Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 4, part. 2, Cim-Coi.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une sœur de Werther par les sentiments, et, malgré le but moral de l’auteur, il a peint avec tant de vivacité sa passion coupable qu’il y a presque du danger à voir représenter sous des couleurs si séduisantes les égarements de la passion. Mais Mme Cottin a déployé un art infini dans la composition de son roman et a réussi, jusqu’à un certain point, à racheter, par la combinaison des moyens, l’inconvenance inhérente au fond du sujet. Ainsi l’intérêt n’est pas excité par la faute de Claire ; on la plaint, mais on la condamne. Subjuguée par degrés et sans s’en apercevoir, elle lutte courageusement contre elle-même, et son plus grand tort est son imprudente confiance en l’inflexibilité de sa vertu. L’imprudence, qui semble le défaut de tous les personnages, est bien moins excusable chez son mari, qui, malgré l’expérience de l’âge, favorise comme à plaisir l’intimité de sa femme et de Frédéric. Une seconde faute, qui diminue de beaucoup l’intérêt pour son caractère, présenté d’abord sous des dehors si généreux, c’est le mensonge auquel il a recours pour arracher du cœur de Claire l’image de Frédéric. Ce procédé de mari de comédie est indigne de M. d’Albe. On pardonne plus aisément à Frédéric son crime commis dans un transport aveugle et si chèrement expié.

Ce roman est écrit sous forme de lettres, procédé qui d’ordinaire jette une certaine froideur dans les événements, un récit ne pouvant jamais reproduire l’animation des faits qui se passent sous les yeux. Aussi le meilleur morceau est-il celui de la mort de Claire, à laquelle le lecteur assiste. « On se sent, dit M. Sainte-Beuve, profondément ému du pathétique de la situation, de l’élévation des sentiments et de la sincérité du repentir de l’infortunée Claire. » On verse des larmes à son lit de mort et on oublie le tableau un peu trop expressif du moment où elle devient coupable. Sa faute est, du reste, naturellement amenée par le jeu des caractères et des événements et par les situations supérieurement développées. Que de scènes attendrissantes, de détails enchanteurs, quelle variété dans le ton et les couleurs, quelle flexibilité de pinceau ! C’est le caractère distinctif du style de Mme Cottin : de la chaleur, et surtout de la variété avec une élégance soutenue, qualités qui rendent le lecteur charmé indulgent pour les exagérations de sentiment.

CLAIRE (Martin), poste et jésuite français, né en 1612 à Saitit-Valéry-sur-Mer, mort en 1690. Il a publié : Iiymni ecclesiastici novo r.ultu adornati (Paris, 1673), recueil d’hymnes écrites dans un style élégant et pur.

CLAIRÉE s. f. (fclé-ré — rad. claire). Techn. Sirop de sucre blanc servant au clairçage, et plus ordinairement appelé clairce. Il Réservoir d’un marais salant.

CLAIRE-ÉTOFFE s. f. Syn. de clmre-

SOUDURE.

CLAIRELET, ETTE adj, (klè-re-lè, è-te — dimin. de clair). Un peu clair ; petit et clair : Un petit miroir bien clairelet. Il Vieux mot.

CLAIREMENT adv. (klè-re-man — rad. clair). D’une façon claire, nette, distincte pour la vue ou les autres sens : Voir clairement les objets. Prononcer clairement toutes les syllabes. Distinguer clairement les saveurs. Apprenez-lui à parler clairement, à bien articuler, à prononcer exactement et sans affectation. (J.-J. Eouss.)

— Fig. D’une façon claire, nette, franche, distincte pour l’intelligence : S’énoncer, s’expliquer clairement. Saisir clairement une démonstration. On peut quelquefois faire croire aux autres qu’ils voient clairement ce qu’ils ne voient pas. (D’Alemb.) L’esprit humain a peine à croire au désordre, parce qu’il ne peut se le représenter clairement. (Guizot.)

Que nous apprendrez-vous, bon vieillard qui, sans Lisez si clairement dans le secret des deux ? [yeux,

Roteou.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Boii.f.au. Il A n’en point douter ; d’une façon évidente : Je vois clairement que vous n’êtes pas sincère. Les incrédules ne connaissent pas clairement l’existence d’une divinité, mais aussi ne connaissent-ils pas clairement qu’elle n’existe pas. (Bayle.) Le général Bonaparte cachait profondément dans son cœur des désirs que tout le monde apercevait clairement. (Thiers.) Plus on a d’esprit, et plus on voit clairement que la justice est le seul chemin du bonheur. (11. Beyle.)

