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du fond de la mer le tramail, ou filet traînant (en anglais dredge, et dans ses mains, ce modeste ustensile de pêche devint un instrument de recherche aussi puissant que peut l’être le télescope dans les mains de l’astronome. À l’aide du tramail, il balaya, pour ainsi dire, le lit de l’océan, en mesura la profondeur par l’espèce et les caractères des êtres qui l’habitaient, et arriva à découvrir une loi qui règle la distribution des plantes et des animaux marins dans les différentes zones de la mer avec autant de précision que des zones analogues sont déterminées sur la surface du globe, relativement à l’altitude des différentes régions. Ce fut à la suite de ces résultats que se forma, au sein de l’Association britannique, le Comité du tramail (Dredge-comity), dont les travaux ne firent que confirmer les découvertes de Forbes. Ce dernier avait lui-même fondé, en 1836, la Société botanique d’Édimbourg, dont il devint le secrétaire (ou correspondant) étranger. En 1841, il publia son Histoire des scolopendroïdes (étoiles de mer) de la Grande-Bretagne, ouvrage qui renferme la description de plusieurs espèces nouvelles, et auquel il a fourni lui-même les dessins remarquables qui en font l’ornement. La même année, il fut adjoint comme naturaliste à l’expédition chargée de rapporter les marbres de Xante, découverts par sir Charles Fellows sur les côtes de l’Asie Mineure. C’était là un nouveau champ ouvert à son activité scientifique. L’un des principaux résultats de ses travaux pendant ce voyage fut la découverte d’une nouvelle loi relative aux animaux marins, à savoir que la profondeur des zones qu’ils habitent est en rapport direct avec la latitude sous laquelle elles sont situées, loi qu’il exposa dans son Rapport sur les mollusques et animaux rayonnés de la mer Égée, inséré en 1843 dans les Mémoires de l’Association britannique. Quatre ans plus tard, il publia la relation de son voyage, en collaboration avec le lieutenant Spratt, l’un de ses compagnons de bord, sous le titre de : Travels in Lycia, Mylias and the Cibyratis (Londres, 1847, 2 vol.). Cet ouvrage est orné d’un grand nombre de dessins exécutés d’après les croquis de l’auteur, et renferme des notes intéressantes sur l’histoire naturelle de la mer Égée. Pendant son absence, Forbes avait été nommé professeur de botanique au King’s-College, à Londres (1842). Peu de temps après, il fut appelé comme professeur d’histoire naturelle à l’école des mines, qui venait d’être fondée, et, en 1846, il fut nommé paléontologue de la Société géologique de la Grande-Bretagne. Il devint l’âme du Geological Survey, formé sous les auspices de Thomas de La Bêche, et publia dans les comptes rendus de cette société un grand nombre de travaux intéressants, entre autres un Mémoire sur les rapports entre la distribution de la faune et de la flore britanniques actuelles, et les changements qu’elles ont subis depuis l’époque la plus reculée. Il publia aussi une carte géologique et paléontologique de la Grande-Bretagne, dans laquelle il a, d’après ses propres découvertes, exposé les phases du règne animal de l’océan et déterminé les limites des zones marines habitées par des animaux de même race (homœozootiques, dit le Lexicon allemand). En 1854, il fut élu président de la Société géologique et fut appelé la même année à la chaire d’histoire naturelle de l’université d’Édimbourg ; mais il n’eut que le temps d’y prononcer un brillant discours d’ouverture. Au mois de novembre de la même année, il succombait aux atteintes d’une fièvre asiatique qu’il avait contractée, douze années auparavant, pendant l’expédition dont il a été parlé plus haut.

FORBES (Charles-Stuart), marin et écrivain anglais, né à Richmond, comté de Surrey, en 1829. Il prit du service dans la marine en 1841, visita successivement la Chine, la Nouvelle-Zélande, parcourut la Baltique pendant la guerre contre la Russie (1855), et enfin se rendit de nouveau en Chine, où sa brillante conduite, en 1858, lui valut le grade de commandant. En 1859, M. Forbes fit un voyage en Islande et suivit, l’année suivante, Garibaldi dans ses célèbres expéditions de Sicile et de Naples. Outre la relation de ces deux derniers voyages, on a du commandant Forbes un écrit Sur la nécessité et l’organisation d’une marine permanente (1861).

FORBÉSIE s. f. (for-bé-zi — de Forbes, savant angl.). Bot. Syn. de curculigo, genre d’hypoxidées.

