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recherches avec Coste sur l’Embryogénie (1831), Delpech a publié le Mémorial des hôpitaux du Midi, journal mensuel ; de nomcreux articles dans les journaux et publications périodiques, et dans le Dictionnaire des sciences médicales ; une traduction du livre de Scarpa sur les Anévrismes, etc. Ce chirurgien éminent, à qui l’on doit la découverte de la membrane pyogénique, de celle du tissu cellulaire, et qui constata le premier que le j>ied bot provient du manque de longueur du tendon d Achille, était membre correspondant de l’Académie des sciences et de l’Académie de médecine.

DELPECH (François-Séraphin), écrivain, né à Paris en 1778, mort en 1825. Il se livra à l’étude des beaux-arts, devint un excellent dessinateur et commença à se faire connaître, comme écrivain, enTpubliant dans le Mercure des articles sur l’exposition de 1812. On a de lui : Examen raisonné des ouvrages de peinture, de sculpture et de gravure exposés au Louvre en 1814 (Paris, 1814-1815, in-8°) ; et Iconographie des contemporains, collection de portraits lithographies, qu’il commença à faire paraître en 1823, et dont la publication fut continuée par sa veuve.

DELPECH (Auguste), médecin français, neveu du célèbre chirurgien de même nom, né à Paris en 1820. Il obtint le titre de docteur en 1846, après avoir été interne et chef de clinique à l’Hôtel-Dieu. Agrégé en 1847, il fut recula même année médecin des hôpitaux. M. Delpech est aujourd’hui médecin de l’hôpital des Enfants et membre de l’Académie de médecine. Sa clientèle, très-nombreuse, est en grande partie située dans le faubourg Saint-Germain.

Les écrits de M. Delpech sont les suivants : Des spasmes musculaires idiopalhiques de la paralysie nerveuse essentielle (1846) ; Des fièvres (1847) ; De, la nomenclature des maladies (1853) ; Recherches sur l’intoxication par le sulfure de carbone (Paris, 1863, in-8°) ; les Trichines et la trichinose chez l’homme et chez les animaux (Paris, 18G6, in-8°) : De la ladrerie du porc, au point de vue de l hygiène publique et prioée (Paris, 1864, in-8°).

DELPHACE s. m. (dèi-fa-se — du gr. del- pAra, jeune cochon). Eutom. Genre d’insectes hémiptères, de la famille des fnlgoriens, comprenant deux espèces de petite taille qui vivent aux environs de Paris. IJ Ou écrit aussi

DHLPHAX.

BELPHAC1DE adj. (dèl-fa-si-de) — rad. delphncé). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte au genre delphace.

— s. m. pi. Groupe d’insectes hémiptères, de la famille des fulgoriens, ayant pour type le genre delphace.

DELPHES, ville célèbre de la Grèce ancienne, située dans la Phocîde, à 40 kilom. de l’antique Chéronée, sur le penchant S.-O. d’un des pics du Parnasse, près des rives du Pleistos et auprès des murailles verticales formées par les roches Phœdriades. Le villuge moderne de Kastri occupe une partie de l’emplacement de l’ancienne ville, qui en a fourni les matériaux de construction.

On retrouve les mêmes débris presque à chaque pas encastrés dan3 les murs des maisons dont se compose le village, bâti au milieu de cette sorte de fondrière ou d’excavation naturelle, entourée de précipices, où s’élevaient la ville et le temple d^pollon. Le nom de Delphes vient du grec Delphoi, forme éolienne Belphoi, qui appartient à la même famille que delpkus, matrice, sein, d’où adelphos frère, proprement : né du même sein ; delp/iis, dauphin, poissonà nageoires abdominales. La ville de Delphes était sans doute ainsi "nommée parce qu’on la considérait comme le milieu de la terre. Quant au grec delphus, sein, matrice, il représente exactement le sanscrit garbhas, ventre, matrice, proprement ce qui a été conçu, ce qui conçoit, de la racine grabh, grah, concevoir, d’où aussi le sanscrit garbhas, fœtus, embryon, enfant nouveau-né ; le grec brephos, même sens, et l’ancien slave srebe, srebici, petit d’un animal. De là aussi le latin germen pour gerbmen, germe, et peut-être aussi gremium, sein. Pott, Benfey et Schleicher comparent également l’ancien haut allemand fcalp, gothique fcalpo, génisse.

