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en manifestations passionnées, mais encore on sacrifices do toute nature ; les citoyens se dépouillaient à l’envi pour remédier à la pénurie du trésor et soulager la détresse publique. Ce serait une histoire bien curieuse et bien touchante que celle des dons patriotiques. Chose caractéristique : les riches mêmes donnaient ; on dotait la divinité nouvelle, la Liberté, comme autrefois on fondait des messes et comme on sacrifiait ses bijoux, à la Vierge ou aux saints.

Nous mentionnerons ici un épisode qui peint assez bien cette contagion de patriotisme et de désintéressement.

Dans la séance de l’Assemblée nationale du 20 novembre, on lut une adresse de la ville d’Issoudun, qui, en adhérant aux décrets de l’Assemblée, envoyait comme offrande à (a patrie un don de plus de cent marcs d’argent ; c’était le produit de toutes les boucles de souliers des citoyens de cette ville. Au milieu des applaudissements, M. d’Ailly propose aux députés d’imiter cet exemple, ce qui fut adopté par acclamation. Les représentants ne portèrent plus dès lors que de simples lacets ou des boucles de cuivre, qui reçurent le nom de boucles nationales.

Une espèce de gazette rimée qui se publiait alors, le Nouveau journal, célébra cet événement par une chanson naïve dont nous citerons quelques fragments. L’adresse, mise en couplets, se terminait par ces quatre vers (ce sont les envoyés d’Issoudun qui parlent) :

Ce n’est pas un grand sacrifice, Car les hommes étant égaux.

Il serait de toute justice

Que chacun portât des sabots.

D’Ailly se lève, il s’écrie :

■ Ah ! messieurs, quel beau moment 1

« Imitons, je vous supplie,

« Un exemple si touchant ;

« Et dans l’instant,

■ Sur l’autel de la patrie,

« Offrons nos boucles d’argent. •

On applaudit ; un saint transport

A saisi l’assemblée ;

Aussitôt, d’un commun accord,

La voilà débouclée, etc.

, Rappelons encore une anecdote à propos des boucles de souliers : lorsque Roland, le célèbre girondin, fut appelé par Louis XVI à faire partie du ministère patriote, et qu’il parut à la cour, sa simplicité philosophique excita quelque rumeur. Mais laissons parler Mme Roland, qui a consigné le fait dans ses mémoires : « La première fois, dit-elle, que Roland parut à la cour, la simplicité de son costume, son chapeaurond et les rubans qui nouaient ses souliers, tirent l’étonnement et le scandale de tous.les valets, de ces êtres qui, n’ayant d’existence que par l’étiquette, croyaient le salut de l’empire attaché à sa conservation. Le maître des cérémonies, s’approchant de Dumouriez d’un air inquiet, le sourcil froncé, la voix basse et contrainte, montrant Roland du coin de l’œil : « Eh I monsieur, point de boucles à ses souliers ! — Pas de boucles ! Ah ! monsieur, tout est perdu I répliqua Dumouriez avec un sang-froid à faire éclater de rire... •

Boucle de cbeveux enlevée (la), poème héroï-comique de Pope, publié en 1713 et dont le sujet est le rapt d’une boucle de cheveux (the Râpe of the Lock) que, dans un accès de galanterie, lord Petre avait coupée parmi les tresses blondes d’une beauté à la mode, mistress Arabella Fermor, qu’il était sur le point d’épouser, familiarité que la belle prit en mauvaise part et qui amena la rupture du mariage. Un ami de Pope lui proposa de réconcilier les deux familles par une pièce de vers qui, en flattant mistress Fermor, dissiperait son ressentiment. Le poète n’avait alors que vingt ans. Comment remplir le cadre assez étendu de cinq chants, avec un sujet si mince et si prosaïque, cette boucle fût-elle la chevelure de Bérénice ? Après avoir débuté par l’exposition du sujet réel : « Je chante une cruelle offense causée par l’Amour, et une querelle sérieuse née d’une hardiesse badine... » Pope se tira d’embarras grâce à l’emploi du merveilleux, ce que les Anglais appellent machinery ; il tira ce merveilleux du sj’stème imaginaire des cabalistes ou des frères Rose-Croix. Il fut initié à ces mystères ou, comme l’on dirait aujourd’hui, à ce spiritisme, par un livre de l’abbé de Villars, intitulé le Comte de Gabalis, que les femmes du monde lisaient comme un roman ordinaire. Le premier chant expose cette théorie des esprits qui peuplent les quatre éléments : les gnomes ou démons, logés dans la terre ; les nymphes, habitantes des ondes ; les salamandres, vivant dans le feu ; et les sylphes, jolies et aimables créatures, répandus dans l’air. Tout ce qui est contenu dans les autres chants est également fabuleux, à l’exception de l’enlèvement de cette charmante boucle de cheveux a dont le po&te ne parle jamais qu’avec respect. » Tous les héros du poème ne sont pa3 des êtres moins imaginaires que les esprits aériens qui y agissent.

