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un splendide hôtel et quinze cuisines, dont la principale ne mesurait pas moins de 40 m. de long sur 8 m. de large. Une machine à vapeur de la force de seize chevaux, fonctionnait sans relâche et faisait bouillir des marmites pantagruéliques. Tout Paris vint en foule visiter ce gigantesque établissement qui n’avait pas son précédent dans l’histoire gastronomique et qui vraisemblablement n’aura pas de sitôt son pareil. Les vaudevillistes et les chansonniers s’occupèrent du vicomte de Botherel, qui engloutit dans ses cuisines plusieurs, centaines de mille francs. Loin de se décourager pourtant, l’industriel noble se jeta dans d’autres entreprises non inoins singulières pour la plupart que celle des omnibus-restaurants ; malheureusement, il ne réussit qu’à perdre peu à

peu presque toute sa fortune. Retiré en Bretagne, il s’occupait d’écrire un ouvrage en quatre volumes intitulé : les Infirmités humaines, quand la mort le surprit. Huit ou dix personnes seulement assistaient aux obsèques du vicomte de Botherel, dont les conceptions hardies avaient jadis ému et surpris Paris, la grande ville des surprises et des émotions. Il avait été secrétaire d’ambassade avant de se lancer dans la spéculation.

BOTHNIAQUE. V. BoTNIAQUE.

BOT11ME. V. Botnie.

BOT1IOA. V. Nicolas-du-Pelem (saint-).

BOTHRIDÈRE s. m. (bo-tri-dè-re — du gr. bothrion, petite cavité ; dêre, cou). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des xylophages, comprenant une dizaine d’espèces, dont une seule habite l’Europe.

bothridie s. m. (bo-tn-dl — du gr. bothrion, petite cavité.) Helminth. Genre de vers intestinaux, semblables aux ténias, et comprenant une seule espèce, qui vit dans les intestins dos serpents du genre python.

BOTHRIMONE s. m. (bo-tri-mo-ne — du gv. bothrion, suçoir monos, unique). Helminth. Genre de vers intestinaux, voisin des ligules et des bothriocéphale ?, et comprenant une seule espèce, trouvée dans les intestins d’un esturgeon.

bothriocéphale s. m. (bo-tri-o-sé-fa-lo

— du gr. bothrion, petite fosse ; kcphalè, tète). Helminth. Genre de vers intestinaux. dont une espèce vit dans le canal intestinal de l’homme : Les anneaux du bothriocéphale, détachés tes uns des autres, portent le nom de cucurbitains. (Gervais.)

— Encycl. Zool. Le bothriocéphale est un genre de ténioule de la deuxième tribu de l’ordre des cestoïdes (anorhynques de de Blainville). Il est caractérisé par une tète renflée en olive, légèrement déprimée, très-petite relativement au volume considérable du corps ; elle n’est pas tubéreuse comme celle du ténia, et elle est toujours dépourvue de crochets, ce qui a fait donner au ver le nom û’inermes dibothriri. En examinant attentivement les faces latérales, on distingue de petites excavations allongées, au nombre de deux et terminées en cul-de-sac : ce sont les fossettes ou suçoirs, véritables ventouses au moyen desquelles le parasite se fixe sur un point de la muqueuse intestinale. Le corps, aplati, rubané, correspond à la tête par un col allongé, très-étroit. Ce corps est formé par une succession consi- ’ dérublé de pièces ou articles, qui, d’abord , quadrilatères, se déforment à mesure qu’on les examine plus postérieurement ; la dernière pièce de cette chaîne n’est plus constituée que par un petit renllement ovoïde. Le bothriocéphale est hermaphrodite ; les ovaires sont placés au niveau de chaque article et en nombre égal ; ils sont plus ou moins symétriques, cylindroîdes, droits ou quelquefois contournés sur eux-mêmes ; l’oviducte s’ouvre sur une des faces du ver, mais toujours dans le plan médian de cette face, tandis que, chez le ténia, ces organes sont placés sut- le bord de l’article correspondant ; c’est là un caractère différentiel important. Le pénis, plus apparent, est également situé sur le milieu de la face et à peu de distance de l’oviducte. Le bothriocéphale est blanc nacre, légèrement transparent, quelquefois jaunâtre on grisâtre. La nutrition se fait par endosmose, non-seulement par la tête, comme on serait tenté de le croire de prime# abord, mais par toute l’étendue du corps ; les principes nutritifs absorbés se rendent dans de grands canaux longitudinaux placés sous l’enveloppe tégumentaire ; ces vaisseaux remplacent le tube digestif chez les helminthes de cet oidrs.

