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content, et je me tiendrais très-heureux, si je pouvais être un bon compilateur et fournir une Histoire passable à mes lecteurs. »

Rollin semble avoir prévu le reproche de crédulité qu’on n’a pas manqué de lui faire, et qu’il a certainement mérité ; car, au sujet des augures, des prodiges, des oracles, des maléfices et autres absurdités païennes, il déclare naïvement qu’elles faisaient partie, chez les anciens, de la religion et du culte public ; que cette religion était fausse et ce culte mal entendu ; mais que le principe en était louable et fondé sur la nature. Il ajoute que c’est par cette raison qu’il a cru, tout en retranchant une grande partie de ces pratiques ridicules, ne pas devoir les supprimer entièrement. Quoi qu’il en soit, la naïve simplicité de Rollin, qui est un charme pour le lecteur, est un grave inconvénient au point de vue de la science historique. Du reste, on aurait tort de demander la moindre critique au bon professeur ; il a lu, admiré et traduit les anciens, les suivant dans leurs récits les plus incroyables, traduisant même leurs harangues militaires et leurs récits de batailles. Rollin ne sort pas de là, et c’est bien à tort qu’on a voulu faire de ce brave homme un républicain. Il n’admirait pas Brutus, non, mais le style de son historien, et il fut bien surpris quand le roi de Prusse le félicita un jour de son amour pour la liberté. Son livre est une suite de versions ; Rollin ne pouvait se déshabituer de faire sa classe, même quand il écrivait l’histoire. Toutefois, quand on se rappelle l’admiration des républiques d’Athènes et de Rome, qui était commune à tous les grands acteurs de notre Révolution, on n’est pas loin de reconnaître que Rollin a contribué, sans s’en douter, à cet immense mouvement de rénovation politique. l’Histoire ancienne se termine par un abrégé chronologique de tous les faits et une table exacte des matières. Le guide adopté par Rollin pour la chronologie est Ussérius.


Histoire générale ancienne (éléments de l’), par l’abbé Millot (Paris, 1772, 4 vol. in-12). Écrit pour la jeunesse, cet ouvrage n’est qu’un exposé exact, simple et méthodique des principaux événements qui ont modifié la situation politique des peuples. À la manière ■de Bossuet, l’auteur a divisé Y Histoire générale en-époques, et a groupé autour de l’événement ou des événements qui dominent chacune d’elles les faits secondaires susceptibles île donner une notion plus juste du passé. A ce récit des grands’changements politiques succèdent de savantes observations sur les religions, les lois, les arts, les lettres, les sciences, les coutumes, les mœurs, les préjugés des différents peuples. L’abbé Millot n’a d’autre parti pris que la vérité ; il n’est pas, comme Bossuet, préoccupé du’soin de soutenir cette thèse fataliste, d’après laquelle les grands peuples et les brillantes civilisations de l’antiquité n’ont paru sur la terre que pour favoriser l’accomplissement des destinées’du petit peuple juif. Sa manière d’écrire l’histoire est d’un homme consciencieux et éclairé ; elle semble peut-être moins dramatique,

— moins édifiante que les abrégés du père Loriquet, mais elle est à coup sur plus sérieuse, plus logique, plus honnête et plus profitable. L’Histoire ancienne a été publiée en un seul corps d’ouvrage avec l’Histoire moderne (1778, 9 vol. in-12). V, plus loin.


Histoire générale moderne (éléments de l’), par l’abbé Millot (Paris, 1773, 5 vol. in-12). Nous ne reviendrons pas sur l’esprit et le talent do l’abbé Millot-comme historien. Nous insisterons seulement sur ce fait que l’auteur ■a donné, dans cette partie de son travail, des preuves encore plus frappantes et plus nombreuses de son impartialité. Il prodigue, dans VHistoire moderne, les plus cruelles vérités aux prêtres, aux moines, aux papes eux-mêmes’. « Je m’arrête malgré moi, dit-il, è. ces objets désagréables, dont la connaissance est inalheureu1 sèment nécessaire : L’histoire des dix premiers siècles fait l’opprobre du’genre humain. Les empereurs chrétiens avaient enrichi l’Église, lui avaient prodigué les privilèges, les immunités, et ces avantages n avaient pas peu contribué au relâchement de la discipline et aux désordres qui altéraient l’esprit du saint ministère : Lors de la domination des barbares, le mal s’accrut avec une rapidité prodigieuse. Comme ils étaient persuadés que tous Tes crimes se rachetaient à prix d’argent, et qu’en donnant à l’Église on gagnait le ciel, plus ils se livraient à leurs brutales passions, plus ils se montraient prodigues pour cette espèce de bonnes œuvres. Chilpéric, petit-fils dé Clovis, disait souvent : « Notre fisc est pauvre, nos richesses ont passé aux églises, les évêques sont les rois. ■ L’historien nous montre ensuite les prélats devenant, à la faveur de leur caractère sacré, de leurs richesses et de l’ignorance universelle, les arbitres des États, disposant des trônes, réglant la législation en Espagne, en. France et ailleurs, étendant sans cesse leurs prérogatives. Et comment usèrentjil3 de ce pouvoir presque absolu ? « Le sacerdoce, dit l’abbé Millot, destiné à bénir, devintun moyen de malédiction. On excommunia au gré de la politique et de la vengeance ; on excommunia les grands, les rois même qu’on voulait ou dépouiller ou réduire en servitude, et cette arme invisiblo devint un instrument de guerres et de révolutions sanglantes. >

