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tes, avec Alexandre de Lavergne (théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1836) ; l’An mil, opéra-comique en un acte, avec Mélesville, musique de M. Albert Grisar (Opéra-Comique, 1837) ; Y Officier bleu, drame en cinq actes, avec Alboize (Ambigu-Comique, 1837) ; Jeamte de Naples, drame en cinq actes (théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1837) ; Dom Sébastien de Portugal, drame en cinq actes et en vers (théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1S38) ; Guillaume Colmann, drame en cinq actes (théâtre de la Porte-Saint-Martin, 1838) ; Isabelle de Montréal, drame-vaudeville en deux actes, avec Cordelier-Delanoue (Gaîté, 1839) ; le l’acte de famine, drame en cinq actes, avec Élie Berthet (théâtre de la Porte - Saint - Martin, 1839), qui obtînt beaucoup de succès ; les Chevaux du Carrousel, draine en cinq actes, avec Alboize (Gaîté, 1839), où l’on trouve de l’intérêt, des situations dramatiques traitées avec uno grande habileté ; ia Voisin, drame en cinq actes, avec Alboize (1842) ; le Vuisseau fantôme, opéra en deux actes, musique do Louis Dietsch (Opéra, 9 novembre 1842) ; fiedguuntlet, drame en trois actes, avec Alboize (Ambigu-Comique, 1843) ; Richard en Palestine, opéra en trois actes, musique d’Adolphe Adam (Opéra, 1844), pièce remarquable qui disparut trop promptement de 1 affiche ; la Justice de Dieu, drame en cinq actes et six tableaux, avec Anicet-Bourgeois (Gaîté, 1845) ; Paquita, ballet-pantomime en deux actes, avec Mazilier, musique de Deldevez (Opéra, 1846). Carlotta Grisi créa le rôle principal ; l’Héritier du czar, drame en cinq actes et en prose, avec Goubaux et Paul Duport (Odéon, 1849) ; NotreDame de Paris, drame en cinq actes et quinze tableaux (1850), tiré du roman de Victor Hugo ; la Bonne aventure, drame en cinq actes, avec M. Dennery (1854) ; la Joconde, drame en cinq actes et en prose, avec Régnier (Comédie-Française, 19 novembre 1855), œuvre intéressante et très-habilement charpentée ; l’Institutrice, drame en quatre actes et en prose (Odéon, 2 septembre 1861) ; l’Étoile de Messine, ballet-pantomime en deux actes, avec Borri, musique du comte Gabrielli (Opéra, 1861) ; Delphine Gerbei ou les Comptes de jeunesse, comédie en quatre actes, avec Régnier (Vaudeville, 1862) ; le Carnaval de Naples, draine en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 1864) ; la Bande noire, drame en sept actes (Beaumarchais, 1SG6), etc.


FOUCHER DE CAREIL (Louis-François, comte de), général français, né à Guérancle (Loire-Inférieure) en 1762, mort en 1835. Fils dJun conseiller au parlement de Bretagne, il entra dans l’armée en 1781, fit partie, comme capitaine d’artillerie, de l’armée du Rhin, sauva l’armée de Cusline par sa belle défense du pont de la Nidda, prés de Francfort, prit une part héroïque à la défense de Mayence (1793), et fut alors nommé chef d’escadron. Lors du passage du Rhin, îous Hoche, Foucher de Careil enleva les batteries de l’ennemi. Promu général de brigade pour sa belle conduite à Ilohenfinden, il fut élevé au rang de général de division en 1807, puis il servit en Portugal et en Espagne, dirigea le siège de Saragosse et celui d’Astorga (isio), devint commandant de l’artillerie du corps du maréchal Ney, pondant la campagne de Russie, fut chargé par Napoléon, à la bataille de la Moskowa, de disposer 60 batteries contre la redoute défendue par Bagration, et prit part à toutes les actions mémorables des campagnes de 1813 et de 1814. Ce vaillant général, dont ie nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, fut créé baron de l’Empire en 1808


