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Servant, la Mort de François Ier (Salon de 1870), etc.

François Ier et Charles-Quint visitant les tombeaux de Saint-Denis, chef-d’œuvre de Gros, musée du Louvre. Peu de jours après l’entrée de Charles-Quint à Paris (1er janvier 1540), ce prince fut conduit par François Ier à l’église de Saint-Denis où il fut reçu avec le cérémonial le plus éclatant. François voulut guider lui-même son hôte dans sa visite aux tombes royales. Le tableau de Gros nous montre les deux princes arrivés avec leur suite au bas de l’escalier qui conduit à la crypte : le roi de France se retourne vers Charles-Quint, et lui montre du doigt le tombeau provisoire de son prédécesseur Louis XII, disposé, selon l’usage, à l’entrée du caveau, en attendant qu’il y soit remplacé par une nouvelle dépouille royale. Les fils de François Ier accompagnent les deux souverains. L’aîné, le dauphin Henri, vêtu d’un pourpoint de soie à bandes d’or, d’un manteau de velours violet et d’un haut-de-chausses collant de soie blanche, est placé au premier plan, à côté de Charles-Quint ; il tient à la main sa toque de velours noir ornée d’une plume blanche. Le plus jeune fils, Charles d’Orléans, habillé de blanc, avec un manteau d’un bleu tendre, est placé à la gauche de son père, près de l’entrée du caveau, où se tient un chapelain portant deux flambeaux et s’apprêtant à éclairer les pas des visiteurs.

Au bas des degrés, et nous tournant le dos, le cardinal de Bourbon, abbé de Saint-Denis, flanqué de deux autres ecclésiastiques, fait face aux souverains ; il est revêtu de ses insignes et tient à la main sa crosse épiscopale. Ses acolytes sont, comme lui, tout resplendissants : leurs chapes rouges sont surchargées de dorures ; sur celle qui est le plus près de nous, saint Denis est représenté portant sa tête dans ses mains.

Sur les degrés de l’escalier, derrière les princes, se pressent les grands seigneurs de la cour de France, le connétable Anne de Montmorency, tenant une épée nue, le duc de Guise, Henri d’Albret, Antoine de Bourbon, le légat et les cardinaux du Bellay et de Lorraine, etc. D’autres personnages importants, des dames surtout, sont groupés dans deux tribunes que sépare un pilier et dont la balustrade est recouverte par une draperie fleurdelisée. Dans la tribune, à travers laquelle on entrevoit le trésor de l’abbaye de Saint-Denis, on remarque Catherine de Médicis, Mme d’Uzès, {Mme}} de Brissac, Diane de Poitiers, la belle Ferronnière, Amyot, le traducteur de Plutarque, et le célèbre sculpteur Jean Goujon. La seconde tribune est occupée par {Mmes}} d’Andelot, de La Rochefoucauld, d’Elbeuf, la femme de Gros, ayant à sa gauche le jeune Michel de Montaigne, le Primatice, Pierre Lescot, Jean Bullant et, enfin, Clément Marot et Rabelais, qui s’entretiennent avec mystère. Dans le fond de cette seconde tribune est une fenêtre dont le jour glissant lutte avec le clair-obscur qui règne dans l’ensemble de cet étage élevé. Cette lumière, tombant d’en haut, éclaire de face les trois ecclésiastiques placés au premier plan ; cette disposition produit une masse d’ombres vigoureuses qui sert de repoussoir aux figures principales, celles de Charles-Quint et de François Ier.

