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vrage intitulé le Crédit populaire (1863), qui a été également couronné par l’Institut en 1864. On a encore de lui une brochure sur l’Appel comme d’abus (1852).

La nouvelle édition du Dictionnaire des contemporains, qui a paru vers la fin de 1865, consacre une quarantaine de lignes à M. Batbie, sans dire un mot de ses travaux en économie. C’est une lacune regrettable pour ceux qui cherchent des renseignements dans l’ouvrage, d’ailleurs si estimable, de M. Vapereau.


BATCHIAN, île de la Malaisie, une des plus grandes du groupe des Moluques. Elle a pour cap. Batchian, ville de 4,000 hab., et résidence d’un sultan, vassal des Hollandais. Le sol de l’île, montagneux et assez fertile, renferme quelques mines d’or, et ses côtes sont assez poissonneuses. Superficie, 975 kil. carrés.

BÂTE s. f. Techn. Grand cercle qui porte le mouvement de la montre, il Rebord de la cuvette d’une montre, d’une cassolette, etc. sur lequel le dessus se ferme à frottement. Il Contour, côtés intérieurs d’une tabatière, n Partie polie d’un corps d’épée, sur laquelle on monte la moulure, il Plaque d’étain employée par les potiers comme pièce de rapport.

BATE (île de), petite île de la mer d’Oman, sur la côte occidentale de l’Indoustan anglais, à l’extrémité N.-O. de la- péninsule de Goudiérate, par 22° 27’ de latitude N., et 6G<> 59’ de longitude E. Bon port, où se fait un assez grand commerce. Bâte est célèbre dan3 la mythologie des Indous, qui s’y rendent en pèlerinage de toutes les parties de l’Inde, ce qui est pour cette île une grande source de richesses.

BATE (George), médecin et historien anglais, né à Maidsmorton en 1608, mort en 1C68. Il fut successivement premier médecin de Charles Ier, de Cromwell et de Charles II. On l’a accusé d’avoir hâté par le poison la mort du Protecteur. On lui doit : Pharmacopée Bateana (1688), ainsi qu’une Apologie de Charles l"r, et une autre pièce sur le même sujet, qui a été traduite en français sous le titre d’Abrégé des mouvements d’Angleterre (Anvers, 1050).

bâté, ÉE (bâ-té) part. pass. du v. Bâter, Muni d’un bât : Un âne bâté. Un mulet bâté.

— Fig. Qui subit un joug moral ■. Ne me dites plus rien, s’écria le Polonais ; je suisnÂTB (marié). (Balz.) Le royaliste ne saurait que faire, où aller, comment se conduire, s’il n’était bâté et bridé. (Lamenn.)

Combien voit-on de gens sottement entâtes. Qui, nés avec le bat, veulent mourir bâtés !

LACIIAMBAUDIE.

— Loc. fam. Ane bâté, Personne excessivement sotte ou ignorante : Diantre soit de i’ÂNK daté I (Mol.) Ceux-ci sent tous ânes bâtés, sous le rapport de la langue, pour me servir d’une de leurs expressions. (P.-L.Cour.)

— Prov. iMne du commun est toujours le plus mal bâté, Il n’est rien de moins soigné que ce qui appartient au public.

BATEAU s. m. (ba-tô — co mot, comme tant d’autres termes de marine, est d’origine germanique ; nous le retrouvons en effet, sous différentes formes, dans l’ancien haut allem. bot et bat ; dans l’allem. boot ; dans l’ang.-sax. bat et bœt ; dans l’angl. boat ; dans le holland. boot ; dans le dan. baad et dans le suéd. baat. La forme islandaise bâtr expliquerait au besoin la présence de l — les liquides l et r sont convertibles — dans le vieux franc. batel, d’où batelier ; mais il est plus simple de regarder batel comme un diminutif du bas lat. batus, d’où les langues néo-latines ont fait batel, espag., et batiello, ital. Le mot anglais signifiant bateau, boat, prononcez bot, a passé directement dans notre langue avec le terme paquebot, bateau servant à transporter les marchandises, les paquets). Navire ou embarcation autre qu’un bâtiment de guerre : Un bateau de plaisance. Un bateau marchand. Un bateau pécheur. Bateaux transatlantiques. Le bateau une fois délié, les vagues le poussèrent, Véloignèrent du bord et l’emportèrent au loin dans la pleine mer. (P.-L. Cour.) Des bateaux chargés de bois descendaient la rivière ; d’autres la remontaient à la voile ou à la traîne. (Chateaub.) Ces bateaux pêcheurs sont munis de deux voiles latines, attachées en sens inverse à deux mâts différents. (V. Hugo.) Toutes les embarcations d’un vaisseau sont communément appelées des bateaux. (A. Jal.)

