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BAS1LICUS SINUS, nom ancien d’un petit golfe situé sur la côte occidentale de l’Asie Mineure, et qui séparait la Carie de l’Ionie. Il porte aujourd’hui le nom de baie de Gazicla. BAS1LIDE, chef d’une des écoles philosophieo-religieuses d’Alexandrie, né en Égypte

selon les uns, en Perse ou en Syrie selon d’autres, mort vers 130 de notre ère. Instruit par Ménandre dans la doctrine des gnostiques, il l’enseigna d’abord à Alexandrie ; mais il ne tarda pas à y introduire en plusieurs points des modifications importantes et à se former un système particulier- Trouvant que le christianisme avait subi de profondes altérations, il résolut de le ramener à son véritable sens, et de le compléter au moyen des anciennes doctrines de la Perse et de l’Égypte. La philosophie de Platon était extrêmement en vogue à Alexandrie ; la religion chrétienne y avait été prêchée avec succès, et les sectes séparées du christianisme y avaient pénétré. Les philosophes s’occupaient surtout alors de la question de l’origine du mal ; Basilide en chercha l’explication dans les livres des philosophes, dans les écrits de Simon, dans l’école de Ménandre, chez les chrétiens même. Rien ne le satisfit pleinement ; il se forma donc lui-même un système, composé des principes de Pythagore, de ceux, de Simon, des dogmes chrétiens et de la croyance des Juifs. Suivant Basilide, le monde n’avait point été créé immédiatement par l’Être suprême ; mais par des intelligences émanées de l’Être suprême. C’était aussi l’opinion de Simon, Ménandre et Saturnin, qui trouvaient dans cette doctrine un moyen facile d’expliquer l’origine du monde et celle du mal. Mais il ne suffisait pas alors d’expliquer comment le mal physique s’était introduit dans le monde ; il fallait rendre raison des misères et des désordres des hommes, expliquer l’histoire des malheurs des Juifs, faire comprendre comment l’Être suprême avait envoyé son Fils sur la terre pour sauver les hommes. Voici quels étaient les principes de Basilide sur tous ces points :

Dieu, le Père incréé, a engendré la Raison ; la Raison a engendré le Verbe ; le Verbe a produit la Prudence ; la Prudence a produit la Sagesse et la Puissance ; la Sagesse et la Puissance ont produit les Vertus, les Dominations, les anges.

Les anges sont de différents ordres ; le premier de ces ordres a formé le premier ciel, et ainsi de suite jusqu’à trois cent soixante-cinq. Les anges qui occupent le dernier des cieux ont été préposés à fa formation du monde. Mais ici Basilide nous montre deux principes en présence : le principe du bien et le principe du mal, et même l’action de ce dernier est plus efficace dans la création que celle du bon principe ; l’origine du péché est toute naturelle après cela.

Les anges du dernier ciel se sont partagé l’empire du monde, et le premier d’entre eux a eu les Juifs en partage. Mais comme il voulut soumettre toutes les nations aux Juifs pour dominer le monde entier, les autres anges se sont ligués contre lui, et tous les peuples sont devenus ennemis des Juifs. Comme on le voit, ces idées étaient conformes à la croyance des Hébreux, qui étaient persuadés que chaque nation était protégée par un ange.

Depuis que l’ambition des anges avait armé les nations, les hommes étaient malheureux. L’Être suprême eut pitié de leur sort et résolut d’envoyer son premier fils, l’Intelligence, Jésus, pour délivrer ceux qui croiraient en lui. Selon Basilide, le Sauveur avait fait des miracles ; cependant il ne croyait pas que Jésus-Christ se fût incarné. Pour expliquer l’état d’humiliation et de souffrance auquel le Christ avait été réduit pendant sa vie, il prétendit que Jésus n’avait que l’apparence d’un homme, qu’il avait pris la figure de Siméon le Cyrénéen, et qu’ainsi les Juifs avaient crucifié Siméon à la place du Christ. Basilide croyait encore qu’on ne devait pas souffrir la mort pour Jésus-Christ, parce que, Jésus-Christ n’étant pas mort, mais bien Siméon le Cyrénéen, les martyrs ne mouraient pas pour Jésus-Christ, mais pour ce dernier. Il admettait que l’union de l’âme avec le corps était un état d’expiation, et que l’âme se purifiait de ses fautes en passant successivement de corps en corps jusqu’à ce qu’elle eût satisfait a la justice divine : voilà bien la métempsycose.

