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■ CLOVER (Joseph), vétérinaire anglais. V. Cloweiî.

CLOVESHOU ou CL1FFE-RINGS, petite

■ville de la Grande-Bretagne, dans le comté et à 40 kilom, de Northampton,

Ciuvesiioii (conciliîs de). 742. Le premier concile de Cloveshou fut présidé par le roi des Meroiens, Ethelbald, et l’archevêque de Cantorbéry, (Juthbert. On y confirma le célèbre privilège de franchise accordé par le roi Witnered aux Églises de la province de Kent.

747. Le même roi et le même archevêque convoquèrent un second concile pour réformer les mœurs. Trois évêques du pays des Merciens et huit de diverses provinces d’Angleterre s’y trouvèrent. On lut deux, lettres du pape Zacharie, puis celle de saint Boniface à (Juthbert, puis les homélies de saint Grégoire et les décrets des Pères. Après de longues délibérations, on publia trente canons, qui se bornent presque tous à confirmer les anciennes règles de discipline, et ne contiennent guère que des avis généraux, aux évêques sur 1 accomplissement de leur devoirs. Les évêques doivent s’acquitter de toutes les fonctions de leur ministère avec zèle et vigilance ; ils seront plus occupés du service 3e Dieu que des affaires séculières, et s’appliqueront à former les mœurs des peuples confiés à leurs soins par leurs instructions et par leurs exemples ; quoique séparés les uns des autres "par les limites de leurs diocèses, ils seront unis par les liens de la paix et de la charité ; chaque année, ils feront la visite de leurs diocèses et travailleront à détruire les restes des superstitions païennes, lis n’ordonneront ni prêtres, ni clercs, ni moines, qu’ils ne se soient assurés auparavant de la probité de leur vie, de leur doctrine et de leur capacité. On fait les mêmes recommandations aux prêtres qui doivent prêcher la parole de Dieu et administrer les sacrements dans tous les lieux de leur dépendance. Non-seulement ils apprendront le Symbole, l’Oraison dominicale, les prières de la messe, celles du baptême et les cérémonies qui s’observent dans l’administration des sacrements ; mais ils les expliqueront encore en langue vulgaire à ceux dont ils sont chargés. On conservera partout l’uniformité dans l’administration des sacrements. Les prêtres, en s’acquittant de l’office divin, ne déclameront point à la manière du théâtre, mais ils chanteront modestement et simplement, suivant l’usage de l’Église. On oDservera les fêtes de toute l’année, selon le rit de l’Église romaine, et le jour même qui est marqué dans le martyrologe romain. C’est la première fois qu’il est. fait mention de ce martyrologe, qui est celui de Bède sans doute. Les moines seront soumis a leurs supérieurs ; ils vivront selon leur institut et s’habilleront modestement, sans rechercher dans leurs habits de vains ornements. Les évêques veilleront sur les monastères situés dans leurs diocèses, prendront garde qu’on y vive en paix, que les moines s’y appliquent au travail, que les séculiers n’y entrent pas facilement, et que ces maisons ne soient pas des retraites de poètes, de musiciens et-de bouffons. Les repas des religieux et des religieuses seront d’une grande frugalité. On exhortera tous les chrétiens à une fréquente communion. Le concile défend de donner l’aumône dans le dessein de pécher plus librement, ou pour diminuer la pénitence canonique, ou pour s’exempter du jeûne et des autres œuvres expiatoires imposées pour des crimes par les prêtres. Le concile condamne aussi ceux qui s’imaginaient s’acquitter de leur pénitence par d’autres personnes qui chantaient des psaumes ou qui jeûnaient pour eux. La même chair qui a porté au péché doit être punie, autrement les riches se sauveraient plus aisément que les pauvres. On défend enfin d’établir des communautés plus nombreuses que les revenus ne le permettent, et on ordonne aux religieux et aux religieuses qui, depuis quelque temps, demeurent dans les maisons clés laïques, de retourner dans les monastères où ils ont fait profession.

800. On reconnut dans ce concile, tenu par Adélard, archevêque de Cantorbéry, en présence de Cénulphe, roi des Merciens, la foi telle qu’elle avait été reçue de saint Grégoire, et on y traita des usurpations des biens de l’Église. On renouvela les anathèmes contre ceux qui consommeraient de semblables attentats.