Vous voyez clairement que votre songe est vain.

Corneille.

CLAIRER v. a. ou tr. (klè-ré — rad. clair). Eclairer, il Vieux mot.

— Techn. Syn. de claircer. Il Clairer le minerai, Le laver.

CLAIRE-SOUDURE OU CLAIRE-ÉTOFFE s. f. Métullurg. Alliage do plomb et d’étain. CLAIRET, ETTE adj. (klé-rè, è-te — rad. clair). Se dit du vin rouge peu foncé en couleur : Ce vin est trop clairet pour supporter l’eau. Le suc des raisins noirs se convertit en vin clairet. (Desc.)

Collé, Piron, en délire, Quand Phébus les éclairait, Couraient accorder leur lyre En sablant du vin clairet.

g. MOREAU.

CLAI

Quand j’ai bu du vin clairet, Tout tourne, tout tourne, Quand j’ai bu du vin clairet. Tout tourne au cabaret.

(Chanson bachique.)

Eau clairette, Eau-de-vie sucrée.

Voix clairette, Voix aiguë, fine, perçante : Sa voix grêle et clairette contrastait singulièrement avec son encolure. (Balz.) Cette voix d’emprunt restait aigre et clairette comme un vin de pays. (Balz.)

— s. m. Vin clairet ; vin rouge léger et peu coloré : Le clairet est fort bon pour se désaltérer. Vous buvez votre petit clairet du pays. (G. Sand.)

11 s’acagnarde au cabaret, Entre le blanc et le clairet.

Boiskodert.

— Mélange de vin, de miel et d’épices autrefois usité. Il Infusion de plantes aromatiques dans du vin miellé ou. sucré.

— Joaill. Pierre de couleur très-pale.

— Pêcb. Maille de la partie supérieure d’un filet.

— s. f. Vitic. Variété de raisin blanc remarquable par sa transparence, et très-répandue dans le Midi. On l’appelle aussi blanquette.

11 Vin blanc que l’on fabrique avec le même raisin : Die est une petite ville renommée pour son vin mousseux et sa clairette. (M.-Br.) Die est une ville industrieuse et commerçante en vers à soie et en vin blanc mousseux, qu’on appelle clairette de Die. (A. Hugo.)

— Econ. agr. Maladie des vers à soie qui les fait devenir presque transparents.

— Bot. Nom vulgaire de la mâche cultivée.

— Encycl. Econ. dom. Le clairet fut assez longtemps une liqueur en vogue. Il entrait dans sa composition du vin d’Espagne ou du vin de Tainte, du miel et des épices. Au régal de '0 Virgo virginum de Noël, l’archevêque de Rouen en faisait servir à ses nombreux invités. On trouve dans les comptes de l’archevêché (1112 à 1413) : « 4 gallons de vin de Tainte à faire le claré, 2 gallons de miel et 1 livre de poudre à claré, 32 s. 2 d. » — 1451 a 1452 : « Le jour précédent la vegille de Noël, que Monseigneur a accoutumé de célébrer le 0 de 0 Virgo virginum en la grant salle du manoir archiépiscopal de Rouen, après que les vespres de l’église de Rouen sont dictes, les chanoines et tous ceulx qui portent l’abbitde l’église conviennent en ladicte salle, où ils chantent : 0 Virgo virginum ! et boivent chacun deux fois le vin et une fois de claré avec le mestier des oublies. » 11 ne faut pas confondre cette liqueur avec le vin clairet, souvent mentionné comme vin de présent, et qu’on seraittenté de prendre comme synonyme du vin de Bordeaux, d’après la signification du clarel en anglais, et qui certainement n’était qu’un vin de couleur bâtarde et de différents crus. Les mentions en sont extrêmement fréquentes. Du clairet fut offert, en 1650, au roi Louis XIV, à son entrée à Rouen, de la part du conseil de la ville.

CLAIR-ÉTAGE s. m. Archit. V. claire-voik.

CLAIRETTE s. f. (klè-rè-te). Hist. relig.

