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suisses, en 1589. On a de lui un recueil d’odes, d’élégies, de sonnets, etc., sous le titre de Amours, ensemble le Premier livre de la Suisse (Paris, 1589, in-4o). Ce Premier livre de la Suisse est le premier chant d’un poème qu’il avait composé sur ce pays. Le froid accueil qu’il reçut empêcha de Beaujeu de publier les onze autres chants.


BEAUJEU (Joseph DE), architecte français, construisit, en 1560, le beau porche à triple arcade archivoltée, qui occupe toute la largeur de la façade occidentale de Sainte-Marie d’Auch. Ce porche, du style le plus pur de la Renaissance, comprend 72 colonnes et pilastres d’ordre corinthien, entremêlés de 24 niches..


BEAUJOLAIS (Bellojocensis pagus), ancien pays de France, compris autrefois dans la province du Lyonnais, et dont Beaujeu et Villefranche étaient les villes principales ; il forme, aujourd’hui l’arrond. de Villefranche dans le dép. du Rhône, et une petite portion de l’arrond. de Roanne, dans le dép. de la Loire. Borné au N. par le Charolais et le Maçonnais, au S. par le Lyonnais et le Forez, à l’E. par la Saône, et à l’O. par le Forez, il mesurait 70 kil. de longueur sur 52 de largeur.

Sous les Gaulois, le Beaujolais faisait partie du pays des Ségusiens ; sous les empereurs romains, il appartenait en partie à la cité de Lyon, et en partie à celle de Mâcon. Enlevé aux Romains par les Bourguignons, et à ceux-ci par les Francs, il passa des Mérovingiens aux descendants de Charlemagne. Il fut arraché à ces derniers par Boson, et incorporé dans l’État que ce prince se forma sous le nom de royaume de Provence. Après la mort de Boson, ce pays revint aux rois de France, et fut donné en dot à Mathilde, sœur du roi Lothaire, lorsqu’elle épousa Conrad, roi de Bourgogne. En 1265, le Beaujolais passa en mariage à Renaud, comte du Forez, tige de la seconde maison. En 1400, il passa à la maison de Bourbon, dont un des descendants, Pierre II, sire de Beaujeu, épousa Anne, fille de Louis XI. Confisqué en 1523 sur le connétable de Bourbon, le Beaujolais fut donné à Louise de Savoie, puis réuni à la couronne par François Ier en 1541 ; il fut rendu, en 1560, a Louis de Bourbon, duc de Montpensier, et passa par mariage à Gaston d’Orléans, dont la fille, Mademoiselle, le légua à Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV.

La baronnie de Beaujeu fut érigée eu comté sous Louis XIV, en faveur de la maison d’Orléans. Le dernier qui ait porté le titre de comte de Beaujolais est le troisième frère du roi Louis-Philippe, mort en Sicile en 1807.


BEAUJOLAIS (maison de). V. Beaujeu (Maison de).


BEAUJOLAIS (Louis-Charles d’Orléans, comte de), le plus jeune des fils de Philippe-Égalité, né à Paris en 1779, mort en 1807. Arrêté au Palais-Royal avec son père, il partagea sa captivité au fort de Notre-Dame-de-la Garde et au fort Saint-Jean, à Marseille, et il resta dans cette dernière prison avec le duc de Montpensier, son frère, jusqu’en 1796, époque où il leur fut permis d’aller rejoindre leur aîné en Amérique. Il séjourna en Angleterre de 1800 à 1807, passa à Malte pour se guérir d’une maladie de poitrine, et succomba en y arrivant.


BEAUJOLAISE s. f. (bô-jo-lè-ze — rad. Beaujolais). Comm. Toile que l’on fabrique aux environs de Villefranche.


BEAUJON (Nicolas), financier français, né à Bordeaux en 1718, mort en 1786. Son père, issu d’une famille pauvre et obscure, parvint à conquérir dans le commerce une situation considérable. Après avoir donné a ses deux fils une solide instruction, il rêva pour eux des charges brillantes et lucratives, et, grâce à ses intrigues et ses largesses, il leur assura des protecteurs parmi les puissants du jour. Nicolas, l’aîné, ne tarda pas à obtenir une place de receveur général, tandis que le puîné achetait la charge d’avocat général a la cour des aides de Bordeaux.

Nicolas Beaujon déploya au plus haut degré les diverses qualités qu’avait possédées son père : actif, intelligent, ambitieux, il commençait à exciter l’envie de ses concitoyens, lorsqu’un excès d’habileté vint compromettre sa fortune.