803. Le même archevêque de Cantorbéry tint ce concile avec douze évêques. Ce prélat y rendit compte d’un voyage qu’il avait fait a Rome pour s’opposer à Pérection qu’Offu, roi des Merciens, avait faite d’un archevêché dans l’abbaye de Lich-Fied. Le pape Léon III défendit, sous peine d’anathème, de porter aucune atteinte à la juridiction de l’Église de Cantorbéry, et le concile, après avoir pris connaissance des lettres du souverain pontife, ordonna que l’archevêché de Lich-Field demeurerait supprimé. On défendit aussi aux

moines de se choisir des laïques pour abbés.

822. L’archevêque de Cantorbéry, Wulfred, se plaignit dans ce concile à Bernulphe, roi des Merciens, de ce que le roi Cénulphe l’avait persécuté, au point qu’il était resté près de six ans sans pouvoir exercer ses fonctions épiscopales, et que pendant tout ce temps on n’avait point administré le baptême dans toute l’Angleterre. Il allégua que le même prince l’avait calomnié auprès du pape ; qu’un jour il lui avait ordonné de quitter l’Angleterre s’il n’abandonnait pas upe terre de trois cents

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familles ; que lui, Wulfred, avait été obligé d’obéir, et que l’abbesse Cônédritho, fille de Cénulphe, retenait cette terre depuis la mort du roi. Cette ubbesse, citée devant le concile, ne nia point le l’ait, et rendit à l’archevêque de Cantorbéry ce qui lui avait été indûment adjugé.

824. Dans ce dernier concile do Cloveshou, les évêques.du pays des Merciens, assistés parle roi Bernulphe et l’archevêque Wulfred, terminèrent un différend entre Hébert, évêque de Worcester, et les moines de Bercley.’ Ceux-ci prétendaient *que le monastère de Westbury leur appartenait. Le concile l’adjugea à l’évêque, et la sentence rendue à ce sujet fut signée par le roi, par douze évêques, quatre abbés, un député du pape Eugène et plusieurs ducs et autres seigneurs.

CLOVIO (don Giulio), peintre de l’école italienne, né à Grisonne, petit village de l’Esclavonie, en 1408, mort à Rome en 1578. Venu en Italie à l’âge de dix-huit ans, il ne tarda pas à se lier avec Jules Romain, dont il devint le plus intime et le meilleur ami. Et pourtant les talents de ces deux artistes ne se ressemblaient guère : Jules Romain aimait d’instinct les vastes mises en scène, la grande fresque a figures colossales ; l’autre, Clovio, cultiva la miniature, les délicates enluminures des manuscrits merveilleux. Clovio fit des progrès rapides sous la direction de Girolamo, de Libri, et le succès couronna presque ses premiers débuts. Très-jeune encore, son nom était déjà si répandu qu’il fut appelé à la cour de France avec de magnifiques promesses. Il accepta, et ne revint à Rome qu’après la mort de Louis XII, qui l’avait comblé de distinctions, de biens et d’honneurs ; mais il faillit ne pas jouir bien longtemps de cette magnifique existence. Au sac de Rome, en 1527, il eut lémalheur de tomber dans une embuscade d’Espagnols et fut fait prisonnier. Dans sa frayeur, il fit vœu d’entrer en religion s’il parvenait à s’échapper de leurs mains. Le hasard, bientôt après, lui ayant procuré l’occasion de s’enfuir sans danger, il crut à un miracle, et, pour remplir son vœu, il entra dans les ordres et devint chanoine. En cette qualité, il fut attaché bientôt après à la maison du cardinal Grimani, et ensuite à celle d’Alexandre Farnèse. Très-favorable à son art, cette douce oisiveté lui permit de soigner patiemment ses petits chefs-d’œuvre. La bibliothèque de la rue Richelieu possède de ce maître les miniatures d’une psalmodie romaine, recueil précieux, l’un des joyaux de cette collection sans égale. On connaît aussi a Florence une Déposition de la croix, miniature exquise de couleur, et composée, comme un grand tableau, avec une science profonde de l’arrangement, du modelé et de la forme. Les figures, pleines de noblesse et de distinction, sont d’une exécution large, puissante, malgré la minutieuse délicatesse des détails. On signale aussi, comme très-remarquables, plusieurs portraits de grands personnages répandus dans les principales galeries de l’Europe. Leur parfaite ressemblance, reconnue plusieurs fois parle rapprochement de médailles authentiques et de diverses peintures justement célèbres, leur donne une grande valeur historique. À la grâce, à la finesse du pinceau, Clovio joignit la fierté de dessin de Michel-Ange et le coloris du Titien. Parmi ses meilleurs ouvrages, nous citerons encore un manuscrit de l’Office de la Vierge, qu’il orna de peintures pour le duc de Florence : la Procession du corps de NotreSeiyneur à Home, et la Fête du mont Tes’tacio.


