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sur leur demande, ou sur la demande de toute tierce personne agissant en leur nom, et dans un délai da six heures au plus tard, une co § ie, par eus certifiée conforme, de l’ordrearrestation. Le writ proprement dit d’habeas-corpus a pour objet de faire cesser la détention lorsqu’elle est illégale, ou, dans tous les cas, de mettre le magistrat à même d’en vérifier incontinent la légalité. Ce writ ou ordonnance est délivré par le lord chancelier, ou par l’un quelconque des douze juges en cas de vacation, sur une requête ou plainte par écrit présentée, soit par la personne détenue, soit par un tiers agissant en son nom et dans son intérêt. La requête tendant à obtenir le writ A’habeas-corpus doit articuler clairement les faits, c’est-a-dire être motivée. Il faut, en effet, que le juge soit édifié sur la nature et les causes de l’emprisonnement. A. la requête doit être jointe la copie de l’ordre d’arrestation qui a dû être délivrée par le geôlier ou gardien. Néanmoins la loi prévoit le cas ou ce dernier aurait refusé de délivrer la copie de l’ordre, et la représentation de cette copie est alors remplacée par une attestation du refus de la délivrer, attestation écrite par le demandeur ou son fondé de pouvoirs, et certifiée sincère avec serment. Sur la requête ou plainte présentée dans les conditions qui viennent d’être indiquées, le lord chancelier ou le juge qui le remplace délivre le writ d'habeas-corpus. C’est une ordonnance enjoignant à la personne qui détient le plaignant de représenter son prisonnier au magistrat qui a délivré le writ, dans un délai déterminé, délai calculé à, raison de la distance à parcourir, et qui ne peut, dans aucun cas, excéder vingt jours. Dans le délai imparti par le writ, le prisonnier doit être présenté au magistrat par celui qui le détient, qui doit en même temps représenter le writ, 1 ordre primitif d’arrestation, et faire son rapport sur les faits et circonstances de la cause. Le refus d’obtempérer au writ à’habeas-cor- pus est puni de l’amende et de l’exclusion de toute fonction publique. Le magistrat qui a délivré le writ, après que le prisonnier lui a été représenté, et qu’il a entendu contradictoirement les explications des parties, ordonne, soit le maintien de l’arrestation, si elle a été légalement opérée, soit l’élargissement provisoire du détenu sous caution, soit enfin sa mise définitive en liberté ; s’il n y a dans la cause aucun motif de détention, même préventive. Dans ce dernier cas, lapersonne illégalement détenue qui vient de recouvrer sa liberté peut, en outre, exercer une action en dommages-intérêts contre les auteurs de sa détention arbitraire.

Ce système de garanties, d’une si incontestable efficacité, se trouve complété par la responsabilité qui incombe aux magistrats auxquels il appartient de délivrer le writ. La septième disposition du statut de Charles II, que nous analysons en ce moment, porte que le refus de l’habeas-corpus par le lord chancelier ou par les juges de la cour du banc du roi ou des plaids communs rend ces magistrats passibles chacun d’une amende de 500 livres envers la personne détenue. Peu importe, d’ailleurs, de quelle autorité est émané l’ordre d’arrestation ; fùt-il du roi ou d’un ministre, il ne saurait faire obstacle à la délivrance de l’habeas-corpus. 11 n’y a d’exception à la règle générale que le writ doit être délivré au plaignant, que lorsque ce dernier se trouve soua le coup d’une inculpation de trahison ou de félonie. Ce mot de félonie a, dans le droit criminel anglais, une acception particulière.

Les lois criminelles anglaises ont appliqué la dénomination générale de félonie à tous les crimes qui entraînent la confiscation des biens, qu’ils encourent ou non la peine capitale. Les individus détenus sous 1 inculpation d’un cas de félonie ne peuvent obtenir le writ i’kabeas-corpvs. Ils peuvent seulement demander d’être jugés à la plus prochaine session du jury de leur comté, et leur élargissement provisoire sous caution, si la session se passe sans qu’il soit procédé au jugement. Ajoutons enfin que, même hors du cas de félonie et quelle que soit la nature de l’inculpation, aucun détenu ne peut être tiré de sa prison ’par kabeus-corpus après l’ouverture des assises pour le comté dans lequel il est détenu ; jusqu’à ce que les assises soient terminées, il doit être laissé à la disposition des juges. Dans cette situation, en effet, il n’y a pas danger que l’arrestation préventive se prolonge abusivement, et, la session terminée sans que le détenu ait été jugé, ce dernier rentre dans le droit commun, c est-àdire qu’il peut réclamer le writ d’kabeas-corpus, et obtenir par cette voie sa mise en liberté, au moins provisoire et sous caution.

