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un tempérament de race et de nationalité. Par Dante, elle sera latine et toscane ; de Goethe, elle recevra le souffle de la vie germanique. » D’un autre côté, quelle que soit l’originalité de leur création, ni Dante ni Gœthe n’y disparaissent. « Bien au contraire, Dante entre en scène dès les premières lignes de sa Comédie ; il en est l’acteur principal : il est le seul lien entre les personnages épisodiques qui passent devant nos yeux ; et 1 intérêt, la réalité sensible de ce merveilleux voyage a travers l’éternité, ce sont les impressions du voyageur qui le raconte. Quant à Gœthe, sans se nommer, il se fait assez connaître dans son héros. Tout ce qu’il p, senti, rêvé, pensé, voulu, écrit déjà dans ses ouvrages antérieurs, il le met dans la bouche du docteur Faust. Sous ce masque transparent, il nous livre le secret de sa vie, son idéal. »

Mais ce n’est pas tout encore, ou plutôt c’est ici que la ressemblance devient surprenante. Ces hommes si divers d’époque, d’éducation, de race, ont cependant, a travers un intervalle de cinq siècles, poursuivi le même idéal, à. savoir l’amour infini, absolu, toutpuissant de l’éternel Dieu, attirant à soi du milieu des réalités périssables de cette existence l’amour de la créature mortelle. • Et, chez tous les deux, c’est l’être excellemment aimant, c’est la femme, vierge et mère, qui sert de médiateur entre l’amour divin et 1 amour humain ; c’est Marie pleine de grâces, vers qui montent les prières exaucées de Béatrix et de Marguerite; c’est la Mater gloriosa, la reine du ciel, qui accorde la vision des splendeurs à Faust, la connaissance de la sagesse de Dieu. » Les deux poèmes oat le même commencement. Dante, à son dernier vers, chante l’amour qui meut le soleil et les autre :  ? étoiles, et à son dernier vers Gœthe chante o l’Eternel féminin » qui nous élève à Dieu. En vérité, peut-on pousser plus loin la ressemblance ?

C’est au développement de cette thèse qu’est consacré le volume, d’où l’on pourrait détacher de fort belles pages et de magnifiques paysages. Nous citerons seulement ce passage, qui peut servir de conclusion : « Pour tout résumer, caractère religieux, pensée philosophique, sentiment de 1 idéal, largeur dû Ïilan, merveilleux du sujet tiré également de a légende chrétienne, savoir encyclopédique, spontanéité, beauté du langage, inspiration personnelle et populaire tout ensemble, la Divine comédie et Fûtist offrent à nos admirations les mêmes grandeurs. Dans une métamorphose poétique d’une incroyable puissance, Dante élève les conceptions variées du polythéisme latin à l’unité d un catholicisme grandiose. À son tour, plus hardi encore et doué d’une vertu poétique qui s’est nourrie du savoir accru de cinq siècles, Gœthe accorda, en les transformant, dans la vaste harmonié du panthéisme moderne, les dieux de la Rome antique avec le Dieu supérieur de la Rome chrétienne. » Si l’on considère les vicissitudes subies et l’influence exercée par les deux poëtes, on ne sera pas moins surpris dès analogies qu’ils présentent. Mais nous renvoyons pour ces détails au livre lui-même. Avant d’être réunis en volume, les dialogues de Daniel Stern avaient paru dans la Revue germanique, dirigée par M. Dollfus.

Dante et Béocris, chef-d’œuvre d’Ary Scheffer. Le peintre s’est inspiré de ce passage du XXIIs chant du Paradis, où Dante, entraîné à la suite de Béatrix vers les hautes sphères, est saisi d’une sorte de vertige et se tourne vers celle qui le guide ; pour implorer son assistance, « comme fait l’enfant qui recourt toujours à sa mère en qui est toute sa confiance » :

