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de Lyon au conseil, entendant la voix de son frère qui crioit : Merci à Dieu ! remua sa chaire pour se lever, disant : « Voilà mon frère > qu’on tue. » Lors se levèrent les maréchaux d’Aumont et de Retz, et, l’épée nue à la main, crièrent : « Qu’homme ne bouge, s’il ne veut « mourir. » Incontinent après, lesdits cardinal et archevêque furent conduits en un galetas bâti quelques jours auparavant pour y loger de3 feuillants et capucins. Ainsi linitle règne de Nembrot le Lorrain.» Voici un récit dun tout autre genre : « Le mercredi 8, fut pendu et estranglé, en la place de Grève à Paris, un vrai vaunéant nommé La Noue, m... de profession, et qui avoit espousé une garse, atteint et convaincu d’inceste avec la sœurdesa femme, avec laquelle il couchoit ordinairement, et oui étoit une autre garse, laquelle, encore qu’elle méritoit de tenir l’autre bout de la potence près de son beau-frère, si en fut-elle quitte pour assister au supplice, condamnée au bannissement et au fouet, qu’elle eut au pied de la potence. On disoit que M. le président de Jambeville, ému de sa beauté et grande jeunesse, qui n’étoit que de quinze à seize ans, avoit esté cause de lui sauver la vie, ses juges concluant presque tous à la mort. Et est à noter qu’aussitôt qu’elle eut été expédiée, on la fit mettre dans un carrosse qui l’attendoit et qu’on lui avoit envoyé exprès, ne manquant jamais les femmes de sa qualité (mêmement au temps présent), de faveurs et bonnes connoissances. «Nous avons vu le tragique et le grivois ; au tour maintenant du naïf : « Le jeudi, dernier de ce mois et an 1609, j’ai acheté un contre-poison et préservatif d’un jésuite nommé Balle, contre les erreurs des prétendus réformés, qu’on crioit par ces rues ; et m’a cousté trois sols. La lumière de vérité est presque toute éteinte aujourd’hui par les brouees de sophisterie et de mensonge. C’est pourquoi, en matière d’opinions, je suivrai toujours, non les plus attrayantes et les plus plausibles, mais les plus vraies. •


ESTOILE (Claude DE L’), littérateur français, né à Paris en 1597, mort en 1651. Fils de Pierre de L’Estoile, et possesseur d’une honnête fortune, il se livra en toute sécurité à ses penchants littéraires, eut l’heur de plaire au cardinal de Richelieu, et fut appelé à l’Académie française lors de sa fondation, comme premier titulaire du dix-septième fauteuil, occupé en dernier lieu par M. Mérimée. On sait qu’il figurait parmi les cinq auteurs appelés à composer les pièces dont Son Eminence le cardinal s’attribuait la paternité. Claude de l’Estoile a laissé : la Belle esclave, tragédie (1643) ; l’Intrigue des filous, comédie (1048) ; une autre comédie manuscrite, le Secrétaire de saint Innocent, et diverses pièces de vers, imprimées dans différents recueils du temps. C’était, d’après Tallemant des Réaux, un homme extravagant, bizarre, très-maigre et très-laid, qui ne savait presque rien et ne travaillait, fût-ce en plein midi, qu’après avoir fait fermer les volets et allumer la chandelle.


ESTOIR s. m. (è-stoir). Pêche. Syn. d’ESTEROTE.


ESTOM s. m. (è-stomm). Argot. Estomac : Je lui appuie le genou sur /Ï : stom. (Monselet.)

ESTOM, lac de France (Hautes-Pyrénées), au pied du pic de Labassa, presque à la limite des neiges éternelles. Il est traversé par le gave de Lutour, qui lui porte les eaux de quatre lacs se déversant 1 un dans l’autre par des cascades.

