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bre 1843. Espérant que le climat plus doux du Midi lui rendrait la force et la santé, il se décida, malgré les conseils des médecins, à quitter Paris. Sa femme, Eiisa de Courtin, qu’il avait connue en Italie et qui lui conserva toujours l’affection la plus tendre et la plus dévouée, l’accompagnait seule avec son fils. Les premières distractions du voyage donnèrent à Casimir une animation qu’il prit pour un retour à la santé ; mais, en arrivant à Lyon, la fatigue le contraignit de s’arrêter. Il se sentit perdu sans ressource ; il essayait néanmoins de rassurer sa femme. Le soir, il la pria de lui lire quelques pages du Guy Mannering de Walter Scott. Et telle était sa présence d’esprit que, Mme Delavigne ayant sauté deux lignes, il le lui fit observer doucement, la priant de recommencer le passage. Puis sa tête s’inclina doucement sur l’oreiller, il murmura quelques vers et rendit le dernier soupir sans souffrance apparente, sans agonie. — C’était le 11 décembre 1843, à neuf heures du soir. — Ainsi mourait à cinquante ans, dans toute la force de son talent, dans tout l’éclat de son génie, un des esprits les plus brillants, une des âmes les plus généreuses, un des cœurs les plus nobles de ce siècle. Quand cette triste nouvelle parvint à Paris, la désolation fut générale. Le roi envoya son fils témoigner à la famille si cruellement frappée la part qu’il prenait à ce malheur. Les restes de Delavigne avaient été rapportés à Paris. Autour de sa tombe, au Père-Lachaise, se pressa tout ce que les lettres, les arts, la politique, la tribune, le barreau comptaient de plus illustre. De nombreux discours furent prononcés, pour rappeler les glorieux titres du mort à la sympathie et à l’admiration de ses concitoyens. M. de Montalivet parla au nom du gouvernement ; M. Tissot, au nom de l’Académie ; Frédéric Soulié, au nom de l’art dramatique ; Victor Hugo, au nom de la poésie ; Samson, au nom de la Comédie-Française ; enfin, le dernier, M. Ostrowski, s’avança et donna au poëte un dernier adieu, au nom de la Pologne qu’il avait chantée, qu’il avait glorifiée dans ses luttes héroïques, dans ses défaites plus glorieuses que des victoires. La ville du Havre décida qu’une statue serait élevée à Casimir Delavigne sur une des places de sa ville natale. Louis-Philippe ordonna que le buste et le portrait du poëte seraient placés dans les galeries de Versailles. La Comédie-Française voulut qu’un buste de Delavigne prît place au milieu de ceux do Corneille, de Racine, de Molière, de Regnard, de tous les grands génies qui ont illustré notre théâtre. Enfin, un buste de bronze fut placé dans la cour d’honneur du collège Henri IV où Casimir avait fait ses études. L’auteur des Messéniennes, de Louis XI, des Enfants d’Édouard, du Paria, était certes digne de tous ces honneurs. Mais le temps n’use-t-il pas le marbre ? n’a-t-il pas raison du bronze et de l’airain ? Peut-être ce grand destructeur aura-t-il effacé l’image du poëte, que ses vers vivront encore. Ses œuvres, où respire l’enthousiasme d’une âme élevée, généreuse, traverseront les âges et iront porter aux siècles futurs le nom glorieux de Casimir Delavigne. Où est le buste d’Homère ? Où est le portrait de Virgile ? Et cependant qui n’a lu l’Iliade ? qui n’a pas relu l’Énéide ?


DELAVOYE (Aimond), pasteur protestant français, mort sur le bûcher en 1542. Il avait établi une Église à Sainte-Foy et s’était fait remarquer en Guyenne par le courage qu’il mettait à annoncer l’Évangile. Au mois de décembre 1541, il fut pris et jeté en prison par ordre du parlement de Bordeaux. Il aurait pu s’échapper s’il avait voulu ; mais « j’aimerois mieux, dit-il, n’avoir jamais esté né, que de commettre telle lascheté : car ce n’est point l’office d’un bon pasteur de s’enfuir quand il voit venir le danger... Non-seulement je suis prest d’estre lié en la ville de Bourdeaux, mais aussi d’y mourir pour Christ. » Ce courage héroïque ne se démentit pas un instant pendant les huit ou neuf mois que dura sa détention. Condamné par le parlement de Bordeaux, il fut étranglé au mois d’août 1542, et son corps fut brûlé. On lit dans le Martyrologe qu’il convertit le religieux chargé do l’exhorter à ses derniers moments.