— Par ext. Charge d’un bateau : Un bateau de bois, de pierres, de charbon.

— Bateau plat, Navire ou embarcation à fond plat : On emploie des bateaux pi-ats au débarquement des troupes, il Bateau testeur, Celui qui, dans le port, est employé à porter du lest aux navires, il Bateau plongeur, ou Bateau sous-marin, Bateau destiné à naviguer soui l’eau, il Bateau dragueur, Celui qui porte une drague pour le curage des ports ou des cours d’eau. Il Bateau maire, Celui qui tient la tête d’un convoi. El Bateau-poste, Bateau de rivière faisant le service des passagers, et à qui sa forme allongée donne une marche d’une rapidité exceptionnelle : Le bateauposte de Paris à Meaux est traîné sur le canal de l’Ourcq avec une vitesse de quatre mètres environ par seconde. (Journ.) || Bateau rabot, Bateau armé d’une machine à l’aide de laquelle on peut nettoyer une passe obstruée.

BAT

Il Bateau-porte, Sorte de bateau que l’on peut couler à volonté, pour servir de porte à une écluse ou à une forme de radoub. Il Bateaubœuf, Bateau pour le cabotage, lourd et solidement construit, n Bateau-pilote, Embarcation qui précède et guide les navires, à l’entrée de certains ports, ou dans certains passages difficiles, il Bateau à vapeur, Navire de guerre ou marchand, ou simple bateau, qui reçoit d’une machine à vapeur l’impulsion qui le fait marcher : Une escadre de bateaux à vapeur. Les bateaux à vapeur ne connaissent plus de vents contraires sur l’océan. (Chateaub.) Le bateau à vapeur destiné à servir en escadre ou sur nos côtes devra toujours avoir une grande vitesse, comme premier moyen de succès. (De Joinville.) Le vaisseau de l’État n’obéit pas au gouvernail comme un simple bateau k vapeur. (Tousscnel.) il Bateau à ponton, Bateau plat, ponté, insubmersible, divisé en cases à l’intérieur, de façon à ne point être coulé, môme par une ouverture qu’on pratiquerait, servant à soutenir les lambourdes dos ponts volants. || Bateau à eau, ou Bateau-citerne, Bateau plat qui sert à transporter l’eau douce, il Bateau à glace, Légère embarcation, destinée à opérer le sauvetage des personnes tombées sous la glace, il Bateau à air, Appareil servant à travailler sous l’eau, à de petites profondeurs. Il Bateau de sauvetage ou de salut, Embarcation spécialement destinée à secourir les naufragés, quand la mer est très-mauvaise. Il Bateau de loch, Triangle de bois attaché à l’extrémité du loch qui sert à mesurer la marche du navire, il Bateau-phare, Grand bateau qui porto une ou plusieurs grosses lanternes à l’extrémité de ses mâts, et que l’on mouille, pour tenir lieu de phare, dans les endroits où l’état de la mer ne permet pas d’élever des constructions : Le tonnage des bateaux-phares, Irès-communs sur tes côtes de la Grande-Bretagne, varie de soixante-dix à trois’ cent cinquante tonneaux, (L. Renard.) « Bateau de fleurs, Espèce de grande ionque, d’une construction particulière, que l’on trouve sur tous les fleuves do la Chine, amarrée aux quais des grandes villes, et où les riches Chinois se rendent pour se livrer a de mystérieuses débauches. Les bateaux de fleurs sont de simples lieux do prostitution. Us ressemblent à des cages flottantes, décorées avec beaucoup de luxe, et dont le toit est chargé de caisses d’arbustes et de fleurs, disposées avec goût. On y trouve réuni tout ce qui peut contribuer aux plaisirs de la clientèle : chant, danse, musique instrumentale, etc. il Batcau-traîneau, Légère embarcation, montée sur un traîneau, à patins et munie d’un mât et de voiles, qui sert à voyager sur la glace dans certains pays : Les bateaux-traîneaux sont surtout usités sur les lacs duCanada et sur les longs canaux de la Hollande, et il suffit d’un peu de vent pour les pousser et leur permettre de porter fort loin des passagers et des marchandises. il Bateauvanne, Appareil qui sert au nettoyage du grand égout collecteur de Paris à Asniôres. Il se compose d’un bateau de forme ordinaire, construit e.vtôle, et d’une vanne mobile ayant le gabarit de la cunetto placé en avant du bateau. Tandis que le bateau marche, poussé par l’eau qui court dans l’égout, la vanne chasse devant elle les sables et les immondices accumulés dans la cunette. il Bateau de selle, Bateau sur lequel sont établis les bancs ou selles des lavandières.