FOUCHER DE CAREIL (Louis-Alexandre, comte de), littérateur et administrateur français, petit-fils du précédent, né à Paris en 1826. Il compléta ses études par des voyages, puis s’occupa de travaux littéraires et philosophiques. M. Foucher de Careil s’est fait connaître dans le monde savant par la publication d’une fort remarquable édition des Œuvres de Leibnitz, qui doit se composer d’environ 20 volumes. Cette édition comprend un grand nombre d’écrits du célèbre philosophe qui n’avaient point encore été livrés à la publicité et que M. Foucher a recueillis dans de patientes recherches faites en Allemagne. C’est à cet important travail que se rattachent les publications suivantes : Réfutation inédite de Spinoza par Leibnitz (1S54, in-s°) ; Lettres et opuscules inédits de Leibnitz (1857) ; Nouvelles lettres et opuscules inédits de Leibnitz (1857) ; Lettres de Leibnitz, Bossuet, Pellisson, etc., publiées pour ta première fois (1859). Citons encore de ce laborieux érudit : Rome ou Espérances et chimères de l’Italie (1860) ; Leibnitz, la philosophie juive et la cabale (1861, in-8°) ; Descartes et la princesse Palatine (1862) ; Hegel et Schopenhauer (18G2, in-S°) ; Gcethe et son œuvre (1865, in-18°) ; le Luxembourg à la Belgique, avec pièces justificatives (1867, in-s»), etc. — En 1871, M. Foucher de Careil a été nommé préfet des Côtes-du-Nord.


FOUCHER DE CHARTRES, en latin Fulcherius Carnoteusla, historien français, né à Chartres en 1059, mort en 1127. Lors de la première croisade, prêchée par Pierre l’Ermite en 1096, Foucher, qui était alors prêtre dans sa villo natale, accompagna en terre sainte, en qualité de chapelain, Baudouin, frère do Qodofroy de Bouillon, et tenuica

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ses jonrs à Jérusalem, après avoir pris une part active aux diverses expéditions de Baudouin. On a de lui une Histoire de Jérusalem, dans laquelle il raconte les événements de la croisade depuis le concile de Clermont. Cet ouvrage intéressant, écrit par un témoin oculaire, a été inséré dans le Recueil des historiens de la croisade, dans la collection des Historiens des croisades, publiée par l’Académie des inscriptions, etc.

FOUCHER D’OBSONVILLE, voyageur, naturaliste et écrivain français, né à Montargis en 1734, mort en 1802. Fils d’un lieutenant au bailliage de sa ville natale, il entra au service à l’âge de vingt ans et s’embarqua pour les Indes orientâtes. Là, il fit preuve d’une certaine capacité, comme militaire et comme négociateur avec les chefs indigènes à Pondichéry. Il revint en France en 1771 et mit en ordre les notes qu’il avait recueillies, notes présentant de curieuses remarques. Elles n’ont point été publiées en totalité et renfermaient pourtant des renseignements précieux que les bibliographes regrettent d’avoir perdus. Parmi ses principaux travaux, on cite : Essais philosophiques sur les mœurs de divers animaux étrangers. Cet ouvrage fut publié à la demande de Buffon. On y trouve l’histoire naturelle, les mœurs et les usages des peuples visités

fiarlui. Il composa d’autres ouvrages pendant a Révolution, et mourut à peu près inconnu.

Un nommé Carengeot, secrétaire de la Société d’agriculture du département de Seineet-Marne, séant à Meaux, a donné une Notice sur Foucher d’Obsonville (Meaux, 1805, in-8»).

FOUCHERANS, village et commune de France (Jura), cant., arrond. et à 4 kilom. de Dôle ; 617 hab. Belle fonderie de fer et château du xve siècle, dont le prince de Condé, en 1536, et Louis XIV, en 1608, tirent leur quartier général pendant le siège de Dote. Église renfermant des tableaux curieux.

FOUCIiÈRES, village et commune de France (Aube), cant., arrond. et à 10 kiloin. de Bar-sur-Seine ; 574 hab. Voie romaine. Dans l’église, chapelle sépulcrale, monument historique, d’Etian d’Amancourt, abbé de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes et prieur de Fouchères. Croix de pierre du xvr° siècle.