Voici comment il juge l’inquisition : ■ Pu HIST

nir comme les plus grands crimes les erreurs secrètes, changer en devoir les délations les plus contraires au repos de la société, poursuivre sur de simples soupçons et sur de frivoles indices des citoyens soumis aux lois tant civiles que naturelles, porter ainsi la défiance et les alarmes jusque dans le sein des famiiles, déshonorer par les supplices une religion de charité, cest ce que mille voix éloquentes ont reproché à l’inquisition. « 

On voit que l’abbé Millot, bien que grand vicaire, ne se faisait aucune illusion sur les hontes et les scandales de l’histoire ecclésiastique. Aussi, lorsqu’il se présenta à l’Académie, alors livrée aux ennemis de l’Église, il y entra sur la déclaration de d’Alembert, que le candidat « n’avait de prêtre que l’habit. » Signe du temps, qu’un abbé disant la messe, exerçant de hautes fonctions ecclésiastiques et employant ses loisirs à éerire une histoire ouvertement destinée à combattre les empiétements de l’Église et les mœurs corrompues du clergé 1

Histoire ancienne et moderne (TABLEAUX

chronologiques de l’), par G.-J. Thouret, membre de l’Assemblée constituante (Paris, 1821, in-fol. oblong). Cet ouvrage, que Thouret composa en 1792 et 1793 pour l’instruction de son fils, comprend deux parties, l’une relative à l’histoire ancienne, depuis la création du monde jusqu’à l’ère chrétienne, l’autre relative à l’histoire moderne, s’arrêtant à 17C3. La première partie seule a été publiée par les soins de son fils, qui y a fait des corrections. Elle se compose de trois sections. Dans la première section, les pages sont divisées en autant de colonnes qu’il y a de peuples contemporains, de sorte qu’on puisse voir d’un coup d’œil tous les événements arrivés à la même époque ; mais, comme les faits abondent dans l’histoire romaine, Thouret s’est borné là à indiquer les faits principaux, et il a consacré sa seconde section à donner à l’histoire des Romains tous les développements nécessaires. Enfin, la troisième se compose de tableaux chronologiques indi 3uant l’histoire des lettres, des sciences et es arts, avec quelques observations sur les gouvernements, les lois et les mœurs des peuples. Cet ouvrage, dû à un écrivain philosophe, est fait avec soin. Il est en outre fort utile, car on y trouve avec facilité l’indication et le récit analytique de cette multitude de faits dont se compose l’histoire.

Histoire ancienne (GALERIE CHRONOLOGIQUE

et pittoresque de l’), par Perrin, gravée sur acier par Normand fils et Réveil, avec texte explicatif par Alexandre Bouet (Brest, 1836 et suiv., grand in-fol. oblong). Le peintre Olivier-Stanislas Perrin a consacré près de trente années à exécuter les dessins de ce bel ouvrage. S’attachant de préférence à la partie graphique, il négligea trop le développement du texte, et se borna à donner l’indication rapide des faits qu’il représentait. Il avait exécuté son œuvre sur une si vaste échelle, qu’il mourut en 1832, avant d’avoir pu la publier. C’est alors que M. Alexandre Bouët a substitué aux indications sommaires de Perrin des tableaux de texte placés en regard des dessins de l’artiste et les expliquant d’une manière complète. La Galerie chronologique comprend 34 planches de dessins, dont la dernière est un plan de Rome antique, et 36 feuilles de texte, y compris la préface et la nptice consacrée à Perrin. Cet ouvrage, dans lequel ce dernier a fait preuve d’un grand talent comme dessinateur, est aussi remarquable par son exécution typographique que par celle des gravures au trait.

