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qui est datée de 1G57, alors que le maître avait atteint son plus haut degré de perfection. » M. Bùrger, moins indulgent, suppose que le tableau de La Haye a été peint par "Wouwerman dans cette période transitoire, entre sa première et sa seconde manière, où il employait souvent des tons bruns un peu lourds ; le savant critique ajoute : « Sans doute, il y a du mouvement, de la variété, beaucoup d’adresse, mais une incontestable débilité dans le dessin et la charpente de ces hommes et de ces chevaux, d’une proportion inaccoutumée, qui occupent le premier plan ; on retrouve mieux le maître, avec ses fines qualités, dans les groupes du fond. • Un autre connaisseur ; M. Du Camp, tout en déclarant que ce tableau est une des bonnes productions de l’artiste, estime que toutes les expressions sont à peu

Crès semblables, et que tes groupes se distriuent d’une façon trop uniforme.

BATA. Il.LE (Gabriel), compositeur français, qui vivait à Paris au commencement du xvii» siècle. Il composa pour Louis XIII, avec Guedron ; Mauduit et Bochet, plusieurs ballets dansés dans les appartements du Louvre ; publia des Airs mis en tablature de luth (Paris, 1608,1600,1611 et 1613), etfitparaitred’autres compositions dans le recueil intitulé : Airs de cour de différents auteurs (Paris, 1615). Bataille fut nommé luthiste de la chambre de la reine.

BATAILLE (Martial-Eugène), homme politique français, né à la Jamaïque en 18H. Entré a l’École polytechnique en 1834, il ne fut pas classé à sa sortie, et devint bientôt un des membres les plus actifs du parti bonapartiste. Ayant accompagné, en 1840, le prince Louis Napoléon à Boulogne, il fut pris, traduit devant la cour des Pairs et condamné à subir à Doullens, un emprisonnement, qui cessa lors de l’amnistie de 1844.

La révolution de 1848 le trouva s’occupant de machines à vapeur. Après avoir échoué dans plusieurs collèges électoraux, il fut élu en 1851 représentant du peuple, par le département de la Haute-Vienne. Nommé, après le 2 décembre, membre de la commission consultative, et maître des requêtes au conseil d’État en 1852, M. Bataille siège dans ce conseil depuis 1857.

bataillé, ée (ba-ta-Ué, Il mil.), part, pass, du v. Batailler.

BATAILLÉE adj. f. (ba-ta-Ué, Il mil.rad. bâtait). Blas. En parlant d’une cloche, munie d’un batailou battant d’un émail différent : Cloche d’or bataillée d’azur ; la famille Bellegarde porte d’azur, à une cloche d’argent bataillék de sable.

batailler v. n. ou intr. (ba-ta-l !é, Il mil. — rad. bataille). Livrer une bataille, soutenir un combat : Les gens d’armes batailleront et Dieu donnera la victoire, (Jeanno Darc.) On bataillait deux jours pour tuer 20,000 hommes. (Ourliac.)

Vous avez bataillé contre ces mécréants ? V. Iluoo. Nos fils, ne se reposant guère, Batailleront à tout propos. Bkrancer.

J’arrive de la guerre, où j’ai fait des merveilles ; Les Ardennes m’ont vu soutenir tout le feu, Et batailler un jour seul contre un parti bleu.

Reonakd.

il Être en guerre, lutter : La peuple anglais bataille depuis le xvie siècle. (L. Faucher.) Il y a huit siècles pleins que la France bataille avec la Grande-Bretagne. (Toussonol.)

— Par ext. Se battre : C’est une tête brûlée qui ne demande qu’à batailler.

Impatient de ferrailler,

11 cherche avec qui batailler.

DeliH-b. Le vieillard me parait un peu sujet à l’ire ; Pour en vei)ir a bout, il faudra batailler ; Tant mieux, c’est où je brille, et j’aime à ferrailler.

Keonard.