FODCIIY (Jean-Paul, Grand-Jean de), astronome, membre de l’Académie des sciences, né h Paris en 1707, mort en 1788. Il acheta une charge d’auditeur des comptes et employa ses loisirs à la culture des lettres et des sciences. Ses travaux astronomiques le firent entrer, en 1751, à l’Académie des sciences, dont il devint plus tard secrétaire perpétuel. On a de lui plusieurs Mémoires, insérés dans le recueil de ce corps savant, et on lui doit quelques perfectionnements de détails, quelques projets d’instruments. En 1731, il donnait aux tables une forme nouvelle et plus commode. En 1732, il proposa de déterminer la partie encore éclairée d’un satellite qui paraît complètement éclipsé parce que les rayons qui en émanent sont trop faibles ; il fallait pour cela observer d’avance l’astre à travers des diaphragmes gradués jusqu’à^ co que l’ouverture fût assez petite pour que l’œil ne pût plus être impressionné. Si l’astre disparaissait quand l’objectif était réduit à une certaine fraction de son ouverture naturelle, on devait en conclure que l’éclipsé paraîtrait complète lorsqu’il ne resterait plus que cette fraction de son disque en dehors du cône d’ombre. En 1737, il indiqua une nouvelle méthode d’observation pour les passages de Mercure. Enfin, on doit à Fouchy l’idée de la méridienne du temps moyen (v. cadran solaire). Ce savant a publié un volume d’Éloges des membres de l’Académie des sciences (Paris, 1761, in-12).

FOUCOU (Félix), ingénieur français, mort à New-York en 1870. Il s’était fait naturaliser Américain et poursuivait, avec M. Sainte-Claire Deville, 1 application du pétrole au chauffage des locomotives. On lui doit un des livres les plus remarquables de notre temps, l’Histoire du travail.

FOUCQUET (Nicolas), célèbre surintendant des finances. V. Fouquet.

FOUDI s. m. (fou-di). Ornith. Espèce de moineau ou fringille de Madagascar.

FOUDRAS (marquis de), romancier, né à Paris vers 1810. Il se fit d’abord connaître par quelques recueils de poésie d’une médiocre valeur littéraire, puis se tourna du côté du roman, et produisit dans ce genre un grand nombre d’ouvrages, dans la plupart desquels il s’attache, avec plus ou moins de bonheur, à peindre les mœurs du grand monde. Parmi les productions de cet écrivain légitimiste, nous citerons : Fables et apologues (1839) ; Echos de l’âme (1S41) ; Chants pour tous (1842), recueils de vers ; le Décaméron des bonnes gens (1843, in-8») ; les Gentilshommes d’autrefois (1844, 2 vol.) ; Suzanne d’Eslouteville (1845, 4 vol.) ; les Chevaliers du lansquenet (1847, 10 vol.) ; les Viveurs d’autrefois (1848, 4 vol.), avec M. de Montépin ; le Capitaine de Beauvoisis (1849,

2 vol.) ; un Caprice de grande dame (1850,

3 vol.) ; Diane et Vénus (1852, 4 vol.) ; Un grand comédien (1853, 3 vol.) ; Un drame de famille (i§ 54, 5 vol.) ; les Vautours de Paris

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(1855, 4 vol.), avec C. Guéroult ; la Comtesse Alvinzi (1857) ; les Deux couronnes (1859, 2 vol.), etc.

FOUDRE s. f. (fou-dre — lat. fulgur, mot qui a évidemment le même radical que fulgeo, briller d’un éclat vif, c’est-à-dire la racine sanscrite bhrag, forme gounée bharg, briller, brûler, d’où aussi le grec phlegà). Physiq. Phénomène électrique qui consiste en un trait de feu produisant une vive lumière, accompagné d une violente détonation, et dont les effets sont souvent terribles : Être frappé par la foudre. Braver les éclats de la foudrç. Le fer attire la foudre. On voit la foudre, conçue presque en un moment dans te sein de la nue, briller, éclater, frapper, abattre. (Mass.) Dans les Pyrénées, tes paysans, lorsqu’il tonne, se couvrent de branches de laurier pour se garantir de la foudre. (M™e de Genlis.)

La foudre en longs sillons déchire et fend la nue. Saint-Victor. La foudre eu serpentant

Part, fuit, éclate, roule et tombe nu mémo instant. Baour-Lormian.

— Poètiq. Canons, artillerie, armes a feu, bruit formidable quelconque :

La foudre tonne encore, au mépris des traités.

G. Delavione, Vauban, 6ur un rempart, un compas à la main, Rit du bruit impuissant de cent foudres d’airain.

Voltaire. Plus savamment cruel, par quelques grains de poudre, L’homme imita l’éclair, son bras lanco la foudre,

Delille.