FORBICINE s. f. (for-bi-si-ne). Entom. Syn. de lépisme, genre d’insectes. || Quelques auteurs font ce mot masculin : Lorsqu’on touche les forbicines, ils perdent une partie de leurs écailles. (V. de Bomare.)

FORBIN, famille distinguée de Provence. Au milieu du xve siècle, elle s’est divisée en trois lignes principales. L’aînée a porté le surnom de Janson, et a produit entre autres hommes remarquables le cardinal de Janson, grand aumônier de France et ambassadeur de Louis XIV en Pologne. Cette ligne s’est bifurquée en plusieurs rameaux, dont le plus remarquable est celui des marquis d’Oppède. La seconde est celle des marquis de Soliers. La troisième a porté le surnom de Gardanne, et compte parmi ses rejetons Claude de Forbin, chef d’escadre, qui s’est distingué sous d’Estrées et Duquesne, et qui a rivalisé avec Jean Bart et Duguay-Trouin.

FORBIN (Palamède de), seigneur de Soliers, homme d’État français, mort à Aix en 1508. Président de la chambre des comptes et ministre de René, roi de Provence, qui lui accorda toute sa confiance, il jouit d’une égale faveur auprès de son successeur, Charles d’Anjou. Gagné par les présents de Louis XI, Forbin persuada à Charles d’Anjou de laisser ses États au roi de France, et, après la mort de ce prince (1481), il en prit possession au nom de Louis XI. En récompense de cet éminent service, le monarque chargea Forbin de gouverner la province annexée, sur laquelle il lui laissa exercer un pouvoir absolu, et lui adressa ces paroles, qui sont devenues la devise des Forbin : « Tu m’as fait comte (de Provence), je te fais roi. » Ce haut degré de fortune suscita de nombreux ennemis à Forbin, et il dut se démettre de tous ses emplois. — Gaspard de Forbin, seigneur de Soliers, de la famille du précédent, fut député à l’Assemblée des notables de Rouen en 1617. Il a laissé en manuscrits des Mémoires pour servir à l’histoire de Provence, dont César Nostradamus s’est beaucoup servi pour son Histoire de Provence.