V. BERNARDINE.

CLAIRE-VOIE s. f. Disposition d’une clôture formée de barreaux espacés et laissant du jour entre eux : Porte à claire-voie, il Disposition dans laquelle les mailles d’un tissu sont lâches et tamisent le jour : Toile à clairevoie.

— Jour accidentel qui reste entre les fils de la chaîne d’une étoffe de laine, après qu’elle a été travaillée en toile  : Il y a des clairesvoiës dans ce drap.

— Ouverture fermée de barreaux ; clôture de barreaux : Ce cachot n’a pas d’autre jour qu’une claire-voie qui ouvre dans les fossés. On forme les parcs à bestiaux avec des clairesvoies. On construit aussi des claires-voies dans les jardins pour abriter les plantes des rayons du soleil. (Bosc.) Il Ouverture pratiquée au ras de terre dans le mur d’un part : ou d’un jardin, et qui est fermée par une grille ou par un fossé appelé saut de loup.

— Archit, Suite de fenêtres formant l’étage supérieur de la grande nef d’une église. Il On dit aussi clair-etage.

— Constr..Disposition d’une cloison, d’un comble, d’un refend, d’un plancher, dont les parties laissent des vides entre elles.

— Mar. Sorte de panneau servant de toit, pour favoriser l’écoulement des eaux.

— Agric. Semer d claire-voie, Semer le grain en l’espaçant, en le dispersant beaucoup.

CLAIRFAYT, général autrichien. V. Clerfayt.

CLAIRFONTA1NE (Pierre - André Phloux de), littérateur né à Paris en 1727, mort en 1788. Il composa, à l’âge de vingt-trois ans, une tragédie intitulée Hector et écrite en un style élégant et noble. Des rivalités d’actrices empêchèrent cette pièce d’être représentée a la Comédie-Française. Elle a été publiée à Paris en 1753. Clairfontaine, qui annonçait un beau talent, renonça à. écrire pour le théâtre, et devint interprète du roi pour les affaires étrangères.

’ CLAIRIDE adj. (klé-ri-de— de clairon, et du gr. eidos, aspect). Entom. Qui ressemble aux clairons, il On écrit aussi cléride.

— s. m. pi. Famille de coléoptères ayant pour type le genre clairon,

CLAI

CLAIR1ER s. m. (klè-riê —rad. clair). Techn. Levain plein de mousse.

CLAIRIÈRE s. f. (klè-riè-re — rad. clair :). Partie d’une forêt presque entièrement dégarnie d’arbres : Les bécasses quittent les endroits fourrés et le fort du bois à l’entrée de la nuit pour se répandre dans les clairières. (Buff.) Lorsqu’une clairière est fort étendue, elle peut servir au pâturage. (Bosc.) On ménage souvent des clairières dans l’épaisseur des bosquets des jardins paysagers (Bosc.) On reconnaît la présence d’une portée de louveteaux dans le voisinage aux ossements de mouton qui tapissent le sol des clairier.es où ta jeune famille vient prendre ses ébats la nuit. (Toussenel.)

Le soir brunissait la clairière.

MlLLEVOYE

Dans la brune clairière où l’arbre au tronc noueux Prend le soir un profil humain et monstrueux...

V. Iluoo. Bien des fois, n’est-ce pas, a travers la clairière, Pâle, effaré, n’osant regarder en arrière, Tu t’es hâté ?

V, Hugo.

— Techn. Partie d’un tissu peu serré, à travers laquelle on voit le jour.

— Antonymes. Fourré, massif.

— Encycl. On rencontre souvent dans les massifs forestiers, surtout dans ceux qui ne sont pas convenablement explçités, des espaces plus ou moins grands, tantôt complètement dépourvus d’arbres, tantôt n’en renfermant qu’un petit nombre qui sont trop clair-semés pour servir au repeuplement naturel. Ce sont ces vides que l’on désigné sous le nom de clairières. Quand celles-ci sont de faible étendue, le mieux est de les regarnir par les moyens ordinaires, semis, plantations, bouturage, marcottage, etc. Mais il est bon de faire ces opérations de repeuplement une ou plusieurs années (suivant les essences d’arbres) avant l’exploitation des massifs qui entourent les clairières. De cette manière, les jeunes sujets ont un abri suffisant dans les premiers temps ; puis, après la coupe, ils peuvent profiter de l’influence de l’air et de la lumière. Quand les clairières sont très-étendues, elles peuvent servir au pâturage ou recevoir certaines cultures. Quelquefois les clairières sont ménagées à dessein dans l’épaisseur des massifs des parcs ou des jardins paysagers ; on y place alors des bancs, des tables ou d’autres objets, qui ajoutent à l’agrément du massif. En général, on y plante un arbre isolé, en choisissant une essence qui se plaise dans une situation ombragée, et autant que possible une espèce exotique ; d’autres rois, on y met un massif d’arbrisseaux ou une corbeille de fleurs. En un mot, on cherche à tirer parti des clairières pour l’utilité ou pour l’agrément.