Oppressa <H stupore al mia guida Mi volsi corne parvol, che ricorre Sempre cola, dote più si confida. Béatrix, prenant sa plus douce voix, réconforte le poète et l’engage à fixer ses regards vers le ciel où tout est saint, où tout brille et resplendit de l’éclat le plus pur. Dante obéit.’et aperçoit cent sphères qui s éclairent et s’embellissent l’une l’autre de leurs rayonnements, et il reste immobile, réprimant la vivacité de ses désirs et n’osant rien demander : Com’a lei piacque, gli acchi dirizzai, B vidi cento iperule, che insième Piû t’abellivan con mutui rai. Io stava corne quei che in se ripreme La punta del disio, e non s’attenta Del demandar, $i del troppo si terne. Ary Scheffer a représenté Béatrix debout sur une nuée, vêtue d’une longue tunique aux lis flottants, la main droite sur la poitrine, le ^ras gauche abandonné le long du corps, la tête ceinte d’une couronne de laurier, la physionomie inspirée, les yeux levés vers le ciel. Cette figure a une sublime expression de candeur, de sainteté ; elle est en quelque sorte immatérielle comme le sentiment que Béatrix vivante avait inspiré au poëte. On dirait une sœur de la Sainte Cécile de Raphaël. Dante, vu jusqu’aux genoux seulement, est placé sur une nuée inférieure à celle qui porte Béatrix ; il lève timidement vers l’empyrée des regards éblouis ; son attitude et son geste expriment l’admiration dont il est saisi.

Cette admirable composition, digne pendant du tableau représentant saint Augustin et sainte Monique, n’a jamais été exposée. Elle n’est guère connue que par la gravure qu’en a faite M. N. Lecomte et qui a paru a 1 Exposition universelle de 1855. Il en existe plul

Ï)AN ?

sieurs autres reproductions gravées, notamment dans la traduction en vers français du Paradis, par M. Topin (Livoùrne, 1862), et dans l’Histoire des peintres de toutes les écoles.

Dante et Virgile rencontrant les ombres de Française de Rimini eC de Paolo, tableau

d’Ary Scheffer. V. Françoise de Rimini.

Dante et Virçile (le), tableau d’Eugène Delacroix. V. Barque de Dante (la).

DANTE, poète italien, né à Majano, en Toscane ; contemporain de l’illustre Dante Alighieri. La lecture de ses vers inspira une vive passion à une jeune Sicilienne, nommée Nina, qui cultivait elle-même avec succès la poésie, et qui, depuis cette époque, se fit appeer Nina di Dante. Les œuvres lyriques de Dante de Majano ont été publiées dans le recueil intitulé Sonetti e Cansoni di diversi antichi autori toscani (Florence, 1727).

DANTE (Jean-Baptiste), mathématicien et physicien italien, né à Pérouse au xve siècle. Il est surtout connu par l’invention d’ailes artificielles faites avec tant d’art, qu’il parvint, dit-on, à s’en servir pour voler. Ayant voulu un jour, pendant une fête, montrer publiquement les résultats qu’il avait obtenus, il se lança dans l’espace ; mais une des ailes se rompit, et il se brisa une cuisse dans sa chute. Lorsqu’il fut guéri de sa blessure, il quitta sa ville natale pour aller s’établir à Venise, où il professa les mathématiques jusqu’à sa mort.

DANTESQUE adj. (dan-tè-ske-du nom de Dante Alighieri). Néol. Qui est particulier à Dante, qui est dans la manière de Dante, qui a la mâle énergie de son style, sa puissance d’imagination : Le style dantesque. L’énergie dantesque. Il le fit sien par les passions, par les acteurs, et même par les détails de la scène, gui ne sont, ni homériques ni virgiliens, mais dantesques. (Ch. Nod.) Il broda des caprices exécutés tantôt avec la douceur et la perfection raphaélesques de Chopin, tantôt avec la fougue et le grandiose dantesque de Liszt. (Balz.) Votre poésie dantesque n’a rien créé d’aussi lugubre que i’Apocalypse. (G. Sand.) Qui pourrait préférer, dans son goût pédantesque, Aux plis graves et droits’de ta rote dantesque, Ces pauvres ordres grecs qui se meurent de froid,

Ces Panthéons bâtards

Th. Gautier.

— s. m. Le dantesque, Le genre de Dante

DANTHONIE s. f. (dan-to-nî — de DanIkoine, hoinn. français). Bot. Genre de plantes, de la famille des graminées, tribu des avénées, renfermant une trentaine d’espèces répandues dans presque toutes les régions du globe : La dantuonib couchée est très-commune en France. (C. Lemaire.)

D'ANTHOUARD ou DANTHOUARD DE VRAINCOURT (Charles-Nicolas), général français, né à Verdun (Meuse), en 1773, d’une ancienne famille de Bourgogne, mort en 1852. Il sortit, en qualité de lieutenant (1790) de l’école d’artillerie de Pont-a-Mousson, servit au siège de Toulon sous les ordres directs de Bonaparte, l’accompagna en Italie et en Égypte et prit une part glorieuse a la bataille des Pyramides ; il devint aide de camp d’Eugène de Beauharnais en 1805, contribua au succès de la bataille de Raab, gagnée par ce prince (1809), et fut nommé comte de l’empire et général de division, l’année suivante. Il eut le gouvernement des provinces illyriennes en 1813 et défendit, mais en vain, les villes de Parme et de Plaisance lors de l’invasion de 1814. Il fit alors sa soumission à Louis XVIII et présida, en 1816, le conseil de guerre où le | général Drouot fut acquitté. Après 1830, Louis-Philippe l’éleva à la dignité de pair de France.