Des deux côtés du détroit ; les opinions, sont encore partagées sur le mérite littéraire de ce spirituel badinage. Lorsqu’il parut, les beaux esprits et les gens de la cour, en Angleterre, en firentles plus grands éloges. L’engouement national en vint au point de s’exalter outre me-Bvre : LaZtoucte de cheveux fut unanimement

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placée au-dessus de tout ce que la poésie française pouvait offrir de plus parfait en ce genre. En France, beaucoup d’esprits distingués semblèrent condescendre à ce jugement. On

trouva dans la Boucle de cheveux enlevée de l’invention, du dessin, de l’ordre, de la Action, des images et des pensées. On y remarqua un comique plaisant, sans être burlesque ; des allusions satiriques, sans être offensantes ; des plaisanteries hardies, sans être trop" libres ; des railleries délicates sur les femmes, plus capables de leur plaire que les fadeurs d’un madrigal. On compara ce po&me au Vert-Vert de Gresset, et Voltaire, dans son enthousiasme momentané pour la littérature anglaise, ne craignit pas de mettre la Boucle de cheveux enlevée au-dessus du Lutrin ; l’abbé Desfontaines la traduisit en prose, et, de son côté, Marmontel en donna une élégante traduction en vers, Auiourd’hui, ces admirations se sont un peu refroidies ; M. Villemain est loin d’être de l’avis de Voltaire, et voici comment M. Taine, l’auteur si estimé de VHistoire de la littérature anglaise, s’exprime au sujet du poSrne de Pope, tant vanté par Addison : « L’ensemble dupoSmeest une bouffonnerie en style noble. Il s’agit de faire de cette bagatelle une épopée, avec les invocations, les apostrophes, l’intervention des êtres surnaturels et le reste des machines poétiques. La solennité du style contraste avec la petitesse des événements ; on rit de ces tracasseries comme d’une querelle d’insectes, à Pope dédia son poëme à mistress Arabella Fermor, qui en fut si contente qu’elle en répandit de nombreuses copies. « Evidemment elle n’était pas difficile, dit encore M. Taine, un peu sévère, nous le reconnaissons, pour cette production de Pope. Ce badinage, pour nous du moins, n’est pas du tout badin. La légèreté, la gaieté, en sont à cent lieues. Dorât, Gresset en auraient été stupéfaits et scandalisés. Nous restons froids devant ses plus brillantes réussites. Tout au plus, de temps en temps, un bon coup de fouet nous réveille, mais ce n est pas pour rire. Ces caricatures nous semblent étranges, mais ne nous amusent pas. Cet esprit n’est pas de l’esprit ; tout y est calculé, combiné, artificieusement préparé ; on attend un pétillement d’éclt/îrs, et au dernier instant le coup rate. »

En ramenant à de justes limites les enthousiasmes irréfléchis et les critiques un peu trop vives, nous devons constater que la Bouche de cheveux enlevée est une œuvre spirituelle, supérieure a la Secehiarapita du Tasse. «Une moquerie vive et délicate, dit M. Joubert, de Unes et exactes peintures de mœurs, de la fantaisie et de la gaieté, et, par-dessus tout, une versification légère et harmonieuse, assurèrent une valeur durable à cette œuvre de circonstance. »

Boucle de cheveu» (la), opéra-comique en un acte, paroles d’Hoffmann, musique de Dalayrac, représenté sur le théâtre Feydeau le 29 octobre 1802. Cet ouvrage éprouva une chute complète, malgré le talent des auteurs et le goût du public de ce temps pour leurs productions.

BOUCLÉ, ÉE (bou-klé) part. pass. du v. Boucler. Attaché par une boucle : Une ceinture bouclée. Des souliers bouclés.

— Se disait autrefois pour fermé, enfermé, au propre et au figuré : Il tenoit la ville de Naples bouclée par mer. (Montluc.) Nous sommes bouclés de toutes parts. (Sat. Ménip.)