Pour se rendre compte des combats de la raison et des passions, Basilide, comme les pythagoriciens, croyait que nous avons deux âmes’ : une âme proprement dite et une animale. Quant à sa morale, elle peut se résumer ainsi : Aimer tout comme Dieu, ne rien haïr ni ne rien désirer ; telle est la règle du sage. Fort attaché aux rêveries de la cabale, Basilide attribuait une grande vertu au mot abraxas, dont les lettres, selon la numération grecque, exprimaient le nombre 365. Pythagore, dont Basilide suivait les principes, reconnaissait l’existence d’un Être suprême qui avait formé le monde. Ce philosophe, voulant connaître le but de Dieu dans la formation du monde, étudia et observa attentivement la nature, pour en découvrir les lois et pour saisir le fil qui lie entre eux les événements. Ses premiers regards se portèrent vers le ciel, où les desseins de l’auteur de la nature semblent se manifester plus clairement. Il y découvrit un ordre admirable et une harmonie constante ; il jugea que cet ordre et cette harmonie étaient

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les rapports qu’on apercevait entre les distances des corps célestes et leurs mouvements réciproques. La distance et les mouvements sont des grandeurs ; ces grandeurs ont des parties, et les plus grandes ne sont que les plus petites multipliées un certain nombre de fois.

Ainsi, les distances et les mouvements des corps célestes s’exprimant par des nombres, et 1 intelligence suprême, avant la production du monde, ne les connaissant que par des nombres purement intelligibles, c’est donc, selon Pythagore, sur le rapport que l’intelligence suprême apercevait entre les nombres intelligibles qu’elle avait formé et exécuté le plan du monde.

Le rapport des nombres entre eux n’est point arbitraire. Le rapport d’égalité entre 2 fois 2 et 4 est un rapport nécessaire, indépendant, immuable. Puisque l’ordre des productions de l’intelligence dépend du rapport qui est entre les nombres, il y a des nombres qui ont un rapport essentiel avec l’ordre et l’harmonie, et l’intelligence suprême suit dans son action les rapports de ces nombres, et ne peut s’en écarter.

La connaissance de ce rapport, ou ce rapport lui-même, est donc la loi qui dirige l’intelligence suprême dans ses productions, et comme ces rapports s’expriment eux-mêmes par des nombres, on suppose dans les nombres une puissance capable de déterminer l’intelligence suprême à produire certains effets plutôt que d’autres.

D’après ces idées, on se demanda quels nombres plaisaient le plus à l’Être suprême. On vit qu’il y avait un soleil, on jugea que l’unité était agréable à la divinité ; on vit sept planètes, on conclut que le nombre 7 était agréable à l’intelligence suprême.

Telle était la philosophie pythagoricienne, répandue dans l’Orient pendant le i" siècle et le siècle du christianisme, et qui dura longtemps après.

Basilide, grand partisan de Pythagore, chercha, comme les autres, les nombres qui plaisaient le plus à l’Être suprême ; il remarqua que l’année renfermait trois cent soixante-cinq jours, et en déduisit que le nombre 365 était le nombre le plus agréable à l’intelligence créatrice.

Pythagore avait enseigné que l’intelligence créatrice du monde résidait dans le soleil ; Basilide conclut que rien n’était plus propre à attirer les influences bienfaisantes de cette intelligence que l’expression du nombre 365, et comme les nombres s’exprimaient par les lettres de l’alphabet, il y choisit les lettres dont la suite pourrait donner 365, et cette suite de lettres forma, comme nous l’avons déjà dit, le mot abraxas. On fit graver ce nom sur des pierres qu’on nomma des-abraxas, et on y joignit, le plus souvent, l’image du soleil, pour expliquer la vertu qu’on attribuait à ce talisman. On cite un abraxas qui représente un homme monté sur un taureau, avec cette inscription : « Remettez la matrice de cette

femme en son lieu, vous qui réglez le cours du soleil. »

Basilide avait composé vingt-quatre livres sur les Évangiles, ainsi qu’un Évangile où il exposait ses doctrines, et qui portait son nom ; enfin, des prophéties qu’il attribuait à un personnage fictif, nommé Barcoph. Il ne reste de ses écrits que quelques fragments des vingt-quatre livres, publiés dans Te Spicilegium de Crabe. Il enseignait sa doctrine par une initiation progressive, et en établissant des classes d’initiés plus nombreuses que celles des autres écoles gnostiques. Le plus remarquable de ses disciples fut son fils Isidore, qui sépara de plus en plus sa doctrine des idées chrétiennes.