HABEL-assis s. m. (a-bè-la-siss ; h asp.mot turc). Bot. Un des noms vulgaires du souchet comestible, appelé aussi souchet sultan.

HABELSCHWERT, ville de Prusse, prov. de Silésie, régence et à 94 kilom. S.-O. de Breslau, sur la Neisse, ch.-l. du cercle de son nom : 3,300 hab. Fabriques de draps, lainages, bonneterie, cau-de-vie de grains, tanneries.

HABEMUS CONFITENTEM REUM (Nous avons un accusé gui avoue) [Cicéron, Exorde du discours pour Ligarius]. Après le triomphe de César, un grand nombre ues partisans de Pompée furent rappelés à Rome. Le3 frères de Ligarius conçurent l’espoir d’obtenir pour

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lui la même faveur ; mais sa cause était bien différente : il avait été fait prisonnier en Afrique, peu de jours après la bataille de Thapsus ; or, le dictateur, clément envers les citoyens qui avaient suivi Pompée et combattu à Pharsale, conservait un vif ressentiment contre ceux qui s’étaient attachés à Métellus Scipion, à Varus et à Juba, roi de Mauritanie, pour lui faire la guerre en Afrique. S’il leur avait laissé la vie, c’était en leur défendant de jamais reparaître à Rome. Cependant les sollicitations des frères de Ligarius, auxquels s’étaient joints Cicéron et plusieurs sénateurs, n’avaient pas été sans effet, et ils commençaient à espérer, lorsque Tubéron, ennemi personnel de Ligarius, connaissant les vrais sentiments du dictateur, se fit publiquement l’accusateur de Ligarius, et, secrètement encouragé par César, porta l’affaire devant les tribunaux. Le dictateur se réserva te jugement. Cicéron défendit Ligarius. Vainement le juge s’était promis d’être infiexible : l’éloquence triompha d’un vainqueur irrité et lui arracha la grâce de l’ennemi le plus odieux. César se t’ait un plaisir d’écouter Cicéron ; depuis plusieurs années il n’a pas entendu le premier des orateurs du barreau ; mais il est en garde contre les séductions de l’éloquence ; il est sûr de sa haine ; la condamnation de Ligarius est signée, et les tablettes qu’il a dans ses mains contiennent l’arrêt de l’accusé. Cicéron sait que César, loin de lui donner l’attention d’un juge, ne l’écoute qu’avec la maligne curiosité d’un auditeur prévenu. Il entre tout d’abord en matière, et sans entreprendre ni de justifier Ligarius, ni de contester les faits, il avoue tout, il reconnaît Ligarius coupable : il déclare qu’il n’attend rien de la justice, il ne compte que sur la clémence du juge. Sadressant dès le début à l’accusateur, il lui dit : « Habes iyitur, Tubero, quod est accuiatori maxime optandum, confitentem reum.-Ainsi, Tubéron, vous avez ce qui est le plus à désirer pour un accusateur, l’aveu de l’accusé, p On fait de ce mot célèbre de Cicéron de nombreuses applications.

« En entendant sortir de la bouche de M. Cousin cette étonnante assertion, que la philosophie est une science d’observation comme la physique, qu’elle est la même pour tous les peuples, qu’il n’y a point de philosophie française ou allemande, pas plus qu’il n’y a de physique ou de géométrie française ou allemande ; en entendant, dis-je, de pareilles hérésies, je m’écrierais volontiers : Habemus confitentem reum ! Nous avons ici la preuve palpable que M. Cousin n’a jamais bien compris ni la nature ni le but de la philosophie. •

Pierre Lerocx.

« Habemus confitentem reum ; l’Autriche veut que toute l’Allemagne s’oblige à soutenir le despotisme tudesque en Italie. Mais, malgré l’agitation factice causée de l’autre côté du Rhin par quelques esprits attardés de quarante ans, l’Allemagne ne se fera pas la complice de l’Autriche. >

H. Lamahche.

HABENAIRE s. f. (a-be-nè-re — du lat. habena, rêne). Bot. Genre de plantes, de la famille des orchidées, tribu des ophrydées, sous-tribu des gymnadiniées, qui habite l’Amérique.