DELAWARE, fleuve des États-Unis de l’Amérique du Nord, qui a tiré son nom d’un comte de la War, gouverneur de la Virginie sous Jacques Ier ; Il est appelé par les indigènes Makeriskitton et est formé par deux petites rivières, l’Oquago{ou Coquago) et le Papacton, qui prennent naissance sur le versant occidental des monts Catskill, dans l’État de New-York, et se réunissent sur la ligne frontière du New-York et de la Pensylvanie, près de l’angle nord-est de ce dernier État. Coulant d’abord dans la direction du sud-est, il forme, sur environ U2 kilom., la limite entre l’État de New-York et l’État de Pensylvanie, jusqu’au mont Kittatiny (ou Shawangunk), près de Port-Jervis. En cet endroit, le fleuve fait un brusque détour au sud-ouest et sépare l’État de New-Jersey de la Pensylvanie. A l’extrémité septentrionale du comté de Northampton, il traverse un défilé étroit, formé par des rochers perpendiculaires de 300 à 350 mètres de hauteur, et connu sous le nom de défilé du Delaware (Delaware watergap). À quelques kilomètres au-dessous de Easton, il reprend la direction du sud-est, et, après avoir dépassé Trenton, il atteint le jusant à 210 kilom.

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de la mer. Sur ce point, le fleuve s’élargit et devient assez profond pour recevoir des bateaux à vapeur. Philadelphie, sur la rive droite, est la tête do navigation pour les navires du plus fort tonnage. Sur l’autre rive s’élèvent les villes de Barlington et de Camden ; cette dernière est précisément en face de Philadelphie. Ici, le lit du fleuve a environ 1,600 mètres de largeur et se trouve partagé par une petite lie. On rencontre sur le fleuve un grand nombre d’autres îles ; mais aucune ne présente un développement considérable. Des ponts réunissent les deux rives, à Trenton et sur quelques autres points. A 65 kilom. de Philadelphie, le fleuve se décharge dans la baie de Delaware, après un cours total do 483 kilomètres. Le canal de Delaware et d’Hudson et le canal Morris réunissent les eaux du Delaware à celles de l’Hudson, et le canal d’Easton à Bristol passe près des rives du Delaware. Le chemin de ter de New-York et d’Erié longe la vallée du Delaware durant près de 150 kilom. La pêche de l’alose se fait sur une grande échelle dans le bas Delaware. Dans l’hiver de 1851-1S52, un solide pont de glace se forma dans le lit du fleuve, à Philadelphie, fait excessivement rare et qui ne se produit que dans des saisons d’une rigueur exceptionnelle.

DELAWARE (baie de), baie des États-Unis, à l’embouchure de la Delaware dans l’océan Atlantique. C’est un magnifique estuaire, d’environ 85 kilom. de longueur sur 40 a 50 kilom. dans sa plus grande largeur ; dans le nord, cotte largeur diminue jusqu’à no plus présenter que 8 kilom., et, à l’endroit où la baie débouche dans l’Océan, entre le cap May (lat. 38° 56’ et long. 74» 33’) et le cap Henlopen (lat. 38" 48’ et long. 75» 6’), la largeur est de 25 kilom. Lo canal proprement dit admet les plus grands navires jusqu’à la tète de la baie et jusque dans le fleuve Delaware, qui a uno profondeur variant entre 10 et 22 mètres ; mais ce canal est tortueux et difficile, en raison des nombreux écueiis qui en occupent presque toute la partie centrale. La rive occidentale de la baie est basse et marécageuse ; sur l’Atlantique, elle est hérissée de bancs de sable et sillonnée de lagunes peu profondes.

DELAWARE (État de), l’un des États originaires de l’Union nord-américaine, le plus petit après celui du Rhode-Island, situé entre 380 28’-390 50’ de lat. N., et 750 46’ de long. O. ; longueur du N. au S., 155 kilom. ; largeur, de 15 à 19 kilom. sur la ligne du N., et de 57 à 59 kilom. sur la ligne du S. ; superficie, 5,436 kilom. carrés ; borné au N. par m Pensylvanie, à l’O. et au S. par le Maryland, à lis. par le fleuve Delaware et la baie du même nom, qui le sépare de l’État de New-Jersey, ot par l’océan Atlantique ; population, d’après lo premier recensement (1790), 69,096 habitants, dont 3,899 noirs libres et 8,887 esclaves, et, d’après le dernier recencement (18G0), 112,218 habitants, dont 18,073 noirs libres et 2,290 esclaves. Cette population lui donne droit d’envoyer un représentant seulement au congrès des États-Unis. L’État est divisé en trois comtés : New-Castle au nord, Kent au centre, et Sussex au sud. La capitale, Dover, est située sur la rivière Jones, à 8 kilom. du Delaware. La ville la plus importante de l’État est Wilmington, entre les rivières Brandywine et Christiana, à 1,600 mètres environ on amont de leur confluent. Les autres villes principales sont : Georgetown et Lewes, dans le comté de Sussex ; Milford et Smyrna, dans le comté do Kent ; et New-Castle, Port-Penn et Delaware-City, dans le comté de New-Castle. L’État de Delaware occupe la partie nord-est de la péninsule basse comprise entre la baie de Chesapeake, les eaux du Delaware et l’océan Atlantique. Il ne contient pas de montagnes ; la partie septentrionale seulement présente des collines