Parmi les lothriocéphales proprement dits se trouve le grand bothriocéphale de l’homme, qui mesure souvent jusqu’à 25 ou 30 ni. de longueur : c’est le taenia prima (Plater), le tœnia veterum (Spigel), le tœnia lata ou vulgaris (Linné), le tœnia inerme des médecins, le ver solitaire gris de quelques auteurs. Diesing en a fait connaître deux espèces particulières : le dibothrium decipiens du chat, et celui du chien, le dibothrium serratum ; ce dernier est assez commun.

Une variété de bothriocéphale, connue sous le nom de mazette, se rapproche beaucoup du tœnia solium par la conformation de sa tète, qui est tétragone, pourvue de quatre fossettes bordées d’auricules saillantes. On trouve souvent la mazette chez les poissons de mer, ta sole, le merlan, la raie, le turbot et le saumon. L’homme des contrées du nord de l’Europe en est fréquemment affecté.

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Les ligules, classées parmi les anorhynques bothriocép/iales, ne sont pas hermaphrodites ; le corps n’est pas articulé, mais rinement strié transversalement ; la tête est dépourvue de ventouses. La reproduction de ces helminthes semblerait s’effectuer comme chez les lombrics, avec lesquels les ligules ont du reste la plus grande analogie. Cettéespèce est particulière à certains poissons d’eau douce de la famille des cyprinoïdes, entre autres le cyprimts albunuis (Linné), vulgairement appelé ahle, gardon, poisson blanc. On la rencontre aussi chez le chien, le chat, et chez tous les oiseaux piscivores, le canard, la mouette, le cygne, le héron, etc. Sa longueur est de 0 m. 15 à 0 m. 20 environ. Quelques auteurs ont considéré la ligule comme le scolex du bothriocéphale.

Suivant la remarque faite depuis longtemps par les médecins, le bothriocéphalese rencontre rarement chez les habitants des pays où le tœnia est commun, et réciproquement. On le trouve dans deux régions bien distinctes : le nord et le centre de l’Europe ; en Russie, en Norvège, en Suède, etc. Linné l’a trouvé si commun en Suède, qu’il lui avait donné le nom de tœnia vntgaris. Selon Huss, le bothriocéphale serait rare en Islande. Pour les pays du centre où vit ce parasite, ce sont : la Suisse, le nord de l’Italie, et quelques provinces de la Germanie. Odier de Genève le cite comme étant très-commun chez les habitants du canton de Vaud, surtout ceux des rives du Léman. Le bothriocéphale est susceptible de se transmettre à l’homme et à tous les animaux vertébrés. Son état de larve est inconnu, mais on doit admettre a priori qu’il passe successivement par les trois périodes aaïuf, de scolex et de strobile, ainsi que cela a lieu pour tous les cestoïdes en général. Cette hypothèse permet d’expliquer la transmission du ver du poisson à l’homme et aux autres mammifères, et réciproquement, car on ne peut nier le rapport intime qui existe entre la présence du ver chez les poissons de certaines localités et chez les habitants de ces mêmes localités. La mazette, par exemple, très-commune chez les poissons de mer, est également très-commune chez les peuples de la Baltique ; les ligules et autres bothnocéphales se rencontrent fréquemment dans.les poissons des lacs de la Suisse et de la haute Italie, et on les trouve dans une proportion effrayante chez les habitants des contrées environnantes. La cause dépend évidemment du mode d’alimentation. Pour les peuples du nord qui mangent les poissons de mer fumés, on comprend assez comment la transmission peut s’effectuer ; mais on se l’explique difficilement pour les habitants de l’Europe centrale, qui ne mangent jamais que des poissons suffisamment cuits.

Les poissons sont en général voraces, surtout les cyprins ; on les voit sans cesse sejourner auprès des rives, à l’embouchure des égouts, dans les voisinage des abattoirs, et seHeter avidement sur tous les débris animaux charriés par l’eau ; c’est en fouillant la vase, en cherchant leur vie dans les immondices qu’ils rencontrent Vœufdu bothriocéphalé. Une fois absorbé, vcet œuf subit une première transformation, il devient scolex ; mais là ne s’arrêtera pas la migration : le scolex passe dans le tube intestinal des autres’poissons auxquels les cyprins servent d’appât, la truite, le brochet, etc., ou dans l’intestin de l’homme, du chat, du canard, etc. Ici le développement du parasite est complet, le ver est formé de toutes pièces, il est strobile.