DANTI ou DANTE (Pietro-Vincenzo Rainaldi, connu sous le nom de), mathématicien et poëte italien, mort en 1512. II appartenait à une famille noble de Pérouse ; il était très-versé dans l’architecture et dans les mathématiques, et il laissa un commentaire italien sur la Sphère de Sacrobosco, lequel a été imprimé à Pérouse en 1544. Comme il faisait des vers et qu’il se croyait doué d’un grand génie poétique, il prit le nom de Danti ou Dante, qu’il laissa a ses descendants. — Son fils, Jules Danti, natif de Pérouse et mort en 1575, fut un architecte distingué. Il construisit, avec A. Alessi, la belle église de Sainte-Marie-des-Anges, près d’Assise.

DANTI (Théodora), fille de Pierre-Vincent et sœur de Jules. Elle habitait Pérouse, quand, en 1497, la peste l’obligea de fuir cette ville et de se réfugier à la campagne. Son père lui apprit les mathématiques. Elle ne tarda pas à devenir aussi savante dans cette science que son maître, et elle l’apprit à son tour à un de ses neveux, Vincent Dante, qui fut depuis célèbre comme elle. Théodora suivit les leçons de peinture du fameux Vanucci, dit le Pérugin, qui fut aussi le maître de Raphaël. Les tableaux de Théodora sont peu nombreux, mais fort estimés ; on y retrouve la grâce et le coloris du Pérugin, sans la sécheresse qu’on reproche au chef de l’école romaine.

DANTI ou DANTE (Vincenzo), peintre, architecte et sculpteur italien, né à Pérouse en 1530, mort en 1576, fils de Jules Danti et neveu de Théodora. Il étudia quelque temps sous Michel-Ange, acquit des connaissances multiples^ et n’avait encore que vingt ans lorsqu’il lut chargé de faire en bronze la statue do Jules III, œuvre extrêmement remar


quable, qui orne la place de Pérouse. Côme de Médicis, appréciant son talent, lui commanda plusieurs grands morceaux de sculpture, qui se distinguent tous par la beauté des formes et l’ampleur du style. Nous citerons, parmi ses meilleurs travaux en ce genre : trois statues de bronze représentant la Décollation de saint Jean-Baptiste, placée sur une des portes du Baptistère de Florence en 1571 ; son groupe de la Victoire enchaînant la Fraude, dans le Palais-Vieux, et sa Vierge du mausolée de Charles de Médicis, dans la cathédrale de Prato. Le grand-duc le nomma son architecte, et il se montra habile ingénieur en réunissant les eaux perdues de la fontaine de Pérouse (1560). Comme peintre, il fit plusieurs fresques estimées. Il composa des dessins pour la décoration de l’Escurial, et Philippe II en fut si charmé qu’il lui fit les offres les plus brillantes pour qu’il vînt achever les peintures de ce palais ; mais la mauvaise santé de Danti ne lui permit pas d’accepter. Cet artiste fut également un orfèvre des plus distingués. Enfin il publia une Biographie des statuaires les plus éminents (1567), ouvrage devenu très-rare.

— Son frère, Jérôme Danti, né à Pérouse en 1547, mort en 1580, devint un peintre des plus distingués, et laissa, entre autres ouvrages, six fresques qu’on voit dans l’église Saint-Pierre de Pérouse. Il fut malheureusement enlevé à l’art à l’âge de trente-trois ans.

