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Arrivé à Rome, Fogelberg demeura pendant quelques jours comme étourdi de toutes les magnificences qui se déroulaient devant ses yeux. Longtemps même il lui fut impossible de rien produire ; car, en présence des grands chefs-d’œuvre et des monuments imposants de la ville éternelle, il prit en dédain les projets qu’il avait apportés avec lui et, les jugea indignes d’être mis à exécution. Il endossa donc de nouveau la livrée de l’écolier, fréquentant les ateliers pendant le jour, et consacrant une partie des nuits à dessiner. Ce n’est qu’après de longues études qu’il ressaisit enfin son ciseau, et se mit à tailler le marbre. Deux statues, deux chefs-d’œuvre, Mercure et Paris, furent les fruits de ce premier travail. Une troisième vint bientôt s’y joindre : l’Amour dans une coquille, qu’un amateur français acheta, et envoya à l’Exposition de Paris (1857), où elle excita un véritable enthousiasme. C’est le seul des ouvrages de Fogelberg qui soit parvenu en France.

Mais déjà le talent de Fogelberg entrait dans une phase nouvelle. Jusqu’alors, il n’avait fait que des figures au-dessous de grandeur naturelle ; il aborda la sculpture monumentale. Tel était son projet depuis longtemps, projet dont il se préoccupait surtout lorsqu’il songeait aux dieux du Nord, ses premières créations. « Les dieux du Nord, écrivait-il à un de ses amis, offrent à l’art un champ magnifique ; mais ce ne sont point là des figures de costume et de décoration, ce sont des figures héroïques, ou plutôt des caractères élevés à la plus haute puissance ; ils doivent être traités, par conséquent, comme les anciens traitaient leurs dieux, et sur une échelle colossale. » Le roi Charles XIV Jean, qui suivait attentivement ses travaux et s’intéressait à sa gloire, lui fournit l’occasion de mettre son projet à exécution, en lui commandant un Odin, un Thor et un Balder, en marbre et de grandeur colossale. Ces trois statues ne firent pas moins sensation à Rome qu’à Stockholm. Fogelberg y déploya toute la force et toute l’originalité de son talent ; les juges d’art furent unanimes à les applaudir. À l’occasion de l’envoi d’Odin en Suède (1832), l’Académie des beaux-arts de Stockholm reçut Fogelberg parmi ses membres, et Charles-Jean lui délivra le brevet de sculpteur de la cour.

Après, ou en même temps que les trois dieux du Nord, Fogelberg traita quelques sujets de fantaisie empruntés à l’antiquité : un Amour vainqueur, une Vénus triomphante, un Apollon à la Lyre, une Hébé, une Psyché, une Baigneuse, un Achille blessé, etc. Ce qu’on admire le plus dans ces statues, c’est, outre le charme et la grâce de l’exécution, un talent franchement original ; Fogelberg a réussi à faire de la sculpture grecque sans copier servilement les anciens, et en restant lui-même. Citons encore, parmi les œuvres capitales du grand artiste, les statues de Birger Jarl, de Charles XIII, de Gustave-Adolphe et de Charles XIV Jean ; l’œuvre entier de Fogelberg comprend plus de quarante pièces, la plupart de premier ordre.

Fogelberg avait de son art une opinion transcendante ; il ne croyait jamais avoir atteint l’idéal qu’il se proposait. C’est pourquoi, il étudiait sans cesse ; il étudiait surtout les anciens, mais avec un esprit indépendant et sans accepter pour guide aucun critique C’était, dans toute la force du terme, un artiste savant ; quand il appréciait une œuvre, son jugement n’était pas seulement inspiré par une rare faculté d’intuition, il l’était encore par une connaissance approfondie de l’histoire et une esthétique exercée qui pénétrait dans tous les détails. L’archéologie l’intéressait particulièrement, et comme sa vie était simule et frugale, il employait tout l’argent qu’il épargnait pour lui-même, ou qu’il ne consolerait pas à la bienfaisance, à rassembler des collections précieuses.