ESTOMAC s. m. (è-sto-mae — lat. slomachus, gr. stomachos, qui signifie gorge, pharynx, proprement partie qui tient à la bouche, de stoma, bouche. C’est dans le latin que, de pharynx, le mot stomar.tms a ainsi passé au sens de aaster. M. Eichhoff compare le grec stoma, bouche, au sanscrit staumas, parole, de la racine stu, énoncer, proclamer). Anat. Viscère en forme de poche, dans lequel s’opère en grande partie la digestion des aliments : Avoir l’estomac chargé. Les ruminants ont quatre estomacs. Z/estomac est un réservoir qui reçoit tous les aliments. (Fén.) Les aliments sont tassés et mêlés par le mouvement organique de l’estomac que leur présence excite. (Brill.-Sav.) L’appétit s’annonce par un peu de langueur dans l’estomac, et une légère settsation de fatigue. (Brill.-Sav.) Les lavements sont pour le gros intestin ce que les tisanes sont pour l’estomac. (Raspail.) Une digeslion souvent interrompue amène à la longue la désorganisation des tissus de l’estomac. (Maquel.) Les répugnancesde l’estomac sont souvent invincibles.(A. Karr.) Les estomacs vigoureux peuvent seuls digérer les pois, les haricots et les lentilles avec leur écorce. (L. Cruveilhier.)

Le chameau voyageur traverse l’Arabie, Et ses cinq estomacs, réservoirs abondants, Bravent l’aridàé de ces sables brûlants.

Deluxe.

Il Faculté digestive, appétit, faim : Avoir l’estomac faible. Sénèque avait un mauvais estomac. (Rigault.) i’sSTOMAC est tout ; nous en usons mal avec lui quand nous sommes jeunes, et il en use mal avec nous lorsque nous sommes vieux. (Abernethy.) L’indigestion est chargée par le bon Dieu de faire la morale aux estomacs. (V. Hugo.) // n’y a rien de plus respectable que l’estomac, et il n’y a pas de cri gui parle plus haut que celui de la misère..

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(Ste-Beuve.) Voltaire a prouvé qu’un bon estomac donne un bon cœur. (H. Taine.) Plus l’estomac est bon, plus les membres profitent.

BOURSAULT.

Hélas ! nous n’avons plus l’estomac de nos pères.

Bekcuoux.

... De tous mets sucrés, secs, en pâte ou liquides, Les estomacs dévots furent toujours avides.

BoiLEAU.

— Par ext. Partie de l’extérieur du corps qui correspond à l’estomac ; poitrine : Le creux de l’estomac, Il a reçu un coup de poing dans l’estomac. Elle cacha vivement le billet dans son estomac. Il Gorge d’une femme : Une fille qui a peu {l’estomac, qui montre tout son estomac.

— Fam. Estomac d’autruche, Extrême facilité à digérer, les autruches ayant à tort la réputation de digérer les pierres et les métaux, il Avoir l’estomac creux ou vide, N’avoir pas mangé depuis longtemps.

— Art culin. Partie-antérieure d’un oiseau, depuis la naissance du cou jusqu’au bas du sternum ou bréchet : Un estomac de perdrix, de faisan, se poulet, de canard.

— Techn. Morceau de fer qui fortifie le devant de l’enclume.

— Epithètes. Affamé, vide, famélique, glouton, vorace, insatiable, chaud, actif, excellent, robuste, solide, creux, profond, large, chargé, rassasié, lourd, froid, paresseux, engourdi, débile, affaibli, débilité, souffrant, malade, délabré, ruiné.

— Encycl. Anat. "L’estomac est une vaste poche musculo-membraneuse, située entre l’œsophage et le duodénum, dans laquelle s’arrêtent les aliments immédiatement après leur ingestion, pour y subir le premier travail de la digestion. Cet organe n’est, pour ainsi dire, qu’un renflement exagéré du tube digestif, placé à la partie supérieure, vers les neuf dixièmes environ de sa longueur. L’estomac est contenu en grande partie dans l’hypocondre gauche ; il occupe la région supérieure de l’abdomen et s’avance jusque dans l’hypocondre droit. Sa forme a été comparée a une cornemuse ou à un cône recourbé sur lui-même et convexe à ses deux extrémités. L’estomac, situé transversalement, a une direction oblique de haut en bas et de gauche à droite, de sorte que l’ouverture pylorique se trouve toujours au-dessous de