BASILIDES, peuplade de la Sarmatie, européenne, formant la principale tribu des laziges et habitant la contrée qui avoisine les cataractes du Borysthëne (Dnieper).

BASILIDIA, nom ancien d’une des îles Vulcaniennes, près de la côte de Sicile ; c’est’ aujourd’hui l’Ile BaSiluzzo.

BASILIDIEN, ENNE adj. (ba-zi-li-di-ain, è-ne — rad. Basilide). Qui appartient à la secte gnostique de Basilide, qui est l’ouvrage de cette secte : Ouvrage basilidien.

— Antiq. Pierres basilidiennes, Pierres sur lesquelles les gnostiques basilidiens gravaient les symboles de leurs doctrines : Les pierres basilidiennes, considérées en elles-mêmes, sont fort imparfaitement connues. (Maury.) On a souvent mal à propos confondu des monuments basilidiens avec des pierres gui appartiennent à d’autres doctrines. (Maury.) il On les appelle aussi ABRAXAS.

— s. m. Gnostique de la secte de Basilide.

BASILIDION s. m. (ba-zi-li-di-on). Pharm. Onguent contre la gale.

BASILIEN, IENNE adj. (ba-zi-li-ain, i-è-ne

— de saint Basile). Hist. ecclés. Relatif à l’ordre de saint Basile .La plupart des religieux grecs

Sont HASILIENS.

— Substantiv. Religieux ou religieuse de ’ l’ordre de Saint-Basile.

BASILIEN, gouverneur romain de la province d’Ugypte, au me siècle. Il se trouvait dans son gouvernement, lorsque l’empereur Caracalla tut tué par Macrin, préfet du prétoire, en 217. Appelé par ce dernier, devenu empereur, à le remplacer dans la charge de

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préfet, à allait partir, quand des messagers apportèrent la nouvelle de la révolution qui venait de porter Héliogabale à l’empire (218). Il les fit mettre à mort, comme porteurs d’une fausse nouvelle ; mais le fait s’étant trouvé vrai, Basilien dut se réfugier en Italie. Trahi par un ami, il fut conduit devant le nouvel empereur, et condamné par ce dernier à la peine capitale (21S).

basilinde s. f, (ba-zi-lain-de). Antiq. gr. Sorte de jeu qui, chez les Grecs, consistait à tirer au sort un roi du festin, et dont notre roi do la fève paraît être un souvenir.

BAS1LINE, deuxième femme de Jules Constance, mère de l’empereur Julien, morte en 331. D’abord convertie au christianisme, elle protégea l’Église d’Éphèse ; mais ayant embrassé l’hérésie d’Anus, elle. persécuta les chrétiens orthodoxes et fit exiler saint Eutrope, évêque d’Andrinople.

BASILINNE s. f. (ba-zi-li-ne — du gr. basilinna, reine). Ornith. Genre d’oiseaux-mouches, appelés aussi émeraudes. Syn. de polyhne.

BÀSIMPPO ou BASILIPPfJM, ville de l’ancienne Espagne, dans la Bétique, près d’IIispalis (actuellement Séville).

BASILIO DA GAMA (José), poëte brésilien, né en 1740, mort vers 1795. Son œuvre la plus remarquable est un poème épique, l’Uruguay, sur les guerres des Portugais contre les indigènes du Paraguay soulevés par les jésuites (175C)..


BASILIQUE s. f. (ba-zi-li-ke — du gr. basilikos, royal). Antiq. gr. Palais du roi.

— Antiq. rom. Edifice où l’on rendait la justice et qui servait aux mêmes usages que les bourses de nos jours : Dans les basiliques des Romains se réunissaient des marchands et des juges ; elles furent converties en églises par les chrétiens. (Vitet.) La forme des basiliques était celle d’un carré oblong, avec un portique à chaque extrémité. (Millin.)

— Aujourd’hui, très-grande église, église principale : Ils allèrent voir les ouvriers occupés à bâtir l’immense basilique consacrée à saint Pierre. (Balz.) Hélène avait fait enfermer le sépulcre de Jésus-Christ dans une basilique circulaire de marbre. (Châteaub.) La basiliques de Saint-Paul existe encore aujourd’hui, telle que la firent construire Constantin et Théodose. (Millin.) D’une basilique bysan* Une descend une procession de prêtres, ayant en tête le pape porté sur sa chaise pontificale. (Th. Gaut.)