Histoire d’Aleiandre le Grand, par Quinte Curce. L’incertitude qui règne sur l’époque où vécut Quinte-Curce empêche de fixer la date de son livre : on présume, à son excellente latinité, qu’il dut être composé dans l’espace de temps compris entre les règnes de Tibère et de Trajan. Des dix livres qui forment cette Histoire, les deux premiers ne nous sont pas parvenus, et plusieurs autres sont mutilés. Le style en est fleuri, agréable ; l’ouvrage est rempli de réflexions sensées, et de harangues fort belles, mais pour l’ordinaire trop longues et trop déclamatoires. La plus éloquente est celle des députés scythes à Alexandre, livre VII. Les autres endroits les plus remarquables sont : la Bataille d’Arbelles, livre IV ; la Bataille d’Issus, livre III ; la Situation de l’armée dans le désert, livre III ; l’Ouragan, livre VII ; la Confiance d’Alexandre dans son médecin, livre III ; le Meurtre de Clitus, livre VIII ; la Mort d’Alexandre, livre X.

La pureté et l’élégance du style ont rendu classique le livre de Quinte-Curce ; mais il s’en faut qu’il ait la même valeur au point de vue historique ; et autant vaudrait, dit spirituellement M. Loewe-Weimars, prescrire la

lecture des romans de M">e de Genlis pour l’Histoire de France, que celle de Quinte-Curce pour la connaissance du siècle d’Alexandre. Il s’est surtout inspiré de Clitarque, auteur grec qui, comme lui, se souciait peu de démêler le faux du vrai et ne cherchait qu’à faire briller son esprit. De là tous ces tableaux brillants et ces harangues éloquentes, ces fables destinées à frapper d’étonnement, en dépit de toute vraisemblance. Les récits de bataille sont incompréhensibles, l’auteur n’ayant jamais cherché a se rendre compte des éléments les plus simples de la tactique, et quant a lu suppuiatiun du temps, chose si neces HIST

saire dans une histoire, il n’y a même pas songé, do sorte qu’en le lisant on ne sait jamais ni dans quallo saison, ni mémo dans quelle année les événements se passent. Sa géographie est tout aussi peu fidèle.

Le manuscrit de Quinte-Curce était connu dès le xiie siècle. Il fut imprimé pour la première fois en 1470 (Rome et Venise, in-4 » ) ; depuis, il en a été fait des éditions innombrables. Une des meilleures parmi les dernières est celle de Lemaire (1822-1824, in-S°). Des traductions sont dues à Vaugelas, Mignot, Beauzée, etc.

Histoire variée, d’Elien de Préneste (en grec, 260 de l’ère chrétienne). L’Histoire variée, recueil en quatorze livres, compilé avec des extraits des meilleurs auteurs grecs, a pour nous le mérite do nous avoir transmis de nombreux fragments d’ouvrages perdus. L’auteur s’était amusé à rassembler tout co qu’il rencontrait d’intéressant dans les historiens ou les moralistes:particularités de l’histoire des différents peuples, anecdotes sur leurs usages et sur leurs pratiques religieuses, traits singuliers relatifs aux personnages célèbres, paroles mémorables, bons mots, actions d’éclat, exemples de vertus, peinture des vices et des ridicules. Hérodote, Thucydide, Aristote, Plutarque, sont ses autorités de prédilection. Il y a pourtant certains chapitres de l’Histoire variée qui lui appartiennent en propre; tels sont la Description du temps, l’Histoire d’Aspasie, l’Histoire d’Atalanle et autres morceaux considérables, écrits avec cette élégante simplicité, qui a fait dire do lui par Philostrate qu’il « écrivait, quoique Romain, avec atticisme. •

Les meilleures éditions sont celles de Rome (1545, in-4<>), et de Paris (1805, in-8<>), dans Bibliotheca hellenica de Coraï.

Histoire Auguste, recueil de diverses monographies des empereurs romains, attribuées à une dizains d’auteurs de la décadence. Il paraît avoir été formé sous Constantin. Le compilateur ignorant a supprimé des vies entières de princes, interverti l’ordre des règnes et si bien mutilé le travail des auteurs, afin de se l’approprier, qu’il a parfaitement mérité les grosses injures que lui prodigue Casaubon.

