur le théâtre de leur sacrilège, elles trouvent, à la place même où s’élevait naguère l’image du petit dieu malin, un beau jeune homme endormi. C’est le prince de Syracuse, que la tempête a jeté sur ces bords avec son fidèle Cascarino. Il est si joli, si joli, que la princesse Lauretta sent aussitôt que son petit cœur est pris ; elle ne veut plus entendre parler d’Ascanio, neveu de Pampinelli, gouverneur de Tarente, qui était sur le point de l’épouser, et elle se retire dans un couvent. À peine est-il besoin de dire que le prince et tous les personnages de la pièce, grâce à des déguisements et à des Stratagèmes ingénieux, réussissent à s’introduire après elle dans ce cloître mal gardé. Un autre couple amoureux, bien intéressant aussi, c’est le fidèle Cascarino et la belle Catarina, pour laquelle il brûlait lorsqu’elle était marchande d’oranges, et qu’il retrouve épouse légitime de Pampinelli, mais toujours animée des meilleures intentions à son égard. Après des accidents variés et amusants, entre autres une promenade que Catarina fait faire à Cascarino caché dans une voiture d’oranges, tout finit bien pour tout le monde, sauf peut-être pour Pampinelli, et le prince de Syracuse épouse la charmante Lauretta,

La partition écrite par M. Varney sur ce canevas léger est considérée comme la meilleure qu’il ait composée, et elle a fait beaucoup pour le succès de la pièce. Il faut citer au premier acte le joli conte de l’Amour mouillé, les charmants couplets de Cascarino : J’ai couru villes et villages, et le final ; au deuxième, une jolie romance : La nuit par l’aurore est chassée, un récit spirituel et original : Je suis femme et je suis sensible, enfin une valsa parlée, P’tit oiseau, p’tit mignon, ravissante. Au troisième acte, le morceau qui a obtenu le plus de succès est la chanson de la marchande d’oranges. Les rôles furent créés par MM. Brasseur père {Pampinelli), Brasseur fils (Cascarino), Mlle Nixo (prince de Syracuse), Desclauzas (Catarina).

Amour au village (l’)(tableau de Bastien-Lepage qui a figuré au Salon de 1883. Le tableau, qui est presque une affirmation de doctrine, a une grande importance dans l’œuvre de l’artiste. Il s’agissait de montrer que, sans s’éloigner de la réalité la plus exacte et la plus minutieuse, la peinture peut traduire et rendre visibles les sentiments les plus intimes du cœur. Voulant montrer deux amoureux, le peintre nous transporte au fond de la campagne, le long d’une haie où sèche du linge. Un jeune garçon cause avec une jeune filie et cherche à lui exprimer la tendresse de ses sentiments ; mais il semble ne pas trouver la phrase, et sa gaucherie rustique est rendue avec une étonnante vérité. La fillette & laquelle il s’adresse est vue de dos et ne présente aucune coquetterie dans l’allure ; elle est d’une extrême jeunesse et sa lourdeur d’apparence est bien en harmonie avec la gaucherie du garçon ; ils se comprendront, on n’en saurait douter. Toute cette peinture est d’une grande vérité d’expression et l’exécution du détail en est poussée aussi loin que possible-, on peut même dire que le paysage est traité d’une façon quelque peu minutieuse, et le feuillage de la haie notamment gagnerait à être moins échantillonné et à se montrer plus discret en présence des deux, personnages qui échangent des sentiments intimes. Cette netteté dans l’exécution, où chaque détail est souligné avec la même intensité, est en quelque aorte le fond de la doctrine de l’artiste, qui croit ainsi rendre la nature avec plus de précision. Mais l’esprit est un peu gêné par cette égalité de facture, et comme c’est surtout les amoureux qu’on désire voir et comprendre, on en veut en quelque sorte & ces accessoires qui se montrent avec tant d’évidence et qui, s’ils étaient plus dissimulés, aideraient davantage à la compréhension du sujet. L’Amour au village est néanmoins une toile bien réussie et elle compte parmi les œuvres capitales de l’artiste.

Antoreai de Catherlae (t, ES), opéra-COmique en un acte, livret de M. Jutes Barbier, d’après la nouvelle de MM. Erckmann-Chatrian, musique de M. Henri Maréchal, représenté au théâtre de l’Opéra-Comique le 8 mai 1876. L’intrigue est des plus simples. Catherine Kœnig, jeune et jolie aubergiste de la Carpe d’or, en Alsace, est un riche parti que se disputent bien des prétendants, parmi lesquels se distingue le maire du village, le quinquagénaire Rebstock. Catherine leur préfère Heinrich Walter, te jeune maître d’école, timide et doux, qui brûle en cachette d’une passion sincère et résignée, dont le cœur de la jeune fille est touché. M. Maréchal a écrit sur ce livret simple et agréable une partition charmante. On remarque un joli duo de femmes, dans lequel se trouve le gracieux andante : Ce que je voudrais, Salomé, c’est un jeune homme au doux visage ; un duo bouffe spirituellement écrit, chanté par Catherine et Rebstock, et interrompu parle b, a, ba des enfants de l’école. Mais le morceau surtout applaudi, c’est la chanson Doux pays natal, d’une couleur charmante, d’un sentiment pénétrant, et dont le refrain, Patrie !, s’éteignant sur la dominante accompagnée par le chœur, évoque chez plus d’un auditeur un sympathique souvenir. Nous la donnons ci-après. En somme, c’est un fort joli opéra-comique, qui a obtenu beaucoup de succès à chacune de ses reprises. Le rôle de Catherine a été un triomphe pour MllB Cha Suy ; les autres rôles ont été créés par Ime Decroix, MM. Nicot et Thierry.

Mouvement de valse.

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