Aux vitraux diaprés des sombres basiliques, Les flammes du couchant s’éteignent tour a tour. Th. Gautier.

— Adjectiv. : L’église basilique de NotreDame de l’Assomption de Tolède. (Th. Gaut.)

— Eûcycl. I. — Basiliques grecques et romaines. Le mot basilique est d’origine grecque ; il est dérivé de basileus (pouu’Xstiî), qui veut dire roi, et Vitruve nous apprend qu’on s’en servit pour désigner de grandes salles qui faisaient partie du palais des rois, et où ceux-ci rendaient la justice. L’usage des basiliques fut commun aux Grecs et aux Romains, et le nom donné à ces édifices fut conservé lors même qu’il n’y eut plus de rois qui rendissent la justice. Vitruve n’indique pas les différences de construction qui pouvaient exister entre les basiliques grecques et les basiliques romaines ; quelques auteurs ont cru. pouvoir inférer de son récit qu’il n’y en avait aucune, mais cette hypothèse est fort discutable. Il est certain qu à Athènes, les lieux couverts où siégeaient certains tribunaux n’avaient rien de commun avec les édifices dont parle l’écrivain latin : le tribunal des archontes, par exemple, tenait ses audiences dans un portique qui avait reçu le nom deportique royal (paoïXii-rj <rzoa.). On a découvert à Pœstum les ruines d’un monument dans lequel des archéologues très-compétents, M. Quatremère de Quincy entre autres, ont cru voir un exemple des basiliques grecques. Ce mo- • nument, deux fois plus long que large, comme les grandes basiliques romaines, a neuf colonnes sur chacune de ses faces, et dix-huit dans chaque aile, en y comprenant les colonnes des angles. Tout indique que l’édifice n’avait point d’entrée principale, mais qu’il était ouvert de toutes parts. À la rencontre de la colonne qui occupe le milieu du frontispice, s’aligne une rangée de colonnes qui partage l’enceinte en deux parties égales, et qui soutenait vraisemblablement un toit en terrasse. Le sol est plus élevé autour de cette colonnade centrale, et a dû être pavé avec quelque recherche, comme le prouvent les mosaïques qu’on y a découvertes. Cette espèce d’estrade était probablement réservée aux principaux citoyens, ou peut-être aux magistrats. Rien dans cet édifice n’a révélé l’existence de murs intérieurs ou de cella, ce qui le distingue particulièrement des temples. Ceux qui se refusent à y voir une basilique s’appuient sur ce que sa disposition n’est pas d’accord avec les règles assignées par Vitruve aux constructions de ce genre ; mais ces règles n’avaient rien d’absolu, puisque Vitruve s’en est écarté lui-même dans la basilique qu’il construisit à Fano. Les voici telles qu’il nous les a transmises : « Les basiliques adjacentes au forum doivent être établies dans l’exposition la plus chaude, afin que les négociants qui les fréquentent pendant l’hiver y soient à l’abri des intempéries de la saison. L’édifice ne doit pas

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avoir en largeur moins de la troisième partie de sa longueur, ni plus de la moitié, à moins que le lieu ne permette point d’y observer ces dimensions. Si l’emplacement a plus de longueur, on pratique aux extrémités des chalcidiques(V. ce mot). Les colonnes ont en hauteur la largeur des portiques latéraux (bas côtés), et ceux-ci ont en largeur le tiers de l’espace du milieu (grande nef). Les colonnes du second ordre doivent être plus petites que celles d’en bas, par la raison naturelle qui veut que les objets diminuent de volume en raison de leur élévation. Le second ordre sera posé sur un piédestal continu formant un appui (pluteus) ou balustrade assez élevée pour que les personnes placées dans les galeries supérieures ne soient pas vues par les marchands qui sont en bas. Quant aux architraves, aux frises et aux corniches, elles auront les proportions qu’on leur donne dans les autres édifices. » On va voir, par la description suivante que Vitruve nous a laissée de la basilique de Fano, combien l’ordonnance de cet édifice s’éloignait des règles que nous venons de rapporter : > La voûte du milieu a 40 mètres de long sur ?0 de large. Les portiques latéraux ont 7 mètres de large. Les colonnes avec leurs chapiteaux mesurent 17 mètres de haut sur 2 de diamètre. Elles ont derrière elles des pilastres de 7 mètres de haut, larges de 1 mètre et épais do 0 m. 49, pour soutenir les poutres qui portent les planchers des portiques. Sur ces pilastres il y en a d’autres, hauts de 6 mètres, larges de o m. 66 et épais de o m. 33, destinés à soutenir les poutres qui portent le toit des seconds portiques. Ce toit est un peu plus bas que la grande voûte. Les vides qui restent entre les poutres posées sur les pilastres et celles qui sont sur les colonnes, laissent passer le jour dans les entre-colonnements. Sur chaque côté, dans la largeur de la grande voûte, il y a quatre colonnes, y compris celles des angles. Huit, en comptant aussi les angulaires, occupent la longueur du côté contigu au forum ; mais l’autre côté n’en a que six, les deux du milieu ont été supprimées pour ne point masquer la vue du sanctuaire d’Auguste, dont le pronaos, regarde le centre du forum et le temple de-Jupiter. Dans le sanctuaire d’Auguste se trouve le tribunal disposé en hémicycle ; le demi-cercle toutefois n’est pas complet, n’ayant que 5 mètres de profondeur sur 14 de front. Le tribunal a été placé dans cet endroit, pour que les négociants qui ont affaire dans la basilique n’incommodent point les plaideurs qui sont devant les juges Le toit,