— Fig. Se disputer, se quereller, contester : Je résistais, je bataillais. (Lo Sage.)/e bataille pour faire donner nos terres réservées à votre garde. (Balz.) Il se couvre du bouclier de la chicane, et il bataille sur ce terrain. (Cormen.) // y avait beaucoup à batailler à propos du vieux château Munoth, près de Schaffouse, qui a pour étymologic munitio, disent les antiquaires, à cause d une citadelle 'omaine qui était là. (V. Hugo.) Le maître du cheval en voulait trente écus ; j’k batailllé, et je l’ai eu pour vingt. (E. Sue.)

— Mar. Lutter contre le vent ou le courant.

BATAILLEUR, edses. (ba-ta-llwiv, cu-ze, Il mil. — rad. batailler). Personne qui aime à batailler, dans tous les sens de ce mot : Au xvie siècle, le territoire de Mayence fut ravagé par Jean le batailleur, landgrave de Liesse. (V. Hugo.) Es-tu revenu de ta présomption contre Karl te batailleur. ("") C’est au sténographe que le batailleur de tribune remet toutes les pièces de son armure. (Cormen.) L’ère des conquérants batailleurs, qui se disputaient un coin du globe, est fermée pour ne plus s’ouvrir. (E. de Gir.)

De ces vieux batailleurs l’orgueil est intraitable.

C. DEI.AVIGNE.

N’avez-vous pas de honte ! un clerc, et presque un prêtre. Avec des batailleurs en plein jour se commettre !

Bkizeux.

— Adjectiv. : Caractère batailleur. Si j’avais 4lé d’humeur bataii.xosuse, mes agresseurs au-

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raient eu rarement les rieurs de leur côté. (J.-J. Rousseau.)

BATAILLIÈRE s. f. (ba-ta-llè-re, Il mil.rad. batail), Tuchn. Cordelette avec laquelle on manœuvre le traquet d’un moulin.

BATAILLON s. m. (ba-ta-llon, Il mil.rad. bataille). Art milit. Corps de troupes d’infanterie, formant ordinairement une division du régiment, et subdivisé lui-mê i.c en plusieurs compagnies : Un bataillon de grenadiers, de voltigeurs. Premier, deuxième, troisième bataillon d’un régiment. C’est en vain qu’à travers des bois, avec sa cavalerie toute fraiche, Beck précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés : le prince (Condô) l’a prévenu ; les bataillons enfoncés demandent quartier. (Boss.) Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au. milieu de tout le reste en déroute. (Boss.) Dieu est toujours pour les plus gros bataillons. (Turenne.) Si l’-on combattait de près comme autrefois, une mêlée de neuf heures, de bataillon contre bataillon, d’escadron contre escadron et d’homme contre homme, détruirait des armées entières. (Volt.) Le nombre des compagnies formant un bataillon a varié de une à dix ou douze ; le nombre des bataillons formant un régiment a varié de un à douze ou vingt ; la force des bataillons a varié de cent à mille et à deux mille hommes. (Gén. Bardin.)

En avant ! marchons

Contre leurs canons

À travers le fer, le feu des bataillons.

C. Delavigne.

Bataillon de guerre, Bataillon supplémentaire que l’on ajoute à un régiment, en temps de guerre. Il Bataillon carré, Bataillon formé en carré, avec quatre fronts, pour résister de tous côtés lorsqu’il est enveloppé. Il Chef de bataillon, Officier qui commande un bataillon, et à qui on donne aussi le nom de commandant, II École de bataillon, Théorie dont la connaissance est nécessaire pour la manœuvre d’un bataillon.

— Par ext. Troupe de soldats : Les mains élevées à Dieu enfoncent plus de bataillons que celles qui frappent. (Boss.) Des bataillons protègent en vain les autorités que le respect ne défend plus. (Le P. Félix.) Reprocher les BATAtLLONS aux conquérants ! Ne croyez-vous pas entendre des gens qui reproc/wnt les métaphores aux poètes ? (V. Hugo.)

Un autre bataillon s’est avancé vers nous.

Racine.

Va jusqu’en Orient pousser tas ua(<ti !Ions.

Corneille.

Aux armes, citoyens, formez vos batailltms.

Rouget de L’isle.

Mon pied, frappant au sein de la vieille Italie, En fait jaillir des bataillons.

C. Delaviuhe.

Le trombone, le cor, l’éclatante cymbale, Règlent des bataillons la marche triomphale. Barthélémy et Mékï.