l’ouverture cardiaque, et les aliments, envertu de leur propre poids, tendent sans cesse à se porter du côté droit. Cette disposition permet d’expliquer, jusqu’à un certain point, la préférence qu’on éprouve pour le décubitus du côté droit pendant le sommeil, et le malaise, les digestions pénibles, le cauchemar qu’éprouvent certaines personnes quand elles se couchent sur le côté gauche. L’estomac change souvent de direction et même de position ; ces changements ont lieu surtoutchez les femmes qui font un usage immodéré du corset. Celui-ci, d’ailleurs, exerce ses funestes effets non-seulement sur l’estomac, mais encore sur le foie, la rate et les autres viscères. L’estomac de l’homme estsimple, c’est-à-dire composé d’une seule poche. On trouve parfois des estomacs biloculaires, mais cette division est due à un rétrécissement circulaire produit par un cordon fibreux. Cette disposition, en forme de gourde de pèlerin, disparaît presque toujours lorsque l’organe est fortement distendu par 1 insufflation. L’estomac, chez l’homme comme chez tous les animaux, est la partie la plus développée du canal alimentaire. Son volume, beaucoup moins considérable chez nous que dans les animaux herbivores, est plus développé que chez les carnivores

firopremeEt dits ; ce qui prouve, ainsi que e système dentaire, que l’homme est destiné à l’une et à l’autre espèce d’alimenta’ tion. D’ailleurs, vu sa structure éminemment dilatable et élastique, l’estomac peut acquérir, par l’introduction d’une grande quantité d’aliments, un volume tel qu’il remplit la presque totalité de la cavité abdominale. Il est généralement très-développé chez les individus qui ne font qu’un seul repas très-copieux en vingt-quatre heures. L’abstinence prolongée et certaines maladies déterminent un tel rétrécissement de l’estomac que son volume devient égal à celui du duodénum. On rejette aujourd’hui avec raison l’hypothèse, longtemps admise, que le sentiment de la faim résulte d’un frottement douloureux des deux parois de l’estomac l’une contre l’autre, dans l’état de vacuité de cet organe.

L’estomac présente a considérer une surface externe et une surface interne. La surface externe offre : 10 Une face antérieure en rapport avec le diaphragme, le foie, les six dernières côtes et la paroi abdominale antérieure ; 2° une face postérieure, répondant au mésocôlon transverse, qui lui sert comme de plancher, à la troisième portion du duodénum appelée l’oreiller de l’estomac, au pancréas, à l’aorte, aux piliers du diaphragme, qui la séparent de la colonne vertébrale sur laquelle elle est obliquement couchée ; 3" une grande courbure ou bord inférieur convexe, donnant attache aux deux feuillets antérieurs du grand épiploon et en contact avec la paroi abdominale antérieure ; 4" utiepetite courbure ou bord supérieur concave, donnant attache à l’épiploon gastro-hépatique. Cette face de l’estomac regarde en haut dans l’état de vacuité ; dans I état de plénitude, el !e

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embrasse la colonne vertébrale et le lobule de Spigel. La surface extérieure de l’estomac offre encore à considérer les deux extrémités du cône que cet organe représente. La base ou grosse tubérosité, grand cul-desac, est une sorte de demi-sphéroïde, constituant la partie la plus élevée et la plus volumineuse de l’estomac. Presque rudimentaire chez les carnivores, elle est très-développée chez les herbivores ; chez l’homme, elle offre un juste milieu. Située dans l’hypocondre gauche, la grosse tubérosité est étroitement unie à la rate par l’épiploon qastro-splénique, de sorte que celle-ci venant a se déplacer, la grosse extrémité la suit dans son déplacement. Cette partie de l’estomac est en rapport avec la moitié gauche du diaphragme qui, la sépare de la base du poumon gauche, de sorte que celui-ci se trouve naturellement comprimé quand l’estomac est fortement distendu. On conçoit par là la gêne de la respiration qui suit l’ingestion d’une grande quantité d’aliments. La grosse tubérosité est eu communication directe avec l’œsophage par une ouverture qu’on a improprement appelée cardia, et qu’on désigne mieux sous le nom d’extrémité œsophagienne, par opposition à la petite extrémité ou extrémité pylorique, placée à droite de l’estomac et formant le sommet du cône. Le pylore constitue un étranglement circulaire qui établit une limite très-distincte entre l’estomac etle-duodénum. A om,03 environ de la ligne de démarcation, l’estomac se coude fortement du côté de la grande courbure et forme une ampoule désignée par Willis sous le nom d’antre du pylore et par d’autres sous celui de petit cul-desac, petite tubérosité de l’estomac. L’extrémité pylorique, située dans l’hypocondre droit, varie beaucoup dans ses rapports avec les parois abdominales ; mais on la trouve à peu près constamment en rapport en haut avec le foie, en bas avec le grand épiploon, en avant avec la paroi abdominale, en arrière avec le pancréas. Il n’est pas rare de la voir adhérente à la vésicule biliaire, qui lui communique une couleur verdâtre. La surface interne dél’estomac présente les mêmes régions que la surface externe ; toutes les particularités qu’elle offre à étudier consistent dans la membrane muqueuse. On y remarque les deux orifices œsophagien et pylorique. Le premier est constitué par des fibres et des plis radiés ; son bord, formé par des dentelures inégales, présente une coloration rose pâle qui établit une limite entre la muqueuse