— Fig. Objet réel ou métaphorique auquel on confie quelque chose de précieux : Croyant avoir, par cette manœuvre ; délivré te bateau de ma fortune du péril de s’ensabler, je ne craignis plus rien. (Le Sage.)

Arriver en trois bateaux, Arriver avec un apparat, une solennité extraordinaires :

Votre serviteur Gille,

Cousin et gendre de Bertrand,

Singe du pape en son vivant.

Tout fraîchement, en cette ville, Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler. La Fontaine.

Cette expression proverbiale et- comique, qu’on emploie on parlant d’une personne ou d’une chose dont on veut relever 1 importance affectée, est une allusion à l’usage de faire escorter par des vaisseaux de guerre un vaisseau de transport qui est richement chargé, ou qui a quelque passager illustre à son bord. Elle se trouve dans le chap. xvidu livre Ier de Rabelais, où il est parlé de la jument de Gargantua, amenée de Numidie en trois quarraques et ung brigantin. Le peuple dit aujourd’hui arriver en quatre bateaux, dans uno acception de reproche, en parlant d’une personne qui affiche des prétentions, se donne de grands airs, fait de l’embarras dans une société où elle paraît, n II n’en vient que. deux en trois bateaux, Se dit ironiquement des personnes que l’on vante ou qui se vantent d’une manière outrée, à qui l’on donne ou qui se donnent une importance fort exagérée.

— Argot. Faire le bateau, Se dit de deux joueurs qui s’entendent ensemble pour faire perdre ceux qui parient contre un de leurs affidés. u On dit aussi faire unis galiotb ou

UNE GAYE.

— Comm. Bois, charbon de bateau, Bois, charbon apporté sur les rivières par les bateaux : Les bois de bateau sont plu» estimés que les bois flottés.

BAT

— Archit. Pont de bateaux, Pont en bois porté par des bateaux amarrés.

— Géol. Courbure concave et de petites dimensions que présente parfois l’allure d’un terrain, d’une couche ou d’un filon. [| Fond de bateau, La partie inférieurede cette courbure.

— Moll. Nom donné à une grande espèce de patelle, il Bateau ponté, Nom commun aux grandes espèces du genre crépidule.

— Econ. dom. Petit plat on forme de bateau, pour servir des hors-d’œuvre : Je me mets aux pieds de madame a’Argental, et je la remercie du bateau qui parera la table de Tronchin. (Volt.)

— Techn. Menuiserie qui forme une partie de la carcasse d’un carrosse. Il Lit en bateau, Lit dont les pans sont recourbés de bas en haut, do manière à rappeler la coupo d’un bateau.

— Encycl. Philol. Dans son remarquable ouvrage des Origines indo-européen".es, M. Pictet consacre un article curieux aux noms génériques du bateau, tels qu’ils existent chez les différents peuples de race aryenne. Nous allons mettre sous les yeux des lecteurs les résultats de ce savant travail de comparaison, afin de leur donner une idée de la méthode philologique, telle qu’elle est appliquée aujourd’hui à 1 interprétation féconde d’un monde disparu, mais non voué à l’oubli. On aura ainsi un résumé complet des étymologies se rattachant aux premières origines de la navigation chez les ancêtres de notre race. Nous renvoyons, en outre, les lecteurs, pour des détails plus spéciaux sur les différents noms du gréement, île la rame, du gouvernail, de la voile, etc., aux articles particuliers que nous avons consacrés àces mots, à leur place alphabétique.

