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chirurgien américain, frère du précédent, né dans l’Ktat de Pensylvanie Je 22 février 1808, mort le 6 septembre 1878. Dès l’âge de seize ans, il commença l’étude de la médecine. En 1829, il prit ses grades universitaires à Philadelphie et revint à Lancaster, sa ville natale, où, tout en pratiquant la médecine, il se livra avec ardeur à l’étude delà botanique et de la zoologie. Quelques années plus tard, il alla s’établir à Philadelphie, où il devint professeur de chimie au collège Jefferson, fonction qu’il remplit jusqu’en 1853. À cette époque, il donna sa démission, afin de pouvoir se livrer entièrement à la pratique de la médecine et de la chirurgie. Il passait pour un chirurgien aussi habile que son frère aîné, dont il avait adopté la méthode opérative. Il était un éloquent orateur, et ses conférences attiraient au collège Jefferson et dans les Halles de l’Association médicale américaine, dont il était un des membres Jes plus actifs, un nombreux auditoire. Il a publié environ une centaine d’essais et d’études sur des sujets scientifiques ; il s’attachait surtout à préconiser la méthode chirurgicale de son frère et la sienne. Cinq ans avant sa mort, Washington - Lemuel Atlee résuma ses travaux d’ovariotomie en un volume magistral intitulé : General and differential Diagnosis of ovarian Tumors, with special reference to the Operation of ovariotomy « Diagnostique générale et particulière des tumeurs de l'ovaire par rapport à l’opération de l’ovariotomie » (Philadelphie, 1872).

ATMIOMÈTRE s. m. (at-mi-o-mè-tre - gr. almiaein, exhaler des vapeurs ; metron, mesure). Méd. Appareil destiné à faciliter l’inhalation des vapeurs médicamenteuses pour le traitement des voies respiratoires.

Encycl. L’atmiomètre, présenté par M. Jacobelli à l’Académie de médecine en 1887, est susceptible, d’après le rapport de M. Dujardin - Beaumetz, de hâter la guérison des bronchites et de soulager les phtisiques en diminuant la toux et l’expectoration ; il ne parait pas qu’il ait permis d’atteindre la cause même du mal, le bacille de la tuberculose. Quant à la dénomination de l’appareil, elle est sujette à critique, car l’instrument n’est pas destiné à faire des mesures ; la mesure, le dosage, n’est pas ici le but, mais un moyen, une condition.

ATMOLYSE s. f. (at-mo-li-se — du gr. almos, gaz ; luein, décomposer). Chim. Analyse des gaz.

** ATMOSPHÈRE s. f. — Encycl. Météor. Uatmosphêre terrestre a été étudiée sous bien des rapports, qu’on peut ramener à trois chefs principaux : hauteur, constitution, mouvements. On ne sait rien de nouveau quant a la hauteur de l’atmosphère ; les travaux récents relatifs aux mouvements de l’atmosphère ont surtout pour objet les cyclones et seront étudiés à l’article cyclone. Nous devons toutefois mentionner un ouvrage intitulé Théorie des mouvements de l’atmotphire et de l’Océan (Paris, 1877). L’auteur, M. Ansart Darsy, capitaine de frégate, sans ajouter beaucoup aux traités antérieurs pris ensemble, présente et interprète les faits avec une méthode nouvelle, et rend bien compte de l’ensemble de la circulation atmosphérique.

L’étude de la constitution de l’atmosphère se subdivise ea plusieurs chapitres : la composition gazeuse, les poussières minérales et organiques en suspension, les nébulosités, la température, la pression, l’état électrique. V. air, bactérie, baromètre, brouillard, ÉLECTRICITÉ, MICROBB, NÉBULOSITÉ, POUSSIÈRE, THERMOMÉTRÎK.

Mentionnons toutefois une hypothèse de M. Badoureau sur la constitution des régions élevées, qui ne saurait trouver place qu’ici. Cette hypothèse, ou plutôt cette conjecture, a été suggérée par les lueurs crépusculaires (v. crépuscule) observées en 1 884 et expliquées par M. Cornu par les poussières et la vapeur d’eau projetées dans les hauteurs de l’atmosphère par l’éruption du Krakatoa. Voici comment s exprime Al. Badoureau dans une note adressée à M. Cornu pour le réfuter : » À la partie supérieure de 1 atmosphère, la température s’abaisse jusqu’au zéro absolu (— 273°), et bien que la pression se réduise aussi à zéro, il est probable que l’acide carbonique, l’azote et l’oxygène s’y condensent successivement en nuages analogues a ceux q ni sont formés plus bas par la vapeur d’eau, i La conjecture est séduisante, mais elle appelle des vérifications.