magnifiques qui donnent au paysage un aspect éminemment pittoresque. Au sud de la rivière Christiana, le sol est parfaitement plat. Un plateau sablonneux, dont la hauteur ne dépasse jamais 18 à 20 mètres et qui traverse l’État du nord au sud, près do la frontière occidentale, constitue la ligne d’arrosement de la péninsule. Ce plateau abonde en étangs où prennent leurs sources la plupart des rivières, s’écoulant les unes à l’ouest dans la baie de Chesapeake, les autres à l’est dans le fleuve Delaware. Le Choptana, le Nanticoke et le Pokomoke commencent dans l’État de Delaware ; mais la plus grande partie de leur cours se trouve dans l’État de Maryland et ils vont se jeter dans la baie de Cnesapeake. Le Duck, le Jones, le Muderkill, le Mispilion, le Broadkill, l’Indian et d’autres petits cours d’eau sont tributaires du fleuve Delaware et de l’Atlantique. Les plus importantes, toutefois, des rivières du Delaware sont le Brandywine et la Christiana, venant la première de la Pensylvanie et la seconde du sud-ouest ; elles se confondent au-dessous de la ville de Wilmington, et, 1,500 mètres plus loin, versent dans le fleuve Delaware leurs eaux réunies. Beaucoup des rivières que nous venons de nommer sont navigables pour des bâtiments caboteurs, mais la Christiana est la seule qui admette l’entrée des navires de commerce.

À l’extrémité méridionale de l’État, le marais du Cyprès (Cypress Swamp ), qui a 20 kilomètres de longueur sur 8 de largeur, contient un grand nombre d’arbres et d’arbrissoaux toujours verts et est infesté de rep DELA

tiles nuisibles. Sur une étendue de 12 à 15 kil., en remontant vers l’intérieur, à partir du fleuve Delaware, le sol est composé d’une riche argile ; mais du fleuve jusqu’au marais et vers le sud, le sable domino. On trouve dans les marais du minerai de fer et de la marne calcaire en abondance. Dans le nord, ou rencontre des dépôts de kaolin, ou terre à

Forcelaine, qui alimentent les fabriques de État de Pensylvanie. En général tempéré ot extrêmement favorable aux travaux de l’agriculture, le climat est très-sain dans la partie septentrionale ; mais là où lo sol est marécageux, comme dans la portion méridionale de l’État, les maladies endémiques prennent un énorme développement. Les productions naturelles sont semblables à celles, des États du centre de l’Union nord-américaine : céréales de toutes sortes, pommes de terre, houblon, pois, haricots, légumes, fruits, cire, miel, beurre, fromage. On s’y occupe aussi beaucoup de l’élève des races chevaline, asine, bovine, ovine et porcine. Il y existe de nombreuses fabriques d’étoffes de coton et de laine, et surtout de machines à va Îieur. Les exportations de l’État sont évauées à 500,000 francs environ par année, et les importations à un peuplusde 10,000 francs. Lo commerce de cabotage, plus développé, alimente principalement les marchés de Philadelphie. Le réseau des voies ferrées du Delaware (environ 200 kilom.) dessert tout l’État, unit Wilmington à Philadelphie et à Baltimore, et les eaux de la baie de Delaware à celles de la baie de Chesapeake. Ces deux baies sont, en outre, réunies par un canal, appelé canal du Chesapeake et du Delaware, navigable pour les naviros caboteurs. Il s’étend depuis Delaware-City, à 75 kilom. de Philadelphie, jusqu’à la petite rivière Back, branche navigable de la rivière Elk, dans l’État de Maryland. Ce canal a un développement de 21 kilom. ; sa largeur, au sommet, est de 20 mètres, et au fond de 3 mètres ; il a quatre écluses et traverse une montagne au moyen d’une tranchée de 27 mètres de hauteur. Cet important ouvrage, terminé en 1829, a coûté 11 millions de francs.