" En sortant de Crissa pour monter à Delphes, dit Pouqueville (Voyage de Grèce, t. IV), on a sur la gauche le Parnasse et à droite le mont Cirphis. On suit un.chemin, taillé en galeries spacieuses que létemps a dégradées et rendues d’un accès difficile. Aux flancs du rocher qui borde la route sur la gauche, on remarque des grottes sépulcrales dont l’ouverture est sculptée en arcades ; quelques-unes de ces chambres contiennent jusqu’à trois sarcophages placés dans une cavité arrondie, et un bloc de pierre isolé forme à lui. seul un tombeau monolithe. On trouve près de Delphes la fontaine Castalie, qui donne naissance au Pleistos, dont on aperçoit le cours au bas des rochers. Aus lieux où fut la ville, on rencontre des marbres, des pans de murs, des décrets, des consécrations gravés sur les rochers. L’emplacement du gymnase, la cella du temple d’Apollon, les roches Phœdriades qui dominent Delphes terminent la perspective. »

Quelques antiquaires ont fait du site où ■’élevait Delphes, d’après les écrits des an DELP

ciens et surtout d’après ceux de Pausanias, une description poétique.

La ville sacrée d’Apollon était bâtie en amphithéâtre, « Resserrée entre les deux croupes du Parnasse et un bassin de roches étagées par la nature, n’occupant en circuit que 16 stades (un peu plus de 2 kilom.), elle regorgeait, dit M. Denne-Baron, de maisons et d’habitants, auxquels se mêlaient un si grand nombre de statues de dieux qu’on aurait dit une fête donnée tous les jours aux hommes par les immortels de l’Olympe. Mais la grande célébrité de cette ville provenait surtout du culte qu’on y rendait à Apollon. On ne pouvait choisir un lieu plus pittoresque, plus inspirateur, plus propre au culte du dieu de la lumière ; au lever du jour, les deux cimes du Parnasse, quand quelques étoiles languissaient encore dans le ciel demi-sombre, brillaient déjà d’or et.d’azur ; à midi, toutes ces roches resplendissaient de feux comme des miroirs ardents, et le soir, elles semblaient aux rayons du couchant comme des granits

— d’un rose céleste, » Ce merveilleux tableau, qui frappait les hommes d’admiration il y a quatre mille ans, est le même aujourd’hui ; il n’a pas changé avec le temps ; lord Byron ne pouvait en rassasier ses yeux.

Au rapport de Pausanias, le temple d’Apollon occupait un vaste espace ; les plus belles rues de la ville formaient comme les rayons d’un cercle dont le temple était le centre. Près de celui-ci, dans la ville du milieu, étaient l’ouverture prophétique et le trépied sur lequel la pythie rendait ses oracles. Dans le voisinage s élevait le tombeau de Pyrrhus, fils d’Achille ; non loin de ce tombeau se trouvait la célèbre Lesché, que Polygnote avait décorée de peintures représentant les différents épisodes de la guerre de Troie. Dans la plaine s’étendant entre Delphes et Cyrrha, qui lui servait de port, se célébraient lesjeux Pythiques.

Sur son sol rocailleux, Delphes stérile se riait des villes aux campagnes fertiles, aux sillons opulents, aux mains industrieuses. L’Europe, l’Asie, l’Afrique, les rois et les particuliers achetaient au poids de l’or ses oracles et ses fourberies. Tous les prestiges de l’artifice, tous les merveilleux accidents de la nature y contribuaient à fasciner les yeux des peuples. Lorsque la pythie rendait ses oracles, les accords de la flûte, du chant, des lyres et les sons des trompettes, multipliés à 1 infini par les mille échos des roches voûtées du Parnasse, frappaient et enchantaient les oreilles d’une harmonie surnaturelle. Voilà, au rapport des auteurs anciens, ce qu’étaient Delphes et les prestiges de son immense célébrité ; essayons maintenant de décrire ce qui reste de cette cité merveilleuse.