— Fig. Châtiment prompt et rigoureux ; effet redoutable de la colère, de la vengeance, de la justice : Les foudres vengeresses de l’Eternel. Attirer les foudres du pouvoir. Provoquer les foudres de l’excommunication. Braver les foudres de l’Église. Les couronnes attirent la foudre révolutionnaire et ne la détournent plus. (E. de Gir.)

Le pontife est armé de la foudre sacrée.

C. Delavione.

Il Effet puissant, et qui a quelque chose de violent dans son énergie ; Les foudres del’éloquence.

— Coup de foudre, Explosion violente qui accompagne la foudre : Un cou ? de foudre vint ébranler la maison. Il Fig. Evénement soudain et terrible :

Quel cotip de foudre, 6 ciel ! et quel funeste avis !

Racine.

Comme la foudre, avec ta rapidité de la foudre, Avec une grande rapidité, une extrême impétuosité : Ce cheval va comme la foudre. (Acad.) Il faut que l’ordre parti d’en haut arrive aux extrémités avec la rapidité de la foudre : l’officier public doit agir et non raisonner. (E. Laboulaye.)

Être comme frappé de la foudre, Être anéanti, stupéfait.

Que la foudre m’écrase, tombe sur moi, Formule imprécatoire très-usitée.

— Pyrotechn. Foudre de salon, Papier trempé dans de l’acide azotique fumant qui s’allume instantanément au contact d’un corps en ignition, et brûle sans résidu avec une belle flamme verte ou jaune, rouge ou pourpre, lorsqu’on ajoute à l’acide azotique des sels de strontium ou de cuivre.

— Art milit. Ornement brodé que les généraux français portent au retroussis de leur h» bit. il Demi-foudre, Ornement propre aux adjudants généraux, aux aides de camp et aux officiers d’état-major.

— s. m. Poétiq. Les poètes emploient le mot foudre indifféremment au masculin ou au féminin :

Que le foudre vengeur sur moi tombe en éclats,

ûeulle. Tel échappé du sein d’un nuage brûlant, S’élauce avec l’éclair un foudre menaçant.

La Harpe. U On le trouve plus rarement chez les prosateurs, et seulement dans le style élevé : Quand le sublime vient à éclater où il faut, il renverse tout comme un foudre. (Boileau.) Foudre de guerre, Grand général d’armée qui a remporté de nombreuses victoires ; personne qui a donné des preuves d’une valeur extraordinaire,

— Blas. Meuble d’êcu en. forme de deux faisceaux de flammes opposés, avec quatre dards en sautoir : Morelhj de Choisi/ : D azur, à une nuée d’argent en bande, laquelle est traversée de trois foudbes d’or, posés en barre, qui semblent partir de ta nuée, à droite tt à gauche.Helliez de Crechelins, en Bretagne : D’azur, au foudre ailé d’argent. — Vincent de Bambion, en Dauphiné : D’argent, au foudre élancé de gueules, ailé de simple.

— Moll. Genre de mollusques gastéropodes, à coquille univalve, formé aux dépens des pyrules, et non adopté.

— B.-arts. Attribut de Jupiter consistant en uno espèce de grand fuseau, du milieu duquel sortent en zigzags plusieurs petits dards : Un aigle tenant un foudre dans ses serres. (Acad.)

— Gramm. Foudre est féminin quand il désigne proprement le feu du ciel, sans aucune allusion aux représentations mythologiques :

! La foudre est tombée sur te çtQc/ter de l’é-

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glise. Mais quand on parle de ces carreaux ou dards que forgeait Vulcain, et que la main de Jupiter lançait sur la terre, foudre est masculin : Un aigle tenant un foudre dans ses serres. Employé un figuré, il est du genre féminin ou du genre masculin, selon que la métaphore se rapporte, dans la pensée, au sons physique ou au sens mythologique ; mais c’est ordinairement le sens mythologique qui prévaut, lorsqu’on veut désigner un guerrier ou un orateur impétueux : César était un foudre de guerre.

— Épithètes. Ardente, brûlante, allumée, embrasée, enflammée, éclatante, étincelante, flamboyante, bruyante, grondante, retentissante, menaçante, terrible, effroyable, redoutable, prompte, rapide, violente, impétueuse, infatigable, inévitable, vengerese, fumante, meurtrière, retenue, dormante, endormie, paisible, tranquille, oisive, désarmée, éteinte, impuissante. V. tonnerre.