L’intérêt se porte ainsi, tout d’abord, sur les deux souverains. Charles-Quint, vêtu de noir, tient, de la main gauche, des gants jaunâtres, et, de la droite, renversée sur sa hanche, une toque ornée d’une plume ; il a la tête de profil, tournée vers le tombeau de Louis XII, et semble écouter ce que lui dit François Ier. Celui-ci, vêtu d’un pourpoint rouge clair, d’un surtout vert garni de martre et d’un haut-de-chausses collant en soie blanche, est décoré, comme son rival, du collier de la Toison d’or. Gros a admirablement rendu le contraste physique et moral qui existait entre les deux princes. « Tout le roman de leur vie, dit M. Charles Blanc, toutes les nuances de leur caractère se peuvent lire dans leur pose, leur geste, leur costume et l’expression de leur visage. L’un est un aimable gentilhomme, à la tournure élégante, à la physionomie fine, mais ouverte, qui est charmé de voir son ennemi devenir pour un instant son hôte. Charles-Quint, au contraire, est un monarque hautain, artificieux et sombre, qui se défie de son hôte parce qu’il le sait son ennemi. Impossible de mieux représenter les deux nations, française et espagnole : la nôtre, dans la personne de ce galant et généreux chevalier qui fait en souriant les honneurs de son pays, et la nation espagnole sous les traits de ce prince sérieux et superbe, qui marche d’un pas roide, lent et fier, la tête relevée sur ses épaules hautes, comme s’il portait en lui toutes les grandeurs de la maison d’Autriche et de la couronne d’Espagne… Remarquons que l’attention du spectateur est non-seulement appelée par les deux personnages principaux de cette scène intéressante, mais qu’elle est encore sollicitée à se concentrer sur eux par le mouvement de toutes les figurés du tableau qui fixent leurs regards étonnés sur ces deux monarques, hier ennemis jusqu’à la guerre, aujourd’hui rapprochés jusqu’à la courtoisie. »

Les deux jeunes fils de François Ier sont remarquables aussi par leur distinction vraiment royale ; ils offrent eux-mêmes un contraste indiqué avec beaucoup de finesse. Henri est grave, comme il convient au futur roi de France. Charles a toute la candeur, toute l’insouciance de la jeunesse ; de tous les visiteurs, c’est lui qui est le plus rapproché du caveau funèbre ; la mort, hélas ! l’y couchera bientôt.

Cette composition, si bien ordonnée et si pleine de détails charmants, est exécutée avec une finesse et un éclat admirables. Gros disait de cette toile peinte avec amour : « C’est mon bouquet ! » — La justesse de cette expression est frappante. Le peintre a versé sur cette toile les trésors de sa palette harmonieuse et son coloris le plus fin et le plus riche.

Ce tableau fut commandé à Gros pour la sacristie de l’église de Saint-Denis ; il fut exposé au Salon de 1812 où il obtint un légitime succès.

Gros avait conçu une autre composition de la visite faite à la royale basilique par Charles-Quint : dans ce projet, dessiné à la plume et qui a été reproduit en fac—simile dans la 2e édition de sa biographie par M. Delestre, les deux monarques et leur suite sont à cheval, et à quelques pas seulement de l’église sur le seuil de laquelle le clergé les attend.

François Ier (STATUE ÉQUESTRE DE), par M. Clésinger. Cette statue, exécutée pour la décoration de la cour du Louvre, est une des œuvres d’art qui ont fait le plus de bruit sous l’Empire et que la critique a le moins ménagées. Voici la description qu’en a faite M. Eugène Loudun : « Titien n’a représenté François Ier qu’en buste et de profil ; mais, dans ce profil seul, il y a un air de noblesse, de franchise et d’autorité qui saisit d’abord, ce qu’on appelait jadis un grand air ; personne ne s’y trompe, c’est là le portrait d’un homme habitué à commander, à qui appartient le pouvoir et qui en a le sentiment ; on comprend qu’il puisse porter le manteau royal ; son air le décèle, c’est un roi. Qu’est-ce que je vois, au contraire, dans le personnage qui pose ici (l’œuvre de Clésinger) ? Un galant officier, un capitaine de gens d’armes paradant dans quelque solennité : son ajustement et celui de son cheval l’attestent. Le cheval semble partager la préoccupation de son maître : tout couvert de houppes, de glands de soie, de brimborions et d’affiquets, la queue flamboyante, il piaffe sous tout ce clinquant. Quant au cavalier, il est en costume de guerre, il est vrai ; il n’a pas quitté son corselet de fer qui serre et dessine agréablement sa taille ; mais il a échangé son casque contre une toque, et, sur cette toque, se balance, se dresse plutôt un superbe panache droit comme le plumet d’un trompette des guides ; en cette toilette pimpante, il fait cabrer son coursier aux yeux des dames penchées sur les balcons ; de la main, il leur adresse de gracieux saluts ; tout glorieux de sa bonne mine, il pose en beau cavalier fanfaron et coquet, il ne songe qu’à s’attirer les applaudissements et les sourires. » M. Loudun ajoute que le François Ie de Clésinger est une œuvre de révolutionnaire, comme le Roi s’amuse de Victor Hugo : poète et statuaire n’ont voulu voir dans le roy de France qu’un galantin, un coureur de filles. Le Grand Dictionnaire est trop ami de la vérité historique pour blâmer les artistes qui croient bon de rappeler les vices que couvrait la majesté royale. Si M. Clésinger n’avait eu d’autre tort que de dépouiller François Ier des grands airs conventionnels qui constituent cette majesté, et de nous montrer seulement le gentilhomme galant, courtois, d’une gaieté gauloise, sa statue n’eut certainement pas autant effarouché le public. Ce qui a déplu dans cette figure équestre, c’est d’abord le costume du roi, qui n’a rien de sculptural, ce sont les formes un peu trop massives du cheval, c’est surtout le luxe des ornements et la violence du mouvement, qui formaient un contraste fâcheux avec les lignes calmes et pure des façades de la cour du Louvre. Aussi ne peut-on qu’approuver la décision qui a fait enlever de cette cour, où il figura pendant près d’un an, le modèle en plâtre de la statue de M. Clésinger.