Parmi les ouvrages qui traitent spécialement la question du bothriocéphale, on peut citer ceux de Rudolphi, de Bremser, d’Odier de Geaève, de de Blainville ; M. Davaine, dans son Traité des maladies vermineuses de l’homme, et M. Georges Recordon, dans un mémoire lu à la Société de biologie (1866), ont fourni sur cet annélide les renseignements les plus précis.

— Pathol. Le bothriocéphale est, comme le ténia ou ver solitaire, parasite de l’homme et de quelques animaux ; mais il attaque plus exclusivement les Russes, les Polonais, les Suisses, et quelques départements français. Suivant une opinion généralement répandue, il est héréditaire, et on ne s’en débarrasse pas facilement en changeant de pays. Il s’attaque de préférence aux individus lymphatiques, scrofuleux, habitant les lieux sombres, bas et humides, ou mal nourris. Le ver ne trahit sa présence que par des symptômes assez obscurs ou, tout au moins, peu caractéristiques. Cependant les malades éprouvent quelquefois de la fétidité dans l’haleine et la salivation, des éructations, du ballonnement du ventre, une sensation d’ondulation dans cette région, des picotements à l’ombilic, des douleurs de ventre et une diarrhée intermittente. À ces symptômes se joignent quelquefois, mais d’une manière moins constante et moins caractéristique encore, quelques phénomènes sympathiques, tels que : démangeaisons à l’anus, lassitudes et crampes des extrémités, céphalalgie, étourdissements, insomnie, etc. ; mais un symptôme absolument caractéristique et qui manquera rarement de se produire dans le cours de la maladie, c’est que les selles entraîneront à diverses reprises des portions plus ou moins considérables d’un ver rubané, qui ne peut être qu’un bothriocéphale ou un ténia. Le microscope permet facilement d’établir la distinction ; mais, au reste, elle est peu importante, car le traitement est le même dans les deux cas. Les malades ont le plus grand intérêt à se débarrasser promptement d’une affection, tout

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au moins désagréable, et qui amène à la longue de l’amaigrissement, une teinte jaune et pâle de la face et une faiblesse générale. Les médicaments connus sous le nom de tœnifuges sont applicables au bothriocéphale ; ils sont aussi très-nombreux, ce qui vient de ce qu’ils ne réussissent pas toujours. Le plus vanté des taenifuges est l’écorce fraîche de racine de grenadier ou l’écorce sèche de racine de grenadier de Portugal, qui se prend en tisane à la dose de 60 gram., ou en poudre, associée à des purgatifs drastiques, à la dose de 5 grain. Le kousso d’Abyssinio a été aussi fort employé ; il faut avaler les fleurs h la dose de 15 à îo’gr. La racine ou rhizome de fougère mâle, à la dose de 30 à 50 gram. ; l’huile éthérée de fougère mâle, à la dose de 2 grain. ; la poudre d’étain, autrefois très-vantée et abandonnée aujourd’hui ; l’essence de térébenthine et l’huile empyreumatique de corne de cerf ; enfin les pépins de courge et les espèces vermifuges associées aux purgatifs, sont employés’aux mêmes usages et ont joui, en leur temps, d’une célébrité aujourd’hui contestée pour quelquesuns.

BOTHRIOCÈRE s. m. (bo-tri-o-sè-re— du gr. bothrion, petite cavité ; keras, corne). Entom, Genre d’insectes hémiptères, de la famille des fulgores, comprenant un petit nombre d’espèces, qui vivent dans l’Amérique du Sud.

BOTHRIOLITHE s. f. (bo-tri-o-li-te — du gr. bothri.on) petite cavité ; lithos, pierre). Miner. Variété de borate calcaire.

bothrion s. m. (bo-tri-on — mot grec qui signifie petite cavité). Chir. Ulcère peu profond de la cornée transparente.

BOTHRIONOPE s. m. (bo-tri-o-no-pedu gr. bothrion, petite cavité ; ôps, ôpos, œil). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétrBOTHWELL (John HEPBURN, comte DE), seigneur écossaisamères, de la famille des cycliques, comprenant quatre espèces, qui vivent à Java.

bothrioptère s. m. (bo-tn-op-tè-redu gr. bothrion, petite cavité ; pteron, aile). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, comprenant six espèces, dont deux se trouvent en Europe.