Prévoyant une disette, Beaujon acheta et mit en réserve une immense quantité de blé ; l’hiver suivant, en effet, la famine régna à Bordeaux, et Beaujon spécula hardiment sur les besoins des habitants. Bientôt, effrayé de la clameur publique et surtout d’un commencement de poursuites judiciaires, il quitta sa ville natale et vint à Paris, où, grâce aux vieilles et puissantes amitiés de son père, il put non-seulement assoupir cette fâcheuse affaire, mais encore, associé à de vastes opérations financières, donner libre carrière à ses remarquables aptitudes.

À cette époque, au théâtre, le public parisien, né malin, ne manquait jamais d’applaudir ce vers du Joueur :

Gagne-t-on en deux ans un million sans crime !

Beaujon put bientôt prendre pour lui ce trait satirique : en moins de deux ans il sut gagner et décupler ce million.

À la suite des millions arrivèrent les titres et les honneurs. Beaujon devint successivement banquier de" la cour, conseiller d’État à

BEA

brevet, receveur général des finances de la généralité de Rouen ; il fut, en outre, trésorier et commandeur de l’ordre de Saint-Louis.

Cet homme habile sut jouir de sa fortune extraordinaire, et, tout en sacrifiant aux travers de son siècle, éviter les scandales éclatants.

Sur les terrains qu’il avait achetés dans le lieu dit la Pépinière du roi, Beaujon s’était fait construire une coquette habitation qu’il appelait sa Chartreuse. C’est là qu’il aimait à réunir un essaim de jeunes et jolies filles, qui l’adoraient, disait-il. L’opulent épicurien finissait par les doter et les marier aux commis de ses bureaux ; il fit ainsi quelques centaines d’heureux. On prétend que le premier-né de chacune de ces familles avait le droit de lui donner le doux nom de père.

Les gazettes du temps contiennent plusieurs anecdotes curieuses sur ce célèbre financier.

Un des nombreux commis qui lui devaient leur bonheur s’étonnait de ce que sa femme lui donnait un gros garçon six mois après le mariage : « Rassurez-vous, dit en souriant le riche protecteur : ces couches prématurées ont souvent lieu pour le premier enfant ; mais elles n’arrivent jamais dans la suite. »

Appelé en duel par un officier brutal, il l’invita a un dîner somptueux avec des femmes charmantes. Après le repas, il lui dit : « Croyez-vous, monsieur, qu’on s’expose volontiers à quitter tout cela et cinq cent mille livres de rente ? Prouvez-moi que vous avez le même sacrifice à faire, et nous nous battrons tant que vous voudrez. »

Les triomphes et l’impertinence spirituelle du duc de Richelieu troublaient peut-être le sommeil du financier. Se trouvant dans un cercle composé d’une vingtaine de femmes, il se mit tout à coup a éclater de rire ; on lui en demanda la raison : « Ma foi, mesdames, répondit-il, c’est que je me rappelle que j’ai eu le bonheur de vous posséder toutes. »

Beaujon ne dédaignait pas les jeux de mots. Un jour, à titre de trésorier de l’ordre de Saint-Louis, il recevait la visite d’un jeune officier de marine, qui, par suite d’une naissance légèrement interlope, venait d’obtenir la croix de cet ordre. Le nouveau décoré, se prétendant honteux d’un honneur si peu mérité ; « Point de scrupules, monsieur, dit Beaujon ; la cour considère plus les services de mer (mère) que ceux de terre. »

Sur la fin de sa vie, Beaujon fut affligé d’une pénible insomnie. Le célèbre Bouvard, son médecin, s’avisa de lui faire dresser unebarcelonnette que balançaient deux charmantes berceuses en légercostume de nymphe, à l’état de chrysalide, c’est-à-dire dans le

simple appareil Le vieillard se trouva bien

de cette invention, qui fit fureur à la cour et à la ville.

Ses dernières années furent signalées par de magnifiques bienfaits. En 1784, il fit construire à ses frais, sur les dessins de l’architecte Girardon, l’hospice qui porte encore aujourd’hui son nom. Cette maison, destinée d’abord à recevoir vingt^quatre orphelins de la paroisse du Roule, alors séparée de Paris, fut transformée en hôpital par décret de la Convention. Admirablement restaurée, considérablement agrandie, elle peut aujourd’hui servir de modèle aux constructions du même genre. Beaujon assura l’existence de son hospice par divers dons de terrains et de bâtiments, et surtout par une rente de 20,000 liv.