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pylorique, remarquable par un bourrelet intérieur ou valvule circulaire, est peu dilatable, très-étroite et entourée d’un anneau musculaire, véritable sphincter. Les parois de l’estomac sont formées de quatre membranes ou tuniques superposées qui sont, de dehors en dedans : une membrane séreuse, une membrane musculeuse, une membrane celluleuse et une membrane muqueuse. 1" La membrane séreuse est formée par deux feuillets du péritoine qui, partant de la scissure transverse du foie, adossés l’un à l’autre, gagnent la petite courbure de l’estomac. Là, ils se séparent, le feuillet antérieur revêt la face antérieure de l’estomac, le feuillet postérieur revêt la face postérieure, laissant entre eux un espace triangulaire dont la base répond à la petite courbure et le sommet à l’angle de séparation des deux feuillets. Ceux-ci, après avoir recouvert les deux faces de l’estomac, se réunissent au niveau de la grande courbure en laissant un espace triangulaire analogue à celui de la petite courbure. Il résulte de cette disposition que le péritoine forme à l’estomac une enveloppe complète, excepté au niveau de la grande et de la petite courbure. La tunique péritonéale est d’autant plus adhérente aux tuniques subjacentes, qu elle s’éloigne davantage du voisinage des deux courbures, en sorte que le point le plus adhérent se trouve à la partie moyenne des deux faces. La séreuse stomacale est très-peu dilatable ; lorsque l’estomac se distend, c’est toujours aux dépens des deux espaces triangulaires antérieur et postérieur. 2" La membrane musculeuse, subjacente à la tunique séreuse, présente, d’après Haller et la plupart des anatomistes, trois plans de fibres entrecroisées. Le plan superficiel ou longitudinal n’est que la "continuation des fibres longifudinales de l’œsophage, qui, arrivées au niveau de l’orifice cardiaque, s’épanouissent en rayonnant sur les deux faces et les deux courbures de l’estomac. Elles sont toutes dirigées parallèlement au grand axe de cet organe et constituent une trame unie, continue, peu épaisse, qui augmente dans la portion rétrécie de l’estomac, au voisinage du pylore. Là, les unes s’implantent sur l’anneau pylorique, les autres se continuent avec les fibres longitudinales du duodénum. Le second plan ou plan circulaire est composé des fibres perpendiculaires à l’axe de l’estomac et forment des anneaux successifs depuis l’œsophage jusqu’au pylore, où, par leur réunion en faisceau, elles constituent un anneau épais, saillant en dedans, en forme de bourrelet ; c’est un véritable sphincter qui, par sa contraction, s’oppose au passage des aliments et des gaz de Y estomac dans le duodénum. Le troisième plan est composé de fibres paraboliques, inégalement distribuées et beaucoup plus serrées au niveau de ta grande tubéro ESTO

site. 30 Membrane celluleuse. L’existence d« cette membrane a été souvent contestée. Les anciens la désignaient sous le nom de membrane nerveuse. Le tissu dont elle est formée est très-làche, peu adhérent à la tunique musculeuse et elle est intimement unie à la muqueuse avec laquelle elle se plisse. La texture est peu serrée, composée de tissu conjontif dont les filaments ou lamelles entrecroisés peuvent être facilement isolés.