Telle qu’elle est, l’Histoire Auguste, embrassant un laps de temps de cent soixante-cinq années et retraçant le tableau des révolutions de l’empire romain, du règne d’Adrien à celui de Probus (117-282), est néanmoins précieuse. Les auteurs dont les travaux ont été cousus les uns au bout des autres par le compilateur anonyme sont:jElius Spartianus, Vulcatius Gailicanus,..Elius Lampridius, Jules Capitolin, Trebellius Pollion et Flavius Vopiscus, le plus estimé de tous. Ce qui nous est parvenu cr-Elius Spartianus se réduit aux vies d’Adrien, d’^Elius Verus, de Didius Julianus, de Septime Sévère, de Pescennius Niger, d’Antonin Caracalla et de Géta. Vulcatius Gailicanus a écrit la vie d’Avidius Cassius ; jElius Lamprid ius celles de Commode Antonin, d’Antonin Diadumène, d’Antonin Héliogabale et d’Alexandre Sévère. Trebellius Pollion a laissé la fin de l’histoire de Valérien le père, la vie de Valérien le fils, celle des deux Gallien, de Claude et des trente tyrans qui se révoltèrent sous Gallien; pour compléter ce nombre trente, il y ajouta Julius Valens, qui se révolta sous Décius en 251. Il a mis encore deux femmes parmi ses tyrans, Zénobie et Victoire, " pour l’éternel opprobre de Gallien, qui fut le plus cruel fléau de la république. » On doit à Jules Capitolin les vies d’Antonin le Pieux, de Marc-Aurèle, de Verus, de Pertinax, d’Albin, de Macrin, des deux Maximins, des trois Gordiens, de Maxime et de Balbin. C’est un historien prolixe ; mais cette prolixité nous apprend une foule de particularités. Flavius Vopiscus, qu’on peut regarder comme le continuateur de Trebellius Pollion, écrivit la vie d’Aurélien et celles des empereurs Tacite, Klorien, Probus, des quatre tyrans Firmus, Saturninus, Proculus et Bonose, aussi bien que celle do Carus et de ses fils Numérien et Carin. On loue généralement l’érudition et l’ordre qui régnent dans ce qui nous est parvenu des ouvrages de Vopiscus.

Le style de la plupart de ces auteurs est inégal et souvent obscur. Mais leurs relations biographiques sont d’un grand secours à l’historien moderne. Le tout est présenté à peu près sans critique, sans philosophie et sans méthode ; mais ce qui est purement historique peut s’en passer à la rigueur, et c’est ce que n’ont pas pris en considération ceux qui n’ont vu dans l’Histoire Auguste qu’une compilation fastidieuse et indigeste.

Deux savants critiques du xvlie siècle, Casaubon et Saumaise, se sont occupés d’éclaircir le texte de ces auteurs, dont ils ont donné une bonne édition. Une traduction estimée en a été faite en français par G. de Moulines, membre de l’Académie royale de Berlia(Paris, 1806, 3 vol. in-12, 2e édit. J.Laplusré’cente traduction est celle de la Bibliothèque latine-française de Panckoucke (Paris, 1844-1847, 3 vol’. iu-8°, 20 série).

Histoires, par Procope (en grec, 555 de l’ère chrétienne). L’ouvrage, qui traite spécialement des guerres entreprises sous Justinien et a pour héros principal Bélisaire, est divisé en huit livres. Les deux premiers contiennent l’exposé de la guerre contre> les Perses depuis le règne d’Arcadius jusqu’à la

HIST

trente-troisième année du règne de Justinien. Le troisième et le quatrième décrivent la guerre des Vandales depuis l’irruption de ces peuples en Afrique en 395 jusqu’à l’an 545, époque à laquelle ils furent entièrement soumis aux Romains. Dans les quatre derniers, Procope raconte les guerres d’Italie contre les Ostrogoths (487 à 522).

Cette histoire est fort précieuse ; elle renferme les seuls documents exacts que nous possédions sur cette période du règne de Justinien et sur ses guerres contre les Barbares. Elle est pleine de fnits curieux. Le caractère des peuplades guerrières et sauvages qui inondèrent à cette époque l’empire romain y est peint de main de maître. L’intérêt est encore relevé par d’excellentes descriptions, qui facilitent l’intelligence des événements. Le stylo est une combinaison pleine d’énergie des modèles attiques et de cette diction affectée, mais souvent pittoresque, employée par tes écrivains byzantins. Le témoignage de Procope est d’ailleurs d’un grand poids, puisqu’il fut le contemporain et souvent le témoin oculaire des faits dont il parle. Les Histoires ont été continuées jusqu’en 559 par Agathias, l’auteur de spirituelles épigrammes recueillies dans les anthologies.