Depuis son départ pour Rome, en 1820, il n’avait visité son pays qu’une seule fois, en 1845. Il y retourna en 1854. L’accueil qu’il y reçut fut splendide ; son séjour à Stockholm ne fut qu’une suite de fêtes. Le roi le nomma commandeur de l’Étoile polaire, distinction qui n’avait été accordée jusqu’alors à aucun artiste. Cependant, sa santé déjà ébranlée réclamait le soleil d’Italie ; il se remit en route ; mais, en passant par Trieste, il y fut atteint d’un mal subit qui l’emporta en moins de deux jours. Il mourut le 22 décembre 1854. Son corps, rapporté en Suède, y fut l’objet d’honneurs extraordinaires. L’Académie de Stockholm, cette même Académie qui avait critiqué si violemment ses premiers essais mythologiques, prononça son oraison funèbre et consacra sa mémoire par une glorieuse médaille. La nation tout entière s’associa à ces témoignages si bien mérités, et le roi ordonna d’acheter pour le compte de l’État tous les ouvrages terminés ou non que l’illustre sculpteur laissait après lui. L’Œuvre de Fogelberg a été publié en français par M. Casimir Lecomte ; en 1856. Il forme un magnifique volume in-folio, avec 37 planches gravées sur cuivre.

FOGGIA, en latin Fovea, ville d’Italie, ch.-l. de la prov. de Capitanate, a 127 kilom. N.-E. de Naples, dans une vaste plaine ; 32,493 hab. Tribunal civil de la province ; tribunal de commerce ; bibliothèque publique ; important commerce de bétail et de grains ; centre du commerce des laines de la province. Beau palais bâti par l’empereur Frédéric II ; église collégiale ; douane. Fondée au ixe siècle, Foggia, après avoir été saccagée en 1268 par Charles d’Anjou, qui y mourut en 1286, fut presque entièrement détruite, en 1741, par un tremblement de terre. Manfred y remporta une victoire éclatante sur les troupes du pape Innocent IV.

FOGGIA (Francesco), musicien italien, né dans les environs de Rome en 1601, mort dans cette ville en 1688. Successivement élève d’Antonio Cifra, de Bernardino Nanino et de Paolo Agostini, dont il épousa la fille, il profita si bien des leçons de ces célèbres contre-pointistes, que, tout jeune encore, il fut nommé maître de chapelle de Ferdinand-Maximilien, prince électeur de Cologne. Il passa plus tard, avec le même titre, au service du roi de Bavière, et enfin, à celui de l’archiduc Léopold. Il retourna ensuite en Italie, où il fut d’abord nommé maître de chapelle de la cathédrale de Narni, quelque temps après de celle de Monte-Fiasconi, puis attaché avec la même qualité aux églises de Santa-Maria di Aquiro, de Santa-Maria di Trastevere, et de Saint-Jean de Latran à Rome, où il resta de 1636 à 1661. En 1646, on lui offrit la maîtrise de Santa-Maria-Maggiore ; mais il refusa ce poste, qu} fut confié à Orazio Benevoli. De Saint-Jean de Latran, il fut nommé à Saint-Laurent de Damas, dont il dirigea la musique jusqu’en 1677. Vers cette époque, Abbatini étant mort, il accepta la maîtrise de Sainte-Marie-Majeure, qu’il avait refusée d’abord, et la conserva jusqu’à sa mort ; il fut remplacé par son fils Antonio.

Les recherches de Baini sur la bibliothèque pontificale ont révélé la fécondité et le talent de ce compositeur, peu connu des historiens de son temps, mais dont le mérite est universellement admis aujourd’hui. Outre le grand nombre d’ouvrages portant son nom, qui se trouvent dans la bibliothèque papale, Baini affirme qu’il n’y a peut-être pas, en Italie, une seule église qui ne possède quelque échantillon de la fécondité et du génie de cet homme étonnant. Son influence sur l’art musical de son temps est indiscutable. Il a été le premier en Italie à écrire des fugues sur un mode nouveau, et l’exemple de son admirable style a réagi fort heureusement sur les compositeurs de l’école romaine.

FOGGINI (Pierre-François), archéologue italien, né à Florence en 1713, mort à Rome en 1783, Il entra dans les ordres, devint successivement sous-bibliothécaire du Vatican, membre de l’Académie de l’histoire pontificale, camérier secret, et enfin bibliothécaire du Vatican, en remplacement de Bottari (1775). Foggini jouit de la faveur de Benoît XIV, de Clément XIV, de Pie VI, et fut spécialement chargé de la surveillance du Collège anglais, de l’inspection du séminaire de la Sabine et de celle du collège de Bandinelli. Ce savant et laborieux archéologue a laissé, sur différents sujets d’érudition et d’antiquité, des dissertations, fruit de longues recherches dans les manuscrits du Vatican. Ses travaux les plus importants sont : De primis florentinarum apostolis exercitalio singularis (Florence, 1740, in-4o) ; P. Virgilii Maronis Codex antiquissimus a Russio Turcio Aproniano distinctus et emendatus (Florence, 1741, in-4o), édition en lettres onciales du fameux manuscrit de Virgile, conservé dans la bibliothèque des Médicis : De romano B, Pelri episcopatu (1741, in-4o) ; Appendix historiæ byzantinæ (1777), etc.