DANTI ou DANTE (Ignace), mathématicien italien, né à Pérouse en 1536, mort en 1586, frère du précédent. Il entra dans l’ordre des dominicains et étudia avec un égal succès les mathématiques, qu’il professa d’abord à Florence, la géographie, l’astronomie, la perspective et les lettres. Il avait fait de grandes cartes géographiques pour Côme de Médicis, lorsqu’il fut appelé à Rome par Grégoire XIII, qui l’employa à réformer le calendrier, à lever les cartes et les plans de différentes places des États de l’Église, et à représenter, par des cartes murales, dans la salle dé Duchi, au Vatican, la géographie ancienne et moderne. Ignace Danti établit, en outre, à Florence et à Bologne, des gnomons assez considérables pour fixer les solstices et les équinoxes. Pour le récompenser de ses services, le pape le nomma, en1583, évêqued’Alatri. On doit à ce savant distingué plusieurs ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Traité de l’astrolabe (Florence, 1569, in-4o), dans lequel il mentionne la diminution de l’obliquitéde l’écliptique : le Sienze matematiche redotte in tavole (Bologne, 1577, in-fol.), offrant 45 curieux tableaux synoptiques ; Anémographia, etc. (Bologne, 1578), où l’on trouve d’intéressantes observations sur la division des vents. Citons aussi ses traductions de la Sphère de Proclus (1573), de la Perspective d’Euclide, etc.

DANTI ou DANTE (Girolamo), peintre italien du xvio siècle, fréquemment désigné sous le nom de Dante di Tisiano ou Girolamo di Tixiana, parce qu’il eut le Titien pour maître. Il travailla presque constamment aux tableaux du célèbre artiste et n’en fit que très-peu pour son propre compte. Nous citerons toutefois Saint Côme et saint Damien, dans l’église San-Giovanni-Nuovo, à Venise.

DANTIER (Henri-Joseph), littérateur français, né à Noyon en 1810. II abandonna le droit pour se livrer à l’enseignement, et professa quelque temps l’histoire à l’école polonaise de Paris. Un ouvrage intitulé : Coup d’œil sur l’art chrétien, suivi de la description de Notre-Dame de Noyon, qu’il publia en 1844, lui fit donner par M. de Salvandy, alora ministre de l’instruction publique, la mission d’étudier les anciens monuments de l’épigraphie chrétienne en Italie. Depuis lors, M. Dantier a été chargé par le gouvernement de recueillir en France et a l’étranger la correspondance inédite des bénédictins de Saint-Maur. Outre des articles, des études historiques, des mémoires sur les résultats de ses missions, insérés dans le Moniteur, dans la Bévue de l’instruction publique, dans la Bévue contemporaine, etc., M. Dantier a fait paraître : Histoire du moyen âge (1852) ; Études sur les bénédictins (1854, 2 vol.), etc.

DANTINE (Maur-François), antiquaire et érudit, né à Gourieux, dans le diocèse de Liège, en 1688, mort à Paris en 1746. Il entra, à l’âge de vingt-quatre ans, dans la congrégation des bénédictins de Saint-Maur, se livra avec passion à l’étude, et, après avoir professé quelque temps avec une grande distinction la philosophie à l’abbaye de Saint-Nicaise de Reims, il se rendit à celle de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, où il travailla à la

Collection des décrétâtes. Quelque temps après, il —fut chargé de terminer, de concert avec Carpentter, la nouvelle édition du Glossarium média et infimœ latinitatis de Ducange. Il en fit paraître les quatre premiers volumes en 1733, et le cinquième en 1734. Ce fut l’abbé Carpentier qui publia le sixième en 1736. Dom Maur, l’année même de l’apparition du cinquième, avait été exilé à Pontoise, à cause de son attachement au jansénisme. Il fut rappelé en 1737. On lui doit encore une traduction, sur l’hébreu, des Psaumes, avec des notes tirées de l’Écriture et des Pères pour en faciliter l’intelligence (1738, in-18 ; réimprimée à Paris en 1740, in-12), et l’Ar* de vérifier les dates, qu’il n’eut pas le temps de terminer et qui fut achevé par dom Clément (Paris, 1750, in-4o}.


DANTISCUM, nom latin de Dantzig.