La constitution du Delaware, modifiée depuis" l’abolition de l’esclavage, accordait le droit de vote à tout citoyen blanc, âgé do vingt et un ans, résidant dans l’État depuis un an et dans le comté depuis un mois, antérieurement à l’élection. L’assemblée générale se composait d’un sénat de neuf membres (trois pour chaque comté) choisis pour quatre ans, et d’une chambre des représentants do vingt et un membres, élus pour deux ans. Les sénateurs devaient être âgés de vingt-sept ans et posséder au moins 200 acres (80 hectares) de terre ; les représentants devaient avoir au moins vingt-quatre ans. Les sessions avaient lieu tous les deux ans.

La découverte du Delaware est dueàîludson (1609). En 1S29, Godyn, directeur de la Compagnie hollandaise des Indes occidentales, au service duquel était Hudson, acheta aux indigènes une étendue de territoire voisine de l’embouchure du fleuve, et l’année suivante, De Vries, venu de Hollande avec trente colons, débarqua et s’établit près de l’endroit où se trouve actuellement la ville do Lewes. Trois ans après, la colonie nouvelle fut complètement détruite par les indigènes. En 1637, la Compagnie suédoise des Indes occidentales envoya une colonie de Suédois et de Finnois qui arriva au cap Henlopen dans les premiers mois de 1633, et qui, après avoir acheté tout lo terrain depuis le cap jusqu’aux chutes, près de Treaton, éleva un fort au confluent de la Christiana. Ces colons nommèrent le pays Nya Sœriga, ou Nouvelle-Suède. Les établissements postériours des Suédois s’effectuèrent surtout en deçà des limites actuelles do l’État de Pensylvanie, et, en 1643, leurs quartiers généraux furent fixés sur l’île Tinicum, à quelques kilomètres en aval de Philadelphie. Les Hollandais de la Nouvelle-Amsterdam, s’appuyant sur le droit do découverte et de premier établissement, protestèrent contre les acquisitions des Suédois, et on vue do les expulser, construisirent le tort Casimir (actuellement New-Castle), à 8 kilom. du fort Christiana, Le fort Casimir fut pris par les Suédois en 1654 ; mais, l’année suivante, les Hollandais des Nouveaux-Pays-Bas (État de New-York) attaquèrent et réduisirent les forts suédois et envoyèrent en Europe tous ceux des colons qui refusèrent de reconnaître la suzeraineté de la Hollande. Ainsi se terminèrent, de la part de la Suède, les tentatives d’établissement colonial aux États-Unis. Depuis lors jusqu’à l’époque où les Nouveaux-Pays-Bas furent conquis par les Anglais, les établissements du Delaware restèrent soumis aux autorités hollandaises. En 1604, le duc d’York s’empara do toutes les possessions des Hollandais, et les doux rives du fleuve furent placées sous le régime des lois anglaises. Lord Baltimore, maître du Maryland, réclama la région située à l’ouest du fleuve, comme faisant partie de la concession qui s’étendait jusqu’à 40" N., et de nombreuses incursions furent faites par le Maryland pour chasser les colons. Enfin William Penn, ayant reçu la concession de la Pensylvanie et désirant également la région qui s’étendait au sud du fleuve Delaware jusqu’à la mer, obtint du duc d’York l’abandon de ses droits sur New-Castle et un rayon do 20 kilomètres autour de cette place, ainsi que sur tout le pays compris entre ce point et

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la mer. En octobre 1682, il vint prendre possession de New-Castle et s’y maintint malgré l’opposition de lord Baltimore. La région qui constituo actuellement l’État de Delaware fut désignée par Penn sous lo nom des « Territoires ou les Trois comtés du bas Delaware. * Pendant vingt ans, ces comtés furent administrés comme partie intégrante de la Pensylvanie, chaque comté envoyant six délégués à l’assemblée générale. En 1703, les territoires furent autorisés à se séparer do la Pensylvanie et à se donner uno assemblée distincte. Abrité par les grandes provinces qui l’entouraient, le Delaware n’eut à subir aucune autre guerre que celles auxquelles il dut participer comme partie intégrante do l’empire britannique. En 1776, les habitants se déclarèrent indépendants et se donnèrent une constitution. En 1702, le Delaware adopta une constitution nouvelle, qui, avec quelques amendements, forme actuellement la loi fondamentale do l’État. La constitution fédérale fut ratifiée par lo Dolawaro le 7 décembre 1787. Il Plusieurs comtés ou subdivisions administratives des États - Unis d xYmérique et plusieurs petites villes du même pays portent le nom de Delaware. Les États do New-York, de Pensylvanie, d’Ohio et d’Iowa ont chacun un comté ainsi désigné.