Et César, au milieu d’enseignes déployées, Animant d’un coup d’ceil ses bataillons poudreux, Fait sur deux rangs serrés marcher un camp nomDreux. Leoouvé.

ti Troupe nombreuse d’hommes ou d’animaux : Un chef d’école traîne à sa suite tout un bataillon de disciples et de travailleurs. (Taxile Dclord.)

De pédants mal peignés un bataillon crotté Descendait a pas lents de l’Université.

Reonard.

...Traversant les airs, des bataillons de grues De leur vol, a grands cris, obscurcissent les nues.

DEL1LLE.

Multiplions la grosse, entassons les dossiers, Et mettons en campagne un bataillon d’huissiers. ’ Étienne.

— Hist. Bataillon sacré, dans les armées thébaines, Troupe dont tous les membres, intimement unis, étaient disposés à mourir l’un pour l’autre.

— Par compar. :

Le Ofltaiiîou sacré, seul devant une armée,

S’arrête pour mourir. C. Delavigne.

Il Bataillons de la salade, nom que l’on donnait, sous Louis XIV, à des troupes qui portaient encore le casque appelé salade.

— Epithètes. Armés, gros, carrés, serrés, unis pressés, épais, nombreux, innombrables, profonds, hardis, intrépides, formidables, tiers, héroïques, invincibles, irrésistibles, redoutables, terribles, effroyables, hésitants, affaiblis, éclaircis, décimés, entamés, enfoncés, renversés, rompus, épars, fuyants, dispersés, tremblants, confus, culbutés, ralliés, poudreux, haletants.

— Encycl. Dans l’acception spéciale et moderne du mot bataillon, il faut entendre par là. un certain nombre de compagnies commandées par un officier supérieur, nommé commandant ou chef de bataillon. Plusieurs bataillons réunis sous le commandement d’un colonel, forment un régiment. Dans la cavalerie, le mot bataillon est remplacé par celui d’escadron. Nous ne ferons pas l’histoire de tous les changements qu’a subis l’organisation de nos bataillons d’infanterie ; ils sont trop nombreux, et presque toujours ils n’ont d’autre cause que le caprice des hommes placés successivement à la tête de notre administration militaire. Tantôt on a cru que le nombre des compagnies devait être impair, puis on s’est

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rattaché au nombre pair. Tendant quelque temps, les bataillons n étaient formés que de six compagnies ; certains hommes de guerre pensent qu’il devrait y en avoir dix ; mais, depuis 1815, ce nombre est ordinairement fixé à huit. Avant qu’on eût créé les officiers supérieurs chargés du commandement spécial de chaque bataillon, le premier bataillon avait pour chef le major, le deuxième était commandé par le lieutenant-colonel, le troisième par le premier factionnaire, et le quatrième par le second factionnaire. Cela veut dire sans doute un capitaine factionnaire ; le général Bardin, à qui nous empruntons ces détails, ne s’explique pas.

    1. Bataillon de la Moselle (LE), paroles de

Ch. Gille, musique de Darcier ## Bataillon de la Moselle (LE), paroles de Ch. Gille, musique de Darcier. C’est une œuvre franche du collier, animée d’un souffle vraiment patriotique, une véritable chanson de troupier qu’on aimerait voir remplacer, dans nos régiments, les marches chantées dont la plupart ne sont accessibles qu’à des oreilles • cuirassées. Sur cette œuvre vigoureuse dans laquelle bat l’artère populaire, Darcier a fait passer, avec ses notes enflammées, le grand souffle des clairons de 1792.

A-ver-tis-sant les plus lointains é

P^

chos, Ain-si qu’u-ne immen-se cré ■ cel

^m

— le "Marchant d’aplomb, sous le» glorieux latn ^=Ehzë='jEEà*m3p&

■ beaux De sa ban - niere immor - tel

. le ; Vla-1’batail ■ Ion d’ia Moselle en sa —bots. Via rbataillon d’ia Mosel - le ! Vivacc énergieo.

Via l’batail

« ion d’IaMo- selle en sacon forza.

tyfc

im^ÊÊmms

■ bots- Via l’batail ■ lond’la Mo-sel

le.