BOTHRIOSPERME s. m. (bo-tri-o-spèr-me du gr. bothrion, petite cavité ; sperma, semence). Bot. Genre de plantes, de la famille des borraginées, comprenant trois ou quatre espèces, qui croissent dans le nord de la Chine et ont le port des myosotis.

bothrops s. m. (bo-trops ; du gr. bothros, cavité ; ôps, œil). Erpét. Syn, de teugonocêphalb.

BOTHVIDI (Jean), théologien suédois, né en 1577, mort en 1635. Aumônier de Gustave-Adolphe, il le suivit dans la plupart de ses campagnes, et fut nommé, en 1630, évêque de Linkoping. Ce fut Bothvidi qui organisa la réforme en Saxe et érigea les consistoires da Magdebourg et de Minden. On a de lui un grand nombre de sermons, dont les plus remarquables sont : les Serinons jubilaires prêches dans la chapelle du château de Stockholm (1621) ; Oraison funèbre de Gustave-Adolphe (1634). On cite égalementde lui une dissertation latine sous ce titre : Utrum Moscomtœ sint christiani (1620).


BOTHWELL, village d’Écosse, comté de Lanark, à 14 kilom. S.-E. de Glascow, sur la Clyde et le Calder ; 4,000 hab. Dans les environs, on remarque le château moderne dos Douglas et les restes du château historique de Bothwell. Ce dernier, bâti en pierre rouge, formait un vaste carré oblong, flanqué au sud de deux grosses tours rondes, et couvrait un espace de 71 mètres de long sur 30 de large. Son origine est inconnue. À l’époque de Wallace, il appartenait aux Douglas, et, après avoir été la propriété successive du comte de Pembroke, d’Andrew Murray, de John Ramsay et des Hepburns, comtes de Bothwell, il revint aux Douglas, qui habitent le château moderne construit près des ruines de l’ancien.

Le Pont de Bothwell, sur la Clyde, est célèbre par la bataille qui porte son nom (1679), dans laquelle les soldats écossais du covenant furent battus par le duc de Monmouth, et qui a fourni à Walter Scott le sujet d’un des chapitres les plus intéressants de son beau roman les Puritains d’Écosse. Voir l’article suivant.


BOTHWELL (bataille de). On connaît les troubles politiques et religieux qui agitèrent l’Écosse longtemps encore après la mort de Charles Ier, et sous le règne même de son fils, Charles II. Le duc de Monmouth, fils naturel de ce dernier, fut envoyé dans ce pays avec le titre de gouverneur ; mais sa présence ne parvint point à calmer l’irritation croissante des covenantaires ou presbytériens, qui, poussés à bout par l’excès de l’oppression, assassinèrent le primat d’Écosse et s’insurgèrent contre le gouvernement qui pesait sur eux. À cette nouvelle, le duc de Monmouth marcha contre eux à la tête de quelques troupes anglaises, et alla camper dans la plaine de Bothwell-Moor, près de la Clyde, rivière au delà de laquelle était assis le camp des covenantaires, qui avaient placé une forte garde à la tête du pont de Bothwell. Rien de plus curieux que le récit des incidents, aujourd’hui tragicomiques, qui précédèrent la bataille ; il faut les lire surtout dans Walter Scott, l’historien le plus coloré et le plus fidèle peut-être, sous sa forme romanesque, de ces temps d’exaltation furibonde et de fanatisme échevelé, où toutes les dénominations se puisaient dans la Bible, comme, sous notre République, on sacrifiait à la fièvre patriotique en s’appelant Brutus, Caton, Mucius Scaevola, Curtius, Decius, e tutti quanti ; tant il est vrai que les révolutions les plus terribles ont leur côté ridicule ; aussi les noms d’Habacuc, d’Achab, d’Athalie, de Babylone, retentissaient tumultueusement dans le camp des presbytériens, tandis que, chez les Anglais, une froide discipline réglait tous les mouvements. Chez les premiers, néanmoins, quelques chefs intelligents, bien convaincus qu’il ne suffisait pas d’appeler l’ennemi Satan ou Bélial pour l’engloutir dans les abîmes qui avaient dévoré Coré, Dathan et Abiron, avaient fait quelques préparatifs de défense au pont de Bothwell, par lequel les Anglais devaient venir à eux. Bientôt, en effet, les presbytériens virent l’infanterie ennemie se déployer en bon ordre, flanquée à droite et à gauche d’une cavalerie redoutable, et des artilleurs établir une batterie de canons pour foudroyer le camp de l’autre rive de la Clyde. Aux bruyantes clameurs bibliques qui venaient de se faire entendre succéda alors un profond silence ; tous ces énergumènes semblaient frappés de terreur et se regardaient les uns les autres, puis reportaient les yeux sur leurs chefs, avec cet air d’abattement qu’on remarque chez un malade qui sort d’un accès de frénésie.