Cet opulent financier mourut sans enfants, léguant plus de trois millions a différentes institutions de bienfaisance. Il fut enterré dans les caveaux de la chapelle Saint-Nicolas, qu’il avait fait construire rue du Faubourg du Roule pour en faire le lieu de sa’sépulture. Sur la table de marbre de son tombeau, au bas d’un écusson armorié, entouré de rameaux de chêne et surmonté d’une couronne de comte, on lit cette épitaphe : « Ici repose Nicolas Beaujon, conseiller d’État, fondateur de cette chapelle et del’hospice en faveur des enfants orphelins et des écoles de charité de la paroisse Saint-Philip’pe-du-Roule, décédé le 20 décembre 1786, âgé de soixante-huit ans. ■

On possède un seul portrait authentique de Beaujon, peint, vers 1762, par Carie Vanloo.


BEAUJOUR (Louis-Félix DE), diplomate et publiciste français, né en Provence en 17G5, mort en 1836. Il fut successivement consul général en Grèce et en Suède, membre du tribunat, commissaire des relations commerciales aux États-Unis, consul général à Smyrne, député de Marseille, enfin pair de France en 1835. Ses ouvrages sont nombreux et importants. Nous citerons les principaux : Tableau du commerce de la Grèce (1800,2 vol.) ; Aperçu des Etals-Unis (1814) ; Théorie des gouvernements (1823, 2 vol.) ; Tableau des révolutions de la France (1825) ; le Traité de Lunévitle et le Traité d’Amiens (1801).

    1. BEAULAC (Guillaume), avocat et jurisconsulte

français ## BEAULAC (Guillaume), avocat et jurisconsulte français, né dans le Languedoc en 1745, mort en 1804. Il a publié un Répertoire des lois et des arrêts du gouvernement de 1789 à l’an 'XI (1803), par ordre alphabétique, chronologii/ue et par classement de matières (Paris, an XI, in-8o), véritable monument de la législation républicaine, qui a rendu et rendra encore les plus grands services aux historiens et aux gens désireux de bien connaître l’époque dont Beaulac s’est occupé.

BEAU-LIEU s m. (bô-lieu). Manég. Mot

BEA

I usité seulement dans la locution Porter sa

j tête en beau-lieu, La porter bien, la porter

droite et fière : Ce cheval porte sa tête bn

BEAU-LIEU, OU PORTE EN BEMJ-LÏEU.

BEAULIEU, bourg du dép. du Loiret, arrond. de Gien ; pop. aggl. G3G hab.— pop. tôt. 2,507 hab, il Bourg de France (Corrèze), ch.-l. de cant., arrond. et à 39 kil. S.-E. de Brives, sur la Dordogne ; pop. aggl. 2,028 hab. — pop. tôt. 2,378 hab. Belle église gothique, remarquable surtout par son portail, il Bourg de France (Indre-et-Loire) (arrond. et à 30 kil. S.-O. de Tours ; 6,773 hab. Restes d’une église fondée en 1010 par Foulques-Nerra, comte d’Anjou, et d’une maison de plaisance souvent habitée par Agnès Sorel. Il Village de France (Calvados), à 2 kil. de Caen ; 2,500 hab. Prison centrale ; ruines de l’antique abbaye d’Ardaine. Il Ville d’Angleterre, comté de Hants, surl’Exe, à 11 kil. N.-E.deLymtngton ; 1,500. Ruines d’une ancienne abbaye de cisterciens, fondée en 1204 par Jean sans Terre.

BEAULIEU (Camus de Vernet, de), favori de Charles VII, né en Auvergne, mort en 1427. Simple écuyer dans les écuries du roi, il succéda au sire de Giac dans les faveurs de son maître, abusa de son crédit avec insolence, et fut tué par le connétable de Richemont, qui avait déjà ôté la vie au seigneur de Giac. Voici dans quels termes un historien de ce temps raconte l’événement : « Or, une journée, le roy estant dans le chasteau de Poitiers, ■ledit de Beaulieu se voulut aller esbattre hors du chasteau, n’ayant avec lui qu’un gentilhomme nommé Jean de La Grange ; et estant dans un pré sur une rivière, où le lieu estoit assez plaisant et agréable, survindrent là soubdainement cinq ou six compagnons, qui tirèrent tout à coup leurs espées, et frappèrent sur lui tellement qu’ils le tuèrent tout roide., . Et s’en alla celui qui l’avoit amené, et mena son mulet au chasteau, là où estoit le roy, qui le regardoit. Et Dieu sçait s’il y eut beau bruit... Mais il n’en fut autre chose. »

BEAULIEU (Lambert de), musicien de la chambre de Henri III, roi de France, vers 1580. Il a composé, en collaboration avec Salmon, son collègue, la musique, assez correcte du reste, du divertissement arrangé par Baltazarini, a l’occasion du mariage du duc- de Joyeuse avec M’ie de Vaudemont.