FOGGY, petite île du Grand Océan boréal, près de la côte septentrionale de la Russie américaine, par 70° 30’ de latit. N., et 149° de longit. O. Elle a environ 12 kilom. de circonférence.

FOGLIA, rivière d’Italie, prov. d’Urbino-et-Pesaro, prend sa source au versant oriental de l’Apennin toscan, près de Sestino, coule du N.-O. au S.-E., et se jette dans l’Adriatique à Pesaro, après un cours de 57 kilom. C’est le Pisaurus des anciens.

FOGLIANO, famille noble de Reggio, qui se rangea au xiiie siècle dans le parti des gibelins et rivalisa de puissance avec celles des Roberti, des Manfredi, etc. Au siècle suivant, plusieurs de ses membres s’emparèrent de la souveraineté de Reggio ; mais, comprenant la difficulté de la garder, ils la cédèrent d’abord au roi Jean de Bohême (1331), puis à la maison de Gonzague.

FOGLIETA ou FOGLIETTA (Hubert), historien italien, né à Gênes en 1518, mort en 1581. Issu d’une noble famille de cette ville, il étudia les belles-lettres et la jurisprudence à Padoue et à Rome, puis revint à Gênes. La publication d’un ouvrage intitulé : Della republica~ di Genova (Rome, 1559), le fit exiler, dit-on, de cette ville, et ses biens furent confisqués. Foglieta se retira alors à Rome, où il trouva, dans le cardinal Hippolyte d’Este, un protecteur généreux, et dans sa maison un asile qu’il ne quitta plus. On a de lui plusieurs ouvrages qui le placent parmi les meilleurs écrivains latins de l’Italie. Ses principaux écrits sont : Uberti Folietæ opera subseciva, opuscula varia (Rome, 1579, in-4o), etc., recueil de divers opuscules historiques ; Historiæ Gennensium libri XII (Gènes, 1585, in-fol.), le meilleur de ses ouvrages, qui a été traduit en italien par Serdanati ; De philosophiæ et juris civilis inter se comparatione libri tres (Rome, 1586, in-l ») ; De causis magnitudinis Turcarum imperii, réimprimé avec des additions (Rostock, 1594, in-8o). etc. Grœvius. a publié plusieurs opuscules de Foglieta dans son Thésaurus antiquit. et histor. ital.

FOGLIZZO, en latin Foicium, ville d’Italie, prov. et à 25 kilom. N.-N.-E. de Turin, sur la rive gauche de l’Orco ; 3,225 hab. Belle église ; ancien château. Commerce de chanvre d’excellente qualité, que les environs produisent en abondance.

FOGLÆ, petite île de la Russie, groupe d’Aland, à l’entrée du golfe de Bothnie, par 60° de lat.N. et 20° 30’ de long. E. Il s’y une belle église, et l’on y fabrique le meilleur fromage des îles d’Aland.

FOGO, île de l’Amérique septentrionale, sur la côte N. de Terre-Neuve, par 49° 30’ de latit. N. et 56° 26’ de longit. O. 16 kilom. de longueur. Découverte, en 1534, par Jacques Cartier.

FOGO, FUEGO ou SAINT-PHILIPPE, une des îles de l’archipel du Cap-Vert, dans l’Atlantique, au S.-O. de San-Yago, et à l’E. de Brava, par 14° 50’ de latit. N. et 26° 40’ de longit. O. ; 27 kilom. sur 23 ; 9,700 hab. Ch.-l., Luz. Côtes très-escarpées. À l’intérieur, volcan en activité (2,964 mètres d’élévation). Elle fait partie du district colonial portugais du Cap-Vert.

FOGUE s. f. (fo-ghe). Techn. Passage pour la navette dans la chaîne, || On dit aussi FOULE.