FORBIN (Claude, chevalier, puis comte de), célèbre marin français, né au village de Gardanne, près d’Aix en Provence, le 6 août 1656 (d’où il fut surnommé Forbin-Gardanne, pour le distinguer des deux autres chevaliers de Forbin, qui servaient dans la marine, et dont l’un était son oncle), mort au château de Saint-Marcel, près de Marseille, le 4 mars 1733. Forbin eut une jeunesse des plus orageuses, qu’il s’est complu à dépeindre dans ses Mémoires. Le jeu, les orgies, les duels occupèrent presque exclusivement Forbin jusqu’à l’âge de dix-huit ou dix-neuf ans. Enfin, en 1675, il entra dans la marine et servit d’abord sur les galères avec le grade de porte-étendard. Il passa en cette qualité dans l’escadre de Valbelle et fit la campagne de Messine. Les gardes de l’étendard ayant été supprimés en 1676, Forbin prit du service à terre et entra dans une compagnie de mousquetaires, commandée par son parent, le bailli de Forbin ; il fit ainsi la campagne de Flandre. En 1677, Forbin rentra dans la marine et fut nommé enseigne de vaisseau. Il perdit bientôt cet emploi pour avoir tué un homme en duel : il fut même poursuivi pour ce fait et condamné à avoir la tête tranchée ; mais il obtint des lettres de grâce et l’affaire n’eut pas d’autres suites. Puis il rentra dans la marine en se substituant à un de ses frères, enseigne de vaisseau, qui lui ressemblait fort de taille et de visage, et que sa mauvaise santé engageait à quitter le service. En 1680, Forbin suivit le vice-amiral Jean d’Estrées dans une campagne pacifique aux Antilles. En 1682 et 1683, il prit part aux deux bombardements d’Alger par Duquesne ; il s’y distingua même par sa bravoure et son sang-froid, et fut nommé lieutenant de vaisseau à la suite de cette campagne. Deux ans plus tard, il obtint d’être nommé major de l’ambassade envoyée par Louis XIV au roi de Siam, sous les ordres du chevalier de Chaumont, capitaine de vaisseau. Le roi de Siam retint Forbin à sa cour et le nomma amiral et général de ses armées, puis il l’éleva à la dignité de opra sac di sou craam, ce qui signifie une « divinité qui a toutes les lumières et toute l’expérience pour la guerre. » Cependant Forbin se fatigua bientôt de tous ces honneurs, et, prétextant sa mauvaise santé, il demanda un congé et passa à Pondichéry, d’où il s’embarqua pour la France. À son arrivée, Forbin fut reçu par Seignelay et par Louis XIV, auxquels il fit une description assez peu séduisante du pays de Siam. En 1689, à la rupture de la paix de Nimègue, Forbin reçut le commandement d’une frégate de 16 canons, et fut chargé, sous les ordres de Jean Bart, d’escorter un convoi. Les deux capitaines furent rencontrés par le travers des Casquets, dans la Manche, par deux bâtiments anglais beaucoup plus forts, qui les contraignirent à se rendre après une résistance désespérée. Ils furent conduits à Plymouth, d’où ils ne tardèrent pas à s’évader. Ils traversèrent la Manche dans un canot, et, après une heureuse navigation, débarquèrent près de Saint-Malo. À la suite de cette campagne, Forbin et Jean Bart reçurent tous deux leur nomination au grade de capitaine de vaisseau et une gratification de 400 écus. Forbin termina l’année en faisant plusieurs prises anglaises avec une flûte très-bonne voilière, nommée la Marseillaise. L’année suivante, il assista à la bataille de Bévezieu, sous les ordres de Tourville : il montait en cette occasion le Fidèle. Puis il alla croiser dans la mer du Nord avec le comte de Relinguer. En 1692, il se retrouva sous Tourville à la désastreuse bataille de la Hogue, où il reçut une grave blessure au genou. Son vaisseau, la Perle, fut criblé de coups de canon et faillit être anéanti par un brûlot ennemi ; toutefois il réussit à s’échapper et à gagner Saint-Malo sain et sauf. Forbin fit ensuite, sous les ordres de Jean Bart, cette fameuse campagne de la mer du Nord, qui fut si désastreuse pour le commerce anglais et hollandais. En 1693, il eut sa part de la brillante affaire de Lagos, où Tourville dispersa et ruina la grande flotte de Smyrne et son escorte ; il brûla trois bâtiments marchands et en prit un quatrième. Forbin fit ensuite diverses campagnes à bord du vaisseau le Marquis dans la mer du Nord et dans la Méditerranée, et, en 1697, suivit le comte d’Estrées dans son expédition de Catalogne. En 1699, Forbin fut nommé chevalier de Saint-Louis. Pendant la guerre de la succession d’Espagne, il continua à se signaler par ses courses audacieuses et fructueuses, répandit la terreur dans l’Adriatique, brûla Trieste, détruisit tous les bâtiments de commerce autrichiens, et se rendit tellement redoutable que les marins de ces parages, en prenant la mer, ne demandaient à Dieu que de ne pas rencontrer le chevalier de Forbin. Pendant les années 1706 et 1707, il prit ou détruisit dans les mers du nord plus de 180 bâtiments anglais ou hollandais. Élevé au grade de chef d’escadre et devenu comte de Forbin, il se remit en course et fit une brillante campagne dans la mer Blanche, au delà du cercle polaire. Puis, cette même année 1707, il remit à la voile avec son escadre, que vint rallier celle de Duguay-Trouin. Les deux vaillants marins livrèrent bataille à une escadre anglaise très-considérable. Malheureusement, par suite d’une fausse manœuvre, Forbin n’arriva en ligne que sur la fin de la journée, et ce retard évita aux ennemis un désastre complet. L’année suivante (1708), Forbin fut chargé de conduire à Édimbourg le chevalier de Saint-Georges, fils de Jacques II et prétendant au trône d’Angleterre. Cette expédition n’ayant pas réussi, on en fit retomber la responsabilité sur Forbin, qui, déjà mécontent de ne pas avoir été nommé lieutenant général, abandonna le service et se retira dans une maison de campagne qu’il possédait à Saint-Marcel, près de Marseille : il y avait quarante ans qu’il tenait la mer. Il mourut à l’âge de soixante-dix-sept ans. Forbin était un bon marin et un brave soldat ; mais son caractère ombrageux, son orgueil démesuré lui firent le plus grand tort et lui nuisent dans le jugement de la postérité. Il a laissé des Mémoires, rédigés par un certain Reboulet et publiés en 1730, dans lesquels il maltraite de la façon la plus indigne et la plus injuste les meilleurs hommes de mer de son temps, et notamment Jean Bart et Duguay-Trouin. Cette réserve faite, ces Mémoires contiennent des pages fort intéressantes. Ce sont les seuls, avec ceux de Duguay-Trouin, laissés par un marin.