— Syn. Foudre, tnmicrre. La foudre est proprement le feu du ciel, le fluide qui s’enflamme dans les temps d’orage ; le tonnerre est le bruit, l’explosion formidable qui se fait dons les airs. C’est la foudre qui embrase, consume, détruit tout ce qu’elle frappe ; c’est le tonnerre qui gronde, qui répand au loin l’effroi. Une voix de tonnerre est une voix puissante et sonore, qui s’entend au loin ; un foudre d’éloquence est un orateur qui entraîne, qui subjugue les esprits.

— Encycl. V. tonnerre et électricité.

— Allus. lîtt. Jo ffuifl doue un foudre tle

guerre ! Vers de la fable de La Fontaine le

Lièvre et la Grenouille :

Comment ! des animaux qui tremblent devant moi !

Je suis donc un foudre de guerre ! 11 n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre. Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi.

Est placé, par plaisanterie, dans la bouche de quelqu’un qui s’étonne de la peur qu’il inspire :

« Autrefois, qui le croirait ? j’ai écrit de , graves articles dans le Journal des Débats, et, vraiment, je ne serais pas seul à sourire de moi-même si l’on savait avec quel sansgêne politique je traitais, en ce temps-là, M. Mangin, M. Cottu, M. le comte de La bourdonnaye et M. le prince de Polignac. . J’étais donc un foudre de guerre ? •

Jules Jakin.

FOUDRE s. m. (fou-dre — de l’allem. fuder, tonneau). Techn. Grande tonne, vaisseau d’une très-vaste capacité : l’ont le monde a entendu parler des foudres d’Heidelberg, ou autrement de la fameuse tonne de l’électeur, laquelle contient plus de deux cents barriques. (Payen.)

— Encycl. Les grands vaisseaux auxquels on donne ce nom ont été quelque temps en grande faveur parmi les vignerons. On y voyait en même temps une question d’économie et un moyen d’améliorer les vins. Le temps et la science ont eu raison de ce préjugé, que rien ne justifiait. Ce point a été parfaitement étudié par M. Guyot dans son livre intitulé : Culture de la vigne et vinification. Nous ne saurions mieux faire que de le citer. « Les grands vaisseaux, dit-il, sont dangereux pour les vins légers. Très-peu de vins peuvent séjourner longtemps dans les grands vases sans s’y détériorer et s’y perdre. Il n’y a que les vins très-riches en sucra et en esprit, les vins très-forts qui gagnent et se conservent dans les grands vaisseaux ; j’entends toutefois à la température ordinaire et moyenne des caves, celliers ou vinées, où ces réservoirs sont habituellement installés ; car, à uiie température toujours égale et très-froide, le vin travaillerait très-lentement dans les grands vaisseaux, de même qu’il travaillerait très-vite dans une bouteille exposée, a une température très-chaude et variable de 20" à 40", par exemple. Toutes circonstances de température variable ou constante, de lumière ou d’obscurité, de repos ou de mouvement et de pression atmosphérique étant égales, plus les vaisseaux dans lesquels un même vin sera contenu seront grands, plus les périodes de sa vie s’accompliront vite, et réciproquement plus ces vaisseaux seront petits, plus ce vin aura de longévité, plus il stationnera longtemps dans chaque phase de jeunesse, de maturité et de vieillesse. Les conséquences de cette lei sont faciles à déduire pour la conduite, l’amélioration et la conservation des vins. Un grand propriétaire de vigues en Bourgogne me faisait part dernièrement de son intention de construire des citernes enduites de ciment hydraulique pour y conserver ses vins. Je n hésitai pas à lui conseiller de n’en rien faire, parce que la plupart des vins de Bourgogne, et des meilleurs, ne résisteraient pas à trois ans de citernes, de cuves, de foudres, contenant seulement 50 hectolitres, à plus forte raison 100 ou 1,000 hectolitres. Le vin y serait tué avant ta fin de toute spéculation. C’est une expérience faite ; j’en ai vu bien des exemples dans le cours de ma vie ; j’ai vu les foudres achetés et rangés par 10 et par 100, en Bourgogne et en Champagne, et j’ai constaté la marche des vins fins et légers dans ces grands vaisseaux, ils s’y font tous avec une rapidité prodigieuse, et cette rapidité est telle, parfois qu’on n’a pas le temps de la modérai’.