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rin, Lanessan, Merman, Le Paveil, Pédescleaux et Trouquoy-Lalande. Tous ces vins sont produits par les communes de Margaux, Pauillac, Pessac, Cantenac, Saint-Estèphe, Saint-Julien, Saint-Lambert, Labarde, Saint-Laurent, Ludon, Macau, Saint-Sauveur, Soussans, Cussac, Saint-Seurin-de-Cadourne, Cissac et Verteuil.

Les Côtes comprennent les crus de Saint-Émilion, Canon et Fronsac ; puis viennent ceux de Vicomte-du-Barry, Peychaud, Marsaud, Chatenier, Sunder, Bourg, Camillac, La Libarde, Bayon, Gauriac, Villeneuve, Samonac, Saint-Seurin-de-Bourg, Comps, Saint-Ciers-de-Ganesse, Basseins, Cenon, Camblanes, Quinsac, Floirac, Latresne, Sainte-Foy et Castillon.

Les vins de Palus, ou terrains d’alluvion, sont les produits de : Queyries, Montferrand, Basseins, Ambès, Camblanes, Quinsac, Valentous, Saint-Gervais, Bacalan, Saint-Loubès, Sainte-Eulalie, Latresne, Macau, Bautiran, Izon, Saint-Gervais, Cubzac, Saint-Romain, Asque, l’île Saint-Georges, Carbon-Blanc, Ambares et la Grave. Ces vins sont riches, généreux, colorés, et ont un délicieux bouquet de framboise ; ils viennent immédiatement après les vins classés, et peuvent servir à relever les vins usés du Médoc, avec lesquels ils ont une certaine analogie.

L'Entre-deux-Mers, partie comprise entre la Garonne et la Dordogne, donne les vins de Brane, Pujols, Pellegrue, Sauveterre, Cadillac, Créon, Saint-Macaire et La Benauge.

Comme vins blancs, la Gironde s’enorgueillit des crus de Sauterne, Château-d’Yquem, Bommes, Preignac, Barsac ; Château-de-Carbannieux, Dariste, Cérons, Podensac, Toulène, Saint-Pey, Pujols, Sainte-Croix-du-Mont, Loupiac, Léognan, Martillac et d’autres de qualité inférieure, comme ceux de Virelade, Arbanats, Budos, Laudiras, Illats, Langoiran, Cadillac, Baurech, Tabanac, Paillet, Rions, Beguey, Larroque, Portets, Castres, Sùint-Selve, Beautiran, Saint-Médard, Ayrans, La Brède, Cambes, Cubzac, Bourg, Fronsac, Blaye, Sainte-Roy et Castillun.

Nous allons dire quelques mots des dix autres départements comptés dans ce cercle :

Dordogne. La plupart de ces vins, blancs et rouges, se trouvent sur les deux rives de la Dordogne, et sont désignés sous le nom général de vins de Bergerac. Pour qualités distinctives, ils ont la légèreté, la finesse, la franchise de goût.

Landes. Les vins de ces vignobles sont de qualité secondaire, et on les convertit pour la plupart en eau-de-vie.

Basses-Pyrénées. Ces vins ont perdu de leurs qualités, sans doute à cause d’un changement apporté dans les plants ; c’est là que se trouvait le fameux vin de Jurançon, le premier qui mouilla les lèvres de Henri IV. Ce produit, le blanc surtout, est corsé, généreux, mais aussi très-fumeux. Les amateurs d’origines et de causes premières trouveront sans doute dans cette propriété la raison du tempérament bien connu du roi vert-galant.

Hautes-Pyrénées. Ces vins doivent perdre dans le fût leur couleur trop foncée et leur goût pâteux. On les emploie à donner du corps aux vins faibles. Les plus estimés sont ceux de Madiran et Castelnau.

Gers. Les vins de ce département servent surtout à la fabrication des eaux-de-vie connues sous le nom d’armagnac.

Haute-Garonne. Vins estimés dans le commerce, surtout s’ils proviennent des vignobles de Toulouse, de Muret ou de Villandrie.

Lot. On connaît surtout les vins noirs de Cahors, très-précieux pour les mélanges.

Lot-et-Garonne, Vins estimés, entre autres ceux d’Agen, de Thézac, de Péricard et de Monflanquin. Les vins blancs de Clairac sont surtout très-estimés.

9a Tarn. Le Tarn envoie la plupart de ses vins à Paris. On les récolte à Gaillac, à Cussac et à Caisaguet. Ils sont légers, délicats, moelleux, et ont un excellent bouquet.

10° Tarn-et-Garonne. Assez bons vins, qui ne sortent guère du pays.