— Méc. Atmosphère CGS. L’atmosphère usitée comme unité des fortes pressions était la pression équilibrée par om,760 de mercure a 0» sous la latitude de 45°, et valait environ 1 kilogr. 33 par centimètre carré. Dans le système CGS(v. unité), on a adopté comme unité de pression, l’atmosphère CGS ainsi définie : Pression qui équivaut à 1 kilogramme par centimètre carré. Elle est équilibrée par une colonne de mercure de 0™,75 environ, à la température de oo. Cette hauteur est variable avec la latitude ; elle est exactement om,75 à la latitude de Vienne en Dauphiné.

  • ATOLL ou ATTOLL 3. m. (du mot maldive

atoll).Qèog. Ile corallienne formant un anneau continu autour d’un lac.


— Encycl. La forme des atolls est éminemment variable, soit qu’ils se présentent en anneau régulièrement arrondi, plus ou moins allongé, triangulaire, soit que par une solution de continuité il n’existe plus que deux des côtés du triangle. Dans ce dernier cas, les profondeurs de l’ouverture sont très variables et parcourues généralement par des courants rapides se dirigeant vers la mer.

Généralement, les atolls se présentent sous l’aspect d’une plate - forme émergée, couverte de végétation et entourée d une plage déclive, inclinée souvent sous un angle de 30» à. 35°, qui s’élève elle-même de 2 ou 3 mètres au-dessus de la plage ou plate-forme littorale située au niveau de la basse mer. Cette plate-forme peut avoir de 3o à 100 mètres de large, et son bord extérieur, incrusté de nullipores, est souvent surélevé ; dans ses anfractuosités vit toute une population d’animaux marins échinodermes, mollusques et crustacés.

Après cette plate-forme littorale, on trouve un bas-fond s’étendant a une distance de 30 à 200 mètres du rivage. À ce bas-fond succède, sans transition, une mer très profonde, tandis que la couche d’eau recouvrant le bas-fond n’était pas supérieure à 15 mètres. La plage est composée de débris de coraux et de coquilles brisées, de cailloux calcaires, dépôts sans cesse augmentés de sable calcaire et de coraux brisés ; et, à son pied, viennent s’entasser des blocs, souvent

Ïdus gros qu’un pavé, jetés là par les fortes araes qui les ont détachés : « De loin, dit Dana, son extrême blancheur et sa régularité lui donnent l’aspect d’un quai ou d’une fortification élevée autour d’un massif de verdure. >

Les parties de la plate-forme émergée, qui sont à peu près au même niveau que la mer, ne sont pas couvertes de végétation, mais présentent, au contraire, l’aspect d’un amas de décombres : «Des blocs de roche corallienne, dont quelques-uns ont de 2 à 3 mètres cubes, gisent entassés les uns sur les autres, complètement noircis par l’exposition à l’air ou par les lichens et rendant un son métallique sous le choc du marteau. Il y a de ces blocs qui ne sont que des fragments de coraux ; d’autres ont la structure conglomérée du récif lui-même, auquel ils ont été arrachés par les vagues de tempête. • (De Lapparent.) A mesure que la plate-forme émerge, les amas de blocs se recouvrent d’un sable corallin coloré sur une épaisseur de om,10 à om,13 par des matières organiques ; en même temps la végétation commence à paraître et devient de plus en plus épaisse à mesure qu’on avance dans 1 intérieur, où elle finit par devenir luxuriante.