HABENECK (François-Antoine), violoniste français, né à Mézières en 1781, mort à Paris en 1849. C’est à son pèrs, artiste de talent, attaché à la musique d’un régiment au service de la France, qu’il dut la connaissance des principes du violon. Dès l’âge de dix ans, il exécutait avec succès des concertos en public. Dès qu’il sentit son talent formé, il parcourut seul plusieurs villes françaises, et se fixa à Brest à l’âge de dix-huit ans. Sans maître, sans instruction scientifique, sans notions harmoniques, il écrivit des concertos et quelques petits opéras qui furent favorablement accueillis. Cependant le jeune artiste respirait mal dans une ville de province. Paris 1 attirait. Grâce à une petite somme recueillie dans un concert, il partit, entra au Conservatoire, dans la classe de Baillot, et, en 1804, obtint le premier prix de violon à la suite d’un brillant concours. Cette victoire lui valut le titre de répétiteur au cours de son professeur. En 1804, l’impératrice Joséphine gratifiait Habeneck d’une pension de 1,200 fr. Notre virtuose ne fit que passer à l’orchestre de l’Opéra-Comique et entra à l’Opéra où, après un concours disputé, il fut adjoint à Rodolphe Kreutzer en qualité de premier violon solo. Lorsque Kreutzer prit la direction de l’orchestre, Habeneck lui succéda comme premier violon.

Dès 180B, on avait remarqué dans le jeune artiste une vocation toute particulière pour la direction d’un orchestre. Il était d’usage, à cette époque, de faire diriger les concerts du Conservatoire par le premier prix de violon de l’année précédente. La supériorité de M. Habeneck sur ses condisciples fut tellement évidente que, sur l’avis de trois inspecteurs, Chérubini, Méhul et Gossec, il conduisit seul l’orchestre du Conservatoire jusqu’en 1815.

L’administration de l’Opéra, ayant fondé de3 concerts spirituels, chargea Habeneck

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de leur organisation, et il y fit entendre les œuvres de Beethoven, son génie de prédilection, aux amateurs de goût qui affluaient à ses séances. Ce ne fut pas sans de vives discussions ni sans luttes qu’il put faire admettre les compositions de l’illustre maître allemand. Pour l’exécution de la symphonie en , il fut obligé, en présence du mauvais vouloir des musiciens de l’orchestre, de substituer à Vandante de cette symphonie celui de la symphonie en la. Habeneck prit patience, et, en 1828, quand ïa nouvelle société des concerts fut organisée, il put alors livrer à l’admiration du public, dont il avait fait progressivement l’éducation, les grandes pages qui soulevèrent des explosions d’enthousiasme et portèrent dans toute l’Europe le nom du vaillant chef d’orchestre et de son incomparable phalange.

En 1821, Habeneck fut nommé directeur de l’Académie royale de musique et inaugura la salle actuelle de la rue Le Peletier par Aladin ou la Lampe merveilleuse, commencé par Nicolo et achevé à peu près par Benincori, dont Habeneck termina certains morceaux incomplets. II écrivit encore pour son théâtre la musique du Page inconstant, ballet de Gardel, mais refusa de laisser figurer son nom sur l’affiche. En 1824, M. le vicomte de La Rochefoucauld changea la direction du théâtre, et, pour indemniser Habeneck, créa, pour lui, une place d’inspecteur général du Conservatoire, lui confia la direction d’une troisième classe de violon, mit Kreutzer à la retraite et plaça son protégé à la tête de l’orchestre de 1 Opéra. Après la révolution de 1830, il joignit à tous ces titres la qualité de. premier violon de la musique du roi. En 1846, il quitta la direction des orchestres de l’Opéra et du Conservatoire, conduisit une dernière fois ses vaillants artistes le 10 août 184S, et s’éteignit, à Paris, le 8 février 1849.

— Ses deux frères, Corentin et Joseph Hibkneck, tous deux violonistes distingués, ont été attachés, le premier à l’orchestre de l’Opéra, et le second à celui de l’Opéra-Comique.

11ABENT SBA FATA L1DELLI (Les petits liwes ont leur destinée). Ce mot, attribué tour àtour.à Horace, à Ovide, à Martial, appartient au grammairien Terentianus Maurus, auteur du poëme Des syllabes, un fait de cet hémistiche de fréquentes applications.