Les vins de Bordeaux, surtout ceux de la Gironde, sont l’honneur de la France viticole, et une des sources principales de sa richesse ; certains crus ne se vendent pas moins de 6,000, 7,000, 8,000 et même 10,000 fr. le tonneau de 912 litres. Le bordeaux possède des qualités particulières, sui generis, qui le distinguent des vins de tous les autres pays. Comme le Gascon, il a un assent particulier, et on le connaît du pôle brûlant au pôle glacé. Le caractère propre de ces vins est une belle couleur pourprée, du velouté, de la suavité ; son bouquet a de la finesse ; il ne laisse dans la bouche aucune odeur vineuse, fortifie l’estomac sans porter à la tête, et peut ne pas incommoder, alors même qu’il est pris à forte dose. Il ne redoute ni les variations de température, ni les longs voyages, qui fatiguent parfois nos bourgognes. Il a certaines propriétés qui le recommandent particulièrement aux estomacs délicats ; il est moins spiritueux et plus doux à boire que le vin de Bourgogne. Il convient aux vieillards, aux malades, aux convalescents, précieuse qualité que le vin de Bourgogne est assez généreux pour ne pas lui envier ; mais comme un parallèle entre ces deux frères ennemis peut avoir du piquant, c’est au mot Bourgogne que nous tirerons la chose au clair. Ce jour-là — et ce sera bientôt — nous aurons sur notre bureau un flacon de chambertin et un autre de château-la-rose. À droite, côté du foie, synonyme de santé et d’Esculape, le bordeaux ; à gauche, côté du cœur, synonyme d’amour et de Vénus, le bourgogne.


BORDEAUX, en latin Burdigala, ville de France (Gironde), ancienne capitale de la Guyenne, ch.-i. de département, d’arrond. et de six cantons, sur la rive gauche de la Garonne, qui y forme un port magnifique, à 96 kilom. S.-E. de l’embouchure de ce fleuve dans l’Atlantique, par 44° 50’ de latitude N., et 20 54’ de longitude O. ; à 583 kilom. S.-O. de Paris ; pop. aggl. 149,229 hab. — pop. tôt. 162,750 hab. L’arrondissement comprend 18 cantons, 157 communes et 344,006 hab. Archevêché, dont relèvent les sièges de Poitiers, Périgueux, Ageri, Luçon, Angoulême, La Rochelle, Fort-de-France, la Basse-Terre, Saint-Denis ; grand et petit séminaire. Église consistoriale réformée ; synagogue consistoriale. Cour impériale ; tribunaux de lrc instance, de commerce et justice de paix ; conseil de prud’hommes ; chambre et bourse de commerce. Chef-lieu d’académie.pour les départements de la Gironde, Dordogne, Landes, Lot-et-Garonne et Basses-Pyrénées ; faculté de théologie catholique, des sciences, des lettres ; école préparatoire de médecine et de pharmacie ; lycée impérial ; école normale d’instituteurs ; cours normal d’institutrices ; école d’hydrographie et de navigation ; cours de droit maritime ; école des mousses et novices ; école de dessin, peinture et sculpture ; bibliothèque publique ; musées, jardin botanique, observatoire ; académie impériale des sciences, lettres et arts. Chef-liuu de la 14e division militaire, du 29= arrondissement forestier, et de l’arrondissement minéralogique de la division du Si-O. ; direction des douanes ; consulats étrangers. Hôtel des monnaies (K).

Les constructions navales occupent le premier rang dans l’industrie bordelaise comme importance et comme mérite ;.il existe sept chantiers dans la ville et trois dans la banlieue ; ils ont.produit, en 1864, 57 navires, jaugeant ensemble 23,907 tonneaux. On compte à Bordeaux 20 raffineries de sucre, de nombreuses fabriques d’ahisette renommée, eau-de-vie, savon, couvertures, tapis, faïence et porcelaine ; des filatures de laine et de coton ; des fabriques de chocolat, vinaigres, conserves alimentaires, barriques, bouchons de liège, gants de peau, cartes a jouer. Corderie pour la marine ; verrerie à bouteille ; ateliers de cartonnages, etc., etc. Bordeaux fait peu d’affaires avec le bassin de la Méditerranée, mais il est en relation commerciale avec le reste du monde ; le port a des services réguliers de paquebots avec Rotterdam et Londres ; de clippers avec l’Australie" ; de navires à voile avec la Havane et le Mexique. La profondeur de la rivière rend possible, en toute saison, l’accès des navires qui ont 1 m. 25 cent, de tirant d’eau. Le mouvement de la grande navigation a donné en 1851 les chiffres suivants : à l’entrée, 1,126 navires d’un tonnage total de 172,361 t. ; à la sortie, 1,050 navires, jaugeant 177,906 t. ; en 1801, 1,955 navires, jaugeant 372,533 t., sont entrés dans le port de Bordeaux, et 1,690 navires, d’un tonnage total de de 372,152 t., en sont sortis. Les résultats statistiques du cabotage indiquent, entrée et sortie réunies, 22,592 navires, jaugeant ensemble 693^198 t. Les importations consistent surtout en produits coloniaux, fers, étain, cuivre, plomb, viandes et poissons, salés, graisse, houille. Les articles d’exportation comprennent les tissus, les sucres raffinés, les papiers, cristaux, verreries, cuirs ouvrés, soies, porcelaines, légumes secs, fils, surtout les vins et les spiritueux.