Au milieu de chaque atoll existe une lagune dont la profondeur varie avec l’importance de l’îlot ; souvent, lorsque celui-ci est très petit, il arrive que cette lagune est à sec, son fond restant chargé d’incrustations salines. Au contraire, la lagune des grands atolls peut atteindre jusqu à 100 mètres de

Frofomleur. Si les pluies sont abondantes, eau douce finit par prédominer dans les lagunes des petits atolls ; il n’en est pas de même dans les grands. Il est de règle générale que le bord du récjf « qui est tourné vers la lagune est ordinairement en pente douce et prolongé par une plate-forme analogue à celle qui règne à l’extérieur et où naissent parfois des coraux, quoique, le plus souvent, le fond soit uniformément de sable sans coraux vivants ». On remarque que, dans beaucoup de petits atolls, la plage de la lagune se compose d’une vase plastique brune ou blanche produite par la trituration des coraux.

L’Ile d’Anegada, dans les Indes occidentales, renferme, d’après Schomburgh, des dunes formées par le sable corallien hautes de plus de 12 mètres. On en remarque de semblables dans l’Ile d’Oahu qui atteignent du côté du vent 13 et 14 mètres. (Elles sont formées par des couches successives de sable corallien de om. Ol d’épaisseur, dépourvues de débris coquilllers, que le vent s’est montré impuissant à déplacer. »

Les savants qui ont observé les atolls ont tous remarqué qu’à l’extérieur de ces Iles coralliennes la profondeur de la mer va en augmentant avec rapidité ; il en est de même au large des barrières de récifs. Ainsi, «tout près de l’angle de l’île de Metra (Talti), une sonde de 300 mètres ne rencontre pas le fond ; pour l’atteindre à 1,600 mètres au large, il faut descendre jusqu’à 1.100 mètres». Jusqu’à 500 mètres du rivage, la pente est doucement déclive, puis elle devient beaucoup plus accentuée, atteignant une inclinaison de 40° à 500, et l’on a toutes raisons de croire qu’à de grandes, profondeurs les parois deviennent verticales ou même en surplomb. Les atolls ne contiennent que très peu de

terre habitable, — dans les Iles Paumautou 24

et dans l’archipel des Iles Gilbert ; la proportion est encore plus faible dans les Carolines et n’est plus que de 1 pour 100 dans les lies

Marshall et de - pour 100 dans les lies des

3 Pêcheurs, « encore cette superficie de terre habitable est-elle placée dans des conditions très précaires ». Les pluies si fréquentas eo-is

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l’équateur et la nature du sol, formé de sable corallien blanc réfléchissant la chaleur sans l’absorber, font que l’eau douce ne manque jamais, et il est facile de se la procurer en forant des puits d’une profondeur de 2 à 3 mètres ; l’évaporation est en effet très faible. • Mais cette ressource n’en demeure pas moins précaire et ne peut suffire qu’aux seuls usages domestiques. •

La végétation des atolls est peu variée ; les arbres et les plantes qu’on y rencontre tirent leur origine de graines déposées là par les oiseaux, charriées pnr la mer ou apportées par les vents. Aussi n’en compte-t-on qu’un petit nombre d’espèces. De Lapparent nous apprend que la flore des Paumautou ne compte qu’une trentaine d’espèces ; « de ce nombre sa trouve le cocotier, si précieux à tint d’égards et susceptible d’être utilisé à la fois pour l’alimentation, le vêtement et le logement des insulaires». Quanta la civilisation, « on se figure aisément ce qu’elle peut être dans un milieu où toute agriculture est impossible et où les seules matières minérales, en dehors du carbonate de chaux, sont des fragments de pierre ponce flottés par l’Océan ou des morceaux de roches dures qui sont venus s’échouer sur la plage avec des souches d’arbres auxquelles ils étaient restés adhérents ».

Ainsi, lorsque Wilkes et son expédition atterrirent à l’Ile Bowditch, avant 1840, grande fut la stupéfaction des indigènes, qui, paralt-il, ne se figuraient pus qu’il pût exister, en dehors d’eux, des créatures humaines dans ce bas monde, et peut-être l’univers se réduisait-il pour eux au groupe d’atolls dont cette lie fait partie.