DELAWA11ES, l’une des tribus algonquines des Indiens nord-américains, se nommant, dans le dialecte qui lui est propre, Lenapos, actuellement établis dans 1 État du Kansas, et occupant, au commencement du xvi° siècle, la vallée du fleuvo Delaware et les rives du Sehuylkill. Suivant ses traditions, cette tribu était jadis renommée pour son courage et sa sagesse ; elle occupa une place éminente dans l’histoire autochthone américaine, et sa domination s’étendait dos rives de la baie do Chesapeake à l’Hudson, fait qui semble confirmé par les tribus de même origine, qui donnent au Delaware W titre honorable 00 Grand-Père. Lo prestige des Delawares s’effaça à mesure que grandit celui des Iroquois ; et lors de la grande assemblée des tribus, convoquée en vue do la conclusion du traité de Lancastre, en 1744, ces derniers leur dénièrent lo droit d’aliéner leurs terres. Ils les obligèrent mémo à quitter pour jamais leur patrie et à émigrer vers les rives do la Susquehanuah. C’est sur co fleuvo qu’on les

trouve, en 1751, à Shamokin et à Wyalusing, exposés à la fois aux persécutions des Iroquois et à celles des émigrants de race blanche. Ils eurent le malheur d’ètro considérés par les Anglais comme subissant l’influence française, opinion fortifiée par ce fait, que les Delawares avaient, pour le plus grand nombre, adopté les principes de paix et de nonrésistance professés par Penn et Zinzendorf. Les Iroquois, de leur côté, s’offensèrent de leur neutralité ot aussi de leur tendance à se livrer aux travaux do l’agriculture et à l’élève du bétail, et de leur refus de prendre part aux expéditions de dévastation et de meurtre, tandis que la guerre indienne et française faisait rage de Québec à la Nouvelle-Orléans. Toutes ces préventions devaient naturellement amener de tragiques conséquences. En 1781, prèa de 400 Delawares moraves, établis sur ia rivière Muskingam, après avoir été pillés parune bande d’Indiens hostiles, reçurent l’ordre de se rendre à Sandasky, sur le lac Erié. L’année suivante, il leur fut permis de revenir dans leurs foyers ; mais co mouvement fut considéré comme un acte d’hostilité par les Anglais des frontières, qui vinrent attaquer les Moraves à Muskingam et en massacrèrent une centaine. Quand l’indépendance des États-Unis fut un fait accompli, les Delawares conclurent des traités d’alliance et d’amitié avec le gouvernement fédéral, d’abord en 1803 (traité du Fort-Wayne), puis en 1804 (traité de Vincennes). Toutefois, les Delawares ne restèrent pas longtemps sur les rives do la Susquehannah. Ils continuèrent graduellement leur migration vers l’ouest, reprenant leurs habitudes do guerre et de chasse, s’arrêtèrent pendant quelque temps sur les bords de la rivière Blanche, dans l’État d’Indiana, puis traversèrent le Mississippi. Us sont actuellement établis dans un territoire fertile, sur les bords du Kansas, dans l’État du même nom. Une partie do la tribu émigra au Texas et ses membres y jouissent d’une excellente réputation comme guides, chasseurs et forestiers. À l’embouchure du Kansas, les Delawares possèdent 150,000 hectares de terre ; ils en occupent trois fois autant en amont de ce fleuvo et sur les rives de ses affluents. Les trois derniers recensements décennaux ont prouvé que, contrairement à certaines autres tribus autochthones, la population des Delawares suit une progression ascendante ; ainsi, d’après le recensement do 1840, leur nombre ne s’élevait qu’à 800 ; le recensement do 1850 en comptait 1,500, et le dernier, celui de 18C0, fait ressortir leur nombre à 2,000. Les Delawares se sont attachés au sol, qu’ils cultivent avec intelligence ; ils se livrent également avec succès a l’élève des chevaux et des bestiaux, et ont adopté le costume européen. Ils possèdent, dans le trésor des États-Unis, un capital de 4,570,875 francs, dont 39,030 francs immobilisés comme fonds d’écoles.

DÉLAYABLE adj. (dé-lo-ia-ble — rad. délayer). Qui peut être délayé : Les substances delayablus dans t’eau ou dans l’alcool.

DÉLAYAGE s. m. (dé-lè-ia-jo — rad. délayer). Action de délayer, do détremper ; ré 41