— HUioirc. L’époque de la fondation de Bordeaux se perd dans la nuit des temps. L’histoire ne nous dit pas non plus comment cette ville tomba au pouvoir des Romains ; on sait seulement que c’était dès lors une cité importante, capitale des Bituriges Vibisci, sous le nom de Burdigala. Strabon est le- premier qui en fasse mention sous ce nom, que lui donne aussi Ptolémée. La position de l’ancienne Burdigala à Bordeaux est prouvée par les mesures des routes de laTable de Peutinger et de l’Itinéraire d’Antonin. Les Romains, qui en firent la capitale de la Ile Aquitaine, la démolirent entièrement en 260 de notre ère,

Four la reconstruire d’après les dessins et architecture des cités latines, et l’embellirent de plusieurs beaux édifices. Mais l’invasion des Barbares fit disparaître cette splendeur antique : d’abord les Visigoths la saccagèrent et l’occupèrent pendant près d’un siècle ; puis les Francs de Clovis, après la bataille de Vouillé (509), s’en rendirent maîtres et continuèrent l’œuvre des Visigoths. Plus tard, en 7-29, Eudes, duc d’Aquitaine, dans sa lutte contre les Francs, appela à son secours les Sarrasins, qui prirent et pillèrent Bordeaux. Placée presque à l’embouchure d’un grand fleuve, cette ville dut tenter la cupidité des Normands, qui, en effet, détruisirent ce qu’ils ne purent enlever, et abattirent la plupart des édifices. Vers 9U, les ducs de Gascogne étant devenus paisibles possesseurs d’un des plus beaux pays que leur enviaient leurs rivaux, les autres grands vassaux de la couronne, firent rebâtir Bordeaux, mais dans le goût

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barbare de cette époque, et y appelèrent de nouveaux habitants. En 1132, le mariage d’Eléonore de Guyenne avec Henri, duc de Normandie, depuis roi d’Angleterre, fit passer Bordeaux sous la domination anglaise. Mais Charles VII, qui avait chassé les Anglais de la Normandie, voulut aussi leur enlever la Guyenne. Dunois vint mettre le siège devant Bordeaux et en prit possession (1451). L’année suivante, cette ville se révolta contre le roi de France ; le reste de la Guyenne suivit son exemple, et cette rébellion fut appuyée par l’Angleterre, qui envoya Talbot, l’un de ses meilleurs généraux. Charles VII arriva bientôt en personne, investit la ville, intercepta tous les convois et, après avoir vaincu Talbot a. Castillon, força les Bordelais h se rendre à discrétion. En 1548, les habitants de Bordeaux, ardemment attachés à leurs privilèges, auxquels l’impôt de la gabelle portait atteinte, prirent les armes, s’emparèrent de l’hôtel de ville, et massacrèrent le lieutenant du gouverneur, ainsi que quelques commis de la gabelle ; mais bientôt les séditieux furent battus, et plusieurs d’entre eux punis du dernier supplice. Tout était calmé, lorsque Henri II envoya le connétable Anne de Montmorency, qui pénétra dans la ville par la brèche faite à coups de canon, bien que Bordeaux n’opposât aucune résistance, imposa aux habitants une contribution de 200,000 livres et les priva de tous leurs privilèges. « La maison de ville, dit de Thou, devait être m’sée, et toutes les cloches des églises transportées dans les châteaux, qui seraient fortifiés aux dépens du peuple. Enfin, pour expier l’horrible attentat que les habitants avaient commis contre la personne du lieutenant du gouverneur, la sentence portait qu’ils le déterreraient eux-mêmes, non avec le secours de quelque instrument, mais avec leurs propres ongles, et que le corps de ce seigneur serait conduit de nouveau à la sépulture par les jurats et six-vingts bourgeois en habit de deuil, et le flambeau à la main. » Celle punition ne parut pas encore suffisante, et le connétable exerça à Bordeaux de nombreux actes de barbarie, qui couvrirent à jamais son nom d’ignominie. Enfin, en 1550, après plusieurs humbles réclamations, le châtiment eut un terme ; le parlement bordelais fut réintégré ; on remit à la ville une partie de l’amende exigée, et la plupart de ses privilèges lui furent restitués.