formé d’une charpente qui repose sur les colonnes, a quelque chose d’agréable à cause de sa double disposition, savoir : celle du dehors, qui est en pente, et celle du dedans, qui est en berceau (testudo). On épargne beaucoup de peine et de dépense en suivant cette manière de construire les basiliques. On supprime les ornements qui sont au-dessus des architraves, les appuis ou second ordre de colonnes, et même ce rang de colonnes pour les galeries supérieures. L’unité d’ordre et la grandeur qui résulte de cette ordonnance ne l’ont que donner à l’édifice un plus grand air de majesté et de magnificence. »

Les deux basiliques qui ont été découvertes à Pompéi et à Herculanuin s’écartent, plus encore que celle de Fano, des règles tracées par Vitruve. Comme elles présentent à peu près les mêmes dispositions, nous nous bornerons à décrire celle de Pompéi. Sa surface ne forme pas un rectangle parfait : elle a 66 m. 60 au nord et 07 m. 08 au midi. La largeur est de 27 m. 35. L’édifice était isolé de trois côtés par des rues plus ou moins larges. La façade, tournée à l’orient, se raccordait avec l’alignement du forum, à l’aide d’un vestibule (pronaos) de profondeur inégale à ses deux extrémités, qui ont, l’une 5 m. 15, et l’autre 4 m. 55. On pénétrait dans ce vestibule par cinq portes qui, pour se fermer, plissaient dans des rainures entaillées dans les pilastres de séparation, et qui ressemblaient assez bien aux herses du moyen

âge. Deux piédestaux, adossés aux pilastres du milieu, et les restes d’une statue en bronze doré trouvés dans ce lieu, annoncent que cette entrée était richement décorée. La basilique avait en outre deux petites portes latérales,

Sercées au milieu des grands côtés. Quatre egrés régnent dans toute la largeur du vestibule ; le plus élevé est partagé par quatre colonnes, dont deux sont engagées dans des piliers rectangulaires. Cinq baies, correspondant aux cinq portes de la façade, s’ouvrent entre ces colonnes et donnent accès à l’intérieur de la basilique, qui est divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes. Dans l’état actuel de l’édifice, il est assez difficile de se faire une idée exacte de la hauteur qu’ont eue les murailles. M. Breton (Pompeia et Hercula- « um, p. 117) croit que la nef centrale n’a jamais été couverte et qu’on doit y voir une espèce d’area ou d’impluvium, comme en avaient les atriums romains. Il est à remarquer que le sol de cette nef, autrefois dallé en marbre, est plus bas que celui des nefs adjacentes, et on y a trouvé des fragments de chéneaux et d’antéfixes qui, selon M. Breton, ne peuvent avoir appartenu qu’à l’entablement du portique, du côté de Varea. Les colonnes sont au nombre de vingt-huit, et mesurent tl m. de haut, tandis que li’S portiques latéraux n’ont que 5 m. 85 de large ; ce qui est tout à fait en désaccord avec les prescriptions de Vitruve ; mais il est probable qu’ici, comme dans la basilique de Fano, il n’y avait pas de second ordre. Des colonnes d ordre corinthien, hautes