BEAULIEU (Augustin), navigateur français, né à Rouen en isso, mort à Toulon en 1637. Dès l’âge de vingt-trois ans, il commandait un vaisseau dans 1 expédition de Briqueville sur les côtes d’Afrique. Il entra ensuite au service de la compagnie des Indes, et la Relation de ses voyages dans cette contrée asiatique a été imprimée après sa mort (1G64). Cette relation renferme de curieux détails, et prouve des connaissances nautiques très-étendues. Beaulieu prit ensuite part au siège de La Rochelle et à la conquête des îles Sainte-Marguerite.

BEAULIEU (Sébastien de Pontault, sieur de), ingénieur militaire français, mort en 1674. Élève de Callot et de Leclerc, il levait, à la suite des armées, le plan des batailles et des sièges, et y joignait la représentation en perspective des faits d’armes qui y avaient eu lieu. Il est considéré comme le créateur de la topographie militaire. Louis XIV le nomma maréchal de camp et premier ingénieur. Son ouvrage capital, qu’on nomme souvent le Grand Jieaulieu, est intitulé : Glorieuses conquêtes de Louis le Grand, où sont représentés les caries, plans, profils, etc. Ce magnifique et curieux travail, dans lequel sont décrites les grandes opérations militaires qui eurent lieu sous Louis XIV, de 1043 à 1692, est en 3 vol, in-fol. Il a été réduit en deux recueils in-4o, désignés sous le nom de Petit Beaulieu, pour les distinguer du premier,

BEAULIEU (Louis Le Blanc de), théologien protestant français, né en 1614 dans le bas Limousin, à Plessis-Marly selon les uns, à Beaulieu selon d’autres, mort en 1675. Ministre et professeur de théologie à l’académie calviniste de Sedan, Beaulieu se signala à tel point par son esprit de conciliation, que le maréchal Fabert, gouverneur de Sedan (1662), et plus tard le grand Turenne, le chargèrent de dresser un plan de réunion entre les catholiques et les protestants. La haute considération dont il jouissait chez les uns et chez les autres semblait le rendre propre à une pareille mission, s’il n’eût été impossible d atteindre le résultat cherché. Après trois années de négociations et d’efforts, on dut renoncer à ce projet. Pour amener ce rapprochement, de Beaulieu avait réduit à un petit nombre les questions essentielles à débattre entre les deux Églises, et était parvenu ainsi à diminuer les sujets de division. En même temps, il soutenait à l’académie protestante de Sedan des thèses, publiées sous le titre de Thèses sedanenses (16S3, in-fol.), pour prouver que les points controversés n’étaient opposés qué de nom, ce qu’elles ne purent persuader a personne. On a de lui des Sei-mons médiocres, et un Traitéde l’origine de la sainte Écriture (ÎGGO).

BEAULIEU (Charles Gilloton de), économiste français du xvm« siècle. Il fit partie de l’école des physiocrates, dont les principaux membres étaientQuesnel, Dupontde Nemours, l’abbé Baudeau, et s’attacha d’une façon toute spéciale à l’étude des questions financières. On lui doit un assez grand nombre d’écrits, aujourd’hui complètement oubliés. Les prin- • cipaux sont : De l’Aristocratie française, ou

BEA

Réfutation des prétentions de la noblesse (Paris, 1789) ; Principes du gouvernement et projet de réforme dans toutes tes parties de l’administration (1789) ; De la Nécessité de vendre, les biens de l’Église pour payer la dette publique (1789) ; De la Liberté de la presse, principal moyen d’instruction et de réforme (1780, in-8o), etc.