FO-HI ou FOU-HI, empereur de la Chine, vers 3300 avant, notre ère. Les légendes chinoises, singulières, comme tout ce qui vient de ce peuple, le donnent comme fils d’un arc-en-ciel. Son existence, au reste, est attestée par des documents qui paraissent authentiques. Il est considéré comme l’un des fondateurs de l’ordre social en Chine, et il illustra, son règne par plusieurs inventions utiles : le calendrier, la musique, l’agriculture, l’exploitation du sel, le tissage des toiles, l’institution du mariage, etc. On lui attribue encore l’invention de l’écriture (avant lui, on se servait de cordelettes nouées, coutume qu’on a retrouvée chez les Mexicains et les Péruviens). Cette écriture primitive se composait d’un simple trait combiné de diverses manières. Elle a précédé chez les Chinois l’écriture figurative ou hiéroglyphique.

FOHR (Charles-Philippe), peintre allemand, né à Heidelberg en 1795, mort en 1818. Il entra presque enfant dans l’atelier de Rottmann, peintre d’Heidelberg, qui profita de son talent déjà remarquable pour lui faire faire des copies de tableaux, qu’il vendait parfaitement ; mais le jeune élève ne goûta pas longtemps un genre d’occupation qui l’empêchait de se livrer à l’étude immédiate de la nature, et, quittant l’atelier de son maître, il se rendit à Darmstadt, où, grâce à l’appui du riche conseiller aulique, Issel, il se forma seul et devint en peu de temps un peintre de paysages d’un grand talent. Ses œuvres de cette époque consistent en un grand nombre de dessins au crayon et d’aquarelles, qui se trouvent aujourd’hui en la possession de la grande-duchesse de Bade. Cette princesse accorda à l’artiste une pension de 400 florins, qui lui permit d’aller compléter ses études à Munich d’abord, puis à Rome, où il s’attacha à Joseph Koch. Il y exécuta deux toiles remarquables, qui établirent sa réputation dans la capitale du monde chrétien, savoir : un Château au sommet d’une montagne, et un Paysage pittoresque, entremêlé de rochers et de chutes d’eau. Tout semblait lui promettre l’avenir le plus brillant, lorsqu’il se noya en se baignant dans le Tibre, au moment où il se préparait à parcourir l’Italie méridionale et la Sicile. — Son frère, Daniel Fohr, né à Heidelberg en 1807, mort à Carlsruhe en 1862, où il était peintre de la cour de Bade, s’est également acquis une réputation distinguée comme paysagiste.

FOI s. f. (foi — lat. fides, proprement lien, engagement, sûreté ; de la racine sanscrite badh, lier, attacher, l’aspiration s’étant déplacée et transportée de la seconde consonne à la première). Ferme adhésion de l’intelligence à la vérité qu’elle reconnaît ou qu’elle croit reconnaître : Foi politique. Foi religieuse. La foi humaine est toujours fautive et douteuse. (Boss.) Lafoi ne peut pas être autre chose que le consentement de la raison à ce que la raison comprend comme vrai. (V. Cousin.) C’est la foi à la nécessité d’un homme qui a fait la monarchie et qui a fait la féodalité. (F. Pillon.)

Qu’il est beau d’être ferme en sa foi dans le bien,
De ne jamais au doute abandonner son âme !
A. Barbier.

— Confiance : Un peuple sans foi à ses maîtres leur obéit, mais les méprise. (Jouffroy.) Le socialisme, c’est la foi dans l’avenir. (E. de Gir.)

— Obligation reconnue ou résultant d’un engagement pris ; fidélité à ses engagements : Violer sa foi. Garder sa foi. Le prince qui rompt sa foi ne trouve pas de FOI. (E. Pasquier.) On ne doit pas garder la foi à qui ne la garde pas envers Dieu. (Innocent III.)

La foi d’un ennemi doit être suspectée.
Racine.
Cultivez vos amis, soyez homme de foi.
Boileau.
… Je veux, si jamais on engage ma foi,
Un mari qui n’ait pas d’autre livre que moi.
Molière.

Bonne foi, Intention droite ; franchise : Agir avec bonne foi. La bonne foi, simple et naïve, est sans détours. (Shakespare.) La bonne foi est une fidélité sans défiance et sans artifice. (Vauven.) Quand la bonne foi règne, la parole suffit, et quand elle n’a pas lieu, le serment est inutile. (Raynal.) La bonne foi en politique est une niaiserie. (A. Karr.)

Qui va de bonne foi hait les discours frivoles.
Corneille.
L’ardeur de s’enrichir chasse la bonne foi.
Boileau.

|| Ignorance de ce qu’il y a de défectueux dans l’acte que l’on accomplit : Posséder de bonne foi le bien d’autrui. Je croyais, de bonne foi, vous faire plaisir. La bonne foi excuse les actes les plus coupables.

