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FONSECA (Pedro-Joze da), philologue portugais, mort en 1810. Il est auteur d’un Dictionnaire latin-portugais et portugais-latin, d’un Dictionnaire de la Fable, etc. ; mais il s’est surtout fait connaître par un grand dictionnaire, entrepris en collaboration Avec Joze da Costa de Macedo et Ignacio Gorge, membres, comme lui, de l’Académie des sciences de Lisbonne, et dont le premier volume a paru sous le titre de Diccionario da lingua portugueza, publicado pela Academia das sciencias de Lisboa (Lisbonne, 1793, in-fol.). À ce travail est jointe une suite de biographies des auteurs portugais qui font autorité dans leur langue.

FONSECA (Antonio-Manoel da), peintre portugais, né à Lisbonne vers 1795. Il suivit les cours de l’Académie de sa ville natale, où il reçut les leçons de Sousa Loureiro. Nommé peintre du roi en 1830, il devint peu après professeur à l’Académie des beaux-arts de Lisbonne, et fut élu, en 1852, membre correspondant de l’Académie des beaux-arts de Paris. M. Fonseca s’est particulièrement adonné à la peinture historique et au portrait. Si ses œuvres ne brillent pas par l’originalité, on y trouve du moins les preuves d’un talent sérieux et estimable. Parmi ses meilleurs tableaux, nous citerons : Enée sauvant son père Auchise ; la Mort d’Albuquerque ; Jésus-Christ au milieu des docteurs, qui ont figuré à l’Exposition universelle de 1855. On lui doit également de bons portraits, entre autres ceux du Roi Pedro V, du Roi dom Ferdinand, du Duc de Porto et le portrait équestre de Dom Auguste, que M. Fonseca a envoyé à l’Exposition universelle de 1867.

FONSECA FIGUEIREDO Y SOUZA (Joze-Ribeiro da), théologien portugais, également connu sous le nom de dom Fr.-Joze Fonseca e Evora, né à Evora en 1690, mort en 1760. Ayant accompagné à Rome le marquis d’Abrantès, ambassadeur auprès de Clément XI, il y prit l’habit de franciscain (1712), puis se livra à l’enseignement, s’éleva aux plus hautes fonctions de son ordre, dont il devint général et réformateur apostolique ; et fut successivement théologien de Benoît XIII au concile de Latran, consulteur des congrégations sacrées, conseiller aulique de Charles VI, plénipotentiaire du roi de Sardaigne sous les pontificats de Benoît XIII, de Clément XII et de Benoît XIV, enfin évêque de Porto. Fonseca fut le fondateur de la belle bibliothèque du couvent d’Ara cœli à Rome. On a de lui plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Jura romanæ provinciæ et ordinis super Ecclesiam Aracelitamam, etc. (Rome, 1719, in-fol.) ; Tabulæ chronologicæ in quibus sculpta sunt effigies et gesta sanctorum pontificum, cardimilium, etc., qui seraphicæ militiæ sunt adscripti (Rome, 1737, in-fol.), etc.

FONSECA SOARES (Antonio da), théologien portugais, également connu sous le nom d’Antonio das Chagas, né à Vidiguiera en 1631, mort en 1682. Il avait été soldat et s’était livré aux plus scandaleux désordres en Portugal et au Brésil lorsque, à la suite d’une grave maladie, il résolut de changer entièrement de conduite. Il entra en conséquence dans l’ordre des cordeliers (1663), se condamna aux plus grandes austérités, acquit une grande réputation de vertu et de sainteté, et se livra, avec le plus grand succès, à la prédication. Avant de se convertir, Fonseca avait composé des chansons profanes, un poème sur les amours de Filis et de Démophonte et diverses poésies, dont quelques-unes ont été publiées dans le recueil intitulé : A. Fenix renascida (Lisbonne, 1728, in-8o). On raconte que lorsqu’il fut devenu le frère Antonio das Chagas, il s’efforça de faire disparaître ces écrits, et qu’il jeûnait et se donnait la discipline pour le salut de ceux qui lui en apportaient quelque exemplaire. On a de lui plusieurs ouvrages ascétiques, qui ont été réunis en deux volumes et souvent réimprimés.