« Trois noms principaux du bateau, dit M. A. Pictet, ont été certainement en usage au temps de l’unité aryenne, et d’autres font présumer l’existence d’une synonymie encore plus étendue. Le premier groupe a pour chef le sanscrit nau ou nu, diminutif nauha (vais-Seau), avec les dérivés nâuika (matelot, pilote), etc. La racine est nu (aller), alliée sans doute à la racine similaire snu (couler), dont s, comme le conjecture Weher, pourrait bien n’être pas une lettre primitive ; on peut aussi rapprocher snâ (être lavé). La branche iranienne nous présente le même vocable sous les formes presque identiques du persan moderne nâut, nâwah, nâwarah, diminutif nâmtchah, qui a la sens de bateau, puis de tout objet creux et long, auge, canal, etc. -, puis vase en général. (Comparez, pour le changement de signification, le français vaisseau, qui veut dire à la fois vase et navire). Le kourde dit naw ; l’arménien nau, navag et navig (rapprochez, pour l’identité phonétique, le français navig-uer) ; et l’ossète nau. Si nous passons à la famille helléno-italique, nous trouvons le grec nous, en dialecte latin, news ; d’où nautès et naulilos (matelot). En outre, le dialecte éolien nous offre une forme nauo pour naed et nad, avec l’acception de couler, comme le snu sanscrit. Kn latin, nous avons navis (vaisseau) et navita, contracté en nauta (matelot). L’ancien irlandais dit noe, noi, nai, et l’irlandais moderne naoi, naebh ; le cymrique dit noe ; l’armoricain nev, neo (baquet, auge) ; l’ancien allemand nawa ou nawi ; le bavarois nau ; le Scandinave nâi ; le polonais naica représente le groupe slave.

Si nous passons maintenant à la seconde famille étymologique, nous trouvons, comme élément générateur, le sanscrit plava et plavâkâ (bateau, radeau), dérivé de la racine plu, qui signifie littéralement nager, flotter, et que le zend, par suite du changement connu de / en r et de p en b, nous montre sous la forme fru. A plu se rattache immédiatement le grec pied (flotter, naviguer), et à plava, le grec ploion (bateau) ; d’où ploos, plous (navigation) ; plôtèr (batelier, nageur). Le groupe des idiomes germaniques se tient fort près du gréa et du sanscrit, avec l’anglo-saxon flola, jliet (vaisseau) ; flota (matelot) ; l’ancien allemand fludar (radeau) ; flos (barque) ; le Scandinave (loti (flotte). On peut encore rapprocher l’anglo-saxon flôoan (couler) ; le Scandinave floâ (inonder) ; l’ancien allemand flamjan (plonger dans l’eau). Le groupe slave a également tiré grand parti de cette racine ; ainsi, le lithuanien, de la forme augmentée plaukti (naviguer, nager), a fait plauksmas et plausmas (radeau), et il dit, en outre, piauti, plowiti (laver) ; pluditi (flotter). Le russe se sert de plovu pour dire canot ; l’illyrien de plaw pour vaisseau ; de plavza et de plaveiza pour bateau. L’ancien slave et le russe ont encore pluti et plavati pour naviguer ; l’illyrien plivati et le polonais plywatch.

Passons enfin au troisième et dernier groupe étymologique : cette fois, c’est la famille iranienne qui ouvre la marche, et nous confinons déjà à d’autres horizons étymologiques. Du zend përë, en sanscrit pri, qui se développe en par, le persan moderne a fait paranauh, qui veut dire barque, bateau, et aussi oiseau. L’idée commune qui réunit ici l’oiseau au bateau, c’est celle de traverser un fluide, soit l’eau, soit l’air. On peut comparer à parandah le grec parôn et le persan para, espèce de vaisseau léger, et le verbe grec peraâ (traverser), qui nous ramène à la signification originelle. Les idiomes germaniques ont mis également cette racine à contribution ; l’anglo-saxon faer et le Scandinave far

BAT

(navire) ; l’ancien allemand ferid, espèce de navire, et ferjo (matelot) ; le gothique faran, d’où l’allemand moderne fahren (aller, être transporté sur un véhicule quelconque, bateau ou voiture). Pour les langues slaves, nous avons le lithuanien paramas (bac, bateau) ; le russe paromu et le polonais prum. Il est assez curieux de remarquer que nous avons, par 1.ûtermédiaire de l’allemand prahm, pris le vocable polonais, dont nous avons fait prame, espèce de bateau à fond plat. Quant à la signification secondaire d’oiseau, nous la retrouvons dans l’ancien slave prati et pariti (voler) ; d’où pero (plume), comme en persan par et far (plume et aile) ; paridan (voler), C’est ainsi, ajoute M. A. Pictet, que le latin plumaplu-ma — se lie à la racine plu, que nous avons examinée plus haut, et qui a donné comme dérivé correspondant le sanscrit plâvin (l’oiseau qui nage dans l’air).