DANTISCUS, en polonais Dantiszek (Jean), poëte latin polonais, né à Dantzig (en latin Dantùcum) en 1485, mort en 1548. Il dut à sa ville natale le nom sous lequel il est connu et qu’il adopta au lieu de celui de Flachsbinder, que portait sa famille. Après avoir fait ses études à l’Académie de Cracovie, il servit quelque temp3 dans l’armée polonaise, et fit ensuite en Orient un voyage pendant lequel il parcourut la Palestine, la Syrie, l’Arabie et la Grèce. De retour dans sa patrie, il s’attira par son talent poétique la bienveillance du roi de Pologne Sigismond Ier, qui le prit pour secrétaire. Plus tard, il embrassa l’état ecclésiastique, mais n’en resta pas moins à la cour en qualité de secrétaire du roi. Il accompagna ce prince à Presbourg, où ses poésies lui valurent la faveur de l’empereur Maximilien, au point que ce dernier lui décerna solennellement la couronne poétique et l’anoblit sous le nom de Von Hofen (a Curiist des Cours, en français), La plupart des langues de l’Europe lui étaient familières, et il était fort habile dans les négociations diplomatiques ; aussi Sigismond l’envoya-t-il auprès de Charles-Quint, qu’il décida à signer la paix avec les Vénitiens. Après avoir assisté, en 1530, à la diète d’Augsbourg et avoir accompagné l’empereur en Espagne, il revint en Pologne en 1535 et fut successivement promu évêque de Culm et deTErmeland, Il se lia d’une amitié étroite avec Copernic et avec Hosius, et fut aussi en rapport avec les partisans de Luther. Ses œuvres, qui sont pour la plupart des poésies de circonstance, ont été recueillies et publiées par Bcehm (Breslau, 1764). Elles sa distinguent par la pureté de la latinité et la clarté de l’expression plus que par le sentiment poétique.


DANTOINE (Jean-Baptiste), jurisconsulte français, qui vivait au commencement du XVIIIe siècle. Il fut avocat au parlement et aux cours de Lyon. Il a laissé deux ouvrages estimés : Règles du droit civil… traduites en français avec des explications et des commentaires (Lyon, 1710, in-4o), et Régies du droit canon, avec des explications et des commentaires (Lyon, 1720).


DANTON (Georges-Jacques), illustre conventionnel, né à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759, fils d’un procureur au bailliage de cette ville, mort le 5 avril 1794.

Nous sommes ici en présence d’une des plus grandes figures de la Révolution, dont la mémoire, longtemps décriée pendant la longue réaction qui a suivi l’époque héroïque, s’est peu à peu dégagée des souillures et commence à nous apparaître enfin dans sa puissante vérité. Sans nous attarder à réfuter en détail les erreurs sans nombre, les inexactitudes et les calomnies qui ont composé pendant si longtemps la biographie de l’illustre révolutionnaire, nous donnerons ici un résumé de sa vie d’après les dernières recherches.

L’enfance de Danton n’eut de remarquable qu’une série d’accidents qui mirent plusieurs fois sa vie en danger. Il grandit à la campagne, dans toute la liberté de la vie de nature. Un taureau échappé lui déchira la lèvre d’un coup de corne. Par une singulière fatalité, un peu plus tard il eut le nez écrasé, à moitié arraché par un autre taureau, contre lequel il s’était avisé de vouloir lutter. Une autre fois il attaqua des porcs, fut terrassé par eux et cruellement mordu ; il paraît même que sa virilité fut un instant compromise. Enfin une petite vérole très-intense acheva de le défigurer, et de lui composer cette puissante laideur dont tous les contemporains nous ont parlé.

Les amis de sa jeunesse et les parents qui ont laissé des notes sur lui entrent dans beaucoup de détails sur cette époque de sa vie, sur son humeur indépendante, sa hardiesse, son amour des exercices violents, sa force, son penchant à l’amitié, etc. Mais notre cadre, on le comprend, ne nous permet pas de reproduire tous ces détails, dont quelques-uns sont bien un peu puérils, il faut en convenir. Nous détacherons seulement une anecdote originale et curieuse.

Danton était en rhétorique au moment du sacre de Louis XVI, en 1775. Le professeur avait donné cette cérémonie comme texte d’amplification. L’écolier, pour mieux se pénétrer de son sujet, prit la résolution hardie de s’échapper de sa pension (c’était à Troyes) et d’aller assister au sacre, afin de voir, disait-il, comment se fait un roi (il montrera un jour comment on les défait). Il confia son projet à quelques condisciples, qui lui prêtèrent leurs petites économies ; il partit, il traversa son pays d’Arcis sans aller voir sa famille, franchit 28 lieues, arriva à Reims, se glissa partout et parvint à assister à toutes les cérémonies du sacre. Il en revint, paraît-il, peu émerveillé, et il se fit pardonner son escapade en brochant le meilleur devoir sur l’auguste cérémonie, dont il faisait les contes les plus amusants à ses camarades.

Après des études assez brillantes, il fut envoyé à Paris pour faire son droit et apprendre la procédure. Suivant la coutume du temps, il entra comme clerc chez un procureur et commença à s’initier aux affaires. C’était alors un garçon jovial, insouciant, déjà pénétré d’idées philosophiques, aimant les plaisirs de son âge, la paume, l’escrime, la natation, exercices où il était de première force, adoré de ses amis pour sa joyeuse humeur, son cœur