En bonne foi, De bonne foi, A parler franchement ; En bonne foi, vous avez eu tort. De bonne foi, ses offres ne sont pas acceptables.

Mauvaise foi, Intention coupable : La mauvaise foi est un grand fléau pour le commerce. L’ignorance, la passion, peuvent toujours s’excuser ; la mauvaise foi, jamais. (Proud.) || Défaut de franchise, intention de tromper : La mauvaise foi est toujours nécessaire à quiconque veut d’un état médiocre s’élever à un plus grand pouvoir. (Machiavel.) L’Église souffre presque autant de l’ignorance que de la mauvaise foi de ceux qui s’expriment en son nom. (Toussenel.)

Foi punique, Mauvaise foi, dans le langage des Romains, chez qui la mauvaise foi des Carthaginois (Pœni) était célèbre.

Profession de foi, Déclaration expresse de ses convictions : Profession de foi politique, sociale, religieuse. Faire sa profession de foi. Sans un Dieu, fabricateur souverain, l’univers et l’homme n’existeraient pas : telle est la profession de foi sociale. (Proudh.)

Digne de foi, Qui mérite d’être cru : Un récit digne de foi. Une nouvelle digne de foi. Un témoin digne de foi.

Un bruit assez étrange est venu jusqu’à moi.
Seigneur ; je l’ai jugé trop peu digne de foi.
Racine.

Sur la foi de, À cause de la confiance que l’on accorde à : Entreprendre une affaire sur la foi de ses amis. Rester en paix sur la foi des traités. Il faut croire, sur la foi du genre humain, les vérités universelles. (De Bonald.)

Le plus sage s’endort sur la foi des zéphyrs.
La Fontaine.

— Ellipt. Foi de, Je le jure sur ma foi de : Foi D’ honnête homme, je n’en ai rien dit.

Ma foi ; Par ma foi ; Sur ma foi, En vérité : Ma foi, oui. Ma foi, non. Par ma foi, je n’en sais rien.

Ma foi, sur l’avenir bien fou qui se fira.
Racine.

Faire foi, Mériter d’être cru : Un témoignage ne fait foi que lorsqu’il est désintéressé. || Prouver, attester : Ces papiers font foi de la justice de vos prétentions.

Jurer sa foi, Engager son honneur par un serment : Le duc jura sa foi qu’il ne s’en irait point sans les avoir pris à discrétion. (De Barante.) || Foi jurée. Obligation qui résulte d’un serment : J’ai l’honneur de ne rien comprendre de tout ce qu’on dit pour justifier le mépris de la foi jurée. (A. Karr.)

— Théol. Adhésion volontaire aux dogmes religieux : Ne faites violence à personne pour l’amener à la foi. (Concile de Tolède.) Voilà ce que c’est que la foi : Dieu sensible au cœur, et non à la raison. (Pasc.) Il est essentiel à la foi de ne pas voir et de croire ce qu’on ne voit pas. (Bourdal.) La foi est l’obéissance de la raison, l’amour l’obéissance du cœur, la vertu l’obéissance des sens. (Lamenn.) La foi n’est pas seulement un acte d’intelligence, mais aussi un acte de volonté. (Lacordaire.) S’il est beau de mourir pour son pays, il ne l’est pas moins de mourir pour sa foi. (Proudh.) La foi est une aveugle volontaire : elle ferme les yeux pour voir clair. (E. Dollfus.) Il faut la foi pour arriver à la foi. (Bautain.)

La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ?
Racine.
Il est beau de mourir pour conserver sa foi.
Voltaire.
La foi, source féconde en sublime rosée,
Ne peut plus retomber sur cette terre usée.
A. Barbier.

|| Foi divine, Foi religieuse fondée sur la révélation. || Foi humaine, Croyance fondée sur la raison, sur le témoignage humain, ou celui des sens.

— Par ext. Religion, ensemble des doctrines religieuses : Porter, prêcher, établir la foi dans une contrée.

Foi du charbonnier, Foi ferme et naïve ; se dit par allusion à la légende d’un charbonnier qui, poussé par le diable, lui répondit constamment : Je crois ce que l’Église croit. || Foi du centenier, Foi pleine de confiance ; se dit par allusion au centenier de l’Évangile, qui vint demander à Jésus de guérir son serviteur : La foi du centenier, la foi du charbonnier sont passées en proverbe. (P.-L. Courier.)

Article de foi, Dogme sur lequel l’Église