Il est important de signaler la grande influence que les atolls exercent sur les courants d’air. On peut considérer chacun d’entre eux comme un foyer de chaleur due à leur température élevée et constante ; chacun de ces foyers représente une colonne d’air chaud dont la base est égale à l’atoll lui-même et la hauteur toujours considérable, et cette colonne suffit, si petit que soit l’Ilot, pour résister au passage des vents. ■ Ainsi, d’après Dana, Hague a souvent observé, sur l’île Jerwis et deux Ilots voisins, le remarquable phénomène d’une rafale de pluie coupée en deux, dès la rencontre de l’Ile, par le courant vertical d’air chaud établi au-dessus : du sable corallien, •

Il est utile de signaler certain groupe d’atolls des Maldives, celui de Malhos Mahdoo, « dont l’ensemble dessine un grand relief annulaire discontinu, et qui, par sa forme, mérite proprement le nom d’atoll ; or, non seulement les Ilots boisés qui en constituent le bord extérieur, mais encore les Ilots qui surgissent dans la lagune, sont tous individuellement constitués à l’état d’atolls, c’est-à-dire d’anneaux enfermant chacun un lac intérieur. Plusieurs de ces atolls secondaires ont de 5 à 6 kilom. de diamètre, et les lagunes y sont profondes de 3 à 6 mètres >.

Darwin a observé que les petits atolls extérieurs de ce groupe ont leurs grands axes alignés généralement suivant la courbe moyenne du récif général qui les comprend tous, et a encore remarqué que les atolls secondaires ne se rencontrent qu’au voisinage de canaux largement ouverts, < qui découpent le récif principal et donnent à la mer un libre accès dans 1 intérieur >.

Théorie de la formation des atolls. En 1842, Darwin, et plus tard Dana, le grand

féologue américain, émirent cette idée graniose que • chaque atoll est, en quelque sorte, un monument funéraire qui marque la place d’une lie engloutie et qui atteste, en même temps, les efforts faits par le monde organique pour soustraire à la destruction une partie du domaine terrestre ». Selon ces auteurs, l’émersion de l’atoll et le développement de la végétation à sa surface n’impliquent pas nécessairement l’arrêt du mouvement de descente, mais seulement un ralentissement qui permette aux vagues « d’entasser sur la plateforme corallienne les débris qui s’élèveront au-dessus du niveau de l’Océan «.Dès 1851, Louis Agassiz montrait que cette théorie ne s’appliquait pas aux récifs de la Floride, et, en 1863, Seroper faisait une remarque analogue pour les lies Pelew et la renouvelait en 1869. Presque en même temps (1870), Rein observait que les Bermudes ne présentaient pas de signes d’affaissement et en concluait que ces lies pouvaient tirer leur origine de quelque protubérance sous-marine ayant servi de base à des colonies de polypiers et autres animaux marins sédentaires dont l’accumulation avait fini par élever l’édifice jusqu’à la hauteur de la zone où les coraux sont susceptibles de vivre.

Tel était l’état de la question lorsque, en 1880, J. Murray publia le résultat de ses observations au courant de la campagne scientifique du « Challenger », et l’on doit reconnaître, avec Geickie et de Lapparent, que les travaux de Murray ont enlevé toute base positive à la brillante et ingénieuse conception de Darwin. Du même coup s’écroulaient, d’après de Lapparent, les spéculations du savant anglais sur la grande durée de l’époque actuelle : « car il n’est plus permis de compter à son actif autre chose que le couronnement vraiment corallien des plates-formes. Et, dût-on admettre aue la vitesse d’accroissement des récifs n a pas varié, il y a loin


de ce maximum de 20 brasses aux épaisseurs de 300 mètres et plus qu’admettait Darwin quand il attribuait au corps même de la constitution corallienne le calcaire du talus des blocs éboulés. >

On doit tenir pour acquis que, dans une plate-forme corallienne, c est toujours le bord extérieur qui doit s’augmenter davantage, pat cela même qu’il est plus directement ex Ïiosé à l’action des lames, quel que soit d’aileurs son mode de constitution. Si l’on fait aussi entrer en compte que le développement des polypiers, loin d’être favorisé par les sédiments descendus des plans déclives de l’Ile, est, au contraire, entravé par eux, la forme la plus ordinaire des barrières s’élevant autour des lies émergées doit être la forme annulaire.