FORBIN (Gaspard-François-Anne de), mathématicien français, de la famille des précédents, né à Aix (Provence) en 1718, mort en 1780. Chevalier de Malte, il quitta la carrière des armes pour se livrer à l’étude des sciences mathématiques et physiques, et composa plusieurs ouvrages d’une médiocre valeur au point de vue scientifique. Nous citerons, entre autres : Accord de la foi avec la raison dans la manière de présenter le système physique du monde et d’expliquer les différents mystères de la religion (Cologne, 1757, 2 vol.) ; Exposition géométrique des principales erreurs de Newton sur la génération du cercle et de l’ellipse (Paris, 1761), etc.

FORBIN (Louis-Nicolas-Philippe-Auguste, comte de), peintre et archéologue français, membre de l’Académie des beaux-arts (1816), né au château de la Roque-d’Antheron (Bouches-du-Rhône) en 1777, mort en 1841. Il montra, dès sa jeunesse, un goût prononcé pour la peinture, prit des leçons de Boissieu, de Lyon, puis de David, entra au service à l’époque au Directoire, fut quelque temps chambellan de la princesse Pauline Bonaparte (1804), fit les campagnes de Portugal, d’Espagne et d’Autriche, et rentra dans la vie privée avec le grade de lieutenant-colonel, après la paix de 1809. Les arts n’avaient cessé d’occuper ses loisirs ; retiré à Rome, il s’y livra exclusivement. Nommé, à l’époque de la Restauration, directeur des musées royaux, il s’est acquis des droits à la reconnaissance nationale par le zèle éclairé qu’il a déployé jusqu’à sa mort dans cet emploi important. Il réorganisa le musée du Louvre, dépouillé, pendant l’invasion, d’un grand nombre de ses chefs-d’œuvre, l’enrichit de l’Enlèvement des Sabines, des Thermopyles, du Naufrage de la Méduse, etc., créa le musée Charles X, consacré aux antiquités étrusques et égyptiennes, et fonda le musée du Luxembourg, destiné spécialement aux artistes vivants. Pendant les années 1817-1818, le comte de Forbin parcourut aux frais de l’État la Grèce, Constantinople, l’Archipel, la Syrie, l’Égypte, et fit l’acquisition d’un grand nombre de morceaux d’antiquité. Doué d’un esprit vif et enjoué, de beaucoup d’imagination, du désir de plaire, M. de Forbin était extrêmement recherché dans le monde. « Une taille élevée, une tournure élégante et noble, de beaux yeux, des traits réguliers et qui rappelaient les belles têtes du siècle de Louis XV, en faisaient, dit le vicomte Siméon, ce qu’on eût appelé dans l’ancienne cour un gentilhomme accompli. » Parfaitement en cour sous la Restauration, nommé par le roi gentilhomme de la chambre, commandeur de la Légion d’honneur, M. de Forbin conserva, sous le règne de Louis-Philippe, sa place de directeur des musées royaux, avec tous les avantages qui y étaient attachés. Comme peintre, Forbin se distingua dans le paysage ; ses tableaux, dans la plupart desquels les figures ont été peintes par Granet, son ami intime, sont surtout remarquables par l’éclat du coloris, par la puissance des effets de lumière. De 1817 à 1840, il ne cessa d’exposer. Les Salons de 1830 et 1831 furent ceux où il eut le plus de succès. M. de Forbin donnait alors dans les idées romantiques, et son tableau de la Procession de la Ligue partant de Saint-Germain-l’Auxerrois fut très-remarqué au Salon de 1831. Jusqu’en 1835, son talent se soutient ; sa Chapelle dans le Colisée à Rome, aujourd’hui au Louvre, avait été exécutée en 1835 en collaboration de Granet ; elle est très-belle. Dans les dernières années de sa vie, ses tableaux furent tellement mauvais que ses amis cherchèrent, mais inutilement, à le dissuader d’exposer. Parmi ses meilleures œuvres, nous citerons encore : Intérieur d’un ancien monument, dans lequel Gérard a peint une figure (1800) ; l’Éruption du Vésuve, ou la Mort de Pline (1806) ; Inès de Castro (1819) ; Intérieur d’un cloître (1824). On doit au comte de Forbin, comme écrivain, les ouvrages suivants : Voyage dans le Levant (1817, 1818 et 1819, in-fol., avec 80 pl.) ; Souvenirs de la Sicile (1823, in-8o) ; Un mois à Venise (1824-1825, in-fol.) ; le Portefeuille du comte de Forbin, 45 dessins avec texte par M. de Marcellus, son gendre (1843, in-4o). Mme de Genlis a publié, sous le titre de Tableaux de M. le comte de Forbin, un recueil d’histoires détachées, dont les gravures sont faites d’après des tableaux du comte ; l’une de ces gravures représente la Fin d’Herculanum, d’après un tableau qui est au Louvre, dans une galerie fermée, et qui, on ne sait pourquoi, n’est point porté au catalogue.