CLOVIS ou HLODWIG, roi des Francs, né en 465, mort en 511. Il était fils de Childéric et de cette fière Basine, femme de Basin, roi de Thuringe, qu’elle abandonna pour rejoindre le roi franc, quand celui-ci fut rentré dans ses États. Le jeune Clovis avait quinze ans lorsque son père mourut, en 481. Il avait déjà donné des marques précoces de courage et de fermeté ; aussi, bien qu’à cette époque une multitude d’autres rois ou chefs francs fussent également établis dans la Gaule du Nord, depuis la Somme jusqu’au Rhin, fut-il reconnu pour chef sans difficulté ; on le promena autour du camp sur un pavois ou large bouclier, et tous les Francs Saliens l’acclamèrent avec enthousiasme. L’histoire ne nous apprend rien sur les premières années de son règne ; mais, en 486, il forma le projet d’arracher aux Romains le pays qu’ils possédaient encore entre la Loire, la Somme et la Mayenne, et qui avait pour gouverneur le Romain Syagrius. Ayant réuni ses forces à celles de Ragnacaire, qui régnait à Cambrai, il entra sur le territoire soumis à Syagrius, et une sanglante bataille fut livrée près de Soissons. Syagrius vaincu se retira près d’Alaric, roi des Visigoths ; mais Clovis se hâta d’envoyer à celui-ci des députés pour réclamer le fugitif. Alaric, craignant de s’attirer la colère du roi franc, livra l’infortuné Syagrius, qui fut d’abord jeté dans une prison, et bientôt après mis à mort par le glaive. Clovis, après sa victoire, fixa sa résidence à Soissons, puis il marcha sur Châlons et sur Troyes, en s’abstenant d’entrer dans la ville de Reims, par égard pour l’évêque Rémi, avec qui il avait eu déjà quelques relations, et dont il écoutait volontiers les conseils. Mais une troupe de Francs indisciplinés pénétra dans Reims à l’insu de Clovis, força plusieurs églises et enleva un grand nombre d’ornements et de vases sacrés, entre autres une buire d’une grandeur et d une beauté merveilleuse-. L’évêque, affligé de cette perte, fît prier le roi franc de lui remettre au moins ce vase, s’il n’était pas possible de recouvrer le reste. Clovis engagea les envoyés du prélat à le suivre jusqu’à Soissons, où devait se faire le partage du butin, et là, quand tout ce que les Francs avaient pris sur les vaincus fut mis en masse, et au moment où l’on allait procéder au partage, il dit : « Je vous prie, mes braves guerriers, de me laisser prendre ce vase, dont je désire disposer, » Tous répondirent unanimement qu’ils y consentaient, à l’exception d’un seul soldat, qui frappa le vase d’un coup de sa francisque en s’écriant : « Tu n’auras rien que ce que le sort t’accordera. » Clovis supporta cette injure sans exprimer aucune plainte ; puis, avec le consentement de tous, il prit les débris du vase et les remit entre les mains des envoyés de l’évêque. Mais l’année suivante, à l’époque d’une revue générale, le roi franc, apercevant dans les rangs le soldat qui avait brisé le vase, se plaignit de ce que ses armes étaient en mauvais état ; puis, lui arrachant sa hache, il la jeta par terre. Et comme cet homme se baissait pour la ramasser, il lui fendit la tête avec sa propre hache en lui disant : * Souviens-toi du vase de Soissons. »