. — Blas. Se dit de tout animal dont le collier a une boucle d’un émail particulier. Famille Nicolaï : D’azur, au lévrier courant d’argent, accolé de gueules, bouclé d’or. Il Se dit aussi de tout animal qui a un anneau passé dans le nez. Famille Baillan de Forges ; De gueules à la tête de léopard d’or bouclée du même.

— Ichthyol. Raie bouclée, Espèce de raie dont la peau est hérissée d’aiguillons ou pointes. C’est la plus estimée et la plus commune sur les marchés de Paris.

— Disposé en boucles ou anneaux.- Des cheveux bouclés naturellement, bouclés avec soin. Ses cheveux d’un beau noir, et bouclés par masses, prêtaient une grâce indicible à son front. (Balz.) Ses cheveux retombaient en mèches plates, mais bouclées aux extrémités. (Balz.) Et ces cheveux brunissants, pourquoi ne sont-ils pas mieux bouclés ? (Ars. Houss.)

Il Qui a des cheveux bouclés : Un enfant tout bouclé. Elle était déjà coiffée, bouclée et très-parée. Sa tête est bouclée naturellement. La tête du Cupidon, toute bouclée de petits cheveux noirs, est délicieuse. (Th. Gaut.)

— Pop. Enfermer, mettre sous clef, en parlant des prisonniers : À Clichy, le gardien passe devant votre porte, dit bonsoir et vous boucle. (Figaro.) A dix heures, rentrée dans les cellules : on vous boucle chacun chez soi. (Nadar.)

— Art vétér. Boucler une jument, Mettre un anneau à sa vulve, pour empêcher qu’elle ne soit saillie. Les Espagnols et les Italiens jaloux faisaient autrefois subir la même opération à leurs femmes (v. infibulation), et les Romains soumettaient certains chanteurs à une opération analogue. Il Boucler un porc, Lui passer un anneau ou une tige de fer dans le groin, ce qui empêche l’animal’de fouiller la terre, il Boucler un taureau, Lui passer un anneau dans le nez, pour le conduire et le maîtriser plus facilement.

— Ane. art. milit. Bloquer, investir.

—’ Mar. Attacher d’un nœud simple ; d’une

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boucle : Boucler une manœuvre. Il Boucler un port, Le fermer, empêcher qu’il n’en sorte aucun bâtiment. Cette locution a vieilli.

— Chass. Faire sortir de son terrier : Boucler un lapin. Boucler un renard.

— v. n. ou int. Être disposé en boucles : Ses cheveux bouclent naturellement. Elle passa convulsivement les mains dans les flots de cheveux bruns qui bouclaient au front du jeune homme. (G. Sand.)

— Constr. Se fendre, s’écarter dans son épaisseur, en parlant d’un mur : Cette muraille commence à boucler.

Se boucler v. pr. Être bouclé, fermé par une boucle : Les guêtres de chasse se bouclent du haut en bas.

— Attacher, rattacher sa boucle : Bouclezvous, si vous ne voulez perdre votre ceinture.

— Être disposé en boucles, en parlant des cheveux : De longs cheveux châtains, lisses et fins se partageaient en deux bandeaux sur son front et se bouclaient à leurs extrémités. (Balz.) Il Boucler ses cheveux : Cette jeune personne passe la matinée entière à se boucler.

— Antonyme. Déboucler.

BOUCLEMENT s. m.-(bou-kle-man — rad.

boucle). Art vétér. Action do boucler uno jument, pour empêcher qu’elle ne soit saillie, un taureau pour le maîtriser, un porc pour l’empêcher de fouiller.