FORBIN DES ESSARTS (Charles-Joseph-Louis-Henri, marquis de), général et homme politique français, né à Avignon en 1770, mort en 1851. Il émigra à l’époque de la Révolution, passa au service de l’Espagne, se battit contre sa patrie, notamment au siège de Toulon, puis revint en France en 1803, mais vécut dans la retraite jusqu’à la Restauration. En 1814, il fut nommé lieutenant des gardes du corps, et, en 1815, fut élu député à la Chambre où il se signala par son exaltation ultra-royaliste. En 1822, une lettre insérée par Forbin dans la Quotidienne amena une rencontre entre lui et Benjamin Constant. Comme ce dernier était souffrant et ne pouvait se tenir debout, les deux adversaires s’assirent sur des chaises à dix pas l’un de l’autre et échangèrent, sans se toucher, deux coups de pistolet. Cette même année, Forbin des Essarts reçut le grade de maréchal de camp ; l’année suivante, il fut appelé à siéger au conseil d’État. La part qu’il prit à l’exclusion de Manuel de la Chambre, son ardeur à défendre tous les projets ministériels et son ardent royalisme lui valurent, en 1827, un siège à la Chambre des pairs. La révolution de 1830 le fit rentrer pour toujours dans la vie privée.

FORBIN-JANSON (Charles-Auguste-Marie-Joseph, comte de), prélat et missionnaire, né à Paris en 1785, mort en 1844. D’abord auditeur au conseil d’État (1805), il entra dans les ordres en 1811, fut, avec M. de Rauzan, l’organisateur de l’œuvre des Missions (1814), fit un voyage à Jérusalem (1817), et reçut, en 1824, l’évêché de Nancy. Ultramontain fort remuant, il fut assez mal accueilli dans son diocèse et dut l’abandonner, en juillet 1830, à la suite de manifestions hostiles. Il se rendit alors dans le Canada, où il obtint d’importants succès comme missionnaire. Revenu à Paris pour y organiser une vaste mission en Chine, la mort le surprit avant qu’il eût pu mettre à exécution ce projet.

FORBISHER (Martin), célèbre navigateur anglais. V. Frobisher.

FORBONNAIS (François Véron de), économiste français, membre de l’Institut, né au Mans en 1722, mort en 1800. Il devint, en 1759, premier commis du contrôleur général Silhouette, et fit preuve, dans ce poste, d’autant d’intégrité que de talent. On lui doit tout le bien que parut faire le ministre. Ayant conçu le projet de remplacer par une taxe unique la multitude d’impôts qui existaient alors, et de réduire, par ce moyen, les frais de perception au quart, il vit se coaliser contre lui tout ce qui vivait des abus et fut exilé dans ses terres. Il avait été nommé, en 1756, inspecteur général des monnaies ; les profondes connaissances qu’il avait dans cette branche de l’économie publique furent très-utiles au comité des finances de l’Assemblée constituante, qui s’entoura de ses conseils lorsqu’on s’occupa de la réforme du système monétaire. Il avait fondé, à l’Académie des sciences, en 1760, un prix extraordinaire pour l’amélioration des verreries, industrie dans laquelle s’était enrichie sa famille. Les ouvrages de Forbonnais sont généralement estimés. Voici les titres des principaux : Éléments du commerce (1754, 2 vol. in-12) ; Recherches et considérations sur les finances de France, depuis 1595 jusqu’en 1721 (Bâle, 1752, et Liège, 1758, 6 vol. in-12) ; Principes et observations économiques (1767, 2 vol.) ; Analyse des principes sur la circulation des denrées (1800, in-12).

FORCADE (Eugène), littérateur français, né à Marseille en 1820, mort à Billancourt, près de Paris, le 8 novembre 1869. Il s’est surtout acquis une grande notoriété comme publiciste politique et financier. En 1837, il fonda à Marseille un des organes les plus importants de la presse politique et commerciale de province, le Sémaphore, qu’il rédigea