« De nos jours, dit M. Isambert, on reconnaît à peine les constructions importantes, comme le mur de marbre qui soutenait le temple au sud, et qui était recouvert de longues inscriptions remontant jusqu’au me siècle avant J. —C. et relatives à des affranchissements d’esclaves. Ces inscriptions ont été heureusement copiées par M. Lebas en 1844. Sur un niveau un peu inférieur, on trouve les restes d’une muraille puissante, remarquable par sa’belle construction. Ces murs semblent avoir formé des terrasses superposées que la déclivité du terrain avait rendues nécessaires pour établir l’enceinte sacrée. Du temple lui-même et des autres monuments décrits par Pausanias, il ne reste aucun fragment. De même, on ne peut faire que des conjectures sur la position de Yadytum et de la crevasse sur laquelle se plaçait le trépied sacré. Le savant antiquaire Ulrichs a cru voir dans la petite fontaine de Saint-Nicolas l’ancienne source Cassolis ; un peu à l’ouest de cette fontaine, il a reconnu des restes du théâtre et de la Lesché, lieu de réunion des Delphiens. Un peu plus haut, vers l’ouest, la fontaine Kerna répond sans doute à la fontaine Delphousa, qui fournissait d’eau Delphes et le faubourg Pylaaa, où se tenait le conseil amphictyonique et dont on trouve quelques vestiges sur la route de Crissa. Au-dessus et à 1 ouest de la fontaine Kerna, on trouve les restes du stade dont on peut tracer le contour. On a reconnu quelques sièges creusés dans le roc, mais il n’y a aucun débris du marbre dont Hérode Atticus l’avait revêtu. Un peu plus à l’ouest, on observe des vestiges des murs dirigés du sud au nord et appartenant sans doute à l’enceinte dont Philomèle avait entouré la ville. La partie la plus authentique de l’ancienne Delphes est la fontaine de Castalie, située à. l’entrée de la gorge étroite et profonde qui sépare les rochers Phœdriades (resplendissants). L’eau s’échappe d’abord par plusieurs filets imperceptibles entre les rochers, pour former bientôt un ruisseau, qui descend vers le monastère de là Panagia-Kimisis et va se jeter dans le Pleistos. La source se déverse dans un bassin quadrangulaire creusé dans le roc et où l’on descend par trois ou quatre marches. Sur ce point, la montagne est taillée verticalement et présente plusieurs niches, dont la plus grande a été convertie en chapelle. Dans le roc, on voit un canal étroit qui communique par sa partie supérieure avec le torrent et par sa partie inférieure disparaît dans la terre pour reparaître plus bas. Ce canal a été regardé comme le passage par lequel la prêtresse pouvait paraître et disparaître, et le bassin a été nommé Bain de la pythie. Mais aucun texte ancien n’autorise à penser que la

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pythie eût l’habitude de se baigner dans la fontaine de Castalie. Ce bassin quadrangulaire doit plutôt, d’après Ulrichs, être regardé comme le bain des pèlerins, qui devaient se purifier avant de se présenter devant l’oracle. C’est du haut des rochers Phaedriades qu’on précipitait les criminels. Ésope fut précipité du haut du rocher Flembouko, qui s’élève à l’est de la fontaine de Castalie. Pendant la guerre de l’Indépendance, les Grecs firent périr de la même manière plusieurs prisonniers turcs. Le monastère de la Panagia-Kimisis, quel’on voit sur un petit plateau couvert de vieux oliviers et de mûriers, indique l’emplacement de l’ancien gymnase ; dans le jardin, on remarque une belle muraille hellénique, et dans la cour du couvent plusieurs fragments de sculpture ; les plus importants de ces fragments sont deux bas-reliefs, dont l’un représente un torse d’homme et l’autre un quadrige ; fes chevaux sont bien conservés ; mais le char est en partie détruit et il ne reste plus qu’une jambe du personnage qui le montait. Devant les chevaux, on voit un autel qui porte des traces manifestes de peinture. Un peu plus loin, sur la droite de la route qui conduit au couvent, une plate-forme avec quelques débris marque l’emplacement des quatre temples décrits par Pausanias et dont le plus important était celui de Minerve Pronoia. »

M. Foucart, membre de l’École française d’Athènes, a fait sur l’ancien emplacement de Delphes des fouilles savantes. Un des résultats les plus importants de ses recherches a été la découverte de nombreuses inscriptions qui se divisent en trois classes:celles qui ont rapport à l’affranchissement des esclaves; celles qui confèrent le droit de cité et celui de proxénie ou d’hospitalité aux amis et aux protecteurs "étrangers des Delphiens, ; celles qui ont trait aux jeux publics.