CLAIR-OBSCUR s. m. B.-arts. Distribution des lumières et des ombres combinée de façon à les faire valoir les unes par les autres, dans un tableau, un dessin, une gravure : La science du clair-obscur, des clairs-odscurs. La magie du clair-obscur. Connaître le clair-obscdr. Les Italiens ignoraient l’art de la perspective et du clair-obscur. (Volt.) Le clairobscur des tableaux flamands est nécessaire à la vie des figures qu’y a placées le génie des peintres. (Balz.) Nul paysagiste n’a mieux entendu le clair-ouscur que Iiuysdaël. (A. Houssaye.) Fra Dartolomeo montra à Itaphaël le clair-obscur, et Raphaél lui enseigna la perspective. (H. Beyle). On ne peut nier que les anciens aient possédé la science du clairobscur, puisque des raisins peints par Zeuxis trompèrent des oiseaux. (Bachelet.) Il Effet

Produit par le contraste et l’agencement de ombre et de la lumière dans la nature elle-même : La lumière de la lune et les ombres de la nuit produisent des clairs-obscurs véritablement fantastiques.

Des flambeaux la douce clarté Ajoute encore a ta beauté Ce clair-obscur inimitable

Desmains.

Au milieu de la salle, auprès du chevalet, Sous le rayon brillant où vient valser l’atome, Se dresse un mannequin qu’on croirait un fantôme ; Tout est clair-obscur et reflet.

Tu. Gautier.

Il Effet que l !on obtient dans un dessin en forçant les ombres, et rehaussant les jours avec du blanc : Un dessin au clair-obscur.

Il Dessin où l’on a cherché à produire cet effet : Ce dessin est un beau clair-obscur.

Tableau de clair -obscur, Tableau qui n’est que de deux couleurs, comme- les camaïeux, et où, par conséquent, l’on a cherché les effets de la lumière et non ceux de la couleur.

— Fig. État vague, indécis : Le clairobscur plait aux esprits faux ou passionnés. (Boiste.) Noire âme s’assombrit au déclin de la vie ; les ressorts de la jeunesse se brisent ; l’espérance se décolore et s’engourdit ; on en arrive à ce clair-obscur de la vie où tout s’efface et se confond. (Mme l. Colet.) il Adjectiv. Vague, indécis : Les montagnards de ces forêts, voisines de 7a forêt Noire, ont une espèce de chant clair-obscur qui est charmant. (V. Hugo.) Il Bien que ce sens figuré soit assez usité, nous devons faire remarquer qu’il est fondé sur une notion inexacte du sens propre du mot : le clair-obscur ne sup CLAI