François Ier (maison de). Résidence historique, aujourd’hui située Cours la Reine, à l’angle de la rue Bayard. Construite à Moret, en 1523, par François Ier, puis vendue par le gouvernement français, en 1826, elle fut acquise par un particulier qui la fit littéralement transporter à Paris, pierre à pierre, sur l’emplacement qu’elle occupe aujourd’hui. C’est un curieux monument de la Renaissance, avec frises, trophées et médaillons, dont les sculptures sont attribuées à Jean Goujon. L’édifice forme un carré élevé seulement de deux étages.


FRANÇOIS II, roi de France, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né à Fontainebleau en 1543, mort à Orléans en 1560. Il naquit faible et d’une constitution maladive, triste héritage des débauches de ses pères, fut marié, en 1558, à la jeune reine d’Écosse, Marie Stuart, nièce des Guises, et succéda, l’année suivante (1559), à son père. Ses amis l’appelèrent le roi sans vices, et ses ennemis le roi sans vertus. Il fut en réalité l’un et l’autre. Instrument passif entre les mains de ses oncles, il fut étranger aux événements de son propre règne, traînant sur le trône une existence condamnée et achevant tous les jours de mourir. Les Guises persécutèrent en son nom les réformés, déjouèrent le complot d’Amboise formé contre eux par une partie de la noblesse sous les auspices de Condé, livrèrent au supplice une partie des coupables, et auraient même sacrifié les princes de Bourbon et de Condé, si la mort du roi ne fût venue mettre leur pouvoir en question. Le jeune prince mourut à la suite d’un flux d’oreilles, après un an de règne. Il était âgé d’un peu moins de dix-huit ans. La cour était dans une telle agitation et si pleine d’intrigues, qu’on ne songea point aux funérailles et que le cadavre fut emmené sans suite à Saint-Denis.


FRANÇOIS DE FRANCE, duc d’Alençon et d’Anjou. V. Anjou.


FRANÇOIS Ier, duc de Bretagne, né à Vannes en 1414, mort en 1450. Il succéda, en 1442, à son père Jean V, fit hommage simple au roi de France, comme duc de Bretagne, et hommage lige comme comte de Montfort. Cette réconciliation de la maison de Bretagne avec la couronne était intéressée des deux côtés. Après plusieurs guerres contre les Anglais, entreprises de concert avec Charles VII, François fit périr son frère Gilles, dont il redoutait l’ambition, et institua l’ordre de l’Epi.


FRANÇOIS II, dernier duc de Bretagne, né en 1435, mort en 1488. Il succéda, en 1459, à son oncle Arthur III, entra contre Louis XI dans la ligue dite du Bien public, vit augmenter ses prérogatives par le traité de Saint-Maur, suivit le roi au siège de Roye, tenta, en 1467, la conquête de la Normandie, mais fut contraint, après plusieurs défaites, de signer le traité d’Ancenis (1468). Fort de l’appui du roi d’Angleterre, il reprit encore les armes contre son redoutable suzerain, mais fut vaincu à plusieurs reprises et forcé de se soumettre. Pendant la régence d’Anne de Beaujeu et la minorité de Charles VIII, il fut mêlé à toutes les coalitions féodales, essayant de les exploiter au profit de l’indépendance de la Bretagne. Le duc d’Orléans révolté trouva en lui un appui ; mais l’irruption de Charles VIII et de la Trémoille en Bretagne et la perte de la décisive bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (l488), qui décida du sort de la province, ruinèrent toutes ses espérances, et le chagrin qu’il en ressentit le conduisit en peu de temps au tombeau. Il eut pour conseiller et principal ministre le fameux Landais.