Il existe encore un nombre considérable de mots qui servent à désigner le bateau dans les langues indo-européennes, m^ s ils sont plus isolés que les trois groupes que nous venons de voir, et ils n’offrent pas entre eux des analogies aussi incontestables. Nous nous bornerons ici à donner les origines étymologiques probables de quelques mots grecs et latins servant à désigner des espèces particulières de bateaux. Le latin celox (vaisseau léger), proche parent de celer, rappelle singulièrement le kourde kalek, espèce de radeau flottant, soutenu par des outres, et rappelant lui-même le sanscrit kâla, bateau en général. Le kantharos grec, qui veut dire à la fois un vaisseau et un vase à boire, est évidemment identique au sanscrit kanthala, dont il ne diffère que par le changement, parfaitement justifie, de / en r. Le latin ratis fait penser au sanscrit vari-ratha, littéralement char d’eau (radeau) ; l’on dit rath dans le même sens. Le

frec phasèlos (canot) peut être rapproché sans ifficultédu sanscrit bhasad (radeau et canard), car la substitution du ph au bh et de / à d est conforme aux lois phonétiques du grec. Le grec karabos et le latin carabus sont évidemment le persan kiraw (canot), qui, dans différents dialectes turcs, est devenu karap, kirep, kereb ; on peut encore rapprocher l’irlandais carbh (vaisseau etchar), l’ancien slave korabi, le russe korabli, le polonais et le bohème korab. Peut-être tous ces mots dérivent-ils de kora (ècorce), comme barkr, en français barque, qui, en Scandinave, veut dire bateau, et a pour correspondant borkr (écorce). Ce serait, dans cette hypothèse, la matière dont est faite le bateau qui lui aurait fait donner ces noms.

— Navig. Bateaux ordinaires. Ils sont plats ou à quille, suivant qu’ils sont destinés à la navigation intérieure ou à la navigation maritime. Les bateaux plats se composent tous d’un fond, ou semelle, qui est chevillée sous des solives transversales, nommées rabl.es et Hures. Les râbles sont coudés : une de leurs parties pose sur la semelle, tandis que l’autre, qui se nomme bras, monte sur le côté ou bord du bateau, dont elle empêche l’éeartement. Les Hures ont la même forme, mais leur partie verticale s’arrête à une petite distance du fond, où elle est fixée à une solive verticale, appelée clan. De longues planches, nommées liernes, qui vont d’une extrémité à- l’autre de l’embarcation, retiennent ensemble les clans et les bras des râbles. Le bateau est fermé à chaque bout par un billot, qui s’appelle bitte ou bitton, et sur lequel sont clouées les extrémités des liernes. Certains bateaux sont couverts a l’avant par un plancher, qui porte le nom de levée. Un plancher semblable, mais plus grand, se trouve quelquefois à l’arrière : on l’appelle travure. Les bateaux à quille diffèrent des bateaux plats, non-seulement par leurs dimensions, mais encore par des détails de construction nécessités par l’usage spécial auquel ils doivent servir.

Les bateaux qui servent à la navigation de la Seine, et dont quelques-uns vont jusqu’à la mer dans diverses directions, et jusque dans des ports très-avancés des canaux intérieurs du continent, se distinguent par une infinité de noms, qui désignent moins des genres particuliers de construction que des appropriations qu des destinations spéciales. Ainsi, les chênières sont des bateaux plats qui apportent les merrains de la Lorraine. Les sapinières sont des barquettes légères, qui servent au transport des charbons de bois de l’Yonne. On appelle marnais, les bateaux qui chargent les vins de la basse Bourgogne ; lavandières, les barques qui ont une tente analogue à celle des bateaux de blanchisseuses, pour abriter les marchandises que la pluie détériorerait, comme le plâtre, la chaux, etc. Les péniches sont les plus grands bateaux qui fassent le service fluvial ; elles sont pontées et jaugent jusqu’à huit cents tonneaux de cale couverte, tandis que leur pont reçoit encore une centaine de tonnes do marchandises encombrantes et légères. Les porteurs sont d’introduction récente ; ce sont des bateaux à quille, longs et étroits, d’abord destinés à porter la marchandise en grande vitesse, c’est-à-dire à la remorque do bateaux à vapeur. Les porteurs, munis eux-mêmes de propulseurs (roues ou hélices), leur ont bientôt succédé, de même que beaucoup de péniches ont aujourd’hui leur moyen de propulsion par la vapeur, mais plutôt comme auxiliaire ^attendu que, dans ce genre de navigation, où le tirant d’eau varie considérablement suivant la charge, il est difficile d’établir un propulseur