Bordeaux reconnut spontanément Henri IV, mais députa vers lui pour le supplier de rentrer dans le giron de l’Église romaine. Le 25 novembre 1615, Louis XIII épousa dans l’église Saint-André de Bordeaux 1 infante d’Espagne, Anne d’Autriche, fille aînée de Philippe III. En 1635, une insurrection éclata à Bordeaux, qui se révolta encore en 1675 à l’occasion de 1 établissement de l’impôt du papier timbré et de la marque d’étain. En 1787, le parlement, de cette ville, ayant refusé d’enregistrer les édits bursaux, fut transféré à Libourne, où il resta pendant quatre mqis. En 1814, le maire de Bordeaux livra la ville aux Anglais, réunis aux Espagnols et aux Portugais, et fit proclamer les Bourbons. Lors du retour de l’île d’Elbe, la duchesse d’Angoulôine essaya vainement de retenir dans le parti du roi la garnison de Bordeaux ; elle fut contrainte d’aller s’embarquer à Pauillac, en apprenant l’arrivée du général Clausel.

Parmi les hommes célèbres qui sont nés à Bordeaux, nous citerons : le poète Ausone, le pape Clément V, le prince Novi, Berquin, le jurisconsulte Duvergier, les médecins Roux et Magendie ; le comte de Peyronnet, le dernier ministre de Charles X ; Chodruc-Duclos, surnommé le Diogène français ; les peintres Alaux, Bergeret, Brascassat, Diazde la Pena, O. Gué, Auguste et Rosa Bonheur, etc.

— Aipeci général : Port, ponts, quais, portes, promenades, etc. M. Théophile Gautier a tracé en 1840 la description suivante de la capitale de la Guyenne : « Bordeaux a beaucoup de ressemblance avec Versailles pour le goût des bâtiments : on voit qu’on a été préoccupé de cette idée dédé Easser Paris en grandeur ; les rues sont plus irges, les maisons plus vastes, les appartements plus hauts. Le théâtre a des dimensions énormes ; c’est l’Odéon fondu dans la Bourse. Mais les habitants ont de la peine à remplir leur ville ; ils font tout ce qu’ils peuvent pour paraître nombreux ; mais toute leur turbulence méridionale ne suffit pas à. meubler ces bâtisses disproportionnées ; ces hautes fenêtres ont rarement des rideaux, et l’herbe croît mélancoliquement dans les immenses cours. Ce

qui anime la ville, ce sont les grisettes et les femmes du peuple ; elles sont réellement très-jolies : presque toutes ont le nez droit, les joues sans pommettes, de grands yeux noirs dans un ovale pâle d’un effet charmant. Leur coiffure est très-originale ; elle se compose d’un madras de couleurs éclatantes, posé, à la façon des créoles, très en arrière, et contenant les cheveux qui tombent sur la nuque ; le reste de l’ajustement consiste en un grand châle droit qui va jusqu’aux talons, et une robe d’indienne à longs plis. Les femmes ont la démarche alerte et vive, la taille souple et cambrée, naturellement fine. Elles portent sur leur tète les paniers, les paquets et les cruches d’eau qui, par parenthèse, sont d’une forme très-élégante. Avec leur amphore sur la tête, leur costume à plis droits, on les prendrait pour des filles grecques et des princesse ; Nausicaas allant k la fontaine. > La

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grisette bordelaise, cette fille accorte et rieuse, dont l’écrivain poète a fait un si séduisant portrait, est un type qui s’efface de jour en jour ; bientôt, il aura disparu. En revanche, la ville a beaucoup gagné en mouvement, en animation, dans ces dernières années ; sa population, qui ne dépassait guère 100,000 âmes en 1840, s’est accrue de plus d’un tiers depuis cette époque. Les grandes bâtisses bordelaises ne paraissent donc plus aussi disproportionnées. La plus grande activité règne sur les quais, au bord du fleuve, qui forme en cet endroit de son cours un arc de cercle, d’où est venu le surnom de Poïït de la lumi, donné a ce magnifique portnaturel.