BEAULIEU (Jean-Pierre, baron dk), général autrichien, né en 1725 dans le Brabant, mort en 1820. Il servit avec distinction dans la guerre de Sept ans ; comprima, en 1789, la révolte des Brabançons, et fut ensuite opposé aux Français dans les Pays-Bas (1792). À la tête d’un petit corps autrichien, le général Beaulieu, à qui sa bravoure et sa science stratégique avaient acquis.une grande réputation, se signala par plusieurs succès, dont les conséquences, il est vrai, étaient peu importantes. Après avoir repoussé, près de Jemmapes, les Français commandés par Biron (1792), il remporta des avantages marqués à Templeuvre et à Furnes, s’empara de Menin, et gagna sur Jourdan la bataille d’Arlon en 1794. Appelé en 1796 au commandement en chef de l’armée d’Italie, Beaulieu eut pour adversaire le général Bonaparte. Il manquait de ce prompt coup d’œil, et des qualités si diverses qui font le grand homme de guerre ; aussi éprouva-t-il une série non interrompue de revers. Après avoir été vaincu à Montenotte, où il avait eu l’imprudence de trop étendre sa ligne de bataille, il fut battu à Miliesimo, Mondovi, Lodi, se vit contraint de gagner le Tyrol, et, après avoir remis au général Wurmser le commandement de son armée (25 juin 1796), il alla terminer sa vie dans son château de Lintz.

BEAULIEU (Claude-François), publiciste et historien français, né à Riom en 1754, mort en 1827. Il rédigea divers journaux royalistes, tels que les Nouvelles de Versailles (178D) ; le Postillon de la guerre (1792), fut incarcéré pour ses opinions, rendu à la liberté après le 9 thermidor, mais proscrit de nouveau au 18 fructidor an V, pour une feuille antirépublicaine intitulée le Miroir. De 1803 à 1815, il eut la rédaction du journal officiel du département de l’Oise. On a de lui : Essais historiques sur les causes et les effets de la Révolution française (1801-1SO3, 6 vol. in-so), livre plein de faits curieux sur les hommes et les partis de cette époque, et qui, malgré sa partialité, peut être consulté utilement ; le ■Temps présent (1815) ; la Révolution française considérée dans ses effets sur la civilisation des peuples (lS20). Beaulieu a fourni à la Biographie universelle de Michaud un assez

frand nombre d’articles sur les personnages e son temps.

BEAULIEU (Blanche de). Pendant la guerre de Vendée, Marceau, à la tête de l’armée républicaine, poursuivait un jour les rebelles, lorsqu’une jeune fille, échappant à des soldats furieux, vint se jeter à ses pieds en lui demandant de lui sauver lavie. Le jeunegénéral, chez qui la générosité égalait le courage, prit sous sa protection la belle Vendéenne, et, malgré la loi qui punissait de mort tout républicain qui aurait épargné un rebelle, il la cacha dans une famille dont il était sûr. Dénoncé pour ce fait, Marceau dut à la fermeté seule du représentant Bourbotte, son ami, de ne pas être mis en jugen.ent et de ne pas payer de sa tête son acte d’humanité. Quant à Blanche de Beaulieu. l’asile où elle était cachée ayant été découvert, elle fut jetée en prison, et, bientôt après, condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire. Vainement Marceau, qui éprouvait, paraît-il, une vive affection pour la jeune fille à peine entrevue, fit des efforts suprêmes pour la sauver ; toutes ses tentatives, secondées par Bourbotte, furent sans résultat. En apprenant la mort de Blanche, il tomba dans un accès de violent désespoir, et, depuis lors, il ne pouvait parler de cette fin tragique sans verser des larmes.

BEAULIEU (Jean-François Bremont, dit), acteur comique, mortà Paris en 1807. Il entra fort jeune au théâtre, et obtint de grands succès dans les rôles de niais, en compagnie de Volange et Bordier, sur la scène joyeuse et originale des Variétés-Amusantes. Le répertoire de Dorvigny, principalement, lui a fourni l’occasion de se faire vivement applaudir. Il excellait dans les rôles où la charge dépasse le comique ; un masque théâtral, une tournure qu’il savait rendre grotesque, un débit simple et rapide contribuaient à faire valoir son jeu, plein de franchise et de naturel. Pendant la Révolution, il se -fit remarquer, parut l’un des premiers à l’attaque de la Bastille, et fut nommé capitaine de la garde nationale parisienne, en récompense de sa bravoure. Les deux frères Agasse ayant été condamnés à mort pour fabrication de faux assignats, Beaulieu, par un sentiment généreux donna sa démission, afin de faire nommer à son poste, devenu vacant, un jeune frère des deux coupables, et prouver, par les faits, que le préjugé qui pesait sur la famille d’un condamné, pouvait perdre toute son influence, grâce aux nouveaux principes philosophiques proclamés par la Révolution. Beaulieu parcourut ensuite la province comme acteur, fréquenta les clubs, prononça à Metz des discours énergiques, et disparut tout à coup jusqu’en 1802, où il s’avisa de jouer le rôle de Mahomet au théâtre de la Cité. Cette singulière tentative attira la foule pendant quelques jours, mais ne répara pas la fortune délabrée de