« Il est peut-être curieux de -savoir qu’avant d’être un asile d’indigents, avant même d’être un château, Bicêtre était très-anciennement une propriété connue sous le nom, en quelque sorte prophétique, de la Grange aux Gueux ; les édifices sont prédestinés : habent sua fata.

Alphonse Esquiros.

« Il en est de certains pays comme de certains livres qui, jetés dans le monde avec toutes les conditions possibles de succès, restent oubliés et méconnus, jusqu’à ce qu’un heureux hasard, une justice tardive les arrache à leur obscurité. Ilabeal sua fata libella, disaient les anciens, et cet axiome tout, littéraire peut être appliqué aux plus belles choses du monde. »

Xavier Marmier.

HABEBLÉE s. f. (a-bèr-lé). Bot. Genre de plantes, de la famille des acanthacées, qui habite la Roumanie.

HABERLIE s. f. (a-bèr-lî). Bot. Syn. d’o BWE.

HABERMANN (Jean), théologien protestant. V. AVENARIUS.

HABERT (François), poète français, né à Issoudun, enBerry, vers 1520, mort vers 1562. Il fut écolier à Paris, puis alla étudier le droit à Toulouse. Ayant quitté cette ville à la mort de son père, qui le laissa sans fortune, et se voyant obligé de pourvoir à la subsistance de quatre sœurs, il suivit en qualité de secrétaire plusieurs prélats et enfin le comte de Nevers, qui le présenta à la cour de François Ier. Le roi Henri II lui accorda ensuite une pension, et le chargea de traduire les Métamorphoses d’Ovide. Mais la pension ne fut pas régulièrement payée, et le pauvre poste crut devoir prendre le surnom de Bonn ; de Liesse. Outre ses traductions en vers d’Ovide, d’Horace, etc., , il a laissé des poésies originales, écrites avec correction, mais où la chaleur et l’inspiration font défaut. On y trouve aussi, comme dans la plupart des écrits de cette époque, la plus bizarre alliance des souvenirs du paganisme et des idées chrétiennes. Dans les Trois déesses (1546), la nouvelle Pallas représente Jésus-Christ préchant sa doctrine ; la nouvelle Junon emprunte la figure de Catherine de Médicis, pour prononcer l’éloge de la religion chrétienne. Ses poèmes sont oubliés et ne sont plus recherchés que des seuls bibliographes, à cause de leur rareté. Ses principaux ouvrages sont : la Jeunesse du Banny de Liesse (Paris, 1541), recueil de ballades, de rondeaux, d’épîtres, etc. ; la Suite du Banny de Liesse avec le Second livre des visions fantastiques ; le Jardin de félicité {Paris, 1541) ; le Combat de Cupido et de la mort ; le Philosophe parfait (1542) : le Songe de Pantagruel (1542) ; le Voyage de l’homme riche (1543) ; les Dicis des sept sages de la Grèce (1549) ; le Temple de chasteté (1549) ; les Epislres héroï-

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des, le plus intéressant de ses ouvrages ; Exhortation sur l’art poétique (1551) ; la Misère de l’homme naissant en ce monde (1551) ; les Divins oracles dé Zoroastre (1558), etc. Enfin, on a de lui des fables, dont plusieurs ont été refaites par La Fontaine.

HABERT (Pierre), poëte français, frère du précédent, né à Issoudun, mort vers 1590. Il sa rendit à Paris, où il donna des ieçons d’écriture, se fit de puissants protecteurs et devint conseiller du roi, secrétaire de sa chambre, bailli et garde du sceau de l’artillerie. Habert est l’auteur de divers écrits eu prose et en vers, notamment ; le Miroir de vertu et chemin de bien vivre, contenant plusieurs belles histoires par quatrains et distiques (1559) ; Traictédu bien et utilité de ta paix, et des maux provenant de la oaerre(1568, in-8°). Ces ouvrages ennuyeux sont tombés dans un profond oubli.

HABERT (Suzanne), femme poBte et femme savante française, fille du précédent, morte à Paris en 1633. Mariée à Charles Dujardin, officier attaché à la personne de Henri III, elle resta veuve à vingt-quatre ans. Ce fut alors qu’elle s’adonna à l’étude et apprit l’italien et l’espagnol, le latin, le grec et l’hébreu, et qu elle s’appliqua a la philosophie et à la théologie. Elle entra au monastère de Notre -Dame- de - Gràc-e, à la Villel’Evêque, où elle mourut. Eiie a laissé un grand nombre de manuscrits, la plupart ascétiques ; on n’en a imprimé que quelques

pages (des poésies), en 1682.