Quelques années après, probablement par le conseil de l’évêque de Reims, Clovis épousa Clotilde, nièce de Gondebaud, roi de Bourgogne : elle était chrétienne, et saint Rémi espérait que ce mariage pourrait favoriser le dessein qu’il avait formé d’attirer au christianisme le prince franc. Il eut d’abord un autre résultat peu conforme aux désirs de Clovis lui-même : ce fut de faire cesser, comme par enchantement, la résistance qu’avaient toujours opposée à ses tentatives de conquête les habitants de Paris et de plusieurs autres villes importantes telles ou Amiens, Beauvais, Rouen ; et dès lors le royaume franc s’étendit jusqu’à la Seine. Les deux premiers enfants que Clotilde donna à Clovis furent baptisés ; mais l’un d’eux mourut quand il était encore dans les aubes, c’est-à-dire quand il portait encore la robe blanche du baptême, et ce malheur ne contribua pas peu à refroidir les dispositions de Clovis à se faire chrétien et à céder aux pieuses obsessions de Clotilde et de saint Rémi. Cependant une invasion des Germains sur le territoire occupé par les Francs Ripuaires força Clovis à unir ses troupes à celles de tous les petits rois entre lesquels ce territoire était divisé, et une grande bataille, dans laquelle il jouait le rôle principal, fut livrée aux environs de Tolbiac. Les Francs ne purent soutenir longtemps la vigueur de l’attaque ; ils furent forcés de plier, et Clovis, entraîné malgré lui dans leur fuite, ne cessait d’invoquer pour les siens les noms de ses dieux et de ses déesses. Voyant que ses soldats continuaient à fuir, il eut l’idée de recourir au dieu de Clotilde, et s’engagea solennellement à se faire baptiser si le Dieu des chrétiens montrait sa puissance en lui donnant la victoire. Aussitôt les soldats de Clovis, dont un grand nombre étaient chrétiens, sentant leur courage ranimé par cette promesse, revinrent à la charge avec ardeur ; les Allemands plièrent à leur tour ; la déroute commencée se transforma tout à coup en un triomphe éclatant.

Fidèle à son vœu, Clovis voulut recevoir le baptême de saint Rémi, à Reims, et lorsque le nouveau Constantin descendit dans la cuve où les catéchumènes se plongeaient alors presque nus, le pontife lui dit : « Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé ; brûle ce que tu as adoré. » Plus de trois mille de ses guerriers reçurent aussi le baptême le même jour. La légende raconte, en outre, qu’au moment où Clovis arrivait au baptistère, on vit apparaître une colombe plus blanche que la neige et portant dans son bec une fiole pleine d’un chrême qui répandit sur toute l’assemblée des parfums d’une exquise suavité. C’est là ce qu’on appelle la sainte ampoule, et tout le monde sait que ce vase merveilleux servit depuis au sacre de nos rois jusqu’à notre grande Révolution, où il fut brisé par le conventionnel Ruhl comme un vestige des vieilles croyances superstitieuses.

La conversion de Clovis eut un immense résultat pour la constitution de la monarchie franque, aussi bien que pour la Gaule, dominée par les monarchies ariennes des Visigoths et des Burgondes. Le clergé catholique en manifesta une joie éclatante. « Ta foi, c’est notre victoire, » écrivait à Clovis le pape Anastase. « Quand tu combats, c’est nous qui vainquons, » lui disait saint Avitus. L’Église prenait solennellement possession des Francs et allait bientôt leur ouvrir toute la Gaule. Dès 497, les cités de l’Armorique, entraînées par leurs évêques, se soumirent volontairement à Clovis, dont l’union avec le clergé fit désormais la fortune. Les Bourguignons furent ensuite attaqués, et leur roi Gondebaud, vaincu sur les bords de l’Ouche (500), fut soumis à un tribut annuel. Alaric II, roi des Visigoths, inquiet des conquêtes franques, rechercha inutilement l’alliance de Clovis, qui entraîna ses guerriers, en 507, vainquit et tua son ennemi à Vouillé, près de Poitiers, et s’avança jusqu’en Languedoc, avec d’autant plus de facilité que Dieu, c est-à-dire l’Église, combattait pour lui, lui ouvrait la voie et multipliait les prodiges en sa faveur. Toutefois, son fils Thierry essuya un échec devant les murs d’Arles, en combattant les troupes de Théodoric le Grand, dont l’appui assura aux Visigoths la conservation de la Septimanie. L’empereur Anastase envoya à Clovis le titre et les insignes de consul et de patrice romain. Le roi franc assura l’unité de son empire en faisant successivement périr, par suite de perfidies, tous les petits rois des Francs, dont la plupart étaient ses parents. L’Église, préoccupée surtout de l’idée d’unité, et d’ailleurs comblée de privilèges et de présents, tolérait, et quelquefois même approuvait ces meurtres accomplis par ses farouches néophytes. Les rapides conquêtes de Clovis jetèrent tant d’éclat sur le nom des Francs, que la plupart des tribus barbares sollicitèrent leur alliance. C’est de ce règne seulement que le peuple franc commença à former une nation et un empire sur les débris de la puissance romaine et au milieu de la décadence des autres dominations barbares. Le roi franc fut enterré à Paris, dans l’église des Saints-Apôtres (Sainte-Geneviève), qu’il avait fondée, et sur l’emplacement de laquelle s’ouvre aujourd’hui la rue Clovis. À sa mort, ses quatre fils se trouvèrent tous rois, suivant l’usage des barbares : Thierry eut l’Austrasie ; Clotaire, le royaume de Soissons ; Childebert, celui de Paris ; Clodomir, celui d’Orléans.