FRANÇOIS Ier (Étienne), empereur d’Allemagne, né à Nancy en 1708, mort en 1765. Duc de Lorraine, puis grand-duc de Toscane (1737), il devint, par son mariage avec Marie-Thérèse, corégent des États autrichiens et fut enfin élu, malgré l’opposition de la France et de la Prusse, empereur d’Allemagne en 1745. Son épouse dirigeait toutes les affaires, et l’unique occupation de ce prince était d’augmenter ses richesses par des opérations commerciales. Frédéric II, dans l’Histoire de son temps, nous apprend qu’il économisait chaque année de fortes sommes sur les revenus de la Toscane, et qu’il les employait à faire du commerce, à établir des manufactures et même à prêter sur gages. Pendant quelque temps, il s’associa avec un marchand et avec le comte Boltza pour prendre à ferme les douanes de la Saxe, et, chose fort singulière, il fournit, en 1756, de farine et de fourrage l’armée de Frédéric II, qui était alors en guerre avec Marie-Thérèse. Ce prince, dont le nom n’est que fort rarement prononcé dans l’histoire, était poli, affable, éclairé et tolérant. Il cultiva les lettres et les sciences, fonda à Pistoie une Académie de belles-lettres (1745) et à Augsbourg une Académie des arts (1755), et dota Vienne d’un cabinet d’histoire naturelle et de médailles. Il s’occupa beaucoup d’alchimie et de la recherche de la pierre philosophale. L’empereur François eut, de son mariage avec Marie-Thérèse, seize enfants, au nombre desquels se trouvait Marie-Antoinette, qui devint reine de France.


FRANÇOIS II (Joseph-Charles), empereur d’Allemagne, ou FRANÇOIS Ier, empereur d’Autriche, né en 176S, mort en 1835. Il succéda, en 1792, à Léopold II, son père. C’était un prince d’une nullité à peu près complète. Il ne régna que de nom, sous la tutelle de Metternich. À son début, il entra en lutte avec la Révolution française, et, jusqu’en 1809, cette lutte ne fut pour lui qu’une série de désastres. En 1797, le traité de Campo-Formio lui enlève la Lombardie ; mais, par une condescendance coupable du Directoire, François reçoit Venise en dédommagement. La perte de la bataille de Marengo lui coûte plusieurs provinces (1800). Défait à Austerlitz, il cède la Vénétie (1805). L’établissement de la Confédération du Rhin l’oblige à abdiquer le titre d’empereur d’Allemagne pour prendre celui d’empereur d’Autriche (1806) ; une nouvelle levée de boucliers, qu’il fait en 1809, lui coûte la Gallicie et les provinces illyriennes. Enfin, pour comble d’humiliation, il se voit obligé de donner sa fille aînée, Marie-Louise, à son heureux vainqueur (1810). L’alliance qu’il a contractée, il se hâte de la rompre dès que Napoléon est abandonné par la fortune (1813). Les succès de la coalition le remettent en possession de tous les États qu’il a perdus depuis vingt ans. François II se montra dur dans la répression des tentatives insurrectionnelles de la Lombardie en 1821 : les tortures du Spielberg pèseront éternellement sur sa mémoire.