On avait été frappé de bonne heure par la forme annulaire de la grande majorité des atolls. Les uns • se contentaient d’admirer les sages lois de la nature », et le « merveilleux instinct des coraux, qui leur faisait choisir la disposition la mieux appropriée pour résister aux attaques de l’Océan » ; les autres crurent pouvoir avancer que cette forme annulaire provenait de celle de la base et que les colonies de coraux s’étaient développées sur les bords du cratère d’un volcan éteint. Il faut reconn»ître, avec de Lapparent, que « la nature volcanique de presque toutes les lies du Pacifique prêtait d’ailleurs à cette hypothèse un certain caractère de vraisemblance ». Mais cette dernière manière de voir fut loin de satisfaire tout le monde, et les plus graves objections ne tardèrent pas à s’élever. Pouvait-on admettre, en effet, que tous les cratères sur lesquels s étaient établis les coraux auteurs de la fondation des atolls se fussent enfoncés dans la mer après la formation de ces Ilots de colonies en pleine prospérité ? Une autre objection venait s’ajouter, et d’une importance non moins grande : fallait-il que le fond de l’Océan < fût tapissé de cratères » ? On compte, en effet, jusqu’à soixante-dix atolls dans un seul archipel ; et comme les coraux cessent de se développer à une profondeur moindre de 40 mètres, ces cratères devaient tous avoir la même hauteur, « fait sans exemple dans les régions volcaniques connues ». Et encore eût - il été de toute nécessité que certains de ces cratères mesurassent 93 kilom. au moins de diamètre, et que leur grande majorité eût mesuré entre 37 et 50 kilom., dimensions que les volcans actuels sont loin de présenter. Enfin, • pour justifier une telle abondance de montagnes cratériformes, aujourd’hui noyées, il faudrait au moins, dans les lies volcaniques du Pacifique, qu’il y eût un nombre considérable de cratères au-dessus du niveau de l’Océan ». La réalité est loin de donner raison à cette supposition, si l’on observe notamment les Marquises, les Gambier nu les lies de la Société, archipels tous trois les plus voisins des Paumautou et exceptionnellement riches en récifs coralliens.

II est bon de ne pas oublier que beaucoup de protubérances d’origine volcanique se sont élevées par des dépôts de débris d’organismes calcaires, et que ces accumulations se sont produites dans les conditions particulièrement avantageuses que présentent les régions tropicales. Si l’on voit ces protubérances s’approchant maintenant assez de la surface pour servir d’assises aux colonies de coraux, on doit considérer qu’elles étaient loin d’atteindre, dés le début, les hauteurs auxquelles les organismes coralligènes peuvent commencer à vivre et à prospérer. Cet exhaussement est causé par l’action des vagues qui brisent les coraux, qu’elles réduisent en sable fin ou en vase. La réunion de ces deux derniers éléments forme une accumulation de calcaire compact, tandis qu’autour de l’atoll l’eau, sans cesse chargée de particules calcaires, affecte une apparence laiteuse pour redevenir claire après les tempêtes. Les particules tenues en suspension se déposent au fond et leur accumulation donne naissance à des calcaires compacts à grains impalpables, dont la formation est favorisée par la température élevée de l’eau de mer chargée, en outre, d’acide carbonique. Cet acide, dit de Lapparent, provient soit de l’atmosphère, soit de la respiration des organismes, soit enfin de la décomposition de tous les restes végétaux ou animaux qui sont épars sur le récif. Le gaz, ainsi mis en liberté précisément à l’endroit où sa présence est nécessaire, se charge du carbonate de chaux abondamment répandu dans les eaux superficielles et l’abandonne ensuite autour des fragments qui l’attirent. Ainsi se constitue un calcaire très compact, plus ou moins coquillier, suivant l’abondance des mollusques, des oursins ou des spongiaires qui vivaient sur le bord du récif ».

D’après Murray, sur les plates-formes immergées, le récif constituera une sorte de cuvette, épousant le contour originel de la plate-forme et dont les bords seuls arrivent en bourrelet jusqu’à sa surface. « Quand le travail des vagues y aura fait naître l’amoncellement de blocs rejetés par la tempête, on aura un atoll complet, sans qu’aucun mouvement du sol ait concouru à sa formation. » II faudrait donc rechercher, dans la forme de la protubérance servant de support, et aussi dans tes conditions plus ou moins avantageuses qu’ont rencontrées les coraux pour se développer et se nourrir, la cause des par-