FONSOIR s. m. (fon-soir — rad. foncer). Techn. Sorte de coin muni d’un manche, destiné à enfoncer les mises carrées dans les vides, dans la fabrication des ancres. || On écrit mieux fonçoir.

FONTAINE s. f. (fon-tè-ne — bas lat. fontana ; du latin fons, fonlis, source, de la même racine que fundere, verser, répandre, c’est-à-dire, selon Delâtre, la racine sanscrite bundh, creuser. Mais peut-être vaut-il mieux rapporter fons et fundere à la racine sanscrite sphud, jaillir, d’où l’acception de verser, répandre). Source d’eau vive : Des eaux de fontaine. Le bassin d’une fontaine. Les fontaines proviennent des eaux fluviales infiltrées et rassemblées sur la glaise. (Buff.) L’eau de pluie contient moins de chaux que l’eau de fontaine ou de puits. (L. Cruveilhier.)

Mon Dieu, donne l’onde aux fontaines,
Donne la plume aux passereaux,
Et la laine aux petits agneaux,
Et l’ombre et la rosée aux plaines.
Lamartine.

— Vaisseau de ménage dans lequel on conserve l’eau destinée aux usages domestiques : Une fontaine de grès, de pierre, de marbre, de cuivre, de zinc. || Grand vase d’orfévrerie qu’on plaçait, au moyen âge, au milieu de la table, et qui contenait du vin, de l’hypocras et d’autres liqueurs. — Construction préparée pour donner issue à des eaux et souvent accompagnée d’un bassin pour former réservoir : Fontaine monumentale. Les fontaines de la place de la Concorde. La fontaine des Innocents. La fontaine de Monte Cavallo à Rome. Point de belle fontaine la distribution de l’eau ne forme pas la décoration principale. (Dider.)

— Fig. Source, cause, principe : La douleur et la volupté sont deux fontaines auxquelles qui puise, quand et combien il faut, est bienheureux. (Montaigne.)

Liberté, liberté ! fontaine de la vie,
Source du mouvement, tu n’es jamais tarie.
A. Bardier.

— Par exagér. Fontaine de larmes, Source de larmes abondantes : Mes yeux sont devenus deux FONTAINES DE LARMES.

Borne-fontaine, Petite fontaine affectant la forme d’une borne, et établie dans une rue pour fournir de l’eau au service de la voirie.

— Poétiq. Fontaine de Jouvence, Fontaine fabuleuse dont les eaux auraient eu la propriété de rajeunir ceux qui les buvaient.

— Prov. Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, Il ne faut s’engager à rien, de peur de faire’plus tard ce dont on avait pris l’engagement de s’abstenir.

— Techn. Nom des cavités qui se forment dans les pains de sucre pendant l’opération de l’égouttage, et qui proviennent du retrait que la masse sucrée a éprouvé en cristallisant, || Trou que l’on fait au milieu d’un tas de farine que l’on va délayer et pétrir, pour y verser l’eau nécessaire à ce travail.

— Comm. Fontaine de bière, Mesure de capacité en usage dans les brasseries.

— Physiq. Nom donné à plusieurs appareils dans lesquels l’écoulement des liquides est procuré ou réglé d’une manière particulière : Fontaine de compression. || Fontaine de Héron, Appareil formé de deux réservoirs superposés, le plus bas fournissant de l’air comprimé par l’eau qui arrive, le plus haut fournissant le liquide qui jaillit en jet au-dessus de lui : L’abbé de Gouvon m’avait fait présent d’une petite fontaine de Héron fort jolie, et dont j’étais enchanté. (J.-J. Rouss.)

— Mamm. Nom que les pêcheurs donnent à la partie supérieure de la tête du cachalot, qui fournit une masse de cétine liquide.

— Zooph. Fontaine de mer, Nom donné par les marins aux actinies, notamment à l’actinie rouge, qui lancent, quand on les presse, l’eau contenue dans leur intérieur.

— Anat. Fontaine de la tête, Fontanelle, endroit du crâne où se réunissent les sutures.

— Bot. Fontaine des oiseaux, Nom vulgaire des cardères et du sylphion perfolié, dont les feuilles connées forment à leur base un réservoir qui retient la rosée et l’eau des pluies.