— Iconogr. Les architectes du moyen âge décorèrent fréquemment le portail principal de leurs cathédrales des statues des rois de France. La plupart de ces statues ont été détruites ou gravement mutilées à l’époque de la Révolution. Parmi celles qui se sont conservées jusqu’à nous et que leur ancienneté rend particulièrement dignes d’intérêt, il faut citer en première ligne celles du portail de la cathédrale de Chartres, qui datent du xiie siècle. Il va sans dire que les auteurs de ces figures n’eurent pas la prétention de faire exactement les portraits des rois francs, dont ils ne possédaient d’ailleurs, suivant toute probabilité, aucune image authentique. Ils se contentèrent de reproduire des types choisis parmi leurs contemporains. « Les statues de Chartres, dit M. Viollet-le-Duc, sont de grandes figures longues qui semblent emmaillottées dans leurs vêtements comme des momies dans leurs bandelettes et qui sont profondément pénétrées de la tradition byzantine comme faire, bien que les vêtements soient occidentaux. Les têtes de ces personnages ont l’aspect de portraits exécutés par des maîtres. » Celle de ces statues à laquelle on a donné le nom de Clovis est une des plus remarquables ; le type en est des plus caractérisés : « Ce front plat, ces arcades sourcilières relevées, ces yeux à fleur de tête, ces longues joues, ce nez largement accusé à la base et un peu tombant, droit sur son profil ; cette bouche large, ferme, éloignée du nez ; ce bas du visage carré, ces oreilles plates et développées, ces longs cheveux ondes n’ont rien du Germain, rien du Romain, rien du Franc. C’est là, ce nous semble, un vrai type de vieux Gaulois. La face est grande relativement au crâne ; l’œil peut facilement devenir moqueur ; cette bouche dédaigne et raille. Il y a dans cet ensemble un mélange de fermeté, de grandeur et de finesse, voire d’un peu de légèreté et de vanité dans ces sourcils relevés, mais aussi l’intelligence et le sang-froid au moment du péril. » Une autre statue, dite de Clovis, qui se voit dans l’église de Saint-Denis, provient de Notre-Dame de Corbeil. Albert Lenoir l’avait fait transporter au musée des monuments français, ainsi que celle de Clotilde, qui a la même origine et qui est aujourd’hui dans le même lieu. M. Viollet-le-Duc pense que c’est fort arbitrairement que l’on a baptisé cette statue du nom de Clovis ; il reconnaît, d’ailleurs, qu’elle est exécutée avec un soin extrême, remarquable comme style, très-intéressante au point de vue des vêtements et présentant un type caractéristique fort différent de celui de Chartres. « Ce masque, dit le savant archéologue, n’est pas la reproduction d’un type admis, d’un canon ; c’est, pour qui sait voir, un portrait ou plutôt un type de race, un individu par excellence. Les grands yeux, fendus comme ceux des belles races venues du nord-est, les joues plates, le nez bien fait, droit ; la bouche petite et bien coupée, la lèvre supérieure étant saillante, le front très-large et plat, les arcades sourcilières charnues et suivant le contour du globe de l’œil, la barbe souple et les moustaches prononcées, les cheveux abondants et longs ; tous ces traits appartiennent au caractère de physionomie donné à la race mérovingienne. Que l’on compare ce masque à celui de Chartres, et l’on trouvera entre eux la différence qui sépare le mérovingien, ou les dernières peuplades venues du nord-est, du vieux sang gaulois. Le premier de ces types est évidemment plus beau, plus noble que l’autre. Il y a dans ces grands yeux si bien ouverts une hardiesse tenace, dans cette bouche fine quelque chose d’ingénieux qui n’existe pas dans le masque de Chartres. » On peut voir ces deux types gravés en regard un de l’autre dans le Dictionnaire de l’architecture française (t. VIII, p. 118 et 119).

Les statues dont nous venons de parler, ainsi que celles que l’on signale dans d’autres monuments comme étant des portraits de Clovis, ne sauraient être considérées comme des représentations exactes de ce prince. La vérité est qu’il n’existe aucun portrait authentique du fier Sicambre. Ceux qui ont été