— Encycl. Le mot bouclement désignait autrefois une opération aussi cruelle qu’inutile, dont les progrès de l’agriculture ont amené le complet abandon. Elle consistait dans l’application de boucles aux organes extérieurs de la génération, chez la femelle, afin qu’elle ne pût se livrer à l’acte de la copulation. Le mot bouclement a aujourd’hui une acception bien différente et toute nouvelle. Il sert à désigner l’application d’une pince ou d’un anneau sur la cloison nasale, près du mufle chez les animaux de l’espèce bovine, ou d’un appareil sur le groin d’un cochon. On boucle les taureaux pour les rendre plus maniables, lorsqu’ils sont devenus trop difficiles à gouverner. Cette opération s’exécute avec la plus grande facilité et presque sans douleur, à 1 aide d’une pince ou d un anneau nasal. La pince, vulgairement appelée mouchette, n’est que d’un emploi accidentel ; on la retire dès que l’animal est rendu à lui-même. Il y a des mouchettes de formes diverses. La plus simple et probablement la meilleure, dit M. Magne, est un ressort que l’on ferme et que l’on ouvre avec un coulant. Le ressort ne doit pas offrir trop de résistance, et le coulant doit être assez gros pour qu’on puisse le faire jouer aisément sur les branches de l’instrument. Celles-ci ont de 0 m. 10 à 0 m. 12 de long ; à quelque distance de leur extrémité, elles présentent un épaulement qui a pour objet de fixer le coulant quand les mouchettes sont en place. Au point ou chaque branche, recourbée en demi-circonférence, doit s’appliquer sur la cloison nasale, on voit un renflement à surface légèrement convexe. À sa partie opposée, l’instrument présente une sorte d’anse à laquelle on adapte une longe ou un bâton conducteur. L’emploi de la mouchette n’ayant lieu qu’à certains moments, il arrive fréquemment qu’on éprouve des difficultés sérieuses lorsqu’il s’agit de l’appliquer aux animaux d’un caractère peu soumis. On préfère alors se servir de l’anneau nasal, qu on établit à demeure, et dont l’effet est suspendu toutes les fois que l’animal qui le porte n’est pas appelé à rendre un service. Cet anneau est un fer d’un diamètre un peu plus grand que la largeur du mufle. On en a fait de toutes les formes. Le plus commode est celui que l’on doit à M. Porcheron, vétérinaire à Orléans. On peut le placer sans perforation préalable de la cloison nasale, car l’appareil porte une pointe aiguë triangulaire qui opère cette perforation sans le secours d’aucun instrument. Lorsque l’anneau ne doit pas être utilisé activement, on le fixe au moyen d’une anse et d’une courroie ; on le rend libre, au contraire, et on y adapte une longe, lorsqu’on veut maîtriser l’animal. On trouve parfois des taureaux si méchants que la longe est insuffisante à les maintenir ; il faut alors se servir d’un bâton conducteur. Ce bâton est formé d’une hampe en bois de frêne, lisse et solide, longue d’environ 1 m. 50, que termine un crochet de fer contourné en S. Ce crochet est disposé de manière à pouvoir saisir l’anneau à distance, il s’accroche et se décroche avec facilité, sans jamais se détacher contre la volonté de celui qui en fait usage. Par lui-même, l’anneau nasal ne présente aucun inconvénient, et il fournit le moyen de maîtriser sûrement une bête

1 dangereuse. Son emploi, qui se répand de jour en jour, permettra désormais de conserver à la reproduction des animaux de choix que leur humeur farouche oblige à réformer trop tôt. « Le bouclement du porc a pour but d’empêcher l’animal de fouiller la terre et de nuire, par conséquent, aux semences et aux plantations. Divers moyens plus ou moins compliqués ont été imaginés ; le plus simple et le Î>lus anciennement employé est certainement e meilleur. On prend un ou deux clous de fer à cheval dont on aiguise la pointe, ou bien un morceau de fil de fer plié en deux et se terminant en’une pointe acérée à.chaque extrémité ; on introduit, soit les clous, soit le fil de fer, dans l’épaisseur du groin, à un centimètre de son bourrelet, de manière que la pointe di BOUC

rigée eu avant dopasse le groin d’environ un centimètre. On retourne alors cette pointe en regard du groin, de telle sorte qu’elle pique l’animal toutes les fois que celui-ci voudra fouiller le sol.

La seule précaution b, prendre pendant le bouclement du porc, c’est de ne pas blesser l’os du boutoir. On y parviendra facilement en explorant avec le doigt, avant d’opérer, l’intérieur des fosses nasales.

boucler s. m. (bou-clé). Ancienne forme

du mot BOUCLIER.

BOUCLER v. a. ou tr. (bou-klé — rad. boucle). Attacher, serrer, maintenir avec uno boucle : Boucler sa ceinture. Boucler ses souliers. Boucler une valise, un portemanteau.

— Disposer en boucles ou anneaux : Ses cheveux, qu’elle nattait et tordait simplement sur sa tête, elle les lissa et les boucla. (Balz.) il Disposer en boucles les cheveux do ; Boucler un enfant, une femme.

BOUCLERIE s. f. (bou-kle-rî — rad. boucle). Fabrication et. commerce de boucles ; lieu où l’on fabrique des boucles.

bouclet s. m. (bou-klè). Art milit. Nom donné, au xme siècle, à la pièce d’armure appelée plus tard genouillère. V. ce mot. u Ancien nom du bouclier.