— Géol. Fontaine ardente, Eruption de flammes causée par des gaz qui jaillissent de terre. || Fontaine intermittente, Source qui coule et cesse de couler alternativement, le plus souvent dans des temps à peu près réguliers. On donne le même nom à un appareil de physique qui donne des écoulements de liquide intermittents. || Fontaine jaillissante, Source qui jaillit sous forme de jet d’eau.

Epithètes. Claire, pure, limpide, argentée, cristalline, riante, murmurante, jaillissante, abondante, intarissable, inépuisable, salutaire, bienfaisante, vénérée, sainte, sacrée, fraîche, rafraîchissante, froide, glacée, tarie, rustique, trouble, bourbeuse, fangeuse, limoneuse.

— Encycl. Géol. et Physiq. Les fontaines sont des réservoirs d’eau vive alimentés par la nature ou par des moyens artificiels. Les fontaines naturelles sont dues à des causes diverses et différemment interprétées. Depuis que l’on a acquis la pratique des puits artésiens, on se rend plus exactement compte de leur origine et des lois qui les font jaillir du sol.

On a d’abord pensé que les sources pouvaient être alimentées par l’eau de la mer qui aurait pénétré dans les terres, par voie d’infiltration, en perdant sa salure, et qui formerait de vastes et nombreuses nappes souterraines. Mais quand des amas d’eau ont été engendrés par la mer, même par infiltration, ils conservent en dissolution les mêmes principes salins que la mer. Ainsi, qu’on filtre autant de fois qu’on voudra de l’eau de mer ordinaire, on pourra enlever les matières en suspension, plus ou moins bien ; mais on ne lui ôtera ni sa saveur ni ses caractères chimiques les plus essentiels. Si l’on admet que les terrains à travers lesquels se glisse l’eau salée produisent sur elle des réactions qui la ramènent à l’état de source, il faut admettre aussi que l’expérience n’a rien constaté à cet égard, et que ce phénomène ne peut être qu’accidentel.

Au lieu d’adopter cette manière de voir, que rien ne justifie, il est plus simple et plus exact d’attribuer la formation des sources à la fonte des neiges et aux eaux pluviales. On remarque, en effet, qu’on ne rencontre jamais de fontaines dans les contrées où n’existent ni l’une ni l’autre de ces conditions.

Les sources provenant des terrains primitifs sont peut-être les plus nombreuses ; mais elles sont sûrement les moins abondantes. Cela se conçoit aisément, si l’on remarque que ces terrains n’étant que rarement stratifiés, les liquides ne peuvent guère s’accumuler que dans des crevasses le plus souvent isolées.

Les roches secondaires, qui sont disposées par lits entremêlés de couches de sables quelquefois très-épaisses, sont d’un caractère différent. Ces couches, que des soulèvements ont mises à nu sur le flanc des montagnes, sont perméables et laissent l’eau s’y infiltrer pour former des courants souterrains entre les couches imperméables.

Les terrains tertiaires, qui sont généralement moins épais, recueillent de la même manière les eaux pluviales. Leurs sources naturelles sont moins abondantes ; mais elles sont plus nombreuses. Les principes de l’hydrostatique permettent, au reste, de se rendre suffisamment compte des causes qui, d’après cet exposé, doivent expulser des entrailles de la terre les masses liquides qu’elle renferme.

Les fontaines sont dites intermittentes ou périodiques, quand elles ne coulent pas continuellement. Supposons qu’un conduit naturel communique avec une nappe d’eau sans cesse entretenue par de nombreuses filtrations ; admettons, en outre, que Ce conduit Se recourbe dans un plan à peu près vertical, en forme de siphon : l’épuisement de la nappe commencera dès le moment où l’eau atteindra le sommet de la courbure, et ne cessera pas tant que l’orifice restera submergé.