Ainsi que nous l’avons dit plus haut, la ville de Delphes était célèbre par son temple, ses oracles et les jeux sacrés que les Grecs réunis célébraient, à des époques fixes, dans son enceinte. C’était un sanctuaire renommé où l’on venait faire des pèlerinages et où l’on envoyait des présents non-seulement de toute la Grèce, mais aussi de tous les autres points du globe ; les Marseillais y avaient consacré une grande statue de bronze en souvenir des avantages remportés par eux sur les Carthaginois, et Rome, encore à sa naissance, y avait envoyé plusieurs fois des présents et dés ambassades. Les peuples et les rois qui recevaient des réponses favorables, ceux qui remportaient des victoires ou qui étaient délivrés des malheurs qui les menaçaient, se croyaient obligés d’élever à Delphes des monuments de leur reconnaissance. Les vainqueurs couronnés dans les jeux publics, les citoyens illustres par leurs talents ou par leurs services obtenaient l’honneur d’une statue dans cette enceinte. Aussi à Delphes se trouvait-on entouré de tout un peuple de héros ; là tout rappelait les événements remarquables de l’histoire, et la peinture et la sculpture contribuaient à donner à ce sanctuaire un éclat incomparable. Innombrables étaient les richesses accumulées dans le temple. Outre les offrandes générales faites par les différents peuples et qui consistaient en statues, chars d’airain, chevaux de bronze, et formaient la collection artistique la plus précieuse de toute la Grèce, il y avait ce qu’on appelait les trésors, qui contenaient des sommes considérables appartenant aux villes ou aux particuliers et qui avaient été apportées à Delpnes soit pour être offertes aux dieux, soit pour être mises seulement en dépôt sous la protection d’Apollon. Quand ce n était qu’un dépôt, on inscrivait dessus le nom de celui à qui il appartenait pour qu’il pût le retirer au besoin. Dans le trésor des Sicyoniens, on voyait un livre d’or, offert par une femme qui avait remporté le prix de poésie aux jeux Isthmiques ; dans celui des habitants d’Acanthe, des obélisques de fer présentés par la courtisane Rbodope. Les prêtres païens ne se montraient pas plus difficiles que les prêtres chrétiens pour ces sortes d’offrandes : ne sont-ce pas les grands coupables qui ont toujours enrichi les églises ? Mais tous ces présents étaient effacés par la richesse de ceux qu’avaient faits Gygès et Crésus, tous deux rois de Lydie. Ce dernier prince, ayant consulté l’oracle, fut si content de sa réponse qu’il fit porter à Delphes in demi-plinthes d’or épaisses d’une palme, deux grands cratères d’or et d’argent, une statue d’or, et en outre une quantité d’aiguières, de lingots et de colliers : cette offrande représentait une valeur de 4û millions de francs. Aussi n’était-il pas étonnant d’entendre dire que la ville de Delphes renfermait plus d’or et plus d’argent que tout le reste de la Grèce.

Ce temple, qui devait contenir tant de richesses, fut d’abord construit de branches de laurier entrelacées ; un second fut formé avec de la cire et des plumes d’oiseaux ; Vulcain, selon la tradition, construisit le troisième tout d’airain pour lui donner plus de solidité ; le quatrième, tout de pierre, devint la proie’des flammes dans la Lvnie olympiade ; enfin le dernier, celui dont la splendeur égala la réputation, fut élevé par les amphictyons ; toutes les villes de Grèce se cotisèrent volontairement, et l’on n’eut pas besoin, comme

pour Saint-Pierre de Rome, de recourir à la vente des indulgences.

Tant de trésors et de richesses devaient attirer bien des convoitises ; aussi le temple

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de Delphes fut-il pillé plusieurs fois. Les Eubiens, les Argiens, les Dryopes, les Phlégiens, les Crinéens et les Phocéens portèrent tour a tour des mains sacrilèges sur ce sanctuaire et le dévalisèrent à plusieurs reprises. Les Gaulois tentèrent deux fois le même pillage, et c’^st dans la dernière de ces expéditions que Brennus trouva la mort. (V. ciaprès.) Le dernier dévastateur du temple fut Néron, qui, dans la ■visite qu’il y fit, ayant trouvé à sa convenance cinq cents belles statues d’hommes et de dieux, les enleva et les fit transporter à Rome.