BOUCLETEAU s. m. (bou-kle-to — rad. boucle). Art milit. Partie d’une courroie adhérente à un contre-sanglon.

bouclette s. f. (bou-klè-te — dimin. de boucle). Petite boucle, n Petit anneau.

— Techn. Endroit où la ficelle des lisses est traversée dans son épaisseur par une ficelle qui en fait la partie inférieure, il Nom des anneaux de métal dont on borde un filet.

BOUCLEUR s. m. (bou-kleur — rad. boucler). Celui qui boucle un animal, n À Rome, Celui qui bouclait certains chanteurs : Martial, qui plaisante sur tout, parle de ces chanteurs gui rompaient quelquefois leur anneau d’infibulation, et qu’il fallait ramener chez te boucleur. (Virey.)

BOUCLIER s. m. (bou-kli-é— rad. boucle). Marchand ou fabricant de boucles et anneaux métalliques, n Vieux mot.

BOUCLIER s. m. (bou-kli-é. — Comme la plupart des mots désignant le harnachement et 1 équipement militaires, bonclior est d’origine germanique. La forme primitive du mot était boucler, bucler, de la basse latinité bocula, buccula, bucula1 boclerius. La racine

fermanique d’où dérive bouclier signifie osse, et désignait spécialement la partie proeminento.de Vécu, Yumbo des Latins. En ancien haut allemand buchel, bosse, et buchelere, bouclier- en ancien allemand, buchel et buckeler ; en allemand moderne, buchel, bosse ; en anglais, buckler, bouclier ; en islandais, bucklari ; en hollandais, bochehel ;& suédois, pockel, et en danois, bugel, bosse. Le mot boucle dérive de la mémo racine, parce que la courroie qui servait à tenir le bouclier était fixée dans la partie interne de la proéminence. L’italien se sert, pour désigner le bouclier, des expressions scudo, écu (scutum) ;

rotella, targa, clipeo(clypewn), — et l’espagnol, a escudo, de tarja, rodela, adarga, broquél, etc.). Art milit. Ancienne arme défensive que l’on portait au bras gauche, pour s’en couvrir le corps durant le combat : Bouclier rond, ovale, carré, triangulaire. Bouclier d’or, de fer, de peau de taureau, d’osier. S’armer, se couvrir de son bouclier. Les Francs proclamaient leur chef en l’élevant sur un bouclier. Certains boucliers étaient assez larges pour servir de canots. A Lacédémone, la perte de sort bouclier dans une bataille rendait un soldat infâme pour toujours. Une Spartiate, remettant un bouclier à son fils qui partait pour l’armée, lui dit ces mots héroïques ; lieviens avec ou dessus. Dans la lutte, on voit le coude se présenter comme un bouclier devant le visage. (Boss.) Au dire de Pausanias, Ip premier bouclier aurait été inventé à Argos. (Du Chesnel.) Chez les anciens, les guerriers se plai-soient à omer leurs boucliers de figures symboliques (Bouill.) Presque tous les hommes libres de l Italie possédaient un bouclier, une épée, des javelots. (Mérimée.) Les trilobites présentent en général la forme d’un bouclier ovale. (L. Figuier.)

Sur un bouclier noir sept chefs impitoyables Epouvantent les dieux Se serments effroyables.

Boileau.

Les dards croisés, les larges boucliers Sont des héros la couche funéraire.

MlLLSVOYB.

Le fier Latbam, dans cet espoir trompeur, Attaque Ëngist, et sa lance acérée Du bouclier échancre la rondeur.

Pak.ni.

— Fig. Protection, sauvegarde, défense : Quiconque rejette le bouclier de la religion se trouve sans défense au moment du combat. (Mass.) Il y a certaines armes contre lesquelles il n’y a pas de bouchers. (Volt.) Faites-vous un bouclier de votre mérite, et les traits que vous lance l’ennemi tomberont à vos pieds. (Cnateaub.) La calomnie sert au méchant de bouclier contre la médisance. (Boiste.) Il se couvre du bouclier de la chicane et il bataille sur ce terrain. (Cormen.) Il fit approcher de la rein$ ses enfants, pour que leur présence et leur grâce, en attendrissant la foule, servissent de bouclier à leur mère. (Lamart.) Une considération bien acquise est un bouclier sur lequel