Se Couplet. Pour arm’S des fusils d’ia veille encor chauds ;

La d’ssus le gni soleil ruisselle ; Nossabr’.lapreuv’qtie nous n’somm’s pns manchots* N’ tienn’t jamais qu’ par un’ licelle. Vl’a 1’ bataillon, etc.

3= Couplet.

Rois, galonnés vos hussards si farauds

Des talons jusques a l’aisselle ! Ils s’enfuiront dev ; int nos bleus sarraux

Si vieux que la tram’ se décèle. Via 1’ bataillon, etc..

« e Couplet.

lié quoi, conscrit ! tu song’rais aux coteaux

De la province maternelle ; Fixe plutôt tes r’gards sur nos drapeaux,

Notre France où donc est-elle ? Via l’bataillon, etc.

lie Couplet.

Mon général, comm’ ces canons sont beaux !

Que c’te redoute enn’mie est belle ! Vous devriez nous ach’ter 1’ tout en gros,

C’t’affair’-la vous convient-elle ? Via P bataillon d’ la Moselle en sabots,

Via r bataillon d’ia Moselle !


Bataillon de la Moselle (LE), drame militaire en cinq actes et treize tableaux, de MM. Édouard Martin et Albert Monnier, représenté à Paris, sur le théâtre du Cirque, le 28 juin 1860. M. Théophile Gautier appelle le Bataillon de la Moselle une splendide épopée, où les auteurs célèbrent « ce héros obscur, multiple, dévoué, anonyme, tant il a de noms, grande âme unique composée d’une réunion d’âmes, qui verse son sang, souffre la faim, supporte toutes les privations, gagne les batailles sans autre ambition que celle de défendre le sol sacré de la patrie, et, satisfait d’une gloire collective, ne grave qu’un chiffre dans ^histoire et sur- les arcs de triomphe. > Ce héros trop négligé, c’est le régiment. «Les Achilles ne manquent pas d’PIomères, poursuit M. Th. Gautier, quoique les grands poètes soient aussi rares que les grands généraux. Mais qui parle des troupes et des Grecs tombés dans les cent combats livrés sous les murs d’Ilion ? Une personnification brillante résume toute une période sacrifiée. » Les auteurs ont fait du bataillon de la Moselle le protagoniste de leur drame, et c’est là une idée originale, vraie, profondément sympathique. L’intrigue dont semble vivre la pièce n’est que le thyrse autour duquel s’enlacent les branches de laurier et qui les soutient, quoiqu’il ne soit lui-même qu une tige légère. Le mariage d’Armand Maubert et de Mme de Rennevée importe peu ; le vrai dénoûment est l’entrée du bataillon de la Moselle à Montenotte. Le seul langage qui intéresse, c’est le bruit du canon, c’est le grand mot de rêpu ■ 1