Le Pont, jeté sur la Garonne, entre laville et le faubourg de La Bastide, où est située la gare du chemin de fer de Paris, est un monument des plus remarquables en son genre, Sa construction, projetée pour la première fois en 1776, regardée d’abord comme impossible et longtemps discutée, n’a été commencée qu’en 1810. À cette époque, le pont fut fait en charpente, avec deux culées en maçonnerie : mais neuf ans plus lard, il fut transformé en un pont de pierre et de brique, et ouvert à la circulation le 29 septembre 1821. Les ingénieurs furent MM. Deschamps et Billaudel. Long de 486 m. 68c, large de 14 m. 80 c.. entre les parapets, ce pont se compose de dix-sept arches a plein cintre en maçonnerie, reposant sur seize piles et doux culées eu pierre. Les sept arches du milieu, d’égale dimension, ont 26 111, 49 de diamètre ; celles qui suivent décroissent successivement jusqu’aux culées, près desquelles elles n’ont que 20 m. 84. Les piles, épaisses de 4 m. 21, sont couronnées d’un cordon et d’un chaperon, et se raccordent avec la douelle des voûtes au moyen d’une voussure qui donne plus de grâce et de légèreté a 1 ensemble du monument, en même temps qu’elle facilite l’écoulement des grandes eaux et des corps flottants. Lai pierre et la brique sont disposées sous les voûtes de manière à simuler l’appareil des caissons d’architecture. Le tympan, ou l’intervalle entre deux arches, est orné du chiffre royal sculpté sur un fond de briques. Au-dessus des arches règne un entablement a modillons d’un style sévère. Deux pavillons, décorés de portiques d’ordre dorique, s’élèvent à chacune des extrémités de la chaussée, sous laquelle sont pratiquées de vastes galeries, qui allègent le poids des voûtes et permettent de visiter en tout temps l’état des arches. Du haut du pont, la vue s’étend surtout le port et sur ses quais bordés de maisons monumentales, de magasins, de chantiers.

En amont du pont de pierre, on a jeté sur la Garonne, il y a quelques années, un pont en fonte, d une construction élégante et hardie, destiné à relier les chemins de fer du Midi et d’Orléans. Ce pont se compose de 7 travées, dont 2 de 57 m. 50 c. et 5 de 77 m. Les piles sont formées de deux énormes cylindres en fonte, de 30 m. de haut, dont un tiers seulement au-dessus de l’étiage, et dans lesquelles on a coulé du béton. « A le voir de loin, simple et dégagé qu’il est, dit le journal la Gironde, on se fait difficilement une idéu de l’impression que l’on éprouve en posant le pied sur le nouveau pont. C’est une masse imposante et légère à la fois. Sans doute, ce n’est pas l’élégante majesté du plein cintre et des arceaux multipliés ; c’est la netteté de la ligne droite, pleine de force, défiant, sur les rares piliers qui la supportent, les fardeaux les plus énormes.»

La Porte-Bourgogne, qui s’élève en face du pont, fut bâtie de 1751 à 1755. Appelée d’abord la porte des Salinières, parce que les bateaux de sel se déchargeaient dans le voisinage, elle reçut son nom actuel du duc de Bourgogne, fils de Louis XV. En 1807, elle fut démolie en partie et transformée en arc de triomphe pour le passage des troupes qui se rendaient en Espagne. Bordeaux possède encore plusieurs autres portes, parmi lesquelles il nous suffira de citer : la porte d’Aquitaine ou de Saint-Julien, construite à la même époque et à peu près sur le même plan que la précédente, et qui servit d’arc do triomphe aux Bourbons rentrant en France en 1814 ; la porte du Palais, connue encore sous les noms de porte Royale ou porte du Cailiiau, construction de la fin du xvu siècle, qui servit primitivement d’entrée au palais de lOmbrière, résidence des ducs d’Aquitaine, et qui futtransformée en arc de triomphe pour Charles VII ! après la bataille de Fornoue ; la porte de I’Hôtkl de ville, bâtie au xne siècle al’un des angles de l’ancien hôtel de ville, détruite en partie par le connétable de Montmorency, réparée en 1556 et en 1757 ; elle sert, de beffroi, d où lui vient le nom de porte de la G rosse-Cloche, sous lequel elle est communément désignée ; elle est coiffée de trois tourelles, dont l’une, celle du milieu, a pour ornement une lanterne que ’ surmonte un lion.

La plus grande et la plus belle place de la ville est la place des Quinconces, dont tout Bordelais se montre aussi fier que le Marseillais peut l’être de sa Cannebiere. C’est une esplanade de 280 m. de long sur SO m. de large, située au bord de la Garonne, à l’endroit où s’élevait autrefois le Château Trompette, forteresse construite par Charles VII, agrandie et modifiée par Vauban, et dont la démolition, commencée en 1785, ne fut ache-