FRANÇOIS-JOSEPH Ier (Charles), empereur d’Autriche, fils de l’archiduc François-Charles et de la princesse Sophie de Bavière, né à Vienne le 18 août 1830. Par les soins de sa mère, femme très-distinguée, et de son gouverneur, le comte de Bombelles, il reçut une brillante et solide instruction. Au mois d’avril 1848, le jeune prince, âgé seulement de dix-huit ans, fut nommé gouverneur de Bohême ; mais il quitta bientôt ce poste pour prendre un commandement dans l’armée autrichienne en Italie, où il se fit remarquer par sa belle conduite dans l’affaire de Santa-Lucia, le 6 mai 1848. Bientôt après, les événements le rappelèrent d’Italie pour le placer sur le trône d’Autriche, par l’abdication de l’empereur Ferdinand et celle de l’archiduc François-Charles, son père (2 décembre 1848). François-Joseph fut, en conséquence, revêtu solennellement des insignes impériaux et proclamé empereur d’Autriche et roi de Hongrie et de Bohême. La proclamation du nouveau roi présentait un séduisant programme de justice et de liberté. « Nous voulons, y disait-il, que tous les citoyens soient égaux devant la loi ; qu’ils aient les mêmes droits au point de vue de la représentation et de la législation. Ainsi le pays recouvrera son antique splendeur. » Cependant, la Hongrie refusa de se soumettre à François-Joseph, et, le 14 avril 1849, elle se constitua en république sous la présidence du patriote Kossuth. Mais la jeune république fut de courte durée. Après la bataille de Novare, si funeste aux Italiens, l’Autriche, secondée par la Russie qui lui envoya un secours de 100,000 hommes, se retourna contre la Hongrie, qu’elle accabla de tout le poids des forces dirigées contre elle. François-Joseph fut sourd à la voix de l’humanité ; et lorsque le général Paskéwitch, en lui annonçant la pacification de la Hongrie, invoqua la clémence de l’empereur, celui-ci ordonna l’exécution des généraux hongrois, parmi lesquels se trouvait le comte Louis Bathyani. Lorsque la Lombardie et la Vénétie eurent été soumises à leur tour par Radetski, François-Joseph, par les édits de Schoenbrunn (26 septembre 1851), déclara nuls et non avenus la plupart des articles de la charte qu’il avait déjà promulguée et annonça que « les ministres ne seraient désormais responsables que vis-à-vis de l’autorité impériale, qu’ils auraient à jurer une fidélité sans condition et à prendre l’engagement d’exécuter toutes les ordonnances et volontés de l’empereur. » En outre, la liberté de la presse était abolie et la garde nationale licenciée. Enfin, le 1er janvier 1852, l’empereur supprima la charte qu’il avait lui-mêne octroyée à ses peuples le 4 mars 1849, et qui n’avait jamais existé que de nom. C’était le rétablissement du gouvernement absolu. À l’extérieur, par une politique habile, l’empereur François-Joseph reconquit, du moins en partie, la prépondérance que ses prédécesseurs exerçaient avant la révolution de 1848. Après avoir momentanément résolu la question du Slesvig-Holstein, il envoya un corps d’armée pour soutenir le grand-duc de Hesse contre son peuple révolté. Enfin, à la suite d’une entrevue qu’il eut à Berlin avec le roi de Prusse, les relations se resserrèrent entre les deux pays, et, le 19 février 1853, se conclut entre eux un traité de commerce dans lequel entrèrent d’autres États allemands. Le 24 avril 1854, François-Joseph épousa la princesse de Bavière Élisabeth-Amélie-Eugénie, fille de Maximilien-Joseph des Deux-Ponts-Birkenfeld, dont il a eu deux filles, l'une née en mars 1855, l’autre en juillet 1856. Lors de la guerre d’Orient, l’empereur d’Autriche, malgré l’appui que lui avait prêté la Russie contre la Hongrie, se déclara en faveur de la Turquie avec la France, l’Angleterre et l’Italie. Il sut cependant garder jusqu’à la fin le rôle de pacificateur. On connaît les résultats de cette guerre. Le congrès de Paris y mit fin par le traité du 30 mars 1856, signé pour l’Autriche par le comte de Buol et le baron de Hübner. L’année précédente, il avait signé avec le pape un concordat qui rapportait les lois si sagement libérales de Joseph II, et livrait au clergé la presse et l’instruction publique.

La prospérité de ce règne devait subir un temps d’arrêt en 1859. Cette année-là, l’empereur d’Autriche, refusant de soumettre à l’arbitrage d’un congrès la question lombardo-vénitienne, donna au général Giulay l’ordre d’envahir le Piémont ; l’armée autrichienne, repoussée de toutes parts par les armées franco-italiennes, fut complètement battue à Solferino, le 24 juin, et François-Joseph fut obligé de signer avec Napoléon III le traité provisoire de Villafranca, bientôt suivi de celui de Zurich, qui abandonnait la Lombardie à l’Italie, mais laissait la Vénétie à l’Autriche ; paix mal assise et que devaient rompre les événements ultérieurs. Cette guerre malheureuse fut naturellement suivie d’un nouveau soulèvement de la Hongrie en 1860 ; ce soulèvement fut à grand’peine comprimé. Ce fut alors que l’empereur d’Autriche, poussé par l’impérieuse nécessité, — qui a dicté plus de constitutions que l’esprit de justice, — concéda à ses peuples des institutions véritablement constitutionnelles, dans lesquelles il conserve leur autonomie aux diverses nationalités de son empire. Sous ces nouvelles institutions, l’Autriche parut se relever. Vers la fin de 1863, elle s’allia avec la Prusse pour dépouiller le Danemark d’une partie de ses