Delphes était aussi célèbre par ses oracles que par son temple. Ces arrêts du destin étaient rendus par une pythie à laquelle des vapeurs sortant de terre communiquaient la fureur prophétique. Ce fut le hasard qui les fit découvrir. Des chèvres qui erraient parmi les rochers du mont Parnasse, s’étant approchées d’un soupirail d’où sortaient des exhalaisons malignes, furent tout à coup agitées de mouvements singuliers et convulsits. Le berger et les habitants des lieux voisins accourus à la vue de ce prodige respirent la même vapeur, éprouvent les mêmes effets et prononcent dans leur délire des paroles sans liaison et sans suite. Aussitôt on prend ces paroles pour des prédictions, et la vapeur de l’antre pour un souffle divin qui dévoile l’avenir. C’étaient des femmes qui s’asseyaient sur le trépied placé au-dessus du soupirail et qui rendaient les o/acles. Leur agitation, leur furieuse démence n’était pas feinte ; ces vapeurs exerçaient sur leur système nerveux un effet irrésistible et dont les suites étaient si douloureuses qu’elles redoutaient ce moment. Les prêtres étaient obligés d’avoir recours à la force et à la violence pour les obliger à rester exposées à ces émanations jusqu’à ce que l’inspiration fût venue, c’est-à-dire jusqu’à ce que, sous l’influence de cette excitation, les cheveux en désordre, l’écume à la bouche, elles prononçassent quelques paroles vagues et inarticulées qui étaient la réponse de 1 oracle. Elles descendaient du trépied brisées et à moitié mourantes ; des secousses semblables les épuisaient rapidement et elles payaient bientôt de leur vie l’honneur d’avoir servi d’interprètes à Apollon. À l’origine, on prenait pour cet usage des jeunes filles vierges : mais un Thébain en ayant enlevé une dont il s’était épris, on ne choisit plus que des femmes de cinquante ans, qui devaient avoir toujours vécu dans la continence la plus absolue.

Auprès de la pythie se tenaient les prophètes qui étaient chargés d’interpréter les paroles vagues et inarticulées qui sortaient de sa bouche ; ils les transmettaient à d’autres ministres qui les mettaient en vers. C’était là en réalité que se fabriquaient les oracles, la fureur de la pythie ne servant qu’à donner le change au vulgaire. Au mot oracle, nous examinerons les prétendues réponses de ces prophètes, les moyens employés par les puissants pour leur dicter leurs réponses et l’influence de ces réponses sur les affaires de la Grèce. Comme ces oracles étaient avant tout une affaire de spéculation de la part des prêtres, ils s’étaient réservé la faculté d’apprécier si le jour était favorable pour consulter Apollon ; lorsque l’offrande présentée par le pèlerin était trop minime, lorsque la victime, sur laquelle ils avaient leur part, ne leur semblait pas assez belle, ils déclaraient que le jour ne leur semblait pas propice ou que la victime était impropre au sacrifice ; dans ce dernier cas, ils en exigeaient une autre. D’ailleurs ce n’était qu’à certains jours’raarqués que l’on pouvait interroger la pythie. Alexandre le Grand étant venu à Delphes pendant les jours néfastes et la

Eythie refusant de monter sur son trépied, le éros macédonien voulut lui faire violence et l’y porter de force. " O mon fils, on ne peut te résister, ■ s’écria alors celle-ci à bout de résistance. Alexandre ne demanda pas d’autre oracle et fit proclamer partout que la prêtresse l’avait déclaré invincible.

L’homme est partout le même, et à toutes les époques se retrouvent les mêmes coutumes, les mêmes superstitions. Ceux qui aiment les rapprochements historiques peuvent comparer Delphes à Rome et à la Mecque, ces deux grands centres du christianisme et de l’islamisme. C’est également à la crédulité humaine que ces trois villes sont redevables de leur splendeur:à Delphes on allait chercher des oracles, à Rome on va acheter des indulgences, à la Mecque on s’acquitte du pèlerinage imposé à tout mahométan. À Rome, les rois et les princes ont fait bâter des églises, élever des chapelles, comme les tyrans de la Grèce bâtissaient des temples à Delphes et comme les souverains asiatiques font des présents à la Kaaba ; aussi les prêtres de tous cessanctuairesonttoujours eupour les grands des égards et des tolérances refusés au commun des mortels. C’est par des ambassadeurs

? ue Crésus consultait l’oracle; le musulman

avorisé de la fortune peut faire faite par un remplaçant le pèlerinage qui, d’après le Coran, est d’obligation stricte, et, au Vatican, les dispenses sont pour celui qui peut les payer. Les mêmes miracles se produisent, les mêmes reliques figurent dans ces temples si divers:dans le temple d’Apollon, on gardait le collier d’Hélène; à Rome, on voit encore la colonne à laquelle Jésus-Christ a été attaché pour sa flagellation, et la Mecque garde la fameuse pierre noire dont l’histoire n’est