40 Membrane muqueuse. Elle a été longtemps ■ confondue avec le mucus qui la tapisse. Fallope en indiqua l’existence sous le nom de tunique veloutée, et Willis en donna une description sous le titre de tunique glanduleuse. On l’a considérée plus tard comme-une membrane épidermique analogue à l’épidémie de la peau, susceptible d’exfoliation et de réparation. Elle est peu adhérente à la tunique celluleuse. Sa surface libre présente, dans l’état de vacuité de l’estomac, un grand nombre de plis transversaux et longitudinaux qui s’effacent par la distension" Ces plis, beaucoup plus nombreux vers l’extrémité pylorique, n’ont d’autre usage que de permettre l’ampliation rapide de l’estomac, ampliation qui, sans cette circonstance, deviendrait impossible, vu le peu d’extensibilité de la membrane muqueuse. La valvule pylorique elle-même n’est autre chose qu’un de ces vastes replis, dont la face supérieure présente tous les caractères de la muqueuse gastrique et la face inférieure tous ceux de la muqueuse duodénale. Outra les plis déjà indiqués, il existe encore sur cette membrane une multitude de petits sillons très-flexueux, qui décrivent à sa surface des losanges, des hexagones, des polygones plus ou moins irréguliers et d’une plus ou moins grande étendue. Une couche considérable de mucosités revêt toute la membrane muqueuse. Celle-ci offre des aspects différents dans sa moitié cardiaque et dans sa moitié pylorique. Ces deux parties sont divisées par "une ligne circulaire, qui semble partager l’estomac en deux sections. Souvent même, au niveau de cette ligne, se trouve un rétrécissement et l’estomac prend alors la forme bilobulaire. Dans la région pylorique, la couche épithéliale de la membrane muqueuse est complètement cylindrique, tandis que, dans la portion cardiaque, l’épithélium présente quelques-uns des caractères de l’épithélium pavimenteux. La muqueuse de la partie œsophagienne est plus molle, plus vasculaire,

plus mince, et se ramollit très-rapidement après la mort par l’action du suc gastrique. Celle de la païtie pylorique est plus blanche, plus épaisse et plus résistante ; elle peut être plus facilement détachée des tuniques auxquelles elle adhère. La coloration de la muqueuse de l’estomac varie depuis le blanc rosé jusqu’au rouge le plus intense, selon que l’individu a succombé a un moment plus ou moins avancé de la digestion ; quelque temps après la mort, elle devient brune, lie-de-vin ou jaune verdâtre, quand l’estomac contient de la bile. Si l’on examine la muqueuse gastrique à l’aide d’une forte loupe, on voit une surface très-inégale, mamelonnée, criblée de petits trous et d’enfoncements alvéolaires. Dans la région pylorique, on remarque en outre une grande quantité de villosiiës filiformes ou lamelleuses, dont la- hauteur, suivant Henle, -est d’environ 5 centièmes de millimètre. La muqueuse stomacale est recouverte d’une couche d’épithélium cylindrique, qui se détache presque immédiatement après la mort et qui repose sur un chorion mugueux, dans lequel on distingue deux couches, l’une profonde ou musculaire, l’autre superficielle ou glanduleuse. La première adhère par sa face externe k la tunique celluleuse, et, par sa face interne, elle est en contact direct avec les culs-de-sac des glandes qui constituent la seconde. La couche glanduleuse est composée d’un nombre infini de glandules séparées les unes des autres par un peu de substance amorphe dans laquelle cheminent les vaisseaux. « Qu’on se figure, dit Cruveilhier, mie série de tubes, fermés par celle de leurs extrémités qui refiose sur la couche musculeuse, s’ouvrant à a surface libre de la muqueuse par dès orifices plus étroits que le reste du tube, tellement nombreux et serrés que leurs parois se touchent dans presque toute l’étendue de la muqueuse, et 1 on aura une idée approximative de l’appareil glandulaire de l’estomac. » Sappey en a compté de cent à cent cinquante de ces tubes par millimètre carré, environ 5 millions pour toute la surface de l’estomac. La longueur de chaque tube est, en général, deom, ooi, et son épaisseur de 6 centièmes de millimètre. L’extrémité libre présente un léger renflement ; l’orifice n’est visible qu’au microscope. Toutes ces glandules sont constituées par une membrane propre et une

gaine épithéliale ; la première est mince, transparente, finement granuleuse. C’est dans son épaisseur que se ramifient les extrémités des artères et des lymphatiques de l’estomac. La seconde, très-épaisse, se compose de noyaux ovoïdes surmontés de deux ou trois nucléoles et formant plusieurs couches superposées. Ces glandes sont de deux sortes : les unes, dites glandes à pepsine, de beaucoup les plus nombreuses, offrent une surface régulière, bosselée et d’un aspect foncé, dû à leur contenu. Elles se composent de cellules spéciales, arrondies, de 17 millièmes de millimètre de diamètre, renfer-