La fontaine intermittente des physiciens sert à démontrer un des cas les plus généraux dans lesquels un fluide peut, alternativement, et à des intervalles plus ou moins rapprochés et plus ou moins égaux, cesser ou reprendre son cours. Cet instrument est formé de quatre parties : un réservoir, que l’on remplit en partie d’eau et que l’on bouche ensuite hermétiquement ; deux ou plusieurs ajutages d’écoulement, communiquant avec le fond du réservoir ; un tube de pression, qui doit toujours s’élever au-dessus du niveau de l’eau du réservoir ; enfin un bassin ayant inférieurement une petite ouverture qui sert à le vider lentement. Le tube qui descend jusqu’au fond intérieur de ce bassin n’est pas entièrement oblitéré par le contact ; il porte une petite échancrure qui permet à l’air atmosphérique de pénétrer dans le réservoir quand le bassin est presque vide. Supposons que le réservoir ayant été préalablement rempli d’eau, de manière que le liquide n’atteigne pas tout à fait l’orifice supérieur du tube de pression, on ouvre les ajutages. Pendant les premiers instants, l’eau qui s’échappe tombe dans le bassin jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment accumulée pour couvrir l’échancrure du tube. Alors, l’air ne pouvant plus pénétrer dans le réservoir, et maintenir la pression intérieure égale à la pression de l’atmosphère, l’écoulement s’arrête et il ne recommence qu’au moment où l’échancrure du tube est de nouveau dégagée. La fontaine intermittente, on le voit, fonctionne par l’effet de la force élastique de l’air et de la pression atmosphérique. Il est hors de doute qu’il existe des cavités souterraines dans lesquelles des infiltrations entretiennent constamment des nappes d’eau plus ou moins volumineuses. Admettons qu’une cavité de ce genre ne communique avec l’atmosphère que par une fissure, un conduit naturel qui, partant de la voûte de la cavité, vienne se terminer, à l’extérieur, dans un bassin alimenté par la nappe. Le niveau du bassin cessera de s’élever quand il aura atteint l’orifice du conduit ; il faudra qu’il baisse pour s’élever de nouveau. Ce phénomène d’intermittence est loin de se produire, dans les sources naturelles du globe, avec la régularité qu’il est permis d’attendre de l’appareil que nous venons de décrire ; mais il a été observé en maint endroit, et tout porte à croire qu’il joue un rôle important dans le mouvement caché des eaux. On conçoit qu’il n’est pas indispensable, en ce cas, que le réservoir souterrain ait son niveau de beaucoup supérieur, ou même simplement supérieur au bassin récepteur, le liquide pouvant d’ailleurs se déplacer et s’élever par le seul effet des conditions d’équilibre dans les vases communiquants. Il y a dans les terrains stratifiés de grands vides, de grandes cavernes, et l’eau circule facilement à toutes les profondeurs, dans la masse du calcaire crayeux. « Pour le prouver, dit Arago, dans une notice sur les puits forés, je n’aurai qu’à citer les jets liquides qu’on voit, à toutes les hauteurs, s’élancer par les fissures qui sillonnent les falaises des caps Blanc-Nez et Gris-Nez, département du Pas-de-Calais. Là, on peut le dire, la nature est prise sur le fait. Les vides des terrains stratifiés contiennent d’immenses masses d’eau souterraines. Quel autre nom donner, par exemple, au réservoir où sans relâche, c’est-à-dire en toute saison, s’alimente la fontaine de Vaucluse ? À sa sortie des rochers souterrains qui lui ont donné passage, cette source forme une véritable rivière. Quand elle est moins abondante, son produit se monte cependant encore à 444 mètres cubes d’eau par minute. À l’époque des plus fortes crues, elle fournit, dans le même temps, une quantité de liquide trois fois plus grande qu’à l’étiage, ou 1,330 mètres cubes. Dans son état moyen, l’observation donne 890 mètres cubes par minute, c’est-à-dire près de 1,300,000 mètres cubes par jour, et 468 millions de mètres cubes en une année. Ce dernier nombre est à peu près égal à la quantité totale de pluie qui, dans cette région de la France, tombe chaque année, sur une étendue de trente lieues carrées. L’exemple le plus frappant que l’on puisse citer d’une nappe d’eau souterraine à niveau variable est celui du lac de Zirknitz, en Carniole. Ce lac a environ deux lieues de long sur une lieue de large. Vers le milieu de l’été, si la saison est sèche, son niveau baisse rapidement, et, en peu de semaines, il est complètement à sec. Alors on aperçoit distinctement les ouvertures par lesquelles les eaux se sont retirées sous le sol, ici verticalement, ailleurs dans une direction latérale, vers les cavernes dont se trouvent criblées les montagnes environnantes. Immédiatement après la retraite des eaux, toute l’étendue du terrain qu’elles couvraient est mise en culture, et, au bout d’une couple de mois, les paysans fauchent du foin ou moissonnent du millet et du seigle là où quelque temps auparavant ils pêchaient-des tanches et des brochets. Vers la fin de l’automne, après les pluies de cette saison, les eaux reviennent par les mêmes canaux naturels qui leur avaient ouvert un passage au moment de leur disparition. On a remarqué, parmi ces diverses ouvertures du sol, des différences singulières : les unes fournissent seulement de l’eau, d’autres donnent passage à de l’eau et à des poissons plus ou moins gros ; il en est d’une troisième espèce, par lesquelles il sort d’abord quelques canards du lac souterrain. Ces différences dans les produits des diverses ouvertures du lac de Zirknitz ne sont pas, fait observer Arago, aussi difficiles à expliquer qu’on le croit au premier aperçu. Un tuyau ou canal creusé dans le sol, dont la bouche inférieure descendra au-dessous de la surface du lac souterrain, ne pourra, à l’époque de l’exhaussement dans le niveau du liquide, rien amener au jour de ce qui se trouvera plus élevé que cette bouche. Les canards nagent à la surface de l’eau, toute issue par le canal plongeant en question leur est interdite. Si, au contraire, le bout inférieur du tuyau s’ouvre dans l’air, c’est-à-dire au-dessus de la surface du lac, il doit paraître tout simple que les canards souterrains s’y réfugient quand le niveau de l’eau s’élève, et qu’à la longue, le liquide les pousse jusqu’à la surface. On explique ensuite très-simplement pourquoi certaines ouvertures ne donnent jamais de poisson, en remarquant qu’un canal peut être très-large dans le haut et se terminer à l’autre bout par de petits trous où d’étroites tissures. Les canards dont nous parlons sont d’abord complètement aveugles et presque entièrement nus. La faculté de voir leur vient en peu de temps ; mais ce n’est guère qu’au bout de trois semaines que leurs plumes, toutes noires excepté sur la tête, ont assez poussé pour qu’ils puissent s’envoler. » La Carniole n’est pas le seul pays où se trouvent des nappes d’eau souterraines peuplées de poissons. Une source des environs de Sablé, en Anjou, appelée dans le pays Fontaine sans fond, déborde quelquefois en vomissant une quantité prodigieuse de poissons, et surtout de brochets truites d’une espèce particulière. Dans le département de la Haute-Saône, près de Vesoul, un entonnoir naturel, appelé FraisPuits, présente des phénomènes du même genre.