HABERT (Isaac), çoëte français, frère de Suzanne et fils de Pierre Habert, né à Paris vers 1560. Il commença à se faire connaître par des Œuvres poétiques (Paris, 1582, in-8°) de peu de valeur, puis publia un poëme intitulé Météores (Paris, 1535, in-8°). C’est un ouvrage curieux, habilement versifié, et d’un style clair et correct.

HABERT (Isaac), prélat français, fils du précédent, né à Paris, mort en 16S8. Successivement nommé docteur en Sorbonne, chanoine de Paris, prédicateur du roi, il s’adonna avec succès à la prédication, devint un des plus violents antagonistes des jansénistes, attaqua en chaire, dès 1641, l’ouvrage de Jansénius, dans lequel il prétendait trouver quarante hérésies, et fut appelé en 1845 à occuper le siège épiscopal de Vabres. Ce fut lui, dit-on, qui rédigea la fameuse lettre adressée à Innocent X en 1651, et souscrite par quatre-vingt-cinq évêques, pour prier le pape de juger la question de la grâce. Ses principaux ouvrages sont : De consensu hiérarchie et monarchie (Paris, 1G40), traduit en français par Louis Giry, sous le titre de Union de l’Église et de l’État (lG4l) ; De cathedra Seu primatu sancti Pétri (1645) ; Défense de la théologie des Pères grecs sur la grâce (1646) ; Pietas regia, recueil de poésies (Paris, 1653, in-4°).

HABERT (Philippe), poSte, un des premiers membres de l’Académie française, né à Paris vers 1605, mort en 1637. Tout en suivant la carrière des armes, il cultiva les lettres, et fit partie de la réunion de beaux esprits qui se rassemblaient chez Conrart, et qui devinrent les premiers membres de l’Académie organisée par Richelieu. Devenu, grâce à la protection du maréchal de La Meilieraye, commissaire de l’artillerie, il se distingua par des actions d’éclat dans diverses expéditions, et fut écrasé par la chute d’un par de muraille au siège d’Emerick.en Haiuaut. Goinbaud fut chargé par l’Académie de composer son éloge. Outre quelques pièces manuscrites et une Jlelation de ce qui s’est passé en Italie sous -te marquis d’Uxelles, on a de lui un poème en trois cents vers, le Temple de la mort (Paris, 1637, in-8°), qu’il mit trois ans à polir, et qui contient de belles tirades et de magnifiques images.

HABERT (Germain), littérateur, frère du précédent et comme lui un des premiers membres de l’Académie française, né vers 1615, mort en 1654 ou 1655. Il entra dans les ordres et devint abbé commendataire de Saint-Vigorde-Cérisy, près deBayeux, ce qui le fait fréquemment désigner sous le nom de Hnben

de Céri«y, OU de l’abbé de Cérigy. Il prit Une

part active aux premiers travaux de 1 Académie. Dans un discours qu’il y prononça, en 1636, contre la pluralité des langues, il se déclara partisan, comme devait le faire plus tard Leibnitz, de l’adoption d’une iangue universelle. Chargé, de concert avec quelques-uns de ses collègues, d’examiner le Cid, de Pierre Corneille, il ne put cacher son admiration pour ce chef-d’œuvre, et s’écria : «Je voudrais bien l’avoir fait I • Cette déclaration dut sonner mal aux oreilles de Richelieu, qui ne donna pas son approbation au travail fait à ce sujet par l’abbé de Cérisy. Ses ouvrages ont, en général, peu d’intérêt aujourd’hui, et ses poésies sont assez faibles. Le protecteur de cet abbé fut le chancelier Sêguier, qui l’hébergeait au moment où il entra à 1 Académie. Tallemant des Réaux parle de Germain Habert d’une façon passablement dédaigneuse : « Il ne sçait pourtant quasi rien, dit-il, et n’avoit que quelques paraphrases de psaumes assez médiocres. Là il in triguoit assez, servoit qui il pouvoit, et parloit plus librement que les autres beaux esprits de la maison, car il a toujours fuit le plaisant ; mais quelquefois il na l’est guère. »