pose pas du tout le vague et l’indécision ni du dessin, ni de la couleur, ni de la lumière. — Encycl. B. — arts. L’expression clairobscur a un sens qui ne s’accorde guère avec la forme ; elle désigne cette partie de la peinture qui consiste à distribuer avec art la lumière et l’ombre sur un tableau, de manière que l’œil du spectateur soit flatté par l’harmonie et par le charme de l’ensemble. On comprend dès lors que œ soient surtout les peintres coloristes qui aient excellé dans le clair-obscur. Le divin Corrége doit être regardé comme le créateur de cette partie essentielle de la peinture ; avant lui personne ne s’en doutait, depuis nul ne Va égalé. Lorsqu’on se place devant YAntiope et le Mariage de sainte Catherine, l’honneur de notre Louvre, on est séduit a l’aspect de ces figures charmantes, baignées, enveloppées d’une lumière blonde, douce et tempérée par des ombres transparentes, presque insensibles. La Nuit, du musée de Dresde, la Grande Vierge dite de Parme, et les peintures qui abondent dans cette ville, sont à la hauteur des deux joyaux. que nous avons le bonheur de posséder. Les écoles de Rome, de Florence, de Bologne, qui ont produit tant de grands artistes, no brillèrent pas par l’entente du clair-obscur ; seuls, en Italie, les Vénitiens ont pu lutter avec l’école de Parme : sous ce rapport, Giorfion, dans son Concert champêtre ; Titien, ans son Assomption, ses Christs au tombeau, à la colonne, etc., et ses prodigieuses coupoles ; Tintoret, dans le Saint Marc et ses peintures décoratives ; P. Véronèse, dans lu Saint Sébastien, le Martyre de saint Marc et de saint Marcelin, les Titans, les Grands festins, la Venise triomphante, se sont montrés les dignes émules du Corrége, de Mazzuoli et de leur école. En Espagne, Velazquez, dans las Meninas, et surtout Murillo, ont montré qu’ils possédaient les secrets du clairobscur ; le Saint Antoine, de ce dernier peintre ; le Saint Pierre délivré, de la galerie Soult ; les Deux Vierges et la Sainte Famille, du Louvre, sont des merveilles en ce genre. Rembrandt d’abord, puis Van Dyck, ont aussi pratiqué cette partie de l’art, lépremier avec une puissance incomparable, comme le témoignent les Bourgmestres, la Nativité, la/fonde de nuit, etc. ; le second avec un charme souverain qu’il emprunta sans doute à Otto Venius, l’introducteur de l’élément italien dans l’école flamande. Après ces deux grands peintres, beaucoup de petits maîtres flamands et hollandais ont entendu admirablement cette branche de l’art ; il nous sufiira de nommer Ostade, Nicolas Maës, Ferd. Bol, Pieter de Hoogh, Terburg, Metzu, etc. Il faut convenir que Te clair-obscur n’est pas la qualité dominante de l’école française ; Chardin aurait pu y réussir ; Prud’hon, tout imprégné des souvenirs de Corrége, a su s’en servir avec beaucoup de morbidesse ; mais c’est une exception, et c’est fâcheux, car c’est de la surtout que découle le charme, ce je ne sais quoi qui séduit l’homme de goût et le retient magiquement dans la contemplation d’une œuvre û’art.

CLAIRON s. m. (klè-ron — rad. clair, à cause du son clair de cet instrument). Sorte de trompette à son aigu et perçant, qui est particulièrement usitée pour donner des signaux dans certaines compagnies do l’armée : Le clairon des voltigeurs. Sonner du clairon. Je n’ai jamais entendu sans une certaine joie belliguense la fanfare du.clairon. (Chateaub.) Le clairon a été connu des anciens Ilomains sous le nom de lituus. (Bachelet.) Le clairon fait partie de la musique de haut bruit. (Général Bardin.) , .... Vos pareils préférèrent toujours Aux clairons belliiueux la lyre des amours.

Dclille. I* clairon, le tambour, les cris qui frappent l’air Annoncent Bonaparte aux soldats de Klôber. Barthélémy et Mihty. Au bruit des lugubres fanfares. Hélas ! vos yeux se sont ouverts ; C’était le clairon des barbares Qui vous annonçait nos revers.

  • BÉKANOER.

La guerre qui nous enivre, Noble déesse a qui tout enfants nous songions, Fait chanter, en avant des sombres légions,

Les clairons aux bouches de cuivre.

Y. Iluoo.

— Par ext. Soldat qui joue de cet instrument : Un clairon, nfltenout’iifl, tend l’oreille au vent pour saisir sans doute quelque signal lointain. (Th. Gaut.)

— Par anal. Voix aiguë, perçante : La voix de notre poule sultane n’a rien du clairon bruyant et sonore du coq. (Buff.)

— Fig. Ce qui donne l’éveil, le signal ; ce qui anime, ce qui excite : La presse est le clairon, elle sonne la diane des peuples. (V. Hugo.)

Dans les nobles desseins flon ! l’âme est occupée, Les vers sont le clairon, mais la prose est l’épée. L. Veuili.ot.

Il Accents guerriers, belliqueux, énergiques : Lacordaire a du clairon dans la voix, et l’éclair du glaive brille dans sa parole. (SteBeuve.)

— Clochette que l’on attache au cou des bestiaux qu’on mène paître, pour être moins exposé à les égarer. Il Vieux en ce sens ; on dit aujourd’hui clarine,