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blique, mettant la fièvre au cœur des peuples et la terreur dans l’esprit des rois. Entenclezvous ce long cri, cri de deuil et de déchirement, qui soudain traverse la France ? Noua sommes en 1792 ; Paris s’inquiète, les faubourgs fermentent, l’indignation éclate de toutes parts, on crie à la trahison. Que se passe-t-il donc ? Des messagers tombent au seuil de l’Assemblée législative, hagards, effarés, couverts de sang et do poussière, expirants de fatigue, non pas poiteurs de palmes comme le soldat de Marathon, mais de nouvelles sinistres. Toutes les poitrines sont haletantes, et ces paroles s’en échappent :» L’ennemi a franchi la frontière ! Longxyy a capitulé 1 Verdun, épuisé, va se rendre I » Alors, sur toutes les places et dans toutes les rues retentit cet appel suprême : » La patrie est en danger 1 » Tous les liens qui retiennent les cœurs se dénouent ; on ne songe plus qu’a la mère commune, à la France 1 La France a dit : à A moi, mes enfants 1 » et ses enfants répondent. « La femme envoyait l’époux, dit le critique du Moniteur, la mère envoyait l’enfant ; ils n’avaient pas besoin d’être poussés d’ailleurs. On faisait queue au bureau d’enrôlement, comme aux portes des théâtres. Il semblait que chacun eût regret de n’avoir qu’une vie à donner. Ce fut une effusion sublime, et la sainte mère put voir combien elle était aimée 1 Jeunes et vieux, tous partirent, des conditions les plus diverses, foule mêlée que le bataillon devait bientôt fondrédans son héroïque unité, sans vivres, presque sans munitions, à peine armés, et d un bond les voilà à la frontière où lutte Kellermann. Cependant, c’était chose pénible que de quitter ses foyers ; en allant a. l’ennemi, on laissait derrière soi la famine, l’émeute, les traîtres, les brouillons, les accapareurs, tous les vampires qui s’engraissent des malheurs publics et qui sucent le sang de la patrie. » Le bataillon sacré, dans les fastes duquel rayonnent les noms de Hoche, de Kléber et de tant d’autres, comptait encore parmi ses intrépides soldats le jeune, pur et noble génie qui devait le guider à la victoire, Marceau ! Le bataillon reconnut bien vite, dans l’intelligent soldat républicain, le type le plus parfait du dévouement à la grande et belle cause de la liberté. « Sois à nous, nous sommes à toi, s’écrièrent d’un commun accord tous les volontaires ; ■ dis-nous où il nous faudra mourir, et nous mourrons. » Et, cette union solennelle une fois scellée dans la souffrance commune et dans le sang versé généreusement, voila ce jeune bataillon et ce jeune commandant engagés dans les périlleux défilés de l’Argonne. 11 faut à tout prix enlever un convoi de munitions. Valmy doit être canonné, et c’est bien le moins que les Prussiens fournissent la poudre qui décimera leurs rangs et frayera le chemin de la victoire. On ne peut raconter les marches et les contre-marches, les escarmouches et les surprises, les haltes et les triomphes de la glorieuse phalange. Au milieu de toutes ses fortunes diverses, sachez seulement qu’un de ses plus braves officiers, Armand Maubert, est amoureux ; mais, au fond cet amour ne lui fait pas oublier que la patri est en danger, et il se bat comme un lioR chaque fois que l’occasion se présente. Nos intrépides volontaires, campés sur les bords du Rhin, surveillent les mouvements des Autrichiens, qui peuplent la rive opposée, La campagne, qui a été pénible, n’a rien changé à la tenue quelque peu succincte de nos braves, au contraire, Kéduits à se battre en guenilles, ils n’ont pour recouvrir leurs membres, noirs de poudre, que des habits élimés, veufs do boutons, croisant k peine sur les poitrines nues, des pantalons qui se découpent en dents de scie et s’équilibrent tant bien que mal h grand renfort de ficelles, des chapeaux bosselés, aux formes étranges. Quant aux souliers, il n’en faut pas parler : lo bataillon chausse l’escarpin du père Adam. Ce sont bien la les hommes extraordinaires, éclos au souffle puissant d’une jeune république, dont le poète a pu dire : Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes, Tous à la mort, marchaient du mémo pas.

Un peu plus tard, ils auront des sabots, et n’en seront pas plus fiers pour cela ni moins braves, et l’on s’écriera, en les voyant s’avancer audacieux, et terribles :

Via rbataillon d’ia Moselle en sabots, Via rbataillon d’ia Moselle !

L’usage des tentes est aussi peu répandu cher ces jeunes héros que celui des souliers ; des huttes en terre les remplacent à merveille ; circonstance qui a fait donner au camp le nom caractéristique de « camp des castors. » Les approvisionnements sont entendus de la même façon. Pourquoi obstruerait-on de farine un caisson qu’on peut remplir de poudre ? » 11 faut voir cet admirable tableau, dont les figures rappellent les meilleurs types de Charlet et de Raffet, les deux peintres qui ont le mieux compris le soldat de la République, écrit le critique théâtral du Moniteur, que le côté héroïque de cette grande époque inspire on ne peut mieux. Quelle verve, quelle insouciance de la misère, quel facile dédain de la souffrance, quel noble mépris du corps, quel stoïcisme sans orgueil I Souffrir et se taire, c’est déjà beau, mais souffrir et chante^ c’est sublime 1 D’autant plus que, sur l’autre côté du fleuve, on voit, à l’aide d’un télescope, les cheminées dos cuisines fumer, la flamme des