On en trouve le texte grec-latin dans la collection byzantine (Paris, 1662-1663, in-fol.) ; les Histoires ont été traduites en français par Martin Fumée (Paris, 15S7, in-fol.).

Histoire secrète, par Procope (en grec, vers 560 de l’ère chrétienne). L auteur, dans ce livre qui sert de correctif à ses Histoires, semble s’être abandonné sans ménagement à une rancune longtemps contenue, tant que vécurent Justinien et Bélisaire, et qu’il laisse éclater dès qu’il n’a plus peur d’eux. Cette palinodie, tout intéressante qu’elle est pour nous, n’en est pas moins odieuse, puisque Procope s’était laissé élever aux plus grands honneurs par Justinien et l’avait adulé de son vivant. Et Bélisaire I sous quel triste jour il nous montre celui qu’il avait jusqu’alors chanté comme un héros !

Quoi qu’il en soit, ce recueil écrit par un homme qui fut un des familiers de la cour byzantine a une grande importance. L’auteur déclare cyniquement, dans un préambule, qu’il va revenir sur tous les faits précédemment racontés par lui-même, afin de les faire voir sous leur vrai jour. C’est un devoir dont il n’a pu s’acquitter plus tôt, dit-il, parce que les acteurs du drame historique étaient encore vivants et qu’il eût été dangereux pour l’écrivain d’être trop sincère ou trop explicite. Maintenant qu’il n’a plus les mêmes risques à courir, il va achever sa tâche.

Les deux personnages les plus maltraités dans l’Histoire secrète sont Justinien et Bélisaire. Après nous avoir donné dans son premier ouvrage l’histoire officielle, Procope nous donne ici la chronique scandaleuse, les querelles d’antichambre et d’alcôve. Justinien est le plus injuste, le plus hypocrite, le plus

Ferfide et le plus lâche des tyrans. Procope accuse d’avoir bouleversé l’empire. Son union avec Théodora suffit, dit-il, pour le faire juger. Qu’était en effet cette digne compagne d’un empereur ? Il nous la montre élevée dans l’amphithéâtre de Constantinople, nous dévoile ses débauches précoces, et nous raconte par quelle série d’infamies elle tomba au rang de courtisane, dans la catégorie des pieds-nus, actrices sans rôle qui payaient pour étaler leurs charmes sur la scène. De là elle passe dans une troupe de bateleurs, parcourt divers pays, toujours précédée et suivie de sa triste célébrité, puis retourne à Constantinople, où elle devient la maitresse, puis la femme de Justinien, k la mort de l’impératrice Euphémie. Cette triste union consommée, le règne s’assombrit encore, surtout à mesure que l’empereur se laisse dominer par les prêtres. La narration n’est plus qu’un tissu de cruautés, de débauches crapuleuses palliées par une dévotion hypocrite. Quant à Bélisaire, Procope nous montre sa femme attirant dans son lit son beau-rils pendant qu’elle poursuit de sa haine son fils légitime, qui dénonce tout au vieux général. C’est une tragédie domestique qui tourne en comédie par l’attitude débonnaire du mari. Ce Georges Dandin du Bas-Empire pardonne, pour ne pas perdre la faveur de Théodora.

L’Histoire secrète, qu’on avoit crue longtemps perdue, a été publiée en 1623, sur un manuscrit du Vatican (Lyon, 1623, texte greclatin). Une autre édition, avec des notes très-judicieuses, a été donnée par Eichel (Helmstœdt, 1654, in-4o), a été traduite en français par M. Isambert (Paris, 1856, 2 vol. in-8 » )

Histoire ecclésiastique dos Francs, Composée en latin vers l’an 590, par Grégoire de Tours. Cet ouvrage est quelquefois intitulé Chronique des rois francs, parce qu’il comprend la biographie de nos premiers rois depuis leur établissement dans les Gaules jusqu’à l’an 591, pendant une période de cent soixante-quatorze ans. II se divise en dix livres. Le premier est un résumé confus de l’histoire ancienne et universelle du monde, depuis Adam jusqu’à saint Martin de Tours, en 397, résumé dépourvu d’intérêt et d’exactitude chronologique ; le second livre s’étend de ta mort de saint Martin & celle de Clovis Ier, c’est-à-dire de l’an 397 à l’an 511 ; le troisième, de la mort de Clovis à celle de Théodebert IaF, roi d’Austrasie (511 à 517) ; le quatrième, de la mort de Théodebert à