Ces débordements intermittents, dont nous pourrions multiplier les exemples, sont principalement dus à l’infiltration périodique ou accidentelle des eaux pluviales et des neiges fondues. Ils ont donc lieu généralement par un simple effet de trop-plein. Leur cause ne doit pas être confondue avec celle que suppose l’appareil de nos cabinets de physique expérimentale. Lorsque l’air se comprime dans une cavité souterraine, il peut, dans des conditions convenablement établies, refouler l’eau dans un conduit ascendant et la faire jaillir au-dessus du sol ; mais si la compression de l’air n’est pas soutenue et constamment égaie, il perd graduellement une partie de son ressort, et l’écoulement doit s’en ressentir. La source qui en provient peut présenter alors des affaiblissements périodiques, et même des intermittences plus ou moins régulières. Les sources qui offrent la plus grande régularité dans leur écoulement sont celles que la main de l’homme a pratiquées et a rendues jaillissantes. Les eaux pluviales, partant du sommet et du penchant des collines, pénètrent dans certaines couches de terrains stratifiés, et coulent presque horizontalement dans les plaines, emprisonnées entre deux couches imperméables de glaise ou de roche. Si l’on fait un trou de sonde qui descende jusqu’à cette nappe emprisonnée, le liquide s’élève dans le trou de sonde à la hauteur que la nappe correspondante conserve sur les flancs de la colline où elle a pris naissance. L’écoulement alors est continu.

Il existe en Islande de nombreuses sources d’eau chaude. Les plus célèbres de ces sources sont, au S.-O., les Geysers, qui lancent dans les airs, tantôt des colonnes de vapeur, tantôt des colonnes d’eau bouillante chargée de silice. Entre deux éruptions consécutives, il s’ecoule un temps plus ou moins long de calme parfait. Ces projections intermittentes sont attribuées à la force élastique de la vapeur d’eau, que