Les Anglais attaquent enfin le pont avec vigueur. Deux régiments des gardes à pied, se formant en colonne serrée, marchèrent sur la Clyde ; l’un, se déployant sur la rive droite, commença un feu meurtrier sur les défenseurs du passage, tandis que l’autre cherchait à occuper le pont. Les presbytériens, malgré le découragement qu’ils venaient de manifester, soutinrent vigoureusement cette attaque, et répondirent au feu des assaillants par des décharges continuelles, qui firent essuyer de grandes pertes aux troupes royalistes et les contraignirent par deux fois à reculer. Monté sur un superbe cheval blanc, Monmouth, de l’autre côté de la rivière, pressait, encourageait ses soldats. Les canons, qui avaient été jusqu’alors employés à inquiéter le camp principal des covenantaires, furent tournés contre le pont et ses défenseurs ; mais les rebelles, abrités par un taillis ou protégés par des maisons, combattaient à couvert, pendant que les royalistes étaient exposés de toutes parts. Monmouth, voyant l’ardeur de ses troupes se refroidir, descendit alors de cheval, rallia ses gardes et les conduisit à un nouvel assaut, pendant qu’un de ses généraux, s’élançant à la tête d un corps de montagnards du clan de Lennox, se précipitait sur le pont en faisant retentir son cri de guerre. Malheureusement pour les défenseurs du pont, les munitions commencèrent à leur manquer ; après en avoir inutilement envoyé demander au principal corps des presbytériens, qui restait inactif dans la plaine, ils durent ralentir leur feu, au moment même où celui des Anglais devenait plus nourri et plus meurtrier. Ceux-ci parvinrent enfin à s’établir au milieu du pont, et écartèrent tout ce qui s’opposait à leur marche, arrachant et jetant dans la rivière les poutres, les troncs d’arbre et les autres matériaux que les rebelles y avaient accumulés en forme de barricade. Ils restèrent alors maîtres du pont, et l’armée anglaise tout entière put le traverser pour se déployer en ordre de bataille dans la plaine. La cavalerie royale commença alors à charger les covenantaires, tandis que deux divisions d’infanterie menaçaient leurs flancs. Les rebelles se trouvaient dans cette situation où l’imminence d’une attaque suffit pour imprimer une terreur panique ; le découragement les rendit incapables de soutenir cette charge de cavalerie exécutée avec l’appareil le plus terrible des combats. la rapidité des chevaux, l’ébranlement de la terre sous leurs pas, les éclats des sabres, le balancement des panaches et les clameurs des cavaliers. Le premier rang fit à peine une décharge de mousqueterie, et, dès ce moment, le champ de bataille n’offrit plus qu’une scène d’horreur et de confusion. Les presbytériens, enfoncés de toutes parts, ne songèrent même plus à se défendre et jetèrent leurs armes pour rendre leur fuite plus facile et plus rapide : un corps de douze cents rebelles jeta ses armes à l’approche de Monmouth et se rendit à discrétion ; le duc leur fit grâce de la vie, puis il parcourut le champ de bataille et ordonna de cesser le carnage (1679). La journée de Bothwell fut pour les presbytériens un coup dont ils ne se relevèrent jamais.


BOTHWELL (John Hepburn, comte de), seigneur écossais, célèbre dans l’histoire de Marie Stuart, dont il fut le champion, le ravisseur, l’époux, et qui, enveloppé dans sa fatale destinée, alla mourir prisonnier dans un château isolé du Danemark en 1578. Fidèle partisan de Marie de Lorraine, il prit part à la guerre civile qui éclata sous sa régence (1559-1560) et contribua vaillamment au succès des troupes royales. Marie Stuart étant montée sur le trône, il embrassa énergiquement sa cause ; mais une querelle avec le comte Murray, frère naturel de la jeune reine, l’ayant obligé de quitter le royaume, il se rendit d’abord en France, puis en Norvège, où il épousa, à Bergen, Anna, fille de Christophe, de la maison de Benkestok. De retour avec elle en France,